- Loïc
Alors je sors du métro, on est à Châtelet et aujourd'hui c'est le troisième épisode de notre podcast. Je vais rejoindre Baptiste Delacas. Ah bah justement il est devant. Hello Baptiste, ça va ?
- Baptiste
Hello Loïc, ça va et toi ?
- Loïc
Ouais, tu peux nous dire où on est ?
- Baptiste
Alors aujourd'hui on est au siège du groupe Sokoda. On va rencontrer Pauline, la présidente, et Julien, le responsable RSE, qui depuis plusieurs années ont enclenché une dynamique de transformation environnementale et sociale très forte dans la coopérative. Et ce qui est intéressant avec l'ORCA, c'est que c'est une coopérative qui fonctionne avec un modèle très décentralisé et donc une approche au territoire très forte qu'on va pouvoir creuser aujourd'hui.
- Loïc
Allez, ça va être hyper intéressant. Allez, on rentre, on y va ! Initiative. Un podcast imaginé et produit par l'ACA et Pixelys. Qui vous embarque à la rencontre des leaders RS.
- Baptiste
Pour introduire un peu l'épisode et permettre à tous ceux qui ne connaissent peut-être pas le groupe Sokoda d'en savoir un peu plus, est-ce que vous pouvez nous présenter le groupe en quelques mots et vous présenter aussi individuellement ?
- Pauline
Le groupe Sokoda, c'est une alliance de 200 distributeurs indépendants qui sont au service des professionnels du bâtiment et de l'industrie. Nous opérons sur cinq spécialités, les aciers, le sanitaire chauffage, l'électricité, l'outillage. et la fourniture industrielle et la décoration. Nous représentons environ 3,5 milliards de chiffres d'affaires cumulés pour l'ensemble du réseau et environ 13 000 collaborateurs. Et le groupe Sokoda, en tant qu'entité, a deux missions essentielles. La première, c'est de créer des solutions innovantes et durables au service de la performance de nos distributeurs et d'animer une communauté d'intérêts, de valeurs et de partages. entre tous ces distributeurs pour créer une émulation entrepreneuriale forte.
- Loïc
Merci beaucoup Pauline. Initiatives, c'est un podcast évidemment qui parle des entreprises, mais qui parle aussi des individus, des gens, puisque derrière tout cet engagement, souvent il y a des trajectoires individuelles. Je vais vous demander du coup de nous raconter très rapidement la vôtre. On peut peut-être donner d'abord la parole à Julien et on revient à toi Pauline juste après.
- Julien
Très bien. Merci pour ce podcast. Je suis Julien Clisse, j'ai rejoint le groupe Sokoda en 2019, février 2019, donc ça fait six ans. Initialement, j'étais plutôt sur des sujets de QSE, qualité, sécurité, environnement. Ce sont mes études universitaires et mes premières expériences professionnelles. J'ai eu la chance de rejoindre le groupe Sokoda sur deux sujets, un sujet qualité... qui fait beaucoup écho à ce que j'ai fait précédemment, et un sujet développement durable et RSE que j'avais énormément envie de développer. Et donc c'est ce que je fais depuis six ans, j'ai la chance de travailler sur des sujets RSE pour Sokoda et pour ses adhérents.
- Loïc
Très bien, merci Julien. Pauline ?
- Pauline
Eh bien j'ai 54 ans, j'ai deux grands-enfants, et je suis tombée dans la bassine des indépendants très tôt, puisque... Pendant plus de 20 ans, j'ai dirigé un groupement d'installateurs dans le chauffage et l'électricité. Et depuis 2019, je suis rentrée chez Sokoda en tant que présidente du directoire. Donc mon univers, clairement, c'est les PME indépendantes, leur futur et cet univers du bâtiment et de l'industrie.
- Baptiste
Si je ne dis pas de bêtises, après c'est Wikipédia qui me l'a dit, le groupe Sokoda existe depuis 1946, c'est ça ?
- Pauline
Exactement, à participer à la reconstruction après-guerre et à relever tous les challenges de trouver des produits pour reconstruire le pays.
- Baptiste
Génial, c'est une belle histoire, mais c'est une entreprise qui initialement n'était pas forcément portée sur les sujets RSE, qui en 1946 n'étaient pas encore des sujets pleinement d'actualité, et qui depuis quelques années a engagé une transformation forte sur tous ces sujets environnementaux et sociaux, notamment impulsés par vous deux. Est-ce que vous pouvez nous dire d'où est venu le déclic et comment est-ce que ça s'est passé ?
