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Histoire du Pire

Beauté fatale : Histoire du blanc de céruse

Beauté fatale : Histoire du blanc de céruse

08min |09/02/2025
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Description

Êtes-vous prêt à plonger dans les abysses de la quête de la beauté, où les cosmétiques historiques cachent des secrets mortels ? Dans cet épisode d'Histoire du Pire, nous explorons les dangers insoupçonnés des cosmétiques d'antan, en mettant particulièrement l'accent sur la céruse de plomb, communément appelée Blanc de Venise. Depuis l'Antiquité, la recherche de la jeunesse éternelle a poussé des générations à utiliser des ingrédients toxiques, parfois avec des conséquences tragiques. La céruse, prisée pour son effet blanchissant, était le secret bien gardé des aristocrates, notamment à la Renaissance, qui s'exposaient à des risques sanitaires dévastateurs.


Imaginez-vous en train de vous enduire le visage de cette substance corrosive, tout cela pour obtenir un teint de porcelaine, admiré par tous. Cet épisode vous révèle comment ces pratiques cosmétiques ont causé des lésions cutanées et des problèmes de santé graves. À travers des récits fascinants, nous mettons en lumière des figures historiques comme Elisabeth Ière d'Angleterre, dont la beauté n'était pas sans coût. Ses contemporains, tout comme elle, ont sacrifié leur santé sur l'autel de l'esthétique, illustrant les dangers de ces pratiques souvent ignorées.


Prêts pour un voyage dans le temps ? Laissez-vous guider pour le meilleur... mais surtout pour le pire !


Sources : Lanoë, Catherine "La poudre et le fard, une histoire des cosmétiques de la Renaissace aux Lumières"

Lanoë, Catherine "La céruse dans la fabrication des cosmétiques sous l’Ancien Régime (XVIe-XVIIIe siècles)"

Vigarello, Georges "Georges VIGARELLO, Histoire de la beauté. Le corps et l’art d’embellir de la Renaissance à nos jours"







Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Il faut souffrir pour être belle, l'adage est bien connu. A l'instar des traînes beauté actuelles, pas toujours très safe, les cosmétiques ont des effets dévastateurs depuis le début de leur usage. En cause, l'utilisation d'ingrédients dangereux, dont la toxicité, parfois connue, était éclipsée par la quête de beauté et de jeunesse. La star de toutes, c'est bien sûr la céruse de plomb, autrement appelée Blanc de Venise. Depuis l'Antiquité, car c'est déjà la mode au temps des Grecs et des Romains, il faut avoir la peau pâle, voire diaphane, car c'est un signe distinctif d'aristocratie et de noblesse. C'est donc tout naturellement qu'on retrouve des traces de blanc de plomb dans les fards utilisés à l'époque par les notables. L'usage tombe en désuétude au Moyen-Âge, même si avoir la peau blanche, c'est toujours la grosse hype. Oui, mais le hic, c'est que se maquiller, ça fait fille de mauvaise vie. C'est l'église qui le dit. Bien que certaines pratiques esthétiques soient connues, comme l'épilation des cheveux et des sourcils, point de maquillage sur les faciès des gentes dames au temps médiévaux, sous peine de finir en enfer. Ou presque. C'est sans compter sur la Renaissance qui, prônant le retour du classicisme antique, lui piquera aussi ses tutos make-up. Et oui, les minois fardés de blanc font leur retour en force. Catherine de Médicis, la reine Margot ou encore les têtes couronnées Tudor usent de forces artifices pour paraître le plus blanches possible. Le teint hâlé, c'est pour les paysannes. En effet, le travail des champs Les diverses tâches agricoles exposent la peau des travailleurs au soleil, leur donnant un bronzage tout à fait vulgaire selon le goût de l'époque. Si vous avez la peau claire, c'est que vous ne travaillez pas et vivez claque-murée dans un palais, en bonne princesse bien-née que vous êtes. Et comme il faut être plus blanc que blanc, on a recours au magnifique blanc de Venise pour des teints de porcelaine. Oui, mais le blanc de Venise, c'est de la cerise de plomb, ma bonne dame. En tout cas, en grande partie. Du carbonate de plomb, sous forme de poudre très blanche, rincée au vinaigre et mélangée à de diverses huiles et eaux florales, notamment l'eau de rose, tant pour ses propriétés cosmétiques que pour masquer l'odeur infecte du mélange de base. Selon la recette, on peut aussi y trouver du mercure, des sels de tartre, du soufre, mais aussi des dérivés d'or ou d'argent. Une fois cette pâte prête, il suffit de se l'étaler abondamment sur le visage et surtout de ne pas trop sourire au risque de craqueler la croûte ainsi formée. Ça vend du rêve hein ! Outre sa couleur, la concoction à base de plomb est à l'époque prisée pour sa capacité à lisser la peau et faire disparaître ses aspérités, imperfections, grains de beauté, taches de rousseur... Et pour cause, c'est corrosif ! Un peu comme un masque de beauté à la javel pure, quoi. À force d'utilisation prolongée, la céruse crée des lésions cutanées. C'est donc logiquement qu'on va chercher à les masquer, en en mettant plus, évidemment. Sauf que la peau, le plus grand organe du corps, est perméable. C'est la raison pour laquelle les crèmes hydratantes fonctionnent. La peau en absorbe les principes actifs. Suivant cette logique, si on se tartine de plomb, additionné de métaux lourds, suivant l'humeur, celui-ci est absorbé au fur et à mesure par l'organisme, avec les conséquences désastreuses y étant liées. Atteinte dentaire, cutanée, nerveuse, voire carrément osseuse, l'empoisonnement chronique au plomb, appelé saturnisme, a été un véritable fléau sanitaire au XIXe siècle, notamment à cause de la fabrication industrielle de la céruse, utilisée à ce moment-là dans les peintures notamment, et les canalisations en plomb. On est alors en droit de se poser la question, la céruse en cosmétique a-t-elle tué? En son temps, le blanc de plomb utilisé dans les cosmétiques avait ses détracteurs . Franco le dit des courtisanes du milieu du XVIe siècle. "Je ne vois que céruse, fard, cochenille, cils pelés, visages écorchés, dents gâtées". Lucinge dit de la reine Margot, « Elle avait le visage déchu et avallé, tant par la force des fards et des divers artifices. » Les dégâts du plomb sur les visages sont donc connus. Mais on n'abandonne pas son usage pour autant. Tout est bon pour valoriser le visage, atout de beauté principal, et aucune réglementation ne vient encadrer la pratique cosmétique. Tant qu'on gagne, on joue. Il y a des acheteuses, le commerce va donc bon train. Une des utilisatrices les plus assidues et les plus connues du blanc de Venise n'est nulle autre qu'Elisabeth Ière d'Angleterre. La reine vierge fait appel aux fards lourds et aux perruques afin de cacher les multiples cicatrices laissées par la variole, contractées à l'âge de 29 ans. Sur ces portraits iconiques, la souveraine apparaît toute maquillée d'un blanc immaculé. Elle y aura recours jusqu'à la fin de sa vie, à des doses de plus en plus élevées à mesure que l'âge et la céruse laissait ses marques sur sa peau. Quand la dernière des Tudors meurt, le 25 mars 1603, à l'âge vénérable de 69 ans, elle interdit toute profanation de sa dépouille avant de mourir. Ce qui exclut de facto une autopsie. Pendant des siècles, le mystère a plané sur les causes de sa mort avec, au premier plan, cette interrogation. Le blanc de plomb a-t-il tué la reine ? Si récemment, des travaux scientifiques ont établi de façon quasi certaine qu'Elisabeth était morte principalement d'une infection pulmonaire aiguë, elle était par ailleurs en très mauvaise santé et présentait diverses pathologies graves, dont une infection chronique au plomb. Toutefois, celle-ci seule n'aurait pas suffi à la tuer. Bien que nous n'ayons pas de preuves formelles de la létalité de l'application cosmétique de plomb à la Renaissance, sa toxicité est avérée et déjà connue à l'époque. Son usage se poursuivra pourtant au XVIIe et au XVIIIe siècle, avant d'être peu à peu abandonné au profit de la poudre de riz et du talc, la fin du XVIIIe siècle et le XIXe siècle, prenant un retour au naturel. Si le grand méchant blanc de Venise est déchu, Ce n'est pourtant pas la fin des pratiques cosmétiques dangereuses, comme les siècles suivants nous le montreront, notamment avec l'utilisation des cosmétiques au radium. Mais ceci est une autre histoire. A bientôt pour un nouvel épisode de Beauté Fatale, et d'ici là, n'oubliez pas de lire les étiquettes de vos produits de beauté.

