D’un écrivain qui n’est plus nous reste souvent moins le lourd portique de ses volumes, le sujet affiché dans ses livres, les élans du coeur et les coups de sang qu’il a suscités, que cette toute petite chose fragile, ce sifflotement allègre qui faufile son œuvre, y court en
filigrane : un art de musiquer la vie, une façon intime de sourire, de saluer en entrant. Éric Holder, disparu en 2019, avait cet art de répandre le sourire, une aptitude mélodique à vivre qui faisait luire l’instant, tirer l’amitié du moment comme l’eau du puits, une eau fraîche qui montait au jour sans grincement et immédiatement se partageait. Chroniques parues, seize ans durant, dans Le Matricule des anges, entre 1996 et 2012, les textes recueillis dans L’Anachronique témoignent de cette vertu spontanée, d’un art virtuose d’amplement respirer le quotidien des heures, de tamiser les jours pour n’en conserver que le scintillement d’un éclat de voix, d’une lumière qui passe, d’un son au loin.
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