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Découvrez Fréquences, un podcast Aïkan.
- Gérémy
Bonjour Ghyslain. Salut. Déjà, merci d'être venu. C'est un plaisir, on lance une série de podcasts. Et quand Mathieu m'a parlé de podcast, de suite j'ai pensé à toi. Il n'y avait pas de premier invité meilleur que toi, donc on va parler d'un projet et particulièrement de Trèfle. Mais avant tout, déjà, est-ce que tu peux te présenter un petit peu pour ceux qui ne te connaîtraient pas ?
- Ghyslain
Oui bien sûr, moi c'est Ghyslain Morvan, je suis créateur d'entreprise depuis 19 ans. J'ai commencé par créer l'entreprise de traiteur événementiel, et depuis peu j'ai lancé une entreprise adaptée pour donner un peu plus de sens à mon projet professionnel. Entreprise adaptée c'est une entreprise qui a un contrat avec les services de l'État, où j'ai deux engagements forts. Le premier c'est de recruter au moins 55% de personnes handicapées, et le deuxième c'est d'encourager un cursus avec un accompagnement socio-professionnel. Et pour faire ça, j'ai décidé de rester dans la food, ce que j'adore. Et j'ai fait des concepts de food corner. Donc, c'est-à-dire, en gros, des corners que je mets dans les entreprises à destination des salariés pour qu'ils puissent manger le midi, une pause-déjeuner savoureuse, en faisant de l'inclusion et en ayant un service. Donc, j'ai lancé ça en 2024, cette année.
- Gérémy
C'est tout récent.
- Ghyslain
C'est tout récent, voilà.
- Gérémy
On a eu un peu l'occasion de goûter. Alors, du coup, c'est aussi ça qui a nourri l'envie de t'inviter. Comment t'es passé du traiteur classique à ce modèle qui combine la restauration et l'insertion professionnelle des personnes qui ont une situation de handicap ?
- Ghyslain
C'est un faisceau de réflexion. Comme je te l'ai dit, ça fait quasiment 20 ans que je suis chef d'entreprise. Et donc en 20 ans, j'ai eu l'occasion de faire plein de choses pour la RSE de façon sincère. Parce que moi, je crois que demain, il faut qu'on s'oriente vers un avenir plus durable. Ça peut être sur l'écologie, sur la biodiversité, mais aussi le social. Donc après avoir un peu rénové un peu mes activités traiteurs événementielles sur le plan écologique, sur le plan du transport, sur tous ces sujets, même sociaux, j'ai eu envie de changer de paradigme et plutôt que de créer un business sur lequel je rajoute une couche RSE, aussi sincère soit-elle, j'ai préféré partir d'une mission impact. Et la mission impact que j'ai choisie, c'est le recrutement des personnes handicapées et la formation et l'insertion professionnelle. Pourquoi ? Parce que ça faisait 7 ans que j'étais impliqué, j'ai fait le campus d'inclusion, j'étais président de la commission handicap, et au fur et à mesure que je me suis impliqué, je me suis rendu compte un peu de l'injustice que ces personnes pouvaient subir, je me suis rendu compte aussi de la discrimination, de la difficulté d'emploi, de l'éloignement, elles sont deux fois plus touchées par le chômage, et je me suis rendu compte aussi que les dispositifs qu'on mettait en œuvre souvent, pour encourager l'emploi, n'allaient pas au bout. Donc plutôt que de continuer à travailler sur les dispositifs, j'ai décidé de faire un pas supplémentaire, et d'ailleurs... que cette fois-ci, au lieu de travailler là-dessus pour encourager l'emploi, j'allais créer de l'emploi pour après sensibiliser.
- Gérémy
Ok, et du coup, c'est une nouvelle organisation qu'il faut mettre en place. Est-ce que tu peux nous en dire un petit peu plus sur les profils de collaborateurs que tu embauches chez Trèfle ?