- Pauline
Alors c'est intéressant ces questions de trajectoire puisque en fait mon prédécesseur Philippe De Beco a engagé Sokoda dans cette trajectoire de développement durable, puisqu'il était la terminologie de l'époque, dès 2005. Et 2005 c'est exactement l'année où moi j'ai pris un peu mon coup sur la tête. A l'occasion de deux choses, d'abord les conférences d'Algor, et là c'est vrai que tout d'un coup j'ai découvert un problème qui m'était complètement étranger, et c'est l'année où j'ai fait mon premier voyage en Chine. J'ai été un petit peu interpellée, non seulement sur les sujets du climat, du développement économique, un village en Chine c'est un million d'habitants, chez nous un million d'habitants. Donc c'est assez intéressant de savoir finalement les déclics chez moi et chez Sokoda, ça a été au même moment. Et il faut savoir que moi j'ai été assez imprégnée de tous ces sujets. Là j'ai écrit un livre en 2014 sur la transition énergétique, en quoi c'était une problématique économique aussi. Et ce qu'on a vécu là, post-Covid, c'était assez intéressant de ce point de vue-là. Donc c'est assez naturellement qu'une fois des sujets très opérationnels remis d'aplomb chez Sokoda, j'ai eu envie aussi d'engager le groupe dans cette continuité. Mais voilà, l'élan, quelque part, il a été donné chez Sokoda par Philippe en 2005.
- Loïc
Trop bien. On reviendra, je pense, aussi sur ces questions un petit peu... de prise de conscience écologique, puis de retour un petit peu, parce qu'en ce moment on a l'impression qu'on assiste un peu à un backlash, je serais assez curieux d'avoir votre avis là-dessus. Mais on parle du groupe Sokoda, puisqu'il y a une spécificité, c'est que vous êtes une entité qui regroupe plusieurs entreprises, c'est un modèle qui est très décentralisé, et je pense que c'est un challenge supplémentaire, j'aimerais bien vous entendre là-dessus, parce que les groupes très centralisés, ils ont déjà énormément de mal à opérer la transition, comment ça se passe pour un groupe décentralisé ?
- Pauline
Alors ça se passe forcément différemment puisqu'on n'a aucun rapport d'autorité par rapport à nos distributeurs. Donc on va dire que l'obligation, toute forme d'obligation ou de système descendant est complètement inopérant. Ça c'est la première chose. La deuxième chose, c'est que réfléchir depuis Paris est toujours une mauvaise idée. Moi je suis provinciale et donc je mesure depuis bien longtemps, là aussi, l'effet prisme déformant de prendre les sujets depuis Paris et pas depuis là où ils sont, là où ils naissent, là où ils ont vécu. Donc ça c'est, dans un système décentralisé, on est prié de surtout pas méconnaître la diversité des situations, qu'est-ce que c'est que ce sujet en zone rurale, périurbaine. En grande agglomération, les problématiques ont des visages complètement différents, il faut arriver à les embrasser. Et pour finir, c'est aussi une dimension du temps. C'est-à-dire que dans un système décentralisé, il faut avoir la patience. Donc c'est la politique du temps long, ça fait partie de notre ADN, et il faut avoir cet esprit de cours hors de fond, c'est-à-dire jamais lâcher l'objectif, mais être patient et parfois... Contourner l'obstacle, avoir des embûches qui n'étaient pas prévues, mais c'est vraiment le marathon dans la façon de gérer et de porter sa vision.
- Loïc
Très intéressant Julien, est-ce que tu es un bon coureur de fond, toi qui es au quotidien sur le terrain, comment est-ce que ça se passe pour toi ce challenge de décentralisation et tes différents interlocuteurs ?
- Julien
Je ne sais pas si je suis un bon coureur de fond, mais en tout cas je m'entraîne pour. En fait, le challenge quotidien, ce ne sont pas les mêmes leviers qu'on va actionner. On est beaucoup sur la pédagogie, l'explication, de l'accompagnement. Une autre forme de motivation, donc pas mal de persuasion et essayer de prouver, enfin de montrer en tout cas, par l'exemple et par la finalité que le chemin qu'on propose, en tout cas pour la RSE, est le bon. Et donc essayer plutôt de séduire que d'imposer. On est vraiment dans cette optique-là. Et puis il y a quelque chose qui marche beaucoup aussi dans... dans les réseaux décentralisés ou en tout cas dans celui que je connais le mieux, donc ce CODA, c'est la force de l'exemple. Et donc, quelque part, quand on arrive à convertir ou à certains adhérents commencent à réussir des choses, que ce soit en France, en RSE ou sur d'autres sujets, leur réussite va entraîner celle des autres. Ils s'observent beaucoup et puis ils échangent beaucoup entre eux aussi. Donc la réussite des pionniers entraîne celle des autres.
- Baptiste
Justement, est-ce que tu as un exemple à nous donner de cette force de l'exemple d'un cas d'usage qui a super bien marché pour un adhérent et qui a pu être répliqué chez d'autres derrière par inspiration ?
