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Françoise Thom - Bruits de bottes autour de l'Ukraine...

Françoise Thom - Bruits de bottes autour de l'Ukraine...

47min |19/04/2021
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Description

Tous les pays de l'Europe du Nord, de l'Est et du Sud jusqu'au Bosphore sont en alerte depuis la mobilisation aux frontières de l'Ukraine d'une force russe de 500.000 soldats, officiellement en manœuvre. A cela s'ajoute la mise en place d'un nouveau dispositif de 150.000 hommes, puissamment armés, avec pour objectif évident de replacer dans le giron russe l'Ukraine qui pensait pouvoir s'émanciper de la tutelle post-soviétique en rejoignant l'Europe et l'OTAN. 

Le Kremlin a déjà prévu un Gauleiter pour l'Ukraine et les grandes lignes de sa politique d'occupation de l'Ukraine ont déjà été formulées dans un article remarqué, publié par RIA Novosti: destruction des élites nationales sous couleur de "dénazification", démantèlement de l'État ukrainien sous couleur de "fédéralisation", règne de la terreur avec rétablissement de la peine de mort.

Vladimir Poutine dit ce qu'il fait et fait ce qu'il dit. On devrait un jour - avant qu'il ne soit trop tard - finir par s'en rendre compte. Les Européens font semblant de croire qu'il s'agit d'un bluff. Cette menace n'est donc pas prise au sérieux et la seule réaction de Paris et de Berlin est de chercher un compromis en menaçant Moscou de vagues sanctions, comme ce fut le cas pour Alexexeï Navaltny. 

Le président Ukrainien, Volodymyr Zelensky, est venu à Paris le 17 avril pour y rechercher l'appui de la France et de l'Allemagne, co-signataires des accords de Minsk. Rappelons qu’en 1994, son pays a renoncé à son potentiel nucléaire en signant à la demande des Occidentaux le protocole de Budapest, rendant à Moscou l’armement nucléaire dont il disposait, en échange d'une garantie de sécurité des États-Unis, de la Grande-Bretagne, de la Russie et de la France qui se sont engagées à respecter et faire respecter l'intégrité territoriale de l'Ukraine.

Il est reparti de Paris les mains vides. Une attitude commentée, on peut s’en douter dans tous les pays qui se sentent directement menacés et qui ne croient déjà plus en cette Europe qui les abandonne pour s'en remettre désormais aux États-Unis et à l'OTAN. 

Le président Trump, de par son attitude pour le moins désinvolte et une absence de vision en politique étrangère, n'a rien fait pendant sa présidence pour consolider le lien transatlantique. On sait ce qui est arrivé à ceux de ses conseillers qui l'ont mis en garde... Son successeur, Joe Biden, a pour lui d'avoir déjà vécu comme vice-président de telles situations, et, surtout, d'être entouré d'hommes d'expérience. C'est le cas d'Anthony Blinken, le nouveau Secrétaire d'État qui avait déjà été l'un des conseillers à la sécurité nationale du président Bill Clinton.

Comme le rappelle Françoise Thom le 19 avril au cours de cette émission sur la Voix du Béarn, Vladimir Poutine devrait s'exprimer le 21 avril et a convoqué pour le 23 le Conseil de la fédération de Russie.

Les seuls pays - pour le moment - qui sont montés au créneau sont la République Tchèque, après les Pays Baltes, la Pologne, la Slovaquie et la Turquie d'Erdogan qui a même été encore beaucoup plus loin... 

Au-delà du sort funeste qui menace l'Ukraine et ses habitants, une fois de plus, l'Europe se montre incapable de réagir et de faire front alors qu'elle est très directement menacée. A force d'être pétrie dans ses contradictions, elle est toujours installée dans cette pusillanimité que regrettait déjà Françoise Thom dans une tribune publiée en 2008 par le journal le Monde lors de l'invasion de la Géorgie. 

Cela rappelle Munich, à une différence près. Au moins, à l'époque, chacun comprenait les risques à venir d'une grande guerre avec l'Allemagne. Comment ne pas se souvenir de ces mots prophétiques tenus par Winston Churchill à la Chambre des Communes : « Vous avez eu à choisir entre la guerre et le déshonneur. Vous avez choisi le déshonneur et vous aurez la guerre.» (« The government had to choose between war and shame. They chose shame. They will get war too.» 