- Ghyslain
Alors déjà, ça a été une mutation dans mon entreprise, parce que tu sais, les managers, il faut qu'ils accompagnent le personnel. Donc il y a eu une formation, une prise de conscience interne que cette mission qu'on se donnait, elle avait du sens. pour eux, comme pour nous, et pour l'ensemble de la société. Donc le management a dû évoluer. Et ensuite, les collaborateurs qui rentrent chez nous, c'est les collaborateurs qui viennent par trois biais. Le premier, c'est de la candidature spontanée, parce qu'on communique pas mal sur les réseaux, donc ça crée la candidature spontanée. Le deuxième, c'est les sorties d'ESAT aussi, l'établissement protégé, parce que moi, je suis entreprise adaptée, je suis entre le monde protégé, qui recrute les personnes handicapées, qui leur donne un projet socio-professionnel, et le monde ordinaire, je suis entre les deux. D'accord. Et donc... on a des candidatures qui viennent comme ça. Et le troisième volet, c'est avec la filière de France Travail, la filière classique, la filière qui s'appelle Cap Emploi. Et je me retrouve avec des candidatures qui sont diverses et variées. Tu vois, je peux me retrouver avec des personnes qui ont des neuro-atypicités, des déficiences intellectuelles, déficiences auditives, voilà. Et moi, mon objectif, ce n'est pas de me concentrer sur le handicap, c'est plutôt de me concentrer sur la faculté que je vais avoir à m'adapter à la personne et à adapter le poste de travail. Voilà. Donc moi peu importe, du moment que la personne est éloignée de l'emploi, que ça rentre dans mon critère de contrat avec les services de l'État et que je peux lui trouver un boulot alors que jusque-là elle n'en trouve pas, je trouve que j'ai rempli ma mission. Donc peu importe, moi je ne fais pas un focus sur un handicap en particulier, c'est vraiment dès que je peux m'adapter.
- Gérémy
Ce que tu dis finalement c'est valable pour une personne en situation de handicap, s'adapter au handicap et adapter au mieux l'activité pour qu'elle puisse répondre finalement aux objectifs communs, mais finalement c'est valable pour tout collaborateur c'est le rôle d'un manager s'adapter aux différentes qualités de son équipe et des personnes avec qui il doit collaborer si on va plus loin ce que tu as des exemples concrets et en pratique d'adaptation qui permettent de rendre finalement le
- Ghyslain
travail possible je vais faire mieux je vais re moindre ce que tu as dit c'est qu'en gros ce qu'on fait pour une personne handicapée c'est ce qu'on devrait faire pour tout le monde je te prends un exemple. Il y a des personnes qui ont des troubles anxieux. Et une des adaptations qu'il faut mener, c'est par exemple de leur envoyer l'ordre du jour avant, par écrit, pour que la personne puisse savoir quel est l'objet de la réunion. Ça paraît rien, mais c'est une forme d'adaptation qui fait que tu vas moins susciter l'anxiété. Mais ça, si tu le fais et que tu le généralises à tous les collaborateurs, en fait, tu deviens un meilleur manager. Tu vois, tu n'as pas besoin forcément de faire focus sur la personne handicapée et de le faire que pour elle, tu peux le faire pour l'ensemble. Donc tu vois, c'est une adaptation toute simple, et je prends cet exemple parce qu'il a ce côté effectivement où "c'est bien pour tout le monde", parce que tout le monde est content de recevoir l'ordre du jour avant, c'est toujours mieux, et deux, parce qu'il coûte rien. On pense toujours qu'une personne handicapée, quand tu la recrutes, tu vas avoir des frais, c'est le cas pour de l'adaptation au poste parfois, adapter le mobilier et autres, et encore c'est pris en charge, ça peut être le cas aussi si tu dois accepter une moindre productivité pour certaines personnes, mais il y a des personnes qui ont des troubles anxieux par exemple, ou d'autres troubles pour lesquels il y a juste l'adaptation au comportement.
- Gérémy
Très clair. Et puis, je pense qu'en plus de réduire l'anxiété, ça a le mérite aussi de pouvoir préparer des réunions. Puis pour connaître aujourd'hui des partenaires et des sociétés, nous, on est, chez AIKAN, une grosse entreprise aussi, finalement, de préparer ces réunions. C'est un gain de productivité au final et d'efficacité. Donc, au-delà de réduire l'anxiété, en plus, on s'y retrouve tous de manière collective. Du coup, si je résume, alors c'est effectivement un levier très intéressant au niveau de l'insertion des personnes qui ont une situation de handicap. Mais au-delà de ça, tu as prononcé le mot RSE. Alors le mot RSE, c'est un mot un peu à la mode, mais qu'est-ce qu'il y a derrière ça ? Est-ce que ça ne dépasse pas un peu cette logique ? Finalement, est-ce qu'il n'y a pas autre chose chez Trèfle qui rejoint un peu cette dimension sociétale et environnementale, notamment pour avoir pu goûter un petit peu l'aspect local des produits ? Est-ce que ça, ça fait partie aussi de la promesse de Trèfle ?
