- Speaker #0
Bienvenue dans Habitat Futur, c'est le podcast qui propulse l'habitat de demain à l'écoute des initiatives d'aujourd'hui. C'est le podcast de celles et ceux qui s'intéressent à l'évolution de l'habitat, professionnel ou non, face à l'urgence climatique, à l'évolution des prix du marché et de nos modes de vie. J'invite des passionnés, des experts et des pionniers à venir discuter de leurs visions et des solutions possibles dès aujourd'hui. Bonne écoute ! Aujourd'hui je reçois Andréane Vallaud, designer, et ensemble nous parlerons de l'eau tech dans l'habitat, plus particulièrement des usages dans l'habitat et comment ils peuvent littéralement révolutionner nos impacts de manière rapide. Nous parlerons aussi de techniques l'eau tech, le frigo basse consommation, le bocacci, la ventilation naturelle, le lien social et solidaire, et comment Andréane a testé ces différentes techniques au sein de son ancien studio parisien transformé comme un laboratoire. Aujourd'hui, ces tests ont passé à l'échelle, notamment en collaboration avec l'Agence parisienne du climat. Bonne écoute !
- Speaker #1
Parce que c'est un peu comme pour l'hiver, en fait, on réfléchit très mal la gestion de la température parce qu'on réfléchit à l'échelle du logement. En fait, la température mesurable, la température sur un thermomètre, et la température ressentie par le corps, ça n'a rien à voir, déjà. Tout à fait. Ça sert à rien de chauffer ou rafraîchir un logement. Ce qu'il faut, c'est chauffer ou rafraîchir un corps.
- Speaker #0
Andréane, bonjour.
- Speaker #1
Bonjour.
- Speaker #0
Est-ce que tu pourrais te présenter dans un premier temps pour les auditeurs qui ne te connaisseraient pas ?
- Speaker #1
Oui, moi c'est Andréane Vallaud, j'ai 29 ans, je suis designer indépendante et je vis et j'exerce à Paris. Je dédie mon travail autour des enjeux de transition sociale et écologique, à la fois à l'échelle des citoyens ou à l'échelle des politiques publiques en fonction des projets.
- Speaker #0
Ok, top. Merci d'avoir accepté mon invitation dans le podcast Habite ta future. Ce que j'ai trouvé en termes de médias sur toi m'a fait réagir, puisque je trouve que c'est assez unique en France. C'est une expérience qui semble assez extraordinaire. Tu as fait une sorte de laboratoire au tout début chez toi, mais aussi au sein de ton immeuble. où tu as mis en place un certain nombre de low-tech dans l'habitat au quotidien, pour toi-même, mais aussi pour tes voisins. Alors aujourd'hui, tu as déménagé, ton expérimentation est passée à l'échelle, donc on va en parler aussi, en test avec l'Agence parisienne du climat. Est-ce que déjà, dans un premier temps, pour certains auditeurs qui ne connaissent pas forcément la low-tech, est-ce que tu peux nous en donner ta définition, parce que je sais qu'il y en a plusieurs, définitions ? pour introduire cette low-tech auprès de tout le monde ?
- Speaker #1
Les low-tech, assez simplement, on va dire, c'est déjà l'inverse des high-tech, au sens où le but, c'est toujours de faire de l'innovation, mais de ne pas aller vers cet effet boîte noire et course à l'innovation, un peu sans se poser de questions. Là, le but, c'est vraiment de se réapproprier une technologie qui soit à l'échelle vraiment de nos besoins. de ce pourquoi on a vraiment besoin d'utiliser la technologie. Et le but, c'est vraiment aussi de se questionner sur pourquoi on utilise tels objets, comment on pourrait faire autrement, comment on pourrait baisser aussi nos exigences, notre manière de les utiliser pour que ce soit l'utilisation juste, que ce soit adapté à nos besoins, que ce soit accessible aussi dans la manière dont c'est produit, que ce soit peu cher, compréhensible, dans la manière dont ça fonctionne pour que ce soit réparable. En gros, c'est une technologie.
- Speaker #0
Ok, c'est très loin de ce qu'on peut avoir en domotique pour savoir s'il nous reste des choses dans notre frigo ou pas. Oui. C'est un peu le... En fait, la low-tech, effectivement, c'est à l'inverse de la high-tech. Donc vraiment, ce qui peut être le moins d'usage possible, enfin, d'utilisation de matière et d'énergie possible. Alors, moi, je t'ai découverte au sein d'une tribune et d'un reportage. Tu as effectivement rédigé une tribune au sein du blog Low Tech Lab après tes six mois d'expérimentation. Et également, j'ai vu aussi que tu avais un reportage dans le magazine Low Tech, le Low Tech Journal, où effectivement, on parle de comment changer son appartement, enfin changer le monde en un étage après l'autre. Je mettrai d'ailleurs les liens de ces deux médias dans la description de l'épisode. On peut découvrir de nombreuses lotechs comme le frigo basse consommation. le compostage en bocaci, la récupération d'eau de douche, mais aussi la ventilation naturelle. Avant d'aller explorer un peu plus ensemble, je suis curieuse parce qu'en général, toutes ces inventions de l'eau tech sont plutôt trouvables en campagne, en permaculture par exemple, ou dans des éco-villages. Et là, on a tendance à aller en dehors de la vie normale. Et là, toi, tu as expérimenté ça vraiment en ville, dans ton ancien studio de 15 mètres carrés, dans les régions parisiennes. Qu'est-ce qui a fait que tu t'es dit, ça y est, je me lance, je vais faire cette expérimentation low-tech dans mon appartement sur six mois ?
