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Ep.8: Skola - L'école cover
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GuinéTopia

Ep.8: Skola - L'école

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15min |31/08/2025
Play
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Description

L'éducation, comme la santé, est un gros morceau à décortiquer en douceur et point par point pour en arriver au bout! J’essaye de faire ça aujourd'hui dans une première partie monologue et la semaine prochaine vous aurez la surprise d’une interview d’une figure de l’éducation en Guinée-Bissau.


Lisez le manifeste ici: https://www.repatbissau.com/post/guinetopia-methodologie-de-conquete


Sources:


Faite un micro-don sur tipee pour soutenir mon travail: https://fr.tipeee.com/guinetopia 


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Bonjour et bienvenue sur le podcast Guinée-Topia ou la révolution des compétents. Je m'appelle Diana Taborda-Gomez, je vis en Guinée-Bissau depuis 2021 et dans ce podcast, je veux imaginer avec vous la Guinée-Bissau de demain pour que tous ensemble, on puisse faire du dicton « Guinée facile compo » une réalité. Embarquez avec moi dans ce voyage de transformation de notre chère Guinée-Bissau. Bienvenue chez vous. Bonjour à tous. Non, je n'ai pas abandonné le projet. Disons que j'ai eu un petit coup de mou et les dramas-dramas de la vie m'ont ramené à mes vieux démons de procrastination, mais je suis de retour. En plus, c'est la rentrée, donc pas d'excuses. Bienvenue dans ce nouvel épisode de Guinée-Topia saison 1. Aujourd'hui, on aborde enfin le sujet de l'éducation. Asseyez-vous. confortablement et c'est parti. Chaque enfant est un trésor incomparable. Chaque enfant a un talent. Le rôle de l'école et de l'instruction du 21e siècle est d'en faire un être conscient de ses potentialités propres, conscient de son environnement et de ses cultures, sain physiquement, fort mentalement et équilibré émotionnellement. Ces mots, ce sont ceux que j'ai écrits en introduction du volet sur l'éducation dans mon manifeste Guinée-Topia. La plupart d'entre vous... ont vu passer la vidéo virale d'il y a longtemps, peut-être 5-6 ans, du slameur Prince Ea, qui est traduite en français sous le nom du procès du système scolaire. Et l'introduction de la plaidoirie, c'est, je cite, « Einstein disait que tout le monde est un génie, mais si on évalue un poisson à sa capacité à grimper aux arbres, il pensera toute sa vie qu'il est stupide. » Fin de citation. C'est exactement ce que j'aimerais éradiquer dans le système éducatif de ce pays. Ce sentiment qu'ont les enfants d'être stupides à longueur de temps. Je rêve d'une école, de la maternelle au secondaire, qui saura inspirer et nourrir les aspirations naturelles des enfants. Pourquoi ? Parce qu'un enfant ne l'est ni raciste, ni feignant, ni méchant, ni violent, ni vide. C'est son environnement qu'il conditionne. Et tous les enfants ne naissent pas tous bons en maths, ou en langue, ou en sport. Certains sont des boss des maths, mais dessinent comme des pieds. D'autres font des sculptures de pâte à modeler magnifiques à 4 ans à peine. mais ne réussissent à lire qu'à 10 ans. J'ai essayé de prendre des exemples un peu extrêmes, évidemment, mais c'est pour essayer de vous faire comprendre mon point de vue. L'école dite « moderne » depuis les révolutions industrielles et l'avènement du capitalisme est fondée sur comment faire de belles petites copies carbone, de bons petits employés, fidèles, dociles et obéissants. Pas des citoyens avec un esprit critique, non, juste des consommateurs. Et il y a une couche supérieure de conditionnement chez les Africains comme n'appelle la colonisation. Sur ce sujet, je vous conseille l'excellentissime film qui m'a vraiment ouvert les yeux, qui s'appelle « Scolariser le monde, le dernier fardeau de l'homme blanc » , dont voici une partie de la description. Si vous vouliez détruire une culture en une génération, comment feriez-vous ? Vous changeriez la manière dont les enfants y sont éduqués. Le gouvernement des États-Unis le savait bien lorsqu'au XIXe siècle, il inscrivait de force les enfants d'Indiens d'Amérique dans ... des écoles gouvernementales. Aujourd'hui, des bénévoles construisent des écoles dans toutes les sociétés traditionnelles du monde, persuadés que seule l'école est en mesure d'offrir une vie meilleure pour les enfants ruraux et indigènes. Mais est-ce le cas ? Que se passe-t-il vraiment lorsque nous remplaçons l'ensemble des savoirs d'une certaine culture par le nôtre ? La vie devient-elle plus belle pour ces membres ? Scolariser le monde porte un regard édifiant et finalement profondément troublant sur le rôle joué par l'éducation moderne dans la destruction. des dernières cultures soutenables ancrées dans leur territoire écologique. Fin de citation. Après avoir lu ça, vous allez peut-être penser que je suis anti-école. Mais non, je crois en une institution scolaire utile et nécessaire. Par contre, je suis profondément anti-système scolaire classique tel qu'on le connaît. Il y a donc un autre film qui permet d'en savoir plus sur les pédagogies alternatives. Il s'appelle « L'éducation interdite » . C'est un film hispanophone, mais j'ai trouvé une version sous-titrée. en français, je vous mets le lien en description comme d'habitude. Je vais être honnête, je n'ai absolument pas la prétention de dire ici que je connais les curriculums de l'éducation nationale des Guinée-Bissau, mais je sais deux choses. Premièrement, quand on entre dans une salle de classe d'une école publique, et même dans la plupart des privés, il n'y a pas de matériel éducatif. Ça veut dire que l'on est dans le schéma que Prince Ea dénonce dans sa vidéo, c'est-à-dire les enfants bien rangés en ligne, bien dociles, qui apprennent bêtement par cœur ce que dit le professeur. On ne bouge pas, on ne moufte pas. C'est très école du 19e siècle. Comment veut-on aider la nouvelle génération au XXIe siècle si le système reste le même qu'au XIXe ? Expliquez-moi ce mystère. Même si la Guinée-Bissau est en retard dans son industrialisation, c'est malheureusement trop tard. On ne cherche plus des employés d'usines, ils sont pratiquement tous déjà remplacés par des machines. Deuxièmement, parlons des professeurs. Je commence par dire que je sais qu'ils font ce qu'ils peuvent avec ce qu'ils ont. Mais ils ne sont clairement pas formés pour être des professeurs du XXIe siècle. Quand on discute avec certains professeurs qui ont une diction douteuse, une lecture à voix haute qui laisse à désirer, et ou un niveau de portugais qui craint, vous voulez instruire quel enfant correctement avec ça ? Et après, on se demande pourquoi le taux d'abandon des étudiants guinéens dans les universités en Europe est si grand. Ils n'ont pas le niveau. Tous les gens ayant une licence ou un master, même en éducation, ne sont pas forcément faits pour enseigner. J'en ai fait les frais moi-même en France, au lycée, avec un super doctorant. en histoire qui avait zéro pédagogie. Celui-là, il était bon à rester le nez fourré dans des bouquins à faire des recherches. Sauf qu'en Guinée, on a une telle pénurie de professeurs et une telle précarité des jeunes formés que l'un dans l'autre, des jeunes qui ne mériteraient pas encore le titre sont devenus professeurs et de l'autre, on fait semblant d'avoir des écoles ouvertes pour éviter la révolte des parents. C'est tout ce que c'est. Alors avant d'aller vers des solutions concrètes, il faut déjà savoir vers où on veut aller en tant que peuple. Ceux qui ont écouté les épisodes précédents ont déjà une idée du fond de ma pensée. Mais en quelques mots, ce dont je rêve pour la Guinée-Bissau, c'est une école décolonisée et décomplexée qui rend les enfants heureux et fiers. Heureux de vivre en Guinée-Bissau, fiers d'appartenir à telle ou telle ethnie et fiers d'appartenir à ce continent africain. On n'a rien à envier aux autres. Ça a l'air très simpliste ou même réducteur, dit comme ça. Mais si déjà l'école arrive à faire ça, ça aura un impact énorme sur les générations futures. Remettre la... ou plutôt les cultures au centre de l'instruction scolaire, ça permet de reconnecter les adultes de demain à leur histoire et à leur territoire. Un enfant qui apprend la langue locale, qui apprend les différents savoirs locaux, qui a exploré son territoire, qui a eu le temps de voyager dans son territoire, qui a appris des ressources présentes sur ce dit territoire et qui, en plus, y voit un avenir durable, aura moins de chances de fuir ailleurs avec son cerveau. Il aura tendance à plus respecter les coutumes et les traditions. parce qu'il y voit les bienfaits