Propos réitérés dans une Lettre de Churchill à Lord Moyne, en date du 13 septembre 1938 : « En raison de la négligence de nos défenses et de la mauvaise gestion du problème allemand au cours des cinq dernières années, il semble que nous soyons très près du choix sombre entre Guerre et Déshonneur. Mon sentiment est que nous choisirons le déshonneur, puis que la guerre sera déclarée un peu plus tard dans des conditions plus défavorables qu'actuellement » (« Owing to the neglect of our defences and the mishandling of the German problem in the last five years, we seem to be very near the bleak choice between War and Shame. My feeling is that we shall choose Shame, and then have War thrown in a little later on even more adverse terms than at present.»)

Françoise Thom, agrégée de Russe, est historienne de formation, maître de conférences en histoire contemporaine à l'université Paris-IV-Sorbonne. Elle est également l'auteur de plusieurs livres de référence sur l'URSS et la Russie de Gorbatchev à Poutine.

Chapters

  • L'Ukraine est encerclée par les troupes russes

    04:05

  • L’élimination des élites ukrainiennes est déjà actée par le Kremlin

    09:32

  • La Russie mène une campagne de haine à l’égard de l’Ukraine

    09:56

  • Les accords de Minsk co-signés par la France et l'Allemagne

    12:46

  • Le moindre incident peut déclencher un dérapage

    16:09

  • L’Occident a-t-il ou non des options autres que l’emploi de la force ?

    16:27

  • Les raisons qui poussent Erdogan à soutenir l'Ukraine

    27:29

  • L'Occident a peu de temps pou se ressaisir

    34:04

Description

Tous les pays de l'Europe du Nord, de l'Est et du Sud jusqu'au Bosphore sont en alerte depuis la mobilisation aux frontières de l'Ukraine d'une force russe de 500.000 soldats, officiellement en manœuvre. A cela s'ajoute la mise en place d'un nouveau dispositif de 150.000 hommes, puissamment armés, avec pour objectif évident de replacer dans le giron russe l'Ukraine qui pensait pouvoir s'émanciper de la tutelle post-soviétique en rejoignant l'Europe et l'OTAN. 

Le Kremlin a déjà prévu un Gauleiter pour l'Ukraine et les grandes lignes de sa politique d'occupation de l'Ukraine ont déjà été formulées dans un article remarqué, publié par RIA Novosti: destruction des élites nationales sous couleur de "dénazification", démantèlement de l'État ukrainien sous couleur de "fédéralisation", règne de la terreur avec rétablissement de la peine de mort.

Vladimir Poutine dit ce qu'il fait et fait ce qu'il dit. On devrait un jour - avant qu'il ne soit trop tard - finir par s'en rendre compte. Les Européens font semblant de croire qu'il s'agit d'un bluff. Cette menace n'est donc pas prise au sérieux et la seule réaction de Paris et de Berlin est de chercher un compromis en menaçant Moscou de vagues sanctions, comme ce fut le cas pour Alexexeï Navaltny. 

Le président Ukrainien, Volodymyr Zelensky, est venu à Paris le 17 avril pour y rechercher l'appui de la France et de l'Allemagne, co-signataires des accords de Minsk. Rappelons qu’en 1994, son pays a renoncé à son potentiel nucléaire en signant à la demande des Occidentaux le protocole de Budapest, rendant à Moscou l’armement nucléaire dont il disposait, en échange d'une garantie de sécurité des États-Unis, de la Grande-Bretagne, de la Russie et de la France qui se sont engagées à respecter et faire respecter l'intégrité territoriale de l'Ukraine.

Il est reparti de Paris les mains vides. Une attitude commentée, on peut s’en douter dans tous les pays qui se sentent directement menacés et qui ne croient déjà plus en cette Europe qui les abandonne pour s'en remettre désormais aux États-Unis et à l'OTAN. 

Le président Trump, de par son attitude pour le moins désinvolte et une absence de vision en politique étrangère, n'a rien fait pendant sa présidence pour consolider le lien transatlantique. On sait ce qui est arrivé à ceux de ses conseillers qui l'ont mis en garde... Son successeur, Joe Biden, a pour lui d'avoir déjà vécu comme vice-président de telles situations, et, surtout, d'être entouré d'hommes d'expérience. C'est le cas d'Anthony Blinken, le nouveau Secrétaire d'État qui avait déjà été l'un des conseillers à la sécurité nationale du président Bill Clinton.

Comme le rappelle Françoise Thom le 19 avril au cours de cette émission sur la Voix du Béarn, Vladimir Poutine devrait s'exprimer le 21 avril et a convoqué pour le 23 le Conseil de la fédération de Russie.

Les seuls pays - pour le moment - qui sont montés au créneau sont la République Tchèque, après les Pays Baltes, la Pologne, la Slovaquie et la Turquie d'Erdogan qui a même été encore beaucoup plus loin... 

