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FAB G (BLACK JACK RECORDS) - LE PONT ENTRE LA HOUSE DE CHICAGO ET LA FRENCH TOUCH cover
FAB G (BLACK JACK RECORDS) - LE PONT ENTRE LA HOUSE DE CHICAGO ET LA FRENCH TOUCH cover
FRENCH HOUSE CHRONICLES

FAB G (BLACK JACK RECORDS) - LE PONT ENTRE LA HOUSE DE CHICAGO ET LA FRENCH TOUCH

FAB G (BLACK JACK RECORDS) - LE PONT ENTRE LA HOUSE DE CHICAGO ET LA FRENCH TOUCH

49min |23/02/2025
Play
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FRENCH HOUSE CHRONICLES

FAB G (BLACK JACK RECORDS) - LE PONT ENTRE LA HOUSE DE CHICAGO ET LA FRENCH TOUCH

FAB G (BLACK JACK RECORDS) - LE PONT ENTRE LA HOUSE DE CHICAGO ET LA FRENCH TOUCH

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Description

Savez-vous qui a réellement façonné la scène House française dans les années 90 ? Dans cet épisode captivant de French Touch Chronicles, DeusExMaschine, producteur et DJ, reçoit Fab G, le fondateur de Black Jack Records, un acteur incontournable de la French Touch.


Fab G nous plonge dans son parcours fascinant, débutant à 16 ans dans un univers où la House était encore méconnue en France. Sa passion pour la musique électronique et son désir de partager cette culture avec le monde entier l'ont conduit à devenir un véritable pionnier.

Au fil de cette conversation enrichissante, Fab G évoque ses premières soirées, son amour inconditionnel pour la House et son rôle de pont entre les scènes musicales française et américaine. Comment a-t-il réussi à amener des artistes américains en France ? Quels défis a-t-il dû surmonter pour faire connaître la French Touch à l'international ? Ces questions trouvent réponse dans un échange authentique et inspirant.


Les débuts de la French Touch, l'importance de la collaboration entre artistes, et l'évolution de la musique électronique sont autant de sujets abordés avec passion. Fab G partage également ses expériences avec des légendes telles que Daft Punk, Paul Johnson et Sébastien Léger, des rencontres qui ont marqué sa carrière et enrichi son approche du management et de la production musicale.


Dans cet épisode de French Touch Chronicles, vous découvrirez comment Fab G a su tirer parti de son réseau pour propulser des talents et faire vibrer une culture musicale qui continue d'influencer le monde entier. L'impact de la French Touch sur la scène musicale mondiale est indéniable, et Fab G, avec son enthousiasme contagieux, nous rappelle l'importance de préserver cette richesse culturelle.


Ne manquez pas cet épisode où la passion pour la musique, l'innovation et la créativité se rencontrent, et laissez-vous inspirer par le désir de Fab G de continuer à faire résonner la French Touch à travers le globe. Écoutez maintenant French Touch Chronicles et plongez dans l'univers fascinant de la musique électronique !


Pour suivre DeusExMaschine sur Instagam : https://www.instagram.com/deusexmaschine/


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • DeusExMaschine

    En 1996, Daft Punk plaçait la France sur la carte mondiale de la musique électronique, avec la bombe Da Funk. Dans leur sillage, la scène house française explose au niveau mondial. C'est l'ère de la French Touch. Je suis DeusExMaschine, producteur et DJ de French House, mais surtout énorme fan de ce mouvement musical que je suis depuis ses débuts. Dans ce podcast, je vous propose de rencontrer des artistes phares de la French Touch et d'explorer avec eux leurs discographies et leurs anecdotes. Aujourd'hui, j'ai le plaisir de recevoir Fab G. fondateur du mythique label Black Jack Records, un des seuls labels French House encore en activité. Black Jack, c'est par exemple d'énormes bangers comme... Ou encore... Mais aussi... Bonjour ! Salut, ça va, tu vas bien ?

  • Fab G

    Salut et toi, ça va ?

  • DeusExMaschine

    Bien, je suis hyper content de t'avoir dans le podcast, Fabrice. Je vais te proposer, si tu veux bien, alors je sais que tu as plein d'activités, tu as une carrière longue maintenant, est-ce que tu voudrais bien présenter un peu qui tu es, tes activités, d'où tu viens, etc. ?

  • Fab G

    Alors, qui je suis ? Je suis Fabrice, je suis né à Paris, il y a quelques années déjà. J'ai commencé mes premières soirées, je devais avoir 16 ans en fait, par passion de la musique électronique, de la house. Et bien sûr, à l'époque, je parle de ça, c'était en début 90, il n'y avait absolument pas de médias, absolument pas de relais pour écouter de la musique électronique, à part dans certains magasins de disques, particulièrement à l'étranger. Il n'y avait pas cette culture qui était encore arrivée en France. Donc j'ai commencé à faire des événements. J'ai toujours baigné un petit peu dans la restauration, l'hospitality, par rapport à mon père qui avait des hôtels et qui travaillait dans des grands hôtels. Donc j'ai toujours eu cette culture du contact avec les gens, un esprit festif et j'ai toujours aimé créer. Donc je me suis retrouvé à monter ces grosses soirées et par définition à faire des line-up qui me faisaient plaisir puisque je pense que même si j'ai souvent entendu qu'un entrepreneur ne devait pas se faire plaisir et faire d'abord plaisir à ses clients, o n a tous commencé par là, on fait tous quelque chose qui nous plaît au départ. Et après, pour certains, ça devient un métier alimentaire et d'autres, une passion. Moi, j'ai réussi à allier tout ça et à conserver cette dynamique sur les soirées en créant des établissements de nuit ou en créant des marques de soirée ou tout simplement en faisant du management. En fait, avant nous, il n'y avait personne en 90. Je vois souvent des gars qui me disent « le DJ, il a 50 ans » . Oui, mais avant, il n'y a personne. Réellement, on est des OG, on aime surtout ce qu'on fait, on est toujours là, on défend toujours ce mouvement house, French touch, puisqu'on doit faire des catégories aujourd'hui. On va en parler, je pense, on va un petit peu disputer de l'évolution de cette musique au fil des années. Mais voilà, mon cursus, ce n'est pas du tout de diplôme, quitter l'école à 15 ans par dérogation préfectorale. Et qu'est-ce que je fais ? Serveur, pizzaïole et le week-end organisateur de soirée.

  • DeusExMaschine

    Comment tu as découvert la house Fabrice ?

  • Fab G

    Avec la drogue, non je déconne. J'ai découvert ça... Je pense que si tu veux, ça arrivait à un moment où j'avais 16 ans, on est tous un peu rebelles à 16 ans et en fait j'écoute cette musique et des copains où je vais à Londres avec des potes à moi à 16 ans, on est vachement mûrs à l'époque et puis on est dans des supermarchés, il y a de la house, c'est juste fou. On est dans la rue, on voit des mecs habillés hyper branchés, qui écoutent de la house et tout, et on va dans les magasins de disques, il y a de la house, il y a des morceaux comme Soul to Soul, des trucs comme ça, on se dit, c'est quoi ? Et on est attiré, on se renseigne, c'est le début de plein de classiques de la house, de la dance, puisque c'était plus ou moins de la dance à l'époque, et voilà, un gros kiff. Et après, de fil en aiguille, en faisant des soirées, on apprend un peu plus que la culture vient de Chicago. Alors tu essaies de comprendre qu'est-ce qui se passe à Chicago, tu commences à acheter des vinyles, tu achètes des vinyles, il y a des numéros de téléphone dessus et tu appelles, tout simplement. Je reçois un truc, je vois Paul Johnson, je vois un numéro à Chicago, je l'appelle le gars et le gars me répond. « Oui, bonjour. » Tu sais, un truc, « Qui êtes-vous ? » « Salut, je m'appelle Fabrice, je fais des soirées. » « Ah, salut Fabrice. Mais t'es où en France ? » « Ah, je ne suis jamais venu. » Et là, on me dit « Mais tu veux venir ? » « Ben ouais. » mais on ne sait même pas comment on fait pour faire venir un gars des États-Unis. Il faut un billet ? il faut un visa ? C'est 1200 francs à l'époque, le billet. Donc, tu prends des sous à tes parents et tu fais venir Paul Johnson, par exemple. C'était devenu ma marque de fabrique. Toutes mes soirées avaient des artistes étrangers et des line-ups de fous furieux. Les gars à Montpellier faisaient DJ Aladdin, Stefanovitch et Pollux. Et nous, on faisait ces gars-là aussi parce qu'en fait, il y avait très peu d'artistes. Et après, bien sûr, quand tu fais venir Paul Johnson, il en parle à Stacy Kidd. Quand il en parle à Stacy Kidd, il en parle à Glenn Underground, il en parle à Robert Armani. Et là, tu as tout le monde qui t'appelle. Et je deviens le bridge, en plus des Daft Punk qui avaient déjà commencé à balancer qu'ils étaient fous de Chicago. Et en fait, je suis l'ambassadeur français qui va aux États-Unis avec des dollars en poche et qui achète des masters. Et qui leur dit, les gars, voilà, moi, je veux monter un label, je veux défendre votre musique. Je pense que la French Touch est en train de vous piller. Mais travaillons ensemble, puisque nous, on vous apporte un vrai son, une vraie identité supplémentaire, et on vous kiffe, et on est avec vous. Et c'est ce qui s'est passé. Les gars... Bon, Paul, c'est une histoire qui a duré presque 20 ans, un véritable ami. Et donc, on a développé tout ça avec le fil des années, des amitiés, des relations, des gars qui ne sont plus là, des gars qui sont toujours là. Une fois, j'ai vu Felix Da Housecat. Au Brésil, on s'est sauté dans les bras. Non, non, ça me touche vraiment à chaque fois d'en parler, mais c'est vraiment important. C'était la base de notre relation. Ces gars, aujourd'hui, sont un peu en galère, comme toujours. C'est culturel, c'est les États-Unis, c'est différent de chez nous. Mais l'histoire vient de ces gens-là qui m'ont mis le pied à l'étrier parce que j'ai senti qu'il y avait quelque chose qui se passait et on n'a pas lâché.

  • DeusExMaschine

    Et quand tu as débarqué, petit Français, j'ai envie de dire, si tu me pardonnes, à Chicago... Je ne sais pas, ça a dû être un choc énorme, j'imagine. C'est quand même une ville particulière, Chicago, surtout à l'époque.

  • Fab G

    Je me rappelle être parti, et j'appelle Paul et je lui dis « je viens ». « T'habite où » il me dit « South Side » . Et moi je dis « ouais frère, moi South Side, j'ai le morceau de Dave Clarke en tête qui tourne, il avait sorti une bombe atomique » . Je dis « ouais, ça doit être trop cool » . Et j'arrive, et j'ai aucun taxi qui veut m'amener à Southside. Je suis tout seul à l'aéroport. Je dis à Paul, personne ne veut m'amener dans ton quartier, c'est quoi le délire ? Il me dit « t'inquiète pas, tu vas trouver » . Je trouve en effet un taxi, ce qui devait être un cracker, ce qui m'amène au bout d'une heure et quart à South Side, un hôtel quelconque planté. Je suis réveillé en jet lag et je suis réveillé à 4h du mat' par un espèce de train qui passe, comme dans les films. J'ouvre la fenêtre, je vois un train, je vois tout. Je dis tiens, je vais me balader. Mais un blanc de 20 ans dans Chicago, Southside, les mecs, je passe, ils m'ont regardé, mais ils se disent mais qu'est-ce qu'il fait là lui ? Moi je dis salut, ça va ? Hello ! J'ai revu un film avec Will Ferrell où justement le mec il se prend pour un black, il se balade et c'était exactement ça. C'était mes potes, les mecs qui m'ont regardé et je vais rejoindre Paul chez lui à 10h. Il me dit « mais t'es fou toi, t'as traversé le quartier pour venir me voir ? » Je lui dis oui ils sont tous sympas dans le jardin, ils m'ont tous fait coucou. Il me dit mais t'es un fou quoi. Et je suis resté avec eux donc je parle d'une époque où le gars c'était un fou quoi, il faisait des morceaux comme ça, on passait nos journées ensemble, on allait dans le mall. Il y avait que ça à faire avec eux. Mais genre, à 11h, on te dit, on va au mall. Et tu vas à 17h, tu vois. L'autre qui arrive, qui débarque. « My brother ! » Ils avaient acheté un petit crocodile. Deux mois après, quand je suis retourné le voir, le crocodile était comme ça. Mais des films ambulants. On s'est fait arrêter. Je crois que je t'avais raconté cette histoire. On part tous à Chicago en ville. Je dis, bon allez les gars, on sortait un peu du quartier. C'était sympa, mais bon, on était tous en train de fumer de la weed, des crocodiles et tout. Ça me faisait quand même… J'étais un peu en décalage horaire en plus. Je prenais un choc émotionnel et je dis « Venez, on va en ville » . Deuxième choc émotionnel, on débarque en ville, il y a Stacy Kidd, Paul Johnson en chaise roulante, je crois qu'il y a Glenn Underground avec nous, on est 4-5 blacks et moi avec eux en ville. Et d'un coup, il y a une voiture qui passe, civile et tout, qui ralentit, qui nous regarde comme ça, qui fait marche arrière. Deux mecs qui descendent en cravate, qui me plaquent au sol, main dans le dos, « You are under investigation, FBI » . Tout le monde choqué et mes potes les blacks, « Oh, oh, oh, bro, bro, bro, bro ! » Comme ça, sur le côté. Moi, par terre, en train de manger le bitume et en train de leur dire, je faisais un peu le mariole, « Ouais, je suis là, c'est moi qui paye les études de vos enfants, je suis en vacances, qu'est-ce que tu fais ? » « Shut the fuck up, you're under investigation, FBI ! » Je me dis « Putain, mais qu'est-ce que j'ai fait ? » Je me suis pris pour un terroriste. Hop, il me libère et tout. Et on va manger, mais choqué, tu vois. On va manger à TGI Fridays, je me rappelle toujours. Et avec Paul, toute la bande, c'est rigolo. Et Paul, il se lève de table, il part aux toilettes sur sa chaise roulante, il marche et il croise le flic qui mange dans le même restaurant que nous. Il dit, mais attendez, qu'est-ce que vous avez fait tout à l'heure les gars ? C'était calmé là. Le gars dit, attendez, on a vu un blanc avec cinq blacks dans le centre-ville de Chicago, vous êtes des dealers, lui c'est le chef de la bande. Non mais un film. Donc oui, le choc de culture, il est là, c'est que... Quand je les ai tous fait venir aussi, c'était très drôle. Ils sont allés parler à Aix-en-Provence, parce qu'on était basé à Aix-en-Provence avec le label. Ils sont venus, trop contents. On les récupère. Mais j'ai plein d'histoires qui me viennent en tête. On les récupère. Premier black qu'il voit dans Aix, il va lui parler en anglais, le mec. Je dis à Paul Johnson, je lui dis, il ne parle pas anglais, mais il est black et tout. Je lui dis, oui, mais c'est un antillais peut-être ou un africain. Il n'y a pas que des blacks américains. Et si tu veux, c'est là où tu comprends que pour eux, le monde s'arrête aux États-Unis. Nous, on est français et que pour eux, c'était extraordinaire de...

  • DeusExMaschine

    Et c'était une de leurs premières sorties en dehors du territoire quand ils sont venus te voir ?

  • Fab G

    En fait, à mon palmarès, si on peut dire, j'ai fait venir Armand Van Helden pour la première fois en Europe. Paul Johnson, la plupart des mecs de Chicago n'étaient jamais venus en Europe. C'est vraiment ce que nous, on connaît des quartiers français où c'est un peu le bordel dans leur organisation, dans leur tête, mais c'est ce qui fait aussi le charme et la beauté de l'artiste. C'est exactement ça, une désorganisation. Par contre, je le dis, je le répète, ce qu'a fait Paul Johnson, jamais de ma vie je peux le faire. C'est-à-dire en chaise roulante, prendre un vol tous les vendredis pour venir en Europe, mais incroyable. Une passion... Je peux vous assurer qu'il a raté des dates, ça lui est arrivé comme c'est arrivé à d'autres, mais c'était toujours pour une raison médicale ou jamais, en fait, jamais il a planté. Jamais il a dit je ne veux pas le faire, je suis fatigué.

  • DeusExMaschine

    Ils sont pros les gars.

  • Fab G

    Passionnés. Et je veux dire, nous on est 100% mobile, lui en plus c'était galère. Je te rappelle qu'à l'époque on avait des flycasses de 15 et 25 kilos. Déjà le flycasse en lui-même c'était 6 ou 7 kilos le truc. Je ne sais pas pourquoi, on était fous, on adorait avoir cette boîte en fer là, qui était rempli de vinyles, alors que tu jouais toujours les mêmes. Et c'était vraiment... Il faut vraiment se remettre en arrière et dire qu'il n'y avait pas les réseaux sociaux, il n'y avait pas le téléphone. On galérait. Donc c'était à chaque fois une aventure. Et c'est ça qui était génial.

  • DeusExMaschine

    Tu as parlé un petit peu de ton label. Je voudrais qu'on revienne là-dessus. Qu'est-ce qui t'a poussé à créer, d'ailleurs pas qu'un, mais plusieurs labels ?

  • Fab G

    L'environnement, en fait. En faisant des soirées, en faisant venir ces mecs, en étant le premier à faire Daft Punk. En mettant Daft Punk avec Cut Killer sur le même line-up avec Paul Johnson. Je parle à Cut Killer aujourd'hui, il te reparle encore de cette soirée de 1992 sur le circuit de Castellet qui était folle, une espèce de plateau en étoile, Hard Techno Techno, House, Hip Hop avec Cut Killer, Zdar, des plateaux vraiment intéressants et tous ces mecs-là étaient là pourquoi tu ne signes pas Paul ? Oui, on est potes, je le fais en booking. Personne ne booke de mec de Chicago parce qu'entre guillemets, c'est notre stamp, notre marque de fabrique. Mais derrière, Black Jack pour moi, c'est un truc French Touch. Je suis proche des Daft. Je suis tous les jours à Paris avec eux, chez Roulé, avec Guy Man. Ils ont leur label. Pour moi, je fais Blackjack.

  • DeusExMaschine

    Pourquoi le nom Black Jack d'ailleurs, puisque tu parlais des Daft juste avant ? Je crois qu'il y a une anecdote là-dessus.

  • Fab G

    Parce qu'on est influencé. Ceux qui me connaissent savent que je ne suis vraiment pas influençable. Pour moi, les meilleurs ambassadeurs de la musique française, c'est les Daft Punk. Pour moi, la French Touch, c'est Daft Punk. Stop, en fait. Donc, certains vont dire, ouais, il a fait Roulé, t'as fait Black Jack, Roulé, roulette, Black Jack. Bah oui,oui.

  • DeusExMaschine

    Donc, oui, c'est des gens que tu voyais beaucoup. Tout ça, c'est une scène qui était quand même assez petite, j'imagine, à l'époque.

  • Fab G

    Déjà, en fait, la première scène de toutes les scènes de DJ, c'est qu'il y avait cinq DJ dans le monde. C'est-à-dire que... toi en tant qu'organisateur, tu appelais l'autre organisateur, on était cinq en France, ça va Jérôme, oui et toi, dis-moi tu fais quoi le 14 juillet, je ne fais rien, par contre j'en fais une le 7, ah ben je viendrai faire la promo de la mienne le 7 parce que j'en fais une le 14. Tu vois, c'était ça. Donc après, tu bookais Jack de Marseille, un des seuls mecs qui tournait dans le monde et tu bookais Daft Punk parce qu'ils commençaient à mixer et tout le monde disait, c'est quoi ces mecs, ils ne savent pas mixer parce qu'alors, attention, c'était un art de mixer, il ne fallait surtout pas décaler. C'était vraiment, on était dans un extrémisme, parce que comme tu disais, c'était une niche. Et les gars, on les a faits plusieurs fois. Tout est venu naturellement, en fait. Il n'y a pas eu de calcul. Tiens, je vais faire ça pour ramener ça. On n'était pas du tout dans ce côté entrepreneur. Il faut savoir qu'à chaque soirée qu'on faisait, on finissait en garde à vue. Donc, sincèrement, c'était fun pour les autres. Mais bon, moi, j'aimais créer le truc, j'aimais créer le concept. Et donc, c'est venu naturellement de faire le label de French Touch, de signer Superfunk, le premier morceau de Superfunk avant le gros carton qu'ils ont fait avec Lucky Star. Alors, si vous regardez un petit peu notre catalogue, on a beaucoup d'artistes importants qui ont explosé après être chez nous. C'est bien, c'est pas bien. Moi, ça ne me dérange pas d'être un incubateur. Ça ne me dérange pas que les gars explosent ailleurs parce que, comme je l'ai dit dans un post récemment... Je suis vraiment très content que tout le monde puisse avoir du succès en French Touch. Et surtout, tout le monde me renvoie la balle. Les gens sont quand même... Ils se rappellent. Ouais ! Alors bon, il y a un cœur qui bat là quand même. Bien sûr.

  • DeusExMaschine

    Tu sais que j'ai une grosse collection de vinyles de l'époque. Donc j'ai pris quelques petits vinyles, parce que évidemment que j'ai du Black Jack, tu t'en doutes. J'ai pris quelques petits vinyles pour te poser des questions sur les époques. Là, j'ai un Sébastien Léger typiquement. C'est quoi l'histoire de Sébastien Léger ? Comment vous vous êtes connus ? Qu'est-ce que vous avez fait ensemble ? Je crois que ça a été une sacrée aventure.

  • Fab G

    Alors oui, et c'est surtout une aventure humaine qui a très très bien commencé, puisqu'en fait, je crois qu'on mange justement au Pied de Cochon à Paris, avec Guy Man, il n'y avait pas Thomas, avec GuY Man, Play Paul, Raw Man, du Buffalo Bunch donc. Bien sûr. Je ne sais plus qui est à table. Paul, il me dit, tiens, Guy Man m'a fait passer des démos. Il écoute pas, il n'a pas le temps. Il y a des trucs pour toi, vas-y. J'ai écouté, ça peut être bien. Et j'ai dans ces démos un CD blanc, je me rappelle, écrit Sébastien Léger. Je rentre à Aix, deux jours après, je revois le rituel. J'ouvre la porte de mon appartement, j'avais un duplex. J'avais une petite chaîne Panasonic, je mets le CD, je monte, je fais couler la douche. Et arrive Tonight. Je dis, c'est bien ça. Et je l'appelle. Je dis, ouais, salut, ça va ? Je lui dis, Guy Man m'a fait passer les démos. Alors, il croyait que je l'appelais pour Crydamoure. Il était très content. Je lui dis, voilà, c'est pour Black Jack et tout. Super, parlons-en et tout. Et je dis, je reviens à Paris. On se voit dans un magasin de disques et Sébastien est d'une timidité maladive. Il baisse les yeux, il ne me regarde pas. Je lui dis, attends, Seb, tu es un artiste, explique-moi un peu ce que... Et là, je rentre dans son univers. Je vais chez lui, je rencontre son papa. Je vois comment il travaille et tout. Je vois ses capacités. Et je vois que le mec a faim. Et je lui dis, viens, viens à Aix. Je lui dis, comment ça ? Je lui dis, bon, t'es chez papa, maman, t'as 18 ans. Viens, viens, moi, tu prends ton petit appartement, on va t'aider, on est en face. Et le mec s'installe littéralement en face de chez moi. Le palier d'en face. Donc, on lui fait les rideaux, on lui fait des trucs avec ma femme. On le met bien parce qu'on a envie de travailler avec lui. Et moi, j'ai une MPC 3000, j'ai des samplers, mais... Je n'ai pas le savoir qu'il a, la rapidité d'exécution. Et c'est là que j'en viens à dire, on va pas être deux à produire sur Black Jack, tu sais tu n'as pas ce truc de DA. Et je lance l'administratif. Et Sébastien, il devient une machine de guerre, je suis son manager. On travaille, on développe plein de trucs. Il a cette identité French Touch. On s'éclate réellement, on fait des tournées ensemble. On fait des dates en Pologne, on fait des dates de partout. Ce truc était bien, on était un petit groupe de différents DJ French Touch, et il y avait vraiment ce délire de partir en Viano, d'aller en Suisse, de Marseille ou d'Aix, et de faire les dates ensemble, sans ce truc de tourneur qu'on connaissait d'avant, de mecs qui tournent ensemble, et c'était vraiment très très sympa, jusqu'à ce qu'il en ait marre de moi, jusqu'à ce qu'il en ait marre de la French Touch, et qu'il me dise « Fab, je ne suis plus à l'aise avec ça » . Je le comprends avec le recul, Je trouve que c'est dommage parce qu'il était en pleine ascension, mais il a eu aussi une très belle carrière, je crois, dans ce qu'il fait. Alors, je crois que c'est de la Melodic Techno. C'est une façon de dire que c'est de la Trance, ni plus ni moins. Pas pour Sébastien, mais pour ce style de musique, en fait, pour moi. C'est comme l'Afro House, pour moi, c'est de la house. Si tu veux, tous ces tiroirs catégories, je pense que c'est bien, mais il aurait peut-être pu le faire plus tard pour encore plus pouvoir profiter de ce qu'il a créé. Parce qu'il a marqué le temps, il a marqué le mouvement. Mais en s'arrêtant et en changeant, je ne suis pas sûr qu'il restera malheureusement comme un mec de la French Touch puisqu'il a pris une autre direction. Mais par contre, c'est un diable. C'est un tueur à gages.

  • DeusExMaschine

    Énorme producteur. J'ai plein de disques de lui. C'est un truc de malade. Alors, tu me disais un truc. C'est marrant parce qu'avant qu'on se parle, en fouillant dans mes disques, j'avais trouvé quand même un disque de toi. Un "Bust The Vibe". Et donc, tu as fait de la prod quand même.

  • Fab G

    Oui, justement, au départ, on travaillait ça. Il y a celui-là, il y a Zombie Stereo, il y a deux, trois trucs. Après, j'ai pris un autre pseudo qui s'appelle Eeediot. On s'amuse. Il n'y a pas de plan derrière. Je ne vais pas m'amuser à tourner, à faire le guignol en soirée. Quand je dis le guignol, ça ne veut pas dire que je ne considère pas le DJing. Au contraire, c'est juste qu'à un moment donné, à quel moment vous croyez les gars, qu'au bout de 15 ans, à pousser des disques et à faire des bras en l'air, ça va changer quelque chose. Quel est votre plus-value ? Donc, c'est bon, oubliez les masques, Daft Punk l'ont fait, d'autres aussi. Je ne vous dis pas de vous mettre deux ailes dans le dos comme Bob Sinclar en 92, mais quel est votre plus-value aujourd'hui aux platines ? Qu'est-ce que vous apportez ? Alors, moi, je suis pour un show permanent, que ce soit quand tu vas manger, quand tu vas au resto, quand tu vas au cinéma, quand tu vas en soirée. En fait, c'est de l'entertainment. Et aujourd'hui, on se fait chier. Moi, je suis désolé. Il y a très peu de soirées où j'ai envie d'aller, par rapport peut-être à ma façon de vivre aujourd'hui, de voir les choses. Mais si tu veux, je ne sens même pas d'effervescence. C'est une espèce de routine de poster des soirées. Ouais, super, "sold out".

  • DeusExMaschine

    Mais tu as vu la différence qui a été faite par Guetta il n'y a pas longtemps, qui disait qu'il y a deux métiers quelque part et que ce n'est pas les mêmes. Tu as le DJing et tu as l'entertainment. J'ai trouvé que c'était hyper vrai. Surtout quand on connaît Guetta depuis 30 ans et plus, comme on peut le connaître, et de l'avoir vu démarrer. C'est vrai qu'il ne fait plus le même métier qu'il faisait à l'époque quasiment. Et puis, il y avait Bob Sinclar aussi qui, effectivement, avait poussé son coup de gueule sur tous les gars qui étaient avec leur téléphone dans les soirées et qui dançaient pas. Et ça, c'est vrai que c'est... Enfin, nous, ça nous paraît complètement dingue.

  • Fab G

    Après, là, tu viens de parler de gens dont je suis proche et que j'aime particulièrement. Bob Sinclar, on a une histoire très spéciale parce que ça fait vraiment... Je pense que c'est le gars que je connais depuis... Avec Guetta, c'est ceux que je connais depuis le début. Alors, David, c'est tellement une superstar qu'on ne s'appelle pas tous les jours. On se croise et on se respecte. Je l'ai vu au Brésil justement, on a fait un truc, il m'a fait monter sur stage et tout, vraiment. Le mec est toujours le même, ça me fait chier quand j'entends des trucs.

  • DeusExMaschine

    Ah mais moi le bashing me rend dingue, pour l'avoir vu, enfin je le voyais mixer, j'avais 18 ans si tu veux, à Saint-Tropez et c'était incroyable.

  • Fab G

    Il est là, tu vois, moi j'avais 16 ans, il venait mixer dans un club qui s'appelle le Rive Droite à Sanary, c'est un ami à moi qui avait le club. Donc de temps en temps je travaillais au bar et tout, même si j'étais très jeune, je leur faisais des soirées. Il m'a retourné le cerveau. Je l'ai vu faire des trucs à la con à l'époque. Alors, certains vont toujours le traiter d'opportuniste, mais c'est un vrai passionné. C'est un vrai mec gentil. Alors aujourd'hui, de toute façon, il est à un niveau où il se fait un kiff. On parlait de Kiko tout à l'heure. Il se fait un kiff. Il travaille avec Kiko, qu'il connaît depuis très longtemps aussi. Kiko, qui est le numéro 2 sur Black Jack, qui est un pote aussi. Voilà, tu vois. Et Bob Sinclar, je l'ai appelé il y a deux jours, on discute pour un projet dont je crois que tu es au courant. Et voilà, donc si tu veux, c'est… Moi, j'ai envie que ces mecs, ils viennent avec nous, mais qu'il n'y ait pas ce délire de stream, de ci, de visiblitéi. Un mec comme Bob Sinclar, il s'en fout. Un mec comme David, il calcule beaucoup parce qu'en fait, c'est une machine, c'est une marque, il vit aux États-Unis, donc il a cette dynamique derrière. C'est le… Trump de la musique électronique. Il dynamise et il entraîne les gens. C'est ça qu'il faut dire. Ce qui est important de comprendre dans tout ça, c'est qu'à la limite, Chris, il travaille pour lui, pour le label, il signe des gens. David est très ouvert sur les collaborations. Il a besoin de sang neuf.

  • DeusExMaschine

    Ouais, alors bon, il y a ça. Ou alors, il a toujours aimé être à l'avant-garde aussi.

  • Fab G

    Oui,oui. Alors, tu parles de ça. Moi, j'ai connu Sidney avec qui il a fait son premier morceau parce que c'était un gars que j'aimais par rapport au hip-hop parce que je viens du hip-hop, avant la house aussi tu vois, on aurait peut-être dû commencer par ça, aussi j'ai presque envie de te dire j'ai connu Guetta par rapport à Sydney donc ça marche tu vois.

  • DeusExMaschine

    Et tu le disais d'ailleurs et c'est important de le dire pour nos auditeurs parce qu'on a, enfin tout le monde a eu un peu ce cheminement du hip-hop à house avec une forme d'accélération des tempos mais de méthodes de production qui étaient quand même très proches. Tu parlais de ta MPC 3000 tout à l'heure, la mienne est à côté. Là j'ai ma SP 1200 qui est derrière mais qui marche évidemment pas, parce que elle marche deux mois dans l'année. Elle passe tout le reste en réparation. Mais en fait, ce son-là, le son que tout le monde appelle French Touch, il vient quand même de méthodes de prod et de matériel qui viennent de l'époque hip-hop. Moi, je suis capable de reconnaître une SP-1200 sur une prod de hip-hop. Le grain et tout, on a grandi avec ça. C'est très important de rappeler aussi que les racines de la house sont vraiment, vraiment nées dans le hip-hop. Et toi, je sais que tu es un passionné de hip-hop. Et tu as eu ce cheminement qu'ont eu plein de gens. Bob Sinclair l'expliquait il n'y a pas longtemps. Enfin, j'ai envie de dire quasiment tout le monde est passé dans notre génération, dans cette évolution. Toi, le hip-hop, c'est quelque chose qui a... Tu as fait un mouvement de passer du hip-hop à la house ou tu as toujours bien aimé les deux et tu écoutes toujours les deux ?

