- Speaker #0
Dispatchons
- Speaker #1
Il a dispochard Comment parler aujourd'hui de l'exil et des droits humains ? Comment vous transmettre des récits que l'on entend peu, qui sont invisibles car souvent confisqués par la haine et la division ? Comment vous informer sur un sujet très médiatisé mais maltraité ? C'est ce que je vais tenter de faire dans cette émission. Une heure chaque mois en compagnie d'invités pour aborder en profondeur les migrations et les droits humains sous un nouvel angle. Bienvenue dans Exil d'une voie à l'autre, saison 2. Je suis Eleonore et je suis très heureuse de vous présenter ce rendez-vous mensuel. Depuis le début de la guerre, le 15 avril 2023, le Soudan est tombé dans l'indifférence des médias internationaux. Ce conflit, engagé par deux hommes, autrefois alliés et désormais rivaux, prend en otage l'ensemble de la population soudanaise. Et pourtant, certains la considèrent comme un affrontement entre groupes sociaux et culturels, engendrant des génocides tels que celui des Massalites à El Guénina, tandis que d'autres y voient une lutte impérialiste où des puissances étrangères soutiennent des camps opposés. Avec sa localisation stratégique et ses richesses naturelles, le Soudan devient un territoire convoité. Mais au-delà d'une guerre oubliée, il s'agit également d'une révolution volée. Comme l'a souligné l'écrivain soudanais Tayyip Salih, l'histoire est un miroir, mais elle n'est pas toujours fidèle. Dans cette émission, nous examinerons les enjeux politiques, internationaux et humanitaires de ce conflit, tout en cherchant à contrer certains biais narratifs, souvent problématiques, concernant la perception de ce pays d'Afrique du Nord-Est. Nous explorerons ces dimensions complexes et donnerons la parole à nos invités pour qu'ils éclairent la réalité d'un peuple qui lutte pour sa dignité et sa service au cœur d'une tempête de violence et d'injustice. Soudan, les enjeux d'un conflit ignoré et la thématique de cette deuxième émission. Et pour m'accompagner pendant une heure, j'ai le plaisir d'accueillir Marion. Marion Abonek, tu es chargée de mission, tu as été chargée de mission humanitaire et société civile à l'ambassade de France au Soudan durant deux ans jusqu'en juillet 2023. C'est bien cela ?
- Speaker #2
Oui.
- Speaker #1
Bonsoir.
- Speaker #2
Bonsoir Eleonore.
- Speaker #1
Et depuis ton retour en France, tu milites, tu es engagée en fait pour mettre en lumière ce qui se passe au Soudan. Tu fais notamment partie de Soudva Media, qui est un média franco-soudanais. Tu nous en parleras un peu plus tard. Et on verra bien sûr avec toi plutôt les questions liées aux ingérences et à la situation internationale de ce conflit. Je me tourne vers toi, Adam. Bonsoir, Adam.
- Speaker #0
Bonsoir.
- Speaker #1
Tu t'appelles donc Adam Ibrahim. Tu as quitté le Soudan fin 2014. Tu es arrivé en France en début 2015. Tu as été étudiant en philosophie et tu as participé à de nombreuses manifestations avant d'avoir quitté le Soudan. Tu fais aujourd'hui partie du Sudanese Congress Party et on verra avec toi la situation politique de Soudan. Je suis très heureuse de t'accueillir. Et on a en direct de Genève Maywen Ngalwet. Bonsoir Maywen.
- Speaker #0
Bonsoir.
- Speaker #1
Donc toi tu es humanitaire pour une ONG suisse qui s'appelle Geneva Call. Tu travailles notamment en direction du Soudan et tu es spécialisé sur les conséquences du conflit sur la population et les violations des droits humains que ça engendre. Je suis très heureuse de t'avoir ce soir et tu interviendras dans l'émission notamment sur les questions liées aux enjeux humanitaires.
- Speaker #0
Merci.
- Speaker #3
Merci d'avoir invité.
- Speaker #1
Super. Pour commencer cette émission... Ce qu'il faut dire en préambule, c'est que c'est un sujet assez complexe, puisqu'en France, on connaît très peu la situation au Soudan. Et donc, on va essayer pendant une heure d'essayer de tout simplement informer les auditeurs du mieux qu'on peut pour essayer de les intéresser à cette situation qui est bien trop souvent ignorée. On parle souvent d'une guerre oubliée, comme je le disais. Mais j'aimerais rappeler quelques éléments de base avant de donner la parole à Adam. Une guerre oppose depuis avril 2023 l'armée dirigée par le général Abdel Fattah al-Bourhan, on dit que c'est l'armée régulière ou autrement SAF, aux paramilitaires des forces de soutien rapide, FSR, dirigées cette fois-ci par Mohamed Hamdan Daglo, dit Héméti. Donc les combats... On fait depuis avril 2023 des dizaines de milliers de morts, plus de 10 millions de déplacés et quelques 26 millions de personnes font face à une insécurité alimentaire sévère selon l'ONU. Depuis 2019, et la chute du dictateur au Mala Omar al-Bashir, les deux généraux que je viens de citer, aujourd'hui opposés, étaient autrefois alliés, je le rappelle. Ils ont renversé ensemble, fin octobre 2021, le gouvernement civil de transition. suite à une révolution soudanaise dont on parlera un peu plus tard dans l'émission. Mais je me tourne vers toi Adam pour revenir sur la situation actuelle et te demander comment le conflit a été déclenché et où on en est aujourd'hui.
- Speaker #0
Bonsoir, merci d'avoir été invité dans cette émission. Je suis ravi également de participer à cette discussion sur le Soudan avec Marie et Marion et Mylène au Genève. Le Soudan était toujours en guerre civile, surtout l'armée soudanais. Depuis toujours, depuis l'indépendance du Soudan, il fait la guerre civile en fait.
- Speaker #1
L'indépendance du Soudan en 1956.
- Speaker #0
Exactement. Donc l'exercice de l'armée soudanise s'est fait par la guerre en Bretagne. Donc l'idée de l'armée qui gouverne le Soudan. Si on remarque, la base militaire au Soudan, c'est à côté du ballet précédentiel. Donc... On a fait la guerre, si je retourne un peu dans l'histoire, le sud du Soudan a été séparé à cause de cette guerre civile. Donc, il demande seulement une petite chose, en fait, de reconnaître comme citoyen, un Soudanais comme tout le monde, participer au pouvoir et le richesse. Seulement pour ça, mais ils ont fait un garde pendant 21 ans. Donc finalement, ils ont séparé le pays en 2011 pour deux parties.