dans sa vie. La perte de repères en Afrique est abyssale. Et j'aime bien faire le parallèle avec la France où les différentes ethnies regroupées sur le drapeau français ont perdu des dizaines de dialectes et des centaines d'années de coutumes. Certains résistent dans les campagnes et essayent de sauvegarder les dernières. Je me souviens d'un reportage sur TF1 qui mentionnait l'option de parler le catalan ou le flamand au lycée. Je trouve extrêmement important de sauvegarder aussi tout ça en Guinée-Bissau. le foulain, le mandingue, le PPL, le maniaque, name it. Je ne vais pas dire aujourd'hui qu'apprendre l'anglais, le portugais ou le swahili n'est pas important. Je suis la première à crier aux jeunes des années 2000 que s'ils ne savent pas quoi faire de leur vie, qu'ils aillent apprendre l'anglais ou le français. Mais à l'échelle d'un pays africain, la vision serait de se reconcentrer sur nous-mêmes et être capable de tirer les enseignements de la physique, la chimie, la diététique, les mathématiques ou toute autre discipline à partir de l'environnement immédiat et de nos cultures locales. Le discours est bien beau, mais concrètement, ça donne quoi ? Qu'est-ce qu'on peut faire avec peu de moyens en mode Guiné-Topia pour essayer d'amorcer le changement ? En premier, j'imagine la création d'un grand conseil de réafricanisation de l'éducation, un colloque d'au moins une semaine qui réunira intellectuels guinéens et africains pour débattre et tracer les lignes des nouveaux curriculums de l'école bisao-guinéenne de 3 à 18 ans. Évidemment, il faudrait des mois, voire des années de travail, mais vous avez compris l'idée. Ensuite. « Je rêve d'une commission linguistique sur le créole pour aider à son officialisation. » Et ce n'est d'ailleurs plus un rêve puisque cette commission existe en 2025. Donc techniquement, ils n'en sont pas à l'étape de l'officialisation du créole. C'est pour l'instant un groupe de travail pour l'élaboration d'une proposition d'élévation du créole au statut de patrimoine culturel. Pour avoir rapidement échangé avec Miguel de Baruch, le sociologue et chercheur le plus connu du pays, et je le salue fraternellement ici, le statut comme langue officielle sera le but d'ici quelques années pour Merci. Peu que, comme toujours, les pouvoirs politiques s'en donnent les moyens. En tout cas, ce groupe de travail regroupe une dizaine de personnes, écrivains, linguistes, historiens, pédagogues, sociologues, bref, la crème de la crème des intellectuels du pays, pour aider à valoriser cette langue. Ils ont tout mon soutien. Non, c'est à dire honte. Il faudra aussi s'occuper des autres langues nationales, parce qu'on a du retard à rattraper, ne serait-ce qu'en comparaison au Sénégal, qui reconnaît et qui a codifié une dizaine de langues. Et pour ça, il faut d'autres commissions linguistiques. Je rêve qu'un jour, ma bibliothèque en forme d'Afrique, évidemment, dans mon salon, regroupera les dictionnaires bilingues de toutes les langues des ethnies du pays. Mais pour ça, il faut des endroits pour pouvoir éditer ces livres. Parce que pour l'instant, tout est fait à l'extérieur et ça coûte une blinde. Et personne ne peut s'offrir ses livres ici en Guinée-Bissau. Et le serpent se mord la queue parce que si personne ne consomme, personne ne produira dans ce monde capitaliste. D'où l'effort à faire de la part de l'État de produire. pour sauvegarder les savoirs et non pour les vendre. Peut-être que vous vous dites que je m'égare un peu de l'école et de l'éducation, mais non. Quand on arrive au sujet des imprimeries et des maisons d'édition, l'école revient en premier plan puisque c'est grâce à eux que l'on pourra produire des manuels scolaires de demain. Par nous, pour nous, avec nous. Je pense que vous comprenez mon sous-entendu. Ensuite. Dans nos écoles, je veux de la transmission technique directe. Que l'adage « il faut tout un village pour élever un enfant » devienne une réalité. Je veux des professionnels qui interviennent toute l'année auprès des élèves pour leur montrer la beauté et l'utilité de leur métier, pour redorer leur blason aussi et susciter des vocations. Et je ne parle pas d'une heure de speech assis sur le rebord du bureau. Je parle de quelques jours à quelques semaines selon les niveaux. Et on peut organiser ces visites pour à peu près tous les domaines. Avec ça, évidemment, j'inclus derrière des centres de formation pour adolescents et jeunes adultes suffisamment équipés. Bon sang, des centres de formation en Guinée, ça existe. Mais ils sont tellement sous-financés qu'ils sont d'une obsolescence criarde. Tout ça, c'était pour la partie curriculum et on va dire le contenu. Pour les aspects plus matériels ou plutôt physiques, qu'est-ce qu'on fait ? En premier, une grande campagne citoyenne où l'État finance le matériel de construction et les populations fournissent la main-d'œuvre pour réhabiliter les écoles. et les salles de classe. Cette idée, j'en ai parlé dans l'épisode 6 sur l'habitat. Pour l'équipement pédagogique, nous avons besoin d'artisans sensibilisés pour ne pas dire formés dans les différentes pédagogies qui seront choisies dans le pays. Est-ce que ça sera plus cher que le made in China ? Oui, monsieur, dame. Mais est-ce que ça donnera du travail aux artisans locaux et participera à donner envie aux jeunes de s'intéresser à ces filières ? Voilà la finalité de ce choix. Avant-dernier point qui peut être avancé avec les moyens du bord, c'est les potagers scolaires. Je l'évoque. quasiment à chaque thématique de la saison 1 puisqu'il est essentiel d'intégrer la nourriture saine et la production locale dans nos vies et dans nos environnements pour des raisons de santé, mais aussi de résilience locale. J'hésitais à dissocier les cantines des potagers parce qu'évidemment, j'ai l'image de la cantine à l'européenne, le grand hangar comme ça, avec des tables en enfilade. Mais le système de cantine existe déjà ici. Il suffit de renforcer les capacités en termes d'hygiène et de nutrition et ça suivra après pour le matériel. Mes plus lointains souvenirs remontent à la maternelle où le lobby du lait avait conquis les écoles et on nous donnait une bouteille de lait frais à la collation du matin. Eh bien, j'aimerais voir distribuer dans nos écoles bisoginéennes une collation faite du jus Multigigi de la marque Prettignassanti, qui ne sait pas qu'elle sponsorise cet épisode. Blague à part, Prettignassanti, c'est la marque de transformation de nos produits locaux, créée par Maria Emilia Taborda, qui se trouve être ma maman. Revenons sur le Multigigi, ce jus-là. C'est le multivitaminé local, mélange de nos super aliments, j'ai nommé Adansonia digitata, Parchia biglobosa et Dallium guinensi. Respectivement, la poudre de baobab, Cavacer, la pulpe de Nere, Forob, et le tamarinier velours qu'on appelle Veludo. La combinaison des trois donne toutes les vitamines et minéraux essentiels à la bonne croissance de nos enfants. Si en plus on rajoute un verre d'infusion d'Artemisia ou toute autre plante antipaludéenne, Nous voilà avec des enfants fortifiés et éloignés de la maladie qui tue le plus encore aujourd'hui en Afrique. Enfin, un air de la guerre important que je ne peux pas ne pas citer, c'est le comblement des arriérés de salaire des profs, qu'il faudra assumer d'une manière ou d'une autre, pendant qu'ils seront envoyés en formation de mise à niveau des nouveaux curriculums pendant les travaux de réhabilitation des bâtiments. C'est vraiment triste, mais si déjà on arrive à mettre ces idées un peu yaka-faucons en place en 5 ans, on aura le bon pied. dans le bon étrier. Dans la saison 2, on ira plus en détail et en profondeur sur ce sujet pour voir exactement ce qu'on va y mettre dans ces nouveaux programmes. En attendant, je vais faire une exception dans le planning des 15 jours en publiant dès dimanche prochain l'épisode qui va s'intituler Guinée-Saurie qui sera une sorte de partie 2 de cet épisode. J'espère que vous avez compris la contraction de Guinée-Bissau et Montessori et je vous réserve une surprise de taille parce que j'aurai le plaisir d'interviewer une pointure dans cette pédagogie en Guinée-Bissau. J'ai hâte ! Si le contenu vous plaît, pensez au micro-don sur Tipeee pour soutenir mon travail. Likez, partagez autour de vous. N'oubliez pas, allez regarder les films School in the World, donc Scolariser le monde et l'éducation interdite sur YouTube. Les liens sont en description. Prenez soin de vous et de notre Guinée-Bissau. Ciao, ciao. Merci de m'avoir écoutée. Partagez à fond pour qu'on soit de plus en plus nombreux à imaginer la Guinée-Bissau idéale et prospère. Je vous embrasse, à la prochaine, ciao ciao.