  • Fab G

    J'écoute toujours du hip-hop. En plus, j'ai mon fils qui m'aide dans les playlists. Mais bon, je ne suis plus du tout en France. Donc, en étant à trois heures des États-Unis aussi, je suis influencé. Mais surtout, tu vois, je pense que toute la base de la musique aujourd'hui, elle est électronique. L'autre fois, je parlais, Maluma qui a touché 100 millions de dollars d'options pour ses albums, c'est de la musique électronique, que ce soit du reggaeton ou pas. C'est pour ça que tout à l'heure je te disais que faire tous ces tiroirs... Mais c'est... je me rappelle un truc, on reparle du passé, mais je me rappelle avoir reçu des démos, mais vraiment il ya très longtemps et le gars... Alors à l'époque tu recevais un courrier, tu recevais une cassette par courrier, et moi je répondais à tout le monde. Moi tu sais j'étais vraiment, le truc il m'envoie un message je lui réponds. Et je dis ouais, non, ce n'est pas du tout notre style, c'est un peu trop progressif. Putain, le mec, il m'a envoyé une lettre, écoute-moi. Ouais, alors là, je ne sais pas. Je ne sais pas où tu vois de la progressive. C'est plutôt de la trance. Mais ferme-la, en fait, parce qu'à force de mettre des... En fait, c'est ce qui s'est passé. Ça a mis tellement de temps à percer la musique électronique. C'est parce que... Non, je fais ça, je fais ci.

  • DeusExMaschine

    C'est très vrai ce que tu dis. Alors, j'ai une anecdote, moi, d'un label que tu connais bien. Parce que quand je faisais de la prod sur Marseille, j'avais envoyé ma cassette à Obsession. Et donc, j'avais été les rencontrer dans leurs locaux et les mecs m'avaient dit non, c'est pas assez techno, c'est trop house et tout. Et c'est vrai qu'en tant que jeune artiste de vingtaine d'années, tu sors de là, tu as la tête à l'envers parce que tu écoutes les trucs qu'ils font, tu écoutes ta prod et tu ne vois pas en quoi c'est différent.

  • Fab G

    Je ne m'en rappelais plus, mais mon premier vrai morceau, vrai titre, c'était avec Tom Paris. Ça a été enregistré dans le studio de Mr. C des Shamen à Londres et c'est sorti à Marseille sur Obsession Music. Tu viens de m'en parler, je ne m'en rappelais même plus. Ça s'appelait The Architect. Le vrai... Le premier morceau que j'ai fait, c'est celui-ci avec Tom Paris. On est parti dans le studio. C'est quand même assez fou parce que Mr. C, les Shamen, je me retrouve là-bas avec Mr. C, avec Tom, qui est son pote. Et ce n'est pas mon monde. Et je sens que Tom me fait une passe. Il me dit, viens, j'ai envie que tu t'occupes de moi. J'ai envie que tu me fasses jouer dans tes soirées. Et on va à Londres. J'enregistre dans le studio des Shamen quand même. C'est énorme. Mais sur le coup, je ne suis pas à l'aise. Ce n'est pas mon monde. Moi, la techno, j'aime bien, si tu veux, mais à un moment donné, je ne suis pas dans un délire froid.

  • DeusExMaschine

    Pour ceux qui nous écoutent, Obsession, c'était vraiment le label techno à l'époque dans le coin.

  • Speaker #1

    Après, je ne sais pas du tout qui est devenu quoi.

  • DeusExMaschine

    Je vais enquêter, tu as raison, parce que je ne me rappelais plus du tout. Quand tu as parlé des... Je me suis dit, oui, c'est vrai, les cassettes et tout. J'avais vécu ça aussi, tout à fait.

  • Fab G

    Je note parce que je veux retrouver ce vinyle. C'est vrai qu'un gars qui m'a écrit il y a un an ou deux, il m'a dit, ouais, j'adore, j'aimerais le vinyle.

  • DeusExMaschine

    Excellent. Mais je vais creuser aussi de mon côté. Tiens, je vais le poster sur ma... Dès que tu l'as, tu me dis, on va le poster sur l'Instagram parce que ça, c'est mythique. Et d'ailleurs, je voulais te demander, Fabrice, tu continues à faire de la prod un petit peu ou tu n'as vraiment plus du tout le temps ?

  • Fab G

    Alors, tu sais que maintenant, Mercer, qui est mon ami, frérot et artiste avec qui je bosse depuis cinq ans maintenant, on a dépassé le cap de relation artiste-manager puisqu'on est associés sur des business, mais surtout... Il est passionné, donc il a repris la DA de Black Jack. Mercer est en mission. Donc, pour lui, pour se faire plaisir, pour onboard un maximum d'artistes. Et je trouve que c'est extraordinaire de faire ça. En fait, tu vois, on devient un peu plus sages. Et l'autre fois, on a bossé sur des trucs. Je lui ai renvoyé des samples que j'avais identifiés, des acapellas. On va peut-être bosser sur des trucs. Je veux qu'on bosse ensemble, mais c'est vrai que je ne suis plus du tout dans le... Ce sera lui l'executive producer et parce que non seulement c'est un tueur...

  • DeusExMaschine

    C'est un des plus grands producteurs de l'époque

  • Fab G

    Et c'est propre. Tu vois, on reçoit des démos, putain franchement les gars, enlevez vos moufles ! Non en fait, c'est pas aussi simple que ce que tout le monde croit. C'est pas aussi simple que, c'est un pote à lui, c'est pour ça qu'il sort les morceaux. Je vous explique, pote à moi ou pas pote à moi, ceux qui me connaissent... Je suis vraiment... Voilà, on se fait pas plaisir, on ne fait pas plaisir aux gens. On fait ce qu'on imagine important pour le mouvement, ce qu'on imagine important pour le label. Le label, regarde, il n'a plus de... 25, 26 ans.

  • DeusExMaschine

    J'ai envie de te dire, c'est le dernier label qui est encore en vie, de l'époque.

  • Fab G

    On a gardé la marque, si tu veux. Ce n'est pas la même structure derrière, parce que tu t'imagines qu'on est passés par des hauts et des bas. Encore une fois, par manque de gestion, de savoir-faire. Mais pour nous, c'est une vitrine. Et c'est important. La marque est toujours là le logo est toujours là la DA est toujours là enfin c'est hyper cool. Le logo a été copié mais par des millions de personnes de Bilabong en passant par... Tu vois si j'avais eu les sous pour attaquer ou quoi, ou si j'avais eu surtout cet état d'esprit parce que j'en ai rien à foutre, oui on a été on a été copiés, on est toujours là. Et surtout moi, je suis en mission. Comme je te le dis,, c'est de me faire plaisir de kiffer alors oui tu me le disais l'autre l'autre fois, on a beaucoup d'activités. Mais tous les jours, je mets mon casque et je m'isole une heure et j'écoute des trucs. Donc oui, on est passionnés, c'est important. On a une maturité qui nous donne une visibilité différente. Mais je veux plus travailler pour les années à venir sur le label avec des histoires de dates, mais d'immersion, arriver à mettre un petit peu plus de tech derrière aussi. Parce qu'en fait, aujourd'hui, on est complètement vintage avec Black Jack. mais si tu veux, tu regardes les réseaux, il n'y a pas de réseau poussé. Mais c'est quasiment pas volontaire, j'ai envie de te dire. On n'est pas dans ce truc d'influenceurs, etc. C'est-à-dire que ça doit être fait différemment. On va avoir des très grosses releases qui arrivent sur le label. Il y a de la stratégie derrière, d'évolution par rapport à la cible, etc. Pour moi, les prochaines années qui arrivent, ceux qui ont 50 ans, ceux qui ont 40 ans, ceux qui vont avoir 30 ans, si tu veux, et surtout les jeunes, tous les jeunes kiffent ce son-là. C'est impressionnant. Moi, il n'y a pas une personne qui me dit « C'est quoi cette musique de vieux ? » Ça reste quand même… Alors… Peut-être que la filiation parents-enfants a évolué, les enfants sont plus proches des parents, donc ça leur fait plaisir d'avoir des sons qu'ils ont déjà entendus, ça leur appelle quelque chose. Je ne sais pas, je ne suis pas le docteur Schweitzer, je ne vais pas te faire un truc sur le phénomène de société, mais tu sais, c'est bien la French Touch. Il y a du filtre, ce n'est pas prise de tête. Moi, je sais que ma femme, par exemple, déteste le Garage. Et moi, j'adore mettre un petit truc de Garage au milieu ou un petit bon son house. Elle déteste, tu vois. Mais par contre, si tu as une série de French Touch et que tu glisses ce truc-là, en fait, c'est un ensemble de choses. Et je pense que ce n'est pas fait pour les festivals, par exemple, la French Touch.

  • DeusExMaschine

    Oui, Complètement.

  • Fab G

    Parce que ce truc de jouer une heure et quart chronomètre, justement comme on disait avec David Guetta, où lui, il est obligé de faire ça parce qu'il a tout un show, toute est minuté. Non, moi, j'ai envie de faire des dates cet été, 300 personnes avec Mercer, avec toi, avec d'autres gars. Et que voilà, on représente le label et qu'on s'éclate. « Ah putain, tu l'as cette version ! » Tu vois, et c'est ça. Et on a parlé avec plein de gens, les Taylorhythm et tout, c'est vraiment des gens, par exemple, qui veulent, ce ne sont pas des producteurs, mais ce sont des gars qui ont envie de rendre hommage, tribute. Et c'est ça que je veux. Ce n'est pas qu'on rende hommage à Black Jack parce que j'ai fait des trucs il y a 25 ans. Je ne vis pas dans le passé. Mais je pense que cette marque, il faut la conserver. On l'a bien développée. Il y a encore plein de choses à faire. Il y a encore... plein d'investissements à faire. J'aimerais tellement avoir une petite team... En fait c'est con ce que je vais dire, mais j'aimerais presque le rendre communautaire ce label, c'est fou mais... Ouais bien sûr parce qu'aujourd'hui Nico il prend de son temps pour aider des gens, moi je prends de mon temps pour aider des gens. Attention, on ne sauve pas des vies ce n'est pas ça l'idée, c'est vraiment de dire moi je réponds à tout le monde. L'autre fois j'étais en train de répondre à un gars qui voulait qu'on travaille ensemble, je lui dis on n'a pas le temps mais si tu veux je te donne des conseils. Et un gars qui bosse avec moi me dit "tu ne lui en dis pas un peu trop ?" La recette du coca, tout le monde l'a aujourd'hui. Je lui dis ce que j'ai sur le cœur et l'axe que j'imagine qu'il devrait prendre. Après, il fait ce qu'il veut. Mais en tout cas, je pense qu'aujourd'hui, avec notre expérience, nos réseaux, on a assez de savoir, de background, comme dirait notre ami le serpent, pour imposer ce qu'on a envie. Et on se fait un kiff. Et je te le dis que depuis qu'on se fait un kiff, ça marche mieux. Donc, c'est génial.

  • DeusExMaschine

    Oui c'est clair. Et 2025, c'est le retour à ton avis ?

  • Fab G

    Je pense qu'il y a des cycles et je pense surtout que c'est très pauvre ce qui se passe aujourd'hui musicalement. On peut critiquer que BlackJjack, c'est de la musique au kilomètre, c'est des boucles, c'est facile à faire. Alors, je vous invite à le faire...

  • DeusExMaschine

    Ouais, c'est ça.

  • Fab G

    Mais surtout, c'est nul ce qu'il y a. Ce n'est pas méchant, mais qu'est-ce qui se passe ? Pour revenir au côté DJ, on a eu nos copains Ofenbach, on a eu Feder, on a eu Synapson, toute cette série de French guys. C'était de la French Touch indirectement, puisqu'ils sont français. Nos petits copains de Trinix aussi, que j'aime beaucoup humainement, et qui pour moi se bougent vraiment les fesses. Ils sont géniaux ces gamins. Ils savent où ils vont, comment ils y vont et avec qui ils y vont. C'est ça que je pense qui manque à tout le monde. C'est un cadre, une vision. C'est ce que Mercer essaie d'expliquer aux gars qui lui parlent. Il dit « Les gars... C'est génial, mais tu veux aller où ? » Nous, on sait où on va. On a des releases tous les 15 jours qui arrivent. On a des gens connus, des gens moins connus. On a des gens de notre catalogue. On va travailler le back catalogue aussi parce que je pense que c'est important, parce qu'il y a beaucoup de gens qui ne nous connaissent pas. Et ceux qu'on va rallier aujourd'hui, j'ai envie qu'ils trouvent notre catalogue autrement qu'en allant sur Discogs. Ça reste quand même assez confidentiel. Alors, on a la chance où... d'avoir eu certaines licences qui nous permettent d'avoir des titres sur d'autres labels, mais pas identifiés Black Jack. Parce que réellement, quand tu écoutes la musique, que ce soit du vinyle, du MP3, du stream, ou Black Jack, Defected ou Zoubida Music, les gens s'en fichent en fait. Ce qu'ils veulent, c'est kiffer. Et le support est important. En plus, si tu veux, par rapport à Chris Bob Sinclar, qui fait la promo de Yellow, oui ! Yellow, Motown, voilà. Bon, je ne considère pas Black Jack comme… Alors, même si on a chopé des mecs de la French Touch, même si j'ai eu la chance de rencontrer la team de Motown et tout ça, on n'est pas du tout dans ce délire-là. J'aimerais… passer ce cap-là. Mais si je passe le cap au niveau du label, on a une vision avec Nico qui est au niveau de nos ambitions. C'est-à-dire qu'on voudrait prendre un building, on voudrait faire un immeuble production, un étage management. Et ça carbure, tu vois. Mais il n'y a pas les ressources, il n'y a pas le financier. Voilà. Parce qu'aujourd'hui, des mecs comme Hugel le font très bien. Flo le fait très, très bien à son niveau, dans son style musical. Il a son label, il aide des gars, des copains de Marseille. Encore une fois, bravo les gars, respect. Il y a de la place. Mais il faut t'appeler Hugel, qui est passionné, qui en a crevé et craché pour en être où il en est aujourd'hui, mais qui renvoie la balle.

  • DeusExMaschine

    Tu penses à des groupes comme Grosso Modo, par exemple ?

  • Fab G

    Oui, alors Grosso Modo, c'est le meilleur exemple. C'est des bonbons, les gars. Merci d'aider ces gens-là. Merci. Parce que c'est des passionnés. Parce qu'aujourd'hui, leur cachet à deux, avec les frais et tout, ce n'est pas si excessif que ça. Mais voilà, en fait. C'est à vous, en tant qu'organisateur ou en tant que membre de la communauté, de choisir qui vous cautionnez. Parce que donner de l'importance à des trous du cul, excusez-moi le mot, mais là, en ce moment, il y a une grosse vague. Tu parles de ce qu'on a prévu. Nous, on a une grosse vague de mecs qui ont signé sur des majors et qui sont incapables de produire un disque et qui viennent nous voir.

  • DeusExMaschine

    Alors ça, c'est incroyable. C'est quoi cette histoire ? Vas-y, raconte.

  • Fab G

    Tout est lié. C'est-à-dire qu'encore une fois, sans vouloir faire le vieux crocodile, mais... Moi, quand j'allais chez Universal, j'allais voir Barclay, j'allais voir Philippe Lauiger, je veux dire Laugier parler à Fabrice. Il n'y avait pas Universal parle à Black Jack, tu vois. Là, aujourd'hui, tu as des DA qui sont dans des maisons de disques importantes, des sous-labels de Warner ou d'autres, qui signent des gars parce que les mecs sont sympas, parce que les mecs ramènent du monde dans leurs soirées. Donc, si j'avais dû faire à chaque fois un deal quand je ramenais du monde en soirée, écoute, je serais multimillionnaire. Mais c'est un ensemble de choses. En fait… Tout le monde a un costume trop grand. Il n'y a plus de DA. Tu es DA de label parce que tu es le copain de l'autre et tout. Mais qu'est-ce que tu as fait dans ta vie ? Qu'est-ce que tu as créé ? Qu'est-ce que tu as signé qui fait qu'aujourd'hui, tu peux dire « Ouais, je suis un DA » . Non, tu n'es pas un DA. Tu travailles chez Universal. Tu es secrétaire chez Universal. Et en fait, tu as signé Pollux. Pollux, c'est ton copain parce qu'il fait des soirées. Donc, tu es à Paris. Vous êtes tous derrière en mode boiler room avec les filles. Et puis surtout, si tu peux avoir un chapeau de cow-boy, ça fait mieux. Voilà.

  • DeusExMaschine

    Donc là, c'est des gens qui… produisent pas, c'est ça ? C'est des artistes...

  • Fab G

    Parce qu'ils ont signé avec, ou avec et ils ont touché et aujourd'hui, ils appellent tous mes artistes ou moi directement au secours. Des gens que vous connaissez très très bien qui ont fait des pubs il y a quelques années qui sont beaucoup...

  • DeusExMaschine

    Et qui du coup, cherchent des prods dans l'air du temps ou...

  • Fab G

    Des prods dans l'air du temps ou cherchent à revenir parce qu'en fait, si tu veux, je pense que c'est une maladie ça. Tu me disais, du coup, tu es un peu artiste, tu fais des trucs. J'ai une âme d'artiste pour le côté créatif, mais je n'ai pas du tout le profil émotionnel d'un artiste. C'est horrible ce que je vais te dire, mais aujourd'hui, Nico, Mercer, ils s'implique autant que moi dans le boulot, pour lui. C'est-à-dire que tu peux être son manager, tu peux être son ami, tu peux avoir la vision... Je veux dire, c'est inévitable que les gars bossent. Tous les gars dont je t'ai parlé, ils ont mon admiration, que ce soit Grosso Modo, que ce soit Hugel, parce que c'est des bosseurs.

  • DeusExMaschine

    Oui, c'est ça, complètement.

  • Speaker #0

    Et en fait, il n'y a pas de solution miracle. Si tu es là, "ce n'est pas bien. Ils m'aimaient il y a cinq ans, ils ne m'aiment plus". Qu'est-ce qui se passe ? Je vais pas bien dans ma tête. Pas en vacances. Va voir que tu prenais 35 000 balles pour mettre des disques. C'est quand même… Même un chirurgien ne les prend pas. Donc, refais un point sur ta vie. Ce que tu as gagné pendant cinq ans, pourquoi tu ne les gagnes plus ? En fait, tu n'apportes plus rien. Et c'est terrible. Alors après, c'est la décadence.

  • DeusExMaschine

    Mais ce n'est pas un peu dur de durer aujourd'hui ? Est-ce que ce n'est pas plus compliqué qu'à une époque où tu sortais tes vinyles, tu avais accès à des radios ?

  • Fab G

    Oui, sûrement. Mais encore une fois, et je ne veux pas que ça tourne autour de moi, mais moi, je m'en sors très bien, mec. Pourquoi j'ai vu ce qu'il allait se passer en France et que j'ai bougé ? Pourquoi ? C'est tout. C'est-à-dire qu'encore une fois, c'est peut-être notre rôle, producteur, organisateur. entrepreneur, d'être visionnaires, donc d'avoir par définition on voit les choses avant les autres. On voit la merde arriver avant les autres. Je me rappelle d'une époque, où je commence à être dans une galère mais monstre, financière et tout et puis tout le monde... mais merde. Et en fait ça m'a fait tilt, j'ai dit mais par définition je mange le caca avant les autres. Par définition, c'est normal je crée ce truc de demande par la suite pour les soirées, ou on crée des marques donc On anticipe tout ça. Quand on a anticipé avec Nico l'année dernière, l'été dernier, de sortir un disque par semaine...s

  • DeusExMaschine

    Oui, c'était super original, ça.

  • Fab G

    Alors que tout le monde... Non, attendez, 5 semaines minimum, les DSP, il faut que... Rihanna, elle sort un disque en un jour. Et toi, à mon niveau, je ne peux pas sortir un disque par semaine. Il faut une organisation. On l'a fait. On est content. On a marqué le temps. C'était voulu de faire ça pour passer à autre chose parce que Nico voulait sortir ses releases, ses tracks et après bosser sur des projets, plus ambitieux, que tu as vus. Où on a collaboré sur La Haine ou d'autres projets. Mais en fait, il faut un sens, il faut une feuille de route. C'est aussi simple que ça. C'est ta vie en fait, c'est ta vie professionnelle, c'est ta vie personnelle. Il faut un plan. Pourquoi ils ne sont pas renouvelés ces gens-là ? Parce qu'ils ont pris trop d'argent et que ce n'était sûrement pas justifié.

  • DeusExMaschine

    Je suis tout à fait d'accord. Dans les nouveaux, un peu de la French Touch 2.0, 3.0, il y a des artistes qui pour toi sont au-dessus du lot, vraiment... Il y a qui, qui te vient en tête si je te dis French Touch récente ?

  • Fab G

    Je ne peux pas te donner de nom parce qu'on est sur des signatures, mais il y a Nico qui va faire un mix sur FG, il y a pas mal d'exclus, il reprend sa résidence. Mais en fait c'est tellement vague, qui est French Touch aujourd'hui ? Qui par exemple, est-ce que Rivo c'est de la French Touch ?

  • DeusExMaschine

    Il y a quand même un son si j'ai envie de te dire. Disons plutôt dans la mouvanceauDisco House, filtré, etc. Est-ce qu'il y a des gens ? Je sais que j'aime beaucoup ce que fait Kungs depuis quelques temps sur son label. Est-ce qu'il y a des artistes qui... Pour nos auditeurs, est-ce qu'il y a des gens qui ne connaissent pas, qu'il faut qu'ils aillent écouter ? Ou est-ce que tu gardes le secret jusqu'à la sortie ?

  • Fab G

    C'est cool. Comme je te disais, on a vraiment mis une dynamique. On a signé pas mal de gens. Et je veux en laisser un peu en exclu. Mais je peux te répondre si tu me donnes des noms. Valentin Kungs, par exemple, c'est... Je vais dire la vérité sur Kungs. Moi, j'aime beaucoup ce mec. J'aime beaucoup Valentin. Il était à Aix, on s'est parlé, quand il était en train de signer avec Laugier chez Universal Barclay. Je l'ai suivi après quand il cherchait un manager et qu'il est parti travailler avec Martin Solveig et tout. Je pense qu'il se fait plaisir avec son label, si tu veux mon avis, parce que je le crois vraiment fan de ce type de son. Il s'est vraiment cherché. On a eu une discussion avec Martin Solveig là-dessus parce que j'ai eu un mix de Kungs et je lui ai dit que je n'aimais pas et j'ai failli me faire engueuler. Oui, parce qu'il se cherchait, si tu veux. Il se cherchait un peu. Tu ne savais pas s'il partait sur du Prydz. Ou s'il partait sur de l'Italo-Disco, il aime l'Italo-Disco. Moi, je suis fou d'Italo-Disco. Avec Kiko, on adore. Je pense que Kungs ne s'est pas révélé encore. Je pense que Kungs va exploser. Je pense qu'il le sait et que ça peut être un frein. Docteur Shweitzer...

  • DeusExMaschine

    Très bien. C'est hyper intéressant pour les artistes qui nous écoutent aussi.

  • Fab G

    Je pense sincèrement qu'il est libre là. Il est complètement libre. Sa vie amoureuse, tout, il est bien. C'est un peu le Pierre Ninet de la French Touch.

  • DeusExMaschine

    C'est bien dit, ça. Je suis d'accord.

  • Fab G

    Je le dis sincèrement. On kiffe tous. On kiffe tous Pierre Ninet, on kiffe tous Kungs. Il lui faut son Monte Cristo.

  • DeusExMaschine

    Oui, tout à fait. C'est super bien dit.

  • Fab G

    Merci. Tout ce que je vous dis, moi, c'est sincère. Ceux qui me connaissent...

  • DeusExMaschine

    , parce qu'on parle évidemment de lui. Alors, on a eu l'occasion d'en discuter. Mais c'est vrai que ce qu'il fait sur Club Azur, c'est... Avec toi, c'est un peu ceux... et bien sûr Mercer, etc. Vous êtes un peu ceux qui continuent à pousser le style musical.

  • Fab G

    On se connaît vraiment bien. Toutes les premières dates, on les a faites ensemble.

  • DeusExMaschine

    Qu'est-ce qui te devient dans ce style musical ? Est-ce qu'il y a d'autres artistes ? Hormis ceux que tu as signés, dont tu ne peux pas nous parler, ne rien discloser.

  • Fab G

    Je vais te décevoir là-dessus. Je n'ai rien en stock, mec. Je te jure, je vais regarder mon Spotify. Même mon Spotify. Il n'y a rien qui me vient, c'est fou.

  • DeusExMaschine

    Hormis ceux que tu as signés, rassure-moi.

  • Fab G

    Non, mais c'est vrai parce qu'on a signé des mecs en management, on a signé des mecs en prod, mais réellement, je te jure, il n'y a rien.

  • DeusExMaschine

    Donc, il y a de la place, en fait. C'est ce qu'on est en train de dire à nos auditeurs. C'est putain, les gars, allez, ouvrez votre ordi, rallumez vos samplers.

  • Fab G

    Envoyez des démos, n'ayez pas peur. Ça ne mord pas. Tu me dis qui, pour toi, est prometteur en French Touch. Tu vois, quand j'entends, comment elles s'appellent ? Blond:ish , par exemple, essaient de faire des incursions dans la French Touch, mais c'est trop clean, trop lisse. JamieXX, j'écoute aussi, mais c'est trop propre. Faut que ce soit crade. C'est un truc auquel je réfléchissais pour soigner mes réseaux, puisque c'est très important. Et je ne suis vraiment pas comme tout le monde "aujourd'hui, 97% ça passe par les réseaux, ce n'est plus la musique. Ouh là là !" Non, non, c'est important d'avoir de la bonne musique et d'avoir des bons réseaux. Et en fait, l'autre fois, je me suis retrouvé à écouter et à faire des mouvements. Et je pense que c'est ce que je vais faire. Je vais me filmer en train d'écouter ce que je kiffe, parce que je ne vais pas parler sur les morceaux, tu vois.

  • DeusExMaschine

    Oui, mais il y a un truc qui marche bien aussi, c'est d'écouter les démos en live aussi, tu sais.

  • Fab G

    Oui, alors ça, on le fait avec Mercer et Aazar.

  • DeusExMaschine

    J'adore. En plus, ils ont été gentils avec moi, donc c'était parfait.

  • Fab G

    Oui mais c'est pareil...

  • DeusExMaschine

    Je pense que c'est cool tu vois, il n'y a pas beaucoup de labels... En fait je vais te dire un truc, il n'y a pas beaucoup de labels qui sont transparents sur cette partie A&R. Alors, il y a des organisations de journées, effectivement, démo drop etc. C'est très superficiel, les mecs sont en représentation. Il y a un truc sur ce côté tu vois, pousser le concept jusqu'au bout. De se dire les démos, je les écoute et je donne mon feedback, de manière transparente. Après, je ne sais pas si c'est une bonne idée.

  • Fab G

    Non mais c'est une bonne idée à partir du moment où tu ne te voiles pas la face. Je pense que ce que tu viens de dire, ça rejoint ce qu'on disait tout à l'heure sur les histoires d'A&R en label. Moi, faire des séances d'écoute avec Paul-Emile et Jean-Louis ou Pollux parce qu'il est employé de chez Universal. Ou il travaille pour le groupe Warner... En fait, c'est... C'est faussé. Parce que les 2500 balles que tu prends par mois, même s'il y a un pet sur le disque, c'est extraordinaire. Jean-Louis, ce que tu as signé là, eh, bon ben, carton. Tu ne sais même pas, tu n'en sais rien. Et en fait, je pense qu'on va rentrer, tu vois, je suis en train de monter en puissance, je pense qu'on va rentrer dans une ère, en fait, si tu veux, où il faut arrêter de mentir. J'avais vu un film extraordinaire de Gervais, là, où justement, le mec ne mentait pas. Et je trouve ça extraordinaire. Tu reçois une démo, tu dis que c'est de la merde.

  • DeusExMaschine

    Et parce que ! C'est de la merde parce que ! Quand tu es sympa, tu expliques.

  • Fab G

    C'est de la merde parce que ce n'est pas ça, ou ce n'est pas bien, ou... J'aimerais tellement qu'on passe à ce cap-là, où personne ne perd de temps. Tu arrêtes d'espérer. Tu arrêtes de te voiler la face. Tu arrêtes de croire que tu travailles t'es DA parce que tu travailles chez Universal. Non, tu as une fiche de paie. Et aujourd'hui, on a l'autorité pour le dire. Moi, je n'ai rien à prouver à personne. On a d'autres activités dans la musique, en dehors du label, sur des collectes de droits digitaux et tout, je peux te dire qu'on parle avec plein de labels, plein de gens, tous le même discours, tous la même façon de traiter les choses. Il y a un label en Afro House qui sort un disque toutes les semaines, on a signé un truc avec, pour un de nos artistes et comme j'ai expliqué à cet artiste, je dis, je n'ai aucune garantie que ce gars va... de résultat. Je pense qu'il a un devoir d'exécution, il sort toutes les semaines une release, mais une semaine c'est court pour travailler, pour promouvoir. Que ça rentre dans la tête. Peut-être même des gens qui ne savent pas produire, mais qui ont d'autres talents. Alors un ventriloque, tu vois, non, je ne sais pas, des talents où…

  • DeusExMaschine

    Non, peut-être pas non.

  • Fab G

    Où on récupère des… Encore une fois, et c'est un mot que j'utilise souvent, parce qu'il est fort, vampirisé. Je pense qu'en 2025, si tu continues à croire que d'aller travailler tous les jours, tu vas accomplir quelque chose. Tu ne le feras pas. Il faut du temps, il faut de l'expérience, il faut être entouré de gens. A l'époque, je ne suis pas du tout branché foot, mais tout le temps j'entendais « Il est bon, il pourrait jouer en Ligue 1, mais d'abord on va le faire passer dans les clubs de Ligue 2 pour qu'il apprenne un peu à jouer. » On en est là en fait. Que tu aies 40 ans, que tu te mettes à produire ou que tu aies 17 ans, que tu te mettes à produire, il y a un chemin à prendre. Il ne faut pas croire qu'Hugel, il en est là aujourd'hui... Ça fait 10 ans. Cet été, tout le monde a découvert nos copains avec le nuage, comment ils s'appellent, Keinemusik. Les mecs ont cru que les mecs étaient là depuis trois mois. Ils prennent 300 000 par date, ils ont des Audemars Piguet au bras, ils sont sponsorisés. Ça fait 15 ans, les gars. Ça fait 15 ans.

  • DeusExMaschine

    Comme Tony Romera, comme tous ces gens-là...

  • Fab G

    Tony Romera, ça fait plus de 10 ans que... Voilà, et là, il kiffe. On s'est parlé il y a deux, trois jours. Je lui ai proposé un truc pour nous, justement, pour Black Jack.

  • DeusExMaschine

    Oh, exclu, exclu !

  • Fab G

    Ouais, mais il m'a dit, Fab, je veux rester dans mon registre. Ça marche bien, là, en ce moment. On va faire plein de trucs ensemble. J'avais un concept avec Nico et eux deux. Et c'est très bien. Et je suis très content qu'il me réponde ça. Parce que bravo, je lui dis.

  • DeusExMaschine

    Il trace sa route. Ça y est, il a trouvé son truc. D'ailleurs, on aurait pu le citer aussi, Tony, parmi ceux qui…

  • Fab G

    Tony Romera, pour moi, c'est de la French Touch. Parce qu'il est français et qu'il a fait un set... Son dernier set que j'ai vu, c'était il y a presque deux ans. Il a fait un set Chicago, mec. Tu fermes les yeux. Tu ne sais pas si tu n'es pas à Chicago et si tu n'as pas un black derrière les platines qui est là en train de... Un tueur. Et puis encore un humain. Parce que je le dis, je suis un tournant où je n'ai vraiment pas... Et Nico, pareil, Mercer, on n'a vraiment pas envie de s'emmerder. On est avec des gens humains, tu vois ? Des gens cool...