- Speaker #1
Entre le Soudan du Sud et le Soudan du Nord.
- Speaker #0
Donc, dès que la séparation est terminée, là actuellement on a deux pays. Donc toujours la guerre n'est pas arrêtée. Au Darfau, par exemple, la convention de 2003, c'était un mouvement de position armée. Il demande seulement des choses naturelles, de faire du hôpital, du service de santé, des écoles, de l'eau. Mais le gouvernement n'est pas arrêté. répondent à cette question au lieu de trouver une solution et là, éclater les guerres au Darfur. Seulement, je suis retourné au restaurant pour venir.
- Speaker #1
D'entendre aussi la situation. Je voudrais juste préciser, et on reviendra sur ce point, mais les FSR, les forces de soutien rapide qui sont engagées aujourd'hui dans le conflit dont on parle ce soir, c'est vraiment... étaient les mêmes qui sont intervenus durant la guerre au Darfour en
- Speaker #0
2003 ? Si on parle de Djendjaoui, par exemple, il était connu par l'armée soudanais pour commis des crimes contre l'humanité. Oui, parce que l'armée, comme elle est une armée officielle, elle ne peut pas... commis ce crime, il a fait le Généalité. Donc le Généalité, ça, le dirigeant du Généalité, il s'appelle Moussa Hilal. Jusqu'à actuellement, il est vivant au Darfur. Et le deuxième, il s'appelle Ali Koshep, là actuellement où il a été. Il a commis un crime humanitaire également.
- Speaker #2
Il est à la haie.
- Speaker #1
Merci.
- Speaker #0
Donc, la force de ce terroriste, il était toujours pour nous, pour tous les Soudanais, les djinns djihuites, parce que c'est la même personne, seulement ils sont développés.
- Speaker #1
Ils se sont développés. Aujourd'hui, ils sont au nombre de 120 000. C'est bien cela ?
- Speaker #0
Exactement. En 2013, c'est la première fois pour le... Toujours c'est le gendarmes pour moi, actuellement. En 2013, c'est la première fois qu'ils sont arrivés au quartier. Pourquoi ? Parce qu'il y a un mouvement étudiant qui a éclaté pendant cette période-là. Là, j'étais étudiant à l'université. J'étais participé aussi dans cette manifestation. On a eu beaucoup de violences faites par cette djandjaït.
- Speaker #1
Pour réprimer les manifestations. Quels étaient les objectifs de ces manifestations étudiantes à l'époque, en 2013-2014 ?
- Speaker #0
Il faut savoir que les étudiants de l'université soudanais ont des associations étudiantes liées avec des partis politiques à l'extérieur. Chaque... Chaque association fait un discours pour défendre le droit des étudiants, l'égalité pour tous. toujours au Nasa. Là, le mot de manifestation, c'était l'augmentation de l'essence et le sortant des produits alimentaires. C'était cette idée. Donc, les étudiants ont dit au lieu de faire la discussion dans le cours de l'université, pourquoi pas on fait cette manifestation dans notre quartier. Chaque étudiant doit apporter cette idée dans le quartier pour parler avec leurs parents, les voisins. Voilà, il a commencé comme ça la manifestation. Avec le réseau social, la manifestation s'était très organisée parce qu'entre eux, ils savent, les voisins, les étudiants, ils communiquent entre eux. Donc les manifestations se commençaient comme ça. Mais voilà, Bachir, il a pour son pouvoir. Bachir, c'est l'ancien dictateur du Soudan. Il a invité Mohamed Hamdan Doglo de venir au Khartoum et de faire...
- Speaker #1
De mater en fait les manifestations pour dire clairement, pour déprimer en tout cas.
- Speaker #0
Exactement. Il a réussi parce que c'était très très violent et la plupart des personnes sont mortes. Le tout direct, en fait. Sans arrêtation.
- Speaker #1
De nombreuses arrêtations. Toi, tu as été arrêté pendant ces manifestations ?
- Speaker #0
Pendant ça, non. Je n'ai pas été arrêté.
- Speaker #1
Mais tu as dû quitter le Soudan à cause de la répression.
- Speaker #0
Oui, les manifestations, c'était... J'étais suivi par des forces sécuritaires.
- Speaker #1
Les forces de sécurité ?
- Speaker #0
Oui.
- Speaker #1
Il faut expliquer un petit peu juste aux auditeurs qu'il y a énormément au Soudan, à cette époque, différents services de renseignement, une espèce d'opacité sur tous les corps qui interviennent à ce niveau-là. Donc en fait, il est très difficile d'avoir un seul corps de renseignement, ça peut venir de plein de mouvements différents.
- Speaker #0
Exactement. Donc voilà, moi j'ai quitté le Soudan en fin de 2014. Comme la plupart de mes amis aussi, ils sont quittés le Soudan. Mais on n'est pas arrêtés. On est toujours là. Je peux dire qu'on a participé pendant la révolution soudanais, d'ici en fait.
- Speaker #1
Oui, donc toi tu es arrivé en début 2015 en France. Tu peux nous rappeler la révolution soudanaise, elle a démarré quand et quelles étaient les revendications de cette révolution ?
- Speaker #0
Comme je viens de le dire, la révolution n'a pas commencé comme ça. Donc le 2013, c'était une première étape. Là, en 2018, la communauté des résistants, c'est toujours, en fait, moi je lis cette idée avec les étudiants qui font le discours dans l'université. Ils ont abordé le sujet de discuter avec le peuple soudanais pour expliquer leurs droits. Parce que la plupart des Soudanais ne savaient pas leur droit. Pas tout le monde va à l'école gratuitement, comme ici en France, trois ans jusqu'à six ans obligatoires et gratuits. Donc il y avait beaucoup de familles qui n'avaient pas leur droit d'aller à l'école. Donc cette discussion a commencé dans le quartier, même dans le... Le marché, même dans le transport en commun, on a vu des mouvements féministes, on a vu du griffinat. C'est un mouvement très très fort. Partout, tout le monde a participé. Des gens, des femmes, des hommes, des personnes grandes. C'est un travail collectif. Tout le monde a participé à ça. Donc là, la manifestation a été réorganisée. Parce qu'avant de faire la manifestation, ils vont faire, comment dire... En première étape, c'est-à-dire qu'ils sortent dans la rue pour annoncer. On fait la manifestation, quelle date, comme ça. Pour réparer les gens, comme ça. Pendant cette période-là, l'association professionnelle... On dit Tajamal Mahanine, sudanien, où ils disent qu'actuellement, la plupart du peuple sudanien a compris que le changement de ce régime devait arriver.