Au-delà du sort funeste qui menace l'Ukraine et ses habitants, une fois de plus, l'Europe se montre incapable de réagir et de faire front alors qu'elle est très directement menacée. A force d'être pétrie dans ses contradictions, elle est toujours installée dans cette pusillanimité que regrettait déjà Françoise Thom dans une tribune publiée en 2008 par le journal le Monde lors de l'invasion de la Géorgie. 

Cela rappelle Munich, à une différence près. Au moins, à l'époque, chacun comprenait les risques à venir d'une grande guerre avec l'Allemagne. Comment ne pas se souvenir de ces mots prophétiques tenus par Winston Churchill à la Chambre des Communes : « Vous avez eu à choisir entre la guerre et le déshonneur. Vous avez choisi le déshonneur et vous aurez la guerre.» (« The government had to choose between war and shame. They chose shame. They will get war too.» 

Propos réitérés dans une Lettre de Churchill à Lord Moyne, en date du 13 septembre 1938 : « En raison de la négligence de nos défenses et de la mauvaise gestion du problème allemand au cours des cinq dernières années, il semble que nous soyons très près du choix sombre entre Guerre et Déshonneur. Mon sentiment est que nous choisirons le déshonneur, puis que la guerre sera déclarée un peu plus tard dans des conditions plus défavorables qu'actuellement » (« Owing to the neglect of our defences and the mishandling of the German problem in the last five years, we seem to be very near the bleak choice between War and Shame. My feeling is that we shall choose Shame, and then have War thrown in a little later on even more adverse terms than at present.»)

Françoise Thom, agrégée de Russe, est historienne de formation, maître de conférences en histoire contemporaine à l'université Paris-IV-Sorbonne. Elle est également l'auteur de plusieurs livres de référence sur l'URSS et la Russie de Gorbatchev à Poutine.

Chapters

  • L'Ukraine est encerclée par les troupes russes

    04:05

  • L’élimination des élites ukrainiennes est déjà actée par le Kremlin

    09:32

  • La Russie mène une campagne de haine à l’égard de l’Ukraine

    09:56

  • Les accords de Minsk co-signés par la France et l'Allemagne

    12:46

  • Le moindre incident peut déclencher un dérapage

    16:09

  • L’Occident a-t-il ou non des options autres que l’emploi de la force ?

    16:27

  • Les raisons qui poussent Erdogan à soutenir l'Ukraine

    27:29

  • L'Occident a peu de temps pou se ressaisir

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Tous les pays de l'Europe du Nord, de l'Est et du Sud jusqu'au Bosphore sont en alerte depuis la mobilisation aux frontières de l'Ukraine d'une force russe de 500.000 soldats, officiellement en manœuvre. A cela s'ajoute la mise en place d'un nouveau dispositif de 150.000 hommes, puissamment armés, avec pour objectif évident de replacer dans le giron russe l'Ukraine qui pensait pouvoir s'émanciper de la tutelle post-soviétique en rejoignant l'Europe et l'OTAN. 

Le Kremlin a déjà prévu un Gauleiter pour l'Ukraine et les grandes lignes de sa politique d'occupation de l'Ukraine ont déjà été formulées dans un article remarqué, publié par RIA Novosti: destruction des élites nationales sous couleur de "dénazification", démantèlement de l'État ukrainien sous couleur de "fédéralisation", règne de la terreur avec rétablissement de la peine de mort.

Vladimir Poutine dit ce qu'il fait et fait ce qu'il dit. On devrait un jour - avant qu'il ne soit trop tard - finir par s'en rendre compte. Les Européens font semblant de croire qu'il s'agit d'un bluff. Cette menace n'est donc pas prise au sérieux et la seule réaction de Paris et de Berlin est de chercher un compromis en menaçant Moscou de vagues sanctions, comme ce fut le cas pour Alexexeï Navaltny. 

Le président Ukrainien, Volodymyr Zelensky, est venu à Paris le 17 avril pour y rechercher l'appui de la France et de l'Allemagne, co-signataires des accords de Minsk. Rappelons qu’en 1994, son pays a renoncé à son potentiel nucléaire en signant à la demande des Occidentaux le protocole de Budapest, rendant à Moscou l’armement nucléaire dont il disposait, en échange d'une garantie de sécurité des États-Unis, de la Grande-Bretagne, de la Russie et de la France qui se sont engagées à respecter et faire respecter l'intégrité territoriale de l'Ukraine.

Il est reparti de Paris les mains vides. Une attitude commentée, on peut s’en douter dans tous les pays qui se sentent directement menacés et qui ne croient déjà plus en cette Europe qui les abandonne pour s'en remettre désormais aux États-Unis et à l'OTAN. 