- Speaker #1
En fait, c'était déjà un cadre assez particulier parce que j'ai fait ce projet-là pour mon projet de diplôme en design. C'était il y a maintenant trois ans. Et donc, j'étais partie de cette frustration et à la fois de la frustration de vivre à Paris et de se dire qu'on a peu de moyens concrets d'adapter notre habitat. En tout cas, en ville, il y a peu d'exemples qui existent. Et en même temps, de cette admiration et découverte que j'avais fait pendant mon projet de mémoire sur le Lotec Lab et tout ce qu'il proposait. Et donc, je suis partie du constat, effectivement, qu'il y avait peu de ces solutions-là qui étaient vraiment adaptables. dans le cadre d'un appartement à Paris, d'autant plus quand on est locataire. Et donc je me suis dit, pourquoi pas dédier ces six mois de diplôme à faire une expérimentation sur ça, à l'échelle de mon appart, de mon 15 mètres carrés sous les toits, et pourquoi pas aussi essayer d'entraîner toute ma copro, en tout cas tous les voisins volontaires, pour qu'en fait aussi on passe à l'échelle, parce que l'habitat urbain, c'est justement à la différence de l'habitat en zone plus rurale, ou en tout cas moins dense. On n'est pas sur de l'habitat individuel, on est sur de l'habitat collectif, donc il faut aussi penser les choses de manière collective.
- Speaker #0
Oui, tout à fait. Et justement, par quoi tu as commencé pour changer ta façon de vivre au sein de ton appartement, puis aussi au sein de l'immeuble du coup ? Parce que c'est une expérience qui a été vraiment collective pour le coup.
- Speaker #1
Pour moi, la première étape d'une démarche low-tech, comme je disais tout à l'heure, c'est déjà commencer à questionner nos besoins, nos usages de nos équipements. Donc faire un peu l'état des lieux de qu'est-ce qu'on a chez toi, qu'est-ce qu'on a chez nous, qu'est-ce qu'on consomme, ce à quoi on pourrait renoncer, ce à quoi on pourrait attribuer des usages différents. Donc c'est déjà beaucoup de documentation aussi par ailleurs pour essayer de comprendre comment les objets fonctionnent, essayer de mettre en place des outils de suivi de consommation. et se poser beaucoup de questions sur soi-même, nos besoins, nos envies. Pour moi, c'est ça vraiment la première étape.
- Speaker #0
Ok, donc c'est une étape qui peut être plus ou moins longue en fonction aussi, et très individualisée en fonction des personnes, de leur mode de vie.
- Speaker #1
C'est ça, en fait, le but de l'élo-tech aussi, ça va être de se réfléchir à ses propres arbitrages. On n'est pas sur... créer une norme de ce que serait la vraie technologie, la bonne technologie, juste adaptée à chacun. Le but, c'est qu'on définisse nos propres usages.
- Speaker #0
Moi, je voudrais revenir sur cette invention du frigo à basse consommation. Alors, peut-être que toi, tu es végétarienne ou végétarienne aussi, donc peut-être que ça s'adapte beaucoup à ton usage. Est-ce que tu peux nous expliquer un peu ce système ? Parce que c'est vraiment, pour moi, assez... inédit et puis presque révolutionnaire parce que de prime abord on change pas grand chose sur ce frigo là en tout cas il n'y a pas d'achat très cher à réaliser et pour autant on peut tout de suite le mettre en place c'est à dire que si je décris un peu ce frigo là tu as enlevé la porte du frigo qui est un frigo top donc un frigo qui passe sous le plan de travail tu as enlevé cette porte là et tu as réduit la comment dire, la température pour que seulement la partie congélateur fasse frigo et le reste, quelque part, est un garde-manger, quoi, avec une porte ajourée, c'est ça ?
- Speaker #1
C'est ça. En fait, pour le coup, le frigo, c'est vraiment un équipement qui va catalyser pas mal d'enjeux qui vont être pertinents dans la Lotec, parce que ça va vraiment parler... des arbitrages dont je parlais, du juste besoin, du niveau de technologie dont on a besoin pour nous, nos usages. Effectivement, dans la démarche, comme je disais aussi, la première partie, c'est de se poser les questions de qu'est-ce qu'on a envie de changer chez nous. Dans cette période-là, moi, j'ai aussi beaucoup plus... Je me suis tournée vers le végétarisme et j'ai essayé aussi de vraiment adapter ma consommation. Et je me suis rendue compte que dans mon frigo, il n'y avait plus grand-chose, déjà. Parce que déjà, si on réfléchit à ce qu'on met dans nos frigos, qui n'y va pas, en fait, il y a beaucoup, beaucoup de choses. Mis à part la viande et les produits laitiers, tout ce qui va être fruits, légumes, même fromage, en fait, ça n'a pas vraiment d'intérêt à être au frigo. Au contraire, ça va détériorer les qualités nutritives des aliments. Donc une fois qu'on a enlevé tout le reste, il ne reste pas grand-chose. Donc ça me faisait dans mon appartement un équipement très énergivore, qui ne servait pas à grand-chose et qui prenait de la place alors que j'en avais déjà pas beaucoup. Donc je me suis demandé comment je pouvais le transformer sans forcément avoir à racheter un tout petit frigo et jeter celui que j'avais, qui pourtant fonctionnait bien. Donc là, on va pouvoir aussi aborder l'idée d'effet rebond. Si j'avais jeté mon frigo, ce n'était pas forcément pertinent d'aller... produire un nouvel équipement neuf qui aurait aussi sous-entendu tout un tas d'impacts environnementaux. Là, j'ai essayé de faire avec l'existant, de transformer l'existant, et en même temps de me réapproprier le fonctionnement de cet objet, parce qu'effectivement, je ne suis pas électricienne, je n'y connais absolument rien à la base en électronique. Je ne savais pas du tout comment fonctionnait un frigo, donc je suis allée un peu me documenter sur tout ça, et je me suis rendue compte que le fonctionnement d'un frigo, c'est basiquement l'idée de ces deux. venir comprimer un gaz pour créer du froid. Et ce gaz est en cycle fermé et va aussi se décomprimer et ça va aussi créer du chaud par l'arrière du frigo. Donc c'est aussi un problème si on parle de période de canicule, c'est aussi un équipement qui va augmenter la chaleur de notre logement. Et l'idée, c'est aussi que dans un frigo plutôt basique, il y a la partie friseur ou congélateur qui, elle, et alimenté en froid, très froid, parce qu'en fait, quand on comprime ce gaz-là, ça va tout de suite très bas en température. Et c'est par inertie que le reste du frigo va être alimenté en froid tempéré pour aller jusqu'à environ 5-7 degrés. Et la température du frigo interne va dépendre aussi du temps de compression. Donc à partir de là, je me suis dit, en fait, moi j'ai ce compartiment frigo qui est trop grand pour moi. Et ce compartiment freezer qui est quasiment vide parce qu'en fait, il est tout petit et je ne consomme pas plus de glace que ça. Et ça ne me sert pas à grand-chose. Donc, j'ai transformé le compartiment freezer en frigo en baissant, en modifiant juste le composant thermostat. Pour le coup, je l'ai vraiment changé parce que le thermostat d'un frigo classique est pensé pour aller sur des températures du congélateur, donc aller sur du moins 10 degrés. Et on ne peut pas le baisser beaucoup moins que ça. Donc j'ai changé le composant pour avoir un composant qui me permette de moduler beaucoup plus la température et de mettre dans le freezer une température de frigo, c'est-à-dire avoir un freezer qui descend qu'à
- Speaker #0
7 degrés environ.
