Description

🎙️ Dans cet épisode d’InCyber Voices, nous avons posé une question simple à plusieurs experts présents au Forum INCYBER :
Quel est le buzzword en cybersécurité que vous n’en pouvez plus d’entendre ?

Le résultat ? Une série de réponses franches et nuancées, qui témoignent d’un certain agacement face à l’inflation de termes à la mode… et d’un besoin réel de recentrer les débats sur le fond.

Sans surprise, l’intelligence artificielle revient dans presque toutes les réponses. Tour à tour perçue comme un outil puissant, un effet d’annonce ou un argument marketing, elle cristallise les tensions entre innovation technique et storytelling commercial.

Au-delà de l’IA, d’autres notions sont évoquées : Zero Trust, cybersécurité « augmentée », cyberassurance… autant de concepts aussi utiles que déformés ou surexploités.

Un format court, rythmé, qui interroge avec recul notre manière de parler — et de penser — la cybersécurité aujourd’hui.

👉 À écouter pour prendre de la hauteur sur les tendances… et ce qu’elles cachent parfois.

Avec Grégory Own, Charlie Bromberg, Thomas Menard, Baptiste Robert, Eric Singer, Guillaume Chouquet

Un podcast de la marque INCYBER

Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

• Speaker #0

  Bonjour à tous et bienvenue dans Insider Voices. Au forum Insider, on a joué au bingo des mots à la mode qui tapent sur les nerfs. Quel buzzword vous ne pouvez plus entendre ? Allez, c'est parti pour une micro-camsule de quelques minutes.

• Speaker #1

  Bonjour, Grégory Guermain, responsable d'une équipe de réponses à incidents et de socs au sein de la société OWN, Pure Player en cyber. Il est plus générique que la cyber, ça va être l'IA, évidemment, l'IA que tout le monde met un petit peu partout. L'IA bien utilisée, c'est un fort potentiel pour la cyber puisque finalement, on va traiter d'énormes quantités de données pour être en mesure de déceler les comportements anormaux au milieu de tout ce qui peut se passer sur votre SI. Mais l'IA à tout bout de champ, il y a quand même besoin à la fin d'un analyste et quelqu'un qui comprend pourquoi un autre humain ferait ça.

• Speaker #2

  Charlie Brombert, expert indépendant en cybersécurité. Mon métier, c'est d'accompagner des entreprises à la découverte de leurs vulnérabilités et les aider à les corriger. J'aurais tendance à dire que le buzzword qui m'interpelle, c'est l'IA, l'intelligence artificielle. Beaucoup le diabolisent, d'autres le vénèrent. Moi, je me mettrais plutôt au milieu à dire que c'est un outil formidable, qui n'a pas pour objectif de remplacer des métiers, mais plutôt de garantir à ceux qui arrivent à maîtriser cet outil de travailler encore pendant les années à venir.

• Speaker #3

  Thomas Ménard, expert en cybersécurité spécialisé dans les registres distribués. En ce moment, c'est le mot que tout le monde a à la bouche, c'est l'intelligence artificielle. Un mot qui est un peu fourre-tout, comme on en a eu dans le passé. Le petit jeu que j'aime bien, c'est quand je discute avec les personnes qui présentent une nouvelle solution avec de l'IA intégrée, c'est de leur demander concrètement comment fonctionne leur IA et ce qu'elle est censée faire. Ce qui est assez rigolo, c'est de se rendre compte que la plupart du temps, c'est une clé API qui est branchée sur un chat GPT ou similaire, qui analyse la donnée qui lui est donnée en entrée pour la reframer d'une autre manière. Il n'y a pas réellement d'innovation en tant que telle. À l'image de beaucoup de disruptions qu'on a eues dans la tech, je pense que ça devient le buzzword pour aller faire des levées de fonds, etc. Il y a finalement très peu d'acteurs qui innovent réellement et qui sont en capacité de créer leur propre modèle de base. Ça coûte de moins en moins cher, mais ça reste quand même, d'un point de vue talent, quelque chose qui est compliqué à aller exploiter.