- Ghyslain
Ouais, évidemment. Ça, c'est même dans nos gènes de base. Le RSE, comme tu dis, c'est un mot à la mode. Moi, en 20 ans de parcours, je me suis rendu compte qu'au début, tu parlais de RSE, tu mettais une page Internet en mettant... "on sensibilise nos équipes à", voilà, ça suffisait, l'acheteur était content. Après, l'acheteur est devenu un peu plus fort, donc il a commencé à gratter, à demander un peu des ISO, des certifications, des choses comme ça. Bon, t'arrivais aussi, en tout cas pour une entreprise qui n'était pas forcément sincère, à contourner. Là, aujourd'hui, on est face à des acheteurs qui se sont perfectionnés et qui sont des vrais acheteurs avec des vraies clauses d'inclusion, des vraies clauses écologiques, des vraies clauses de biodiversité, et qui demandent des résultats concrets. Et ça, là, je trouve que c'est passionnant, parce qu'à une époque où tu pouvais avoir beaucoup de greenwashing ou social washing. Là, maintenant, j'ai répondu il n'y a pas longtemps à un appel d'offre, qu'on a gagné, parce qu'en fait, la personne demandait vraiment, je veux, genre, 3000 heures d'insertion. Et il faut le prouver. Ce n'est pas, on veut une entreprise qui fait l'inclusion, et où tu mets trois "pouet, pouet', et voilà. Donc ça, c'est génial.
- Gérémy
Powerpoint ne suffit plus aujourd'hui. Il faut des faits.
- Ghyslain
Ou la page de sensibilisation. On sensibilise nos équipes aux déchets, on sensibilise. Ouais, tu sensibilises, mais quel est le résultat ? Sensibiliser ? Moi aussi, je sensibilise mon gamin pour qu'il ne fasse pas de conneries. Il en fait quand même encore. Bon, donc, si tu veux, c'est bien que ça aille au-delà. moi j'en suis ravi. La RSE ça veut dire quoi ? ça veut dire qu'en gros tu dois t'engager sur des choses concrètes, moi je pense que tu peux pas courir après tous les projets mais tu peux choisir de démarrer par l'écologie en disant allez admettons je suis pollueur en CO2, c'est ce qu'on a fait nous on était très impactant au niveau du carbone parce qu'on avait des camions qui partaient faire une prestation et je me rendais compte que notre camion il partait faire la même prestation à côté et en fait on a changé tout ce modèle et on a fait des tournées optimisées avec des logiciels transporteurs, on a rien inventé mais l'invention c'est de l'incorporer dans notre métier de traiteur. Et donc là on a réduit, on a enlevé 36% d'impact carbone par rapport à une tournée.
- Gérémy
Tu vois donc une mesurable...
- Ghyslain
C'est concret, c'est mesurable, c'est tangible, là c'est passionnant. Pour autant, c'est vrai que quand tu fais ça, le lendemain, tu n'as pas plus froid que la veille. Tu vois, même si tu luttes contre les réchangements climatiques. Donc j'avais aussi besoin de travailler sur un projet sur lequel j'avais un impact mesurable, mais immédiat. Le sourire des collaborateurs quand tu leur a filé un projeet que tu as sorti d'un long parcours de galère à trouver l'emploi par exemple, tu vois, et ça c'est passionnant. Donc c'est pour ça que moi je suis sur deux piliers, à la fois l'impact carbone qu'on fait depuis des années, le déchet tout ça, mais que tu peux pas mesurer tout de suite, et le deuxième qui est le côté social où tu travailles pour moins de pénibilité, plus d'inclusion, et où là tu peux mesurer tout de suite ne serait-ce que par les remerciements ou en tout cas la gratitude que tu peux recevoir, même si c'est pas ce que tu recherches, mais en tout cas c'est concret, c'est ça. Nous, on est plutôt sur ces deux piliers. Et j'invite moi tout chef d'entreprise qui a un projet où il veut démarrer par la RSE, il sait pas quoi faire. Regarde un peu le sujet sur lequel tu es le moins bon, entre guillemets, le carbone, le déchet ou la biodiversité ou le social, et choisis une action concrète, tangible et mesurable.
- Gérémy
Ok, très clair. Je te rejoins complètement sur cette façon de voir la RSE, puisqu'on peut, effectivement, c'est très large. On ne peut pas faire tous les chantiers d'un coup, mais il faut commencer par quelque chose. Et en fonction de l'activité, on va choisir son premier chantier, finalement, à aborder. Tu as parlé d'impact. Finalement, aujourd'hui, tu as une mixité dans tes équipes. Des collaborateurs qui sont en situation... Alors, il n'y a pas de normalité, donc finalement, en situation classique, et puis des collaborateurs en situation de handicap. Est-ce que ça n'apporte pas aussi quelque chose aux équipes ? Ou alors, qu'est-ce que ça a apporté, si il y a une réponse positive ?