  • DeusExMaschine

    Est-ce que ça serait le mot de la fin ? Humain avant tout. Merci Fabrice et à bientôt pour un nouvel épisode de French Touch Chronicles.

Chapters

  • Introduction à la French Touch et Daft Punk

    00:01

  • L'explosion de la scène house française

    00:07

  • Présentation de Fab G et Black Jack Records

    00:12

  • Fab G : parcours personnel et musical

    01:06

  • Découverte de la house et premières soirées

    03:26

  • Les débuts de Black Jack et les collaborations

    06:15

  • La création et la philosophie de Black Jack

    12:00

  • Expériences avec Sébastien Léger et autres artistes

    17:38

  • L'avenir de la French Touch et nouveaux artistes

    29:13

  • Conclusion et réflexions sur la musique électronique

    49:19

Description

Savez-vous qui a réellement façonné la scène House française dans les années 90 ? Dans cet épisode captivant de French Touch Chronicles, DeusExMaschine, producteur et DJ, reçoit Fab G, le fondateur de Black Jack Records, un acteur incontournable de la French Touch.


Fab G nous plonge dans son parcours fascinant, débutant à 16 ans dans un univers où la House était encore méconnue en France. Sa passion pour la musique électronique et son désir de partager cette culture avec le monde entier l'ont conduit à devenir un véritable pionnier.

Au fil de cette conversation enrichissante, Fab G évoque ses premières soirées, son amour inconditionnel pour la House et son rôle de pont entre les scènes musicales française et américaine. Comment a-t-il réussi à amener des artistes américains en France ? Quels défis a-t-il dû surmonter pour faire connaître la French Touch à l'international ? Ces questions trouvent réponse dans un échange authentique et inspirant.


Les débuts de la French Touch, l'importance de la collaboration entre artistes, et l'évolution de la musique électronique sont autant de sujets abordés avec passion. Fab G partage également ses expériences avec des légendes telles que Daft Punk, Paul Johnson et Sébastien Léger, des rencontres qui ont marqué sa carrière et enrichi son approche du management et de la production musicale.


Dans cet épisode de French Touch Chronicles, vous découvrirez comment Fab G a su tirer parti de son réseau pour propulser des talents et faire vibrer une culture musicale qui continue d'influencer le monde entier. L'impact de la French Touch sur la scène musicale mondiale est indéniable, et Fab G, avec son enthousiasme contagieux, nous rappelle l'importance de préserver cette richesse culturelle.


Ne manquez pas cet épisode où la passion pour la musique, l'innovation et la créativité se rencontrent, et laissez-vous inspirer par le désir de Fab G de continuer à faire résonner la French Touch à travers le globe. Écoutez maintenant French Touch Chronicles et plongez dans l'univers fascinant de la musique électronique !


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Transcription

  • DeusExMaschine

    En 1996, Daft Punk plaçait la France sur la carte mondiale de la musique électronique, avec la bombe Da Funk. Dans leur sillage, la scène house française explose au niveau mondial. C'est l'ère de la French Touch. Je suis DeusExMaschine, producteur et DJ de French House, mais surtout énorme fan de ce mouvement musical que je suis depuis ses débuts. Dans ce podcast, je vous propose de rencontrer des artistes phares de la French Touch et d'explorer avec eux leurs discographies et leurs anecdotes. Aujourd'hui, j'ai le plaisir de recevoir Fab G. fondateur du mythique label Black Jack Records, un des seuls labels French House encore en activité. Black Jack, c'est par exemple d'énormes bangers comme... Ou encore... Mais aussi... Bonjour ! Salut, ça va, tu vas bien ?

  • Fab G

    Salut et toi, ça va ?

  • DeusExMaschine

    Bien, je suis hyper content de t'avoir dans le podcast, Fabrice. Je vais te proposer, si tu veux bien, alors je sais que tu as plein d'activités, tu as une carrière longue maintenant, est-ce que tu voudrais bien présenter un peu qui tu es, tes activités, d'où tu viens, etc. ?

  • Fab G

    Alors, qui je suis ? Je suis Fabrice, je suis né à Paris, il y a quelques années déjà. J'ai commencé mes premières soirées, je devais avoir 16 ans en fait, par passion de la musique électronique, de la house. Et bien sûr, à l'époque, je parle de ça, c'était en début 90, il n'y avait absolument pas de médias, absolument pas de relais pour écouter de la musique électronique, à part dans certains magasins de disques, particulièrement à l'étranger. Il n'y avait pas cette culture qui était encore arrivée en France. Donc j'ai commencé à faire des événements. J'ai toujours baigné un petit peu dans la restauration, l'hospitality, par rapport à mon père qui avait des hôtels et qui travaillait dans des grands hôtels. Donc j'ai toujours eu cette culture du contact avec les gens, un esprit festif et j'ai toujours aimé créer. Donc je me suis retrouvé à monter ces grosses soirées et par définition à faire des line-up qui me faisaient plaisir puisque je pense que même si j'ai souvent entendu qu'un entrepreneur ne devait pas se faire plaisir et faire d'abord plaisir à ses clients, o n a tous commencé par là, on fait tous quelque chose qui nous plaît au départ. Et après, pour certains, ça devient un métier alimentaire et d'autres, une passion. Moi, j'ai réussi à allier tout ça et à conserver cette dynamique sur les soirées en créant des établissements de nuit ou en créant des marques de soirée ou tout simplement en faisant du management. En fait, avant nous, il n'y avait personne en 90. Je vois souvent des gars qui me disent « le DJ, il a 50 ans » . Oui, mais avant, il n'y a personne. Réellement, on est des OG, on aime surtout ce qu'on fait, on est toujours là, on défend toujours ce mouvement house, French touch, puisqu'on doit faire des catégories aujourd'hui. On va en parler, je pense, on va un petit peu disputer de l'évolution de cette musique au fil des années. Mais voilà, mon cursus, ce n'est pas du tout de diplôme, quitter l'école à 15 ans par dérogation préfectorale. Et qu'est-ce que je fais ? Serveur, pizzaïole et le week-end organisateur de soirée.

  • DeusExMaschine

    Comment tu as découvert la house Fabrice ?

  • Fab G

    Avec la drogue, non je déconne. J'ai découvert ça... Je pense que si tu veux, ça arrivait à un moment où j'avais 16 ans, on est tous un peu rebelles à 16 ans et en fait j'écoute cette musique et des copains où je vais à Londres avec des potes à moi à 16 ans, on est vachement mûrs à l'époque et puis on est dans des supermarchés, il y a de la house, c'est juste fou. On est dans la rue, on voit des mecs habillés hyper branchés, qui écoutent de la house et tout, et on va dans les magasins de disques, il y a de la house, il y a des morceaux comme Soul to Soul, des trucs comme ça, on se dit, c'est quoi ? Et on est attiré, on se renseigne, c'est le début de plein de classiques de la house, de la dance, puisque c'était plus ou moins de la dance à l'époque, et voilà, un gros kiff. Et après, de fil en aiguille, en faisant des soirées, on apprend un peu plus que la culture vient de Chicago. Alors tu essaies de comprendre qu'est-ce qui se passe à Chicago, tu commences à acheter des vinyles, tu achètes des vinyles, il y a des numéros de téléphone dessus et tu appelles, tout simplement. Je reçois un truc, je vois Paul Johnson, je vois un numéro à Chicago, je l'appelle le gars et le gars me répond. « Oui, bonjour. » Tu sais, un truc, « Qui êtes-vous ? » « Salut, je m'appelle Fabrice, je fais des soirées. » « Ah, salut Fabrice. Mais t'es où en France ? » « Ah, je ne suis jamais venu. » Et là, on me dit « Mais tu veux venir ? » « Ben ouais. » mais on ne sait même pas comment on fait pour faire venir un gars des États-Unis. Il faut un billet ? il faut un visa ? C'est 1200 francs à l'époque, le billet. Donc, tu prends des sous à tes parents et tu fais venir Paul Johnson, par exemple. C'était devenu ma marque de fabrique. Toutes mes soirées avaient des artistes étrangers et des line-ups de fous furieux. Les gars à Montpellier faisaient DJ Aladdin, Stefanovitch et Pollux. Et nous, on faisait ces gars-là aussi parce qu'en fait, il y avait très peu d'artistes. Et après, bien sûr, quand tu fais venir Paul Johnson, il en parle à Stacy Kidd. Quand il en parle à Stacy Kidd, il en parle à Glenn Underground, il en parle à Robert Armani. Et là, tu as tout le monde qui t'appelle. Et je deviens le bridge, en plus des Daft Punk qui avaient déjà commencé à balancer qu'ils étaient fous de Chicago. Et en fait, je suis l'ambassadeur français qui va aux États-Unis avec des dollars en poche et qui achète des masters. Et qui leur dit, les gars, voilà, moi, je veux monter un label, je veux défendre votre musique. Je pense que la French Touch est en train de vous piller. Mais travaillons ensemble, puisque nous, on vous apporte un vrai son, une vraie identité supplémentaire, et on vous kiffe, et on est avec vous. Et c'est ce qui s'est passé. Les gars... Bon, Paul, c'est une histoire qui a duré presque 20 ans, un véritable ami. Et donc, on a développé tout ça avec le fil des années, des amitiés, des relations, des gars qui ne sont plus là, des gars qui sont toujours là. Une fois, j'ai vu Felix Da Housecat. Au Brésil, on s'est sauté dans les bras. Non, non, ça me touche vraiment à chaque fois d'en parler, mais c'est vraiment important. C'était la base de notre relation. Ces gars, aujourd'hui, sont un peu en galère, comme toujours. C'est culturel, c'est les États-Unis, c'est différent de chez nous. Mais l'histoire vient de ces gens-là qui m'ont mis le pied à l'étrier parce que j'ai senti qu'il y avait quelque chose qui se passait et on n'a pas lâché.

  • DeusExMaschine

    Et quand tu as débarqué, petit Français, j'ai envie de dire, si tu me pardonnes, à Chicago... Je ne sais pas, ça a dû être un choc énorme, j'imagine. C'est quand même une ville particulière, Chicago, surtout à l'époque.

  • Fab G

    Je me rappelle être parti, et j'appelle Paul et je lui dis « je viens ». « T'habite où » il me dit « South Side » . Et moi je dis « ouais frère, moi South Side, j'ai le morceau de Dave Clarke en tête qui tourne, il avait sorti une bombe atomique » . Je dis « ouais, ça doit être trop cool » . Et j'arrive, et j'ai aucun taxi qui veut m'amener à Southside. Je suis tout seul à l'aéroport. Je dis à Paul, personne ne veut m'amener dans ton quartier, c'est quoi le délire ? Il me dit « t'inquiète pas, tu vas trouver » . Je trouve en effet un taxi, ce qui devait être un cracker, ce qui m'amène au bout d'une heure et quart à South Side, un hôtel quelconque planté. Je suis réveillé en jet lag et je suis réveillé à 4h du mat' par un espèce de train qui passe, comme dans les films. J'ouvre la fenêtre, je vois un train, je vois tout. Je dis tiens, je vais me balader. Mais un blanc de 20 ans dans Chicago, Southside, les mecs, je passe, ils m'ont regardé, mais ils se disent mais qu'est-ce qu'il fait là lui ? Moi je dis salut, ça va ? Hello ! J'ai revu un film avec Will Ferrell où justement le mec il se prend pour un black, il se balade et c'était exactement ça. C'était mes potes, les mecs qui m'ont regardé et je vais rejoindre Paul chez lui à 10h. Il me dit « mais t'es fou toi, t'as traversé le quartier pour venir me voir ? » Je lui dis oui ils sont tous sympas dans le jardin, ils m'ont tous fait coucou. Il me dit mais t'es un fou quoi. Et je suis resté avec eux donc je parle d'une époque où le gars c'était un fou quoi, il faisait des morceaux comme ça, on passait nos journées ensemble, on allait dans le mall. Il y avait que ça à faire avec eux. Mais genre, à 11h, on te dit, on va au mall. Et tu vas à 17h, tu vois. L'autre qui arrive, qui débarque. « My brother ! » Ils avaient acheté un petit crocodile. Deux mois après, quand je suis retourné le voir, le crocodile était comme ça. Mais des films ambulants. On s'est fait arrêter. Je crois que je t'avais raconté cette histoire. On part tous à Chicago en ville. Je dis, bon allez les gars, on sortait un peu du quartier. C'était sympa, mais bon, on était tous en train de fumer de la weed, des crocodiles et tout. Ça me faisait quand même… J'étais un peu en décalage horaire en plus. Je prenais un choc émotionnel et je dis « Venez, on va en ville » . Deuxième choc émotionnel, on débarque en ville, il y a Stacy Kidd, Paul Johnson en chaise roulante, je crois qu'il y a Glenn Underground avec nous, on est 4-5 blacks et moi avec eux en ville. Et d'un coup, il y a une voiture qui passe, civile et tout, qui ralentit, qui nous regarde comme ça, qui fait marche arrière. Deux mecs qui descendent en cravate, qui me plaquent au sol, main dans le dos, « You are under investigation, FBI » . Tout le monde choqué et mes potes les blacks, « Oh, oh, oh, bro, bro, bro, bro ! » Comme ça, sur le côté. Moi, par terre, en train de manger le bitume et en train de leur dire, je faisais un peu le mariole, « Ouais, je suis là, c'est moi qui paye les études de vos enfants, je suis en vacances, qu'est-ce que tu fais ? » « Shut the fuck up, you're under investigation, FBI ! » Je me dis « Putain, mais qu'est-ce que j'ai fait ? » Je me suis pris pour un terroriste. Hop, il me libère et tout. Et on va manger, mais choqué, tu vois. On va manger à TGI Fridays, je me rappelle toujours. Et avec Paul, toute la bande, c'est rigolo. Et Paul, il se lève de table, il part aux toilettes sur sa chaise roulante, il marche et il croise le flic qui mange dans le même restaurant que nous. Il dit, mais attendez, qu'est-ce que vous avez fait tout à l'heure les gars ? C'était calmé là. Le gars dit, attendez, on a vu un blanc avec cinq blacks dans le centre-ville de Chicago, vous êtes des dealers, lui c'est le chef de la bande. Non mais un film. Donc oui, le choc de culture, il est là, c'est que... Quand je les ai tous fait venir aussi, c'était très drôle. Ils sont allés parler à Aix-en-Provence, parce qu'on était basé à Aix-en-Provence avec le label. Ils sont venus, trop contents. On les récupère. Mais j'ai plein d'histoires qui me viennent en tête. On les récupère. Premier black qu'il voit dans Aix, il va lui parler en anglais, le mec. Je dis à Paul Johnson, je lui dis, il ne parle pas anglais, mais il est black et tout. Je lui dis, oui, mais c'est un antillais peut-être ou un africain. Il n'y a pas que des blacks américains. Et si tu veux, c'est là où tu comprends que pour eux, le monde s'arrête aux États-Unis. Nous, on est français et que pour eux, c'était extraordinaire de...

  • DeusExMaschine

    Et c'était une de leurs premières sorties en dehors du territoire quand ils sont venus te voir ?

  • Fab G

    En fait, à mon palmarès, si on peut dire, j'ai fait venir Armand Van Helden pour la première fois en Europe. Paul Johnson, la plupart des mecs de Chicago n'étaient jamais venus en Europe. C'est vraiment ce que nous, on connaît des quartiers français où c'est un peu le bordel dans leur organisation, dans leur tête, mais c'est ce qui fait aussi le charme et la beauté de l'artiste. C'est exactement ça, une désorganisation. Par contre, je le dis, je le répète, ce qu'a fait Paul Johnson, jamais de ma vie je peux le faire. C'est-à-dire en chaise roulante, prendre un vol tous les vendredis pour venir en Europe, mais incroyable. Une passion... Je peux vous assurer qu'il a raté des dates, ça lui est arrivé comme c'est arrivé à d'autres, mais c'était toujours pour une raison médicale ou jamais, en fait, jamais il a planté. Jamais il a dit je ne veux pas le faire, je suis fatigué.

  • DeusExMaschine

    Ils sont pros les gars.

  • Fab G

    Passionnés. Et je veux dire, nous on est 100% mobile, lui en plus c'était galère. Je te rappelle qu'à l'époque on avait des flycasses de 15 et 25 kilos. Déjà le flycasse en lui-même c'était 6 ou 7 kilos le truc. Je ne sais pas pourquoi, on était fous, on adorait avoir cette boîte en fer là, qui était rempli de vinyles, alors que tu jouais toujours les mêmes. Et c'était vraiment... Il faut vraiment se remettre en arrière et dire qu'il n'y avait pas les réseaux sociaux, il n'y avait pas le téléphone. On galérait. Donc c'était à chaque fois une aventure. Et c'est ça qui était génial.

  • DeusExMaschine

    Tu as parlé un petit peu de ton label. Je voudrais qu'on revienne là-dessus. Qu'est-ce qui t'a poussé à créer, d'ailleurs pas qu'un, mais plusieurs labels ?

  • Fab G

    L'environnement, en fait. En faisant des soirées, en faisant venir ces mecs, en étant le premier à faire Daft Punk. En mettant Daft Punk avec Cut Killer sur le même line-up avec Paul Johnson. Je parle à Cut Killer aujourd'hui, il te reparle encore de cette soirée de 1992 sur le circuit de Castellet qui était folle, une espèce de plateau en étoile, Hard Techno Techno, House, Hip Hop avec Cut Killer, Zdar, des plateaux vraiment intéressants et tous ces mecs-là étaient là pourquoi tu ne signes pas Paul ? Oui, on est potes, je le fais en booking. Personne ne booke de mec de Chicago parce qu'entre guillemets, c'est notre stamp, notre marque de fabrique. Mais derrière, Black Jack pour moi, c'est un truc French Touch. Je suis proche des Daft. Je suis tous les jours à Paris avec eux, chez Roulé, avec Guy Man. Ils ont leur label. Pour moi, je fais Blackjack.

  • DeusExMaschine

    Pourquoi le nom Black Jack d'ailleurs, puisque tu parlais des Daft juste avant ? Je crois qu'il y a une anecdote là-dessus.

  • Fab G

    Parce qu'on est influencé. Ceux qui me connaissent savent que je ne suis vraiment pas influençable. Pour moi, les meilleurs ambassadeurs de la musique française, c'est les Daft Punk. Pour moi, la French Touch, c'est Daft Punk. Stop, en fait. Donc, certains vont dire, ouais, il a fait Roulé, t'as fait Black Jack, Roulé, roulette, Black Jack. Bah oui,oui.

  • DeusExMaschine

    Donc, oui, c'est des gens que tu voyais beaucoup. Tout ça, c'est une scène qui était quand même assez petite, j'imagine, à l'époque.

  • Fab G

    Déjà, en fait, la première scène de toutes les scènes de DJ, c'est qu'il y avait cinq DJ dans le monde. C'est-à-dire que... toi en tant qu'organisateur, tu appelais l'autre organisateur, on était cinq en France, ça va Jérôme, oui et toi, dis-moi tu fais quoi le 14 juillet, je ne fais rien, par contre j'en fais une le 7, ah ben je viendrai faire la promo de la mienne le 7 parce que j'en fais une le 14. Tu vois, c'était ça. Donc après, tu bookais Jack de Marseille, un des seuls mecs qui tournait dans le monde et tu bookais Daft Punk parce qu'ils commençaient à mixer et tout le monde disait, c'est quoi ces mecs, ils ne savent pas mixer parce qu'alors, attention, c'était un art de mixer, il ne fallait surtout pas décaler. C'était vraiment, on était dans un extrémisme, parce que comme tu disais, c'était une niche. Et les gars, on les a faits plusieurs fois. Tout est venu naturellement, en fait. Il n'y a pas eu de calcul. Tiens, je vais faire ça pour ramener ça. On n'était pas du tout dans ce côté entrepreneur. Il faut savoir qu'à chaque soirée qu'on faisait, on finissait en garde à vue. Donc, sincèrement, c'était fun pour les autres. Mais bon, moi, j'aimais créer le truc, j'aimais créer le concept. Et donc, c'est venu naturellement de faire le label de French Touch, de signer Superfunk, le premier morceau de Superfunk avant le gros carton qu'ils ont fait avec Lucky Star. Alors, si vous regardez un petit peu notre catalogue, on a beaucoup d'artistes importants qui ont explosé après être chez nous. C'est bien, c'est pas bien. Moi, ça ne me dérange pas d'être un incubateur. Ça ne me dérange pas que les gars explosent ailleurs parce que, comme je l'ai dit dans un post récemment... Je suis vraiment très content que tout le monde puisse avoir du succès en French Touch. Et surtout, tout le monde me renvoie la balle. Les gens sont quand même... Ils se rappellent. Ouais ! Alors bon, il y a un cœur qui bat là quand même. Bien sûr.

  • DeusExMaschine

    Tu sais que j'ai une grosse collection de vinyles de l'époque. Donc j'ai pris quelques petits vinyles, parce que évidemment que j'ai du Black Jack, tu t'en doutes. J'ai pris quelques petits vinyles pour te poser des questions sur les époques. Là, j'ai un Sébastien Léger typiquement. C'est quoi l'histoire de Sébastien Léger ? Comment vous vous êtes connus ? Qu'est-ce que vous avez fait ensemble ? Je crois que ça a été une sacrée aventure.

  • Fab G

    Alors oui, et c'est surtout une aventure humaine qui a très très bien commencé, puisqu'en fait, je crois qu'on mange justement au Pied de Cochon à Paris, avec Guy Man, il n'y avait pas Thomas, avec GuY Man, Play Paul, Raw Man, du Buffalo Bunch donc. Bien sûr. Je ne sais plus qui est à table. Paul, il me dit, tiens, Guy Man m'a fait passer des démos. Il écoute pas, il n'a pas le temps. Il y a des trucs pour toi, vas-y. J'ai écouté, ça peut être bien. Et j'ai dans ces démos un CD blanc, je me rappelle, écrit Sébastien Léger. Je rentre à Aix, deux jours après, je revois le rituel. J'ouvre la porte de mon appartement, j'avais un duplex. J'avais une petite chaîne Panasonic, je mets le CD, je monte, je fais couler la douche. Et arrive Tonight. Je dis, c'est bien ça. Et je l'appelle. Je dis, ouais, salut, ça va ? Je lui dis, Guy Man m'a fait passer les démos. Alors, il croyait que je l'appelais pour Crydamoure. Il était très content. Je lui dis, voilà, c'est pour Black Jack et tout. Super, parlons-en et tout. Et je dis, je reviens à Paris. On se voit dans un magasin de disques et Sébastien est d'une timidité maladive. Il baisse les yeux, il ne me regarde pas. Je lui dis, attends, Seb, tu es un artiste, explique-moi un peu ce que... Et là, je rentre dans son univers. Je vais chez lui, je rencontre son papa. Je vois comment il travaille et tout. Je vois ses capacités. Et je vois que le mec a faim. Et je lui dis, viens, viens à Aix. Je lui dis, comment ça ? Je lui dis, bon, t'es chez papa, maman, t'as 18 ans. Viens, viens, moi, tu prends ton petit appartement, on va t'aider, on est en face. Et le mec s'installe littéralement en face de chez moi. Le palier d'en face. Donc, on lui fait les rideaux, on lui fait des trucs avec ma femme. On le met bien parce qu'on a envie de travailler avec lui. Et moi, j'ai une MPC 3000, j'ai des samplers, mais... Je n'ai pas le savoir qu'il a, la rapidité d'exécution. Et c'est là que j'en viens à dire, on va pas être deux à produire sur Black Jack, tu sais tu n'as pas ce truc de DA. Et je lance l'administratif. Et Sébastien, il devient une machine de guerre, je suis son manager. On travaille, on développe plein de trucs. Il a cette identité French Touch. On s'éclate réellement, on fait des tournées ensemble. On fait des dates en Pologne, on fait des dates de partout. Ce truc était bien, on était un petit groupe de différents DJ French Touch, et il y avait vraiment ce délire de partir en Viano, d'aller en Suisse, de Marseille ou d'Aix, et de faire les dates ensemble, sans ce truc de tourneur qu'on connaissait d'avant, de mecs qui tournent ensemble, et c'était vraiment très très sympa, jusqu'à ce qu'il en ait marre de moi, jusqu'à ce qu'il en ait marre de la French Touch, et qu'il me dise « Fab, je ne suis plus à l'aise avec ça » . Je le comprends avec le recul, Je trouve que c'est dommage parce qu'il était en pleine ascension, mais il a eu aussi une très belle carrière, je crois, dans ce qu'il fait. Alors, je crois que c'est de la Melodic Techno. C'est une façon de dire que c'est de la Trance, ni plus ni moins. Pas pour Sébastien, mais pour ce style de musique, en fait, pour moi. C'est comme l'Afro House, pour moi, c'est de la house. Si tu veux, tous ces tiroirs catégories, je pense que c'est bien, mais il aurait peut-être pu le faire plus tard pour encore plus pouvoir profiter de ce qu'il a créé. Parce qu'il a marqué le temps, il a marqué le mouvement. Mais en s'arrêtant et en changeant, je ne suis pas sûr qu'il restera malheureusement comme un mec de la French Touch puisqu'il a pris une autre direction. Mais par contre, c'est un diable. C'est un tueur à gages.

  • DeusExMaschine

    Énorme producteur. J'ai plein de disques de lui. C'est un truc de malade. Alors, tu me disais un truc. C'est marrant parce qu'avant qu'on se parle, en fouillant dans mes disques, j'avais trouvé quand même un disque de toi. Un "Bust The Vibe". Et donc, tu as fait de la prod quand même.

  • Fab G

    Oui, justement, au départ, on travaillait ça. Il y a celui-là, il y a Zombie Stereo, il y a deux, trois trucs. Après, j'ai pris un autre pseudo qui s'appelle Eeediot. On s'amuse. Il n'y a pas de plan derrière. Je ne vais pas m'amuser à tourner, à faire le guignol en soirée. Quand je dis le guignol, ça ne veut pas dire que je ne considère pas le DJing. Au contraire, c'est juste qu'à un moment donné, à quel moment vous croyez les gars, qu'au bout de 15 ans, à pousser des disques et à faire des bras en l'air, ça va changer quelque chose. Quel est votre plus-value ? Donc, c'est bon, oubliez les masques, Daft Punk l'ont fait, d'autres aussi. Je ne vous dis pas de vous mettre deux ailes dans le dos comme Bob Sinclar en 92, mais quel est votre plus-value aujourd'hui aux platines ? Qu'est-ce que vous apportez ? Alors, moi, je suis pour un show permanent, que ce soit quand tu vas manger, quand tu vas au resto, quand tu vas au cinéma, quand tu vas en soirée. En fait, c'est de l'entertainment. Et aujourd'hui, on se fait chier. Moi, je suis désolé. Il y a très peu de soirées où j'ai envie d'aller, par rapport peut-être à ma façon de vivre aujourd'hui, de voir les choses. Mais si tu veux, je ne sens même pas d'effervescence. C'est une espèce de routine de poster des soirées. Ouais, super, "sold out".

  • DeusExMaschine

    Mais tu as vu la différence qui a été faite par Guetta il n'y a pas longtemps, qui disait qu'il y a deux métiers quelque part et que ce n'est pas les mêmes. Tu as le DJing et tu as l'entertainment. J'ai trouvé que c'était hyper vrai. Surtout quand on connaît Guetta depuis 30 ans et plus, comme on peut le connaître, et de l'avoir vu démarrer. C'est vrai qu'il ne fait plus le même métier qu'il faisait à l'époque quasiment. Et puis, il y avait Bob Sinclar aussi qui, effectivement, avait poussé son coup de gueule sur tous les gars qui étaient avec leur téléphone dans les soirées et qui dançaient pas. Et ça, c'est vrai que c'est... Enfin, nous, ça nous paraît complètement dingue.

  • Fab G

    Après, là, tu viens de parler de gens dont je suis proche et que j'aime particulièrement. Bob Sinclar, on a une histoire très spéciale parce que ça fait vraiment... Je pense que c'est le gars que je connais depuis... Avec Guetta, c'est ceux que je connais depuis le début. Alors, David, c'est tellement une superstar qu'on ne s'appelle pas tous les jours. On se croise et on se respecte. Je l'ai vu au Brésil justement, on a fait un truc, il m'a fait monter sur stage et tout, vraiment. Le mec est toujours le même, ça me fait chier quand j'entends des trucs.

  • DeusExMaschine

    Ah mais moi le bashing me rend dingue, pour l'avoir vu, enfin je le voyais mixer, j'avais 18 ans si tu veux, à Saint-Tropez et c'était incroyable.

  • Fab G

    Il est là, tu vois, moi j'avais 16 ans, il venait mixer dans un club qui s'appelle le Rive Droite à Sanary, c'est un ami à moi qui avait le club. Donc de temps en temps je travaillais au bar et tout, même si j'étais très jeune, je leur faisais des soirées. Il m'a retourné le cerveau. Je l'ai vu faire des trucs à la con à l'époque. Alors, certains vont toujours le traiter d'opportuniste, mais c'est un vrai passionné. C'est un vrai mec gentil. Alors aujourd'hui, de toute façon, il est à un niveau où il se fait un kiff. On parlait de Kiko tout à l'heure. Il se fait un kiff. Il travaille avec Kiko, qu'il connaît depuis très longtemps aussi. Kiko, qui est le numéro 2 sur Black Jack, qui est un pote aussi. Voilà, tu vois. Et Bob Sinclar, je l'ai appelé il y a deux jours, on discute pour un projet dont je crois que tu es au courant. Et voilà, donc si tu veux, c'est… Moi, j'ai envie que ces mecs, ils viennent avec nous, mais qu'il n'y ait pas ce délire de stream, de ci, de visiblitéi. Un mec comme Bob Sinclar, il s'en fout. Un mec comme David, il calcule beaucoup parce qu'en fait, c'est une machine, c'est une marque, il vit aux États-Unis, donc il a cette dynamique derrière. C'est le… Trump de la musique électronique. Il dynamise et il entraîne les gens. C'est ça qu'il faut dire. Ce qui est important de comprendre dans tout ça, c'est qu'à la limite, Chris, il travaille pour lui, pour le label, il signe des gens. David est très ouvert sur les collaborations. Il a besoin de sang neuf.

  • DeusExMaschine

    Ouais, alors bon, il y a ça. Ou alors, il a toujours aimé être à l'avant-garde aussi.

  • Fab G

    Oui,oui. Alors, tu parles de ça. Moi, j'ai connu Sidney avec qui il a fait son premier morceau parce que c'était un gars que j'aimais par rapport au hip-hop parce que je viens du hip-hop, avant la house aussi tu vois, on aurait peut-être dû commencer par ça, aussi j'ai presque envie de te dire j'ai connu Guetta par rapport à Sydney donc ça marche tu vois.

  • DeusExMaschine

    Et tu le disais d'ailleurs et c'est important de le dire pour nos auditeurs parce qu'on a, enfin tout le monde a eu un peu ce cheminement du hip-hop à house avec une forme d'accélération des tempos mais de méthodes de production qui étaient quand même très proches. Tu parlais de ta MPC 3000 tout à l'heure, la mienne est à côté. Là j'ai ma SP 1200 qui est derrière mais qui marche évidemment pas, parce que elle marche deux mois dans l'année. Elle passe tout le reste en réparation. Mais en fait, ce son-là, le son que tout le monde appelle French Touch, il vient quand même de méthodes de prod et de matériel qui viennent de l'époque hip-hop. Moi, je suis capable de reconnaître une SP-1200 sur une prod de hip-hop. Le grain et tout, on a grandi avec ça. C'est très important de rappeler aussi que les racines de la house sont vraiment, vraiment nées dans le hip-hop. Et toi, je sais que tu es un passionné de hip-hop. Et tu as eu ce cheminement qu'ont eu plein de gens. Bob Sinclair l'expliquait il n'y a pas longtemps. Enfin, j'ai envie de dire quasiment tout le monde est passé dans notre génération, dans cette évolution. Toi, le hip-hop, c'est quelque chose qui a... Tu as fait un mouvement de passer du hip-hop à la house ou tu as toujours bien aimé les deux et tu écoutes toujours les deux ?