- Pauline
En fait, c'est en Chine que j'ai appris ça. J'étais assez perplexe sur comment les Chinois copiaient beaucoup du savoir-faire français. Et donc à l'université de Pékin, j'ai posé cette question un peu trash en disant « Mais expliquez-moi pourquoi, de façon aussi tranquille et confortable, vous copiez les inventions chez nous, etc. » Il m'a dit « Mais en fait, c'est parce que vous, vous êtes très arrogant. Parce que chez nous, le signe de copier et apprendre en chinois, c'est le même. » Et finalement, quand vous pensez avoir innové et créer quelque chose de nouveau, vous l'avez fait sur la base d'apprentissages qui sont millénaires. Et donc, votre part, elle est toute petite. Donc, vous vous appropriez des choses et un savoir, mais finalement, vous ne rendez pas hommage à tous ceux qui vous ont précédés. Bon, j'avoue que c'était assez intéressant et de cette force de copier et apprendre. Voilà, moi, je suis repartie avec ça. Et c'est une des raisons pour lesquelles on travaille avec l'ACA. C'est que la plateforme LACA nous aide exactement à reproduire ça, et à donner un outil qui permet ça. Et qu'il y a de dire, il y a ce que Sokoda peut donner en termes d'input, d'influence, de bonnes idées, d'énergie, etc. Mais il y a surtout la force et la puissance de copier pour apprendre. C'est qu'est-ce qu'a fait mon voisin, que je vais avoir envie de faire, et donc je vais avoir aussi les recettes pour arriver à bien faire. Donc en fait, il y en a plein, mais surtout plein qu'on ignore. On ne maîtrise pas ce copier pour apprendre, donc c'est aussi un travail d'humilité pour nous qui est de dire qu'on n'est pas l'alpha et l'oméga des initiatives des adhérents et ils vont faire beaucoup de choses entre eux tout seuls et c'est très bien. Mais les exemples, on en reparlera sans doute des réunions qu'anime Julien sur le terrain avec les adhérents, le simple fait qu'ils puissent échanger et discuter entre eux, ça produit ça en fait, cette espèce de pollinisation des bonnes idées et des envies. Dans un système décentralisé, c'est une façon de travailler qui est très différente où l'intelligence collective est la clé. Le risque, ce serait effectivement de s'enfermer, de travailler tout seul depuis ici. Et dès l'instant qu'on est comme ça, ça veut dire qu'on est dans un corner. Or, dès qu'on se rapproche des adhérents, qu'on travaille avec eux et qu'on les met en synergie, forcément, ils se dégagent beaucoup, beaucoup de positivité et de créativité.
- Loïc
Merci Pauline de ramener un petit peu de philosophie. sur ce sujet-là, avant effectivement de rentrer dans le détail des projets et de l'impact local qui nous est cher dans ce podcast. Pauline, j'avais une petite question. On insiste quand même aujourd'hui un peu à un recul sur les politiques RSE, sur l'écologie en général dans les entreprises, parce que, comme tu l'as dit au début, c'est très lié à l'économie. On est en ce moment dans une récession qui est assez forte et du coup, on voit que ... Ces sujets-là, il y a des accélérations, mais aussi des gros reculs. Qu'est-ce que vous observez dans votre milieu et quel serait le message peut-être à poser là-dessus aujourd'hui ?
- Pauline
En fait, depuis 2005 que je m'intéresse au sujet, on a le sujet de l'économie entre les pieds. Parce que, je ne sais pas si vous vous souvenez, vous êtes trop jeunes pour ça, mais les états généraux du développement durable, on a eu la crise de 2008 juste derrière. Donc là aujourd'hui, après on a eu le Covid, donc c'était pas le moment parce qu'il y avait le Covid, après il y a eu le post-Covid, ça a été un grand dérèglement aussi. Donc l'économie est toujours quelque part potentiellement un frein. Et c'est vrai que là, particulièrement dans nos métiers, on vit, j'ai même du mal à dire une crise, tellement c'est structurel en fait ce qu'on vit. Donc on vit un moment économiquement très difficile. Et si on attend qu'il y ait un bon moment économique, je pense que malgré tout, ça va être très compliqué. Donc il y a ces effets un peu comme ça, yo-yo ou les montagnes russes. Donc il y a un parti pris qui est de se dire qu'on ne peut pas arrêter ou justifier ou lâcher à cause de l'économie. Par contre, l'économie va nous donner des marges de manœuvre ou des latitudes qui ne sont pas les mêmes, et ça c'est certain. Mais on a ce... Ce travail en cohésion, c'est opposer l'écologie et l'économie, est une difficulté. Et quand on a l'approche RSE, on a aussi le sujet du social. Je ne voudrais pas qu'on le lâche non plus. Et ça vraiment, pour nous, c'est un point qui est important. Tout ça est entremêlé en fait. Et c'est pour ça que j'avais écrit ce livre sur la transition énergétique, parce que tout le monde en faisait un sujet écologique, mais il y avait un vrai sujet d'économie. Et on est en plein dedans, puisqu'on a vu à quel point... les hausses des prix de l'énergie a déflagré un certain nombre de secteurs. Et ça, on l'avait perdu de vue. Donc, cette espèce d'opposition d'écologie et d'économie, c'est une erreur. C'est déjà une erreur d'approche. Et même si on le sent, parce qu'effectivement, l'ordre des priorités peut changer, moi, j'ai toujours défendu l'idée qu'il faut garder tout ça bien imbriqué. Et en même temps, en respectant le fait qu'on peut avoir des marges de manœuvre qui ne sont pas toujours les mêmes et qui ne sont pas linéaires.