- Speaker #1
Jusqu'à la chute du dictateur en 2019, c'est bien cela ?
- Speaker #0
Exactement.
- Speaker #1
Ok, donc Omar al-Bashir, il part.
- Speaker #0
Oui.
- Speaker #1
Et qu'est-ce qui se passe à ce moment-là ?
- Speaker #0
Justement, avant d'arriver là, je voulais seulement dire que l'organisation de la manifestation devient très claire avec l'association professionnelle. Parce qu'il a fait un invité de communautés de résistants, de partis politiques, de journalistes, de signer un accord pour organiser la manifestation et faire ensemble. c'est bien marché ça, parce que la situation c'était bien organisée. On sort par exemple par un chouma direct ou un doqa direct. Et même on évite la violence. Il y a des médecins aussi, si quelqu'un est touché par des armes, les médecins interviennent directement.
- Speaker #1
Ok, très bien. Et du coup, j'essaie juste d'avancer parce que c'est vrai que le temps file beaucoup et on a beaucoup, beaucoup de sujets à évoquer. Mais du coup, c'est vraiment très clair. Là, on parle vraiment de la révolution et comme quoi ça a été organisé sur plusieurs années. Et que ce n'est pas seulement à une date précise, c'est ce que tu dis, et que toute la société civile s'est emparée pour essayer tout simplement d'avoir plus de liberté, etc. Et on reviendra sur ces comités de résistance dont tu parles, parce qu'en fait, ils sont aujourd'hui toujours actifs pendant le conflit dont on parle en ce moment. Donc, c'est hyper intéressant que tu nous apportes cet éclairage-là. Est-ce que tu peux revenir sur ce qui se passe ? Du coup, voilà, en 2019, le dictateur tombe, Omar El-Bechir, et puis il y a un gouvernement de transition qui a lieu pendant deux ans. Et puis ensuite, il se passe quoi ? Qu'est-ce qui fait que tout d'un coup le conflit s'enflamme le 15 avril 2023 ?
- Speaker #0
On peut dire aussi que le gouvernement est venu dans une situation très violente. Parce qu'on a eu le massacre de la ville. Oui. Et après ça, en fait, on a un peu perdu l'espoir. Parce que c'était peur, ça avait peur. On a devant la base militaire, parce que le peuple soudanais, toujours, ils ont confiance en l'armée. C'est l'armée nationale, c'est nous qui payons les impôts. Et où ils commettent ce crime ? Devant leur base militaire. C'était choquant, en fait.
- Speaker #1
Oui, ce que tu peux nous dire, Marion,
- Speaker #2
je voulais juste, peut-être pour les auditeurs, expliquer effectivement, comme tu le disais très bien, que l'armée, tu l'as dit, les manifestations étaient très bien organisées et il y a eu le soutien à un moment de l'armée aussi pour organiser ces manifestations. Et donc ce qui s'est passé lors du sit-in, c'est qu'il y a eu un premier accord entre l'armée et les RSF pour opérer ce terrible massacre. Et donc c'est effectivement à ce moment-là qu'il y a déjà eu une cassure de confiance très forte. Peut-être, Adam, pardon, je te... Je te laisse la parole entre l'armée et le peuple soudanais, puisque l'armée a laissé la voie au massacre perpétré par les RSF sur la population soudanaise.
- Speaker #0
Oui, c'est vrai. C'est là où la plupart du peuple soudanais comprend que l'armée, c'est pas vraiment une armée... C'est une armée portant une idéologie islamique. Il est... sur l'autorité des ferrains musulmans. Parce que ce massacre, c'était terrible, terrible. Mais le parti politique, ils ont réussi à faire une autre négociation malgré ce massacre. C'est pas facile de faire une négociation avec la personne qui a commis ce crime.
- Speaker #1
Bien sûr, et justement Marion, je me tourne vers toi. Pourquoi ce gouvernement de transition civile a échoué jusqu'à arriver à cette date fatidique ?
- Speaker #2
Alors Maïwenn et Adam, si je dis des bêtises, vous me corrigez. Mais effectivement, ce qu'on a compris à l'époque, en tout cas, la communauté internationale a vraiment poussé aussi pour ce processus de transition, comme tu l'as très bien expliqué, civilo-militaire, donc une double composante pas très naturelle, un mariage un peu forcé, comme on dirait. Et donc, pardon, ta question est Léonore ?
- Speaker #1
Comment on en est arrivé à ce que...
- Speaker #2
En fait, il y a eu des tensions croissantes entre l'armée et cette milice principale que sont les RSF. Et donc, la transition a avancé. Pour essayer de faire court, il y a eu des investissements internationaux qui sont revenus à l'égard de ce processus de transition au Soudan. Donc, ça a commencé par avancer bien en surface. Et puis, quand on a commencé à aborder les sujets de l'intégration, des RSF, donc de la milice principale, au sein de l'armée régulière. Là, ça a été un point de tension en fait très fort qui fait partie en fait des facteurs principaux, des éléments qui ont amené à la guerre en avril, c'est à dire que l'armée n'a pas supporté en fait une guerre aussi d'égo entre deux hommes à la tête de la milice principale et à la tête de l'armée. Et l'armée refusait, enfin pardon, les RSF. La milice principale refusait d'être intégrée à l'armée parce qu'elle considérait qu'elle avait tout autant de pouvoir.
- Speaker #1
Donc clairement, c'est une guerre entre deux hommes qui se disputent le pouvoir.
- Speaker #2
C'est ça. Enfin,
- Speaker #1
c'est un peu simpliste ce raisonnement-là, mais on va voir aussi qu'il y a d'autres groupes armés qui sont intégrés aujourd'hui dans le conflit, et que c'est un conflit qui regroupe... Beaucoup de complexité. Ce n'est pas seulement ces deux oppositions dont on vient de parler. Et justement...