- Ghyslain
Tu sais, Philippe Di Borgo, qui a inspiré le film Intouchables, et qui est connu, qui disait, je n'ai pas la phrase exacte, mais qui disait, "Recrutez un handicapé, ou vous ferez grandir tout le monde" ou "Vous ferez bien grandir les deux". Et en fait, ce qu'il voulait dire par là, c'est que quand tu recrutes une personne handicapée, effectivement, tu demandes à tes managers, à ton équipe, du milieu ordinaire de s'adapter. Le management, c'est l'adaptation aussi. Et ça aussi remet un peu l'église au milieu du village, sur l'ambiance au travail, la façon dont on considère la vie, etc. Et moi, ce que je constate surtout, c'est que lorsque je recrute une personne qui jusque-là était isolée ou autre, c'est qu'au niveau, surtout pour les neuroatypiques, au niveau cognitif, il y a un développement qui est important. Pourquoi ? Parce que la personne n'est pas dans un milieu avec des éducateur qui ont en permanence le souci de l'adaptation, elle va être dans le milieu ordinaire, et là, avec des personnes qui parlent vite, qui peuvent passer rapidement et autres, et donc, au niveau cognitif, ça demande à la personne de se développer, tu vois, de s'adapter elle aussi. Et ça la fait grandir. Et je prends souvent l'exemple de dire, tu vois, toi, t'es pas catalogué neurotypique, mais si demain, je te prends, je te fous dans une pièce, et pendant deux ans, je t'enferme avec juste la télé, ben, en fait, tu verras que ton niveau de capacité d'autocritique et cognitif va baisser. Ca marche dans l'autre sens aussi. C'est qu'une personne que tu mets dans la diversité, elle grandit vachement comme ça.
- Gérémy
Ok, on ne voit que des avantages finalement à ce que tu fais aujourd'hui chez Tref quasiment. Je vais peut-être en rajouter un qui va parler à beaucoup d'entrepreneurs. C'est aussi finalement le bénéfice qu'on peut avoir en tant qu'entreprise. Il y a un bénéfice fiscal un peu direct. Est-ce que tu peux nous en dire un petit peu plus aussi de ce volet-là qui a aussi son incidence et qui peut faire la différence quelque part ?
- Ghyslain
Alors, ce n'est pas un bénéfice fiscal, c'est un bénéfice lié aux contributions AGEFIP. En fait, ce qui se passe en France, c'est que... Pour encourager un emploi, toutes les entreprises de plus de 20 salariés doivent recruter au moins 6% de personnes handicapées. 80% des entreprises n'y arrivent pas. Donc l'État a mis en place aussi un autre dispositif qui est de dire, si vous travaillez avec des ESAT ou des entreprises adaptées comme Trèfle, pour la restauration, la facture que l'entreprise vous fera, vous pourrez la déduire de cette déclaration obligatoire de travailleurs handicapés, et donc moins payer de contribution à AGEFIP si jamais vous n'arrivez pas à atteindre ce quota-là. Moins payer de contribution, c'est à la fois de recruter en direct, c'est de travailler avec des entreprises adaptées, c'est aussi d'encourager la formation, les salons et autres. Il y a plusieurs choses pour le faire, d'ailleurs j'avais fait une vidéo explicative là-dessus. Et nous on s'inscrit vraiment au deuxième rang des solutions les plus intéressantes parce qu'une entreprise qui n'y arrive pas ou qui a besoin de franchir le premier cap, c'est bien de s'appuyer sur une entreprise comme nous, dont c'est la spécialité, parce que ça permet de démarrer par quelque chose, tu vois, et de se dire que, voilà, déjà... une personne qui rentre, mais qui est accompagnée par nous. L'économie, elle est sur la contribution.
- Gérémy
D'accord. Si on prend notre situation personnelle, c'est effectivement un argument qui, au niveau du choix, au début, nous a conduit un peu, en partie, en plus, à te contacter. Mais finalement, la différence, elle ne se fait pas là. Elle s'est faite sur le goût. On a vraiment aimé les plats. Et je le redis, et je te l'ai dit sur le moment, c'était très bon. Et de toute façon, c'est comme ça qu'on... fera perdurer un service, qu'un partenariat est constructible. Donc c'est le gros point fort de tout ça, c'est qu'au final, il y a surtout une super prestation et c'est bon.