- Baptiste
Pleinement alignées. personnellement avec cette vision des choses et merci Loïc pour cette question importante dans le contexte actuel. Tout à l'heure vous avez évoqué tous les deux la notion du lien entre décentralisation et terrain local. Je ne sais pas si vous le savez, je pense que vous le savez vous y connaissez bien sur le sujet, il y a un terme qui a émergé depuis plusieurs mois, un an la RTE, responsabilité territoriale des entreprises, qui va interroger l'intégration des entreprises et de leurs sites au cœur des territoires et au cœur de leurs écosystèmes locaux. Quel est votre point de vue sur cette notion-là et quelle est la philosophie de Sokoda vis-à-vis de ça ?
- Julien
Notre point de vue est forcément bon et intéressé sur ce concept de la RTE. En fait, on a la sensation que nos adhérents sont pleinement inscrits dans ce concept, avant même peut-être qu'il existe ou avant même qu'il soit conceptualisé ou théorisé, puisqu'en fait on a des entreprises qui sont bien souvent implantées sur un territoire. assez restreint et qui ont donc un fort impact sur ce territoire de part simplement leur activité. Donc en fait, ce concept de la RTE auquel je me suis un peu intéressé, notamment grâce à une conférence qui a été co-organisée par l'ACA, j'ai été très surpris de voir que ça pouvait exister, qu'il y avait des composantes autour de la RTE qui avaient été... conceptualisé, c'était très étonnant pour moi, mais aussi j'ai vu à quel point il y avait des similitudes avec ce que je pouvais constater sur le terrain et parmi les adhérents. L'exemple qui m'a le plus frappé dans ce que j'ai vu c'est quelque part la responsabilité qu'a l'entreprise, alors vis-à-vis de son territoire ça c'est le terme RTE, mais vis-à-vis des communautés et des humains qui vivent sur le territoire et j'ai trouvé ça hyper intéressant. J'avais entendu un exemple qui m'avait parlé, qui avait été donné dans la conférence à laquelle j'avais assisté, qui était une entreprise qui avait libéré l'intégralité de ses salariés parce qu'il y avait eu un accident de personnes assez important dans un collège ou un lycée à proximité. Donc l'entreprise n'avait pas réfléchi, elle avait libéré tous ses salariés pour qu'ils puissent tout simplement récupérer leurs enfants. Donc ça c'est un exemple criant de responsabilité dans une entreprise vis-à-vis des communautés locales. Et l'autre exemple que j'ai... pour imager la RTE qui nous vient cette fois de notre réseau. On a un adhérent, Clisson Métal, qui a signé une convention avec le SDIS, le service départemental de secours, donc les pompiers du département, tout simplement pour autoriser un salarié, qui est pompier volontaire, à quitter son poste de travail pendant 16 heures de travail pour aller sur une intervention. si jamais le besoin s'en faisait ressentir. Et donc ça aussi, c'est quelque chose que je n'avais pas imaginé, mais en fait, a priori, aussi important soit le travail de ce salarié, il ne sera jamais plus important que d'aller sauver une vie ou d'aller porter assistance sur un accident de la route. un incendie à proximité. Et en fait, ça, c'est aussi un exemple criant de la responsabilité qu'a l'entreprise sur son territoire et sur les personnes qui vivent son territoire que de dire, j'ai un pompier dans mes rangs, s'il a besoin d'aller secourir quelqu'un à côté, il peut y aller et il n'y a pas de problème avec ça.
- Pauline
C'est très important comme sujet et je vais vous redonner juste un chiffre. Les distributeurs de ce CODA sont des entreprises qui font entre 1 million d'euros de chiffre d'affaires et 200 millions d'euros. Mais on va dire que... on est vraiment dans l'immense majorité sur des sociétés qui font moins de 50 millions d'euros de chiffre d'affaires. En France, 96% des entreprises ont moins de 50 salariés. Donc quand on se parle de cet univers de PME et de TPE, on se parle finalement du tissu de fond de l'économie française. Il y a un économiste dans les années 30 qui disait que les PME étaient le modèle économique encastré socialement. Et qu'est-ce que ça veut dire encastrer socialement ? C'est qu'une PME qui crée de la valeur, 100% de cette valeur, elle est redistribuée sur le territoire. Soit par les salaires, soit par la consommation, soit par les impôts. Je veux dire, il y a l'optimisation fiscale dans une PME. Vous voyez, les Panama Papers, il n'y avait pas beaucoup de PME dedans, vous voyez. Donc toute la valeur qui est créée, elle reste. sur le territoire, elle est redistribuée sur le territoire. Donc économiquement, ça porte beaucoup de sens. Humainement, ça porte du sens parce que le dirigeant d'une PME, tout le monde le connaît. Tout le monde le connaît dans l'entreprise. Les gens savent même où il habite, éventuellement. Les enfants vont à l'école ensemble, etc. Donc il y a une vie sociale, en fait, dans l'entreprise. Et donc, ça porte aussi la responsabilité. Tout simplement parce que les gens me voient, ils savent qui je suis et où je suis. Et puis ça porte aussi sur le plan social, parce qu'on sait que les PME contribuent beaucoup aux communautés, sur le plan sportif, sur le plan associatif, etc. Donc il y a une conceptualisation de la RTE, mais quelque part, nous ça nous prête à sourire, en disant « mais juste regardez ce qui existe » . Et une grande partie de l'économie française, elle est déjà comme ça. Alors c'est vrai que ce n'est pas d'elle dont on parle à la radio, ce n'est pas d'elle dont on parle dans les journaux. N'empêche que ce chiffre, gardez-le en tête, 96% des entreprises ont moins de 50 salariés. Et c'est plus des deux tiers des salariés qui travaillent dans des PME.