- Speaker #2
Ce que tu disais, Léonore, et pour appuyer le point d'Adam, pour que les auditeurs retiennent bien ça, la situation au Soudan peut apparaître complexe ou simpliste, si on la présente comme la guerre des généraux. Mais en fait, ce qu'il ne faut jamais oublier, c'est que c'est un peuple qui est en lutte depuis des années. comme l'a très bien dit Adam, avec une longue histoire révolutionnaire qui est complètement dévoyée de sa terre, de ses ressources, de sa culture, de son histoire. Et donc en fait, il faut aussi un peu changer le narratif. C'est pas tant la guerre des généraux, c'est la guerre de deux hommes, peut-être fous, soutenus par des acteurs, on va y revenir, mais contre la population, qui elle n'a jamais cessé de faire preuve de courage et de clamer son slogan que tu posais tout à l'heure à Adam, Freedom, peace
- Speaker #1
D'ailleurs, la terreur provoquée par les bombardements et les affrontements obligeant les gens à rester confinés chez eux ont également mis un coup d'arrêt brutal aux mobilisations, forcément, ainsi que les coupures constantes d'électricité empêchant les communications. Cependant, dans les régions épargnées par les combats, les comités de résistance, notamment de Port-Soudan, de Ouad Madani et Kassala, ont rapidement organisé des rassemblements pour... protester contre la guerre et ces comités de résistance, on peut voir qu'ils continuent toujours d'aider comme ils peuvent la population qui sont confrontés à des déplacements internes, notamment d'essayer de s'organiser à partir de la base finalement avec une notion de collectivité pour essayer de s'organiser du mieux qu'ils peuvent parce qu'on reviendra avec Maïwenn et tu nous rediras mais Le système d'éducation, le système de santé, c'est complètement effondré. On parle de 80% des hôpitaux qui ne fonctionnent plus, si je ne me trompe pas, Maïwenn. Oui,
- Speaker #3
tout à fait, tout à fait. Et comme disait Mario, on dit bouh. Et c'est très important, en fait, pour mieux comprendre l'impact humanitaire de cette guerre-là. Il faut bien comprendre aussi les acteurs impliqués. Parce qu'en fait, le conflit, c'est beaucoup, beaucoup. beaucoup plus compliqué qu'on voit dans la média traditionnelle.
- Speaker #1
Exactement.
- Speaker #3
D'ailleurs, je voulais dire, en fait, le conflit est beaucoup compliqué, comme je disais, parce que ce n'est pas juste les acteurs principaux qu'on voit dans la média, le RSF et le SAF qui sont impliqués. Il y a aussi d'autres acteurs qui sont activement impliqués dans ce conflit, dans la région de Darfour et aussi dans la région au sud du Sud.
- Speaker #1
Oui, parce que toi tu viens du Sud-Soudan.
- Speaker #3
Je viens du sud-sudan bien sûr, c'est un pays voisin en fait, mais je parlais ici de la région du sud du sudan, alors c'est au sud du sud, donc ça je parlais de la région de Côte-de-Fonds du sud et la région du Nil bleu spécifiquement. Et donc parce que là quand on voit de la Média, on voit que le RSF.
- Speaker #1
Il y a de nombreux autres groupes rebelles également.
- Speaker #3
Et ça, ça complique la situation et ça complique bien les dynamiques de conflit, mais aussi la question humanitaire, comment on peut protéger les gens, comment on peut mieux protéger les gens, comment on peut atteindre la situation du paix dans un pays, parce que ce n'est pas juste les acteurs qu'on voit dans la médias qui sont compliqués.
- Speaker #1
Et justement... Excuse-moi Mayouane, mais en parlant des différents acteurs, j'aimerais que Marion nous présente un petit peu les puissances étrangères qui sont aujourd'hui impliquées. Parce qu'on va revenir sur la situation humanitaire plus tard. Mais le président des Etats-Unis, Joe Biden, a exhorté mardi 24 septembre dernier, les dirigeants du monde entier réunis à l'Assemblée Générale de l'ONU, à arrêter d'armer les généraux soudanais qu'il appelle à mettre fin à une guerre qui ravage ce pays d'Afrique depuis plus d'un an. d'un an. Le secrétaire général de l'ONU, également, Antonio Guterres, avait exprimé sa profonde inquiétude concernant l'escalade du conflit. Et donc, Marion, peux-tu nous présenter les différentes forces étrangères impliquées dans ce conflit, leur rôle et leur niveau d'implication pour qu'on comprenne aussi les enjeux ?
- Speaker #2
Oui, bien sûr. Je vais rebondir sur ce que dit Maïwenn, c'est-à-dire qu'en fait, il y a une myriade d'acteurs qui sont présents au Soudan. à la fois au niveau soudanais, ce qui complique effectivement les dynamiques de conflit et de médiation actuelles, c'est ce à quoi faisait référence Maïwenn. C'est la même chose si on essaye de le simplifier au niveau international. Le deuxième point, peut-être qu'il faudrait que les auditeurs retiennent, c'est que cette internationalisation du conflit, elle ne remonte pas uniquement à 2023. C'est-à-dire que le Soudan a toujours été l'arène de confrontation de puissances à la fois régionales et internationales, au grand détriment, encore une fois, de la population. Je ne vais pas citer tous les acteurs, il y en a beaucoup. Je vais peut-être citer les principaux. Aujourd'hui, la grande souffrance du Soudan, c'est qu'on a une rivalité entre les monarchies du Golfe, et notamment l'Arabie Saoudite et les Émirats Arabes Unis, qui sont en quête d'influence. qui veulent asseoir leur position de puissance au Moyen-Orient et aussi leur influence sur l'Afrique. Donc très clairement, on a des Émirats Arabes Unis, il faut le nommer. Ils ne le reconnaissent pas officiellement, mais qui soutiennent et qui arment les RSF. Et donc aussi, on a de l'aide humanitaire, mais je laisserai Meriwen développer, qui est détournée des livraisons d'aide humanitaire qui sont livrées pour apporter des matériels aux RSF. Ça a été documenté à travers plusieurs rapports et les militants le rappellent dans leurs plaidoyers divers à ce sujet.
- Speaker #0
C'est important parce que, j'y reviendrai, on nomme pas suffisamment ce qui est en train de se passer au Soudan. Et dans les efforts de médiation internationale, justement, on utilise des mots, mais on ne va pas forcément toujours à l'essentiel. Donc là, on a les Émirats Arabes Unis qui arment les RSF. Oui, vas-y.
- Speaker #1
Non, pardon, poursuis.