- Ghyslain
Je te remercie de le rappeler parce que moi, j'oublie tout le temps. En fait, comme ça fait 19 ans qu'on fait des bons plats, pour moi, c'est presque une dette. En fait, je différencie la dette et le don. Pour moi, que ce soit bon, c'est une dette. C'est un gros, bien évidemment que, tu vois, c'est comme toi, tu m'as un service, si demain tu leur rends pas le service, tu vois, c'est ton travail, c'est ta dette. Donc du coup, je parle même plus des produits. Ni de la qualité, ni tout à l'heure tu m'as challengé, j'ai même pas rebondi sur la qualité, l'origine, tout ça. Parce qu'en fait pour moi c'est une dette maintenant, c'est plus une histoire de : "tenez, goûtez, nous chez nous c'est bon". Bien sûr que c'est bon, sinon je change de métier quoi. Donc moi ce que je vais donner en plus, c'est ce côté où je vais m'impliquer sur l'inclusion, sur l'insertion professionnelle, et voilà, ça c'est le bon effort que je fais aujourd'hui, c'est le don que je vais apporter en plus. Mais merci en tout cas de le rappeler, parce qu'effectivement c'est bon, j'ai des chefs de qualité qui travaillent sur les projets, qui travaillent sur les recettes, sur la diversité aussi, parce que c'est un critère qui est très important. Quand on fait une cantine d'entreprise ou un food corner, un des premiers critères, c'est la diversité. Même si je te fais un super plat, mais qui revient tout le temps le même, je me rappelle que tu avais adoré les peignets aux champignons, si je te fais ça, mais tous les jours, tu as la même chose, au bout de moment, tu vas me dire, bon, tu es bien gentil, mais là, j'en ai marre. Donc la diversité, c'est vachement important, le goût, c'est vachement important, et en plus, évidemment, il y a toute l'inclusion. Et aussi, dernier point, c'est que moi, je veux absolument montrer que handicap ne veut pas dire qualité en dessous. Tu vois, tu peux très bien avoir de l'insertion professionnelle et travailler avec des personnes handicapées, les motiver, les challenger, les former, et derrière, qu'elles livrent une prestation au moins du même niveau de qualité.
- Gérémy
C'est pour ça que je disais ça en ce moment, parce que c'est pas un choix en fait, c'est pas l'un ou l'autre, là c'est les deux ensemble. Et c'est ça qui est beau dans ce projet, c'est que finalement on aboutit à surtout une super qualité, et c'est ce qu'on attend d'une cantine inclusive, ou d'une cantine tout court, tout en tant qu'une entreprise, et pour le vivre un petit peu dans des gros groupes qui ont des cantines que tu dois connaître aussi. Souvent, il n'y a pas de choix, ce n'est pas très bon. Même si c'est finalement subventionné et que ça revient moins cher, au final, les collaborateurs se détournent un peu de la cantine.
- Ghyslain
Ils vont ailleurs, payer plus cher. Nous, notre solution, c'est vraiment que tous les côtés. Et ce n'est pas de la charité qu'on demande avec l'entreprise adaptée. On ne vient pas toquer à la porte en disant : "s'il vous plaît, faites travailler les personnes handicapées. OK, il y a des défauts, mais ce n'est pas grave, il faut..." Non, faites travailler les personnes handicapées. Vous avez un bon impact, mais évidemment que c'est bon, que vous allez vous régaler, c'est aussi la promesse, on est d'accord.
- Gérémy
Très clair. Après, effectivement, tu le sais, c'est un monde où on vient de l'assurance. Et déjà, c'est quoi ta relation de manière générale à l'assurance avec Trèfle, mais pas que, avec les différentes activités que tu as ? Est-ce que tu déclares des sinistres ? Comment tu t'organises ? Est-ce qu'il y a des spécificités liées à Trèfle ou pas ?
- Ghyslain
On peut tout dire?
- Gérémy
On peut tout dire. C'est le but. Alors,
- Ghyslain
Moi, je travaille avec un courtier en assurance depuis que j'ai 17 ans et demi. Quand j'ai acheté ma première voiture, je n'avais pas encore le permis. Et je suis allé voir un courtier à l'assurance à Béziers, en lui disant, "Je vais acheter ma première voiture, mais attention, je vais mettre des baffles et tout". Il a rigolé, le gars, à l'époque. Et puis, il m'a assuré ma première voiture, comme ça. Et puis, une deuxième, et puis une troisième. Et rapidement, après mes études, moi, j'ai créé l'entreprise. Et bon, le seul assureur que je connaissais, c'était mon courtier. Et donc, je suis allé le voir. C'est un monsieur qui avait déjà 60 ans à l'époque. Plus de 60 ans. Qui était en train de transmettre, petit à petit, l'entreprise de courtage à ses enfants. Et je ne l'ai jamais quitté. Parce que encore aujourd'hui, ils s'occupent de mes dossiers à 80 ans passés et qui m'apportent une qualité de service hors normes. Et tu sais, moi je suis beaucoup dans