  • Fab G

    J'écoute toujours du hip-hop. En plus, j'ai mon fils qui m'aide dans les playlists. Mais bon, je ne suis plus du tout en France. Donc, en étant à trois heures des États-Unis aussi, je suis influencé. Mais surtout, tu vois, je pense que toute la base de la musique aujourd'hui, elle est électronique. L'autre fois, je parlais, Maluma qui a touché 100 millions de dollars d'options pour ses albums, c'est de la musique électronique, que ce soit du reggaeton ou pas. C'est pour ça que tout à l'heure je te disais que faire tous ces tiroirs... Mais c'est... je me rappelle un truc, on reparle du passé, mais je me rappelle avoir reçu des démos, mais vraiment il ya très longtemps et le gars... Alors à l'époque tu recevais un courrier, tu recevais une cassette par courrier, et moi je répondais à tout le monde. Moi tu sais j'étais vraiment, le truc il m'envoie un message je lui réponds. Et je dis ouais, non, ce n'est pas du tout notre style, c'est un peu trop progressif. Putain, le mec, il m'a envoyé une lettre, écoute-moi. Ouais, alors là, je ne sais pas. Je ne sais pas où tu vois de la progressive. C'est plutôt de la trance. Mais ferme-la, en fait, parce qu'à force de mettre des... En fait, c'est ce qui s'est passé. Ça a mis tellement de temps à percer la musique électronique. C'est parce que... Non, je fais ça, je fais ci.

  • DeusExMaschine

    C'est très vrai ce que tu dis. Alors, j'ai une anecdote, moi, d'un label que tu connais bien. Parce que quand je faisais de la prod sur Marseille, j'avais envoyé ma cassette à Obsession. Et donc, j'avais été les rencontrer dans leurs locaux et les mecs m'avaient dit non, c'est pas assez techno, c'est trop house et tout. Et c'est vrai qu'en tant que jeune artiste de vingtaine d'années, tu sors de là, tu as la tête à l'envers parce que tu écoutes les trucs qu'ils font, tu écoutes ta prod et tu ne vois pas en quoi c'est différent.

  • Fab G

    Je ne m'en rappelais plus, mais mon premier vrai morceau, vrai titre, c'était avec Tom Paris. Ça a été enregistré dans le studio de Mr. C des Shamen à Londres et c'est sorti à Marseille sur Obsession Music. Tu viens de m'en parler, je ne m'en rappelais même plus. Ça s'appelait The Architect. Le vrai... Le premier morceau que j'ai fait, c'est celui-ci avec Tom Paris. On est parti dans le studio. C'est quand même assez fou parce que Mr. C, les Shamen, je me retrouve là-bas avec Mr. C, avec Tom, qui est son pote. Et ce n'est pas mon monde. Et je sens que Tom me fait une passe. Il me dit, viens, j'ai envie que tu t'occupes de moi. J'ai envie que tu me fasses jouer dans tes soirées. Et on va à Londres. J'enregistre dans le studio des Shamen quand même. C'est énorme. Mais sur le coup, je ne suis pas à l'aise. Ce n'est pas mon monde. Moi, la techno, j'aime bien, si tu veux, mais à un moment donné, je ne suis pas dans un délire froid.

  • DeusExMaschine

    Pour ceux qui nous écoutent, Obsession, c'était vraiment le label techno à l'époque dans le coin.

  • Speaker #1

    Après, je ne sais pas du tout qui est devenu quoi.

  • DeusExMaschine

    Je vais enquêter, tu as raison, parce que je ne me rappelais plus du tout. Quand tu as parlé des... Je me suis dit, oui, c'est vrai, les cassettes et tout. J'avais vécu ça aussi, tout à fait.

  • Fab G

    Je note parce que je veux retrouver ce vinyle. C'est vrai qu'un gars qui m'a écrit il y a un an ou deux, il m'a dit, ouais, j'adore, j'aimerais le vinyle.

  • DeusExMaschine

    Excellent. Mais je vais creuser aussi de mon côté. Tiens, je vais le poster sur ma... Dès que tu l'as, tu me dis, on va le poster sur l'Instagram parce que ça, c'est mythique. Et d'ailleurs, je voulais te demander, Fabrice, tu continues à faire de la prod un petit peu ou tu n'as vraiment plus du tout le temps ?

  • Fab G

    Alors, tu sais que maintenant, Mercer, qui est mon ami, frérot et artiste avec qui je bosse depuis cinq ans maintenant, on a dépassé le cap de relation artiste-manager puisqu'on est associés sur des business, mais surtout... Il est passionné, donc il a repris la DA de Black Jack. Mercer est en mission. Donc, pour lui, pour se faire plaisir, pour onboard un maximum d'artistes. Et je trouve que c'est extraordinaire de faire ça. En fait, tu vois, on devient un peu plus sages. Et l'autre fois, on a bossé sur des trucs. Je lui ai renvoyé des samples que j'avais identifiés, des acapellas. On va peut-être bosser sur des trucs. Je veux qu'on bosse ensemble, mais c'est vrai que je ne suis plus du tout dans le... Ce sera lui l'executive producer et parce que non seulement c'est un tueur...

  • DeusExMaschine

    C'est un des plus grands producteurs de l'époque

  • Fab G

    Et c'est propre. Tu vois, on reçoit des démos, putain franchement les gars, enlevez vos moufles ! Non en fait, c'est pas aussi simple que ce que tout le monde croit. C'est pas aussi simple que, c'est un pote à lui, c'est pour ça qu'il sort les morceaux. Je vous explique, pote à moi ou pas pote à moi, ceux qui me connaissent... Je suis vraiment... Voilà, on se fait pas plaisir, on ne fait pas plaisir aux gens. On fait ce qu'on imagine important pour le mouvement, ce qu'on imagine important pour le label. Le label, regarde, il n'a plus de... 25, 26 ans.

  • DeusExMaschine

    J'ai envie de te dire, c'est le dernier label qui est encore en vie, de l'époque.

  • Fab G

    On a gardé la marque, si tu veux. Ce n'est pas la même structure derrière, parce que tu t'imagines qu'on est passés par des hauts et des bas. Encore une fois, par manque de gestion, de savoir-faire. Mais pour nous, c'est une vitrine. Et c'est important. La marque est toujours là le logo est toujours là la DA est toujours là enfin c'est hyper cool. Le logo a été copié mais par des millions de personnes de Bilabong en passant par... Tu vois si j'avais eu les sous pour attaquer ou quoi, ou si j'avais eu surtout cet état d'esprit parce que j'en ai rien à foutre, oui on a été on a été copiés, on est toujours là. Et surtout moi, je suis en mission. Comme je te le dis,, c'est de me faire plaisir de kiffer alors oui tu me le disais l'autre l'autre fois, on a beaucoup d'activités. Mais tous les jours, je mets mon casque et je m'isole une heure et j'écoute des trucs. Donc oui, on est passionnés, c'est important. On a une maturité qui nous donne une visibilité différente. Mais je veux plus travailler pour les années à venir sur le label avec des histoires de dates, mais d'immersion, arriver à mettre un petit peu plus de tech derrière aussi. Parce qu'en fait, aujourd'hui, on est complètement vintage avec Black Jack. mais si tu veux, tu regardes les réseaux, il n'y a pas de réseau poussé. Mais c'est quasiment pas volontaire, j'ai envie de te dire. On n'est pas dans ce truc d'influenceurs, etc. C'est-à-dire que ça doit être fait différemment. On va avoir des très grosses releases qui arrivent sur le label. Il y a de la stratégie derrière, d'évolution par rapport à la cible, etc. Pour moi, les prochaines années qui arrivent, ceux qui ont 50 ans, ceux qui ont 40 ans, ceux qui vont avoir 30 ans, si tu veux, et surtout les jeunes, tous les jeunes kiffent ce son-là. C'est impressionnant. Moi, il n'y a pas une personne qui me dit « C'est quoi cette musique de vieux ? » Ça reste quand même… Alors… Peut-être que la filiation parents-enfants a évolué, les enfants sont plus proches des parents, donc ça leur fait plaisir d'avoir des sons qu'ils ont déjà entendus, ça leur appelle quelque chose. Je ne sais pas, je ne suis pas le docteur Schweitzer, je ne vais pas te faire un truc sur le phénomène de société, mais tu sais, c'est bien la French Touch. Il y a du filtre, ce n'est pas prise de tête. Moi, je sais que ma femme, par exemple, déteste le Garage. Et moi, j'adore mettre un petit truc de Garage au milieu ou un petit bon son house. Elle déteste, tu vois. Mais par contre, si tu as une série de French Touch et que tu glisses ce truc-là, en fait, c'est un ensemble de choses. Et je pense que ce n'est pas fait pour les festivals, par exemple, la French Touch.

  • DeusExMaschine

    Oui, Complètement.

  • Fab G

    Parce que ce truc de jouer une heure et quart chronomètre, justement comme on disait avec David Guetta, où lui, il est obligé de faire ça parce qu'il a tout un show, toute est minuté. Non, moi, j'ai envie de faire des dates cet été, 300 personnes avec Mercer, avec toi, avec d'autres gars. Et que voilà, on représente le label et qu'on s'éclate. « Ah putain, tu l'as cette version ! » Tu vois, et c'est ça. Et on a parlé avec plein de gens, les Taylorhythm et tout, c'est vraiment des gens, par exemple, qui veulent, ce ne sont pas des producteurs, mais ce sont des gars qui ont envie de rendre hommage, tribute. Et c'est ça que je veux. Ce n'est pas qu'on rende hommage à Black Jack parce que j'ai fait des trucs il y a 25 ans. Je ne vis pas dans le passé. Mais je pense que cette marque, il faut la conserver. On l'a bien développée. Il y a encore plein de choses à faire. Il y a encore... plein d'investissements à faire. J'aimerais tellement avoir une petite team... En fait c'est con ce que je vais dire, mais j'aimerais presque le rendre communautaire ce label, c'est fou mais... Ouais bien sûr parce qu'aujourd'hui Nico il prend de son temps pour aider des gens, moi je prends de mon temps pour aider des gens. Attention, on ne sauve pas des vies ce n'est pas ça l'idée, c'est vraiment de dire moi je réponds à tout le monde. L'autre fois j'étais en train de répondre à un gars qui voulait qu'on travaille ensemble, je lui dis on n'a pas le temps mais si tu veux je te donne des conseils. Et un gars qui bosse avec moi me dit "tu ne lui en dis pas un peu trop ?" La recette du coca, tout le monde l'a aujourd'hui. Je lui dis ce que j'ai sur le cœur et l'axe que j'imagine qu'il devrait prendre. Après, il fait ce qu'il veut. Mais en tout cas, je pense qu'aujourd'hui, avec notre expérience, nos réseaux, on a assez de savoir, de background, comme dirait notre ami le serpent, pour imposer ce qu'on a envie. Et on se fait un kiff. Et je te le dis que depuis qu'on se fait un kiff, ça marche mieux. Donc, c'est génial.

  • DeusExMaschine

    Oui c'est clair. Et 2025, c'est le retour à ton avis ?

  • Fab G

    Je pense qu'il y a des cycles et je pense surtout que c'est très pauvre ce qui se passe aujourd'hui musicalement. On peut critiquer que BlackJjack, c'est de la musique au kilomètre, c'est des boucles, c'est facile à faire. Alors, je vous invite à le faire...

  • DeusExMaschine

    Ouais, c'est ça.

  • Fab G

    Mais surtout, c'est nul ce qu'il y a. Ce n'est pas méchant, mais qu'est-ce qui se passe ? Pour revenir au côté DJ, on a eu nos copains Ofenbach, on a eu Feder, on a eu Synapson, toute cette série de French guys. C'était de la French Touch indirectement, puisqu'ils sont français. Nos petits copains de Trinix aussi, que j'aime beaucoup humainement, et qui pour moi se bougent vraiment les fesses. Ils sont géniaux ces gamins. Ils savent où ils vont, comment ils y vont et avec qui ils y vont. C'est ça que je pense qui manque à tout le monde. C'est un cadre, une vision. C'est ce que Mercer essaie d'expliquer aux gars qui lui parlent. Il dit « Les gars... C'est génial, mais tu veux aller où ? » Nous, on sait où on va. On a des releases tous les 15 jours qui arrivent. On a des gens connus, des gens moins connus. On a des gens de notre catalogue. On va travailler le back catalogue aussi parce que je pense que c'est important, parce qu'il y a beaucoup de gens qui ne nous connaissent pas. Et ceux qu'on va rallier aujourd'hui, j'ai envie qu'ils trouvent notre catalogue autrement qu'en allant sur Discogs. Ça reste quand même assez confidentiel. Alors, on a la chance où... d'avoir eu certaines licences qui nous permettent d'avoir des titres sur d'autres labels, mais pas identifiés Black Jack. Parce que réellement, quand tu écoutes la musique, que ce soit du vinyle, du MP3, du stream, ou Black Jack, Defected ou Zoubida Music, les gens s'en fichent en fait. Ce qu'ils veulent, c'est kiffer. Et le support est important. En plus, si tu veux, par rapport à Chris Bob Sinclar, qui fait la promo de Yellow, oui ! Yellow, Motown, voilà. Bon, je ne considère pas Black Jack comme… Alors, même si on a chopé des mecs de la French Touch, même si j'ai eu la chance de rencontrer la team de Motown et tout ça, on n'est pas du tout dans ce délire-là. J'aimerais… passer ce cap-là. Mais si je passe le cap au niveau du label, on a une vision avec Nico qui est au niveau de nos ambitions. C'est-à-dire qu'on voudrait prendre un building, on voudrait faire un immeuble production, un étage management. Et ça carbure, tu vois. Mais il n'y a pas les ressources, il n'y a pas le financier. Voilà. Parce qu'aujourd'hui, des mecs comme Hugel le font très bien. Flo le fait très, très bien à son niveau, dans son style musical. Il a son label, il aide des gars, des copains de Marseille. Encore une fois, bravo les gars, respect. Il y a de la place. Mais il faut t'appeler Hugel, qui est passionné, qui en a crevé et craché pour en être où il en est aujourd'hui, mais qui renvoie la balle.

  • DeusExMaschine

    Tu penses à des groupes comme Grosso Modo, par exemple ?

  • Fab G

    Oui, alors Grosso Modo, c'est le meilleur exemple. C'est des bonbons, les gars. Merci d'aider ces gens-là. Merci. Parce que c'est des passionnés. Parce qu'aujourd'hui, leur cachet à deux, avec les frais et tout, ce n'est pas si excessif que ça. Mais voilà, en fait. C'est à vous, en tant qu'organisateur ou en tant que membre de la communauté, de choisir qui vous cautionnez. Parce que donner de l'importance à des trous du cul, excusez-moi le mot, mais là, en ce moment, il y a une grosse vague. Tu parles de ce qu'on a prévu. Nous, on a une grosse vague de mecs qui ont signé sur des majors et qui sont incapables de produire un disque et qui viennent nous voir.

  • DeusExMaschine

    Alors ça, c'est incroyable. C'est quoi cette histoire ? Vas-y, raconte.

  • Fab G

    Tout est lié. C'est-à-dire qu'encore une fois, sans vouloir faire le vieux crocodile, mais... Moi, quand j'allais chez Universal, j'allais voir Barclay, j'allais voir Philippe Lauiger, je veux dire Laugier parler à Fabrice. Il n'y avait pas Universal parle à Black Jack, tu vois. Là, aujourd'hui, tu as des DA qui sont dans des maisons de disques importantes, des sous-labels de Warner ou d'autres, qui signent des gars parce que les mecs sont sympas, parce que les mecs ramènent du monde dans leurs soirées. Donc, si j'avais dû faire à chaque fois un deal quand je ramenais du monde en soirée, écoute, je serais multimillionnaire. Mais c'est un ensemble de choses. En fait… Tout le monde a un costume trop grand. Il n'y a plus de DA. Tu es DA de label parce que tu es le copain de l'autre et tout. Mais qu'est-ce que tu as fait dans ta vie ? Qu'est-ce que tu as créé ? Qu'est-ce que tu as signé qui fait qu'aujourd'hui, tu peux dire « Ouais, je suis un DA » . Non, tu n'es pas un DA. Tu travailles chez Universal. Tu es secrétaire chez Universal. Et en fait, tu as signé Pollux. Pollux, c'est ton copain parce qu'il fait des soirées. Donc, tu es à Paris. Vous êtes tous derrière en mode boiler room avec les filles. Et puis surtout, si tu peux avoir un chapeau de cow-boy, ça fait mieux. Voilà.

  • DeusExMaschine

    Donc là, c'est des gens qui… produisent pas, c'est ça ? C'est des artistes...

  • Fab G

    Parce qu'ils ont signé avec, ou avec et ils ont touché et aujourd'hui, ils appellent tous mes artistes ou moi directement au secours. Des gens que vous connaissez très très bien qui ont fait des pubs il y a quelques années qui sont beaucoup...

  • DeusExMaschine

    Et qui du coup, cherchent des prods dans l'air du temps ou...

  • Fab G

    Des prods dans l'air du temps ou cherchent à revenir parce qu'en fait, si tu veux, je pense que c'est une maladie ça. Tu me disais, du coup, tu es un peu artiste, tu fais des trucs. J'ai une âme d'artiste pour le côté créatif, mais je n'ai pas du tout le profil émotionnel d'un artiste. C'est horrible ce que je vais te dire, mais aujourd'hui, Nico, Mercer, ils s'implique autant que moi dans le boulot, pour lui. C'est-à-dire que tu peux être son manager, tu peux être son ami, tu peux avoir la vision... Je veux dire, c'est inévitable que les gars bossent. Tous les gars dont je t'ai parlé, ils ont mon admiration, que ce soit Grosso Modo, que ce soit Hugel, parce que c'est des bosseurs.

  • DeusExMaschine

    Oui, c'est ça, complètement.

  • Speaker #0

    Et en fait, il n'y a pas de solution miracle. Si tu es là, "ce n'est pas bien. Ils m'aimaient il y a cinq ans, ils ne m'aiment plus". Qu'est-ce qui se passe ? Je vais pas bien dans ma tête. Pas en vacances. Va voir que tu prenais 35 000 balles pour mettre des disques. C'est quand même… Même un chirurgien ne les prend pas. Donc, refais un point sur ta vie. Ce que tu as gagné pendant cinq ans, pourquoi tu ne les gagnes plus ? En fait, tu n'apportes plus rien. Et c'est terrible. Alors après, c'est la décadence.

  • DeusExMaschine

    Mais ce n'est pas un peu dur de durer aujourd'hui ? Est-ce que ce n'est pas plus compliqué qu'à une époque où tu sortais tes vinyles, tu avais accès à des radios ?

  • Fab G

    Oui, sûrement. Mais encore une fois, et je ne veux pas que ça tourne autour de moi, mais moi, je m'en sors très bien, mec. Pourquoi j'ai vu ce qu'il allait se passer en France et que j'ai bougé ? Pourquoi ? C'est tout. C'est-à-dire qu'encore une fois, c'est peut-être notre rôle, producteur, organisateur. entrepreneur, d'être visionnaires, donc d'avoir par définition on voit les choses avant les autres. On voit la merde arriver avant les autres. Je me rappelle d'une époque, où je commence à être dans une galère mais monstre, financière et tout et puis tout le monde... mais merde. Et en fait ça m'a fait tilt, j'ai dit mais par définition je mange le caca avant les autres. Par définition, c'est normal je crée ce truc de demande par la suite pour les soirées, ou on crée des marques donc On anticipe tout ça. Quand on a anticipé avec Nico l'année dernière, l'été dernier, de sortir un disque par semaine...s

  • DeusExMaschine

    Oui, c'était super original, ça.

  • Fab G

    Alors que tout le monde... Non, attendez, 5 semaines minimum, les DSP, il faut que... Rihanna, elle sort un disque en un jour. Et toi, à mon niveau, je ne peux pas sortir un disque par semaine. Il faut une organisation. On l'a fait. On est content. On a marqué le temps. C'était voulu de faire ça pour passer à autre chose parce que Nico voulait sortir ses releases, ses tracks et après bosser sur des projets, plus ambitieux, que tu as vus. Où on a collaboré sur La Haine ou d'autres projets. Mais en fait, il faut un sens, il faut une feuille de route. C'est aussi simple que ça. C'est ta vie en fait, c'est ta vie professionnelle, c'est ta vie personnelle. Il faut un plan. Pourquoi ils ne sont pas renouvelés ces gens-là ? Parce qu'ils ont pris trop d'argent et que ce n'était sûrement pas justifié.

  • DeusExMaschine

    Je suis tout à fait d'accord. Dans les nouveaux, un peu de la French Touch 2.0, 3.0, il y a des artistes qui pour toi sont au-dessus du lot, vraiment... Il y a qui, qui te vient en tête si je te dis French Touch récente ?

  • Fab G

    Je ne peux pas te donner de nom parce qu'on est sur des signatures, mais il y a Nico qui va faire un mix sur FG, il y a pas mal d'exclus, il reprend sa résidence. Mais en fait c'est tellement vague, qui est French Touch aujourd'hui ? Qui par exemple, est-ce que Rivo c'est de la French Touch ?

  • DeusExMaschine

    Il y a quand même un son si j'ai envie de te dire. Disons plutôt dans la mouvanceauDisco House, filtré, etc. Est-ce qu'il y a des gens ? Je sais que j'aime beaucoup ce que fait Kungs depuis quelques temps sur son label. Est-ce qu'il y a des artistes qui... Pour nos auditeurs, est-ce qu'il y a des gens qui ne connaissent pas, qu'il faut qu'ils aillent écouter ? Ou est-ce que tu gardes le secret jusqu'à la sortie ?

  • Fab G

    C'est cool. Comme je te disais, on a vraiment mis une dynamique. On a signé pas mal de gens. Et je veux en laisser un peu en exclu. Mais je peux te répondre si tu me donnes des noms. Valentin Kungs, par exemple, c'est... Je vais dire la vérité sur Kungs. Moi, j'aime beaucoup ce mec. J'aime beaucoup Valentin. Il était à Aix, on s'est parlé, quand il était en train de signer avec Laugier chez Universal Barclay. Je l'ai suivi après quand il cherchait un manager et qu'il est parti travailler avec Martin Solveig et tout. Je pense qu'il se fait plaisir avec son label, si tu veux mon avis, parce que je le crois vraiment fan de ce type de son. Il s'est vraiment cherché. On a eu une discussion avec Martin Solveig là-dessus parce que j'ai eu un mix de Kungs et je lui ai dit que je n'aimais pas et j'ai failli me faire engueuler. Oui, parce qu'il se cherchait, si tu veux. Il se cherchait un peu. Tu ne savais pas s'il partait sur du Prydz. Ou s'il partait sur de l'Italo-Disco, il aime l'Italo-Disco. Moi, je suis fou d'Italo-Disco. Avec Kiko, on adore. Je pense que Kungs ne s'est pas révélé encore. Je pense que Kungs va exploser. Je pense qu'il le sait et que ça peut être un frein. Docteur Shweitzer...

  • DeusExMaschine

    Très bien. C'est hyper intéressant pour les artistes qui nous écoutent aussi.

  • Fab G

    Je pense sincèrement qu'il est libre là. Il est complètement libre. Sa vie amoureuse, tout, il est bien. C'est un peu le Pierre Ninet de la French Touch.

  • DeusExMaschine

    C'est bien dit, ça. Je suis d'accord.

  • Fab G

    Je le dis sincèrement. On kiffe tous. On kiffe tous Pierre Ninet, on kiffe tous Kungs. Il lui faut son Monte Cristo.

  • DeusExMaschine

    Oui, tout à fait. C'est super bien dit.

  • Fab G

    Merci. Tout ce que je vous dis, moi, c'est sincère. Ceux qui me connaissent...

  • DeusExMaschine

    , parce qu'on parle évidemment de lui. Alors, on a eu l'occasion d'en discuter. Mais c'est vrai que ce qu'il fait sur Club Azur, c'est... Avec toi, c'est un peu ceux... et bien sûr Mercer, etc. Vous êtes un peu ceux qui continuent à pousser le style musical.

  • Fab G

    On se connaît vraiment bien. Toutes les premières dates, on les a faites ensemble.

  • DeusExMaschine

    Qu'est-ce qui te devient dans ce style musical ? Est-ce qu'il y a d'autres artistes ? Hormis ceux que tu as signés, dont tu ne peux pas nous parler, ne rien discloser.

  • Fab G

    Je vais te décevoir là-dessus. Je n'ai rien en stock, mec. Je te jure, je vais regarder mon Spotify. Même mon Spotify. Il n'y a rien qui me vient, c'est fou.

  • DeusExMaschine

    Hormis ceux que tu as signés, rassure-moi.

  • Fab G

    Non, mais c'est vrai parce qu'on a signé des mecs en management, on a signé des mecs en prod, mais réellement, je te jure, il n'y a rien.

  • DeusExMaschine

    Donc, il y a de la place, en fait. C'est ce qu'on est en train de dire à nos auditeurs. C'est putain, les gars, allez, ouvrez votre ordi, rallumez vos samplers.

  • Fab G

    Envoyez des démos, n'ayez pas peur. Ça ne mord pas. Tu me dis qui, pour toi, est prometteur en French Touch. Tu vois, quand j'entends, comment elles s'appellent ? Blond:ish , par exemple, essaient de faire des incursions dans la French Touch, mais c'est trop clean, trop lisse. JamieXX, j'écoute aussi, mais c'est trop propre. Faut que ce soit crade. C'est un truc auquel je réfléchissais pour soigner mes réseaux, puisque c'est très important. Et je ne suis vraiment pas comme tout le monde "aujourd'hui, 97% ça passe par les réseaux, ce n'est plus la musique. Ouh là là !" Non, non, c'est important d'avoir de la bonne musique et d'avoir des bons réseaux. Et en fait, l'autre fois, je me suis retrouvé à écouter et à faire des mouvements. Et je pense que c'est ce que je vais faire. Je vais me filmer en train d'écouter ce que je kiffe, parce que je ne vais pas parler sur les morceaux, tu vois.

  • DeusExMaschine

    Oui, mais il y a un truc qui marche bien aussi, c'est d'écouter les démos en live aussi, tu sais.

  • Fab G

    Oui, alors ça, on le fait avec Mercer et Aazar.

  • DeusExMaschine

    J'adore. En plus, ils ont été gentils avec moi, donc c'était parfait.

  • Fab G

    Oui mais c'est pareil...

  • DeusExMaschine

    Je pense que c'est cool tu vois, il n'y a pas beaucoup de labels... En fait je vais te dire un truc, il n'y a pas beaucoup de labels qui sont transparents sur cette partie A&R. Alors, il y a des organisations de journées, effectivement, démo drop etc. C'est très superficiel, les mecs sont en représentation. Il y a un truc sur ce côté tu vois, pousser le concept jusqu'au bout. De se dire les démos, je les écoute et je donne mon feedback, de manière transparente. Après, je ne sais pas si c'est une bonne idée.

  • Fab G

    Non mais c'est une bonne idée à partir du moment où tu ne te voiles pas la face. Je pense que ce que tu viens de dire, ça rejoint ce qu'on disait tout à l'heure sur les histoires d'A&R en label. Moi, faire des séances d'écoute avec Paul-Emile et Jean-Louis ou Pollux parce qu'il est employé de chez Universal. Ou il travaille pour le groupe Warner... En fait, c'est... C'est faussé. Parce que les 2500 balles que tu prends par mois, même s'il y a un pet sur le disque, c'est extraordinaire. Jean-Louis, ce que tu as signé là, eh, bon ben, carton. Tu ne sais même pas, tu n'en sais rien. Et en fait, je pense qu'on va rentrer, tu vois, je suis en train de monter en puissance, je pense qu'on va rentrer dans une ère, en fait, si tu veux, où il faut arrêter de mentir. J'avais vu un film extraordinaire de Gervais, là, où justement, le mec ne mentait pas. Et je trouve ça extraordinaire. Tu reçois une démo, tu dis que c'est de la merde.

  • DeusExMaschine

    Et parce que ! C'est de la merde parce que ! Quand tu es sympa, tu expliques.

  • Fab G

    C'est de la merde parce que ce n'est pas ça, ou ce n'est pas bien, ou... J'aimerais tellement qu'on passe à ce cap-là, où personne ne perd de temps. Tu arrêtes d'espérer. Tu arrêtes de te voiler la face. Tu arrêtes de croire que tu travailles t'es DA parce que tu travailles chez Universal. Non, tu as une fiche de paie. Et aujourd'hui, on a l'autorité pour le dire. Moi, je n'ai rien à prouver à personne. On a d'autres activités dans la musique, en dehors du label, sur des collectes de droits digitaux et tout, je peux te dire qu'on parle avec plein de labels, plein de gens, tous le même discours, tous la même façon de traiter les choses. Il y a un label en Afro House qui sort un disque toutes les semaines, on a signé un truc avec, pour un de nos artistes et comme j'ai expliqué à cet artiste, je dis, je n'ai aucune garantie que ce gars va... de résultat. Je pense qu'il a un devoir d'exécution, il sort toutes les semaines une release, mais une semaine c'est court pour travailler, pour promouvoir. Que ça rentre dans la tête. Peut-être même des gens qui ne savent pas produire, mais qui ont d'autres talents. Alors un ventriloque, tu vois, non, je ne sais pas, des talents où…

  • DeusExMaschine

    Non, peut-être pas non.

  • Fab G

    Où on récupère des… Encore une fois, et c'est un mot que j'utilise souvent, parce qu'il est fort, vampirisé. Je pense qu'en 2025, si tu continues à croire que d'aller travailler tous les jours, tu vas accomplir quelque chose. Tu ne le feras pas. Il faut du temps, il faut de l'expérience, il faut être entouré de gens. A l'époque, je ne suis pas du tout branché foot, mais tout le temps j'entendais « Il est bon, il pourrait jouer en Ligue 1, mais d'abord on va le faire passer dans les clubs de Ligue 2 pour qu'il apprenne un peu à jouer. » On en est là en fait. Que tu aies 40 ans, que tu te mettes à produire ou que tu aies 17 ans, que tu te mettes à produire, il y a un chemin à prendre. Il ne faut pas croire qu'Hugel, il en est là aujourd'hui... Ça fait 10 ans. Cet été, tout le monde a découvert nos copains avec le nuage, comment ils s'appellent, Keinemusik. Les mecs ont cru que les mecs étaient là depuis trois mois. Ils prennent 300 000 par date, ils ont des Audemars Piguet au bras, ils sont sponsorisés. Ça fait 15 ans, les gars. Ça fait 15 ans.

  • DeusExMaschine

    Comme Tony Romera, comme tous ces gens-là...

  • Fab G

    Tony Romera, ça fait plus de 10 ans que... Voilà, et là, il kiffe. On s'est parlé il y a deux, trois jours. Je lui ai proposé un truc pour nous, justement, pour Black Jack.

  • DeusExMaschine

    Oh, exclu, exclu !

  • Fab G

    Ouais, mais il m'a dit, Fab, je veux rester dans mon registre. Ça marche bien, là, en ce moment. On va faire plein de trucs ensemble. J'avais un concept avec Nico et eux deux. Et c'est très bien. Et je suis très content qu'il me réponde ça. Parce que bravo, je lui dis.

  • DeusExMaschine

    Il trace sa route. Ça y est, il a trouvé son truc. D'ailleurs, on aurait pu le citer aussi, Tony, parmi ceux qui…

  • Fab G

    Tony Romera, pour moi, c'est de la French Touch. Parce qu'il est français et qu'il a fait un set... Son dernier set que j'ai vu, c'était il y a presque deux ans. Il a fait un set Chicago, mec. Tu fermes les yeux. Tu ne sais pas si tu n'es pas à Chicago et si tu n'as pas un black derrière les platines qui est là en train de... Un tueur. Et puis encore un humain. Parce que je le dis, je suis un tournant où je n'ai vraiment pas... Et Nico, pareil, Mercer, on n'a vraiment pas envie de s'emmerder. On est avec des gens humains, tu vois ? Des gens cool...

  • DeusExMaschine

    Est-ce que ça serait le mot de la fin ? Humain avant tout. Merci Fabrice et à bientôt pour un nouvel épisode de French Touch Chronicles.