Description

Êtes-vous prêt à plonger dans les abysses de la quête de la beauté, où les cosmétiques historiques cachent des secrets mortels ? Dans cet épisode d'Histoire du Pire, nous explorons les dangers insoupçonnés des cosmétiques d'antan, en mettant particulièrement l'accent sur la céruse de plomb, communément appelée Blanc de Venise. Depuis l'Antiquité, la recherche de la jeunesse éternelle a poussé des générations à utiliser des ingrédients toxiques, parfois avec des conséquences tragiques. La céruse, prisée pour son effet blanchissant, était le secret bien gardé des aristocrates, notamment à la Renaissance, qui s'exposaient à des risques sanitaires dévastateurs.


Imaginez-vous en train de vous enduire le visage de cette substance corrosive, tout cela pour obtenir un teint de porcelaine, admiré par tous. Cet épisode vous révèle comment ces pratiques cosmétiques ont causé des lésions cutanées et des problèmes de santé graves. À travers des récits fascinants, nous mettons en lumière des figures historiques comme Elisabeth Ière d'Angleterre, dont la beauté n'était pas sans coût. Ses contemporains, tout comme elle, ont sacrifié leur santé sur l'autel de l'esthétique, illustrant les dangers de ces pratiques souvent ignorées.


Prêts pour un voyage dans le temps ? Laissez-vous guider pour le meilleur... mais surtout pour le pire !


Sources : Lanoë, Catherine "La poudre et le fard, une histoire des cosmétiques de la Renaissace aux Lumières"

Lanoë, Catherine "La céruse dans la fabrication des cosmétiques sous l’Ancien Régime (XVIe-XVIIIe siècles)"

Vigarello, Georges "Georges VIGARELLO, Histoire de la beauté. Le corps et l’art d’embellir de la Renaissance à nos jours"







Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Il faut souffrir pour être belle, l'adage est bien connu. A l'instar des traînes beauté actuelles, pas toujours très safe, les cosmétiques ont des effets dévastateurs depuis le début de leur usage. En cause, l'utilisation d'ingrédients dangereux, dont la toxicité, parfois connue, était éclipsée par la quête de beauté et de jeunesse. La star de toutes, c'est bien sûr la céruse de plomb, autrement appelée Blanc de Venise. Depuis l'Antiquité, car c'est déjà la mode au temps des Grecs et des Romains, il faut avoir la peau pâle, voire diaphane, car c'est un signe distinctif d'aristocratie et de noblesse. C'est donc tout naturellement qu'on retrouve des traces de blanc de plomb dans les fards utilisés à l'époque par les notables. L'usage tombe en désuétude au Moyen-Âge, même si avoir la peau blanche, c'est toujours la grosse hype. Oui, mais le hic, c'est que se maquiller, ça fait fille de mauvaise vie. C'est l'église qui le dit. Bien que certaines pratiques esthétiques soient connues, comme l'épilation des cheveux et des sourcils, point de maquillage sur les faciès des gentes dames au temps médiévaux, sous peine de finir en enfer. Ou presque. C'est sans compter sur la Renaissance qui, prônant le retour du classicisme antique, lui piquera aussi ses tutos make-up. Et oui, les minois fardés de blanc font leur retour en force. Catherine de Médicis, la reine Margot ou encore les têtes couronnées Tudor usent de forces artifices pour paraître le plus blanches possible. Le teint hâlé, c'est pour les paysannes. En effet, le travail des champs Les diverses tâches agricoles exposent la peau des travailleurs au soleil, leur donnant un bronzage tout à fait vulgaire selon le goût de l'époque. Si vous avez la peau claire, c'est que vous ne travaillez pas et vivez claque-murée dans un palais, en bonne princesse bien-née que vous êtes. Et comme il faut être plus blanc que blanc, on a recours au magnifique blanc de Venise pour des teints de porcelaine. Oui, mais le blanc de Venise, c'est de la cerise de plomb, ma bonne dame. En tout cas, en grande partie. Du carbonate de plomb, sous forme de poudre très blanche, rincée au vinaigre et mélangée à de diverses huiles et eaux florales, notamment l'eau de rose, tant pour ses propriétés cosmétiques que pour masquer l'odeur infecte du mélange de base. Selon la recette, on peut aussi y trouver du mercure, des sels de tartre, du soufre, mais aussi des dérivés d'or ou d'argent. Une fois cette pâte prête, il suffit de se l'étaler abondamment sur le visage et surtout de ne pas trop sourire au risque de craqueler la croûte ainsi formée. Ça vend du rêve hein ! Outre sa couleur, la concoction à base de plomb est à l'époque prisée pour sa capacité à lisser la peau et faire disparaître ses aspérités, imperfections, grains de beauté, taches de rousseur... Et pour cause, c'est corrosif ! Un peu comme un masque de beauté à la javel pure, quoi. À force d'utilisation prolongée, la céruse crée des lésions cutanées. C'est donc logiquement qu'on va chercher à les masquer, en en mettant plus, évidemment. Sauf que la peau, le plus grand organe du corps, est perméable. C'est la raison pour laquelle les crèmes hydratantes fonctionnent. La peau en absorbe les principes actifs. Suivant cette logique, si on se tartine de plomb, additionné de métaux lourds, suivant l'humeur, celui-ci est absorbé au fur et à mesure par l'organisme, avec les conséquences désastreuses y étant liées. Atteinte dentaire, cutanée, nerveuse, voire carrément osseuse, l'empoisonnement chronique au plomb, appelé saturnisme, a été un véritable fléau sanitaire au XIXe siècle, notamment à cause de la fabrication industrielle de la céruse, utilisée à ce moment-là dans les peintures notamment, et les canalisations en plomb. On est alors en droit de se poser la question, la céruse en cosmétique a-t-elle tué? En son temps, le blanc de plomb utilisé dans les cosmétiques avait ses détracteurs . Franco le dit des courtisanes du milieu du XVIe siècle. "Je ne vois que céruse, fard, cochenille, cils pelés, visages écorchés, dents gâtées". Lucinge dit de la reine Margot, « Elle avait le visage déchu et avallé, tant par la force des fards et des divers artifices. » Les dégâts du plomb sur les visages sont donc connus. Mais on n'abandonne pas son usage pour autant. Tout est bon pour valoriser le visage, atout de beauté principal, et aucune réglementation ne vient encadrer la pratique cosmétique. Tant qu'on gagne, on joue. Il y a des acheteuses, le commerce va donc bon train. Une des utilisatrices les plus assidues et les plus connues du blanc de Venise n'est nulle autre qu'Elisabeth Ière d'Angleterre. La reine vierge fait appel aux fards lourds et aux perruques afin de cacher les multiples cicatrices laissées par la variole, contractées à l'âge de 29 ans. Sur ces portraits iconiques, la souveraine apparaît toute maquillée d'un blanc immaculé. Elle y aura recours jusqu'à la fin de sa vie, à des doses de plus en plus élevées à mesure que l'âge et la céruse laissait ses marques sur sa peau. Quand la dernière des Tudors meurt, le 25 mars 1603, à l'âge vénérable de 69 ans, elle interdit toute profanation de sa dépouille avant de mourir. Ce qui exclut de facto une autopsie. Pendant des siècles, le mystère a plané sur les causes de sa mort avec, au premier plan, cette interrogation. Le blanc de plomb a-t-il tué la reine ? Si récemment, des travaux scientifiques ont établi de façon quasi certaine qu'Elisabeth était morte principalement d'une infection pulmonaire aiguë, elle était par ailleurs en très mauvaise santé et présentait diverses pathologies graves, dont une infection chronique au plomb. Toutefois, celle-ci seule n'aurait pas suffi à la tuer. Bien que nous n'ayons pas de preuves formelles de la létalité de l'application cosmétique de plomb à la Renaissance, sa toxicité est avérée et déjà connue à l'époque. Son usage se poursuivra pourtant au XVIIe et au XVIIIe siècle, avant d'être peu à peu abandonné au profit de la poudre de riz et du talc, la fin du XVIIIe siècle et le XIXe siècle, prenant un retour au naturel. Si le grand méchant blanc de Venise est déchu, Ce n'est pourtant pas la fin des pratiques cosmétiques dangereuses, comme les siècles suivants nous le montreront, notamment avec l'utilisation des cosmétiques au radium. Mais ceci est une autre histoire. A bientôt pour un nouvel épisode de Beauté Fatale, et d'ici là, n'oubliez pas de lire les étiquettes de vos produits de beauté.