les réseaux à Montpellier et tout, et j'ai beaucoup de copains qui sont assureurs, et très souvent ils me démarchent tout, ils essaient de voir si, gentiment, s'il n'y a pas un sujet ou un dossier à choper ou autre, et je leur dis "Mais aujourd'hui j'ai un service qui est imbattable!". Et donc, tu vois, le produit assurantiel pour moi, c'est avant tout un service, c'est ok les cotisations, payer moins cher, pourquoi pas, mais... D'avoir un mec au téléphone quand tu as un souci, quand tu as un sinistre, parce qu'évidemment qu'on en a, on n'avait pas... Pour moi, ce qui compte avant tout, c'est la qualité du conseil que tu vas avoir, la réactivité et tous ces sujets, parce que quand tu l'appelles, c'est que tu as eu un pépin. Enfin moi, en tout cas, quand je m'occupe du dossier, c'est qu'il y a eu un gros pépin ou en tout cas un truc grave. Et ce n'est pas juste l'abonnement ou une cotisation, tu vois. Pour moi, c'est un vrai produit, un vrai service que tu attends derrière. Donc mon rapport à l'assurance, il est simple, mais il est un peu comme si j'avais qu'une femme et que je ne l'avais jamais quittée. Il est unique, je n'ai connu qu'une personne dans ce secteur-là, quasiment, et j'y suis fidèle. Il m'apporte un service qui est inégalable, et moi je suis aujourd'hui ravi. Alors évidemment, après, il faut respecter aussi d'autres côtés les conditions générales, qui sont un peu épaisses. Moi j'aimerais avoir un résumé un jour, parce qu'effectivement on oublie que quand on n'a pas passé le contrôle des lignes tout de suite, on peut avoir des clauses qui font que... C'est vrai qu'il faut respecter, mais ça, chacun fait son travail, mais aussi si tu ne respectes pas toutes les conditions ...
En tout cas dans ce que tu dis il y a un mot que j'aime bien c'est le service souvent l'assurance est vécue comme une obligation parce qu'il y a beaucoup d'assurance obligatoire en France et c'est ça qui ternit parfois un peu l'image de l'assureur mais avant tout c'est un service, c'est un accompagnement c'est indispensable à une activité ou même à un patrimoine quel qu'il soit donc c'est bien que tu retiennes cette notion de service et nous, chez Aïkan c'est très important on a à coeur vraiment d'offrir le service pour lequel un assuré "t'as une prime tout simplement", tu dis que ta dette, c'était de faire de la bonne qualité au niveau des plats. Nous, notre dette, c'est de rendre un bon service aux assurés.
Non, mais c'est normal. Pour moi, il n'y a pas de sujet sur le fait que ce soit obligatoire en France parce que l'obligation, en tout cas pour l'assurance de biens, comme moi, je connais sur les véhicules et tout, l'obligation, elle n'est que sur la RC. Et donc, c'est vis-à-vis des tiers. Ce n'est pas vis-à-vis de moi, ce n'est pas vis-à-vis de mon parc. Donc, bien sûr que tu dois être assuré pour en fait faire en sorte que... Ce que tu engages comme responsabilité quand tu es sur la route et que tu trimballes un truc qui fait 2 tonnes ou 3 tonnes ou même une voiture de 1 tonne, les dégâts que tu peux occasionner avec ça, pour un tiers, ils puissent être couverts. Pour moi, sinon c'est trop facile, tout le monde fait n'importe quoi et puis de toute façon tu es insolvable et tu n'es pas responsable. Donc pour moi, oui, c'est normal d'être obligé. Après, à toi de voir si ton véhicule qui vaut 20 000, 30 000, 100 000, tu veux l'assurer ou pas. Et à quel niveau ? Ça, c'est ton truc à toi.
- Gérémy
Et puis sur les conditions de l'assurance, je pense que tous nos partenaires assureurs sont au courant de ce sujet, de la simplification des conditions générales du contrat, qui sont effectivement, tu l'as dit, très épaisses. Je pense que tous, on ne les lit pas forcément, même si on est censé les lire. Et il y a un sujet quand même, il y a vraiment un chantier de simplification qui a été mené. Nous, chez Aïkan, on avait créé un bot IA. Donc, on a créé un bot qui s'appelle JuriBot et qui vient analyser les contrats d'assurance et justement permettre d'avoir un résumé simplifié du contrat pour qu'il soit compréhensible de tout le monde. Tu as la chance d'être accompagné par un courtier qui, en plus, te connaît depuis longtemps, donc il doit t'apporter un conseil spécifique et adapté ton activité. Mais là, en plus, ça permet à une personne qui n'a pas cet accompagnement de pouvoir interroger le bot sur des garanties. Et donc, c'est un plus en termes de simplification par rapport effectivement à une demande aujourd'hui. qui se fait souvent sur internet, qui a tendance à enlever un petit peu le lien social qu'on avait avec un humain, mais le bot permet de simplifier quand même et de rendre plus intelligibles les conditions.