- Speaker #0
Donc, en complément, du coup, dans cette rivalité, on a l'Arabie Saoudite, du coup, qui est liée à l'Égypte et qui soutient l'armée officielle. qu'on appelle les SAF. Et l'Arabie saoudite, dans cet effort de rivalité avec les Émirats, se positionne aussi comme rôle de médiateur dans les processus actuels. Donc on voit aussi que c'est compliqué, cette dynamique de médiation, puisqu'on a des acteurs qui sont directement partis au conflit. Donc voilà, deux acteurs déjà principaux, mais qui vraiment sont très responsables de ce qui est en train de se passer. Deuxième, enfin, une autre catégorie d'acteurs qui est l'Égypte. C'est-à-dire que l'Égypte a une présence historique au Soudan, en soutenant notamment l'armée. Et l'Égypte, pour qu'on comprenne bien, elle est très inquiète de son déclin d'influence au Soudan, et notamment de la coopération croissante avec les pays du Golfe. Donc elle s'implique aussi à ce niveau-là, avec un soutien pour le coup qui est officiel et qui est assumé à l'armée régulière. Et puis ensuite, on a d'autres acteurs qui communiquent moins sur ce qu'ils font, mais c'est très important de les citer aussi. Donc on a notamment la Russie, qui veut asseoir sa présence sur le continent africain.
- Speaker #1
À travers les milices Wagner, qui ont un pied un peu partout.
- Speaker #0
Exactement. En fait, ce qui est terrible, c'est que le Soudan est utilisé comme passerelle, notamment pour la Russie, entre la Libye. qui est sa plateforme un peu logistique pour les milices Wagner, et la RCA et le Mali, qui sont son champ de bataille. Et donc en fait, ils utilisent le soutien à MIT, mais qui est instrumentalisé pour eux pour une logique un peu plus grande, ce qui est d'ailleurs aussi intéressant, malheureusement. On le voit qu'il y a eu un déplacement du terrain de confrontation entre la Russie et l'Ukraine sur le champ soudanais. C'est-à-dire qu'aujourd'hui, on a des soldats ukrainiens qui se battent. contre la Russie au Soudan. Ce qui est assez terrible, mais ce qui montre aussi qu'il y a, encore une fois, le Soudan est un champ de bataille interposé. Et pour n'en finir que là, mais j'inviterai les auditeurs à creuser parce que c'est terrible, mais c'est passionnant aussi. On a une présence chinoise et aussi une présence américaine et historique. Donc on imagine aussi les quêtes d'influence, de contrôle, d'accès à des endroits stratégiques et aux ressources.
- Speaker #1
Alors, tu vas peut-être pouvoir y revenir, mais en effet le Soudan, c'est un pays qui a une localisation stratégique dans la région. C'est aussi un pays qui est convoité pour ses ressources naturelles. Mais il faut dire aussi sur un autre plan que certains membres... des FSR ont été envoyés comme mercenaires dans le passé au Yémen par exemple pour le Comte des Émirats Arabes Unis, ce qui explique leur implication aussi aujourd'hui. Il n'y a pas que au Yémen, ils ont été aussi envoyés en Libye par exemple.
- Speaker #0
Tout à fait, en fait c'est ça qui est terrible. Aujourd'hui, la rivalité entre les Émirats Arabes Unis et l'Arabie Saoudite détruit le Soudan. Mais par le passé, comme tu l'as dit, ils ont été alliés, notamment dans la guerre au Yémen. Et donc Omar El-Bashir a demandé à l'époque à Emeti d'envoyer des RSF combattre pour le compte de cette alliance à l'époque entre l'Arabie Saoudite et les Émirats dans la lutte contre... la lutte insurrectionnelle au Yémen. Donc on voit en fait que les alliés d'hier sont aujourd'hui les ennemis d'aujourd'hui et qui sont en train de se livrer à une quête acharnée sur le territoire soudanais.
- Speaker #1
Quel est le rôle de l'Union européenne dans tout ça ? Parce qu'il y a un silence assourdissant de la communauté internationale, malgré le fait que le 15 avril dernier à Paris, une conférence humanitaire internationale a été organisée. Quels ont été les enjeux de cette conférence et quels ont été les résultats ?
- Speaker #0
Je vais essayer de répondre à la première question et ensuite à la deuxième. Sur la conférence internationale, il y avait deux objectifs principaux qui avaient été affichés. C'était notamment de remettre le Soudan à l'agenda international, qui était complètement passé sous les radars médiatiques depuis un an, et aussi financer l'aide humanitaire. parce qu'à l'époque, le plan de réponse humanitaire n'était financé qu'à 5%. Donc ça, c'était les deux objectifs principaux. Il y a deux autres objectifs, je pense qu'on peut citer. Négocier, comme l'a dit aussi Maïwenn, l'accès humanitaire et notamment dans les endroits les plus enclavés. Et tout ça, ça a été fait un peu dans des... pas de façon bien sûr publique, mais donc il y a eu de la négociation, on imagine aussi avec notamment des groupes armés contestataires. Voilà, mais encore une fois, pas de façon publique. Et puis poursuivir aussi... poursuivre la relation qui avait été restaurée entre la France et le Soudan, puisque à l'époque, il y avait déjà eu une conférence de Paris sur le Soudan en mai 2021. Donc l'objectif aussi de cette conférence, c'était aussi de remontrer que malgré la guerre, on essaye de poursuivre des liens avec le Soudan. Les résultats, rapidement, la conférence a réussi à mettre le Soudan en haut de l'agenda, mais pour un temps. Tout l'enjeu, c'est aussi que ça se poursuive sur le long terme. Le second, c'est que la France a réussi à mobiliser, à l'occasion de cette conférence, des engagements financiers importants, donc quand même 2 milliards de dollars, pour financer la réponse humanitaire. Après, il faut aussi nuancer ses résultats, c'est-à-dire que plusieurs organisations, dont MSF, ont rappelé que c'était simplement la moitié de ce qui est attendu au regard des besoins. Je ne vais pas être trop longue là-dessus. Et un point très important, Les Soudanais en France ont publié une déclaration à l'occasion de cette conférence de Paris pour regretter qu'ils n'aient pas été davantage associés, informés et ils ont notamment regretté la présence de certains acteurs, comme l'a dit Adam précédemment, qui ne les représentaient pas du tout, voire qui appartenaient à des parties au conflit. Je pense que c'est aussi important.