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L'éducation, comme la santé, est un gros morceau à décortiquer en douceur et point par point pour en arriver au bout! J’essaye de faire ça aujourd'hui dans une première partie monologue et la semaine prochaine vous aurez la surprise d’une interview d’une figure de l’éducation en Guinée-Bissau.


Lisez le manifeste ici: https://www.repatbissau.com/post/guinetopia-methodologie-de-conquete


Sources:


Faite un micro-don sur tipee pour soutenir mon travail: https://fr.tipeee.com/guinetopia 


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

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  • Speaker #0

    Bonjour et bienvenue sur le podcast Guinée-Topia ou la révolution des compétents. Je m'appelle Diana Taborda-Gomez, je vis en Guinée-Bissau depuis 2021 et dans ce podcast, je veux imaginer avec vous la Guinée-Bissau de demain pour que tous ensemble, on puisse faire du dicton « Guinée facile compo » une réalité. Embarquez avec moi dans ce voyage de transformation de notre chère Guinée-Bissau. Bienvenue chez vous. Bonjour à tous. Non, je n'ai pas abandonné le projet. Disons que j'ai eu un petit coup de mou et les dramas-dramas de la vie m'ont ramené à mes vieux démons de procrastination, mais je suis de retour. En plus, c'est la rentrée, donc pas d'excuses. Bienvenue dans ce nouvel épisode de Guinée-Topia saison 1. Aujourd'hui, on aborde enfin le sujet de l'éducation. Asseyez-vous. confortablement et c'est parti. Chaque enfant est un trésor incomparable. Chaque enfant a un talent. Le rôle de l'école et de l'instruction du 21e siècle est d'en faire un être conscient de ses potentialités propres, conscient de son environnement et de ses cultures, sain physiquement, fort mentalement et équilibré émotionnellement. Ces mots, ce sont ceux que j'ai écrits en introduction du volet sur l'éducation dans mon manifeste Guinée-Topia. La plupart d'entre vous... ont vu passer la vidéo virale d'il y a longtemps, peut-être 5-6 ans, du slameur Prince Ea, qui est traduite en français sous le nom du procès du système scolaire. Et l'introduction de la plaidoirie, c'est, je cite, « Einstein disait que tout le monde est un génie, mais si on évalue un poisson à sa capacité à grimper aux arbres, il pensera toute sa vie qu'il est stupide. » Fin de citation. C'est exactement ce que j'aimerais éradiquer dans le système éducatif de ce pays. Ce sentiment qu'ont les enfants d'être stupides à longueur de temps. Je rêve d'une école, de la maternelle au secondaire, qui saura inspirer et nourrir les aspirations naturelles des enfants. Pourquoi ? Parce qu'un enfant ne l'est ni raciste, ni feignant, ni méchant, ni violent, ni vide. C'est son environnement qu'il conditionne. Et tous les enfants ne naissent pas tous bons en maths, ou en langue, ou en sport. Certains sont des boss des maths, mais dessinent comme des pieds. D'autres font des sculptures de pâte à modeler magnifiques à 4 ans à peine. mais ne réussissent à lire qu'à 10 ans. J'ai essayé de prendre des exemples un peu extrêmes, évidemment, mais c'est pour essayer de vous faire comprendre mon point de vue. L'école dite « moderne » depuis les révolutions industrielles et l'avènement du capitalisme est fondée sur comment faire de belles petites copies carbone, de bons petits employés, fidèles, dociles et obéissants. Pas des citoyens avec un esprit critique, non, juste des consommateurs. Et il y a une couche supérieure de conditionnement chez les Africains comme n'appelle la colonisation. Sur ce sujet, je vous conseille l'excellentissime film qui m'a vraiment ouvert les yeux, qui s'appelle « Scolariser le monde, le dernier fardeau de l'homme blanc » , dont voici une partie de la description. Si vous vouliez détruire une culture en une génération, comment feriez-vous ? Vous changeriez la manière dont les enfants y sont éduqués. Le gouvernement des États-Unis le savait bien lorsqu'au XIXe siècle, il inscrivait de force les enfants d'Indiens d'Amérique dans ... des écoles gouvernementales. Aujourd'hui, des bénévoles construisent des écoles dans toutes les sociétés traditionnelles du monde, persuadés que seule l'école est en mesure d'offrir une vie meilleure pour les enfants ruraux et indigènes. Mais est-ce le cas ? Que se passe-t-il vraiment lorsque nous remplaçons l'ensemble des savoirs d'une certaine culture par le nôtre ? La vie devient-elle plus belle pour ces membres ? Scolariser le monde porte un regard édifiant et finalement profondément troublant sur le rôle joué par l'éducation moderne dans la destruction. des dernières cultures soutenables ancrées dans leur territoire écologique. Fin de citation. Après avoir lu ça, vous allez peut-être penser que je suis anti-école. Mais non, je crois en une institution scolaire utile et nécessaire. Par contre, je suis profondément anti-système scolaire classique tel qu'on le connaît. Il y a donc un autre film qui permet d'en savoir plus sur les pédagogies alternatives. Il s'appelle « L'éducation interdite » . C'est un film hispanophone, mais j'ai trouvé une version sous-titrée. en français, je vous mets le lien en description comme d'habitude. Je vais être honnête, je n'ai absolument pas la prétention de dire ici que je connais les curriculums de l'éducation nationale des Guinée-Bissau, mais je sais deux choses. Premièrement, quand on entre dans une salle de classe d'une école publique, et même dans la plupart des privés, il n'y a pas de matériel éducatif. Ça veut dire que l'on est dans le schéma que Prince Ea dénonce dans sa vidéo, c'est-à-dire les enfants bien rangés en ligne, bien dociles, qui apprennent bêtement par cœur ce que dit le professeur. On ne bouge pas, on ne moufte pas. C'est très école du 19e siècle. Comment veut-on aider la nouvelle génération au XXIe siècle si le système reste le même qu'au XIXe ? Expliquez-moi ce mystère. Même si la Guinée-Bissau est en retard dans son industrialisation, c'est malheureusement trop tard. On ne cherche plus des employés d'usines, ils sont pratiquement tous déjà remplacés par des machines. Deuxièmement, parlons des professeurs. Je commence par dire que je sais qu'ils font ce qu'ils peuvent avec ce qu'ils ont. Mais ils ne sont clairement pas formés pour être des professeurs du XXIe siècle. Quand on discute avec certains professeurs qui ont une diction douteuse, une lecture à voix haute qui laisse à désirer, et ou un niveau de portugais qui craint, vous voulez instruire quel enfant correctement avec ça ? Et après, on se demande pourquoi le taux d'abandon des étudiants guinéens dans les universités en Europe est si grand. Ils n'ont pas le niveau. Tous les gens ayant une licence ou un master, même en éducation, ne sont pas forcément faits pour enseigner. J'en ai fait les frais moi-même en France, au lycée, avec un super doctorant. en histoire qui avait zéro pédagogie. Celui-là, il était bon à rester le nez fourré dans des bouquins à faire des recherches. Sauf qu'en Guinée, on a une telle pénurie de professeurs et une telle précarité des jeunes formés que l'un dans l'autre, des jeunes qui ne mériteraient pas encore le titre sont devenus professeurs et de l'autre, on fait semblant d'avoir des écoles ouvertes pour éviter la révolte des parents. C'est tout ce que c'est. Alors avant d'aller vers des solutions concrètes, il faut déjà savoir vers où on veut aller en tant que peuple. Ceux qui ont écouté les épisodes précédents ont déjà une idée du fond de ma pensée. Mais en quelques mots, ce dont je rêve pour la Guinée-Bissau, c'est une école décolonisée et décomplexée qui rend les enfants heureux et fiers. Heureux de vivre en Guinée-Bissau, fiers d'appartenir à telle ou telle ethnie et fiers d'appartenir à ce continent africain. On n'a rien à envier aux autres. Ça a l'air très simpliste ou même réducteur, dit comme ça. Mais si déjà l'école arrive à faire ça, ça aura un impact énorme sur les générations futures. Remettre la... ou plutôt les cultures au centre de l'instruction scolaire, ça permet de reconnecter les adultes de demain à leur histoire et à leur territoire. Un enfant qui apprend la langue locale, qui apprend les différents savoirs locaux, qui a exploré son territoire, qui a eu le temps de voyager dans son territoire, qui a appris des ressources présentes sur ce dit territoire et qui, en plus, y voit un avenir durable, aura moins de chances de fuir ailleurs avec son cerveau. Il aura tendance à plus respecter les coutumes et les traditions. parce qu'il y voit les bienfaits dans sa vie. La perte de repères en Afrique est abyssale. Et j'aime bien faire le parallèle