- Speaker #1
C'est moyenne. Donc à partir de là, comme je disais, vu que c'est le nombre de minutes de compression qui va faire les degrés, là ça me permet aussi de baisser le temps de compression. pour avoir moins de température et aussi réduire ma consommation du frigo par la même occasion.
- Speaker #0
Top. Si, c'est clair. Mais après, avec un tuto, avec quelqu'un qui bricole un peu, c'est faisable. C'est ça.
- Speaker #1
C'est ce que j'ai fait aussi. Comme je disais, j'y connaissais rien. Donc, je me suis entourée un peu de gens qui bidouillaient un peu en électricité pour demander aussi des conseils. pour ne pas faire n'importe quoi et pour pouvoir choisir les bons composants. Et après, en fait, c'est très facile. C'est vraiment aussi basique que ce qu'on peut faire au collège en cours de technologie. Ce n'est pas plus compliqué. C'est juste brancher un fil sur la bonne entrée et voilà.
- Speaker #0
C'est d'ailleurs l'ADN des low-techs. C'est aussi qu'ils soient accessibles à tous. C'est ça.
- Speaker #1
Et donc, effectivement, maintenant, le reste de mon frigo était devenu un... Un garde-manger passif, où du coup j'avais aussi pu adapter des ambiances de conservation aux différents aliments que je conservais. Ce qui me permettait de réutiliser cet espace-là et de ne pas avoir à dédier une étagère en plus dans ma cuisine qui était déjà toute petite. Et c'est aussi quelque chose qui a rendu possible par... Par la ville, en fait, c'est pour le coup un usage qui n'aurait pas pu naître dans un milieu rural, où pour le coup, le frigo est un objet essentiel parce qu'on a besoin de stocker beaucoup de denrées, parce qu'on ne va pas aller faire les courses tout le temps parce que c'est loin. À Paris, on a une extrême disponibilité des denrées alimentaires en permanence, donc en fait, on n'a pas besoin de conserver des aliments pour deux semaines. C'est là aussi que la réduction de l'espace de conservation est tout à fait pertinente dans ce milieu-là.
- Speaker #0
et d'autant plus qu'on n'a pas beaucoup de place pour stocker comme tu disais ok j'ai aussi regardé tout ce que tu avais fait on a aussi ce volet il n'y a pas que le volet consommation énergie on a ce volet récupération des déchets en général le compostage en ville c'est assez mal vu parce qu'on peut ça peut amener des odeurs, on peut penser aussi que ça peut amener des animaux, comme les rats par exemple. Toi, tu as mis en place un système assez particulier. Est-ce que tu peux nous en parler ?
- Speaker #1
Oui. Moi, le système que j'ai choisi de mettre en place, ça s'appelle un Bokashi. C'est un composteur d'appartements qui a été inventé au Japon et qui, pour le coup, permet de solutionner pas mal de... contraintes habituellement décriées sur d'autres types de composteurs comme le lombricompost ou le composteur collectif qu'on peut mettre dans les cours. À savoir que là, pour le coup, on est sur un compost qui va vraiment être hermétique, donc il n'y a pas d'odeur générée et il n'y a pas de possibilité pour les moucherons et autres insectes de venir. Donc c'est vraiment adapté à avoir ça chez soi dans sa cuisine sans que ça génère de la nuisance.
- Speaker #0
C'est mieux qu'une poubelle en fait. C'est mieux qu'une poubelle en réalité.
- Speaker #1
C'est mieux qu'une poubelle, effectivement, parce que si on garde des poubelles avec des ordures alimentaires dedans trop longtemps, ça peut aussi générer des horreurs et des mouches-ponts dans tous les cas. Et l'idée, c'était aussi de se dire que, déjà, il faut savoir que depuis le début de l'année, le tri des déchets alimentaires est obligé à Paris, théoriquement. Mais il y a peu de solutions au niveau des copropriétés parce que ça ne fonctionnait pas très bien. Parce qu'en fait... Déjà, le tri n'était pas forcément bien fait. Et si, pour certaines copropriétés qui pourraient avoir l'opportunité de mettre un composteur collectif dans leur cours, par exemple, il n'y a pas forcément d'usage derrière, parce qu'il n'y a pas forcément d'espèces végétalisées communes, ou même il n'y a juste pas du tout la place, ou pas du tout les personnes qui seront sensibles à ce type de démarche, et du coup, ça ne sera pas pertinent. Donc là, l'idée, c'était de se dire, on va le traiter, non pas à l'échelle de la copropriété, parce que dans mon cas ça ne fonctionnait pas dans ma copropriété, mais à l'échelle individuelle de l'appartement et à l'échelle du quartier, parce que maintenant Paris met en place des bornes de collecte volontaires. Donc ça me permettait d'avec ce composteur-là pouvoir stocker mes déchets organiques pendant 2-3 semaines, et d'aller ensuite les faire collecter pour qu'ils soient transformés en compost et en méthane par la ville de Paris. Du coup, switcher directement jusqu'à l'échelle quasiment industrielle et pas passer par l'échelle collective compost.