- Loïc
C'est clairement une réalité à laquelle on fait face nous au quotidien. Avec l'ACA, Pixely, on est bicorps. On fait partie de beaucoup de réseaux d'entreprises qui sont dans l'action, qui ont des feuilles de route très importantes. Et en fait, ce réseau, ces réseaux sont principalement composés... de PME, de TPE, mais effectivement ce sont toujours les grandes entreprises que l'on met en avant parce qu'elles ont une force de frappe et de communication plus importante, parce qu'elles ont une narration très importante. Et puis surtout, on estime que c'est elles qui vont donner un peu, ouvrir les voies, donner des lignes de conduite, ce qui n'est pas forcément une réalité à chaque fois.
- Pauline
Et il y a cette espèce de concept politique que j'entends depuis 30 ans qui est la théorie du ruissellement. Vous savez que les grandes entreprises par... ruissellement nourrissent les PME. Et ça, c'est un concept qu'on n'a pas du tout revisité. Parce que je pense qu'il y aurait beaucoup, beaucoup, beaucoup de surprises, mais énormément de surprises sur cet effet soi-disant de ruissellement, mais qui n'existe pas, qui n'existe plus, ou de façon très, très marginale. Il y a bien toujours un exemple par-ci, un exemple par-là. Mais quand on voit les effets de délocalisation des groupes français, etc., voilà, donc juste, je fais ma petite mise à jour sur les concepts économiques.
- Loïc
Et même, c'est presque l'inverse qu'on voit beaucoup, puisque nous, on voit aussi en tant que PME à TPE, qu'au moment de s'engager avec de grands groupes, de répondre à des appels d'offres, on doit montrer pas de blanche, on doit montrer notre engagement, puisque finalement, c'est en tant que partenaire de ces entreprises que l'on fonde ce groupement de parties prenantes très engagé. Et du coup, la grande entreprise ne fait finalement rien toute seule sans ce maillage. Tu voulais enchaîner, Baptiste, je te laisse.
- Baptiste
Si on se repenche sur ce que vous avez mis en place chez Sokoda depuis votre arrivée et ce qui avait été initié depuis 2005 par Philippe De Beco, si aujourd'hui on se pose début 2025 pour lister les victoires que vous êtes fiers d'avoir gagnées sur les sujets RSE, de quoi on parle ?
- Julien
Déjà on va parler de la première victoire, c'est d'avoir créé une commission RSE avec des adhérents. Donc à peu près une quinzaine d'adhérents. Comment on a créé cette commission ? Ça c'est même du coup la toute première victoire. C'était un appel à volontaires parmi les adhérents, donc dans les différentes réunions qu'on anime avec les adhérents. On a passé le message suivant en leur disant, on va redonner de l'élan à la démarche de développement durable de RSE qui a été initiée avant que Pauline et moi n'arrivions. On cherche des adhérents pour ce... se réunir dans une commission et puis nous donner un peu les attentes et les besoins des adhérents sur la RSE et comment nous, Centrale, on peut et on doit vous aider. Et donc cette première bonne surprise, c'est qu'on a une quinzaine d'adhérents qui ont dit « moi c'est un sujet dont je veux parler avec Sokoda et je veux faire partie de cette commission » . Donc ça déjà c'est une première victoire intéressante. il y a des adhérents qui sont intéressés pour travailler. ce sujet et qui veulent le faire avec Sokoda. Là on était en 2021, fin 2021.
- Loïc
Juste, qui est un sujet toujours intéressant, c'est que ça représente combien de temps de travail entre guillemets supplémentaires puisque à chaque fois l'engagement, la RSE est vécue comme quelque chose en plus de son travail quand on participe à ce genre de commission.
- Julien
En termes de temps vraiment de participation à la commission, ce n'était pas énorme. La première année, on s'est réunis. six ou sept fois il me semble en visio ce qui facilite beaucoup les choses pour les adhérents qui sont effectivement sur tout le territoire français et puis voilà des réunions d'une heure et demie à deux heures donc en termes d'engagement de temps c'était pas énorme après c'est enfin ça leur permettait aussi après de s'engager eux mêmes dans leur entreprise et puis de mener des actions dans leur entreprise ou de mettre un peu d'ordre dans ce qu'ils faisaient déjà. Et par conséquent, forcément, ça leur prenait du temps, mais c'est du temps bien investi dans leur démarche RSE. Et donc, qu'est-ce qu'ils allaient pouvoir en tirer de ça ? Donc, je ne suis pas sûr qu'il faille regarder du côté du temps que ça leur a pris, mais plutôt du temps qu'ils ont investi pour... pour faire grandir leur entreprise, tout simplement.