- Ghyslain
Oui, il y a une idée que j'avais là sur l'assurance. Je pense que le but pour l'assureur quand il prend un contrat, c'est de le garder le plus longtemps possible. Et pour moi, un outil de fidélisation qui serait super intéressant, ça serait de faire du proactif. C'est en gros, t'assures ta voiture qui est neuve, et puis au bout de 4 ans, t'as un rappel de l'assureur qui dit attention, 3 ans et demi après, attention, passez bien le contrôle technique, parce que vous savez, les conditions générales, il y a ça. Ça te fait un rappel bienveillant, tu vois, et au moins ça montre la sincérité aussi de l'assureur là-dessus. Ça serait de dire aussi, peut-être, au bout de 5 ans, vous n'avez pas eu de bris de glace, est-ce que c'est vraiment utile, vous faites tant de kilomètres, est-ce que c'est vraiment utile d'avoir ces garanties ? Au bout de 8 ans, 9 ans, dire, est-ce que peut-être ce n'est pas intéressant de passer au tiers maintenant ? Enfin, tu vois, essayer de créer de la relation comme ça, de la fidélisation, en accompagnant la personne pour avoir le meilleur produit au bon moment. Et là, à mon avis, tu aurais un taux de fidélisation qui serait beaucoup plus élevé, plutôt que d'un coup, il voit une pub à la télé qui dit, ouais, je vais payer moins cher, je m'en vais, tu vois. Et on redemanderait ce côté service. Moi, je l'attendrais ça.
Je vais sortir en plus avec des idées.
Moi, j'attendrais ça de mon assureur.
- Gérémy
Je pense que tu as raison, parce que ça permet de contrecarrer un peu l'idée de payer pour rien, pour quelque chose qui n'est pas utile, l'accompagnement de l'assureur tout au long du parcours de vie de l'assuré, effectivement, c'est un sujet.
Et même, je dirais plus, parce que tu sais, j'avais lu une fois un article sur les 10 métiers les plus détestés, et je crois que l'assurance n'était pas très loin, malheureusement. Mais en fait, c'est parce que tu payes pendant 10 ans, par exemple, le service. Et puis t'as oublié de faire un truc sur ta voiture ou je sais pas quoi, par exemple je prends l'exemple de la voiture parce que c'est le seul truc que je connais, et là on te dit "ah oui mais du coup vous êtes pas dans les clauses", et là c'est là où t'as envie de péter un câble vis-à-vis de ton prestataire, parce que tu te dis mais mince moi je le paye, je paye, je paye, je paye, et le jour où j'ai besoin il est pas là, mais non, il est là, sauf que t'as pas rempli les conditions, tu vois, et c'est l'humain, franchement les conditions générales elles sont comme ça...Qui lit tout ? Qui ? Où ? Voilà ! Donc moi, je trouve que de faire du push comme ça, ça serait une forme d'honnêteté intellectuelle, de fidélisation qui serait intéressante. Oui, ça montre qu'on doit aller plus loin que l'information, le conseil délivré à la souscription, simplement, ou au changement, mais tout simplement, tout au long de la vie du contrat. Donc en tout cas, je prends l'idée, c'est une très bonne idée, et on va y réfléchir fortement. Pour terminer, du coup, je n'ai pas suivi les questions que j'avais prévues, mais ce n'est pas grave, l'idée c'était de discuter. Et j'ai vu que tu avais créé une chaîne YouTube. Tu communiques aussi beaucoup sur les réseaux, notamment sur LinkedIn, mais pas que, Instagram notamment. Finalement, est-ce que ce n'est pas au-delà d'une simple démarche entrepreneuriale ? Est-ce qu'il n'y a pas une autre volonté derrière tout ça ?
- Ghyslain
Si, complètement. En fait, comme je l'ai dit tout à l'heure, Trèfle, l'objectif, c'est vraiment de créer l'emploi. Donc... En fait, à chaque fois que je signe un contrat, je crée un ou deux emplois directs, puisqu'il faudra faire le service sur le corner et puis il faudra fabriquer les plats. Donc ça, c'est ma mission prioritaire. Et de là, je vais sensibiliser effectivement à ce que l'emploi soit connu, reconnu et puisse se développer. Mais pour le faire, j'ai entrepris aussi de communiquer fortement sur les réseaux, donc sur les quatre réseaux principaux, et je fais des formats différents. Sur LinkedIn, c'est plutôt sur le côté management, recrutement et emploi des personnes handicapées. Et sur Insta et TikTok, c'est plutôt la vidéo, on est à mi-chemin entre l'humour, l'éducation et le côté conseil aussi. Et sur YouTube, le podcast sur la chaîne Ghyslain Morvan, qui a mon nom tout simplement, en fait là, je vais sur les formats beaucoup plus longs, on va au-delà, on va vraiment décortiquer le sujet sur : comment recruter, comment postuler, mais aussi je reçois des personnalités sur le podcast qui sont inspirantes. Ca peut être des collaborateurs qui viennent expliquer pourquoi ils sont contents de bosser, quel était leur parcours avant et autres. Et ça peut être aussi sur des sportifs, des personnes qui ont vécu des galères de ouf, et qui viennent témoigner du fait qu'après ce parcours-là, ils ont réussi à avancer, et puis ça donne de l'inspiration pour, je l'espère, des personnes qui sont plus éloignées, qui sont plus en difficulté, tu vois, voire tristes pour certaines, et qui puissent se dire qu'il y a moyen de, et que ça donne du boost et de motivation. Voilà, en fait, chaque canal, chaque réseau social ou chaque support a vraiment un objectif de sensibiliser, de partager, ou même de faire apprendre des choses.