- Speaker #0
Et cette règle-là, ce décret sur le compostage, c'est valable sur toute la France ?
- Speaker #1
C'est valable sur toute la France, oui. Ça dépend de la loi AGEC, qui est une loi nationale.
- Speaker #0
Je sais qu'il y a des villes aussi dans le monde où c'est devenu un usage commun. enfin quotidien surtout, et commun. Par exemple, à Montréal, je crois qu'il y a une poubelle de compostage, où c'est complètement normal de vous faire composer ces déchets, et elles sont ramassées par la ville aussi. Donc c'est peut-être aussi une solution par la suite.
- Speaker #1
Ça a été mis en test à Paris les dernières années. Ils ont mis dans trois arrondissements des bacs, comme les bacs vert-jaune, etc., des bacs marrons qui étaient pour le compost. Et ça n'a pas suffisamment bien marché parce qu'il y avait beaucoup d'erreurs de tri. C'est pour ça qu'ils sont tout de suite passés à l'échelle apport volontaire pour qu'il y ait moins ces problèmes de gens sensibilisés, puisque si on fait l'effort d'aller apporter, c'est qu'on sait déjà ce qu'on fait.
- Speaker #0
Ouais, effectivement. Après, on reste français. C'est dur à changer. Top. Je reviens sur une question que j'avais notée juste avant et du coup, j'ai un peu zappé. On était sur la chaleur dans l'appartement, le fait que ton ancien appartement était sous les toits. Donc j'imagine que le Somni a de fortes chaleurs, surtout en été, voire pendant les canicules. Donc on a vite fait de se dire, je vais mettre une clim, ou une clim mobile, et puis ça va aller bien. Mais on sait que la climatisation, ce n'est pas vraiment une solution pour l'avenir. Déjà, ça consomme. Du coup, ce n'est pas hyper bien pour les voies aériennes. Et puis surtout, il y a des rejets de chaleur, en fait, dans déjà des îlots de chaleur. Donc, toi, tu as travaillé sur cette partie égrométrie et ventilation naturelle. Est-ce que ça marche vraiment ? Et surtout, comment ça fonctionne ? Tu as réussi à réaliser ça.
- Speaker #1
Oui, effectivement, c'était un vrai sujet pour moi. En plus, j'ai démarré mon expérimentation pendant l'été 2021, où il faisait très chaud et sous les toits, c'était assez chaotique. et en fait effectivement le recours à la climatisation c'est une très très mauvaise solution d'adaptation parce qu'il y a d'énormes impacts à la fois sur la chaleur que ça rejette et sur les consommations énergétiques parce que c'est un peu comme pour l'hiver en fait on réfléchit très mal la gestion de la température parce qu'on réfléchit à l'échelle du logement en fait la température mesurable, la température sur un thermomètre et la température ressentie par le corps ça n'a rien à voir déjà Merci Ça sert à rien de chauffer ou rafraîchir un logement. Ce qu'il faut, c'est chauffer ou rafraîchir un corps. Tout à fait. Donc, à partir de là, si on se renseigne un peu sur comment ça fonctionne, la thermorégulation du corps, en été, le principal phénomène qui nous permet de réguler la température, c'est la transpiration, donc la gestion de l'humidité. Et ce phénomène-là est particulièrement activable par les mouvements d'air. Plus il y a de mouvements d'air autour de nous, plus notre transpiration va pouvoir s'évaporer. Et donc plus on va pouvoir ressentir du frais. Parce qu'en s'évaporant, l'eau va pouvoir absorber des calories et du coup nous enlever notre surplus de chaleur. Sauf que dans mon logement, typiquement, c'était une seule pièce avec une seule fenêtre orientée plein sud. Donc c'est difficile d'avoir un courant d'air quand il n'y a qu'une seule fenêtre.
- Speaker #0
Tout à fait.
- Speaker #1
Donc là, j'ai essayé de voir comment je pouvais essayer de changer les choses à mon échelle sans avoir à acheter des équipements coûteux, sans avoir à faire des travaux, parce que j'étais locataire encore une fois, donc je ne pouvais pas demander de faire une isolation de mon appartement, et encore moins à l'échelle de l'immeuble, en tout cas pas dans un laps de temps pour solutionner mon problème de confort là tout de suite.
- Speaker #0
Oui, c'était vraiment un besoin immédiat, quoi.
- Speaker #1
C'est ça, c'était un besoin immédiat. Donc comment rafraîchir le corps ? Comment créer des courants d'air là où on n'a pas vraiment de courant d'air ? Là, pour le coup, je me suis déjà intéressée aux questions de rafraîchissement par la végétation. En fait, la végétation elle-même va transpirer, faire de l'évapotranspiration qui va pouvoir rafraîchir l'air. C'est ce qu'on fait à l'échelle d'une ville quand on dit que Paris est en train d'essayer de se végétaliser pour justement limiter l'effet de chaleur, l'îlot de chaleur urbain. On peut se dire qu'à l'échelle d'un appartement, on peut aussi jouer ça. On peut essayer de rajouter des plantes pour rajouter de l'humidité. Et comme notre corps, à l'image de notre corps qui va transpirer pour se réguler, les plantes vont transpirer et aussi réguler l'atmosphère, la chaleur de l'air. Ça, ça va pouvoir déjà apporter un peu de confort. Plus activer les courants d'air. Là, la solution que j'avais testée à cette époque-là, puisque j'avais aussi, on en parlera un petit peu après, mais comme j'avais essayé de jouer cette expérimentation à l'échelle collective, c'est de créer de la convivialité aussi entre les gens, ça a permis petit à petit de rencontrer tous mes voisins de palier. Et ce qu'on avait mis en place, c'était de simplement ouvrir les portes pour pouvoir créer des courants d'air, là où on avait tous des logements avec une pièce, une fenêtre. On créait des courants d'air entre les logements, entre la cour aussi en bas, pour faire un tirage depuis tout en bas pour remonter jusqu'en haut. Et ça permettait d'activer ce phénomène-là de rafraîchissement de nos espaces et surtout de tirer l'air chaud de nos appartements, le mettre dehors, surtout la nuit. Ça pouvait vraiment rapporter beaucoup de confort.