avec la France où les différentes ethnies regroupées sur le drapeau français ont perdu des dizaines de dialectes et des centaines d'années de coutumes. Certains résistent dans les campagnes et essayent de sauvegarder les dernières. Je me souviens d'un reportage sur TF1 qui mentionnait l'option de parler le catalan ou le flamand au lycée. Je trouve extrêmement important de sauvegarder aussi tout ça en Guinée-Bissau. le foulain, le mandingue, le PPL, le maniaque, name it. Je ne vais pas dire aujourd'hui qu'apprendre l'anglais, le portugais ou le swahili n'est pas important. Je suis la première à crier aux jeunes des années 2000 que s'ils ne savent pas quoi faire de leur vie, qu'ils aillent apprendre l'anglais ou le français. Mais à l'échelle d'un pays africain, la vision serait de se reconcentrer sur nous-mêmes et être capable de tirer les enseignements de la physique, la chimie, la diététique, les mathématiques ou toute autre discipline à partir de l'environnement immédiat et de nos cultures locales. Le discours est bien beau, mais concrètement, ça donne quoi ? Qu'est-ce qu'on peut faire avec peu de moyens en mode Guiné-Topia pour essayer d'amorcer le changement ? En premier, j'imagine la création d'un grand conseil de réafricanisation de l'éducation, un colloque d'au moins une semaine qui réunira intellectuels guinéens et africains pour débattre et tracer les lignes des nouveaux curriculums de l'école bisao-guinéenne de 3 à 18 ans. Évidemment, il faudrait des mois, voire des années de travail, mais vous avez compris l'idée. Ensuite. « Je rêve d'une commission linguistique sur le créole pour aider à son officialisation. » Et ce n'est d'ailleurs plus un rêve puisque cette commission existe en 2025. Donc techniquement, ils n'en sont pas à l'étape de l'officialisation du créole. C'est pour l'instant un groupe de travail pour l'élaboration d'une proposition d'élévation du créole au statut de patrimoine culturel. Pour avoir rapidement échangé avec Miguel de Baruch, le sociologue et chercheur le plus connu du pays, et je le salue fraternellement ici, le statut comme langue officielle sera le but d'ici quelques années pour Merci. Peu que, comme toujours, les pouvoirs politiques s'en donnent les moyens. En tout cas, ce groupe de travail regroupe une dizaine de personnes, écrivains, linguistes, historiens, pédagogues, sociologues, bref, la crème de la crème des intellectuels du pays, pour aider à valoriser cette langue. Ils ont tout mon soutien. Non, c'est à dire honte. Il faudra aussi s'occuper des autres langues nationales, parce qu'on a du retard à rattraper, ne serait-ce qu'en comparaison au Sénégal, qui reconnaît et qui a codifié une dizaine de langues. Et pour ça, il faut d'autres commissions linguistiques. Je rêve qu'un jour, ma bibliothèque en forme d'Afrique, évidemment, dans mon salon, regroupera les dictionnaires bilingues de toutes les langues des ethnies du pays. Mais pour ça, il faut des endroits pour pouvoir éditer ces livres. Parce que pour l'instant, tout est fait à l'extérieur et ça coûte une blinde. Et personne ne peut s'offrir ses livres ici en Guinée-Bissau. Et le serpent se mord la queue parce que si personne ne consomme, personne ne produira dans ce monde capitaliste. D'où l'effort à faire de la part de l'État de produire. pour sauvegarder les savoirs et non pour les vendre. Peut-être que vous vous dites que je m'égare un peu de l'école et de l'éducation, mais non. Quand on arrive au sujet des imprimeries et des maisons d'édition, l'école revient en premier plan puisque c'est grâce à eux que l'on pourra produire des manuels scolaires de demain. Par nous, pour nous, avec nous. Je pense que vous comprenez mon sous-entendu. Ensuite. Dans nos écoles, je veux de la transmission technique directe. Que l'adage « il faut tout un village pour élever un enfant » devienne une réalité. Je veux des professionnels qui interviennent toute l'année auprès des élèves pour leur montrer la beauté et l'utilité de leur métier, pour redorer leur blason aussi et susciter des vocations. Et je ne parle pas d'une heure de speech assis sur le rebord du bureau. Je parle de quelques jours à quelques semaines selon les niveaux. Et on peut organiser ces visites pour à peu près tous les domaines. Avec ça, évidemment, j'inclus derrière des centres de formation pour adolescents et jeunes adultes suffisamment équipés. Bon sang, des centres de formation en Guinée, ça existe. Mais ils sont tellement sous-financés qu'ils sont d'une obsolescence criarde. Tout ça, c'était pour la partie curriculum et on va dire le contenu. Pour les aspects plus matériels ou plutôt physiques, qu'est-ce qu'on fait ? En premier, une grande campagne citoyenne où l'État finance le matériel de construction et les populations fournissent la main-d'œuvre pour réhabiliter les écoles. et les salles de classe. Cette idée, j'en ai parlé dans l'épisode 6 sur l'habitat. Pour l'équipement pédagogique, nous avons besoin d'artisans sensibilisés pour ne pas dire formés dans les différentes pédagogies qui seront choisies dans le pays. Est-ce que ça sera plus cher que le made in China ? Oui, monsieur, dame. Mais est-ce que ça donnera du travail aux artisans locaux et participera à donner envie aux jeunes de s'intéresser à ces filières ? Voilà la finalité de ce choix. Avant-dernier point qui peut être avancé avec les moyens du bord, c'est les potagers scolaires. Je l'évoque. quasiment à chaque thématique de la saison 1 puisqu'il est essentiel d'intégrer la nourriture saine et la production locale dans nos vies et dans nos environnements pour des raisons de santé, mais aussi de résilience locale. J'hésitais à dissocier les cantines des potagers parce qu'évidemment, j'ai l'image de la cantine à l'européenne, le grand hangar comme ça, avec des tables en enfilade. Mais le système de cantine existe déjà ici. Il suffit de renforcer les capacités en termes d'hygiène et de nutrition et ça suivra après pour le matériel. Mes plus lointains souvenirs remontent à la maternelle où le lobby du lait avait conquis les écoles et on nous donnait une bouteille de lait frais à la collation du matin. Eh bien, j'aimerais voir distribuer dans nos écoles bisoginéennes une collation faite du jus Multigigi de la marque Prettignassanti, qui ne sait pas qu'elle sponsorise cet épisode. Blague à part, Prettignassanti, c'est la marque de transformation de nos produits locaux, créée par Maria Emilia Taborda, qui se trouve être ma maman. Revenons sur le Multigigi, ce jus-là. C'est le multivitaminé local, mélange de nos super aliments, j'ai nommé Adansonia digitata, Parchia biglobosa et Dallium guinensi. Respectivement, la poudre de baobab, Cavacer, la pulpe de Nere, Forob, et le tamarinier velours qu'on appelle Veludo. La combinaison des trois donne toutes les vitamines et minéraux essentiels à la bonne croissance de nos enfants. Si en plus on rajoute un verre d'infusion d'Artemisia ou toute autre plante antipaludéenne, Nous voilà avec des enfants fortifiés et éloignés de la maladie qui tue le plus encore aujourd'hui en Afrique. Enfin, un air de la guerre important que je ne peux pas ne pas citer, c'est le comblement des arriérés de salaire des profs, qu'il faudra assumer d'une manière ou d'une autre, pendant qu'ils seront envoyés en formation de mise à niveau des nouveaux curriculums pendant les travaux de réhabilitation des bâtiments. C'est vraiment triste, mais si déjà on arrive à mettre ces idées un peu yaka-faucons en place en 5 ans, on aura le bon pied. dans le bon étrier. Dans la saison 2, on ira plus en détail et en profondeur sur ce sujet pour voir exactement ce qu'on va y mettre dans ces nouveaux programmes. En attendant, je vais faire une exception dans le planning des 15 jours en publiant dès dimanche prochain l'épisode qui va s'intituler Guinée-Saurie qui sera une sorte de partie 2 de cet épisode. J'espère que vous avez compris la contraction de Guinée-Bissau et Montessori et je vous réserve une surprise de taille parce que j'aurai le plaisir d'interviewer une pointure dans cette pédagogie en Guinée-Bissau. J'ai hâte ! Si le contenu vous plaît, pensez au micro-don sur Tipeee pour soutenir mon travail. Likez, partagez autour de vous. N'oubliez pas, allez regarder les films School in the World, donc Scolariser le monde et l'éducation interdite sur YouTube. Les liens sont en description. Prenez soin de vous et de notre Guinée-Bissau. Ciao, ciao. Merci de m'avoir écoutée. Partagez à fond pour qu'on soit de plus en plus nombreux à imaginer la Guinée-Bissau idéale et prospère. Je vous embrasse, à la prochaine, ciao ciao.