Chapters

  • Introduction à la French Touch et Daft Punk

    00:01

  • L'explosion de la scène house française

    00:07

  • Présentation de Fab G et Black Jack Records

    00:12

  • Fab G : parcours personnel et musical

    01:06

  • Découverte de la house et premières soirées

    03:26

  • Les débuts de Black Jack et les collaborations

    06:15

  • La création et la philosophie de Black Jack

    12:00

  • Expériences avec Sébastien Léger et autres artistes

    17:38

  • L'avenir de la French Touch et nouveaux artistes

    29:13

  • Conclusion et réflexions sur la musique électronique

    49:19

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Description

Savez-vous qui a réellement façonné la scène House française dans les années 90 ? Dans cet épisode captivant de French Touch Chronicles, DeusExMaschine, producteur et DJ, reçoit Fab G, le fondateur de Black Jack Records, un acteur incontournable de la French Touch.


Fab G nous plonge dans son parcours fascinant, débutant à 16 ans dans un univers où la House était encore méconnue en France. Sa passion pour la musique électronique et son désir de partager cette culture avec le monde entier l'ont conduit à devenir un véritable pionnier.

Au fil de cette conversation enrichissante, Fab G évoque ses premières soirées, son amour inconditionnel pour la House et son rôle de pont entre les scènes musicales française et américaine. Comment a-t-il réussi à amener des artistes américains en France ? Quels défis a-t-il dû surmonter pour faire connaître la French Touch à l'international ? Ces questions trouvent réponse dans un échange authentique et inspirant.


Les débuts de la French Touch, l'importance de la collaboration entre artistes, et l'évolution de la musique électronique sont autant de sujets abordés avec passion. Fab G partage également ses expériences avec des légendes telles que Daft Punk, Paul Johnson et Sébastien Léger, des rencontres qui ont marqué sa carrière et enrichi son approche du management et de la production musicale.


Dans cet épisode de French Touch Chronicles, vous découvrirez comment Fab G a su tirer parti de son réseau pour propulser des talents et faire vibrer une culture musicale qui continue d'influencer le monde entier. L'impact de la French Touch sur la scène musicale mondiale est indéniable, et Fab G, avec son enthousiasme contagieux, nous rappelle l'importance de préserver cette richesse culturelle.


Ne manquez pas cet épisode où la passion pour la musique, l'innovation et la créativité se rencontrent, et laissez-vous inspirer par le désir de Fab G de continuer à faire résonner la French Touch à travers le globe. Écoutez maintenant French Touch Chronicles et plongez dans l'univers fascinant de la musique électronique !


Pour suivre DeusExMaschine sur Instagam : https://www.instagram.com/deusexmaschine/


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • DeusExMaschine

    En 1996, Daft Punk plaçait la France sur la carte mondiale de la musique électronique, avec la bombe Da Funk. Dans leur sillage, la scène house française explose au niveau mondial. C'est l'ère de la French Touch. Je suis DeusExMaschine, producteur et DJ de French House, mais surtout énorme fan de ce mouvement musical que je suis depuis ses débuts. Dans ce podcast, je vous propose de rencontrer des artistes phares de la French Touch et d'explorer avec eux leurs discographies et leurs anecdotes. Aujourd'hui, j'ai le plaisir de recevoir Fab G. fondateur du mythique label Black Jack Records, un des seuls labels French House encore en activité. Black Jack, c'est par exemple d'énormes bangers comme... Ou encore... Mais aussi... Bonjour ! Salut, ça va, tu vas bien ?

  • Fab G

    Salut et toi, ça va ?

  • DeusExMaschine

    Bien, je suis hyper content de t'avoir dans le podcast, Fabrice. Je vais te proposer, si tu veux bien, alors je sais que tu as plein d'activités, tu as une carrière longue maintenant, est-ce que tu voudrais bien présenter un peu qui tu es, tes activités, d'où tu viens, etc. ?

  • Fab G

    Alors, qui je suis ? Je suis Fabrice, je suis né à Paris, il y a quelques années déjà. J'ai commencé mes premières soirées, je devais avoir 16 ans en fait, par passion de la musique électronique, de la house. Et bien sûr, à l'époque, je parle de ça, c'était en début 90, il n'y avait absolument pas de médias, absolument pas de relais pour écouter de la musique électronique, à part dans certains magasins de disques, particulièrement à l'étranger. Il n'y avait pas cette culture qui était encore arrivée en France. Donc j'ai commencé à faire des événements. J'ai toujours baigné un petit peu dans la restauration, l'hospitality, par rapport à mon père qui avait des hôtels et qui travaillait dans des grands hôtels. Donc j'ai toujours eu cette culture du contact avec les gens, un esprit festif et j'ai toujours aimé créer. Donc je me suis retrouvé à monter ces grosses soirées et par définition à faire des line-up qui me faisaient plaisir puisque je pense que même si j'ai souvent entendu qu'un entrepreneur ne devait pas se faire plaisir et faire d'abord plaisir à ses clients, o n a tous commencé par là, on fait tous quelque chose qui nous plaît au départ. Et après, pour certains, ça devient un métier alimentaire et d'autres, une passion. Moi, j'ai réussi à allier tout ça et à conserver cette dynamique sur les soirées en créant des établissements de nuit ou en créant des marques de soirée ou tout simplement en faisant du management. En fait, avant nous, il n'y avait personne en 90. Je vois souvent des gars qui me disent « le DJ, il a 50 ans » . Oui, mais avant, il n'y a personne. Réellement, on est des OG, on aime surtout ce qu'on fait, on est toujours là, on défend toujours ce mouvement house, French touch, puisqu'on doit faire des catégories aujourd'hui. On va en parler, je pense, on va un petit peu disputer de l'évolution de cette musique au fil des années. Mais voilà, mon cursus, ce n'est pas du tout de diplôme, quitter l'école à 15 ans par dérogation préfectorale. Et qu'est-ce que je fais ? Serveur, pizzaïole et le week-end organisateur de soirée.

  • DeusExMaschine

    Comment tu as découvert la house Fabrice ?

  • Fab G

    Avec la drogue, non je déconne. J'ai découvert ça... Je pense que si tu veux, ça arrivait à un moment où j'avais 16 ans, on est tous un peu rebelles à 16 ans et en fait j'écoute cette musique et des copains où je vais à Londres avec des potes à moi à 16 ans, on est vachement mûrs à l'époque et puis on est dans des supermarchés, il y a de la house, c'est juste fou. On est dans la rue, on voit des mecs habillés hyper branchés, qui écoutent de la house et tout, et on va dans les magasins de disques, il y a de la house, il y a des morceaux comme Soul to Soul, des trucs comme ça, on se dit, c'est quoi ? Et on est attiré, on se renseigne, c'est le début de plein de classiques de la house, de la dance, puisque c'était plus ou moins de la dance à l'époque, et voilà, un gros kiff. Et après, de fil en aiguille, en faisant des soirées, on apprend un peu plus que la culture vient de Chicago. Alors tu essaies de comprendre qu'est-ce qui se passe à Chicago, tu commences à acheter des vinyles, tu achètes des vinyles, il y a des numéros de téléphone dessus et tu appelles, tout simplement. Je reçois un truc, je vois Paul Johnson, je vois un numéro à Chicago, je l'appelle le gars et le gars me répond. « Oui, bonjour. » Tu sais, un truc, « Qui êtes-vous ? » « Salut, je m'appelle Fabrice, je fais des soirées. » « Ah, salut Fabrice. Mais t'es où en France ? » « Ah, je ne suis jamais venu. » Et là, on me dit « Mais tu veux venir ? » « Ben ouais. » mais on ne sait même pas comment on fait pour faire venir un gars des États-Unis. Il faut un billet ? il faut un visa ? C'est 1200 francs à l'époque, le billet. Donc, tu prends des sous à tes parents et tu fais venir Paul Johnson, par exemple. C'était devenu ma marque de fabrique. Toutes mes soirées avaient des artistes étrangers et des line-ups de fous furieux. Les gars à Montpellier faisaient DJ Aladdin, Stefanovitch et Pollux. Et nous, on faisait ces gars-là aussi parce qu'en fait, il y avait très peu d'artistes. Et après, bien sûr, quand tu fais venir Paul Johnson, il en parle à Stacy Kidd. Quand il en parle à Stacy Kidd, il en parle à Glenn Underground, il en parle à Robert Armani. Et là, tu as tout le monde qui t'appelle. Et je deviens le bridge, en plus des Daft Punk qui avaient déjà commencé à balancer qu'ils étaient fous de Chicago. Et en fait, je suis l'ambassadeur français qui va aux États-Unis avec des dollars en poche et qui achète des masters. Et qui leur dit, les gars, voilà, moi, je veux monter un label, je veux défendre votre musique. Je pense que la French Touch est en train de vous piller. Mais travaillons ensemble, puisque nous, on vous apporte un vrai son, une vraie identité supplémentaire, et on vous kiffe, et on est avec vous. Et c'est ce qui s'est passé. Les gars... Bon, Paul, c'est une histoire qui a duré presque 20 ans, un véritable ami. Et donc, on a développé tout ça avec le fil des années, des amitiés, des relations, des gars qui ne sont plus là, des gars qui sont toujours là. Une fois, j'ai vu Felix Da Housecat. Au Brésil, on s'est sauté dans les bras. Non, non, ça me touche vraiment à chaque fois d'en parler, mais c'est vraiment important. C'était la base de notre relation. Ces gars, aujourd'hui, sont un peu en galère, comme toujours. C'est culturel, c'est les États-Unis, c'est différent de chez nous. Mais l'histoire vient de ces gens-là qui m'ont mis le pied à l'étrier parce que j'ai senti qu'il y avait quelque chose qui se passait et on n'a pas lâché.

  • DeusExMaschine

    Et quand tu as débarqué, petit Français, j'ai envie de dire, si tu me pardonnes, à Chicago... Je ne sais pas, ça a dû être un choc énorme, j'imagine. C'est quand même une ville particulière, Chicago, surtout à l'époque.

  • Fab G

    Je me rappelle être parti, et j'appelle Paul et je lui dis « je viens ». « T'habite où » il me dit « South Side » . Et moi je dis « ouais frère, moi South Side, j'ai le morceau de Dave Clarke en tête qui tourne, il avait sorti une bombe atomique » . Je dis « ouais, ça doit être trop cool » . Et j'arrive, et j'ai aucun taxi qui veut m'amener à Southside. Je suis tout seul à l'aéroport. Je dis à Paul, personne ne veut m'amener dans ton quartier, c'est quoi le délire ? Il me dit « t'inquiète pas, tu vas trouver » . Je trouve en effet un taxi, ce qui devait être un cracker, ce qui m'amène au bout d'une heure et quart à South Side, un hôtel quelconque planté. Je suis réveillé en jet lag et je suis réveillé à 4h du mat' par un espèce de train qui passe, comme dans les films. J'ouvre la fenêtre, je vois un train, je vois tout. Je dis tiens, je vais me balader. Mais un blanc de 20 ans dans Chicago, Southside, les mecs, je passe, ils m'ont regardé, mais ils se disent mais qu'est-ce qu'il fait là lui ? Moi je dis salut, ça va ? Hello ! J'ai revu un film avec Will Ferrell où justement le mec il se prend pour un black, il se balade et c'était exactement ça. C'était mes potes, les mecs qui m'ont regardé et je vais rejoindre Paul chez lui à 10h. Il me dit « mais t'es fou toi, t'as traversé le quartier pour venir me voir ? » Je lui dis oui ils sont tous sympas dans le jardin, ils m'ont tous fait coucou. Il me dit mais t'es un fou quoi. Et je suis resté avec eux donc je parle d'une époque où le gars c'était un fou quoi, il faisait des morceaux comme ça, on passait nos journées ensemble, on allait dans le mall. Il y avait que ça à faire avec eux. Mais genre, à 11h, on te dit, on va au mall. Et tu vas à 17h, tu vois. L'autre qui arrive, qui débarque. « My brother ! » Ils avaient acheté un petit crocodile. Deux mois après, quand je suis retourné le voir, le crocodile était comme ça. Mais des films ambulants. On s'est fait arrêter. Je crois que je t'avais raconté cette histoire. On part tous à Chicago en ville. Je dis, bon allez les gars, on sortait un peu du quartier. C'était sympa, mais bon, on était tous en train de fumer de la weed, des crocodiles et tout. Ça me faisait quand même… J'étais un peu en décalage horaire en plus. Je prenais un choc émotionnel et je dis « Venez, on va en ville » . Deuxième choc émotionnel, on débarque en ville, il y a Stacy Kidd, Paul Johnson en chaise roulante, je crois qu'il y a Glenn Underground avec nous, on est 4-5 blacks et moi avec eux en ville. Et d'un coup, il y a une voiture qui passe, civile et tout, qui ralentit, qui nous regarde comme ça, qui fait marche arrière. Deux mecs qui descendent en cravate, qui me plaquent au sol, main dans le dos, « You are under investigation, FBI » . Tout le monde choqué et mes potes les blacks, « Oh, oh, oh, bro, bro, bro, bro ! » Comme ça, sur le côté. Moi, par terre, en train de manger le bitume et en train de leur dire, je faisais un peu le mariole, « Ouais, je suis là, c'est moi qui paye les études de vos enfants, je suis en vacances, qu'est-ce que tu fais ? » « Shut the fuck up, you're under investigation, FBI ! » Je me dis « Putain, mais qu'est-ce que j'ai fait ? » Je me suis pris pour un terroriste. Hop, il me libère et tout. Et on va manger, mais choqué, tu vois. On va manger à TGI Fridays, je me rappelle toujours. Et avec Paul, toute la bande, c'est rigolo. Et Paul, il se lève de table, il part aux toilettes sur sa chaise roulante, il marche et il croise le flic qui mange dans le même restaurant que nous. Il dit, mais attendez, qu'est-ce que vous avez fait tout à l'heure les gars ? C'était calmé là. Le gars dit, attendez, on a vu un blanc avec cinq blacks dans le centre-ville de Chicago, vous êtes des dealers, lui c'est le chef de la bande. Non mais un film. Donc oui, le choc de culture, il est là, c'est que... Quand je les ai tous fait venir aussi, c'était très drôle. Ils sont allés parler à Aix-en-Provence, parce qu'on était basé à Aix-en-Provence avec le label. Ils sont venus, trop contents. On les récupère. Mais j'ai plein d'histoires qui me viennent en tête. On les récupère. Premier black qu'il voit dans Aix, il va lui parler en anglais, le mec. Je dis à Paul Johnson, je lui dis, il ne parle pas anglais, mais il est black et tout. Je lui dis, oui, mais c'est un antillais peut-être ou un africain. Il n'y a pas que des blacks américains. Et si tu veux, c'est là où tu comprends que pour eux, le monde s'arrête aux États-Unis. Nous, on est français et que pour eux, c'était extraordinaire de...

  • DeusExMaschine

    Et c'était une de leurs premières sorties en dehors du territoire quand ils sont venus te voir ?

  • Fab G

    En fait, à mon palmarès, si on peut dire, j'ai fait venir Armand Van Helden pour la première fois en Europe. Paul Johnson, la plupart des mecs de Chicago n'étaient jamais venus en Europe. C'est vraiment ce que nous, on connaît des quartiers français où c'est un peu le bordel dans leur organisation, dans leur tête, mais c'est ce qui fait aussi le charme et la beauté de l'artiste. C'est exactement ça, une désorganisation. Par contre, je le dis, je le répète, ce qu'a fait Paul Johnson, jamais de ma vie je peux le faire. C'est-à-dire en chaise roulante, prendre un vol tous les vendredis pour venir en Europe, mais incroyable. Une passion... Je peux vous assurer qu'il a raté des dates, ça lui est arrivé comme c'est arrivé à d'autres, mais c'était toujours pour une raison médicale ou jamais, en fait, jamais il a planté. Jamais il a dit je ne veux pas le faire, je suis fatigué.

  • DeusExMaschine

    Ils sont pros les gars.

  • Fab G

    Passionnés. Et je veux dire, nous on est 100% mobile, lui en plus c'était galère. Je te rappelle qu'à l'époque on avait des flycasses de 15 et 25 kilos. Déjà le flycasse en lui-même c'était 6 ou 7 kilos le truc. Je ne sais pas pourquoi, on était fous, on adorait avoir cette boîte en fer là, qui était rempli de vinyles, alors que tu jouais toujours les mêmes. Et c'était vraiment... Il faut vraiment se remettre en arrière et dire qu'il n'y avait pas les réseaux sociaux, il n'y avait pas le téléphone. On galérait. Donc c'était à chaque fois une aventure. Et c'est ça qui était génial.

  • DeusExMaschine

    Tu as parlé un petit peu de ton label. Je voudrais qu'on revienne là-dessus. Qu'est-ce qui t'a poussé à créer, d'ailleurs pas qu'un, mais plusieurs labels ?

  • Fab G

    L'environnement, en fait. En faisant des soirées, en faisant venir ces mecs, en étant le premier à faire Daft Punk. En mettant Daft Punk avec Cut Killer sur le même line-up avec Paul Johnson. Je parle à Cut Killer aujourd'hui, il te reparle encore de cette soirée de 1992 sur le circuit de Castellet qui était folle, une espèce de plateau en étoile, Hard Techno Techno, House, Hip Hop avec Cut Killer, Zdar, des plateaux vraiment intéressants et tous ces mecs-là étaient là pourquoi tu ne signes pas Paul ? Oui, on est potes, je le fais en booking. Personne ne booke de mec de Chicago parce qu'entre guillemets, c'est notre stamp, notre marque de fabrique. Mais derrière, Black Jack pour moi, c'est un truc French Touch. Je suis proche des Daft. Je suis tous les jours à Paris avec eux, chez Roulé, avec Guy Man. Ils ont leur label. Pour moi, je fais Blackjack.

  • DeusExMaschine

    Pourquoi le nom Black Jack d'ailleurs, puisque tu parlais des Daft juste avant ? Je crois qu'il y a une anecdote là-dessus.

  • Fab G

    Parce qu'on est influencé. Ceux qui me connaissent savent que je ne suis vraiment pas influençable. Pour moi, les meilleurs ambassadeurs de la musique française, c'est les Daft Punk. Pour moi, la French Touch, c'est Daft Punk. Stop, en fait. Donc, certains vont dire, ouais, il a fait Roulé, t'as fait Black Jack, Roulé, roulette, Black Jack. Bah oui,oui.

  • DeusExMaschine

    Donc, oui, c'est des gens que tu voyais beaucoup. Tout ça, c'est une scène qui était quand même assez petite, j'imagine, à l'époque.

  • Fab G

    Déjà, en fait, la première scène de toutes les scènes de DJ, c'est qu'il y avait cinq DJ dans le monde. C'est-à-dire que... toi en tant qu'organisateur, tu appelais l'autre organisateur, on était cinq en France, ça va Jérôme, oui et toi, dis-moi tu fais quoi le 14 juillet, je ne fais rien, par contre j'en fais une le 7, ah ben je viendrai faire la promo de la mienne le 7 parce que j'en fais une le 14. Tu vois, c'était ça. Donc après, tu bookais Jack de Marseille, un des seuls mecs qui tournait dans le monde et tu bookais Daft Punk parce qu'ils commençaient à mixer et tout le monde disait, c'est quoi ces mecs, ils ne savent pas mixer parce qu'alors, attention, c'était un art de mixer, il ne fallait surtout pas décaler. C'était vraiment, on était dans un extrémisme, parce que comme tu disais, c'était une niche. Et les gars, on les a faits plusieurs fois. Tout est venu naturellement, en fait. Il n'y a pas eu de calcul. Tiens, je vais faire ça pour ramener ça. On n'était pas du tout dans ce côté entrepreneur. Il faut savoir qu'à chaque soirée qu'on faisait, on finissait en garde à vue. Donc, sincèrement, c'était fun pour les autres. Mais bon, moi, j'aimais créer le truc, j'aimais créer le concept. Et donc, c'est venu naturellement de faire le label de French Touch, de signer Superfunk, le premier morceau de Superfunk avant le gros carton qu'ils ont fait avec Lucky Star. Alors, si vous regardez un petit peu notre catalogue, on a beaucoup d'artistes importants qui ont explosé après être chez nous. C'est bien, c'est pas bien. Moi, ça ne me dérange pas d'être un incubateur. Ça ne me dérange pas que les gars explosent ailleurs parce que, comme je l'ai dit dans un post récemment... Je suis vraiment très content que tout le monde puisse avoir du succès en French Touch. Et surtout, tout le monde me renvoie la balle. Les gens sont quand même... Ils se rappellent. Ouais ! Alors bon, il y a un cœur qui bat là quand même. Bien sûr.

  • DeusExMaschine

    Tu sais que j'ai une grosse collection de vinyles de l'époque. Donc j'ai pris quelques petits vinyles, parce que évidemment que j'ai du Black Jack, tu t'en doutes. J'ai pris quelques petits vinyles pour te poser des questions sur les époques. Là, j'ai un Sébastien Léger typiquement. C'est quoi l'histoire de Sébastien Léger ? Comment vous vous êtes connus ? Qu'est-ce que vous avez fait ensemble ? Je crois que ça a été une sacrée aventure.

  • Fab G

    Alors oui, et c'est surtout une aventure humaine qui a très très bien commencé, puisqu'en fait, je crois qu'on mange justement au Pied de Cochon à Paris, avec Guy Man, il n'y avait pas Thomas, avec GuY Man, Play Paul, Raw Man, du Buffalo Bunch donc. Bien sûr. Je ne sais plus qui est à table. Paul, il me dit, tiens, Guy Man m'a fait passer des démos. Il écoute pas, il n'a pas le temps. Il y a des trucs pour toi, vas-y. J'ai écouté, ça peut être bien. Et j'ai dans ces démos un CD blanc, je me rappelle, écrit Sébastien Léger. Je rentre à Aix, deux jours après, je revois le rituel. J'ouvre la porte de mon appartement, j'avais un duplex. J'avais une petite chaîne Panasonic, je mets le CD, je monte, je fais couler la douche. Et arrive Tonight. Je dis, c'est bien ça. Et je l'appelle. Je dis, ouais, salut, ça va ? Je lui dis, Guy Man m'a fait passer les démos. Alors, il croyait que je l'appelais pour Crydamoure. Il était très content. Je lui dis, voilà, c'est pour Black Jack et tout. Super, parlons-en et tout. Et je dis, je reviens à Paris. On se voit dans un magasin de disques et Sébastien est d'une timidité maladive. Il baisse les yeux, il ne me regarde pas. Je lui dis, attends, Seb, tu es un artiste, explique-moi un peu ce que... Et là, je rentre dans son univers. Je vais chez lui, je rencontre son papa. Je vois comment il travaille et tout. Je vois ses capacités. Et je vois que le mec a faim. Et je lui dis, viens, viens à Aix. Je lui dis, comment ça ? Je lui dis, bon, t'es chez papa, maman, t'as 18 ans. Viens, viens, moi, tu prends ton petit appartement, on va t'aider, on est en face. Et le mec s'installe littéralement en face de chez moi. Le palier d'en face. Donc, on lui fait les rideaux, on lui fait des trucs avec ma femme. On le met bien parce qu'on a envie de travailler avec lui. Et moi, j'ai une MPC 3000, j'ai des samplers, mais... Je n'ai pas le savoir qu'il a, la rapidité d'exécution. Et c'est là que j'en viens à dire, on va pas être deux à produire sur Black Jack, tu sais tu n'as pas ce truc de DA. Et je lance l'administratif. Et Sébastien, il devient une machine de guerre, je suis son manager. On travaille, on développe plein de trucs. Il a cette identité French Touch. On s'éclate réellement, on fait des tournées ensemble. On fait des dates en Pologne, on fait des dates de partout. Ce truc était bien, on était un petit groupe de différents DJ French Touch, et il y avait vraiment ce délire de partir en Viano, d'aller en Suisse, de Marseille ou d'Aix, et de faire les dates ensemble, sans ce truc de tourneur qu'on connaissait d'avant, de mecs qui tournent ensemble, et c'était vraiment très très sympa, jusqu'à ce qu'il en ait marre de moi, jusqu'à ce qu'il en ait marre de la French Touch, et qu'il me dise « Fab, je ne suis plus à l'aise avec ça » . Je le comprends avec le recul, Je trouve que c'est dommage parce qu'il était en pleine ascension, mais il a eu aussi une très belle carrière, je crois, dans ce qu'il fait. Alors, je crois que c'est de la Melodic Techno. C'est une façon de dire que c'est de la Trance, ni plus ni moins. Pas pour Sébastien, mais pour ce style de musique, en fait, pour moi. C'est comme l'Afro House, pour moi, c'est de la house. Si tu veux, tous ces tiroirs catégories, je pense que c'est bien, mais il aurait peut-être pu le faire plus tard pour encore plus pouvoir profiter de ce qu'il a créé. Parce qu'il a marqué le temps, il a marqué le mouvement. Mais en s'arrêtant et en changeant, je ne suis pas sûr qu'il restera malheureusement comme un mec de la French Touch puisqu'il a pris une autre direction. Mais par contre, c'est un diable. C'est un tueur à gages.

  • DeusExMaschine

    Énorme producteur. J'ai plein de disques de lui. C'est un truc de malade. Alors, tu me disais un truc. C'est marrant parce qu'avant qu'on se parle, en fouillant dans mes disques, j'avais trouvé quand même un disque de toi. Un "Bust The Vibe". Et donc, tu as fait de la prod quand même.

  • Fab G

    Oui, justement, au départ, on travaillait ça. Il y a celui-là, il y a Zombie Stereo, il y a deux, trois trucs. Après, j'ai pris un autre pseudo qui s'appelle Eeediot. On s'amuse. Il n'y a pas de plan derrière. Je ne vais pas m'amuser à tourner, à faire le guignol en soirée. Quand je dis le guignol, ça ne veut pas dire que je ne considère pas le DJing. Au contraire, c'est juste qu'à un moment donné, à quel moment vous croyez les gars, qu'au bout de 15 ans, à pousser des disques et à faire des bras en l'air, ça va changer quelque chose. Quel est votre plus-value ? Donc, c'est bon, oubliez les masques, Daft Punk l'ont fait, d'autres aussi. Je ne vous dis pas de vous mettre deux ailes dans le dos comme Bob Sinclar en 92, mais quel est votre plus-value aujourd'hui aux platines ? Qu'est-ce que vous apportez ? Alors, moi, je suis pour un show permanent, que ce soit quand tu vas manger, quand tu vas au resto, quand tu vas au cinéma, quand tu vas en soirée. En fait, c'est de l'entertainment. Et aujourd'hui, on se fait chier. Moi, je suis désolé. Il y a très peu de soirées où j'ai envie d'aller, par rapport peut-être à ma façon de vivre aujourd'hui, de voir les choses. Mais si tu veux, je ne sens même pas d'effervescence. C'est une espèce de routine de poster des soirées. Ouais, super, "sold out".

  • DeusExMaschine

    Mais tu as vu la différence qui a été faite par Guetta il n'y a pas longtemps, qui disait qu'il y a deux métiers quelque part et que ce n'est pas les mêmes. Tu as le DJing et tu as l'entertainment. J'ai trouvé que c'était hyper vrai. Surtout quand on connaît Guetta depuis 30 ans et plus, comme on peut le connaître, et de l'avoir vu démarrer. C'est vrai qu'il ne fait plus le même métier qu'il faisait à l'époque quasiment. Et puis, il y avait Bob Sinclar aussi qui, effectivement, avait poussé son coup de gueule sur tous les gars qui étaient avec leur téléphone dans les soirées et qui dançaient pas. Et ça, c'est vrai que c'est... Enfin, nous, ça nous paraît complètement dingue.

  • Fab G

    Après, là, tu viens de parler de gens dont je suis proche et que j'aime particulièrement. Bob Sinclar, on a une histoire très spéciale parce que ça fait vraiment... Je pense que c'est le gars que je connais depuis... Avec Guetta, c'est ceux que je connais depuis le début. Alors, David, c'est tellement une superstar qu'on ne s'appelle pas tous les jours. On se croise et on se respecte. Je l'ai vu au Brésil justement, on a fait un truc, il m'a fait monter sur stage et tout, vraiment. Le mec est toujours le même, ça me fait chier quand j'entends des trucs.

  • DeusExMaschine

    Ah mais moi le bashing me rend dingue, pour l'avoir vu, enfin je le voyais mixer, j'avais 18 ans si tu veux, à Saint-Tropez et c'était incroyable.

  • Fab G

    Il est là, tu vois, moi j'avais 16 ans, il venait mixer dans un club qui s'appelle le Rive Droite à Sanary, c'est un ami à moi qui avait le club. Donc de temps en temps je travaillais au bar et tout, même si j'étais très jeune, je leur faisais des soirées. Il m'a retourné le cerveau. Je l'ai vu faire des trucs à la con à l'époque. Alors, certains vont toujours le traiter d'opportuniste, mais c'est un vrai passionné. C'est un vrai mec gentil. Alors aujourd'hui, de toute façon, il est à un niveau où il se fait un kiff. On parlait de Kiko tout à l'heure. Il se fait un kiff. Il travaille avec Kiko, qu'il connaît depuis très longtemps aussi. Kiko, qui est le numéro 2 sur Black Jack, qui est un pote aussi. Voilà, tu vois. Et Bob Sinclar, je l'ai appelé il y a deux jours, on discute pour un projet dont je crois que tu es au courant. Et voilà, donc si tu veux, c'est… Moi, j'ai envie que ces mecs, ils viennent avec nous, mais qu'il n'y ait pas ce délire de stream, de ci, de visiblitéi. Un mec comme Bob Sinclar, il s'en fout. Un mec comme David, il calcule beaucoup parce qu'en fait, c'est une machine, c'est une marque, il vit aux États-Unis, donc il a cette dynamique derrière. C'est le… Trump de la musique électronique. Il dynamise et il entraîne les gens. C'est ça qu'il faut dire. Ce qui est important de comprendre dans tout ça, c'est qu'à la limite, Chris, il travaille pour lui, pour le label, il signe des gens. David est très ouvert sur les collaborations. Il a besoin de sang neuf.

  • DeusExMaschine

    Ouais, alors bon, il y a ça. Ou alors, il a toujours aimé être à l'avant-garde aussi.

  • Fab G

    Oui,oui. Alors, tu parles de ça. Moi, j'ai connu Sidney avec qui il a fait son premier morceau parce que c'était un gars que j'aimais par rapport au hip-hop parce que je viens du hip-hop, avant la house aussi tu vois, on aurait peut-être dû commencer par ça, aussi j'ai presque envie de te dire j'ai connu Guetta par rapport à Sydney donc ça marche tu vois.

  • DeusExMaschine

    Et tu le disais d'ailleurs et c'est important de le dire pour nos auditeurs parce qu'on a, enfin tout le monde a eu un peu ce cheminement du hip-hop à house avec une forme d'accélération des tempos mais de méthodes de production qui étaient quand même très proches. Tu parlais de ta MPC 3000 tout à l'heure, la mienne est à côté. Là j'ai ma SP 1200 qui est derrière mais qui marche évidemment pas, parce que elle marche deux mois dans l'année. Elle passe tout le reste en réparation. Mais en fait, ce son-là, le son que tout le monde appelle French Touch, il vient quand même de méthodes de prod et de matériel qui viennent de l'époque hip-hop. Moi, je suis capable de reconnaître une SP-1200 sur une prod de hip-hop. Le grain et tout, on a grandi avec ça. C'est très important de rappeler aussi que les racines de la house sont vraiment, vraiment nées dans le hip-hop. Et toi, je sais que tu es un passionné de hip-hop. Et tu as eu ce cheminement qu'ont eu plein de gens. Bob Sinclair l'expliquait il n'y a pas longtemps. Enfin, j'ai envie de dire quasiment tout le monde est passé dans notre génération, dans cette évolution. Toi, le hip-hop, c'est quelque chose qui a... Tu as fait un mouvement de passer du hip-hop à la house ou tu as toujours bien aimé les deux et tu écoutes toujours les deux ?