- Speaker #0
Oui, parce qu'en fait, une cage d'escalier, c'est un formidable... C'est une cheminée, quoi. C'est un couloir d'air. C'est un couloir d'air. Ça c'est top. Et justement par rapport à ce phénomène de sécheresse, canicule, etc., on a également d'autres sujets qui concernent l'eau. Surtout, on en parle en période de sécheresse, mais là c'est moins le cas, mais ça va revenir. L'eau, c'est quand même une ressource qui peut devenir rare parce que justement les cycles de l'eau s'allongent. Il y a toujours la même eau sur terre, mais elle est moins disponible. Toi, tu as mis en place un truc très simple pour, quelque part, économiser l'eau, puis aussi aller traiter l'hygrométrie de son appartement. Est-ce que tu peux nous en parler ?
- Speaker #1
Oui, là, l'idée, c'était vraiment de... En fait, de réfléchir à l'appartement comme un écosystème qui ne dépend pas forcément que de l'habitant, un écosystème qui comprend aussi des plantes, donc des êtres vivants aussi, des bactéries, puisque je ne l'ai pas encore évoqué, mais l'histoire du Bokashi, l'idée, c'est de rajouter des bactéries par-dessus nos déchets qui vont permettre de décomposer aussi les nutriments qui sont contenus dans les végétaux pour extraire un engrais. Donc là, si on refait cette boucle-là d'écosystème, L'habitant va consommer des aliments. Ces aliments seront transformés par le bokashi en engrais, qui vont nourrir les plantes, qui vont permettre de rafraîchir l'atmosphère de l'appartement, et qui vont aussi pouvoir boire l'eau qui est utilisée en surplus par l'habitant. Parce que j'ai essayé aussi de modifier mes usages sur mes consommations d'eau, d'essayer de récupérer autant que possible les eaux résiduelles, tout ce qu'on utilise au quotidien comme eau. Sans vraiment se poser la question, parce qu'on a l'occurrence, il y a beaucoup de litres d'eau qui pourraient être économisés, qui sont de l'eau propre, qui n'est pas souillée. Par exemple, l'eau de douche, quand on attend que l'eau se réchauffe, on perd des litres et des litres d'eau pour rien. Ou l'eau quand on rince un légume, un fruit. Même quand on fait la vaisselle, pour certaines choses, on n'a pas forcément besoin de mettre du savon, donc on peut aussi récupérer cette eau qui n'est pas polluée par des éléments qui pourraient faire du mal aux plantes. Donc voilà. L'idée, c'était de vraiment aussi minimiser ce qu'on utilise comme eau, le recycler autant que possible et effectivement aussi réfléchir à la gestion des douches. Est-ce qu'on a vraiment besoin de se doucher tous les jours ? Est-ce qu'il n'y a pas d'autre manière de faire sa toilette sans avoir à consommer des litres d'eau ? Est-ce qu'on a besoin toujours d'avoir de l'eau chaude aussi ? Parce que ça, ça me fait un peu peur maintenant. Oui, tout à fait. Voilà. J'ai une chose sur ça.
- Speaker #0
D'ailleurs, je crois qu'il y a un système de douche par brumisation qui est en train d'être testé par le Low Tech Lab.
- Speaker #1
Oui, complètement. Effectivement, depuis les trois ans qui nous séparent de l'expérimentation que j'avais menée, aujourd'hui, le Low Tech Lab, ou en tout cas, Corentin et Caroline, avec le projet Biosphère, sont en train d'essayer de faire ça à l'échelle d'un appartement. en banlieue parisienne, ils vont aller encore plus loin, parce que leur démarche, c'est de vraiment proposer un habitat complètement transformé, complètement nouveau, qui intègre des low-tech, des vraies innovations concrètes, pas forcément à l'échelle des usages, comme moi je l'ai traité, c'est le step plus loin.
- Speaker #0
C'est un peu plus loin pour ceux qui veulent vraiment modifier leur appartement. Après, comme tu dis, effectivement, on n'est pas tous dans un... Un appartement en propriété, ça peut être de la location, ça peut être chez quelqu'un. Donc en fait, les usages là, ils sont tout de suite possibles à mettre en place. C'est effectivement une organisation dans un premier temps, mais ça fonctionne. C'est ça qui est magique. Alors, on sait qu'à Paris, les gens ne se parlent pas forcément beaucoup parce que c'est une ville qui est très dense et je pense que le phénomène se retrouve un peu partout où on a une ville dense. On a du mal à parler à tout le monde et puis il faut un peu aussi d'intimité. Toi, tu as mis en place quelque part une solution. Ça a été un changement quelque part majeur, comme tu disais, de communiquer, de s'organiser, de se dire tiens, on ouvre tous nos portes Comment tu as fait pour mettre en place justement cette communication bienveillante entre voisins ? Déjà, créer des occasions de se rencontrer, rien que ça. C'est bête à dire, mais la fête des voisins, c'est une tradition qui se perd, qui a un vrai intérêt social. C'était déjà la première action que j'ai mise en place, c'était de réinstaurer une fête des voisins qui n'avait jamais eu lieu depuis plus de 20 ans. On a commencé à se rencontrer. Après, là, c'était un contexte particulier où on n'était que des locataires à part 2-3 personnes. Donc, il y a eu beaucoup de turnover aussi depuis. Mais l'idée, c'était vraiment d'enclencher ces rencontres-là et après de continuer ce mouvement-là en invitant les gens à faire des ateliers collectifs pour réfléchir ensemble à comment on pouvait adapter des choses, faire des réunions, faire des apéros, faire plein de moments comme ça ensemble où on réfléchissait, on partageait nos idées, nos pratiques autour de ces sujets-là, mais aussi simplement des moments conviviaux tout simples qui sont un énorme enjeu, en fait, pour adapter notre mode de vie parce que... L'écologie, c'est une chose, mais on ne peut pas complètement le dissocier des enjeux sociaux. Et à l'avenir, il va vraiment falloir qu'on apprenne à faire ensemble, à s'adapter ensemble pour ne pas que ça tourne vers de l'individualisme dangereux.