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Êtes-vous prêt à plonger dans les abysses de la quête de la beauté, où les cosmétiques historiques cachent des secrets mortels ? Dans cet épisode d'Histoire du Pire, nous explorons les dangers insoupçonnés des cosmétiques d'antan, en mettant particulièrement l'accent sur la céruse de plomb, communément appelée Blanc de Venise. Depuis l'Antiquité, la recherche de la jeunesse éternelle a poussé des générations à utiliser des ingrédients toxiques, parfois avec des conséquences tragiques. La céruse, prisée pour son effet blanchissant, était le secret bien gardé des aristocrates, notamment à la Renaissance, qui s'exposaient à des risques sanitaires dévastateurs.


Imaginez-vous en train de vous enduire le visage de cette substance corrosive, tout cela pour obtenir un teint de porcelaine, admiré par tous. Cet épisode vous révèle comment ces pratiques cosmétiques ont causé des lésions cutanées et des problèmes de santé graves. À travers des récits fascinants, nous mettons en lumière des figures historiques comme Elisabeth Ière d'Angleterre, dont la beauté n'était pas sans coût. Ses contemporains, tout comme elle, ont sacrifié leur santé sur l'autel de l'esthétique, illustrant les dangers de ces pratiques souvent ignorées.


Prêts pour un voyage dans le temps ? Laissez-vous guider pour le meilleur... mais surtout pour le pire !


Sources : Lanoë, Catherine "La poudre et le fard, une histoire des cosmétiques de la Renaissace aux Lumières"

Lanoë, Catherine "La céruse dans la fabrication des cosmétiques sous l’Ancien Régime (XVIe-XVIIIe siècles)"