- Speaker #1
Ce qui participe, parce qu'il y a un autre point dont on va essayer de parler, mais en fait, ce qui participe à la mauvaise... à un narratif biaisé. Parce que ce conflit regorge beaucoup de fake news. Voilà. Tous les partis essaient de diffuser des fausses informations. Ce qui fait qu'il y a beaucoup de choses qui sont reliées sur les réseaux sociaux, qui sont... vont dans un sens ou dans l'autre, il est très difficile de s'y retrouver. Et ça participe aussi à un narratif de ne pas faire intervenir des personnes concernées, des militants soudanais depuis Paris, comme par exemple Adam ou d'autres. Ça participe aussi à un conflit qui est volé, entre guillemets.
- Speaker #0
Oui, et puis c'est comme on dit le prolongement, c'est-à-dire que si on veut demain arrêter la guerre, il faut commencer par nommer. Donc là, ça fait le lien aussi avec la transition sur l'UE. Mais il faut commencer par nommer qui sont les acteurs de la guerre et aussi donner la parole aux premiers concernés qui sont les Soudanais. Et donc ça demande aussi de co-construire la conférence avec eux, ce qui est en tout cas du point de vue des Soudanais. Pour l'instant, on n'y est pas encore.
- Speaker #1
Oui. Je me tourne vers Mai Wen. La guerre, elle a fait des dizaines de milliers de morts. Il est très difficile d'avoir des estimations. Ça va de 20 000 à 150 000, mais la plupart des victimes ne sont pas recensées, selon les médecins. Elle a également entraîné le déplacement de plus de 10 millions de personnes, soit un cinquième de la population du Soudan, et créé l'une des pires crises humanitaires de mémoire récente selon les Nations Unies. Et je rappelle aussi que 25 millions de personnes ont un besoin urgent d'aide alimentaire et de soins. Ces chiffres, ça fait froid dans le dos, ça fait beaucoup de chiffres et je le rappelle parce que c'est aussi pour montrer l'ampleur de la catastrophe humanitaire. Voilà, Philippe Augrandi qui a déclaré récemment, le commissaire de l'ONU aux réfugiés, qui a dit que les conditions étaient apocalyptiques. Dans quel pays se trouvent les réfugiés soudanais aujourd'hui, Maywen ?
- Speaker #2
Oui, exactement. Les chiffres sont vraiment massifs, en fait, je peux dire. Donc, on parle d'une population. C'est juste pour mettre ça en perspective. On parle d'une population, donc le chiffre qui est plus que la population entière de la Suisse. Ça, c'est énorme. Et donc, on a deux catégories. On peut dire, par exemple, on a des... des catholiques des réfugiés c'est les gens qui ont traversé les frontières soudanais et oui donc la plupart ont fait la plupart de réfugiés soudanais de aujourd'hui sont se trouvent au tchat à l'ouest du pays ou l'autre pays en egypte on a aussi une grande population qui est déplacé vers le sud le sud sudan de république du sud sudan c'est c'est là C'est le pays voisin. Et là aussi, on est au Tupi. Donc, on parle de 2,2 millions de réfugiés et 8 millions déplacés internautes. Ça, c'est juste un chiffre qui est vraiment énorme.
- Speaker #1
C'est énorme, mais la question que l'on se pose, c'est comment est organisée l'aide humanitaire ? Pour ces millions de personnes. Alors, je rappelle que toi, tu es travailleur humanitaire au Soudan. Donc, comment avec Geneva Call, vous arrivez à travailler sur le terrain ? Et quels sont les besoins ? Et comment vous arrivez à pallier ces besoins-là, si vous y arrivez complètement ?
- Speaker #2
Voilà. Alors, pour le moment, il y a beaucoup d'organisations humanitaires internationales qui sont impliquées. Donc, il y a Geneva Call, bien sûr, que j'ai pris le présent. Mais il y a aussi d'autres organisations qui sont déjà dans le terrain. On a le Médecins Sans Frontières, toutes les agences humanitaires des Nations Unies. Il y a aussi toutes les organisations humanitaires qu'on peut imaginer qui sont déjà en terrain. Mais comme disait Marion au début de l'émission, bien sûr il y a beaucoup de défis en termes d'accès aux plusieurs... Je peux dire en fait que ce ne sont pas juste plusieurs villes en Soudan, mais c'est beaucoup de régions où ils se trouvent les déplacés. Donc c'est difficile d'accéder à ces régions-là. Et la deuxième chose aussi, comme disait Marion, c'est la réponse. Je parle ici de la réponse financière et ça reste vraiment modeste par rapport aux besoins humanitaires. dans le terrain. Et donc, voilà, en termes d'accès, il y a beaucoup d'efforts en termes d'accès. Il y avait plusieurs négociations ici à Genève, où les parties concernées ont décidé d'ouvrir les voies pour accéder aux gens qui ont besoin d'aide. Mais il y a quand même un... beaucoup de régions qui ne sont pas accessibles.
- Speaker #1
Quelles par exemple ?
- Speaker #2
Je parle des régions dans le centre du Sud. Je parle du capital où se trouvait la majorité de la population soudanaise. Moi aussi, je parlais de la région d'Al-Jazira ou de Medeni. Vous avez mon second au début. Et aussi, on a la région de Senar, on a la région de Kourtoufan et la région aussi de... de fond du sud, il y a la région de Sénégal. Et ça, c'est pas juste les petites villes, ça c'est les villes où la majorité de population du sud se trouve normalement. Donc ça, c'est beaucoup de travail à faire.
- Speaker #1
Oui, et d'ailleurs, il y a 14 millions d'enfants qui ont besoin d'une assistance. Comment, qu'est-ce que tu peux dire sur, au-delà de la situation humanitaire ? Tu travailles notamment à la documentation des violations des droits humains et des crimes de guerre et de crimes contre l'humanité qui ont lieu. Qu'est-ce que tu peux me dire sur cet aspect-là ? Qu'est-ce que toi tu observes ? Des choses d'ailleurs dont on ne parle jamais, notamment à l'encontre des femmes qui sont victimes d'esclavage sexuel ou de viol, etc. Et qui... et où le viol est encore utilisé au Soudan comme une arme de guerre. Qu'est-ce que tu peux me dire sur ces violations-là ?