  • Fab G

    J'écoute toujours du hip-hop. En plus, j'ai mon fils qui m'aide dans les playlists. Mais bon, je ne suis plus du tout en France. Donc, en étant à trois heures des États-Unis aussi, je suis influencé. Mais surtout, tu vois, je pense que toute la base de la musique aujourd'hui, elle est électronique. L'autre fois, je parlais, Maluma qui a touché 100 millions de dollars d'options pour ses albums, c'est de la musique électronique, que ce soit du reggaeton ou pas. C'est pour ça que tout à l'heure je te disais que faire tous ces tiroirs... Mais c'est... je me rappelle un truc, on reparle du passé, mais je me rappelle avoir reçu des démos, mais vraiment il ya très longtemps et le gars... Alors à l'époque tu recevais un courrier, tu recevais une cassette par courrier, et moi je répondais à tout le monde. Moi tu sais j'étais vraiment, le truc il m'envoie un message je lui réponds. Et je dis ouais, non, ce n'est pas du tout notre style, c'est un peu trop progressif. Putain, le mec, il m'a envoyé une lettre, écoute-moi. Ouais, alors là, je ne sais pas. Je ne sais pas où tu vois de la progressive. C'est plutôt de la trance. Mais ferme-la, en fait, parce qu'à force de mettre des... En fait, c'est ce qui s'est passé. Ça a mis tellement de temps à percer la musique électronique. C'est parce que... Non, je fais ça, je fais ci.

  • DeusExMaschine

    C'est très vrai ce que tu dis. Alors, j'ai une anecdote, moi, d'un label que tu connais bien. Parce que quand je faisais de la prod sur Marseille, j'avais envoyé ma cassette à Obsession. Et donc, j'avais été les rencontrer dans leurs locaux et les mecs m'avaient dit non, c'est pas assez techno, c'est trop house et tout. Et c'est vrai qu'en tant que jeune artiste de vingtaine d'années, tu sors de là, tu as la tête à l'envers parce que tu écoutes les trucs qu'ils font, tu écoutes ta prod et tu ne vois pas en quoi c'est différent.

  • Fab G

    Je ne m'en rappelais plus, mais mon premier vrai morceau, vrai titre, c'était avec Tom Paris. Ça a été enregistré dans le studio de Mr. C des Shamen à Londres et c'est sorti à Marseille sur Obsession Music. Tu viens de m'en parler, je ne m'en rappelais même plus. Ça s'appelait The Architect. Le vrai... Le premier morceau que j'ai fait, c'est celui-ci avec Tom Paris. On est parti dans le studio. C'est quand même assez fou parce que Mr. C, les Shamen, je me retrouve là-bas avec Mr. C, avec Tom, qui est son pote. Et ce n'est pas mon monde. Et je sens que Tom me fait une passe. Il me dit, viens, j'ai envie que tu t'occupes de moi. J'ai envie que tu me fasses jouer dans tes soirées. Et on va à Londres. J'enregistre dans le studio des Shamen quand même. C'est énorme. Mais sur le coup, je ne suis pas à l'aise. Ce n'est pas mon monde. Moi, la techno, j'aime bien, si tu veux, mais à un moment donné, je ne suis pas dans un délire froid.

  • DeusExMaschine

    Pour ceux qui nous écoutent, Obsession, c'était vraiment le label techno à l'époque dans le coin.

  • Speaker #1

    Après, je ne sais pas du tout qui est devenu quoi.

  • DeusExMaschine

    Je vais enquêter, tu as raison, parce que je ne me rappelais plus du tout. Quand tu as parlé des... Je me suis dit, oui, c'est vrai, les cassettes et tout. J'avais vécu ça aussi, tout à fait.

  • Fab G

    Je note parce que je veux retrouver ce vinyle. C'est vrai qu'un gars qui m'a écrit il y a un an ou deux, il m'a dit, ouais, j'adore, j'aimerais le vinyle.

  • DeusExMaschine

    Excellent. Mais je vais creuser aussi de mon côté. Tiens, je vais le poster sur ma... Dès que tu l'as, tu me dis, on va le poster sur l'Instagram parce que ça, c'est mythique. Et d'ailleurs, je voulais te demander, Fabrice, tu continues à faire de la prod un petit peu ou tu n'as vraiment plus du tout le temps ?

  • Fab G

    Alors, tu sais que maintenant, Mercer, qui est mon ami, frérot et artiste avec qui je bosse depuis cinq ans maintenant, on a dépassé le cap de relation artiste-manager puisqu'on est associés sur des business, mais surtout... Il est passionné, donc il a repris la DA de Black Jack. Mercer est en mission. Donc, pour lui, pour se faire plaisir, pour onboard un maximum d'artistes. Et je trouve que c'est extraordinaire de faire ça. En fait, tu vois, on devient un peu plus sages. Et l'autre fois, on a bossé sur des trucs. Je lui ai renvoyé des samples que j'avais identifiés, des acapellas. On va peut-être bosser sur des trucs. Je veux qu'on bosse ensemble, mais c'est vrai que je ne suis plus du tout dans le... Ce sera lui l'executive producer et parce que non seulement c'est un tueur...

  • DeusExMaschine

    C'est un des plus grands producteurs de l'époque

  • Fab G

    Et c'est propre. Tu vois, on reçoit des démos, putain franchement les gars, enlevez vos moufles ! Non en fait, c'est pas aussi simple que ce que tout le monde croit. C'est pas aussi simple que, c'est un pote à lui, c'est pour ça qu'il sort les morceaux. Je vous explique, pote à moi ou pas pote à moi, ceux qui me connaissent... Je suis vraiment... Voilà, on se fait pas plaisir, on ne fait pas plaisir aux gens. On fait ce qu'on imagine important pour le mouvement, ce qu'on imagine important pour le label. Le label, regarde, il n'a plus de... 25, 26 ans.

  • DeusExMaschine

    J'ai envie de te dire, c'est le dernier label qui est encore en vie, de l'époque.

  • Fab G

    On a gardé la marque, si tu veux. Ce n'est pas la même structure derrière, parce que tu t'imagines qu'on est passés par des hauts et des bas. Encore une fois, par manque de gestion, de savoir-faire. Mais pour nous, c'est une vitrine. Et c'est important. La marque est toujours là le logo est toujours là la DA est toujours là enfin c'est hyper cool. Le logo a été copié mais par des millions de personnes de Bilabong en passant par... Tu vois si j'avais eu les sous pour attaquer ou quoi, ou si j'avais eu surtout cet état d'esprit parce que j'en ai rien à foutre, oui on a été on a été copiés, on est toujours là. Et surtout moi, je suis en mission. Comme je te le dis,, c'est de me faire plaisir de kiffer alors oui tu me le disais l'autre l'autre fois, on a beaucoup d'activités. Mais tous les jours, je mets mon casque et je m'isole une heure et j'écoute des trucs. Donc oui, on est passionnés, c'est important. On a une maturité qui nous donne une visibilité différente. Mais je veux plus travailler pour les années à venir sur le label avec des histoires de dates, mais d'immersion, arriver à mettre un petit peu plus de tech derrière aussi. Parce qu'en fait, aujourd'hui, on est complètement vintage avec Black Jack. mais si tu veux, tu regardes les réseaux, il n'y a pas de réseau poussé. Mais c'est quasiment pas volontaire, j'ai envie de te dire. On n'est pas dans ce truc d'influenceurs, etc. C'est-à-dire que ça doit être fait différemment. On va avoir des très grosses releases qui arrivent sur le label. Il y a de la stratégie derrière, d'évolution par rapport à la cible, etc. Pour moi, les prochaines années qui arrivent, ceux qui ont 50 ans, ceux qui ont 40 ans, ceux qui vont avoir 30 ans, si tu veux, et surtout les jeunes, tous les jeunes kiffent ce son-là. C'est impressionnant. Moi, il n'y a pas une personne qui me dit « C'est quoi cette musique de vieux ? » Ça reste quand même… Alors… Peut-être que la filiation parents-enfants a évolué, les enfants sont plus proches des parents, donc ça leur fait plaisir d'avoir des sons qu'ils ont déjà entendus, ça leur appelle quelque chose. Je ne sais pas, je ne suis pas le docteur Schweitzer, je ne vais pas te faire un truc sur le phénomène de société, mais tu sais, c'est bien la French Touch. Il y a du filtre, ce n'est pas prise de tête. Moi, je sais que ma femme, par exemple, déteste le Garage. Et moi, j'adore mettre un petit truc de Garage au milieu ou un petit bon son house. Elle déteste, tu vois. Mais par contre, si tu as une série de French Touch et que tu glisses ce truc-là, en fait, c'est un ensemble de choses. Et je pense que ce n'est pas fait pour les festivals, par exemple, la French Touch.

  • DeusExMaschine

    Oui, Complètement.

  • Fab G

    Parce que ce truc de jouer une heure et quart chronomètre, justement comme on disait avec David Guetta, où lui, il est obligé de faire ça parce qu'il a tout un show, toute est minuté. Non, moi, j'ai envie de faire des dates cet été, 300 personnes avec Mercer, avec toi, avec d'autres gars. Et que voilà, on représente le label et qu'on s'éclate. « Ah putain, tu l'as cette version ! » Tu vois, et c'est ça. Et on a parlé avec plein de gens, les Taylorhythm et tout, c'est vraiment des gens, par exemple, qui veulent, ce ne sont pas des producteurs, mais ce sont des gars qui ont envie de rendre hommage, tribute. Et c'est ça que je veux. Ce n'est pas qu'on rende hommage à Black Jack parce que j'ai fait des trucs il y a 25 ans. Je ne vis pas dans le passé. Mais je pense que cette marque, il faut la conserver. On l'a bien développée. Il y a encore plein de choses à faire. Il y a encore... plein d'investissements à faire. J'aimerais tellement avoir une petite team... En fait c'est con ce que je vais dire, mais j'aimerais presque le rendre communautaire ce label, c'est fou mais... Ouais bien sûr parce qu'aujourd'hui Nico il prend de son temps pour aider des gens, moi je prends de mon temps pour aider des gens. Attention, on ne sauve pas des vies ce n'est pas ça l'idée, c'est vraiment de dire moi je réponds à tout le monde. L'autre fois j'étais en train de répondre à un gars qui voulait qu'on travaille ensemble, je lui dis on n'a pas le temps mais si tu veux je te donne des conseils. Et un gars qui bosse avec moi me dit "tu ne lui en dis pas un peu trop ?" La recette du coca, tout le monde l'a aujourd'hui. Je lui dis ce que j'ai sur le cœur et l'axe que j'imagine qu'il devrait prendre. Après, il fait ce qu'il veut. Mais en tout cas, je pense qu'aujourd'hui, avec notre expérience, nos réseaux, on a assez de savoir, de background, comme dirait notre ami le serpent, pour imposer ce qu'on a envie. Et on se fait un kiff. Et je te le dis que depuis qu'on se fait un kiff, ça marche mieux. Donc, c'est génial.

  • DeusExMaschine

    Oui c'est clair. Et 2025, c'est le retour à ton avis ?

  • Fab G

    Je pense qu'il y a des cycles et je pense surtout que c'est très pauvre ce qui se passe aujourd'hui musicalement. On peut critiquer que BlackJjack, c'est de la musique au kilomètre, c'est des boucles, c'est facile à faire. Alors, je vous invite à le faire...

  • DeusExMaschine

    Ouais, c'est ça.

  • Fab G

    Mais surtout, c'est nul ce qu'il y a. Ce n'est pas méchant, mais qu'est-ce qui se passe ? Pour revenir au côté DJ, on a eu nos copains Ofenbach, on a eu Feder, on a eu Synapson, toute cette série de French guys. C'était de la French Touch indirectement, puisqu'ils sont français. Nos petits copains de Trinix aussi, que j'aime beaucoup humainement, et qui pour moi se bougent vraiment les fesses. Ils sont géniaux ces gamins. Ils savent où ils vont, comment ils y vont et avec qui ils y vont. C'est ça que je pense qui manque à tout le monde. C'est un cadre, une vision. C'est ce que Mercer essaie d'expliquer aux gars qui lui parlent. Il dit « Les gars... C'est génial, mais tu veux aller où ? » Nous, on sait où on va. On a des releases tous les 15 jours qui arrivent. On a des gens connus, des gens moins connus. On a des gens de notre catalogue. On va travailler le back catalogue aussi parce que je pense que c'est important, parce qu'il y a beaucoup de gens qui ne nous connaissent pas. Et ceux qu'on va rallier aujourd'hui, j'ai envie qu'ils trouvent notre catalogue autrement qu'en allant sur Discogs. Ça reste quand même assez confidentiel. Alors, on a la chance où... d'avoir eu certaines licences qui nous permettent d'avoir des titres sur d'autres labels, mais pas identifiés Black Jack. Parce que réellement, quand tu écoutes la musique, que ce soit du vinyle, du MP3, du stream, ou Black Jack, Defected ou Zoubida Music, les gens s'en fichent en fait. Ce qu'ils veulent, c'est kiffer. Et le support est important. En plus, si tu veux, par rapport à Chris Bob Sinclar, qui fait la promo de Yellow, oui ! Yellow, Motown, voilà. Bon, je ne considère pas Black Jack comme… Alors, même si on a chopé des mecs de la French Touch, même si j'ai eu la chance de rencontrer la team de Motown et tout ça, on n'est pas du tout dans ce délire-là. J'aimerais… passer ce cap-là. Mais si je passe le cap au niveau du label, on a une vision avec Nico qui est au niveau de nos ambitions. C'est-à-dire qu'on voudrait prendre un building, on voudrait faire un immeuble production, un étage management. Et ça carbure, tu vois. Mais il n'y a pas les ressources, il n'y a pas le financier. Voilà. Parce qu'aujourd'hui, des mecs comme Hugel le font très bien. Flo le fait très, très bien à son niveau, dans son style musical. Il a son label, il aide des gars, des copains de Marseille. Encore une fois, bravo les gars, respect. Il y a de la place. Mais il faut t'appeler Hugel, qui est passionné, qui en a crevé et craché pour en être où il en est aujourd'hui, mais qui renvoie la balle.

  • DeusExMaschine

    Tu penses à des groupes comme Grosso Modo, par exemple ?

  • Fab G

    Oui, alors Grosso Modo, c'est le meilleur exemple. C'est des bonbons, les gars. Merci d'aider ces gens-là. Merci. Parce que c'est des passionnés. Parce qu'aujourd'hui, leur cachet à deux, avec les frais et tout, ce n'est pas si excessif que ça. Mais voilà, en fait. C'est à vous, en tant qu'organisateur ou en tant que membre de la communauté, de choisir qui vous cautionnez. Parce que donner de l'importance à des trous du cul, excusez-moi le mot, mais là, en ce moment, il y a une grosse vague. Tu parles de ce qu'on a prévu. Nous, on a une grosse vague de mecs qui ont signé sur des majors et qui sont incapables de produire un disque et qui viennent nous voir.

  • DeusExMaschine

    Alors ça, c'est incroyable. C'est quoi cette histoire ? Vas-y, raconte.

  • Fab G

    Tout est lié. C'est-à-dire qu'encore une fois, sans vouloir faire le vieux crocodile, mais... Moi, quand j'allais chez Universal, j'allais voir Barclay, j'allais voir Philippe Lauiger, je veux dire Laugier parler à Fabrice. Il n'y avait pas Universal parle à Black Jack, tu vois. Là, aujourd'hui, tu as des DA qui sont dans des maisons de disques importantes, des sous-labels de Warner ou d'autres, qui signent des gars parce que les mecs sont sympas, parce que les mecs ramènent du monde dans leurs soirées. Donc, si j'avais dû faire à chaque fois un deal quand je ramenais du monde en soirée, écoute, je serais multimillionnaire. Mais c'est un ensemble de choses. En fait… Tout le monde a un costume trop grand. Il n'y a plus de DA. Tu es DA de label parce que tu es le copain de l'autre et tout. Mais qu'est-ce que tu as fait dans ta vie ? Qu'est-ce que tu as créé ? Qu'est-ce que tu as signé qui fait qu'aujourd'hui, tu peux dire « Ouais, je suis un DA » . Non, tu n'es pas un DA. Tu travailles chez Universal. Tu es secrétaire chez Universal. Et en fait, tu as signé Pollux. Pollux, c'est ton copain parce qu'il fait des soirées. Donc, tu es à Paris. Vous êtes tous derrière en mode boiler room avec les filles. Et puis surtout, si tu peux avoir un chapeau de cow-boy, ça fait mieux. Voilà.

  • DeusExMaschine

    Donc là, c'est des gens qui… produisent pas, c'est ça ? C'est des artistes...

  • Fab G

    Parce qu'ils ont signé avec, ou avec et ils ont touché et aujourd'hui, ils appellent tous mes artistes ou moi directement au secours. Des gens que vous connaissez très très bien qui ont fait des pubs il y a quelques années qui sont beaucoup...

  • DeusExMaschine

    Et qui du coup, cherchent des prods dans l'air du temps ou...

  • Fab G

    Des prods dans l'air du temps ou cherchent à revenir parce qu'en fait, si tu veux, je pense que c'est une maladie ça. Tu me disais, du coup, tu es un peu artiste, tu fais des trucs. J'ai une âme d'artiste pour le côté créatif, mais je n'ai pas du tout le profil émotionnel d'un artiste. C'est horrible ce que je vais te dire, mais aujourd'hui, Nico, Mercer, ils s'implique autant que moi dans le boulot, pour lui. C'est-à-dire que tu peux être son manager, tu peux être son ami, tu peux avoir la vision... Je veux dire, c'est inévitable que les gars bossent. Tous les gars dont je t'ai parlé, ils ont mon admiration, que ce soit Grosso Modo, que ce soit Hugel, parce que c'est des bosseurs.

  • DeusExMaschine

    Oui, c'est ça, complètement.

  • Speaker #0

    Et en fait, il n'y a pas de solution miracle. Si tu es là, "ce n'est pas bien. Ils m'aimaient il y a cinq ans, ils ne m'aiment plus". Qu'est-ce qui se passe ? Je vais pas bien dans ma tête. Pas en vacances. Va voir que tu prenais 35 000 balles pour mettre des disques. C'est quand même… Même un chirurgien ne les prend pas. Donc, refais un point sur ta vie. Ce que tu as gagné pendant cinq ans, pourquoi tu ne les gagnes plus ? En fait, tu n'apportes plus rien. Et c'est terrible. Alors après, c'est la décadence.

  • DeusExMaschine

    Mais ce n'est pas un peu dur de durer aujourd'hui ? Est-ce que ce n'est pas plus compliqué qu'à une époque où tu sortais tes vinyles, tu avais accès à des radios ?

  • Fab G

    Oui, sûrement. Mais encore une fois, et je ne veux pas que ça tourne autour de moi, mais moi, je m'en sors très bien, mec. Pourquoi j'ai vu ce qu'il allait se passer en France et que j'ai bougé ? Pourquoi ? C'est tout. C'est-à-dire qu'encore une fois, c'est peut-être notre rôle, producteur, organisateur. entrepreneur, d'être visionnaires, donc d'avoir par définition on voit les choses avant les autres. On voit la merde arriver avant les autres. Je me rappelle d'une époque, où je commence à être dans une galère mais monstre, financière et tout et puis tout le monde... mais merde. Et en fait ça m'a fait tilt, j'ai dit mais par définition je mange le caca avant les autres. Par définition, c'est normal je crée ce truc de demande par la suite pour les soirées, ou on crée des marques donc On anticipe tout ça. Quand on a anticipé avec Nico l'année dernière, l'été dernier, de sortir un disque par semaine...s

  • DeusExMaschine

    Oui, c'était super original, ça.

  • Fab G

    Alors que tout le monde... Non, attendez, 5 semaines minimum, les DSP, il faut que... Rihanna, elle sort un disque en un jour. Et toi, à mon niveau, je ne peux pas sortir un disque par semaine. Il faut une organisation. On l'a fait. On est content. On a marqué le temps. C'était voulu de faire ça pour passer à autre chose parce que Nico voulait sortir ses releases, ses tracks et après bosser sur des projets, plus ambitieux, que tu as vus. Où on a collaboré sur La Haine ou d'autres projets. Mais en fait, il faut un sens, il faut une feuille de route. C'est aussi simple que ça. C'est ta vie en fait, c'est ta vie professionnelle, c'est ta vie personnelle. Il faut un plan. Pourquoi ils ne sont pas renouvelés ces gens-là ? Parce qu'ils ont pris trop d'argent et que ce n'était sûrement pas justifié.

  • DeusExMaschine

    Je suis tout à fait d'accord. Dans les nouveaux, un peu de la French Touch 2.0, 3.0, il y a des artistes qui pour toi sont au-dessus du lot, vraiment... Il y a qui, qui te vient en tête si je te dis French Touch récente ?

  • Fab G

    Je ne peux pas te donner de nom parce qu'on est sur des signatures, mais il y a Nico qui va faire un mix sur FG, il y a pas mal d'exclus, il reprend sa résidence. Mais en fait c'est tellement vague, qui est French Touch aujourd'hui ? Qui par exemple, est-ce que Rivo c'est de la French Touch ?

  • DeusExMaschine

    Il y a quand même un son si j'ai envie de te dire. Disons plutôt dans la mouvanceauDisco House, filtré, etc. Est-ce qu'il y a des gens ? Je sais que j'aime beaucoup ce que fait Kungs depuis quelques temps sur son label. Est-ce qu'il y a des artistes qui... Pour nos auditeurs, est-ce qu'il y a des gens qui ne connaissent pas, qu'il faut qu'ils aillent écouter ? Ou est-ce que tu gardes le secret jusqu'à la sortie ?

  • Fab G

    C'est cool. Comme je te disais, on a vraiment mis une dynamique. On a signé pas mal de gens. Et je veux en laisser un peu en exclu. Mais je peux te répondre si tu me donnes des noms. Valentin Kungs, par exemple, c'est... Je vais dire la vérité sur Kungs. Moi, j'aime beaucoup ce mec. J'aime beaucoup Valentin. Il était à Aix, on s'est parlé, quand il était en train de signer avec Laugier chez Universal Barclay. Je l'ai suivi après quand il cherchait un manager et qu'il est parti travailler avec Martin Solveig et tout. Je pense qu'il se fait plaisir avec son label, si tu veux mon avis, parce que je le crois vraiment fan de ce type de son. Il s'est vraiment cherché. On a eu une discussion avec Martin Solveig là-dessus parce que j'ai eu un mix de Kungs et je lui ai dit que je n'aimais pas et j'ai failli me faire engueuler. Oui, parce qu'il se cherchait, si tu veux. Il se cherchait un peu. Tu ne savais pas s'il partait sur du Prydz. Ou s'il partait sur de l'Italo-Disco, il aime l'Italo-Disco. Moi, je suis fou d'Italo-Disco. Avec Kiko, on adore. Je pense que Kungs ne s'est pas révélé encore. Je pense que Kungs va exploser. Je pense qu'il le sait et que ça peut être un frein. Docteur Shweitzer...

  • DeusExMaschine

    Très bien. C'est hyper intéressant pour les artistes qui nous écoutent aussi.

  • Fab G

    Je pense sincèrement qu'il est libre là. Il est complètement libre. Sa vie amoureuse, tout, il est bien. C'est un peu le Pierre Ninet de la French Touch.

  • DeusExMaschine

    C'est bien dit, ça. Je suis d'accord.

  • Fab G

    Je le dis sincèrement. On kiffe tous. On kiffe tous Pierre Ninet, on kiffe tous Kungs. Il lui faut son Monte Cristo.

  • DeusExMaschine

    Oui, tout à fait. C'est super bien dit.

  • Fab G

    Merci. Tout ce que je vous dis, moi, c'est sincère. Ceux qui me connaissent...

  • DeusExMaschine

    , parce qu'on parle évidemment de lui. Alors, on a eu l'occasion d'en discuter. Mais c'est vrai que ce qu'il fait sur Club Azur, c'est... Avec toi, c'est un peu ceux... et bien sûr Mercer, etc. Vous êtes un peu ceux qui continuent à pousser le style musical.

  • Fab G

    On se connaît vraiment bien. Toutes les premières dates, on les a faites ensemble.

  • DeusExMaschine

    Qu'est-ce qui te devient dans ce style musical ? Est-ce qu'il y a d'autres artistes ? Hormis ceux que tu as signés, dont tu ne peux pas nous parler, ne rien discloser.

  • Fab G

    Je vais te décevoir là-dessus. Je n'ai rien en stock, mec. Je te jure, je vais regarder mon Spotify. Même mon Spotify. Il n'y a rien qui me vient, c'est fou.

  • DeusExMaschine

    Hormis ceux que tu as signés, rassure-moi.

  • Fab G

    Non, mais c'est vrai parce qu'on a signé des mecs en management, on a signé des mecs en prod, mais réellement, je te jure, il n'y a rien.

  • DeusExMaschine

    Donc, il y a de la place, en fait. C'est ce qu'on est en train de dire à nos auditeurs. C'est putain, les gars, allez, ouvrez votre ordi, rallumez vos samplers.

  • Fab G

    Envoyez des démos, n'ayez pas peur. Ça ne mord pas. Tu me dis qui, pour toi, est prometteur en French Touch. Tu vois, quand j'entends, comment elles s'appellent ? Blond:ish , par exemple, essaient de faire des incursions dans la French Touch, mais c'est trop clean, trop lisse. JamieXX, j'écoute aussi, mais c'est trop propre. Faut que ce soit crade. C'est un truc auquel je réfléchissais pour soigner mes réseaux, puisque c'est très important. Et je ne suis vraiment pas comme tout le monde "aujourd'hui, 97% ça passe par les réseaux, ce n'est plus la musique. Ouh là là !" Non, non, c'est important d'avoir de la bonne musique et d'avoir des bons réseaux. Et en fait, l'autre fois, je me suis retrouvé à écouter et à faire des mouvements. Et je pense que c'est ce que je vais faire. Je vais me filmer en train d'écouter ce que je kiffe, parce que je ne vais pas parler sur les morceaux, tu vois.

  • DeusExMaschine

    Oui, mais il y a un truc qui marche bien aussi, c'est d'écouter les démos en live aussi, tu sais.

  • Fab G

    Oui, alors ça, on le fait avec Mercer et Aazar.

  • DeusExMaschine

    J'adore. En plus, ils ont été gentils avec moi, donc c'était parfait.

  • Fab G

    Oui mais c'est pareil...

  • DeusExMaschine

    Je pense que c'est cool tu vois, il n'y a pas beaucoup de labels... En fait je vais te dire un truc, il n'y a pas beaucoup de labels qui sont transparents sur cette partie A&R. Alors, il y a des organisations de journées, effectivement, démo drop etc. C'est très superficiel, les mecs sont en représentation. Il y a un truc sur ce côté tu vois, pousser le concept jusqu'au bout. De se dire les démos, je les écoute et je donne mon feedback, de manière transparente. Après, je ne sais pas si c'est une bonne idée.

  • Fab G

    Non mais c'est une bonne idée à partir du moment où tu ne te voiles pas la face. Je pense que ce que tu viens de dire, ça rejoint ce qu'on disait tout à l'heure sur les histoires d'A&R en label. Moi, faire des séances d'écoute avec Paul-Emile et Jean-Louis ou Pollux parce qu'il est employé de chez Universal. Ou il travaille pour le groupe Warner... En fait, c'est... C'est faussé. Parce que les 2500 balles que tu prends par mois, même s'il y a un pet sur le disque, c'est extraordinaire. Jean-Louis, ce que tu as signé là, eh, bon ben, carton. Tu ne sais même pas, tu n'en sais rien. Et en fait, je pense qu'on va rentrer, tu vois, je suis en train de monter en puissance, je pense qu'on va rentrer dans une ère, en fait, si tu veux, où il faut arrêter de mentir. J'avais vu un film extraordinaire de Gervais, là, où justement, le mec ne mentait pas. Et je trouve ça extraordinaire. Tu reçois une démo, tu dis que c'est de la merde.

  • DeusExMaschine

    Et parce que ! C'est de la merde parce que ! Quand tu es sympa, tu expliques.

  • Fab G

    C'est de la merde parce que ce n'est pas ça, ou ce n'est pas bien, ou... J'aimerais tellement qu'on passe à ce cap-là, où personne ne perd de temps. Tu arrêtes d'espérer. Tu arrêtes de te voiler la face. Tu arrêtes de croire que tu travailles t'es DA parce que tu travailles chez Universal. Non, tu as une fiche de paie. Et aujourd'hui, on a l'autorité pour le dire. Moi, je n'ai rien à prouver à personne. On a d'autres activités dans la musique, en dehors du label, sur des collectes de droits digitaux et tout, je peux te dire qu'on parle avec plein de labels, plein de gens, tous le même discours, tous la même façon de traiter les choses. Il y a un label en Afro House qui sort un disque toutes les semaines, on a signé un truc avec, pour un de nos artistes et comme j'ai expliqué à cet artiste, je dis, je n'ai aucune garantie que ce gars va... de résultat. Je pense qu'il a un devoir d'exécution, il sort toutes les semaines une release, mais une semaine c'est court pour travailler, pour promouvoir. Que ça rentre dans la tête. Peut-être même des gens qui ne savent pas produire, mais qui ont d'autres talents. Alors un ventriloque, tu vois, non, je ne sais pas, des talents où…

  • DeusExMaschine

    Non, peut-être pas non.

  • Fab G

    Où on récupère des… Encore une fois, et c'est un mot que j'utilise souvent, parce qu'il est fort, vampirisé. Je pense qu'en 2025, si tu continues à croire que d'aller travailler tous les jours, tu vas accomplir quelque chose. Tu ne le feras pas. Il faut du temps, il faut de l'expérience, il faut être entouré de gens. A l'époque, je ne suis pas du tout branché foot, mais tout le temps j'entendais « Il est bon, il pourrait jouer en Ligue 1, mais d'abord on va le faire passer dans les clubs de Ligue 2 pour qu'il apprenne un peu à jouer. » On en est là en fait. Que tu aies 40 ans, que tu te mettes à produire ou que tu aies 17 ans, que tu te mettes à produire, il y a un chemin à prendre. Il ne faut pas croire qu'Hugel, il en est là aujourd'hui... Ça fait 10 ans. Cet été, tout le monde a découvert nos copains avec le nuage, comment ils s'appellent, Keinemusik. Les mecs ont cru que les mecs étaient là depuis trois mois. Ils prennent 300 000 par date, ils ont des Audemars Piguet au bras, ils sont sponsorisés. Ça fait 15 ans, les gars. Ça fait 15 ans.

  • DeusExMaschine

    Comme Tony Romera, comme tous ces gens-là...

  • Fab G

    Tony Romera, ça fait plus de 10 ans que... Voilà, et là, il kiffe. On s'est parlé il y a deux, trois jours. Je lui ai proposé un truc pour nous, justement, pour Black Jack.

  • DeusExMaschine

    Oh, exclu, exclu !

  • Fab G

    Ouais, mais il m'a dit, Fab, je veux rester dans mon registre. Ça marche bien, là, en ce moment. On va faire plein de trucs ensemble. J'avais un concept avec Nico et eux deux. Et c'est très bien. Et je suis très content qu'il me réponde ça. Parce que bravo, je lui dis.

  • DeusExMaschine

    Il trace sa route. Ça y est, il a trouvé son truc. D'ailleurs, on aurait pu le citer aussi, Tony, parmi ceux qui…

  • Fab G

    Tony Romera, pour moi, c'est de la French Touch. Parce qu'il est français et qu'il a fait un set... Son dernier set que j'ai vu, c'était il y a presque deux ans. Il a fait un set Chicago, mec. Tu fermes les yeux. Tu ne sais pas si tu n'es pas à Chicago et si tu n'as pas un black derrière les platines qui est là en train de... Un tueur. Et puis encore un humain. Parce que je le dis, je suis un tournant où je n'ai vraiment pas... Et Nico, pareil, Mercer, on n'a vraiment pas envie de s'emmerder. On est avec des gens humains, tu vois ? Des gens cool...

  • DeusExMaschine

    Est-ce que ça serait le mot de la fin ? Humain avant tout. Merci Fabrice et à bientôt pour un nouvel épisode de French Touch Chronicles.