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  • Speaker #0

    Il faut souffrir pour être belle, l'adage est bien connu. A l'instar des traînes beauté actuelles, pas toujours très safe, les cosmétiques ont des effets dévastateurs depuis le début de leur usage. En cause, l'utilisation d'ingrédients dangereux, dont la toxicité, parfois connue, était éclipsée par la quête de beauté et de jeunesse. La star de toutes, c'est bien sûr la céruse de plomb, autrement appelée Blanc de Venise. Depuis l'Antiquité, car c'est déjà la mode au temps des Grecs et des Romains, il faut avoir la peau pâle, voire diaphane, car c'est un signe distinctif d'aristocratie et de noblesse. C'est donc tout naturellement qu'on retrouve des traces de blanc de plomb dans les fards utilisés à l'époque par les notables. L'usage tombe en désuétude au Moyen-Âge, même si avoir la peau blanche, c'est toujours la grosse hype. Oui, mais le hic, c'est que se maquiller, ça fait fille de mauvaise vie. C'est l'église qui le dit. Bien que certaines pratiques esthétiques soient connues, comme l'épilation des cheveux et des sourcils, point de maquillage sur les faciès des gentes dames au temps médiévaux, sous peine de finir en enfer. Ou presque. C'est sans compter sur la Renaissance qui, prônant le retour du classicisme antique, lui piquera aussi ses tutos make-up. Et oui, les minois fardés de blanc font leur retour en force. Catherine de Médicis, la reine Margot ou encore les têtes couronnées Tudor usent de forces artifices pour paraître le plus blanches possible. Le teint hâlé, c'est pour les paysannes. En effet, le travail des champs Les diverses tâches agricoles exposent la peau des travailleurs au soleil, leur donnant un bronzage tout à fait vulgaire selon le goût de l'époque. Si vous avez la peau claire, c'est que vous ne travaillez pas et vivez claque-murée dans un palais, en bonne princesse bien-née que vous êtes. Et comme il faut être plus blanc que blanc, on a recours au magnifique blanc de Venise pour des teints de porcelaine. Oui, mais le blanc de Venise, c'est de la cerise de plomb, ma bonne dame. En tout cas, en grande partie. Du carbonate de plomb, sous forme de poudre très blanche, rincée au vinaigre et mélangée à de diverses huiles et eaux florales, notamment l'eau de rose, tant pour ses propriétés cosmétiques que pour masquer l'odeur infecte du mélange de base. Selon la recette, on peut aussi y trouver du mercure, des sels de tartre, du soufre, mais aussi des dérivés d'or ou d'argent. Une fois cette pâte prête, il suffit de se l'étaler abondamment sur le visage et surtout de ne pas trop sourire au risque de craqueler la croûte ainsi formée. Ça vend du rêve hein ! Outre sa couleur, la concoction à base de plomb est à l'époque prisée pour sa capacité à lisser la peau et faire disparaître ses aspérités, imperfections, grains de beauté, taches de rousseur... Et pour cause, c'est corrosif ! Un peu comme un masque de beauté à la javel pure, quoi. À force d'utilisation prolongée, la céruse crée des lésions cutanées. C'est donc logiquement qu'on va chercher à les masquer, en en mettant plus, évidemment. Sauf que la peau, le plus grand organe du corps, est perméable. C'est la raison pour laquelle les crèmes hydratantes fonctionnent. La peau en absorbe les principes actifs. Suivant cette logique, si on se tartine de plomb, additionné de métaux lourds, suivant l'humeur, celui-ci est absorbé au fur et à mesure par l'organisme, avec les conséquences désastreuses y étant liées. Atteinte dentaire, cutanée, nerveuse, voire carrément osseuse, l'empoisonnement chronique au plomb, appelé saturnisme, a été un véritable fléau sanitaire au XIXe siècle, notamment à cause de la fabrication industrielle de la céruse, utilisée à ce moment-là dans les peintures notamment, et les canalisations en plomb. On est alors en droit de se poser la question, la céruse en cosmétique a-t-elle tué? En son temps, le blanc de plomb utilisé dans les cosmétiques avait ses détracteurs . Franco le dit des courtisanes du milieu du XVIe siècle. "Je ne vois que céruse, fard, cochenille, cils pelés, visages écorchés, dents gâtées". Lucinge dit de la reine Margot, « Elle avait le visage déchu et avallé, tant par la force des fards et des divers artifices. » Les dégâts du plomb sur les visages sont donc connus. Mais on n'abandonne pas son usage pour autant. Tout est bon pour valoriser le visage, atout de beauté principal, et aucune réglementation ne vient encadrer la pratique cosmétique. Tant qu'on gagne, on joue. Il y a des acheteuses, le commerce va donc bon train. Une des utilisatrices les plus assidues et les plus connues du blanc de Venise n'est nulle autre qu'Elisabeth Ière d'Angleterre. La reine vierge fait appel aux fards lourds et aux perruques afin de cacher les multiples cicatrices laissées par la variole, contractées à l'âge de 29 ans. Sur ces portraits iconiques, la souveraine apparaît toute maquillée d'un blanc immaculé. Elle y aura recours jusqu'à la fin de sa vie, à des doses de plus en plus élevées à mesure que l'âge et la céruse laissait ses marques sur sa peau. Quand la dernière des Tudors meurt, le 25 mars 1603, à l'âge vénérable de 69 ans, elle interdit toute profanation de sa dépouille avant de mourir. Ce qui exclut de facto une autopsie. Pendant des siècles, le mystère a plané sur les causes de sa mort avec, au premier plan, cette interrogation. Le blanc de plomb a-t-il tué la reine ? Si récemment, des travaux scientifiques ont établi de façon quasi certaine qu'Elisabeth était morte principalement d'une infection pulmonaire aiguë, elle était par ailleurs en très mauvaise santé et présentait diverses pathologies graves, dont une infection chronique au plomb. Toutefois, celle-ci seule n'aurait pas suffi à la tuer. Bien que nous n'ayons pas de preuves formelles de la létalité de l'application cosmétique de plomb à la Renaissance, sa toxicité est avérée et déjà connue à l'époque. Son usage se poursuivra pourtant au XVIIe et au XVIIIe siècle, avant d'être peu à peu abandonné au profit de la poudre de riz et du talc, la fin du XVIIIe siècle et le XIXe siècle, prenant un retour au naturel. Si le grand méchant blanc de Venise est déchu, Ce n'est pourtant pas la fin des pratiques cosmétiques dangereuses, comme les siècles suivants nous le montreront, notamment avec l'utilisation des cosmétiques au radium. Mais ceci est une autre histoire. A bientôt pour un nouvel épisode de Beauté Fatale, et d'ici là, n'oubliez pas de lire les étiquettes de vos produits de beauté.