- Speaker #2
Pour nous, à Geneva Call, on ne travaille pas sur la question du droit humanitaire, du droit humain en général, on travaille sur la question du droit international et humanitaire. Ici, on parle spécifiquement de la situation des populations qui sont impactées par la situation de guerre. Et donc, pour nous, on est vraiment intéressé par l'amélioration de la situation humanitaire des réfugiés. Donc, on n'est pas concerné par la documentation des crimes qui sont commis pendant la guerre. Et donc, pour nous, la... L'objectif, en fait, c'est de trouver un mal, si c'est possible de tout, de parler avec les groupes armés impliqués pour améliorer la situation des populations en général. Bien sûr, on a beaucoup, beaucoup d'enfants qui sont impactés par la guerre, mais aussi on a beaucoup de femmes qui sont impactées par la violence sexuelle. Comme vous voyez dans le milieu, il y a beaucoup de rapports, de violations contre les femmes. Donc, on a besoin bien sûr d'avoir une organisation indépendante et aussi internationale qui peut faire une enquête sur la situation globale des violations. Mais jusqu'à ce moment, on a beaucoup de rapports qu'on a déjà reçus dans la média.
- Speaker #0
Le
- Speaker #1
Human Rights Watch qui a sorti un rapport sur l'utilisation du viol comme arme de guerre au Soudan. Et si je peux me permettre de te poser aussi une question concernant la difficulté de récolter le témoignage des femmes, puisque elles sont non seulement les premières touchées, mais elles sont aussi invisibilisées. Et si je comprends bien... Tu me dis si j'ai tort, mais si je comprends bien, c'est aussi parce qu'il y a une difficulté à récolter le témoignage, de par le manque d'accès au terrain, mais aussi par la stigmatisation sociale que ces violences infligent. Est-ce que c'est quelque chose que toi tu peux observer ?
- Speaker #2
Bien sûr, en général, comme nous le savons, il y a un bon nombre de cas qui... ne sont pas signalés aux autorités concernées en raison de la segmentation sociale, comme vous disiez à haut niveau. Mais ça, il y a aussi d'autres défis liés à l'accès aussi aux autorités, aux raisons de conflits, parce qu'il y a des guerres partout. Donc ça, c'est quelque chose qui nous inquiète, comme les urnes humanitaires. Donc ça, c'est une... C'est une situation réelle, bien sûr, il y a beaucoup de violations qui ont déjà arrivé aux autorités concernées, mais on ne peut pas dire par exemple le nombre de victimes, mais ça reste un chiffre qui nous concerne comme humanitaires. Oui, et je...
- Speaker #1
J'ai une question pour toi Marion, mais ça revient à la question aussi des acteurs internationaux. Comment il est possible de traduire les auteurs de crimes de guerre et de crimes contre l'humanité en justice ? Parce qu'on voit qu'il y a une impunité en fait. Il y a non seulement une difficulté de documenter ce qui se passe, mais on a la sensation qu'il y a une impunité totale. Est-ce qu'un jour ils pourront être traduits en justice ?
- Speaker #0
C'est une excellente question Eleonore, et je pense que c'est l'aspiration des Soudanais déjà, première. Adam l'avait souligné très justement au démarrage, c'est-à-dire qu'il y a eu, pendant la période de transition, donc là on revient à cette période de relative ouverture, il y a beaucoup beaucoup de travaux qui ont été faits justement sur la violation des documentations perpétrées à la fois dans le cadre des manifestations à Hartoum, la capitale, mais aussi bien sûr au Darfour, comme tu l'as dit Adam, ça ne s'est jamais arrêté. Et donc il faut rappeler, je ne sais pas si les auteurs le savent, mais qu'il y avait quand même des dynamiques de procès assez incroyables à l'époque qui avaient été engagées, avec notamment le projet de remettre Omar El-Bechir à la recours pénale internationale. Par contre, la question qu'on pourrait se poser aujourd'hui, c'est où est Omar El-Bechir, puisqu'il était effectivement retenu dans une prison ? depuis le coup d'état militaire qui a été orchestré en octobre 2021 et que du coup, par exemple, on peut imaginer qu'il a été libéré. Donc, en fait, il y a eu des efforts pour répondre à ta question. Ce coup n'est pas à plat, c'est-à-dire qu'il y a eu beaucoup de financements, d'efforts qui ont été engagés durant le processus de transition, notamment pour renforcer les barreaux d'avocats soudanais et donc avoir une vraie intelligence collective. entre bien sûr les forces civiles soudanaises qui constatent ça depuis des années. La vraie problématique, je pense, sur ces questions, c'est comment aller à la recherche de ces ressources sans mettre en danger les personnes qui les récoltent. Puisque typiquement, je prends un cas très concret, pour alimenter notamment le procès d'Omar El-Bechir, il a bien fallu documenter pendant des années ce qui s'était passé. Et donc à ce moment-là, des acteurs plutôt internationaux, si j'essaie de schématiser, ont dû s'appuyer. sur des acteurs locaux qui ont en plus fait part de témoignages qui étaient forcément terribles et qui revivaient des histoires traumatisantes à ce moment-là. Ces personnes ont disparu par la suite. Ces personnes ont disparu par la suite. Donc, je pense que c'est ça aussi la vraie question qu'il faut poser aussi, c'est comment est-ce qu'on... Au-delà d'une justice internationale, je pense qu'il y a des vrais efforts qui sont en train d'être faits, je pense, en parallèle des efforts de médiation, négociations internationales. À chaque fois, c'est rappelé dans les déclarations. Après, dans les faits, qu'est-ce qui est en train de se passer sur le terrain et comment est-ce que les activistes, je pense qu'honnêtement, pour être sincère, je pense qu'ils sont d'abord occupés à soigner les personnes qu'a documentées les violations. Donc là, je pense qu'on n'est plus dans cette temporalité, j'ai envie de dire, terriblement aujourd'hui. Alors que d'énormes violations sont commises. En revanche, je pense qu'il y a tout un travail d'archivage qui avait été fait à l'époque durant le processus de transition. C'est-à-dire qu'il y a des associations qui avaient déjà un peu forcément senti le vent tourner, passez-moi l'expression, et qui avaient essayé d'arracher pied, de documenter, de voir des preuves. de responsabilité des crimes. Je pense que c'est très important. Pour répondre à ta question, il y a des grands efforts qui ont été engagés à cette occasion. C'est hyper important de les poursuivre. La question, c'est plutôt comment est-ce qu'on demande aujourd'hui à des acteurs locaux qui sont déjà très oubliés par la communauté internationale et qui sont en train de sauver ce qu'ils peuvent, de, en plus, dégager des efforts pour documenter ces violations-là.