Chapters

  • Introduction à la French Touch et Daft Punk

    00:01

  • L'explosion de la scène house française

    00:07

  • Présentation de Fab G et Black Jack Records

    00:12

  • Fab G : parcours personnel et musical

    01:06

  • Découverte de la house et premières soirées

    03:26

  • Les débuts de Black Jack et les collaborations

    06:15

  • La création et la philosophie de Black Jack

    12:00

  • Expériences avec Sébastien Léger et autres artistes

    17:38

  • L'avenir de la French Touch et nouveaux artistes

    29:13

  • Conclusion et réflexions sur la musique électronique

    49:19

Description

Savez-vous qui a réellement façonné la scène House française dans les années 90 ? Dans cet épisode captivant de French Touch Chronicles, DeusExMaschine, producteur et DJ, reçoit Fab G, le fondateur de Black Jack Records, un acteur incontournable de la French Touch.


Fab G nous plonge dans son parcours fascinant, débutant à 16 ans dans un univers où la House était encore méconnue en France. Sa passion pour la musique électronique et son désir de partager cette culture avec le monde entier l'ont conduit à devenir un véritable pionnier.

Au fil de cette conversation enrichissante, Fab G évoque ses premières soirées, son amour inconditionnel pour la House et son rôle de pont entre les scènes musicales française et américaine. Comment a-t-il réussi à amener des artistes américains en France ? Quels défis a-t-il dû surmonter pour faire connaître la French Touch à l'international ? Ces questions trouvent réponse dans un échange authentique et inspirant.


Les débuts de la French Touch, l'importance de la collaboration entre artistes, et l'évolution de la musique électronique sont autant de sujets abordés avec passion. Fab G partage également ses expériences avec des légendes telles que Daft Punk, Paul Johnson et Sébastien Léger, des rencontres qui ont marqué sa carrière et enrichi son approche du management et de la production musicale.


Dans cet épisode de French Touch Chronicles, vous découvrirez comment Fab G a su tirer parti de son réseau pour propulser des talents et faire vibrer une culture musicale qui continue d'influencer le monde entier. L'impact de la French Touch sur la scène musicale mondiale est indéniable, et Fab G, avec son enthousiasme contagieux, nous rappelle l'importance de préserver cette richesse culturelle.


Ne manquez pas cet épisode où la passion pour la musique, l'innovation et la créativité se rencontrent, et laissez-vous inspirer par le désir de Fab G de continuer à faire résonner la French Touch à travers le globe. Écoutez maintenant French Touch Chronicles et plongez dans l'univers fascinant de la musique électronique !


Pour suivre DeusExMaschine sur Instagam : https://www.instagram.com/deusexmaschine/


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • DeusExMaschine

    En 1996, Daft Punk plaçait la France sur la carte mondiale de la musique électronique, avec la bombe Da Funk. Dans leur sillage, la scène house française explose au niveau mondial. C'est l'ère de la French Touch. Je suis DeusExMaschine, producteur et DJ de French House, mais surtout énorme fan de ce mouvement musical que je suis depuis ses débuts. Dans ce podcast, je vous propose de rencontrer des artistes phares de la French Touch et d'explorer avec eux leurs discographies et leurs anecdotes. Aujourd'hui, j'ai le plaisir de recevoir Fab G. fondateur du mythique label Black Jack Records, un des seuls labels French House encore en activité. Black Jack, c'est par exemple d'énormes bangers comme... Ou encore... Mais aussi... Bonjour ! Salut, ça va, tu vas bien ?

  • Fab G

    Salut et toi, ça va ?

  • DeusExMaschine

    Bien, je suis hyper content de t'avoir dans le podcast, Fabrice. Je vais te proposer, si tu veux bien, alors je sais que tu as plein d'activités, tu as une carrière longue maintenant, est-ce que tu voudrais bien présenter un peu qui tu es, tes activités, d'où tu viens, etc. ?

  • Fab G

    Alors, qui je suis ? Je suis Fabrice, je suis né à Paris, il y a quelques années déjà. J'ai commencé mes premières soirées, je devais avoir 16 ans en fait, par passion de la musique électronique, de la house. Et bien sûr, à l'époque, je parle de ça, c'était en début 90, il n'y avait absolument pas de médias, absolument pas de relais pour écouter de la musique électronique, à part dans certains magasins de disques, particulièrement à l'étranger. Il n'y avait pas cette culture qui était encore arrivée en France. Donc j'ai commencé à faire des événements. J'ai toujours baigné un petit peu dans la restauration, l'hospitality, par rapport à mon père qui avait des hôtels et qui travaillait dans des grands hôtels. Donc j'ai toujours eu cette culture du contact avec les gens, un esprit festif et j'ai toujours aimé créer. Donc je me suis retrouvé à monter ces grosses soirées et par définition à faire des line-up qui me faisaient plaisir puisque je pense que même si j'ai souvent entendu qu'un entrepreneur ne devait pas se faire plaisir et faire d'abord plaisir à ses clients, o n a tous commencé par là, on fait tous quelque chose qui nous plaît au départ. Et après, pour certains, ça devient un métier alimentaire et d'autres, une passion. Moi, j'ai réussi à allier tout ça et à conserver cette dynamique sur les soirées en créant des établissements de nuit ou en créant des marques de soirée ou tout simplement en faisant du management. En fait, avant nous, il n'y avait personne en 90. Je vois souvent des gars qui me disent « le DJ, il a 50 ans » . Oui, mais avant, il n'y a personne. Réellement, on est des OG, on aime surtout ce qu'on fait, on est toujours là, on défend toujours ce mouvement house, French touch, puisqu'on doit faire des catégories aujourd'hui. On va en parler, je pense, on va un petit peu disputer de l'évolution de cette musique au fil des années. Mais voilà, mon cursus, ce n'est pas du tout de diplôme, quitter l'école à 15 ans par dérogation préfectorale. Et qu'est-ce que je fais ? Serveur, pizzaïole et le week-end organisateur de soirée.

  • DeusExMaschine

    Comment tu as découvert la house Fabrice ?

  • Fab G

    Avec la drogue, non je déconne. J'ai découvert ça... Je pense que si tu veux, ça arrivait à un moment où j'avais 16 ans, on est tous un peu rebelles à 16 ans et en fait j'écoute cette musique et des copains où je vais à Londres avec des potes à moi à 16 ans, on est vachement mûrs à l'époque et puis on est dans des supermarchés, il y a de la house, c'est juste fou. On est dans la rue, on voit des mecs habillés hyper branchés, qui écoutent de la house et tout, et on va dans les magasins de disques, il y a de la house, il y a des morceaux comme Soul to Soul, des trucs comme ça, on se dit, c'est quoi ? Et on est attiré, on se renseigne, c'est le début de plein de classiques de la house, de la dance, puisque c'était plus ou moins de la dance à l'époque, et voilà, un gros kiff. Et après, de fil en aiguille, en faisant des soirées, on apprend un peu plus que la culture vient de Chicago. Alors tu essaies de comprendre qu'est-ce qui se passe à Chicago, tu commences à acheter des vinyles, tu achètes des vinyles, il y a des numéros de téléphone dessus et tu appelles, tout simplement. Je reçois un truc, je vois Paul Johnson, je vois un numéro à Chicago, je l'appelle le gars et le gars me répond. « Oui, bonjour. » Tu sais, un truc, « Qui êtes-vous ? » « Salut, je m'appelle Fabrice, je fais des soirées. » « Ah, salut Fabrice. Mais t'es où en France ? » « Ah, je ne suis jamais venu. » Et là, on me dit « Mais tu veux venir ? » « Ben ouais. » mais on ne sait même pas comment on fait pour faire venir un gars des États-Unis. Il faut un billet ? il faut un visa ? C'est 1200 francs à l'époque, le billet. Donc, tu prends des sous à tes parents et tu fais venir Paul Johnson, par exemple. C'était devenu ma marque de fabrique. Toutes mes soirées avaient des artistes étrangers et des line-ups de fous furieux. Les gars à Montpellier faisaient DJ Aladdin, Stefanovitch et Pollux. Et nous, on faisait ces gars-là aussi parce qu'en fait, il y avait très peu d'artistes. Et après, bien sûr, quand tu fais venir Paul Johnson, il en parle à Stacy Kidd. Quand il en parle à Stacy Kidd, il en parle à Glenn Underground, il en parle à Robert Armani. Et là, tu as tout le monde qui t'appelle. Et je deviens le bridge, en plus des Daft Punk qui avaient déjà commencé à balancer qu'ils étaient fous de Chicago. Et en fait, je suis l'ambassadeur français qui va aux États-Unis avec des dollars en poche et qui achète des masters. Et qui leur dit, les gars, voilà, moi, je veux monter un label, je veux défendre votre musique. Je pense que la French Touch est en train de vous piller. Mais travaillons ensemble, puisque nous, on vous apporte un vrai son, une vraie identité supplémentaire, et on vous kiffe, et on est avec vous. Et c'est ce qui s'est passé. Les gars... Bon, Paul, c'est une histoire qui a duré presque 20 ans, un véritable ami. Et donc, on a développé tout ça avec le fil des années, des amitiés, des relations, des gars qui ne sont plus là, des gars qui sont toujours là. Une fois, j'ai vu Felix Da Housecat. Au Brésil, on s'est sauté dans les bras. Non, non, ça me touche vraiment à chaque fois d'en parler, mais c'est vraiment important. C'était la base de notre relation. Ces gars, aujourd'hui, sont un peu en galère, comme toujours. C'est culturel, c'est les États-Unis, c'est différent de chez nous. Mais l'histoire vient de ces gens-là qui m'ont mis le pied à l'étrier parce que j'ai senti qu'il y avait quelque chose qui se passait et on n'a pas lâché.

  • DeusExMaschine

    Et quand tu as débarqué, petit Français, j'ai envie de dire, si tu me pardonnes, à Chicago... Je ne sais pas, ça a dû être un choc énorme, j'imagine. C'est quand même une ville particulière, Chicago, surtout à l'époque.

  • Fab G

    Je me rappelle être parti, et j'appelle Paul et je lui dis « je viens ». « T'habite où » il me dit « South Side » . Et moi je dis « ouais frère, moi South Side, j'ai le morceau de Dave Clarke en tête qui tourne, il avait sorti une bombe atomique » . Je dis « ouais, ça doit être trop cool » . Et j'arrive, et j'ai aucun taxi qui veut m'amener à Southside. Je suis tout seul à l'aéroport. Je dis à Paul, personne ne veut m'amener dans ton quartier, c'est quoi le délire ? Il me dit « t'inquiète pas, tu vas trouver » . Je trouve en effet un taxi, ce qui devait être un cracker, ce qui m'amène au bout d'une heure et quart à South Side, un hôtel quelconque planté. Je suis réveillé en jet lag et je suis réveillé à 4h du mat' par un espèce de train qui passe, comme dans les films. J'ouvre la fenêtre, je vois un train, je vois tout. Je dis tiens, je vais me balader. Mais un blanc de 20 ans dans Chicago, Southside, les mecs, je passe, ils m'ont regardé, mais ils se disent mais qu'est-ce qu'il fait là lui ? Moi je dis salut, ça va ? Hello ! J'ai revu un film avec Will Ferrell où justement le mec il se prend pour un black, il se balade et c'était exactement ça. C'était mes potes, les mecs qui m'ont regardé et je vais rejoindre Paul chez lui à 10h. Il me dit « mais t'es fou toi, t'as traversé le quartier pour venir me voir ? » Je lui dis oui ils sont tous sympas dans le jardin, ils m'ont tous fait coucou. Il me dit mais t'es un fou quoi. Et je suis resté avec eux donc je parle d'une époque où le gars c'était un fou quoi, il faisait des morceaux comme ça, on passait nos journées ensemble, on allait dans le mall. Il y avait que ça à faire avec eux. Mais genre, à 11h, on te dit, on va au mall. Et tu vas à 17h, tu vois. L'autre qui arrive, qui débarque. « My brother ! » Ils avaient acheté un petit crocodile. Deux mois après, quand je suis retourné le voir, le crocodile était comme ça. Mais des films ambulants. On s'est fait arrêter. Je crois que je t'avais raconté cette histoire. On part tous à Chicago en ville. Je dis, bon allez les gars, on sortait un peu du quartier. C'était sympa, mais bon, on était tous en train de fumer de la weed, des crocodiles et tout. Ça me faisait quand même… J'étais un peu en décalage horaire en plus. Je prenais un choc émotionnel et je dis « Venez, on va en ville » . Deuxième choc émotionnel, on débarque en ville, il y a Stacy Kidd, Paul Johnson en chaise roulante, je crois qu'il y a Glenn Underground avec nous, on est 4-5 blacks et moi avec eux en ville. Et d'un coup, il y a une voiture qui passe, civile et tout, qui ralentit, qui nous regarde comme ça, qui fait marche arrière. Deux mecs qui descendent en cravate, qui me plaquent au sol, main dans le dos, « You are under investigation, FBI » . Tout le monde choqué et mes potes les blacks, « Oh, oh, oh, bro, bro, bro, bro ! » Comme ça, sur le côté. Moi, par terre, en train de manger le bitume et en train de leur dire, je faisais un peu le mariole, « Ouais, je suis là, c'est moi qui paye les études de vos enfants, je suis en vacances, qu'est-ce que tu fais ? » « Shut the fuck up, you're under investigation, FBI ! » Je me dis « Putain, mais qu'est-ce que j'ai fait ? » Je me suis pris pour un terroriste. Hop, il me libère et tout. Et on va manger, mais choqué, tu vois. On va manger à TGI Fridays, je me rappelle toujours. Et avec Paul, toute la bande, c'est rigolo. Et Paul, il se lève de table, il part aux toilettes sur sa chaise roulante, il marche et il croise le flic qui mange dans le même restaurant que nous. Il dit, mais attendez, qu'est-ce que vous avez fait tout à l'heure les gars ? C'était calmé là. Le gars dit, attendez, on a vu un blanc avec cinq blacks dans le centre-ville de Chicago, vous êtes des dealers, lui c'est le chef de la bande. Non mais un film. Donc oui, le choc de culture, il est là, c'est que... Quand je les ai tous fait venir aussi, c'était très drôle. Ils sont allés parler à Aix-en-Provence, parce qu'on était basé à Aix-en-Provence avec le label. Ils sont venus, trop contents. On les récupère. Mais j'ai plein d'histoires qui me viennent en tête. On les récupère. Premier black qu'il voit dans Aix, il va lui parler en anglais, le mec. Je dis à Paul Johnson, je lui dis, il ne parle pas anglais, mais il est black et tout. Je lui dis, oui, mais c'est un antillais peut-être ou un africain. Il n'y a pas que des blacks américains. Et si tu veux, c'est là où tu comprends que pour eux, le monde s'arrête aux États-Unis. Nous, on est français et que pour eux, c'était extraordinaire de...

  • DeusExMaschine

    Et c'était une de leurs premières sorties en dehors du territoire quand ils sont venus te voir ?

  • Fab G

    En fait, à mon palmarès, si on peut dire, j'ai fait venir Armand Van Helden pour la première fois en Europe. Paul Johnson, la plupart des mecs de Chicago n'étaient jamais venus en Europe. C'est vraiment ce que nous, on connaît des quartiers français où c'est un peu le bordel dans leur organisation, dans leur tête, mais c'est ce qui fait aussi le charme et la beauté de l'artiste. C'est exactement ça, une désorganisation. Par contre, je le dis, je le répète, ce qu'a fait Paul Johnson, jamais de ma vie je peux le faire. C'est-à-dire en chaise roulante, prendre un vol tous les vendredis pour venir en Europe, mais incroyable. Une passion... Je peux vous assurer qu'il a raté des dates, ça lui est arrivé comme c'est arrivé à d'autres, mais c'était toujours pour une raison médicale ou jamais, en fait, jamais il a planté. Jamais il a dit je ne veux pas le faire, je suis fatigué.

  • DeusExMaschine

    Ils sont pros les gars.

  • Fab G

    Passionnés. Et je veux dire, nous on est 100% mobile, lui en plus c'était galère. Je te rappelle qu'à l'époque on avait des flycasses de 15 et 25 kilos. Déjà le flycasse en lui-même c'était 6 ou 7 kilos le truc. Je ne sais pas pourquoi, on était fous, on adorait avoir cette boîte en fer là, qui était rempli de vinyles, alors que tu jouais toujours les mêmes. Et c'était vraiment... Il faut vraiment se remettre en arrière et dire qu'il n'y avait pas les réseaux sociaux, il n'y avait pas le téléphone. On galérait. Donc c'était à chaque fois une aventure. Et c'est ça qui était génial.

  • DeusExMaschine

    Tu as parlé un petit peu de ton label. Je voudrais qu'on revienne là-dessus. Qu'est-ce qui t'a poussé à créer, d'ailleurs pas qu'un, mais plusieurs labels ?

  • Fab G

    L'environnement, en fait. En faisant des soirées, en faisant venir ces mecs, en étant le premier à faire Daft Punk. En mettant Daft Punk avec Cut Killer sur le même line-up avec Paul Johnson. Je parle à Cut Killer aujourd'hui, il te reparle encore de cette soirée de 1992 sur le circuit de Castellet qui était folle, une espèce de plateau en étoile, Hard Techno Techno, House, Hip Hop avec Cut Killer, Zdar, des plateaux vraiment intéressants et tous ces mecs-là étaient là pourquoi tu ne signes pas Paul ? Oui, on est potes, je le fais en booking. Personne ne booke de mec de Chicago parce qu'entre guillemets, c'est notre stamp, notre marque de fabrique. Mais derrière, Black Jack pour moi, c'est un truc French Touch. Je suis proche des Daft. Je suis tous les jours à Paris avec eux, chez Roulé, avec Guy Man. Ils ont leur label. Pour moi, je fais Blackjack.

  • DeusExMaschine

    Pourquoi le nom Black Jack d'ailleurs, puisque tu parlais des Daft juste avant ? Je crois qu'il y a une anecdote là-dessus.

  • Fab G

    Parce qu'on est influencé. Ceux qui me connaissent savent que je ne suis vraiment pas influençable. Pour moi, les meilleurs ambassadeurs de la musique française, c'est les Daft Punk. Pour moi, la French Touch, c'est Daft Punk. Stop, en fait. Donc, certains vont dire, ouais, il a fait Roulé, t'as fait Black Jack, Roulé, roulette, Black Jack. Bah oui,oui.

  • DeusExMaschine

    Donc, oui, c'est des gens que tu voyais beaucoup. Tout ça, c'est une scène qui était quand même assez petite, j'imagine, à l'époque.

  • Fab G

    Déjà, en fait, la première scène de toutes les scènes de DJ, c'est qu'il y avait cinq DJ dans le monde. C'est-à-dire que... toi en tant qu'organisateur, tu appelais l'autre organisateur, on était cinq en France, ça va Jérôme, oui et toi, dis-moi tu fais quoi le 14 juillet, je ne fais rien, par contre j'en fais une le 7, ah ben je viendrai faire la promo de la mienne le 7 parce que j'en fais une le 14. Tu vois, c'était ça. Donc après, tu bookais Jack de Marseille, un des seuls mecs qui tournait dans le monde et tu bookais Daft Punk parce qu'ils commençaient à mixer et tout le monde disait, c'est quoi ces mecs, ils ne savent pas mixer parce qu'alors, attention, c'était un art de mixer, il ne fallait surtout pas décaler. C'était vraiment, on était dans un extrémisme, parce que comme tu disais, c'était une niche. Et les gars, on les a faits plusieurs fois. Tout est venu naturellement, en fait. Il n'y a pas eu de calcul. Tiens, je vais faire ça pour ramener ça. On n'était pas du tout dans ce côté entrepreneur. Il faut savoir qu'à chaque soirée qu'on faisait, on finissait en garde à vue. Donc, sincèrement, c'était fun pour les autres. Mais bon, moi, j'aimais créer le truc, j'aimais créer le concept. Et donc, c'est venu naturellement de faire le label de French Touch, de signer Superfunk, le premier morceau de Superfunk avant le gros carton qu'ils ont fait avec Lucky Star. Alors, si vous regardez un petit peu notre catalogue, on a beaucoup d'artistes importants qui ont explosé après être chez nous. C'est bien, c'est pas bien. Moi, ça ne me dérange pas d'être un incubateur. Ça ne me dérange pas que les gars explosent ailleurs parce que, comme je l'ai dit dans un post récemment... Je suis vraiment très content que tout le monde puisse avoir du succès en French Touch. Et surtout, tout le monde me renvoie la balle. Les gens sont quand même... Ils se rappellent. Ouais ! Alors bon, il y a un cœur qui bat là quand même. Bien sûr.

  • DeusExMaschine

    Tu sais que j'ai une grosse collection de vinyles de l'époque. Donc j'ai pris quelques petits vinyles, parce que évidemment que j'ai du Black Jack, tu t'en doutes. J'ai pris quelques petits vinyles pour te poser des questions sur les époques. Là, j'ai un Sébastien Léger typiquement. C'est quoi l'histoire de Sébastien Léger ? Comment vous vous êtes connus ? Qu'est-ce que vous avez fait ensemble ? Je crois que ça a été une sacrée aventure.

  • Fab G

    Alors oui, et c'est surtout une aventure humaine qui a très très bien commencé, puisqu'en fait, je crois qu'on mange justement au Pied de Cochon à Paris, avec Guy Man, il n'y avait pas Thomas, avec GuY Man, Play Paul, Raw Man, du Buffalo Bunch donc. Bien sûr. Je ne sais plus qui est à table. Paul, il me dit, tiens, Guy Man m'a fait passer des démos. Il écoute pas, il n'a pas le temps. Il y a des trucs pour toi, vas-y. J'ai écouté, ça peut être bien. Et j'ai dans ces démos un CD blanc, je me rappelle, écrit Sébastien Léger. Je rentre à Aix, deux jours après, je revois le rituel. J'ouvre la porte de mon appartement, j'avais un duplex. J'avais une petite chaîne Panasonic, je mets le CD, je monte, je fais couler la douche. Et arrive Tonight. Je dis, c'est bien ça. Et je l'appelle. Je dis, ouais, salut, ça va ? Je lui dis, Guy Man m'a fait passer les démos. Alors, il croyait que je l'appelais pour Crydamoure. Il était très content. Je lui dis, voilà, c'est pour Black Jack et tout. Super, parlons-en et tout. Et je dis, je reviens à Paris. On se voit dans un magasin de disques et Sébastien est d'une timidité maladive. Il baisse les yeux, il ne me regarde pas. Je lui dis, attends, Seb, tu es un artiste, explique-moi un peu ce que... Et là, je rentre dans son univers. Je vais chez lui, je rencontre son papa. Je vois comment il travaille et tout. Je vois ses capacités. Et je vois que le mec a faim. Et je lui dis, viens, viens à Aix. Je lui dis, comment ça ? Je lui dis, bon, t'es chez papa, maman, t'as 18 ans. Viens, viens, moi, tu prends ton petit appartement, on va t'aider, on est en face. Et le mec s'installe littéralement en face de chez moi. Le palier d'en face. Donc, on lui fait les rideaux, on lui fait des trucs avec ma femme. On le met bien parce qu'on a envie de travailler avec lui. Et moi, j'ai une MPC 3000, j'ai des samplers, mais... Je n'ai pas le savoir qu'il a, la rapidité d'exécution. Et c'est là que j'en viens à dire, on va pas être deux à produire sur Black Jack, tu sais tu n'as pas ce truc de DA. Et je lance l'administratif. Et Sébastien, il devient une machine de guerre, je suis son manager. On travaille, on développe plein de trucs. Il a cette identité French Touch. On s'éclate réellement, on fait des tournées ensemble. On fait des dates en Pologne, on fait des dates de partout. Ce truc était bien, on était un petit groupe de différents DJ French Touch, et il y avait vraiment ce délire de partir en Viano, d'aller en Suisse, de Marseille ou d'Aix, et de faire les dates ensemble, sans ce truc de tourneur qu'on connaissait d'avant, de mecs qui tournent ensemble, et c'était vraiment très très sympa, jusqu'à ce qu'il en ait marre de moi, jusqu'à ce qu'il en ait marre de la French Touch, et qu'il me dise « Fab, je ne suis plus à l'aise avec ça » . Je le comprends avec le recul, Je trouve que c'est dommage parce qu'il était en pleine ascension, mais il a eu aussi une très belle carrière, je crois, dans ce qu'il fait. Alors, je crois que c'est de la Melodic Techno. C'est une façon de dire que c'est de la Trance, ni plus ni moins. Pas pour Sébastien, mais pour ce style de musique, en fait, pour moi. C'est comme l'Afro House, pour moi, c'est de la house. Si tu veux, tous ces tiroirs catégories, je pense que c'est bien, mais il aurait peut-être pu le faire plus tard pour encore plus pouvoir profiter de ce qu'il a créé. Parce qu'il a marqué le temps, il a marqué le mouvement. Mais en s'arrêtant et en changeant, je ne suis pas sûr qu'il restera malheureusement comme un mec de la French Touch puisqu'il a pris une autre direction. Mais par contre, c'est un diable. C'est un tueur à gages.

  • DeusExMaschine

    Énorme producteur. J'ai plein de disques de lui. C'est un truc de malade. Alors, tu me disais un truc. C'est marrant parce qu'avant qu'on se parle, en fouillant dans mes disques, j'avais trouvé quand même un disque de toi. Un "Bust The Vibe". Et donc, tu as fait de la prod quand même.

  • Fab G

    Oui, justement, au départ, on travaillait ça. Il y a celui-là, il y a Zombie Stereo, il y a deux, trois trucs. Après, j'ai pris un autre pseudo qui s'appelle Eeediot. On s'amuse. Il n'y a pas de plan derrière. Je ne vais pas m'amuser à tourner, à faire le guignol en soirée. Quand je dis le guignol, ça ne veut pas dire que je ne considère pas le DJing. Au contraire, c'est juste qu'à un moment donné, à quel moment vous croyez les gars, qu'au bout de 15 ans, à pousser des disques et à faire des bras en l'air, ça va changer quelque chose. Quel est votre plus-value ? Donc, c'est bon, oubliez les masques, Daft Punk l'ont fait, d'autres aussi. Je ne vous dis pas de vous mettre deux ailes dans le dos comme Bob Sinclar en 92, mais quel est votre plus-value aujourd'hui aux platines ? Qu'est-ce que vous apportez ? Alors, moi, je suis pour un show permanent, que ce soit quand tu vas manger, quand tu vas au resto, quand tu vas au cinéma, quand tu vas en soirée. En fait, c'est de l'entertainment. Et aujourd'hui, on se fait chier. Moi, je suis désolé. Il y a très peu de soirées où j'ai envie d'aller, par rapport peut-être à ma façon de vivre aujourd'hui, de voir les choses. Mais si tu veux, je ne sens même pas d'effervescence. C'est une espèce de routine de poster des soirées. Ouais, super, "sold out".

  • DeusExMaschine

    Mais tu as vu la différence qui a été faite par Guetta il n'y a pas longtemps, qui disait qu'il y a deux métiers quelque part et que ce n'est pas les mêmes. Tu as le DJing et tu as l'entertainment. J'ai trouvé que c'était hyper vrai. Surtout quand on connaît Guetta depuis 30 ans et plus, comme on peut le connaître, et de l'avoir vu démarrer. C'est vrai qu'il ne fait plus le même métier qu'il faisait à l'époque quasiment. Et puis, il y avait Bob Sinclar aussi qui, effectivement, avait poussé son coup de gueule sur tous les gars qui étaient avec leur téléphone dans les soirées et qui dançaient pas. Et ça, c'est vrai que c'est... Enfin, nous, ça nous paraît complètement dingue.

  • Fab G

    Après, là, tu viens de parler de gens dont je suis proche et que j'aime particulièrement. Bob Sinclar, on a une histoire très spéciale parce que ça fait vraiment... Je pense que c'est le gars que je connais depuis... Avec Guetta, c'est ceux que je connais depuis le début. Alors, David, c'est tellement une superstar qu'on ne s'appelle pas tous les jours. On se croise et on se respecte. Je l'ai vu au Brésil justement, on a fait un truc, il m'a fait monter sur stage et tout, vraiment. Le mec est toujours le même, ça me fait chier quand j'entends des trucs.

  • DeusExMaschine

    Ah mais moi le bashing me rend dingue, pour l'avoir vu, enfin je le voyais mixer, j'avais 18 ans si tu veux, à Saint-Tropez et c'était incroyable.

  • Fab G

    Il est là, tu vois, moi j'avais 16 ans, il venait mixer dans un club qui s'appelle le Rive Droite à Sanary, c'est un ami à moi qui avait le club. Donc de temps en temps je travaillais au bar et tout, même si j'étais très jeune, je leur faisais des soirées. Il m'a retourné le cerveau. Je l'ai vu faire des trucs à la con à l'époque. Alors, certains vont toujours le traiter d'opportuniste, mais c'est un vrai passionné. C'est un vrai mec gentil. Alors aujourd'hui, de toute façon, il est à un niveau où il se fait un kiff. On parlait de Kiko tout à l'heure. Il se fait un kiff. Il travaille avec Kiko, qu'il connaît depuis très longtemps aussi. Kiko, qui est le numéro 2 sur Black Jack, qui est un pote aussi. Voilà, tu vois. Et Bob Sinclar, je l'ai appelé il y a deux jours, on discute pour un projet dont je crois que tu es au courant. Et voilà, donc si tu veux, c'est… Moi, j'ai envie que ces mecs, ils viennent avec nous, mais qu'il n'y ait pas ce délire de stream, de ci, de visiblitéi. Un mec comme Bob Sinclar, il s'en fout. Un mec comme David, il calcule beaucoup parce qu'en fait, c'est une machine, c'est une marque, il vit aux États-Unis, donc il a cette dynamique derrière. C'est le… Trump de la musique électronique. Il dynamise et il entraîne les gens. C'est ça qu'il faut dire. Ce qui est important de comprendre dans tout ça, c'est qu'à la limite, Chris, il travaille pour lui, pour le label, il signe des gens. David est très ouvert sur les collaborations. Il a besoin de sang neuf.

  • DeusExMaschine

    Ouais, alors bon, il y a ça. Ou alors, il a toujours aimé être à l'avant-garde aussi.

  • Fab G

    Oui,oui. Alors, tu parles de ça. Moi, j'ai connu Sidney avec qui il a fait son premier morceau parce que c'était un gars que j'aimais par rapport au hip-hop parce que je viens du hip-hop, avant la house aussi tu vois, on aurait peut-être dû commencer par ça, aussi j'ai presque envie de te dire j'ai connu Guetta par rapport à Sydney donc ça marche tu vois.

  • DeusExMaschine

    Et tu le disais d'ailleurs et c'est important de le dire pour nos auditeurs parce qu'on a, enfin tout le monde a eu un peu ce cheminement du hip-hop à house avec une forme d'accélération des tempos mais de méthodes de production qui étaient quand même très proches. Tu parlais de ta MPC 3000 tout à l'heure, la mienne est à côté. Là j'ai ma SP 1200 qui est derrière mais qui marche évidemment pas, parce que elle marche deux mois dans l'année. Elle passe tout le reste en réparation. Mais en fait, ce son-là, le son que tout le monde appelle French Touch, il vient quand même de méthodes de prod et de matériel qui viennent de l'époque hip-hop. Moi, je suis capable de reconnaître une SP-1200 sur une prod de hip-hop. Le grain et tout, on a grandi avec ça. C'est très important de rappeler aussi que les racines de la house sont vraiment, vraiment nées dans le hip-hop. Et toi, je sais que tu es un passionné de hip-hop. Et tu as eu ce cheminement qu'ont eu plein de gens. Bob Sinclair l'expliquait il n'y a pas longtemps. Enfin, j'ai envie de dire quasiment tout le monde est passé dans notre génération, dans cette évolution. Toi, le hip-hop, c'est quelque chose qui a... Tu as fait un mouvement de passer du hip-hop à la house ou tu as toujours bien aimé les deux et tu écoutes toujours les deux ?