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Description

L'éducation, comme la santé, est un gros morceau à décortiquer en douceur et point par point pour en arriver au bout! J’essaye de faire ça aujourd'hui dans une première partie monologue et la semaine prochaine vous aurez la surprise d’une interview d’une figure de l’éducation en Guinée-Bissau.


Lisez le manifeste ici: https://www.repatbissau.com/post/guinetopia-methodologie-de-conquete


Sources:


Faite un micro-don sur tipee pour soutenir mon travail: https://fr.tipeee.com/guinetopia 


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Bonjour et bienvenue sur le podcast Guinée-Topia ou la révolution des compétents. Je m'appelle Diana Taborda-Gomez, je vis en Guinée-Bissau depuis 2021 et dans ce podcast, je veux imaginer avec vous la Guinée-Bissau de demain pour que tous ensemble, on puisse faire du dicton « Guinée facile compo » une réalité. Embarquez avec moi dans ce voyage de transformation de notre chère Guinée-Bissau. Bienvenue chez vous. Bonjour à tous. Non, je n'ai pas abandonné le projet. Disons que j'ai eu un petit coup de mou et les dramas-dramas de la vie m'ont ramené à mes vieux démons de procrastination, mais je suis de retour. En plus, c'est la rentrée, donc pas d'excuses. Bienvenue dans ce nouvel épisode de Guinée-Topia saison 1. Aujourd'hui, on aborde enfin le sujet de l'éducation. Asseyez-vous. confortablement et c'est parti. Chaque enfant est un trésor incomparable. Chaque enfant a un talent. Le rôle de l'école et de l'instruction du 21e siècle est d'en faire un être conscient de ses potentialités propres, conscient de son environnement et de ses cultures, sain physiquement, fort mentalement et équilibré émotionnellement. Ces mots, ce sont ceux que j'ai écrits en introduction du volet sur l'éducation dans mon manifeste Guinée-Topia. La plupart d'entre vous... ont vu passer la vidéo virale d'il y a longtemps, peut-être 5-6 ans, du slameur Prince Ea, qui est traduite en français sous le nom du procès du système scolaire. Et l'introduction de la plaidoirie, c'est, je cite, « Einstein disait que tout le monde est un génie, mais si on évalue un poisson à sa capacité à grimper aux arbres, il pensera toute sa vie qu'il est stupide. » Fin de citation. C'est exactement ce que j'aimerais éradiquer dans le système éducatif de ce pays. Ce sentiment qu'ont les enfants d'être stupides à longueur de temps. Je rêve d'une école, de la maternelle au secondaire, qui saura inspirer et nourrir les aspirations naturelles des enfants. Pourquoi ? Parce qu'un enfant ne l'est ni raciste, ni feignant, ni méchant, ni violent, ni vide. C'est son environnement qu'il conditionne. Et tous les enfants ne naissent pas tous bons en maths, ou en langue, ou en sport. Certains sont des boss des maths, mais dessinent comme des pieds. D'autres font des sculptures de pâte à modeler magnifiques à 4 ans à peine. mais ne réussissent à lire qu'à 10 ans. J'ai essayé de prendre des exemples un peu extrêmes, évidemment, mais c'est pour essayer de vous faire comprendre mon point de vue. L'école dite « moderne » depuis les révolutions industrielles et l'avènement du capitalisme est fondée sur comment faire de belles petites copies carbone, de bons petits employés, fidèles, dociles et obéissants. Pas des citoyens avec un esprit critique, non, juste des consommateurs. Et il y a une couche supérieure de conditionnement chez les Africains comme n'appelle la colonisation. Sur ce sujet, je vous conseille l'excellentissime film qui m'a vraiment ouvert les yeux, qui s'appelle « Scolariser le monde, le dernier fardeau de l'homme blanc » , dont voici une partie de la description. Si vous vouliez détruire une culture en une génération, comment feriez-vous ? Vous changeriez la manière dont les enfants y sont éduqués. Le gouvernement des États-Unis le savait bien lorsqu'au XIXe siècle, il inscrivait de force les enfants d'Indiens d'Amérique dans ... des écoles gouvernementales. Aujourd'hui, des bénévoles construisent des écoles dans toutes les sociétés traditionnelles du monde, persuadés que seule l'école est en mesure d'offrir une vie meilleure pour les enfants ruraux et indigènes. Mais est-ce le cas ? Que se passe-t-il vraiment lorsque nous remplaçons l'ensemble des savoirs d'une certaine culture par le nôtre ? La vie devient-elle plus belle pour ces membres ? Scolariser le monde porte un regard édifiant et finalement profondément troublant sur le rôle joué par l'éducation moderne dans la destruction. des dernières cultures soutenables ancrées dans leur territoire écologique. Fin de citation. Après avoir lu ça, vous allez peut-être penser que je suis anti-école. Mais non, je crois en une institution scolaire utile et nécessaire. Par contre, je suis profondément anti-système scolaire classique tel qu'on le connaît. Il y a donc un autre film qui permet d'en savoir plus sur les pédagogies alternatives. Il s'appelle « L'éducation interdite » . C'est un film hispanophone, mais j'ai trouvé une version sous-titrée. en français, je vous mets le lien en description comme d'habitude. Je vais être honnête, je n'ai absolument pas la prétention de dire ici que je connais les curriculums de l'éducation nationale des Guinée-Bissau, mais je sais deux choses. Premièrement, quand on entre dans une salle de classe d'une école publique, et même dans la plupart des privés, il n'y a pas de matériel éducatif. Ça veut dire que l'on est dans le schéma que Prince Ea dénonce dans sa vidéo, c'est-à-dire les enfants bien rangés en ligne, bien dociles, qui apprennent bêtement par cœur ce que dit le professeur. On ne bouge pas, on ne moufte pas. C'est très école du 19e siècle. Comment veut-on aider la nouvelle génération au XXIe siècle si le système reste le même qu'au XIXe ? Expliquez-moi ce mystère. Même si la Guinée-Bissau est en retard dans son industrialisation, c'est malheureusement trop tard. On ne cherche plus des employés d'usines, ils sont pratiquement tous déjà remplacés par des machines. Deuxièmement, parlons des professeurs. Je commence par dire que je sais qu'ils font ce qu'ils peuvent avec ce qu'ils ont. Mais ils ne sont clairement pas formés pour être des professeurs du XXIe siècle. Quand on discute avec certains professeurs qui ont une diction douteuse, une lecture à voix haute qui laisse à désirer, et ou un niveau de portugais qui craint, vous voulez instruire quel enfant correctement avec ça ? Et après, on se demande pourquoi le taux d'abandon des étudiants guinéens dans les universités en Europe est si grand. Ils n'ont pas le niveau. Tous les gens ayant une licence ou un master, même en éducation, ne sont pas forcément faits pour enseigner. J'en ai fait les frais moi-même en France, au lycée, avec un super doctorant. en histoire qui avait zéro pédagogie. Celui-là, il était bon à rester le nez fourré dans des bouquins à faire des recherches. Sauf qu'en Guinée, on a une telle pénurie de professeurs et une telle précarité des jeunes formés que l'un dans l'autre, des jeunes qui ne mériteraient pas encore le titre sont devenus professeurs et de l'autre, on fait semblant d'avoir des écoles ouvertes pour éviter la révolte des parents. C'est tout ce que c'est. Alors avant d'aller vers des solutions concrètes, il faut déjà savoir vers où on veut aller en tant que peuple. Ceux qui ont écouté les épisodes précédents ont déjà une idée du fond de ma pensée. Mais en quelques mots, ce dont je rêve pour la Guinée-Bissau, c'est une école décolonisée et décomplexée qui rend les enfants heureux et fiers. Heureux de vivre en Guinée-Bissau, fiers d'appartenir à telle ou telle ethnie et fiers d'appartenir à ce continent africain. On n'a rien à envier aux autres. Ça a l'air très simpliste ou même réducteur, dit comme ça. Mais si déjà l'école arrive à faire ça, ça aura un impact énorme sur les générations futures. Remettre la... ou plutôt les cultures au centre de l'instruction scolaire, ça permet de reconnecter les adultes de demain à leur histoire et à leur territoire. Un enfant qui apprend la langue locale, qui apprend les différents savoirs locaux, qui a exploré son territoire, qui a eu le temps de voyager dans son territoire, qui a appris des ressources présentes sur ce dit territoire et qui, en plus, y voit un avenir durable, aura moins de chances de fuir ailleurs avec son cerveau. Il aura tendance à plus respecter les coutumes et les traditions. parce qu'il y voit les bienfaits dans sa vie. La perte de repères en Afrique est abyssale. Et j'aime bien faire le parallèle avec la France où les différentes