• Speaker #4

  Je m'appelle Baptiste Robert, je suis le président et fondateur de PredictaLab, une société qui est spécialisée dans l'OSINT, l'Open Source Intelligence. Il y en a chaque année. Quand on commence à être là depuis un moment, on les voit chaque année qui arrivent. Moi, ce qui va plus m'énerver, ce n'est pas forcément les mots, c'est plutôt la place du marketing. Et effectivement, c'est Buzzword. En fait, c'est l'émanation de la place du marketing parce qu'il faut vendre des choses. Et je pense qu'on est en train de se mordre la queue. C'est qu'à force de mettre des buzzwords différents chaque année, à pousser les gens, les entreprises à acheter des solutions qui fonctionnent à moitié, on va commencer à saturer les gens. et à remettre en question l'utilité de la cybersécurité. Et aujourd'hui, il y a la question des cyberassurances. Et il ne faut pas qu'on arrive à un stade où c'est soit la solution de cybersécurité, soit une assurance. Et aujourd'hui, il y a un monde où on peut avoir les deux, et les deux de manière équilibrée sur des budgets équilibrés. Donc c'est plutôt, il n'y a pas un mot en particulier, parce que ma réponse d'aujourd'hui sera différente l'année prochaine. Mais globalement, c'est plutôt cette place du marketing omniprésent qui oublie le bon sens et la cybersécurité c'est du bon sens en réalité. On pourrait éviter plein plein d'attaques, juste en prenant un peu plus de temps dans chaque action et en amenant du bon sens.

• Speaker #5

  Je suis Eric Singer, donc j'ai plusieurs casquettes en effet. Je suis d'une part directeur de la chaire cybersécurité de l'ECIIT. L'ECIIT c'est une école de la Chambre de Commerce d'Industrie de Paris-Ile-de-France et donc qui prône l'inclusion et la diversité. Je suis aussi CSO, Chief Security Officer de Ingenico. On pourrait dire qu'on est ici le Zero Trust, est-ce que c'est un buzzword ? Ou est-ce que c'est un changement de paradigme ? C'est à la fois les deux. C'est un buzzword parce que personne ne comprend ce que c'est. Et c'est un changement de paradigme parce que c'est un vrai changement de mindset, d'état d'esprit pour pouvoir adopter des nouvelles approches cybersécurité. Donc buzzword, en effet, mais c'est aussi une opportunité à communiquer avec le COMEX.

• Speaker #6

  Bonjour, je suis Guillaume Chouquet, je suis le directeur de l'ESNA de Bretagne. Là, au FIC, en effet, il suffit d'aller au rez-de-chaussée pour voir qu'il y a la moitié des boîtes qui disent « Bon, ben voilà, nous, on a intégré une IA, donc une intelligence artificielle, à une solution. » Donc, ils ont leur solution, ils ont rajouté le mot IA en disant « Ben, on va booster les ventes, on va faire plus 20%, plus 30% des ventes. » Donc, je ne dis pas que c'est faux partout, certains l'ont réellement fait, mais on sent que c'est un mot où on se dit « Ben, si on rajoute ce mot-là, on va booster les ventes. » Mais en fait, pas du tout, qu'on creuse un peu. À quoi va servir l'IA ? Est-ce qu'on va payer beaucoup plus cher ? Est-ce que ça va être beaucoup plus efficace ? Où est-ce qu'elle est stockée ? Est-ce que nos données vont rester en local ? Est-ce qu'elles vont partir aux Etats-Unis, en Chine ou je ne sais où ? Donc l'IA, il y a tout et n'importe quoi. Et si on creuse et que c'est qu'un enchaînement de conditions IF, ELSE, machin, ce n'est même pas la peine. Ce n'est pas ce qu'on appelle une IA.

• Speaker #0

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