Speaker #0Salut Ă tous ! J'espĂšre que vous allez bien et bienvenue dans Inbox.
C'est le mois de l'amour et aujourd'hui j'aimerais parler d'amour. Avec la Saint-Valentin qui vient de passer, ça tombe bien.
J'aimerais parler d'amour, pas seulement de l'amour Ă deux, mais aussi de mon propre rapport Ă l'amour et aux relations amoureuses. Je viens d'une culture oĂč l'Ă©cole est toujours la prioritĂ©. ou s'intĂ©resser aux garçons Ă©tait, comment dire, interdit, voire dangereux. Les relations amoureuses sont souvent perçues comme une distraction ou un danger pour l'avenir. Je tiens Ă nuancer parce que ce n'est peut-ĂȘtre pas le cas pour toutes les familles.
Et donc, en grandissant, j'ai constaté que cette éducation a plus ou moins influencé la femme et la partenaire que je suis devenue. Et aujourd'hui, je veux partager avec vous cet aspect de ma vie.
Quand j'Ă©tais plus petite, on me rĂ©pĂ©tait tout le temps ton premier mari c'est ton travail, et par extension, fais bien les connes. Et honnĂȘtement, je l'ai pris Ă la lettre. J'Ă©tais cette Ă©lĂšve studieuse, toujours concentrĂ©e sur mes cahiers. Je cherchais Ă avoir de bonnes notes, pas forcĂ©ment au point de m'en donner des mots de tĂȘte, mais je ne voulais pas avoir non plus des problĂšmes Ă la maison. De notre cĂŽtĂ©, j'Ă©tais cette petite fille un peu curieuse, rĂȘveuse, qui cachait ses Ă©motions et ses coups de cĆur. Je me souviens encore de W, on va l'appeler comme ça. Mon premier crush, en classe de primaire, on Ă©tait assis ensemble en classe et pour une raison que j'ignore encore jusqu'Ă prĂ©sent, on Ă©tait surnommĂ© le petit couple de la classe. Et ce qui est drĂŽle, c'est que j'avais fait de ce monsieur le hĂ©ros principal des histoires que j'Ă©crivais. Toutes ces histoires-lĂ , je les Ă©crivais dans mes cahiers de cours. Je me rappelle encore mon pĂšre, Ă chaque rentrĂ©e, il me disait « Ce cahier, ce n'est pas pour Ă©crire tes histoires, mais pour noter tes cours, s'il savait. » Par la suite... il y a eu M. S, mon voisin quand j'Ă©tais au collĂšge. Il me faisait complĂštement perdre mes moyens. Ă chaque fois que je le voyais passer devant chez moi, je courais au balcon pour mieux l'observer. Et dĂšs que je tombais sur lui dans la citĂ©, c'Ă©tait complĂštement la panique. Je faisais demi-tour, quitte Ă prendre un chemin plus lent pour rentrer chez moi. GrĂące Ă sa cousine, qui Ă©tait aussi ma voisine, ça tombait bien, j'ai osĂ© lui avouer mes sentiments. Et du jour au lendemain, il m'a Ă©crit sur le tĂ©lĂ©phone de la maison. Je prĂ©cise de la maison parce qu'on n'avait pas le droit Ă un tĂ©lĂ©phone personnel. Par la suite, on a commencĂ© Ă cheminer ensemble aprĂšs les cours, jusqu'Ă ce fameux premier baiser. Cette amourette, pour moi, en vrai, n'a durĂ© que quelques mois avant qu'il ne parte vivre en France dĂ©finitivement. Mais Ă qui pouvais-je en parler ? Ă ma petite soeur de 10 ans, pas du tout. Je devais montrer l'exemple. De cette amourette, hormis un baiser, il n'y avait rien eu d'autre. Et pourtant, j'avais mal. Aujourd'hui, avec du recul, je me suis souvent demandĂ© si le rapport qu'avaient certains parents Ă l'amour et aux relations amoureuses de leur enfant n'Ă©tait pas ambigu, voire biaisĂ©. Pour beaucoup, le sentiment amoureux est inĂ©vitablement associĂ© au rapport sexuel, comme s'il l'a. ne pouvait exister sans l'autre. Pourquoi rattacher le sentiment amoureux premiĂšrement au rapport sexuel ? Je me suis posĂ© la question. Dans ma culture, on a tendance Ă rattacher l'amour aux relations sexuelles, raison pour laquelle on en fait un sujet tabou, voire dangereux. Et ça en devient un cercle infernal. Pas de relation, pas de sexe, pas de bĂ©bĂ©, problĂšme rĂ©glĂ©. Mais est-ce que le problĂšme Ă©tait vraiment rĂ©glĂ© ? C'est un peu comme Voldemort dans Harry Potter, le nom interdit qu'il ne faut pas prononcer. Pourtant, en le rendant tabou, on donne encore plus de pouvoir Ă la chose. Dans mon cas, ce n'Ă©tait pas l'attachement Ă un garçon qui faisait peur Ă mes parents, mais plutĂŽt l'idĂ©e que cet attachement puisse entraĂźner des actes sexuels et par extension une grossesse. AprĂšs, ça peut se comprendre, mes parents m'ont eu assez tĂŽt. Mais ça soulĂšve une question bien plus large. Comment apprendre Ă aimer ? ou comprendre ce que c'est qu'une relation saine si on n'a pas le droit d'en parler. En observant d'autres parents plus ouverts d'esprit, je me suis demandĂ© est-ce qu'ils avaient aussi les mĂȘmes craintes que mes parents ou est-ce qu'ils faisaient simplement plus confiance Ă leurs enfants ? Ăa m'a fait penser au