- Speaker #1
Tout à fait. Moi, j'ai des choses, mais pas vous. Il fait frais chez moi.
- Speaker #0
C'est aussi l'enjeu de la climatisation. Effectivement, on se rafraîchit soi, mais on pourrit les autres par derrière. Tout l'inverse de ce que pourrait proposer une démarche lothique.
- Speaker #1
Et du coup, comment ça a été accueilli, justement, de se dire, tiens, on va se parler, on va se voir, on va se rencontrer, on va réfléchir ensemble ? Est-ce que tout le monde a adhéré dans un premier temps ? Il y avait des questionnements. Est-ce que ça a mis un peu du temps aussi à se mettre en place ?
- Speaker #0
Alors, l'idée, ce n'était pas de convaincre tout le monde et ce n'est jamais concevable de concevoir tout le monde tout de suite. Là, déjà... On avait réussi à former un petit collectif de gens qui étaient intéressés, qui étaient souvent présents, souvent mobilisés. Encore une fois, pas forcément sur des enjeux militants. Dans l'expérimentation, je n'ai pas du tout parlé d'enjeux politiques, de l'écologie, de l'eutèque même. Je n'évoquais même pas le mot l'eutèque. Je parlais juste de convivialité, de vivre ensemble, d'amélioration de nos conditions de vie. Que des sujets qui sont non clivants et qui réunissent. Et même la plupart des gens qui se sont investis dans la démarche étaient beaucoup plus intéressés par des enjeux sociaux, de connaître les gens, d'avoir des relations un peu à Paris, là où c'est très anonyme d'habitude. Donc non, on n'a pas touché tout le monde et ce n'était pas le but. Et c'était vraiment... Ça fait boule de neige aussi. Il y a eu de plus en plus de monde et ça continue à vivre aussi, même depuis que je suis partie. Il continue à y avoir des choses qui se passent, des choses qui ont été mises en place et qui demeurent même des choses physiques. Ça se fait de plus en plus dans Paris, mais ne serait-ce qu'avoir une armoire à dons pour aussi cristalliser cette ambiance de partage entre les habitants. C'était une bonne étape et ça continue de vivre.
- Speaker #1
Oui, c'est chouette ça. Surtout dons, puis ça peut être aussi des prêts. On n'a pas tous besoin d'avoir des équipements très particuliers et pourtant à un moment donné, on en a besoin.
- Speaker #0
C'est ça, complètement mettre en place des réseaux d'immeubles. WhatsApp, Facebook, etc., ça permet un partage des ressources, ça permet de la convivialité, ça permet de se rencontrer, de faire passer des informations. Que ce soit pas comme les copros sont gérés d'habitude, de manière très pragmatique, avec des questions autour de l'argent, de la technique, de la gestion des réseaux. On parle très peu de vivre ensemble en copropriété, alors que c'est un habitat collectif, par essence.
- Speaker #1
C'est pour ça que c'est si dur aussi de faire vivre une copropriété et que tout le monde soit en accord quelque part. Effectivement, il y a cette idée de ça c'est chez moi et le reste, on verra. Sauf qu'effectivement, c'est une copropriété.
- Speaker #0
Et c'est un des principaux freins en copropriété aussi, puisqu'il y a ce mode de gestion très centralisé et très centré sur des enjeux financiers et pratiques. c'est ce qui fait aussi qu'il y a des temps de latence énorme pour arriver à des changements qui vont vraiment dans le sens du bien commun c'est extrêmement compliqué de faire bouger les choses en copropriété en fait, une copropriété c'est comme une petite ville, on dépend de plein d'individus qui se connaissent pas, qui ont des enjeux différents, qui ont des visions différentes et qui ont pas forcément envie de se côtoyer donc créer de la convivialité là-dedans en fait c'est solutionner beaucoup beaucoup de choses pour faciliter la gestion de l'immeuble tout à fait
- Speaker #1
Tout à fait, mais il y en a... Moi, j'ai eu la chance de vivre dans une copropriété comme ça, et c'est vrai que ça change la vie, parce qu'on sait qu'il y a... quoi qu'il arrive, il y aura toujours une solution. Ça fonctionnera, on peut discuter, on connaît les personnes qui habitent autour de nous et ça c'est vraiment une richesse.
- Speaker #0
Oui, complètement. C'est d'ailleurs un des... dans les choses les plus marquantes pour moi dans cette expérimentation et dans le rapport au collectif, c'était vraiment le gain énorme en sérénité. le fait de savoir qu'il y avait des gens autour sur qui je pouvais compter quand il y avait un problème qu'on pouvait aussi se sentir appartenir à une même communauté là où avant c'était extrêmement impersonnel ça a vraiment changé beaucoup de choses sur le confort de vie qui
- Speaker #1
pour le coup ne dépend pas de conditions matérielles ça a vraiment donné tout ça il y a peut-être aussi plus de soins quand on connait d'autres personnes ça amène beaucoup de choses et justement donc Peut-être qu'on va parler effectivement de ton travail avec l'Agence parisienne du climat. Donc toi, tu as effectué une mission pour passer à l'échelle finalement de ton expérimentation à petite échelle chez toi, du coup sur divers copropriétés. Est-ce que tu peux nous parler un peu de cette mission et puis des objectifs surtout ? peut-être des avantages, des inconvénients ou des difficultés que tu as pu rencontrer ?