Le président Trump, de par son attitude pour le moins désinvolte et une absence de vision en politique étrangère, n'a rien fait pendant sa présidence pour consolider le lien transatlantique. On sait ce qui est arrivé à ceux de ses conseillers qui l'ont mis en garde... Son successeur, Joe Biden, a pour lui d'avoir déjà vécu comme vice-président de telles situations, et, surtout, d'être entouré d'hommes d'expérience. C'est le cas d'Anthony Blinken, le nouveau Secrétaire d'État qui avait déjà été l'un des conseillers à la sécurité nationale du président Bill Clinton.

Comme le rappelle Françoise Thom le 19 avril au cours de cette émission sur la Voix du Béarn, Vladimir Poutine devrait s'exprimer le 21 avril et a convoqué pour le 23 le Conseil de la fédération de Russie.

Les seuls pays - pour le moment - qui sont montés au créneau sont la République Tchèque, après les Pays Baltes, la Pologne, la Slovaquie et la Turquie d'Erdogan qui a même été encore beaucoup plus loin... 

Au-delà du sort funeste qui menace l'Ukraine et ses habitants, une fois de plus, l'Europe se montre incapable de réagir et de faire front alors qu'elle est très directement menacée. A force d'être pétrie dans ses contradictions, elle est toujours installée dans cette pusillanimité que regrettait déjà Françoise Thom dans une tribune publiée en 2008 par le journal le Monde lors de l'invasion de la Géorgie. 

Cela rappelle Munich, à une différence près. Au moins, à l'époque, chacun comprenait les risques à venir d'une grande guerre avec l'Allemagne. Comment ne pas se souvenir de ces mots prophétiques tenus par Winston Churchill à la Chambre des Communes : « Vous avez eu à choisir entre la guerre et le déshonneur. Vous avez choisi le déshonneur et vous aurez la guerre.» (« The government had to choose between war and shame. They chose shame. They will get war too.» 

Propos réitérés dans une Lettre de Churchill à Lord Moyne, en date du 13 septembre 1938 : « En raison de la négligence de nos défenses et de la mauvaise gestion du problème allemand au cours des cinq dernières années, il semble que nous soyons très près du choix sombre entre Guerre et Déshonneur. Mon sentiment est que nous choisirons le déshonneur, puis que la guerre sera déclarée un peu plus tard dans des conditions plus défavorables qu'actuellement » (« Owing to the neglect of our defences and the mishandling of the German problem in the last five years, we seem to be very near the bleak choice between War and Shame. My feeling is that we shall choose Shame, and then have War thrown in a little later on even more adverse terms than at present.»)

Françoise Thom, agrégée de Russe, est historienne de formation, maître de conférences en histoire contemporaine à l'université Paris-IV-Sorbonne. Elle est également l'auteur de plusieurs livres de référence sur l'URSS et la Russie de Gorbatchev à Poutine.

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  • L'Ukraine est encerclée par les troupes russes

    04:05

  • L’élimination des élites ukrainiennes est déjà actée par le Kremlin

    09:32

  • La Russie mène une campagne de haine à l’égard de l’Ukraine

    09:56

  • Les accords de Minsk co-signés par la France et l'Allemagne

    12:46

  • Le moindre incident peut déclencher un dérapage

    16:09

  • L’Occident a-t-il ou non des options autres que l’emploi de la force ?

    16:27

  • Les raisons qui poussent Erdogan à soutenir l'Ukraine

    27:29

  • L'Occident a peu de temps pou se ressaisir

    34:04

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Tous les pays de l'Europe du Nord, de l'Est et du Sud jusqu'au Bosphore sont en alerte depuis la mobilisation aux frontières de l'Ukraine d'une force russe de 500.000 soldats, officiellement en manœuvre. A cela s'ajoute la mise en place d'un nouveau dispositif de 150.000 hommes, puissamment armés, avec pour objectif évident de replacer dans le giron russe l'Ukraine qui pensait pouvoir s'émanciper de la tutelle post-soviétique en rejoignant l'Europe et l'OTAN. 

Le Kremlin a déjà prévu un Gauleiter pour l'Ukraine et les grandes lignes de sa politique d'occupation de l'Ukraine ont déjà été formulées dans un article remarqué, publié par RIA Novosti: destruction des élites nationales sous couleur de "dénazification", démantèlement de l'État ukrainien sous couleur de "fédéralisation", règne de la terreur avec rétablissement de la peine de mort.