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Êtes-vous prêt à plonger dans les abysses de la quête de la beauté, où les cosmétiques historiques cachent des secrets mortels ? Dans cet épisode d'Histoire du Pire, nous explorons les dangers insoupçonnés des cosmétiques d'antan, en mettant particulièrement l'accent sur la céruse de plomb, communément appelée Blanc de Venise. Depuis l'Antiquité, la recherche de la jeunesse éternelle a poussé des générations à utiliser des ingrédients toxiques, parfois avec des conséquences tragiques. La céruse, prisée pour son effet blanchissant, était le secret bien gardé des aristocrates, notamment à la Renaissance, qui s'exposaient à des risques sanitaires dévastateurs.


Imaginez-vous en train de vous enduire le visage de cette substance corrosive, tout cela pour obtenir un teint de porcelaine, admiré par tous. Cet épisode vous révèle comment ces pratiques cosmétiques ont causé des lésions cutanées et des problèmes de santé graves. À travers des récits fascinants, nous mettons en lumière des figures historiques comme Elisabeth Ière d'Angleterre, dont la beauté n'était pas sans coût. Ses contemporains, tout comme elle, ont sacrifié leur santé sur l'autel de l'esthétique, illustrant les dangers de ces pratiques souvent ignorées.


Prêts pour un voyage dans le temps ? Laissez-vous guider pour le meilleur... mais surtout pour le pire !


Sources : Lanoë, Catherine "La poudre et le fard, une histoire des cosmétiques de la Renaissace aux Lumières"

Lanoë, Catherine "La céruse dans la fabrication des cosmétiques sous l’Ancien Régime (XVIe-XVIIIe siècles)"

Vigarello, Georges "Georges VIGARELLO, Histoire de la beauté. Le corps et l’art d’embellir de la Renaissance à nos jours"







Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Il faut souffrir pour être belle, l'adage est bien connu. A l'instar des traînes beauté actuelles, pas toujours très safe, les cosmétiques ont des effets dévastateurs depuis le début de leur usage. En cause, l'utilisation d'ingrédients dangereux, dont la toxicité, parfois connue, était éclipsée par la quête de beauté et de jeunesse. La star de toutes, c'est bien sûr la céruse de plomb, autrement appelée Blanc de Venise. Depuis l'Antiquité, car c'est déjà la mode au temps des Grecs et des Romains, il faut avoir la peau pâle, voire diaphane, car c'est un signe distinctif d'aristocratie et de noblesse. C'est donc tout naturellement qu'on retrouve des traces de blanc de plomb dans les fards utilisés à l'époque par les notables. L'usage tombe en désuétude au Moyen-Âge, même si avoir la peau blanche, c'est toujours la grosse hype. Oui, mais le hic, c'est que se maquiller, ça fait fille de mauvaise vie. C'est l'église qui le dit. Bien que certaines pratiques esthétiques soient connues, comme l'épilation des cheveux et des sourcils, point de maquillage sur les faciès des gentes dames au temps médiévaux, sous peine de finir en enfer. Ou presque. C'est sans compter sur la Renaissance qui, prônant le retour du classicisme antique, lui piquera aussi ses tutos make-up. Et oui, les minois fardés de blanc font leur retour en force. Catherine de Médicis, la reine Margot ou encore les têtes couronnées Tudor usent de forces artifices pour paraître le plus blanches possible. Le teint hâlé, c'est pour les paysannes. En effet, le travail des champs Les diverses tâches agricoles exposent la peau des travailleurs au soleil, leur donnant un bronzage tout à fait vulgaire selon le goût de l'époque. Si vous avez la peau claire, c'est que vous ne travaillez pas et vivez claque-murée dans un palais, en bonne princesse bien-née que vous êtes. Et comme il faut être plus blanc que blanc, on a recours au magnifique blanc de Venise pour des teints de porcelaine. Oui, mais le blanc de Venise, c'est de la cerise de plomb, ma bonne dame. En tout cas, en grande partie. Du carbonate de plomb, sous forme de poudre très blanche, rincée au vinaigre et mélangée à de diverses huiles et eaux florales, notamment l'eau de rose, tant pour ses propriétés cosmétiques que pour masquer l'odeur infecte du mélange de base. Selon la recette, on peut aussi y trouver du mercure, des sels de tartre, du soufre, mais aussi des dérivés d'or ou d'argent. Une fois cette pâte prête, il suffit de se l'étaler abondamment sur le visage et surtout de ne pas trop sourire au risque de craqueler la croûte ainsi formée. Ça vend du rêve hein ! Outre sa couleur, la concoction à base de plomb est à l'époque prisée pour sa capacité à lisser la peau et faire disparaître ses aspérités, imperfections, grains de beauté, taches de rousseur... Et pour cause, c'est corrosif ! Un peu comme un masque de beauté à la javel pure, quoi. À force d'utilisation prolongée, la céruse crée des lésions cutanées. C'est donc logiquement qu'on va chercher à les masquer, en en mettant plus, évidemment. Sauf que la peau, le plus grand organe du corps, est perméable. C'est la raison pour laquelle les crèmes hydratantes fonctionnent. La peau en absorbe les principes actifs. Suivant cette logique, si on se tartine de plomb, additionné de métaux lourds, suivant l'humeur, celui-ci est absorbé au fur et à mesure par l'organisme, avec les conséquences désastreuses y étant liées. Atteinte dentaire, cutanée, nerveuse, voire carrément osseuse, l'empoisonnement chronique au plomb, appelé saturnisme, a été un véritable fléau sanitaire au XIXe siècle, notamment à cause de la fabrication industrielle de la céruse, utilisée à ce moment-là dans les peintures notamment, et les canalisations en plomb. On est alors en droit de se poser la question, la céruse en cosmétique a-t-elle tué? En son temps, le blanc de plomb utilisé dans les cosmétiques avait ses détracteurs . Franco le dit des courtisanes du milieu du XVIe siècle. "Je ne vois que céruse, fard, cochenille, cils pelés, visages écorchés, dents gâtées". Lucinge dit de la reine Margot, « Elle avait le visage déchu et avallé, tant par la force des fards et des divers artifices. » Les dégâts du plomb sur les visages sont donc connus. Mais on n'abandonne pas son usage pour autant. Tout est bon pour valoriser le visage, atout de beauté principal, et aucune réglementation ne vient encadrer la pratique cosmétique. Tant qu'on gagne, on joue. Il y a des acheteuses, le commerce va donc bon train. Une des utilisatrices les plus assidues et les plus connues du blanc de Venise n'est nulle autre qu'Elisabeth Ière d'Angleterre. La reine vierge fait appel aux fards lourds et aux perruques afin de cacher les multiples cicatrices laissées par la variole, contractées à l'âge de 29 ans. Sur ces portraits iconiques, la souveraine apparaît toute maquillée d'un blanc immaculé. Elle y aura recours jusqu'à la fin de sa vie, à des doses de plus en plus élevées à mesure que l'âge et la céruse laissait ses marques sur sa peau. Quand la dernière des Tudors meurt, le 25 mars 1603, à l'âge vénérable de 69 ans, elle interdit toute profanation de sa dépouille avant de mourir. Ce qui exclut de facto une autopsie. Pendant des siècles, le mystère a plané sur les causes de sa mort avec, au premier plan, cette interrogation. Le blanc de plomb a-t-il tué la reine ? Si récemment, des travaux scientifiques ont établi de façon quasi certaine qu'Elisabeth était morte principalement d'une infection pulmonaire aiguë, elle était par ailleurs en très mauvaise santé et présentait diverses pathologies graves, dont une infection chronique au plomb. Toutefois, celle-ci seule n'aurait pas suffi à la tuer. Bien que nous n'ayons pas de preuves formelles de la létalité de l'application cosmétique de plomb à la Renaissance, sa toxicité est avérée et déjà connue à l'époque. Son usage se poursuivra pourtant au XVIIe et au XVIIIe siècle, avant d'être peu à peu abandonné au profit de la poudre de riz et du talc, la fin du XVIIIe siècle et le XIXe siècle, prenant un retour au naturel. Si le grand méchant blanc de Venise est déchu, Ce n'est pourtant pas la fin des pratiques cosmétiques dangereuses, comme les siècles suivants nous le montreront, notamment avec l'utilisation des cosmétiques au radium. Mais ceci est une autre histoire. A bientôt pour un nouvel épisode de Beauté Fatale, et d'ici là, n'oubliez pas de lire les étiquettes de vos produits de beauté.

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