- Speaker #0
Là, ça fait du coup un an que je travaille avec l'Agence parisienne du climat, qui est une association créée par la mairie de Paris qui a vocation à mettre en place le plan climat, notamment sur la question de la rénovation énergétique et thermique des bâtiments. Donc ce sont des accompagnateurs, des conseillers qui sont là pour... pour aider les copropriétés à arriver à une rénovation globale. Ils ont aussi plein d'autres sujets, ce n'est pas que de la rénovation, ils essaient de travailler aussi sur la mobilité, sur les déchets, sur l'alimentation, enfin tout plein d'enjeux annexes qui en fait englobent la sobriété au sens large. Sauf qu'ils étaient jusqu'à aujourd'hui sur un pendant très technique, parce que c'est comme ça qu'ont été écrits les accords de Paris aussi. Donc, centré sur la rénovation, sur les travaux, sur aussi des questions financières, des aides financières. Et ce qu'on a essayé de travailler ensemble depuis un an, c'est comme ce que j'avais fait pour mon immeuble, travailler sur les usages, sur le collectif des habitants, pas que des propriétaires, et essayer de faire bouger les choses à l'échelle des gens, de à la fois les sensibiliser, leur faire comprendre les enjeux globaux. et de leur donner aussi des clés d'adaptation individuelles et collectives pour leur logement. Parce qu'il faut savoir aussi que si on fait une rénovation globale, ce n'est pas parce que notre appartement est extrêmement bien isolé qu'on sera extrêmement confortable à l'intérieur. Il peut y avoir aussi des mésusages derrière, notamment en été. C'est un cas assez flagrant d'effet rebond où finalement notre appartement devient tellement isolé que ça devient un four si on ne sait pas comment le réguler. si on ne l'aère pas suffisamment, si on ne ferme pas les volets quand il y a du soleil direct qui tape sur les fenêtres, ça fait l'effet bouilloire thermique, à l'inverse de la passeur thermique qu'on avait avant.
- Speaker #1
Presque la passeur thermique est mieux.
- Speaker #0
En été, oui, dans certains cas. Donc il y a déjà ce plan-là de s'adapter une fois qu'on a fait la rénovation, donc là ça va dépendre des usages, des comportements des gens, et il y a aussi la question de qu'est-ce qu'on fait en attendant les travaux, parce qu'à l'échelle d'une copropriété, des travaux peuvent mettre 5-10 ans. à vraiment aboutir parce qu'il faut déjà se mettre d'accord après il faut trouver les artisans, il faut trouver les aides il faut que les travaux se passent donc il y a une échelle de temps immense entre le moment où on a décidé de faire quelque chose si tenté que ce soit possible parce que c'est pas toujours possible et le moment où vraiment on a techniquement amélioré notre confort par une isolation donc voilà, ce qu'on a fait pendant un an c'est d'essayer de travailler sur ça, sur les usages d'adaptation en amont ou en aval de la rénovation ok, top Et voilà, sauf que là, la vraie différence avec l'autre expérimentation que j'avais pu mener à l'échelle de mon immeuble, c'est que j'étais une personne extérieure. J'étais une conseillère, une accompagnatrice de ces copropriétés-là. Du coup, ce qui est très différent pour mobiliser les gens. Parce que je ne suis pas dans les copropriétés. Enfin, j'y vais, je fais des interventions ponctuelles, mais je ne suis pas actrice au quotidien de la copropriété. Je ne connais pas les gens personnellement. Donc, c'est un rapport très différent et à la fois très nécessaire, parce qu'en fait... Il faut cette étincelle, cette impulsion d'une dynamique. Les gens sont en demande de savoir comment faire, d'avoir une méthodologie, d'avoir quelqu'un sur qui s'appuyer pour avoir des infos, pour avoir des données, pour avoir des outils aussi de sensibilisation. Toutes ces choses-là qu'on a testées. Et l'idée, c'est qu'après, on puisse essayer de mettre en place un programme d'accompagnement qui puisse aller plus loin, qui puisse être proposé à toutes les copropriétés à Paris. Enfin, à voir comment ça se terminera. Pour le coup, là, je ne sais pas encore où on va. Mais voilà, l'idée, c'est de questionner ce rôle-là d'un médiateur pour aider à la convivialité et à la sobriété dans les immeubles.
- Speaker #1
Chouette. Et le travail aussi, donc là, on est sur la sobriété, on est sur la convivialité. Il y a également la partie déchets, eau, tout est étudié.
- Speaker #0
Oui, c'est sobriété au sens large, même mobilité, tout ce qui permet d'aller vers une réduction de nos impacts individuels et collectifs.
- Speaker #1
Et pour le moment, cette mission est encore en état d'expérimentation et en cours de réalisation. Il n'y a pas encore de bilan qui a été réalisé ? Ou de pré-bilan ?
- Speaker #0
Du coup, le bilan, ce sera en septembre. Et à voir s'il y a une suite et quelle forme elle prendra. Mais il n'y a pas de bilan complet à ce jour. Ce qu'on peut se dire, c'est qu'on a mené plusieurs actions, il y a des choses qui ont bougé, il y a un vrai besoin, comme je disais, de cet accompagnement-là. En tout cas, de cette formation. Encore une fois, je ne sais pas si le positionnement d'un accompagnateur est la bonne solution. Peut-être qu'il faut aussi former les syndics ou les conseils syndicaux à eux-mêmes devenir des animateurs autour de ces enjeux. Mais en tout cas, il y a quand même beaucoup de choses à faire sur ça et il faut mobiliser, trouver chez les gens cette étincelle à devenir le porte-parole. de parole et l'activateur de dynamique collective, parce que c'est comme ça aussi que par effet rebond, on pourrait de plus en plus faire en sorte que la marginalité devienne la norme.