ethnies regroupées sur le drapeau français ont perdu des dizaines de dialectes et des centaines d'années de coutumes. Certains résistent dans les campagnes et essayent de sauvegarder les dernières. Je me souviens d'un reportage sur TF1 qui mentionnait l'option de parler le catalan ou le flamand au lycée. Je trouve extrêmement important de sauvegarder aussi tout ça en Guinée-Bissau. le foulain, le mandingue, le PPL, le maniaque, name it. Je ne vais pas dire aujourd'hui qu'apprendre l'anglais, le portugais ou le swahili n'est pas important. Je suis la première à crier aux jeunes des années 2000 que s'ils ne savent pas quoi faire de leur vie, qu'ils aillent apprendre l'anglais ou le français. Mais à l'échelle d'un pays africain, la vision serait de se reconcentrer sur nous-mêmes et être capable de tirer les enseignements de la physique, la chimie, la diététique, les mathématiques ou toute autre discipline à partir de l'environnement immédiat et de nos cultures locales. Le discours est bien beau, mais concrètement, ça donne quoi ? Qu'est-ce qu'on peut faire avec peu de moyens en mode Guiné-Topia pour essayer d'amorcer le changement ? En premier, j'imagine la création d'un grand conseil de réafricanisation de l'éducation, un colloque d'au moins une semaine qui réunira intellectuels guinéens et africains pour débattre et tracer les lignes des nouveaux curriculums de l'école bisao-guinéenne de 3 à 18 ans. Évidemment, il faudrait des mois, voire des années de travail, mais vous avez compris l'idée. Ensuite. « Je rêve d'une commission linguistique sur le créole pour aider à son officialisation. » Et ce n'est d'ailleurs plus un rêve puisque cette commission existe en 2025. Donc techniquement, ils n'en sont pas à l'étape de l'officialisation du créole. C'est pour l'instant un groupe de travail pour l'élaboration d'une proposition d'élévation du créole au statut de patrimoine culturel. Pour avoir rapidement échangé avec Miguel de Baruch, le sociologue et chercheur le plus connu du pays, et je le salue fraternellement ici, le statut comme langue officielle sera le but d'ici quelques années pour Merci. Peu que, comme toujours, les pouvoirs politiques s'en donnent les moyens. En tout cas, ce groupe de travail regroupe une dizaine de personnes, écrivains, linguistes, historiens, pédagogues, sociologues, bref, la crème de la crème des intellectuels du pays, pour aider à valoriser cette langue. Ils ont tout mon soutien. Non, c'est à dire honte. Il faudra aussi s'occuper des autres langues nationales, parce qu'on a du retard à rattraper, ne serait-ce qu'en comparaison au Sénégal, qui reconnaît et qui a codifié une dizaine de langues. Et pour ça, il faut d'autres commissions linguistiques. Je rêve qu'un jour, ma bibliothèque en forme d'Afrique, évidemment, dans mon salon, regroupera les dictionnaires bilingues de toutes les langues des ethnies du pays. Mais pour ça, il faut des endroits pour pouvoir éditer ces livres. Parce que pour l'instant, tout est fait à l'extérieur et ça coûte une blinde. Et personne ne peut s'offrir ses livres ici en Guinée-Bissau. Et le serpent se mord la queue parce que si personne ne consomme, personne ne produira dans ce monde capitaliste. D'où l'effort à faire de la part de l'État de produire. pour sauvegarder les savoirs et non pour les vendre. Peut-être que vous vous dites que je m'égare un peu de l'école et de l'éducation, mais non. Quand on arrive au sujet des imprimeries et des maisons d'édition, l'école revient en premier plan puisque c'est grâce à eux que l'on pourra produire des manuels scolaires de demain. Par nous, pour nous, avec nous. Je pense que vous comprenez mon sous-entendu. Ensuite. Dans nos écoles, je veux de la transmission technique directe. Que l'adage « il faut tout un village pour élever un enfant » devienne une réalité. Je veux des professionnels qui interviennent toute l'année auprès des élèves pour leur montrer la beauté et l'utilité de leur métier, pour redorer leur blason aussi et susciter des vocations. Et je ne parle pas d'une heure de speech assis sur le rebord du bureau. Je parle de quelques jours à quelques semaines selon les niveaux. Et on peut organiser ces visites pour à peu près tous les domaines. Avec ça, évidemment, j'inclus derrière des centres de formation pour adolescents et jeunes adultes suffisamment équipés. Bon sang, des centres de formation en Guinée, ça existe. Mais ils sont tellement sous-financés qu'ils sont d'une obsolescence criarde. Tout ça, c'était pour la partie curriculum et on va dire le contenu. Pour les aspects plus matériels ou plutôt physiques, qu'est-ce qu'on fait ? En premier, une grande campagne citoyenne où l'État finance le matériel de construction et les populations fournissent la main-d'œuvre pour réhabiliter les écoles. et les salles de classe. Cette idée, j'en ai parlé dans l'épisode 6 sur l'habitat. Pour l'équipement pédagogique, nous avons besoin d'artisans sensibilisés pour ne pas dire formés dans les différentes pédagogies qui seront choisies dans le pays. Est-ce que ça sera plus cher que le made in China ? Oui, monsieur, dame. Mais est-ce que ça donnera du travail aux artisans locaux et participera à donner envie aux jeunes de s'intéresser à ces filières ? Voilà la finalité de ce choix. Avant-dernier point qui peut être avancé avec les moyens du bord, c'est les potagers scolaires. Je l'évoque. quasiment à chaque thématique de la saison 1 puisqu'il est essentiel d'intégrer la nourriture saine et la production locale dans nos vies et dans nos environnements pour des raisons de santé, mais aussi de résilience locale. J'hésitais à dissocier les cantines des potagers parce qu'évidemment, j'ai l'image de la cantine à l'européenne, le grand hangar comme ça, avec des tables en enfilade. Mais le système de cantine existe déjà ici. Il suffit de renforcer les capacités en termes d'hygiène et de nutrition et ça suivra après pour le matériel. Mes plus lointains souvenirs remontent à la maternelle où le lobby du lait avait conquis les écoles et on nous donnait une bouteille de lait frais à la collation du matin. Eh bien, j'aimerais voir distribuer dans nos écoles bisoginéennes une collation faite du jus Multigigi de la marque Prettignassanti, qui ne sait pas qu'elle sponsorise cet épisode. Blague à part, Prettignassanti, c'est la marque de transformation de nos produits locaux, créée par Maria Emilia Taborda, qui se trouve être ma maman. Revenons sur le Multigigi, ce jus-là. C'est le multivitaminé local, mélange de nos super aliments, j'ai nommé Adansonia digitata, Parchia biglobosa et Dallium guinensi. Respectivement, la poudre de baobab, Cavacer, la pulpe de Nere, Forob, et le tamarinier velours qu'on appelle Veludo. La combinaison des trois donne toutes les vitamines et minéraux essentiels à la bonne croissance de nos enfants. Si en plus on rajoute un verre d'infusion d'Artemisia ou toute autre plante antipaludéenne, Nous voilà avec des enfants fortifiés et éloignés de la maladie qui tue le plus encore aujourd'hui en Afrique. Enfin, un air de la guerre important que je ne peux pas ne pas citer, c'est le comblement des arriérés de salaire des profs, qu'il faudra assumer d'une manière ou d'une autre, pendant qu'ils seront envoyés en formation de mise à niveau des nouveaux curriculums pendant les travaux de réhabilitation des bâtiments. C'est vraiment triste, mais si déjà on arrive à mettre ces idées un peu yaka-faucons en place en 5 ans, on aura le bon pied. dans le bon étrier. Dans la saison 2, on ira plus en détail et en profondeur sur ce sujet pour voir exactement ce qu'on va y mettre dans ces nouveaux programmes. En attendant, je vais faire une exception dans le planning des 15 jours en publiant dès dimanche prochain l'épisode qui va s'intituler Guinée-Saurie qui sera une sorte de partie 2 de cet épisode. J'espère que vous avez compris la contraction de Guinée-Bissau et Montessori et je vous réserve une surprise de taille parce que j'aurai le plaisir d'interviewer une pointure dans cette pédagogie en Guinée-Bissau. J'ai hâte ! Si le contenu vous plaît, pensez au micro-don sur Tipeee pour soutenir mon travail. Likez, partagez autour de vous. N'oubliez pas, allez regarder les films School in the World, donc Scolariser le monde et l'éducation interdite sur YouTube. Les liens sont en description. Prenez soin de vous et de notre Guinée-Bissau. Ciao, ciao. Merci de m'avoir écoutée. Partagez à fond pour qu'on soit de plus en plus nombreux à imaginer la Guinée-Bissau idéale et prospère. Je vous embrasse, à la prochaine, ciao ciao.