- Gérémy
D'accord, très bien. Je vais quand même terminer par une petite question sur le futur, un peu prospective. Comment tu vois Trèfle dans 5 ans, puisque tu l'as dit, c'est assez récent. Aujourd'hui, comment tu imagines l'évolution de Trèfle et c'est quoi pour toi finalement l'idéal de Trèfle dans 5 ans ?
- Ghyslain
Nous, vraiment, le focus, tout à l'heure, je parlais de critères tangibles. Pour le CO2, c'était l'économie. Là, c'est la création d'emplois. Donc on a commencé à développer l'activité à Montpellier, puisque c'est un peu mon fief, c'est là où j'ai plus de facilité à développer l'activité. On a installé à peu près 10 cantines, des grosses, des petites. Ensuite on a fait le Gard, qui est juste le département d'à côté. Et là maintenant je teste la capacité à dupliquer mon modèle, à aller dans une autre ville et à développer aussi. Donc on a choisi Toulouse, on a signé un premier client d'un grand groupe. Et là on teste trois choses : 1/ c'est ma capacité à recruter sur place, ma capacité à accompagner la personne, socio-professionnellement, comme je l'expliquais. 2/ le transport, la logistique et tous ces sujets d'éloignement, tout en étant dans un impact qui soit mesurable. Et troisième sujet, c'est ma capacité à vendre dans un endroit qui est différent de là où j'habite et là où j'ai toujours fait mes affaires. Donc là on est plutôt en train de réussir ce test de duplicabilité et au début de l'année 2025, on va à Paris au Salon de la Franchise et on va chercher à créer un réseau de distribution partout en France, donc avec des personnes qui partagent ces valeurs-là, qui ont envie de développer dans leur secteur géographique cette activité de Trèfle. Et l'objectif pour moi, si je dois donner un chiffre, c'est de créer 1000 emplois directs de personnes handicapées qui pourraient travailler pour l'entreprise adaptée ou qui travailleraient pour d'autres EA, mes partenaires. Et qu'il y ait un vrai impact aussi au niveau sensibilisation et partage de valeurs, comme je l'ai dit tout à l'heure, sur le réseau.
- Gérémy
Donc au final, Trèfle, tu vas en faire un concept de franchise, c'est ça le but ?
- Ghyslain
Ce ne sera pas une franchise, ce sera un réseau de distribution, parce qu'il faut garder le lien avec l'entreprise adaptée et l'accompagnement. Si je franchise, je ne suis pas garant de l'accompagnement, donc je veux protèger ce sujet-là. Donc je vais garder ce côté entreprise adaptée, donc plutôt un réseau de distribution. C'est à peu près pareil, c'est juste un format différent.
- Gérémy
Oui, c'est un format différent.
- Ghyslain
Dans l'idée, c'est ça. Dans l'idée, c'est... Quelqu'un qui a envie d'entreprendre, qui ne sait pas forcément par où commencer, qui a un budget ou qui a envie de s'intégrer dans un projet qui existe déjà, de suivre le sillage d'un projet qui a déjà été créé, qui a fait ses preuves. C'est le même profil que quelqu'un qui cherche une franchise. Elle vient chez nous, elle prend un concept qui est déjà créé, qui a une marque forte, qui a une vraie valeur, qui a un vrai impact et elle déploie dans sa rzone géographique.
- Gérémy
Merci beaucoup. Tu as parlé de Montpellier comme ton fief. C'est aussi le mien, c'est aussi celui d'Aïkan. Et du coup, ça me paraissait évident de commencer par un entrepreneur aussi local. On a toujours milité pour le local par différentes actions et même auprès de nos partenaires. On revendique fièrement le fait d'être Montpellierain . C'était un plaisir de te recevoir.
- Ghyslain
Merci pour l'invitation.
- Gérémy
Merci beaucoup.