Vladimir Poutine dit ce qu'il fait et fait ce qu'il dit. On devrait un jour - avant qu'il ne soit trop tard - finir par s'en rendre compte. Les Européens font semblant de croire qu'il s'agit d'un bluff. Cette menace n'est donc pas prise au sérieux et la seule réaction de Paris et de Berlin est de chercher un compromis en menaçant Moscou de vagues sanctions, comme ce fut le cas pour Alexexeï Navaltny. 

Le président Ukrainien, Volodymyr Zelensky, est venu à Paris le 17 avril pour y rechercher l'appui de la France et de l'Allemagne, co-signataires des accords de Minsk. Rappelons qu’en 1994, son pays a renoncé à son potentiel nucléaire en signant à la demande des Occidentaux le protocole de Budapest, rendant à Moscou l’armement nucléaire dont il disposait, en échange d'une garantie de sécurité des États-Unis, de la Grande-Bretagne, de la Russie et de la France qui se sont engagées à respecter et faire respecter l'intégrité territoriale de l'Ukraine.

Il est reparti de Paris les mains vides. Une attitude commentée, on peut s’en douter dans tous les pays qui se sentent directement menacés et qui ne croient déjà plus en cette Europe qui les abandonne pour s'en remettre désormais aux États-Unis et à l'OTAN. 

Le président Trump, de par son attitude pour le moins désinvolte et une absence de vision en politique étrangère, n'a rien fait pendant sa présidence pour consolider le lien transatlantique. On sait ce qui est arrivé à ceux de ses conseillers qui l'ont mis en garde... Son successeur, Joe Biden, a pour lui d'avoir déjà vécu comme vice-président de telles situations, et, surtout, d'être entouré d'hommes d'expérience. C'est le cas d'Anthony Blinken, le nouveau Secrétaire d'État qui avait déjà été l'un des conseillers à la sécurité nationale du président Bill Clinton.

Comme le rappelle Françoise Thom le 19 avril au cours de cette émission sur la Voix du Béarn, Vladimir Poutine devrait s'exprimer le 21 avril et a convoqué pour le 23 le Conseil de la fédération de Russie.

Les seuls pays - pour le moment - qui sont montés au créneau sont la République Tchèque, après les Pays Baltes, la Pologne, la Slovaquie et la Turquie d'Erdogan qui a même été encore beaucoup plus loin... 

Au-delà du sort funeste qui menace l'Ukraine et ses habitants, une fois de plus, l'Europe se montre incapable de réagir et de faire front alors qu'elle est très directement menacée. A force d'être pétrie dans ses contradictions, elle est toujours installée dans cette pusillanimité que regrettait déjà Françoise Thom dans une tribune publiée en 2008 par le journal le Monde lors de l'invasion de la Géorgie. 

Cela rappelle Munich, à une différence près. Au moins, à l'époque, chacun comprenait les risques à venir d'une grande guerre avec l'Allemagne. Comment ne pas se souvenir de ces mots prophétiques tenus par Winston Churchill à la Chambre des Communes : « Vous avez eu à choisir entre la guerre et le déshonneur. Vous avez choisi le déshonneur et vous aurez la guerre.» (« The government had to choose between war and shame. They chose shame. They will get war too.» 

Propos réitérés dans une Lettre de Churchill à Lord Moyne, en date du 13 septembre 1938 : « En raison de la négligence de nos défenses et de la mauvaise gestion du problème allemand au cours des cinq dernières années, il semble que nous soyons très près du choix sombre entre Guerre et Déshonneur. Mon sentiment est que nous choisirons le déshonneur, puis que la guerre sera déclarée un peu plus tard dans des conditions plus défavorables qu'actuellement » (« Owing to the neglect of our defences and the mishandling of the German problem in the last five years, we seem to be very near the bleak choice between War and Shame. My feeling is that we shall choose Shame, and then have War thrown in a little later on even more adverse terms than at present.»)

Françoise Thom, agrégée de Russe, est historienne de formation, maître de conférences en histoire contemporaine à l'université Paris-IV-Sorbonne. Elle est également l'auteur de plusieurs livres de référence sur l'URSS et la Russie de Gorbatchev à Poutine.

Chapters

  • L'Ukraine est encerclée par les troupes russes

    04:05

  • L’élimination des élites ukrainiennes est déjà actée par le Kremlin

    09:32

  • La Russie mène une campagne de haine à l’égard de l’Ukraine

    09:56

  • Les accords de Minsk co-signés par la France et l'Allemagne

    12:46

  • Le moindre incident peut déclencher un dérapage

    16:09

  • L’Occident a-t-il ou non des options autres que l’emploi de la force ?

    16:27

  • Les raisons qui poussent Erdogan à soutenir l'Ukraine

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