Description

L'éducation, comme la santé, est un gros morceau à décortiquer en douceur et point par point pour en arriver au bout! J’essaye de faire ça aujourd'hui dans une première partie monologue et la semaine prochaine vous aurez la surprise d’une interview d’une figure de l’éducation en Guinée-Bissau.


Lisez le manifeste ici: https://www.repatbissau.com/post/guinetopia-methodologie-de-conquete


Sources:


Faite un micro-don sur tipee pour soutenir mon travail: https://fr.tipeee.com/guinetopia 


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Bonjour et bienvenue sur le podcast Guinée-Topia ou la révolution des compétents. Je m'appelle Diana Taborda-Gomez, je vis en Guinée-Bissau depuis 2021 et dans ce podcast, je veux imaginer avec vous la Guinée-Bissau de demain pour que tous ensemble, on puisse faire du dicton « Guinée facile compo » une réalité. Embarquez avec moi dans ce voyage de transformation de notre chère Guinée-Bissau. Bienvenue chez vous. Bonjour à tous. Non, je n'ai pas abandonné le projet. Disons que j'ai eu un petit coup de mou et les dramas-dramas de la vie m'ont ramené à mes vieux démons de procrastination, mais je suis de retour. En plus, c'est la rentrée, donc pas d'excuses. Bienvenue dans ce nouvel épisode de Guinée-Topia saison 1. Aujourd'hui, on aborde enfin le sujet de l'éducation. Asseyez-vous. confortablement et c'est parti. Chaque enfant est un trésor incomparable. Chaque enfant a un talent. Le rôle de l'école et de l'instruction du 21e siècle est d'en faire un être conscient de ses potentialités propres, conscient de son environnement et de ses cultures, sain physiquement, fort mentalement et équilibré émotionnellement. Ces mots, ce sont ceux que j'ai écrits en introduction du volet sur l'éducation dans mon manifeste Guinée-Topia. La plupart d'entre vous... ont vu passer la vidéo virale d'il y a longtemps, peut-être 5-6 ans, du slameur Prince Ea, qui est traduite en français sous le nom du procès du système scolaire. Et l'introduction de la plaidoirie, c'est, je cite, « Einstein disait que tout le monde est un génie, mais si on évalue un poisson à sa capacité à grimper aux arbres, il pensera toute sa vie qu'il est stupide. » Fin de citation. C'est exactement ce que j'aimerais éradiquer dans le système éducatif de ce pays. Ce sentiment qu'ont les enfants d'être stupides à longueur de temps. Je rêve d'une école, de la maternelle au secondaire, qui saura inspirer et nourrir les aspirations naturelles des enfants. Pourquoi ? Parce qu'un enfant ne l'est ni raciste, ni feignant, ni méchant, ni violent, ni vide. C'est son environnement qu'il conditionne. Et tous les enfants ne naissent pas tous bons en maths, ou en langue, ou en sport. Certains sont des boss des maths, mais dessinent comme des pieds. D'autres font des sculptures de pâte à modeler magnifiques à 4 ans à peine. mais ne réussissent à lire qu'à 10 ans. J'ai essayé de prendre des exemples un peu extrêmes, évidemment, mais c'est pour essayer de vous faire comprendre mon point de vue. L'école dite « moderne » depuis les révolutions industrielles et l'avènement du capitalisme est fondée sur comment faire de belles petites copies carbone, de bons petits employés, fidèles, dociles et obéissants. Pas des citoyens avec un esprit critique, non, juste des consommateurs. Et il y a une couche supérieure de conditionnement chez les Africains comme n'appelle la colonisation. Sur ce sujet, je vous conseille l'excellentissime film qui m'a vraiment ouvert les yeux, qui s'appelle « Scolariser le monde, le dernier fardeau de l'homme blanc » , dont voici une partie de la description. Si vous vouliez détruire une culture en une génération, comment feriez-vous ? Vous changeriez la manière dont les enfants y sont éduqués. Le gouvernement des États-Unis le savait bien lorsqu'au XIXe siècle, il inscrivait de force les enfants d'Indiens d'Amérique dans ... des écoles gouvernementales. Aujourd'hui, des bénévoles construisent des écoles dans toutes les sociétés traditionnelles du monde, persuadés que seule l'école est en mesure d'offrir une vie meilleure pour les enfants ruraux et indigènes. Mais est-ce le cas ? Que se passe-t-il vraiment lorsque nous remplaçons l'ensemble des savoirs d'une certaine culture par le nôtre ? La vie devient-elle plus belle pour ces membres ? Scolariser le monde porte un regard édifiant et finalement profondément troublant sur le rôle joué par l'éducation moderne dans la destruction. des dernières cultures soutenables ancrées dans leur territoire écologique. Fin de citation. Après avoir lu ça, vous allez peut-être penser que je suis anti-école. Mais non, je crois en une institution scolaire utile et nécessaire. Par contre, je suis profondément anti-système scolaire classique tel qu'on le connaît. Il y a donc un autre film qui permet d'en savoir plus sur les pédagogies alternatives. Il s'appelle « L'éducation interdite » . C'est un film hispanophone, mais j'ai trouvé une version sous-titrée. en français, je vous mets le lien en description comme d'habitude. Je vais être honnête, je n'ai absolument pas la prétention de dire ici que je connais les curriculums de l'éducation nationale des Guinée-Bissau, mais je sais deux choses. Premièrement, quand on entre dans une salle de classe d'une école publique, et même dans la plupart des privés, il n'y a pas de matériel éducatif. Ça veut dire que l'on est dans le schéma que Prince Ea dénonce dans sa vidéo, c'est-à-dire les enfants bien rangés en ligne, bien dociles, qui apprennent bêtement par cœur ce que dit le professeur. On ne bouge pas, on ne moufte pas. C'est très école du 19e siècle. Comment veut-on aider la nouvelle génération au XXIe siècle si le système reste le même qu'au XIXe ? Expliquez-moi ce mystère. Même si la Guinée-Bissau est en retard dans son industrialisation, c'est malheureusement trop tard. On ne cherche plus des employés d'usines, ils sont pratiquement tous déjà remplacés par des machines. Deuxièmement, parlons des professeurs. Je commence par dire que je sais qu'ils font ce qu'ils peuvent avec ce qu'ils ont. Mais ils ne sont clairement pas formés pour être des professeurs du XXIe siècle. Quand on discute avec certains professeurs qui ont une diction douteuse, une lecture à voix haute qui laisse à désirer, et ou un niveau de portugais qui craint, vous voulez instruire quel enfant correctement avec ça ? Et après, on se demande pourquoi le taux d'abandon des étudiants guinéens dans les universités en Europe est si grand. Ils n'ont pas le niveau. Tous les gens ayant une licence ou un master, même en éducation, ne sont pas forcément faits pour enseigner. J'en ai fait les frais moi-même en France, au lycée, avec un super doctorant. en histoire qui avait zéro pédagogie. Celui-là, il était bon à rester le nez fourré dans des bouquins à faire des recherches. Sauf qu'en Guinée, on a une telle pénurie de professeurs et une telle précarité des jeunes formés que l'un dans l'autre, des jeunes qui ne mériteraient pas encore le titre sont devenus professeurs et de l'autre, on fait semblant d'avoir des écoles ouvertes pour éviter la révolte des parents. C'est tout ce que c'est. Alors avant d'aller vers des solutions concrètes, il faut déjà savoir vers où on veut aller en tant que peuple. Ceux qui ont écouté les épisodes précédents ont déjà une idée du fond de ma pensée. Mais en quelques mots, ce dont je rêve pour la Guinée-Bissau, c'est une école décolonisée et décomplexée qui rend les enfants heureux et fiers. Heureux de vivre en Guinée-Bissau, fiers d'appartenir à telle ou telle ethnie et fiers d'appartenir à ce continent africain. On n'a rien à envier aux autres. Ça a l'air très simpliste ou même réducteur, dit comme ça. Mais si déjà l'école arrive à faire ça, ça aura un impact énorme sur les générations futures. Remettre la... ou plutôt les cultures au centre de l'instruction scolaire, ça permet de reconnecter les adultes de demain à leur histoire et à leur territoire. Un enfant qui apprend la langue locale, qui apprend les différents savoirs locaux, qui a exploré son territoire, qui a eu le temps de voyager dans son territoire, qui a appris des ressources présentes sur ce dit territoire et qui, en plus, y voit un avenir durable, aura moins de chances de fuir ailleurs avec son cerveau. Il aura tendance à plus respecter les coutumes et les traditions. parce qu'il y voit les bienfaits dans sa vie. La perte de repères en Afrique est abyssale. Et j'aime bien faire le parallèle avec la France où les différentes ethnies regroupées sur le drapeau français ont perdu