  • Fab G

    J'écoute toujours du hip-hop. En plus, j'ai mon fils qui m'aide dans les playlists. Mais bon, je ne suis plus du tout en France. Donc, en étant à trois heures des États-Unis aussi, je suis influencé. Mais surtout, tu vois, je pense que toute la base de la musique aujourd'hui, elle est électronique. L'autre fois, je parlais, Maluma qui a touché 100 millions de dollars d'options pour ses albums, c'est de la musique électronique, que ce soit du reggaeton ou pas. C'est pour ça que tout à l'heure je te disais que faire tous ces tiroirs... Mais c'est... je me rappelle un truc, on reparle du passé, mais je me rappelle avoir reçu des démos, mais vraiment il ya très longtemps et le gars... Alors à l'époque tu recevais un courrier, tu recevais une cassette par courrier, et moi je répondais à tout le monde. Moi tu sais j'étais vraiment, le truc il m'envoie un message je lui réponds. Et je dis ouais, non, ce n'est pas du tout notre style, c'est un peu trop progressif. Putain, le mec, il m'a envoyé une lettre, écoute-moi. Ouais, alors là, je ne sais pas. Je ne sais pas où tu vois de la progressive. C'est plutôt de la trance. Mais ferme-la, en fait, parce qu'à force de mettre des... En fait, c'est ce qui s'est passé. Ça a mis tellement de temps à percer la musique électronique. C'est parce que... Non, je fais ça, je fais ci.

  • DeusExMaschine

    C'est très vrai ce que tu dis. Alors, j'ai une anecdote, moi, d'un label que tu connais bien. Parce que quand je faisais de la prod sur Marseille, j'avais envoyé ma cassette à Obsession. Et donc, j'avais été les rencontrer dans leurs locaux et les mecs m'avaient dit non, c'est pas assez techno, c'est trop house et tout. Et c'est vrai qu'en tant que jeune artiste de vingtaine d'années, tu sors de là, tu as la tête à l'envers parce que tu écoutes les trucs qu'ils font, tu écoutes ta prod et tu ne vois pas en quoi c'est différent.

  • Fab G

    Je ne m'en rappelais plus, mais mon premier vrai morceau, vrai titre, c'était avec Tom Paris. Ça a été enregistré dans le studio de Mr. C des Shamen à Londres et c'est sorti à Marseille sur Obsession Music. Tu viens de m'en parler, je ne m'en rappelais même plus. Ça s'appelait The Architect. Le vrai... Le premier morceau que j'ai fait, c'est celui-ci avec Tom Paris. On est parti dans le studio. C'est quand même assez fou parce que Mr. C, les Shamen, je me retrouve là-bas avec Mr. C, avec Tom, qui est son pote. Et ce n'est pas mon monde. Et je sens que Tom me fait une passe. Il me dit, viens, j'ai envie que tu t'occupes de moi. J'ai envie que tu me fasses jouer dans tes soirées. Et on va à Londres. J'enregistre dans le studio des Shamen quand même. C'est énorme. Mais sur le coup, je ne suis pas à l'aise. Ce n'est pas mon monde. Moi, la techno, j'aime bien, si tu veux, mais à un moment donné, je ne suis pas dans un délire froid.

  • DeusExMaschine

    Pour ceux qui nous écoutent, Obsession, c'était vraiment le label techno à l'époque dans le coin.

  • Speaker #1

    Après, je ne sais pas du tout qui est devenu quoi.

  • DeusExMaschine

    Je vais enquêter, tu as raison, parce que je ne me rappelais plus du tout. Quand tu as parlé des... Je me suis dit, oui, c'est vrai, les cassettes et tout. J'avais vécu ça aussi, tout à fait.

  • Fab G

    Je note parce que je veux retrouver ce vinyle. C'est vrai qu'un gars qui m'a écrit il y a un an ou deux, il m'a dit, ouais, j'adore, j'aimerais le vinyle.

  • DeusExMaschine

    Excellent. Mais je vais creuser aussi de mon côté. Tiens, je vais le poster sur ma... Dès que tu l'as, tu me dis, on va le poster sur l'Instagram parce que ça, c'est mythique. Et d'ailleurs, je voulais te demander, Fabrice, tu continues à faire de la prod un petit peu ou tu n'as vraiment plus du tout le temps ?

  • Fab G

    Alors, tu sais que maintenant, Mercer, qui est mon ami, frérot et artiste avec qui je bosse depuis cinq ans maintenant, on a dépassé le cap de relation artiste-manager puisqu'on est associés sur des business, mais surtout... Il est passionné, donc il a repris la DA de Black Jack. Mercer est en mission. Donc, pour lui, pour se faire plaisir, pour onboard un maximum d'artistes. Et je trouve que c'est extraordinaire de faire ça. En fait, tu vois, on devient un peu plus sages. Et l'autre fois, on a bossé sur des trucs. Je lui ai renvoyé des samples que j'avais identifiés, des acapellas. On va peut-être bosser sur des trucs. Je veux qu'on bosse ensemble, mais c'est vrai que je ne suis plus du tout dans le... Ce sera lui l'executive producer et parce que non seulement c'est un tueur...

  • DeusExMaschine

    C'est un des plus grands producteurs de l'époque

  • Fab G

    Et c'est propre. Tu vois, on reçoit des démos, putain franchement les gars, enlevez vos moufles ! Non en fait, c'est pas aussi simple que ce que tout le monde croit. C'est pas aussi simple que, c'est un pote à lui, c'est pour ça qu'il sort les morceaux. Je vous explique, pote à moi ou pas pote à moi, ceux qui me connaissent... Je suis vraiment... Voilà, on se fait pas plaisir, on ne fait pas plaisir aux gens. On fait ce qu'on imagine important pour le mouvement, ce qu'on imagine important pour le label. Le label, regarde, il n'a plus de... 25, 26 ans.

  • DeusExMaschine

    J'ai envie de te dire, c'est le dernier label qui est encore en vie, de l'époque.

  • Fab G

    On a gardé la marque, si tu veux. Ce n'est pas la même structure derrière, parce que tu t'imagines qu'on est passés par des hauts et des bas. Encore une fois, par manque de gestion, de savoir-faire. Mais pour nous, c'est une vitrine. Et c'est important. La marque est toujours là le logo est toujours là la DA est toujours là enfin c'est hyper cool. Le logo a été copié mais par des millions de personnes de Bilabong en passant par... Tu vois si j'avais eu les sous pour attaquer ou quoi, ou si j'avais eu surtout cet état d'esprit parce que j'en ai rien à foutre, oui on a été on a été copiés, on est toujours là. Et surtout moi, je suis en mission. Comme je te le dis,, c'est de me faire plaisir de kiffer alors oui tu me le disais l'autre l'autre fois, on a beaucoup d'activités. Mais tous les jours, je mets mon casque et je m'isole une heure et j'écoute des trucs. Donc oui, on est passionnés, c'est important. On a une maturité qui nous donne une visibilité différente. Mais je veux plus travailler pour les années à venir sur le label avec des histoires de dates, mais d'immersion, arriver à mettre un petit peu plus de tech derrière aussi. Parce qu'en fait, aujourd'hui, on est complètement vintage avec Black Jack. mais si tu veux, tu regardes les réseaux, il n'y a pas de réseau poussé. Mais c'est quasiment pas volontaire, j'ai envie de te dire. On n'est pas dans ce truc d'influenceurs, etc. C'est-à-dire que ça doit être fait différemment. On va avoir des très grosses releases qui arrivent sur le label. Il y a de la stratégie derrière, d'évolution par rapport à la cible, etc. Pour moi, les prochaines années qui arrivent, ceux qui ont 50 ans, ceux qui ont 40 ans, ceux qui vont avoir 30 ans, si tu veux, et surtout les jeunes, tous les jeunes kiffent ce son-là. C'est impressionnant. Moi, il n'y a pas une personne qui me dit « C'est quoi cette musique de vieux ? » Ça reste quand même… Alors… Peut-être que la filiation parents-enfants a évolué, les enfants sont plus proches des parents, donc ça leur fait plaisir d'avoir des sons qu'ils ont déjà entendus, ça leur appelle quelque chose. Je ne sais pas, je ne suis pas le docteur Schweitzer, je ne vais pas te faire un truc sur le phénomène de société, mais tu sais, c'est bien la French Touch. Il y a du filtre, ce n'est pas prise de tête. Moi, je sais que ma femme, par exemple, déteste le Garage. Et moi, j'adore mettre un petit truc de Garage au milieu ou un petit bon son house. Elle déteste, tu vois. Mais par contre, si tu as une série de French Touch et que tu glisses ce truc-là, en fait, c'est un ensemble de choses. Et je pense que ce n'est pas fait pour les festivals, par exemple, la French Touch.

  • DeusExMaschine

    Oui, Complètement.

  • Fab G

    Parce que ce truc de jouer une heure et quart chronomètre, justement comme on disait avec David Guetta, où lui, il est obligé de faire ça parce qu'il a tout un show, toute est minuté. Non, moi, j'ai envie de faire des dates cet été, 300 personnes avec Mercer, avec toi, avec d'autres gars. Et que voilà, on représente le label et qu'on s'éclate. « Ah putain, tu l'as cette version ! » Tu vois, et c'est ça. Et on a parlé avec plein de gens, les Taylorhythm et tout, c'est vraiment des gens, par exemple, qui veulent, ce ne sont pas des producteurs, mais ce sont des gars qui ont envie de rendre hommage, tribute. Et c'est ça que je veux. Ce n'est pas qu'on rende hommage à Black Jack parce que j'ai fait des trucs il y a 25 ans. Je ne vis pas dans le passé. Mais je pense que cette marque, il faut la conserver. On l'a bien développée. Il y a encore plein de choses à faire. Il y a encore... plein d'investissements à faire. J'aimerais tellement avoir une petite team... En fait c'est con ce que je vais dire, mais j'aimerais presque le rendre communautaire ce label, c'est fou mais... Ouais bien sûr parce qu'aujourd'hui Nico il prend de son temps pour aider des gens, moi je prends de mon temps pour aider des gens. Attention, on ne sauve pas des vies ce n'est pas ça l'idée, c'est vraiment de dire moi je réponds à tout le monde. L'autre fois j'étais en train de répondre à un gars qui voulait qu'on travaille ensemble, je lui dis on n'a pas le temps mais si tu veux je te donne des conseils. Et un gars qui bosse avec moi me dit "tu ne lui en dis pas un peu trop ?" La recette du coca, tout le monde l'a aujourd'hui. Je lui dis ce que j'ai sur le cœur et l'axe que j'imagine qu'il devrait prendre. Après, il fait ce qu'il veut. Mais en tout cas, je pense qu'aujourd'hui, avec notre expérience, nos réseaux, on a assez de savoir, de background, comme dirait notre ami le serpent, pour imposer ce qu'on a envie. Et on se fait un kiff. Et je te le dis que depuis qu'on se fait un kiff, ça marche mieux. Donc, c'est génial.

  • DeusExMaschine

    Oui c'est clair. Et 2025, c'est le retour à ton avis ?

  • Fab G

    Je pense qu'il y a des cycles et je pense surtout que c'est très pauvre ce qui se passe aujourd'hui musicalement. On peut critiquer que BlackJjack, c'est de la musique au kilomètre, c'est des boucles, c'est facile à faire. Alors, je vous invite à le faire...

  • DeusExMaschine

    Ouais, c'est ça.

  • Fab G

    Mais surtout, c'est nul ce qu'il y a. Ce n'est pas méchant, mais qu'est-ce qui se passe ? Pour revenir au côté DJ, on a eu nos copains Ofenbach, on a eu Feder, on a eu Synapson, toute cette série de French guys. C'était de la French Touch indirectement, puisqu'ils sont français. Nos petits copains de Trinix aussi, que j'aime beaucoup humainement, et qui pour moi se bougent vraiment les fesses. Ils sont géniaux ces gamins. Ils savent où ils vont, comment ils y vont et avec qui ils y vont. C'est ça que je pense qui manque à tout le monde. C'est un cadre, une vision. C'est ce que Mercer essaie d'expliquer aux gars qui lui parlent. Il dit « Les gars... C'est génial, mais tu veux aller où ? » Nous, on sait où on va. On a des releases tous les 15 jours qui arrivent. On a des gens connus, des gens moins connus. On a des gens de notre catalogue. On va travailler le back catalogue aussi parce que je pense que c'est important, parce qu'il y a beaucoup de gens qui ne nous connaissent pas. Et ceux qu'on va rallier aujourd'hui, j'ai envie qu'ils trouvent notre catalogue autrement qu'en allant sur Discogs. Ça reste quand même assez confidentiel. Alors, on a la chance où... d'avoir eu certaines licences qui nous permettent d'avoir des titres sur d'autres labels, mais pas identifiés Black Jack. Parce que réellement, quand tu écoutes la musique, que ce soit du vinyle, du MP3, du stream, ou Black Jack, Defected ou Zoubida Music, les gens s'en fichent en fait. Ce qu'ils veulent, c'est kiffer. Et le support est important. En plus, si tu veux, par rapport à Chris Bob Sinclar, qui fait la promo de Yellow, oui ! Yellow, Motown, voilà. Bon, je ne considère pas Black Jack comme… Alors, même si on a chopé des mecs de la French Touch, même si j'ai eu la chance de rencontrer la team de Motown et tout ça, on n'est pas du tout dans ce délire-là. J'aimerais… passer ce cap-là. Mais si je passe le cap au niveau du label, on a une vision avec Nico qui est au niveau de nos ambitions. C'est-à-dire qu'on voudrait prendre un building, on voudrait faire un immeuble production, un étage management. Et ça carbure, tu vois. Mais il n'y a pas les ressources, il n'y a pas le financier. Voilà. Parce qu'aujourd'hui, des mecs comme Hugel le font très bien. Flo le fait très, très bien à son niveau, dans son style musical. Il a son label, il aide des gars, des copains de Marseille. Encore une fois, bravo les gars, respect. Il y a de la place. Mais il faut t'appeler Hugel, qui est passionné, qui en a crevé et craché pour en être où il en est aujourd'hui, mais qui renvoie la balle.

  • DeusExMaschine

    Tu penses à des groupes comme Grosso Modo, par exemple ?

  • Fab G

    Oui, alors Grosso Modo, c'est le meilleur exemple. C'est des bonbons, les gars. Merci d'aider ces gens-là. Merci. Parce que c'est des passionnés. Parce qu'aujourd'hui, leur cachet à deux, avec les frais et tout, ce n'est pas si excessif que ça. Mais voilà, en fait. C'est à vous, en tant qu'organisateur ou en tant que membre de la communauté, de choisir qui vous cautionnez. Parce que donner de l'importance à des trous du cul, excusez-moi le mot, mais là, en ce moment, il y a une grosse vague. Tu parles de ce qu'on a prévu. Nous, on a une grosse vague de mecs qui ont signé sur des majors et qui sont incapables de produire un disque et qui viennent nous voir.

  • DeusExMaschine

    Alors ça, c'est incroyable. C'est quoi cette histoire ? Vas-y, raconte.

  • Fab G

    Tout est lié. C'est-à-dire qu'encore une fois, sans vouloir faire le vieux crocodile, mais... Moi, quand j'allais chez Universal, j'allais voir Barclay, j'allais voir Philippe Lauiger, je veux dire Laugier parler à Fabrice. Il n'y avait pas Universal parle à Black Jack, tu vois. Là, aujourd'hui, tu as des DA qui sont dans des maisons de disques importantes, des sous-labels de Warner ou d'autres, qui signent des gars parce que les mecs sont sympas, parce que les mecs ramènent du monde dans leurs soirées. Donc, si j'avais dû faire à chaque fois un deal quand je ramenais du monde en soirée, écoute, je serais multimillionnaire. Mais c'est un ensemble de choses. En fait… Tout le monde a un costume trop grand. Il n'y a plus de DA. Tu es DA de label parce que tu es le copain de l'autre et tout. Mais qu'est-ce que tu as fait dans ta vie ? Qu'est-ce que tu as créé ? Qu'est-ce que tu as signé qui fait qu'aujourd'hui, tu peux dire « Ouais, je suis un DA » . Non, tu n'es pas un DA. Tu travailles chez Universal. Tu es secrétaire chez Universal. Et en fait, tu as signé Pollux. Pollux, c'est ton copain parce qu'il fait des soirées. Donc, tu es à Paris. Vous êtes tous derrière en mode boiler room avec les filles. Et puis surtout, si tu peux avoir un chapeau de cow-boy, ça fait mieux. Voilà.

  • DeusExMaschine

    Donc là, c'est des gens qui… produisent pas, c'est ça ? C'est des artistes...

  • Fab G

    Parce qu'ils ont signé avec, ou avec et ils ont touché et aujourd'hui, ils appellent tous mes artistes ou moi directement au secours. Des gens que vous connaissez très très bien qui ont fait des pubs il y a quelques années qui sont beaucoup...

  • DeusExMaschine

    Et qui du coup, cherchent des prods dans l'air du temps ou...

  • Fab G

    Des prods dans l'air du temps ou cherchent à revenir parce qu'en fait, si tu veux, je pense que c'est une maladie ça. Tu me disais, du coup, tu es un peu artiste, tu fais des trucs. J'ai une âme d'artiste pour le côté créatif, mais je n'ai pas du tout le profil émotionnel d'un artiste. C'est horrible ce que je vais te dire, mais aujourd'hui, Nico, Mercer, ils s'implique autant que moi dans le boulot, pour lui. C'est-à-dire que tu peux être son manager, tu peux être son ami, tu peux avoir la vision... Je veux dire, c'est inévitable que les gars bossent. Tous les gars dont je t'ai parlé, ils ont mon admiration, que ce soit Grosso Modo, que ce soit Hugel, parce que c'est des bosseurs.

  • DeusExMaschine

    Oui, c'est ça, complètement.

  • Speaker #0

    Et en fait, il n'y a pas de solution miracle. Si tu es là, "ce n'est pas bien. Ils m'aimaient il y a cinq ans, ils ne m'aiment plus". Qu'est-ce qui se passe ? Je vais pas bien dans ma tête. Pas en vacances. Va voir que tu prenais 35 000 balles pour mettre des disques. C'est quand même… Même un chirurgien ne les prend pas. Donc, refais un point sur ta vie. Ce que tu as gagné pendant cinq ans, pourquoi tu ne les gagnes plus ? En fait, tu n'apportes plus rien. Et c'est terrible. Alors après, c'est la décadence.

  • DeusExMaschine

    Mais ce n'est pas un peu dur de durer aujourd'hui ? Est-ce que ce n'est pas plus compliqué qu'à une époque où tu sortais tes vinyles, tu avais accès à des radios ?

  • Fab G

    Oui, sûrement. Mais encore une fois, et je ne veux pas que ça tourne autour de moi, mais moi, je m'en sors très bien, mec. Pourquoi j'ai vu ce qu'il allait se passer en France et que j'ai bougé ? Pourquoi ? C'est tout. C'est-à-dire qu'encore une fois, c'est peut-être notre rôle, producteur, organisateur. entrepreneur, d'être visionnaires, donc d'avoir par définition on voit les choses avant les autres. On voit la merde arriver avant les autres. Je me rappelle d'une époque, où je commence à être dans une galère mais monstre, financière et tout et puis tout le monde... mais merde. Et en fait ça m'a fait tilt, j'ai dit mais par définition je mange le caca avant les autres. Par définition, c'est normal je crée ce truc de demande par la suite pour les soirées, ou on crée des marques donc On anticipe tout ça. Quand on a anticipé avec Nico l'année dernière, l'été dernier, de sortir un disque par semaine...s

  • DeusExMaschine

    Oui, c'était super original, ça.

  • Fab G

    Alors que tout le monde... Non, attendez, 5 semaines minimum, les DSP, il faut que... Rihanna, elle sort un disque en un jour. Et toi, à mon niveau, je ne peux pas sortir un disque par semaine. Il faut une organisation. On l'a fait. On est content. On a marqué le temps. C'était voulu de faire ça pour passer à autre chose parce que Nico voulait sortir ses releases, ses tracks et après bosser sur des projets, plus ambitieux, que tu as vus. Où on a collaboré sur La Haine ou d'autres projets. Mais en fait, il faut un sens, il faut une feuille de route. C'est aussi simple que ça. C'est ta vie en fait, c'est ta vie professionnelle, c'est ta vie personnelle. Il faut un plan. Pourquoi ils ne sont pas renouvelés ces gens-là ? Parce qu'ils ont pris trop d'argent et que ce n'était sûrement pas justifié.

  • DeusExMaschine

    Je suis tout à fait d'accord. Dans les nouveaux, un peu de la French Touch 2.0, 3.0, il y a des artistes qui pour toi sont au-dessus du lot, vraiment... Il y a qui, qui te vient en tête si je te dis French Touch récente ?

  • Fab G

    Je ne peux pas te donner de nom parce qu'on est sur des signatures, mais il y a Nico qui va faire un mix sur FG, il y a pas mal d'exclus, il reprend sa résidence. Mais en fait c'est tellement vague, qui est French Touch aujourd'hui ? Qui par exemple, est-ce que Rivo c'est de la French Touch ?

  • DeusExMaschine

    Il y a quand même un son si j'ai envie de te dire. Disons plutôt dans la mouvanceauDisco House, filtré, etc. Est-ce qu'il y a des gens ? Je sais que j'aime beaucoup ce que fait Kungs depuis quelques temps sur son label. Est-ce qu'il y a des artistes qui... Pour nos auditeurs, est-ce qu'il y a des gens qui ne connaissent pas, qu'il faut qu'ils aillent écouter ? Ou est-ce que tu gardes le secret jusqu'à la sortie ?

  • Fab G

    C'est cool. Comme je te disais, on a vraiment mis une dynamique. On a signé pas mal de gens. Et je veux en laisser un peu en exclu. Mais je peux te répondre si tu me donnes des noms. Valentin Kungs, par exemple, c'est... Je vais dire la vérité sur Kungs. Moi, j'aime beaucoup ce mec. J'aime beaucoup Valentin. Il était à Aix, on s'est parlé, quand il était en train de signer avec Laugier chez Universal Barclay. Je l'ai suivi après quand il cherchait un manager et qu'il est parti travailler avec Martin Solveig et tout. Je pense qu'il se fait plaisir avec son label, si tu veux mon avis, parce que je le crois vraiment fan de ce type de son. Il s'est vraiment cherché. On a eu une discussion avec Martin Solveig là-dessus parce que j'ai eu un mix de Kungs et je lui ai dit que je n'aimais pas et j'ai failli me faire engueuler. Oui, parce qu'il se cherchait, si tu veux. Il se cherchait un peu. Tu ne savais pas s'il partait sur du Prydz. Ou s'il partait sur de l'Italo-Disco, il aime l'Italo-Disco. Moi, je suis fou d'Italo-Disco. Avec Kiko, on adore. Je pense que Kungs ne s'est pas révélé encore. Je pense que Kungs va exploser. Je pense qu'il le sait et que ça peut être un frein. Docteur Shweitzer...

  • DeusExMaschine

    Très bien. C'est hyper intéressant pour les artistes qui nous écoutent aussi.

  • Fab G

    Je pense sincèrement qu'il est libre là. Il est complètement libre. Sa vie amoureuse, tout, il est bien. C'est un peu le Pierre Ninet de la French Touch.

  • DeusExMaschine

    C'est bien dit, ça. Je suis d'accord.

  • Fab G

    Je le dis sincèrement. On kiffe tous. On kiffe tous Pierre Ninet, on kiffe tous Kungs. Il lui faut son Monte Cristo.

  • DeusExMaschine

    Oui, tout à fait. C'est super bien dit.

  • Fab G

    Merci. Tout ce que je vous dis, moi, c'est sincère. Ceux qui me connaissent...

  • DeusExMaschine

    , parce qu'on parle évidemment de lui. Alors, on a eu l'occasion d'en discuter. Mais c'est vrai que ce qu'il fait sur Club Azur, c'est... Avec toi, c'est un peu ceux... et bien sûr Mercer, etc. Vous êtes un peu ceux qui continuent à pousser le style musical.

  • Fab G

    On se connaît vraiment bien. Toutes les premières dates, on les a faites ensemble.

  • DeusExMaschine

    Qu'est-ce qui te devient dans ce style musical ? Est-ce qu'il y a d'autres artistes ? Hormis ceux que tu as signés, dont tu ne peux pas nous parler, ne rien discloser.

  • Fab G

    Je vais te décevoir là-dessus. Je n'ai rien en stock, mec. Je te jure, je vais regarder mon Spotify. Même mon Spotify. Il n'y a rien qui me vient, c'est fou.

  • DeusExMaschine

    Hormis ceux que tu as signés, rassure-moi.

  • Fab G

    Non, mais c'est vrai parce qu'on a signé des mecs en management, on a signé des mecs en prod, mais réellement, je te jure, il n'y a rien.

  • DeusExMaschine

    Donc, il y a de la place, en fait. C'est ce qu'on est en train de dire à nos auditeurs. C'est putain, les gars, allez, ouvrez votre ordi, rallumez vos samplers.

  • Fab G

    Envoyez des démos, n'ayez pas peur. Ça ne mord pas. Tu me dis qui, pour toi, est prometteur en French Touch. Tu vois, quand j'entends, comment elles s'appellent ? Blond:ish , par exemple, essaient de faire des incursions dans la French Touch, mais c'est trop clean, trop lisse. JamieXX, j'écoute aussi, mais c'est trop propre. Faut que ce soit crade. C'est un truc auquel je réfléchissais pour soigner mes réseaux, puisque c'est très important. Et je ne suis vraiment pas comme tout le monde "aujourd'hui, 97% ça passe par les réseaux, ce n'est plus la musique. Ouh là là !" Non, non, c'est important d'avoir de la bonne musique et d'avoir des bons réseaux. Et en fait, l'autre fois, je me suis retrouvé à écouter et à faire des mouvements. Et je pense que c'est ce que je vais faire. Je vais me filmer en train d'écouter ce que je kiffe, parce que je ne vais pas parler sur les morceaux, tu vois.

  • DeusExMaschine

    Oui, mais il y a un truc qui marche bien aussi, c'est d'écouter les démos en live aussi, tu sais.

  • Fab G

    Oui, alors ça, on le fait avec Mercer et Aazar.

  • DeusExMaschine

    J'adore. En plus, ils ont été gentils avec moi, donc c'était parfait.

  • Fab G

    Oui mais c'est pareil...

  • DeusExMaschine

    Je pense que c'est cool tu vois, il n'y a pas beaucoup de labels... En fait je vais te dire un truc, il n'y a pas beaucoup de labels qui sont transparents sur cette partie A&R. Alors, il y a des organisations de journées, effectivement, démo drop etc. C'est très superficiel, les mecs sont en représentation. Il y a un truc sur ce côté tu vois, pousser le concept jusqu'au bout. De se dire les démos, je les écoute et je donne mon feedback, de manière transparente. Après, je ne sais pas si c'est une bonne idée.

  • Fab G

    Non mais c'est une bonne idée à partir du moment où tu ne te voiles pas la face. Je pense que ce que tu viens de dire, ça rejoint ce qu'on disait tout à l'heure sur les histoires d'A&R en label. Moi, faire des séances d'écoute avec Paul-Emile et Jean-Louis ou Pollux parce qu'il est employé de chez Universal. Ou il travaille pour le groupe Warner... En fait, c'est... C'est faussé. Parce que les 2500 balles que tu prends par mois, même s'il y a un pet sur le disque, c'est extraordinaire. Jean-Louis, ce que tu as signé là, eh, bon ben, carton. Tu ne sais même pas, tu n'en sais rien. Et en fait, je pense qu'on va rentrer, tu vois, je suis en train de monter en puissance, je pense qu'on va rentrer dans une ère, en fait, si tu veux, où il faut arrêter de mentir. J'avais vu un film extraordinaire de Gervais, là, où justement, le mec ne mentait pas. Et je trouve ça extraordinaire. Tu reçois une démo, tu dis que c'est de la merde.

  • DeusExMaschine

    Et parce que ! C'est de la merde parce que ! Quand tu es sympa, tu expliques.

  • Fab G

    C'est de la merde parce que ce n'est pas ça, ou ce n'est pas bien, ou... J'aimerais tellement qu'on passe à ce cap-là, où personne ne perd de temps. Tu arrêtes d'espérer. Tu arrêtes de te voiler la face. Tu arrêtes de croire que tu travailles t'es DA parce que tu travailles chez Universal. Non, tu as une fiche de paie. Et aujourd'hui, on a l'autorité pour le dire. Moi, je n'ai rien à prouver à personne. On a d'autres activités dans la musique, en dehors du label, sur des collectes de droits digitaux et tout, je peux te dire qu'on parle avec plein de labels, plein de gens, tous le même discours, tous la même façon de traiter les choses. Il y a un label en Afro House qui sort un disque toutes les semaines, on a signé un truc avec, pour un de nos artistes et comme j'ai expliqué à cet artiste, je dis, je n'ai aucune garantie que ce gars va... de résultat. Je pense qu'il a un devoir d'exécution, il sort toutes les semaines une release, mais une semaine c'est court pour travailler, pour promouvoir. Que ça rentre dans la tête. Peut-être même des gens qui ne savent pas produire, mais qui ont d'autres talents. Alors un ventriloque, tu vois, non, je ne sais pas, des talents où…

  • DeusExMaschine

    Non, peut-être pas non.

  • Fab G

    Où on récupère des… Encore une fois, et c'est un mot que j'utilise souvent, parce qu'il est fort, vampirisé. Je pense qu'en 2025, si tu continues à croire que d'aller travailler tous les jours, tu vas accomplir quelque chose. Tu ne le feras pas. Il faut du temps, il faut de l'expérience, il faut être entouré de gens. A l'époque, je ne suis pas du tout branché foot, mais tout le temps j'entendais « Il est bon, il pourrait jouer en Ligue 1, mais d'abord on va le faire passer dans les clubs de Ligue 2 pour qu'il apprenne un peu à jouer. » On en est là en fait. Que tu aies 40 ans, que tu te mettes à produire ou que tu aies 17 ans, que tu te mettes à produire, il y a un chemin à prendre. Il ne faut pas croire qu'Hugel, il en est là aujourd'hui... Ça fait 10 ans. Cet été, tout le monde a découvert nos copains avec le nuage, comment ils s'appellent, Keinemusik. Les mecs ont cru que les mecs étaient là depuis trois mois. Ils prennent 300 000 par date, ils ont des Audemars Piguet au bras, ils sont sponsorisés. Ça fait 15 ans, les gars. Ça fait 15 ans.

  • DeusExMaschine

    Comme Tony Romera, comme tous ces gens-là...

  • Fab G

    Tony Romera, ça fait plus de 10 ans que... Voilà, et là, il kiffe. On s'est parlé il y a deux, trois jours. Je lui ai proposé un truc pour nous, justement, pour Black Jack.

  • DeusExMaschine

    Oh, exclu, exclu !

  • Fab G

    Ouais, mais il m'a dit, Fab, je veux rester dans mon registre. Ça marche bien, là, en ce moment. On va faire plein de trucs ensemble. J'avais un concept avec Nico et eux deux. Et c'est très bien. Et je suis très content qu'il me réponde ça. Parce que bravo, je lui dis.

  • DeusExMaschine

    Il trace sa route. Ça y est, il a trouvé son truc. D'ailleurs, on aurait pu le citer aussi, Tony, parmi ceux qui…

  • Fab G

    Tony Romera, pour moi, c'est de la French Touch. Parce qu'il est français et qu'il a fait un set... Son dernier set que j'ai vu, c'était il y a presque deux ans. Il a fait un set Chicago, mec. Tu fermes les yeux. Tu ne sais pas si tu n'es pas à Chicago et si tu n'as pas un black derrière les platines qui est là en train de... Un tueur. Et puis encore un humain. Parce que je le dis, je suis un tournant où je n'ai vraiment pas... Et Nico, pareil, Mercer, on n'a vraiment pas envie de s'emmerder. On est avec des gens humains, tu vois ? Des gens cool...

  • DeusExMaschine

    Est-ce que ça serait le mot de la fin ? Humain avant tout. Merci Fabrice et à bientôt pour un nouvel épisode de French Touch Chronicles.

Chapters

  • Introduction à la French Touch et Daft Punk

    00:01

  • L'explosion de la scène house française

    00:07

  • Présentation de Fab G et Black Jack Records

    00:12

  • Fab G : parcours personnel et musical

    01:06

  • Découverte de la house et premières soirées

    03:26

  • Les débuts de Black Jack et les collaborations

    06:15

  • La création et la philosophie de Black Jack

    12:00

  • Expériences avec Sébastien Léger et autres artistes

    17:38

  • L'avenir de la French Touch et nouveaux artistes

    29:13

  • Conclusion et réflexions sur la musique électronique

    49:19

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