Calypso ProvostCalypso, prise 1. J'ai une notaire qui m'appelle et qui me dit Calypso, j'ai un dossier dans lequel Jeanne est décédée, elle avait une fille qui est prédécédée, qui n'avait pas d'enfant. Et moi, je suis sollicitée pour rétablir que Jeanne avait bien eu une seule fille. Elle me déploie un tableau généalogique qui a été fait par l'un de nos confrères où la défunte avait été retrouvée pour hériter d'un bout de parcelle qui appartenait à sa maman. Donc elle et sa sœur ont été retrouvées, qui ont eu une vie pas simple parce qu'elles se sont toutes les deux fait abandonner. À 3-4 ans, elles ont grandi dans un orphelinat, mais toujours soudées. Et pendant leurs recherches, les généalogistes avaient retrouvé l'existence d'une autre sœur. Je me suis aperçue que finalement, la maman était serveuse dans un bar. Je sais que ses parents et ses frères et soeurs l'appelaient la femme de petite vertu. À l'arrivée de la seconde, elle s'est rendue compte rapidement qu'elle n'allait pas pouvoir les élever. Elle les a donc placées à l'assistance sociale. On suppose que ça a dû lui briser le cœur, mais c'était une autre époque et ce n'était pas du tout vu comme ça peut l'être aujourd'hui. À ce moment-là, j'ai mon regard de chercheuse qui comprend. que c'est une famille qui a un petit peu explosé. Deux sœurs qui ne connaissaient pas leur autre sœur, deux sœurs qui ont été en orphelinat, l'autre sœur qui a été élevée par l'une de ses tantes. Et je me dis, c'est bizarre. Il s'avère que Romain, le généalogiste spécialiste de la Savoie, m'appelle et me dit, tu ne me croiras jamais. Incroyable, j'ai retrouvé René, un autre frère. Donc là, je suis un peu choquée. Je lui demande comment ça se fait qu'il ne soit pas ressorti lors des premières recherches. Il me dit que René a changé deux fois de nom. Il a eu son nom de naissance. Puis ensuite, à l'âge de un an, René, cet héritier, s'est fait adopter par une première famille. Une famille aimante avec cinq frères et sœurs. Et à l'âge de ses dix ans, malheureusement, son papa adoptif est décédé. Et sa maman n'avait pas les moyens de subvenir aux besoins de l'ensemble des enfants et a décidé, avec le cœur lourd, de replacer René à l'adoption. Et au bout d'une année, il s'est fait adopter par une nouvelle famille, une famille savoyarde, qu'il a adoptée pour des raisons, on va dire, professionnelles, pour avoir de la main-d'œuvre, un petit peu plus d'aide agricole à la ferme. On lui faisait clairement croire qu'il n'était pas voulu. en grandissant avec un surnom qui était son nom de naissance. Et un jour, un monsieur se retourne et lui dit Mais pourquoi les gens t'appellent comme ça ? Et René dit Parce que j'ai été adoptée et c'est le nom de jeune fille de ma mère. Et il lui dit Mais c'est drôle parce que moi, mon frère, il avait été marié avec une dame qui portait le même nom. René se rend compte finalement que le monde est petit et qu'il vient de faire la rencontre de quelqu'un de la famille de sa maman. Et il part à sa recherche. Malheureusement, sa maman est décédée en 1955, donc il arrive trop tard et il apprend qu'il a une sœur. Il se dit je vais partir à la recherche de ma sœur Ça dure plusieurs années et finalement, il trouve l'adresse de sa sœur qui habite à 20 km de chez lui et René va toquer à la porte de chez sa sœur. Il lui dit c'est moi, je suis ton frère, on a la même maman Elle chuchote à la porte, elle ne veut pas le laisser rentrer, il y a son mari qui est derrière, il y a son enfant qui dort. et elle lui dit écoutez, je ne veux rien avoir à faire avec vous, partez s'il vous plaît Quelques temps après, il retourne chez sa sœur, qui cette fois-ci lui ouvre, puisque son mari n'est pas là, et elle lui propose de boire un café. Il lui raconte son histoire. Elle, mine de rien, elle n'a pas non plus une vie facile, elle a été abandonnée avec Jeanne. Elles ont toutes les deux été placées à l'assistance sociale, mais elles ont grandi toutes les deux. Et puis finalement, elle lui dit que... Elle ne révélera pas son identité au reste de la famille, qu'elle ne veut pas chambouler le quotidien de tout le monde et qu'elle gardera le secret pour elle. René repart de chez sa sœur en pensant que le chapitre est clos pour toujours. Et finalement, c'est 40 ans plus tard que la vérité arrivera jusqu'à lui. Dans les années 70, René pensait qu'il avait une sœur et aujourd'hui, on va lui apprendre finalement qu'il n'en a pas une, qu'il n'en a pas deux, mais qu'il en a trois. Par la suite, je décide d'aller voir René. Il m'a accueillie dans sa maison avec son épouse, son fils. Ce sont des gens, je trouve, gentils, qui m'ont ouvert les portes de leur cœur et de leur histoire. René, avec sa voix toute tremblotante, m'a raconté tout son chemin de vie. Et moi, ce qui m'a surprise, c'est le comportement de René, qui est complètement différent de la plupart des héritiers qu'on retrouve. Normalement les gens veulent savoir combien ils vont toucher, de quoi est composée la succession et je crois que c'est l'un des premiers héritiers qui me parle avec le cœur et uniquement avec le cœur. Renée, les seules questions qu'il me pose c'est est-ce que ma sœur veut me rencontrer ? Est-ce que mon neveu veut me rencontrer ? Est-ce que ces personnes sont prêtes à me faire une place dans leur vie ? Aujourd'hui Renée et sa sœur vont se rencontrer. J'espère que je pourrai être présente parce que c'est l'aboutissement de mon travail. Je dis quelle fierté d'intervenir dans ce genre de dossier et de réussir à leur faire recoller les morceaux et de repartir avec une histoire et de connaître la vérité.