- Pauline
De toute façon, une réunion qui est bien faite est un temps que l'on donne, mais un temps où l'on reçoit. Sinon, ça veut dire que la réunion, elle n'a pas été bien pensée ni bien orchestrée. Donc ce qu'ils viennent apporter, c'est leur point de vue, qui nous est absolument nécessaire, leur opinion sur les sujets, faire avec eux les arbitrages, encore une fois, pour qu'on reste très proche de leurs problématiques de terrain. Mais ce qu'ils viennent recevoir, eux, c'est la possibilité d'échanger avec des pairs, autour d'un sujet qu'ils partagent, à partir de convictions qu'ils partagent aussi. Mais la RSE dans l'entreprise, c'est parfois un chemin solitaire. et de se dire je rencontre d'autres personnes qui ont ces mêmes problématiques et de pouvoir en parler ensemble, ça n'apporte pas une solution. Mais déjà, ça soulage d'être dans une communauté, encore une fois, qui partage les mêmes problématiques. Donc une réunion, c'est un moment où normalement je passe du temps, j'apporte des choses, mais je dois repartir aussi avec... l'énergie d'avoir rencontré les gens avec lesquels on fait le même effort et on partage les convictions.
- Loïc
Très intéressant cet échange du coup en tant que groupe de se nourrir de ces mondes. On est du coup sur cette première phase, deuxième phase dont tu allais parler.
- Julien
La deuxième phase, c'est les travaux qu'on a initiés avec la Commission. Et pour imaginer encore une fois cette notion de « je donne et je reçois en réunion » , la première réunion, on a juste fait un tour de table. Quelles sont, d'après vous, vos initiatives et ressources ? qu'est-ce que vous faites ? Et on a passé deux heures là-dessus. Et déjà, c'était incroyablement riche. Et tout le monde est reparti en ayant déjà plein d'idées de choses à faire qu'ils avaient entendues pendant cette réunion. Et donc très rapidement, on s'est dit, il y a quelque chose à faire autour de ça, c'est-à-dire le partage de qui fait quoi en RSE, des bonnes pratiques, de ce qui marche quelque part peut être implémenté ailleurs. donc très rapidement on s'est dit il faut qu'on fasse ça un inventaire un peu des bonnes pratiques ou des actions RSE que chacun fait, donc d'abord au sein de la commission RSE. Et puis, on a fait quelque chose de très, très rudimentaire, un modèle de fiche action que chacun pouvait compléter et puis se faire une petite base de données comme ça. Et puis, assez rapidement, on s'est dit que ce serait bien si on pouvait... trouver un outil qui nous aiderait à faire ça de manière plus fluide, de manière plus jolie aussi, et puis que ce soit plus simple de le partager, de faire adhérer les distributeurs à cet outil. C'est là où on a découvert l'AKA et donc l'AKA nous a permis effectivement de rendre ça plus facile, plus efficace. Et donc la deuxième victoire qu'on peut célébrer quand on regarde ce qu'on a fait en termes de RSE, c'est aujourd'hui les plus de 400 actions qui ont été déclarées dans la CA par des membres au-delà de la commission RSE. On agrandit petit à petit le cercle des adhérents qui s'engagent dans la RSE et qui sont en capacité d'identifier les actions qu'ils font et de vouloir communiquer sur ces actions-là. La deuxième victoire, c'est ça, c'est qu'on ait réussi à se faire... une espèce d'inventaire des bonnes pratiques RSE dans le réseau et qu'on ait permis à chacun de pouvoir les consulter et surtout abonder à cet inventaire pour se faire un peu notre base de données. Voilà, Action RSE est celui qui veut ouvrir le sujet aujourd'hui. Eh bien, il a déjà une base sur laquelle travailler, de se dire, ben voilà, j'ai plein de collègues adhérents, dans ma branche ou pas d'ailleurs, dans le réseau, qui font telle et telle et telle action. Et puis je me rends compte que, bah tiens, ça, je le... le fais déjà, ça je pourrais le faire, ça ne me demande pas trop d'énergie, ça c'est hyper intéressant mais comment je vais le faire ? Donc je commence à planifier et donc c'est un super moyen de mettre le pied à l'étrier des distributeurs.
- Loïc
Et la victoire supplémentaire ou complémentaire à celle-ci, une fois qu'on a ouvert la case, c'est de se dire comment on stimule finalement l'entrée dans le sujet d'autres adhérents. Et donc avec Julien et quelques partenaires, on a créé une méthodologie qui permet justement d'engager les adhérents pour démystifier quelque part la RSE. Certains voient ça vraiment comme une montagne, un truc très compliqué, je ne sais pas par où le prendre, etc. Et donc en animant des journées, ce qu'on appelle les Soco Days, donc c'est Julien qui est au pilotage de tout ça, et bien dans une journée, on permet aux distributeurs finalement de passer du mode problème en mode solution. J'ai fait le tour de la question, je m'aperçois que déjà j'ai des points d'appui qui sont assez forts. Je récupère des nouvelles idées et puis je peux faire ma feuille de route. Donc d'un sujet très, très macro et potentiellement anxiogène, je finis la journée avec, du coup, je vois qu'il y a plein de leviers finalement accessibles dans l'entreprise et j'ai ça en main et je peux en faire quelque chose. Et ça vraiment, c'est une victoire parce qu'à chacun des Soco Days, on a un, deux, trois, quatre adhérents de plus. qui vont faire des petits pas. On ne fait pas de miracle, mais c'est toujours des pas supplémentaires.