- Speaker #1
Oui, tout à fait. Mais les usages, je pense que, moi, j'y crois énormément. Quand tu disais tout à l'heure, tu as évoqué les usages, ils sont aussi bien aussi... Par exemple, j'ai un appartement qui vient d'être tout rénové, je me dis tiens... Maintenant, je peux le mettre à 21 degrés puisque ça coûte moins cher. Sauf que l'ensemble des travaux presque s'annulent, en tout cas sur la durée. Il y a aussi tout cet état d'esprit à cultiver des personnes.
- Speaker #0
C'est ça. Il faut vraiment travailler le comportement en parallèle de la technique. La technique elle-même ne solutionne pas tout et ne solutionnera jamais tout.
- Speaker #1
il faut comprendre pourquoi on fait ces choix là et pourquoi on fait ces usages là et les usages pour moi c'est quelque chose d'assez puissant je vais poser quand même la question je vais me faire l'avocat du diable est-ce que franchement tout ce qu'on met en place si tout le monde le réalisait par exemple en France ou sur les chaînes d'une ville ça fait aussi ça tester toute une ville, est-ce qu'il y aurait vraiment un impact, notamment, vis-à-vis toujours les objectifs que l'on vise, les accords de Paris 50 ?
- Speaker #0
Je n'ai pas les données précises, mais effectivement, on ne peut pas comparer l'échelle individuelle et l'échelle globale, on ne peut que comparer la somme des individus et l'échelle globale. Donc, tout seul, si moi je fais des efforts, effectivement, ça ne change rien. Mais si on est un million à faire des efforts, il y a forcément un impact plus grand. Après, c'est une question d'influence aussi. Et comme je disais, ce phénomène sociologique du changement de société, du changement de comportement collectif, il part en fait des gens marginaux, des comportements divergents, qui vont petit à petit s'immiscer pour devenir la norme. Et plus on sera à... à changer nos comportements, plus on pourra atteindre ce point de bascule où ça deviendra la norme et tout le monde changera, tout le monde sera dans un comportement sobre, mais avec surtout une sobriété volontaire et consciente, parce que se priver de choses juste parce qu'on nous a dit qu'il ne fallait pas le faire, ce n'est pas la bonne démarche non plus. Il faut comprendre pourquoi on fait ce choix de sobriété.
- Speaker #1
Ça doit être, comme disait Pierre Rabhi, une sobriété heureuse. En tout cas, le but, c'est de viser aussi quelque chose qui ne soit pas subi. Et en fait,
- Speaker #0
aujourd'hui, il y a beaucoup de choses sur lesquelles on subit la technologie. La technologie, pardon. Si on considère tous nos équipements électriques qu'on voit dans nos appartements aujourd'hui, qui aujourd'hui est capable de réparer tout seul sa machine à laver ou son four ? Et en fait, c'est là où on devient dépendant aussi de racheter à chaque fois continuellement des nouveaux équipements qui sont eux-mêmes obsolescents pour les raisons industrielles qu'on connaît aujourd'hui. Alors que l'enjeu de la low-tech, ça va être de comprendre comment les choses marchent, faire le choix d'objets sobres aussi dans leur mode de fabrication, qui sont du coup réparables parce qu'on les comprend, parce qu'on sait comment ils sont faits. Donc oui, ça participe aussi... se réapproprier ces objets-là, ces techniques-là, et quelque part, comme tu disais pour Pierre Rabhi, avoir une espèce de sentiment de satisfaction, de comprendre ce dont on dépend, de savoir qu'on peut réparer les choses nous-mêmes, qu'on peut...
- Speaker #1
Sans avoir un compte en banque, peu importe le compte en banque en tout cas, pouvoir avoir, regagner du pouvoir au quotidien. justement moi j'aime bien dans le podcast sortir ma boule de cristal je la mets entre nous deux comment toi tu vois 2050 ou quels seraient tes souhaits pour 2050 honnêtement comment je vois 2050 forcément
- Speaker #0
assez sombre d'un point de vue climatique et peut-être même politique, mais j'espère, en tout cas, j'essaie de travailler dans le sens où on pourra autant que possible s'adapter de manière intelligente et collective, et où on pourra prendre le temps de justement se réapproprier ce dont on dépend, pour que ça se passe le plus justement et le plus convivialement possible pour les années à venir.
- Speaker #1
Oui. J'aime bien ce mot intelligence, c'est bien de pouvoir le sortir, parce que c'est vrai qu'on en a plein, mais il faut l'utiliser à bon escient pour notre bien-être et le bonheur, simplement. Merci beaucoup Andréane pour cet échange riche, et j'imagine très parlant pour nos auditeurs. C'est le moment un peu du passage de relais. Est-ce que tu peux... tu pourrais nous donner une œuvre ou une personne, voire les deux, qui t'a vraiment inspirée pour inspirer à nouveau, à ton tour, les auditeurs ?
- Speaker #0
Sans grande surprise, c'est un mot que j'ai beaucoup employé depuis le début, mais j'ai envie de citer La Convivialité de Yvaline Illich, qui est un écrit qui résonne encore beaucoup aujourd'hui sur, pour moi, dans... une perspective d'avenir désirable, en tout cas d'organisation sociétale désirable. Et peut-être aussi un peu plus pointu, mais dans l'univers du design, pour moi, un grand auteur qui était Victor Papanec, qui avait écrit Design pour un monde réel qui pareil, sont des écrits qui résonnent beaucoup aujourd'hui. et qui serait bon de se réapproprier pour designer notre société dans un sens souhaitable, intelligent et juste par rapport à nos ressources chouette,
- Speaker #1
super parce que en plus moi j'ai pas lu les deux je connaissais le premier mais deux noms et je vais pas encore plonger là dessus merci beaucoup d'avoir écouté cet épisode jusqu'au bout vous pouvez retrouver tous les liens et les liens de l'activité d'Andréane au sein de la description. Si vous avez aimé, vous pouvez liker, partager, commenter et faire connaître le podcast à tous vos proches. A bientôt !