- Speaker #1
Et ça m'amène à la question, Adam, de l'avenir politique du Soudan. Tu es engagé politiquement. Est-ce que tu peux nous présenter pour quel parti et quelle est ta vision pour l'après-guerre ? C'est-à-dire, quelles sont vos aspirations au sein de votre parti ?
- Speaker #3
Moi, je fais partie du Sudanese Congress Party. C'est un parti civil. Il était participé aussi pendant la révolution. Il y a deux membres du parti, c'était le ministère du gouvernement civil pendant cette période. Avant la guerre, ils ont essayé avec notamment d'autres partis, d'alliances, de forces de libération et de changement, ils ont essayé d'arrêter cette guerre, c'était clair, il y a une guerre qui va commencer. Parce que le période de transition c'était quatre ans. quatre ans et 12 ans dirigés par l'armée c'est à dire le conseil de souveraineté le procédant le conseil de souveraineté c'était l'armée et après les deux ans ce sera un civil on a fini le 12 ans pour l'armée là ce qu'on a Voilà, pendant trois ans, ils ont fait le coup d'état du 25 octobre 2021. Ils ont mis toutes les personnes dans la prison. Mais je voulais dire, voilà, lorsqu'ils sont dans la prison, ils ont négocié encore de trouver une vision politique. Ils ont fait un accord CART. Donc cet accord c'était une idée politique pour moi incroyable en fait pour sortir de la crise qui a été commise par le militaire. Je crois qu'ils ont réussi à convaincre le Hyméthie et le général Pohan. pour signer cet accord. Mais toujours, moi, je disais que l'armée, elle est sur l'autorité du Führer musulman. Donc, ils ont refusé de signer cet accord.
- Speaker #1
Tu parles d'un accord cadre qui a été signé le 3 janvier dernier, c'est ça ou pas ?
- Speaker #0
Non, non, c'était l'accord cadre qui était à la base du processus de transition.
- Speaker #3
Après le Coupe d'Ita.
- Speaker #1
Après le coup d'État, oui d'accord.
- Speaker #3
Là, ils ont... Lorsque le 14... Jusqu'au 14 avril 2023, la force politique a essayé de négocier vraiment avec l'armée de ne pas éviter cette guerre. Parce qu'il n'y a pas aucun... Voilà, solution par le guerre. Le meilleur solution c'est la négociation.
- Speaker #1
Et aujourd'hui, toi, dans ton parti, c'est quoi ? Quels sont tes espoirs pour l'avenir du Soudan ? Il reste très peu de temps, mais on va essayer de terminer sur cette question avec toi Adam.
- Speaker #3
L'espoir, toujours moi je vois qu'on va réussir. mettre fin à cette guerre et créer un pays démocratique comme on a inventé de valeurs, liberté, égalité, fraternité, c'est-à-dire le salam ad'Allah, cette valeur on devait vraiment... marqué dans notre pays. Et là, actuellement, toutes les forces politiques, elles ont essayé de seulement négocier. Jusqu'à maintenant, elles négocient avec les militaires et les forces rapides. Elles soutiennent aucun de nos militaires.
- Speaker #2
Oui,
- Speaker #1
juste pour préciser, parce qu'il y a eu des frappes aériennes et des tirs d'artillerie qui ont secoué la capitale jeudi dernier. Donc c'est très récent, où l'armée se livre à des combats assez acharnés. Il y a vraiment des affrontements qui s'intensifient contre les paramilitaires, contre les FSR, qui contrôlent largement la capitale soudanaise. Je me tourne vers toi Marion, pour terminer cette émission, quelles seraient les recommandations que tu pourrais donner pour inviter les auditeurs à aller plus loin sur le sujet ? Parce que l'on comprend bien qu'il y a beaucoup de choses à dire sur le Soudan et on a envie d'en savoir plus. Comment on peut s'informer ?
- Speaker #0
Oui, merci beaucoup Hélène. Je pense que c'est la mot de conclusion, c'est de dire que c'est très beau, je trouve déjà de la part d'Adam. Il y a encore de l'espoir. donc c'est ça qu'il faut déjà que les gens retiennent les Soudanais malgré leurs souffrances immenses sont toujours debout et donc pour aller plus loin déjà pour se renseigner peut-être lire les actualités de Soudfamedia qui est effectivement le collectif que tu mentionnais au démarrage franco-soudanais qui publie des bulletins d'actualité sur ce qui se passe si vous souhaitez des développements un peu récents sur La guerre et que vous êtes familier avec l'anglais, vous pouvez consulter le site Sudan War Monitor, qui fait partie des sites internet qui les plus référencés.
- Speaker #1
Un film peut-être ?
- Speaker #0
Un film, Goodbye Julia, qui a été primé à Ecalm cette année. Un livre, vous pouvez lire Le Chant de la Révolte, par exemple, qui revient sur la révolution soudanaise et donc l'importance aussi des femmes et des jeunes.
- Speaker #1
Génial.
- Speaker #0
Et puis témoigner votre solidarité avec la population soudanaise, je pense qu'elle en a vraiment besoin.
- Speaker #1
Merci. Maïwen, est-ce que tu m'entends ?
- Speaker #2
Oui, je vous entends très bien.
- Speaker #1
Il reste quelques secondes. Est-ce que tu veux dire un dernier mot pour conclure cette émission, Maïwen ?
- Speaker #2
Bien sûr, bien sûr. En termes de la situation humanitaire, il faut bien sûr trouver une solution pour arrêter la situation humanitaire dans le pays. Donc, une solution miracle, pour moi, à la situation humanitaire où Soudan saurait toujours mettre un terme à cette guerre. Alors, je ne sais pas si ça c'est possible aujourd'hui ou demain, mais en tout cas, toutes les solutions durables doivent prendre aussi en compte le fait qu'il y a beaucoup d'autres facteurs impliqués par ce conflit, et donc c'est très important de prendre ça en compte. pour améliorer la situation humanitaire de la population civile en Soudan.
- Speaker #1
Merci beaucoup Maywen. Alors on va conclure et je vais vous remercier chacun d'entre vous. Merci Marion Abdonek de nous avoir rejoint ce soir pour nous éclairer sur les enjeux internationaux. Merci Adam Ibrahim de nous avoir partagé ton expérience et ta vision sur le Soudan. Et merci Maywen pour ton expertise sur la situation humanitaire. Voilà, c'était Soudan, un conflit négligé. Je vous retrouve le mois prochain pour une troisième émission. Je vous remercie de nous avoir écoutés et je vous dis à très bientôt.
- Speaker #2
Action !