- Baptiste
Je note du coup que par rapport à ce qu'on se dit au début, toujours la preuve et l'engagement par l'exemple, nourrir la communauté, avoir de la pédagogie. Et comment est-ce qu'on fait face à des personnes réfractaires ? Est-ce que vous en avez ? Et est-ce que vous avez réussi à gérer et à les embarquer d'une manière peut-être différente ?
- Loïc
D'une façon générale, moi, quand déjà un réfractaire, il ne m'empêche pas d'avancer, déjà, il est positif. Donc, c'est dire, moi, je respecte son point de vue et si lui, il ne veut pas faire, déjà qu'il n'empêche pas les autres de faire, c'est déjà une forme d'équilibre et de positivité. Et de deux, forcément, on est, nous, des convaincus. Et on essaiera de faire notre maximum, voilà, il n'y a pas de prosélytisme, mais juste, voilà, par l'exemple et par des cas concrets, de dire voilà pourquoi c'est intéressant et voilà pourquoi ils ont la possibilité et ils ont le pouvoir de faire des choses, des petites choses, les unes derrière les autres, ça fait des grandes choses. Après, il y aura toujours le X% pour plein de raisons qui leur sont propres et qui sont respectables, n'ont pas envie, n'ont pas la volonté. de s'engager et voilà, ça fait partie de l'inévitable et aussi de la diversité des points de vue sur les sujets. Encore une fois, on les respecte aussi, on a le droit d'avoir des avis différents, on ne dit pas qu'on a plus raison et puis même parfois, on peut se le dire, nous-mêmes, on se dit mais... C'est lourd, c'est compliqué, il y a mille et une raisons de ne pas faire, il y a plein d'embûches et donc on peut baisser les bras. C'est vrai, c'est quand on court le marathon, le 35e kilomètre c'est un peu dur. Donc le 35e kilomètre on le croise de temps en temps aussi avec Julien, donc on n'est pas linéaire non plus dans l'effort. Après c'est vrai qu'on trouve la petite pépite, le petit rayon qui rallume la flamme et c'est reparti en fait. Mais encore une fois, on peut comprendre aussi toutes les raisons qui font que des personnes n'ont pas envie, pas l'énergie, pas la priorité de ça.
- Pauline
En parlant de rayons qui rallument la flamme, il y a une victoire ou un projet en cours en tout cas que je trouve personnellement génial, dont vous n'avez pas parlé encore, qui vous a d'ailleurs permis le... L'obtention d'un prix récemment, qui est un projet sur la circularité et sur la transformation du modèle économique, notamment des adhérents. Est-ce que vous voulez nous en dire un peu plus ?
- Julien
Avec plaisir. Effectivement, le projet autour de la circularité, il porte en fait d'abord sur un constat, le constat qu'on est en... On est un maillon d'une chaîne de l'économie linéaire en tant que distributeur. C'est-à-dire que l'économie linéaire, on le rappelle, c'est extraction, fabrication, vente, utilisation, déchet. Depuis de nombreuses années, on essaie d'infléchir, collectivement, cette économie linéaire avec beaucoup de recyclage. Une fois que c'est devenu un déchet, on essaie de recycler les matières indépendamment les unes des autres. Il y a d'autres stratégies pour infléchir encore plus cette économie linéaire et la transformer en économie circulaire. Les stratégies visent à réduire le plus possible le moment où le produit, la machine ou ce qu'on considère va devenir... un déchet et nous on a décidé de poursuivre deux stratégies pour infléchir notre économie linéaire vers l'économie circulaire c'est le reconditionnement donc le fait de remettre à neuf un produit lui permet d'avoir une seconde vie dans les meilleures conditions possibles et puis la réparation plutôt dans l'autre sens d'abord la réparation et après le reconditionnement. Et c'est ce qu'on est en train de travailler avec les adhérents du groupement. On essaye, en commençant par certaines familles de produits, et notamment le matériel électroportatif, de mettre en place des logiques qui nous permettent de réparer plus et mieux du matériel électroportatif et de reconditionner du matériel électroportatif. Et on fait ça pour deux choses. Il y a évidemment une recherche vertueuse derrière, c'est-à-dire de plutôt apporter des solutions aux problèmes que l'on voit et puis améliorer la situation globale. ça c'est vrai indéniablement mais aussi et surtout on y voit en fait un intérêt pour le distributeur tout simplement commercial et économique. On pense que le marché de la seconde main s'étend partout, et on le constate. Et on pense que ce serait une erreur pour nous, groupement, de ne pas permettre à nos adhérents de voir ça, de l'appréhender, et de leur proposer un moyen de mettre un pied là-dedans. Donc c'est aussi notre responsabilité en tant que groupement de voir un peu plus loin. loin les tendances de fond et de se doter d'outils ou de procédés qui nous permettent de les adresser.