dilemme du pĂšre riche et du pĂšre pauvre que j'aimerais transposer Ă l'Ă©ducation amoureuse. Le pĂšre pauvre a une vision plus traditionnelle. Et comme mon pĂšre, Il cherchait avant tout Ă me protĂ©ger. En m'interdisant les relations amoureuses, il voulait m'Ă©viter tout risque. tout risque, Ă savoir relation sexuelle, grossesse, complications. C'Ă©tait une stratĂ©gie de sĂ©curitĂ© un peu basĂ©e sur la peur, mais qui est assez rigide. Maintenant que j'y pense, on ne m'a jamais dit « je t'interdis de tomber amoureuse » , « je t'interdis d'avoir un petit copain » . C'Ă©tait du sous-entendu. Ce n'Ă©tait que des non-dits, mais des non-dits qui en disaient long, quoi. Ă l'inverse, le pĂšre riche... en rĂ©fĂ©rence aux parents un peu plus ouverts, adoptent une approche plus audacieuse basĂ©e sur la confiance et l'apprentissage. Je crois, je crois que ce type de parents ne ferme pas la porte aux relations, mais plutĂŽt qu'ils misent sur la capacitĂ© de leur enfant Ă ĂȘtre un peu plus responsable et Ă apprendre de ses expĂ©riences. Du coup, on en vient Ă se demander alors, qui a raison ? Peut-ĂȘtre qu'aucune approche n'est parfaite au final. Et de toutes les façons, je ne suis pas encore maman pour tester l'une ou l'autre. Mais une chose est sĂ»re, en rendant l'amour tabou, on en fait un sujet inaccessible, mystĂ©rieux, voire dangereux. Ăa m'a empĂȘchĂ©e d'avoir des repĂšres et de dĂ©velopper une vision saine des relations. Et peut-ĂȘtre que la solution se situe quelque part au milieu, dans une Ă©ducation que je dirais Ă©quilibrĂ©e, qui protĂšge sans enfermer, qui accompagne sans juger. Une Ă©ducation oĂč l'on peut parler librement d'amour et de relations sans que cela ne devienne un sujet interdit ou tabou. Parce qu'au final, on ne peut pas apprendre Ă aimer dans le silence. Quand je repense Ă tout ça, je rĂ©alise Ă quel point mon rapport Ă l'amour Ă©tait biaisĂ©. J'idĂ©alisais Ă©normĂ©ment les relations, peut-ĂȘtre Ă cause de Disney Channel, des sĂ©ries ou mĂȘme de mes amis qui jouaient les conseillĂšres expertes. Vous savez quoi ? La plupart d'entre elles Ă©taient tout aussi perdues que moi. C'Ă©tait l'aveugle qui guidait l'aveugle. C'est-Ă -dire un vrai mĂ©li-mĂ©lo d'inexpĂ©rience. Une personne mal informĂ©e qui en guide une autre tout aussi ignorante. Il fallait voir ce que ça donnait Ă l'Ă©poque. Il fait ça parce qu'il t'aime. Ton conseil lĂ , vraiment ? Ă cette Ă©poque, mon Ă©ducation affective reposait surtout sur mes conseillers de substitution, Ă savoir mes amis, parfois plus ĂągĂ©s ou Ă des Ă©tapes diffĂ©rentes de leur expĂ©rience amoureuse. Pendant que moi j'Ă©tais encore au bisou, certaines Ă©taient aux prĂ©liminaires, voire plus. AprĂšs, pour celles qui m'Ă©coutent, qui sont en proie au doute, ne vous laissez pas influencer. Alors avec mes amis, on se conseillait mutuellement, mais avec du recul, on manquait souvent de nuances. Je m'inclus dans ce « on » car moi aussi je donnais des conseils basĂ©s sur ce que je pensais savoir sans rĂ©elle expertise. En gros, un vrai tremplin d'idĂ©es reçues, de suppositions, de clichĂ©s. qu'on se rĂ©pĂ©tait en boucle Ă chaque fois. D'un autre cĂŽtĂ©, je me demande si les garçons l'ont vĂ©cu aussi de cette façon. Est-ce qu'ils ont Ă©tĂ© influencĂ©s par des pseudo-mĂąles connaisseurs de la chose ? Est-ce qu'ils ont idĂ©alisĂ© l'amour et les relations sexuelles ? AprĂšs, si vous m'Ă©coutez, n'hĂ©sitez pas Ă me laisser un commentaire et votre retour. Et d'un autre cĂŽtĂ©, il y a ce manque de modĂšle. NĂ©ant presque personne pour me guider, j'ai souvent appris Ă mes dĂ©pens. Sans repĂšre fiable, il est difficile de... distinguer une relation saine de comportement toxique ou abusif. C'est-Ă -dire que c'est un flou qui, avec le temps, finit par normaliser ce qui ne devrait pas l'ĂȘtre. Ăa fait mal, mais c'est souvent comme ça qu'on grandit aussi, et c'est comme ça que j'ai appris. Alors, qu'est-ce que tout ça m'a appris ? Que l'amour, ce n'est pas juste une Ă©motion, c'est quelque chose qu'on doit comprendre, Ă©tudier. et surtout vivre. Aujourd'hui, je lis des livres comme les hommes viennent du Mars, les femmes viennent de VĂ©nus. J'apprends Ă communiquer, Ă ĂȘtre patiente avec moi-mĂȘme, avec mon partenaire, par exemple. Et je me posais la question, et de votre cĂŽtĂ©, comment vous avez vĂ©cu votre rapport Ă l'amour ? Et en tant que parent, que comptes-tu faire, en fait ? Alors, on touche Ă la fin de ce podcast, de cet Ă©pisode. Merci d'avoir Ă©coutĂ© cet Ă©pisode. Prenez soin de vous, aimez-vous, et surtout... Il n'est bien. Bisous. C'est fini. Bonjour.