des dizaines de dialectes et des centaines d'années de coutumes. Certains résistent dans les campagnes et essayent de sauvegarder les dernières. Je me souviens d'un reportage sur TF1 qui mentionnait l'option de parler le catalan ou le flamand au lycée. Je trouve extrêmement important de sauvegarder aussi tout ça en Guinée-Bissau. le foulain, le mandingue, le PPL, le maniaque, name it. Je ne vais pas dire aujourd'hui qu'apprendre l'anglais, le portugais ou le swahili n'est pas important. Je suis la première à crier aux jeunes des années 2000 que s'ils ne savent pas quoi faire de leur vie, qu'ils aillent apprendre l'anglais ou le français. Mais à l'échelle d'un pays africain, la vision serait de se reconcentrer sur nous-mêmes et être capable de tirer les enseignements de la physique, la chimie, la diététique, les mathématiques ou toute autre discipline à partir de l'environnement immédiat et de nos cultures locales. Le discours est bien beau, mais concrètement, ça donne quoi ? Qu'est-ce qu'on peut faire avec peu de moyens en mode Guiné-Topia pour essayer d'amorcer le changement ? En premier, j'imagine la création d'un grand conseil de réafricanisation de l'éducation, un colloque d'au moins une semaine qui réunira intellectuels guinéens et africains pour débattre et tracer les lignes des nouveaux curriculums de l'école bisao-guinéenne de 3 à 18 ans. Évidemment, il faudrait des mois, voire des années de travail, mais vous avez compris l'idée. Ensuite. « Je rêve d'une commission linguistique sur le créole pour aider à son officialisation. » Et ce n'est d'ailleurs plus un rêve puisque cette commission existe en 2025. Donc techniquement, ils n'en sont pas à l'étape de l'officialisation du créole. C'est pour l'instant un groupe de travail pour l'élaboration d'une proposition d'élévation du créole au statut de patrimoine culturel. Pour avoir rapidement échangé avec Miguel de Baruch, le sociologue et chercheur le plus connu du pays, et je le salue fraternellement ici, le statut comme langue officielle sera le but d'ici quelques années pour Merci. Peu que, comme toujours, les pouvoirs politiques s'en donnent les moyens. En tout cas, ce groupe de travail regroupe une dizaine de personnes, écrivains, linguistes, historiens, pédagogues, sociologues, bref, la crème de la crème des intellectuels du pays, pour aider à valoriser cette langue. Ils ont tout mon soutien. Non, c'est à dire honte. Il faudra aussi s'occuper des autres langues nationales, parce qu'on a du retard à rattraper, ne serait-ce qu'en comparaison au Sénégal, qui reconnaît et qui a codifié une dizaine de langues. Et pour ça, il faut d'autres commissions linguistiques. Je rêve qu'un jour, ma bibliothèque en forme d'Afrique, évidemment, dans mon salon, regroupera les dictionnaires bilingues de toutes les langues des ethnies du pays. Mais pour ça, il faut des endroits pour pouvoir éditer ces livres. Parce que pour l'instant, tout est fait à l'extérieur et ça coûte une blinde. Et personne ne peut s'offrir ses livres ici en Guinée-Bissau. Et le serpent se mord la queue parce que si personne ne consomme, personne ne produira dans ce monde capitaliste. D'où l'effort à faire de la part de l'État de produire. pour sauvegarder les savoirs et non pour les vendre. Peut-être que vous vous dites que je m'égare un peu de l'école et de l'éducation, mais non. Quand on arrive au sujet des imprimeries et des maisons d'édition, l'école revient en premier plan puisque c'est grâce à eux que l'on pourra produire des manuels scolaires de demain. Par nous, pour nous, avec nous. Je pense que vous comprenez mon sous-entendu. Ensuite. Dans nos écoles, je veux de la transmission technique directe. Que l'adage « il faut tout un village pour élever un enfant » devienne une réalité. Je veux des professionnels qui interviennent toute l'année auprès des élèves pour leur montrer la beauté et l'utilité de leur métier, pour redorer leur blason aussi et susciter des vocations. Et je ne parle pas d'une heure de speech assis sur le rebord du bureau. Je parle de quelques jours à quelques semaines selon les niveaux. Et on peut organiser ces visites pour à peu près tous les domaines. Avec ça, évidemment, j'inclus derrière des centres de formation pour adolescents et jeunes adultes suffisamment équipés. Bon sang, des centres de formation en Guinée, ça existe. Mais ils sont tellement sous-financés qu'ils sont d'une obsolescence criarde. Tout ça, c'était pour la partie curriculum et on va dire le contenu. Pour les aspects plus matériels ou plutôt physiques, qu'est-ce qu'on fait ? En premier, une grande campagne citoyenne où l'État finance le matériel de construction et les populations fournissent la main-d'œuvre pour réhabiliter les écoles. et les salles de classe. Cette idée, j'en ai parlé dans l'épisode 6 sur l'habitat. Pour l'équipement pédagogique, nous avons besoin d'artisans sensibilisés pour ne pas dire formés dans les différentes pédagogies qui seront choisies dans le pays. Est-ce que ça sera plus cher que le made in China ? Oui, monsieur, dame. Mais est-ce que ça donnera du travail aux artisans locaux et participera à donner envie aux jeunes de s'intéresser à ces filières ? Voilà la finalité de ce choix. Avant-dernier point qui peut être avancé avec les moyens du bord, c'est les potagers scolaires. Je l'évoque. quasiment à chaque thématique de la saison 1 puisqu'il est essentiel d'intégrer la nourriture saine et la production locale dans nos vies et dans nos environnements pour des raisons de santé, mais aussi de résilience locale. J'hésitais à dissocier les cantines des potagers parce qu'évidemment, j'ai l'image de la cantine à l'européenne, le grand hangar comme ça, avec des tables en enfilade. Mais le système de cantine existe déjà ici. Il suffit de renforcer les capacités en termes d'hygiène et de nutrition et ça suivra après pour le matériel. Mes plus lointains souvenirs remontent à la maternelle où le lobby du lait avait conquis les écoles et on nous donnait une bouteille de lait frais à la collation du matin. Eh bien, j'aimerais voir distribuer dans nos écoles bisoginéennes une collation faite du jus Multigigi de la marque Prettignassanti, qui ne sait pas qu'elle sponsorise cet épisode. Blague à part, Prettignassanti, c'est la marque de transformation de nos produits locaux, créée par Maria Emilia Taborda, qui se trouve être ma maman. Revenons sur le Multigigi, ce jus-là. C'est le multivitaminé local, mélange de nos super aliments, j'ai nommé Adansonia digitata, Parchia biglobosa et Dallium guinensi. Respectivement, la poudre de baobab, Cavacer, la pulpe de Nere, Forob, et le tamarinier velours qu'on appelle Veludo. La combinaison des trois donne toutes les vitamines et minéraux essentiels à la bonne croissance de nos enfants. Si en plus on rajoute un verre d'infusion d'Artemisia ou toute autre plante antipaludéenne, Nous voilà avec des enfants fortifiés et éloignés de la maladie qui tue le plus encore aujourd'hui en Afrique. Enfin, un air de la guerre important que je ne peux pas ne pas citer, c'est le comblement des arriérés de salaire des profs, qu'il faudra assumer d'une manière ou d'une autre, pendant qu'ils seront envoyés en formation de mise à niveau des nouveaux curriculums pendant les travaux de réhabilitation des bâtiments. C'est vraiment triste, mais si déjà on arrive à mettre ces idées un peu yaka-faucons en place en 5 ans, on aura le bon pied. dans le bon étrier. Dans la saison 2, on ira plus en détail et en profondeur sur ce sujet pour voir exactement ce qu'on va y mettre dans ces nouveaux programmes. En attendant, je vais faire une exception dans le planning des 15 jours en publiant dès dimanche prochain l'épisode qui va s'intituler Guinée-Saurie qui sera une sorte de partie 2 de cet épisode. J'espère que vous avez compris la contraction de Guinée-Bissau et Montessori et je vous réserve une surprise de taille parce que j'aurai le plaisir d'interviewer une pointure dans cette pédagogie en Guinée-Bissau. J'ai hâte ! Si le contenu vous plaît, pensez au micro-don sur Tipeee pour soutenir mon travail. Likez, partagez autour de vous. N'oubliez pas, allez regarder les films School in the World, donc Scolariser le monde et l'éducation interdite sur YouTube. Les liens sont en description. Prenez soin de vous et de notre Guinée-Bissau. Ciao, ciao. Merci de m'avoir écoutée. Partagez à fond pour qu'on soit de plus en plus nombreux à imaginer la Guinée-Bissau idéale et prospère. Je vous embrasse, à la prochaine, ciao ciao.

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