Speaker #0On se rend compte dans notre métier que parfois l'argent ne fait pas le bonheur et dans l'histoire de Benjamin, il lui manquait l'essentiel, l'amour. Prise 1, Aude ! Un notaire m'appelle un jour en me disant Aude, j'ai un dossier à te confier. Il s'agit d'un gros patrimoine, un patrimoine conséquent. Notre défunt s'appelle Benjamin, il a 56 ans. On ne lui connaît aucune femme, aucun enfant. Il est important quand même de signaler que le papa était décédé 5 ans avant Benjamin et que c'est à ce moment-là que Benjamin a hérité de ce gros patrimoine. Benjamin était sommelier, n'avait rien à voir avec un homme d'affaires qui était son père. Il avait établi un testament qui n'a pas eu lieu de pouvoir s'appliquer car c'était un testament écrit par mail. Ce testament en faveur de son meilleur ami n'avait aucune valeur. Et donc nous voilà devoir retrouver a priori la mère de Benjamin avec lequel il avait rompu tout contact depuis une quarantaine d'années. La maman est retrouvée très facilement et quand nous lui avons annoncé le décès de son fils, elle n'a pas eu l'air d'être particulièrement émue. Et elle nous fait clairement comprendre qu'elle va renoncer à la succession de son fils, sans autre explication. Forcément, je me dis à ce moment-là, il y a un problème de famille très important. Et notre deuxième mission là intervient, puisqu'il faut maintenant retrouver les autres héritiers de Benjamin, puisque la maman renonce. Et là, en fait, du côté paternel, il n'y a plus personne, la ligne est éteinte. Donc on se retrouve à aller du côté de la maman. Et là, on trouve une cousine, une cousine germaine. à qui évidemment on annonce qu'elle va hériter. Quand je l'interroge, je me rends compte que cette famille ne se connaît pas. Elle n'a plus aucun lien avec son neveu depuis plus de 40 ans et on comprend à ce moment-là qu'il y avait une coupure familiale totale. Nous partons en inventaire sur Paris. On se rend compte que pour les locaux commerciaux, tout est resté en l'état, y compris des vieux salons de coiffure avec des bigoudis qui traînaient. Rien n'était géré. On comprend à ce moment-là que Benjamin ne s'occupait plus de rien. Il s'était lui-même réfugié dans la maison du Sud pour ne plus avoir aucun rapport avec la vie parisienne. Je me rends dans le Sud pour l'ultime inventaire dans la maison familiale. Je trouve alors deux coffres forts et là je me dis forcément il y aura quelque chose à l'intérieur. Peut-être qu'on va y trouver de l'or, des lingots, des documents importants. Donc évidemment ma curiosité s'attise. Nous avons du mal à ouvrir les coffres. On finit par y arriver et là bingo, je trouve tout. le trésor que je recherchais, toute l'explication familiale sur divers documents. Je retrouve tout d'abord un petit carnet intime, vraisemblablement écrit très jeune, entre 10 et 15 ans, et je tombe également sur des documents du divorce. Je comprends en lisant ces documents que Benjamin n'est pas tout seul, n'est pas le seul enfant, une sœur existait, cette sœur et lui-même, tous les deux, adoptés de façon plénière. La petite sœur, puisqu'elle est arrivée... dans la famille une année après Benjamin, se révèle être déficiente mentalement, tisse un lien extrêmement puissant avec sa mère et donc la maman, d'une certaine manière, commence déjà à rejeter Benjamin. Le papa était un gros directeur général, autoritaire, vraisemblablement avec une certaine emprise, et la maman très dépressive, sans profession. On comprend qu'un divorce est en jeu, la mère part avec ses deux enfants dont elle a la garde. Et quelques mois plus tard, Benjamin demande de nouveau à vivre avec son père. La mère est furieuse et coupe carrément les liens avec son fils. Il n'existe plus, elle ne veut plus entendre parler ni de lui, ni du père. Je sens à travers les propos des jugements que Benjamin souffre énormément de cette situation et se retrouve une nouvelle fois orphelin de sa mère. Et en fait, on comprend tout doucement après la mort de son père qu'il y a pour Benjamin une sorte de fuite en avant. Il a une maladie qu'il ne veut pas soigner. Il se laisse mourir alors même qu'il a reçu un énorme patrimoine de son papa. Finalement, j'ai vu un homme de 56 ans qui avait gardé un cœur d'enfant. Et jusqu'au bout de sa vie, il en est mort d'ailleurs, il est resté avec cette âme d'enfant qui n'avait qu'une envie, c'est d'être aimé. Le seul héritage qu'il ait eu, lui, c'est un patrimoine, alors qu'il lui manquait l'essentiel, le cœur et l'amour de sa mère et de sa soeur.