Speaker #0L'autre jour, dans ma médiathèque, j'ai trouvé un film à regarder avec ma fille qui s'appelle « Douna et la princesse d'Alep » . Et j'ai décidé de vous en parler aujourd'hui parce que ce film m'a profondément marquée. C'est un film d'animation qui réussit à mêler poésie et réalité dans un contexte bouleversant, celui de l'exil et de la perte. C'est l'histoire d'une petite fille, Dounia, qui grandit à Alep, en Syrie. Dès sa naissance, sa vie est marquée par la perte, sa mère, qui meurt très tôt d'une maladie, et elle est élevée par son père et ses grands-parents maternels, jusqu'à ce que son père soit emprisonné à cause du contexte politique. Elle se retrouve alors seule, avec ses grands-parents, ancrée dans leur tradition. amoureux de leur culture et de leur chez-eux qu'ils ont construit petit à petit. Cette première partie du film, je la trouve formidable. On y voit les routines de ces deux vieux, leurs traditions, leurs croyances, et on comprend toute la richesse culturelle qu'ils portent en eux. Mais la Syrie sombre peu à peu dans le chaos, et Dunia et sa famille n'ont plus d'autre choix que de fuir. Le film raconte leur périple, depuis Alep jusqu'à la Turquie, la Grèce et enfin l'Autriche. en passant par les camps de réfugiés et les traversées périlleuses. Et pourtant, malgré cette toile de fond sombre, Dunia parvient à briller grâce à une touche unique, la magie des contes. Ce qui rend ce film si beau, c'est l'utilisation des légendes traditionnelles, dont celle de la princesse d'Alep, qui accompagne et sauve Dunia de nombreuses fois. Ou ce savon d'Alep en forme d'oiseau qui transportera son SOS jusqu'au Canada. Autant de symboles de sa culture qui la sauveront au cours de son périple. Ces histoires, portées par Dunia, elles-mêmes offrent une perspective d'enfant sur une réalité très brutale. Elles viennent adoucir le quotidien et apportent de l'espoir. Par exemple, ces graines magiques que Dunia a prises avant son départ l'aident, symboliquement, à franchir les frontières, à surmonter les épreuves. Ce recours à l'imaginaire, il illustre comment, dans l'enfance, on peut s'accrocher à des récits pour trouver du réconfort, de la force, ou même une forme de courage face à l'inconnu. Le film ne se limite pas à ça. Il y a aussi un message universel sur l'exil, l'injustice et la perte. Le film nous immerge dans cette réalité. Perdre son chez-soi, sa famille, tout ce qu'on connaît, pour affronter l'incertitude des camps ou des routes vers un ailleurs complètement incertain, à n'importe quel âge, enfant ou déjà grand-parent. Pourtant, le film se termine sur une note d'espoir. C'est pas toujours réaliste, j'imagine, mais c'est très beau. Et à travers les dessins sublimes de ce film et les voix d'une douceur incroyable des acteurs, le film nous murmure que l'espoir, même infime, peut tout changer. Un mot sur l'animation, elle est absolument magnifique. Chaque image ressemble à une peinture, et les couleurs traduisent autant les moments de peur et de chaos que les instants de magie et de rêverie. Les voix et la musique ajoutent une dimension supplémentaire. Merci. Elles enveloppent le spectateur dans une expérience sensorielle intense. En résumé, Dunia et la princesse d'Alep, c'est un film que je vous recommande vraiment de voir, même si vous n'avez pas d'enfant. Il parle autant aux enfants qu'aux adultes, il émeut, il fait réfléchir, et surtout, il montre une facette de l'église qu'on ne voit pas souvent au cinéma, celle où le rêve et la tradition viennent illuminer les épreuves, celle où quoi qu'il arrive, on porte en soi sa culture comme une armure contre l'adversité. Si vous avez vu ce film, dites-moi ce que vous en avez pensé. Est-ce qu'il vous a touché autant que moi ? Si vous ne l'avez pas encore vu, croyez-moi, il vaut le détour.