- Loïc
On est un modèle on va dire traditionnel de distribution avec un magasin, des gens au comptoir, des gens qui sont là pour conseiller et on vit dans un monde aussi très digitalisé avec en face de nous des pure players et je clique, je reçois et cette dimension de services, de réparation. Merci. de reconditionnement, elle fait vraiment partie de notre ADN, dans ce modèle physique de proximité. Donc c'est aussi une façon pour nous de continuer à garder de la vigueur dans ce modèle, d'avoir toujours des commerçants de proximité, des gens qu'on peut voir. Et bien je peux venir avec ma perceuse, ma meuleuse qui est en piètre état, et de savoir soit je peux la réparer, soit elle est vraiment en très mauvais état et je suis obligée de la... la recycler ou au contraire j'ai une voie entre les deux qui est je peux la reconditionner, lui redonner une deuxième vie et qu'on soit nous l'interlocuteur de cette possibilité là. Je trouve que c'est aussi une façon de valoriser ce commerce de proximité qui fait partie de notre ADN et que nos grands amis du digital auront peut-être plus de mal à embrasser.
- Pauline
Mettre en place une offre autour de l'économie circulaire comme ça, ce n'est pas rien. Il y a très peu d'entreprises qui ont réussi à mettre en place des offres poussées sur ces sujets-là encore aujourd'hui, à part peut-être des entreprises comme Easy Cash dont c'est le cœur de métier initial. Concrètement, quelles sont les premières étapes que vous avez faites ? testé, avec quel partenaire vous avez travaillé. Je sais que vous pourriez en parler pendant 20 minutes. Donc essayez d'en parler en 2 minutes. Mais en 2 minutes, c'est quoi les premières étapes pour tester ?
- Julien
La première étape, c'est d'abord une rencontre. On a eu l'opportunité de rencontrer une entreprise qui s'appelle Vesto, qui est industrielle du reconditionnement. et donc ça nous a permis d'entrevoir le chemin à suivre si on voulait faire de l'économie circulaire une réalité dans le réseau. Donc ça c'est la première étape et puis après très rapidement on a On a commencé à tester de manière très concrète et très opérationnelle. Donc on a mis quelques adhérents autour de la table. On leur a dit, voilà, on se pose la question de l'économie circulaire. On pense que c'est un sujet. On a un partenaire industriel qui est capable de nous aider sur ce sujet-là. Leur recommandation, c'est ça. Par quoi on commence ? Qu'est-ce qu'on fait ensemble ? Et donc on a eu une discussion et assez rapidement on s'est dirigé vers l'outillage électroportatif. Nos adhérents nous ont dit qu'on pensait qu'il y avait quelque chose à faire sur l'outillage électroportatif. Et donc après on est rentré dans des tests très concrets. On a envoyé une dizaine de machines. L'industriel va les ouvrir, il va regarder ce qui est possible, ce qui n'est pas possible, est-ce que potentiellement il y a un modèle. Vesto a une expertise sur le matériel de cuisine professionnelle. Ça fait 4 ans qu'ils font du reconditionnement dans ce milieu-là. Donc ils avaient la capacité technique d'appréhender ce genre de machine et de voir le chemin à suivre pour créer une filière de reconditionnement. Et puis après, ça a été d'embarquer d'autres adhérents, au-delà des premiers avec qui on a parlé, de leur dire, on met en place une collecte de machines, ça va se passer comme ça. Et puis, on a mis aussi en place une collecte, on va dire, plus sous forme de bonne action, pendant le mois de novembre 2024. On s'est associé à Movember, qui est une cause pour la santé masculine, et contre les cancers masculins. On a récolté plus de 150 machines contre un don pour Movember, qui nous a permis d'avoir un gisement assez important pour commencer à envisager la revente de matériel reconditionné. Là, on est en plein dedans. On a des machines qui sont reconditionnées. Et on est en train d'approcher des adhérents pour leur dire, voilà l'imagine que vous pourrez revendre, positionnez-vous et allons-y.
- Loïc
Et puis on a ouvert une plateforme logistique qui est un nœud fonctionnel indispensable pour pouvoir remettre sur le marché. ces produits reconditionnés. Et à l'intérieur de la plateforme, on a déjà un petit service SAV qu'on va pouvoir amplifier. Donc on est en train vraiment de créer toutes les briques pour permettre ce nouveau... flux, ce nouveau canal de redistribution des produits et l'idée c'est bien sûr d'ouvrir au delà de l'électroportatif à d'autres produits y compris à des produits un peu critiques comme le chauffage, la climatisation qui sont des investissements lourds pour les particuliers et voilà si on pouvait créer une offre sur ces métiers là ce serait intéressant aussi. L'idée, c'est vraiment de créer une filière industrielle et nous de remplir pleinement notre rôle de distributeur et de collecteur et de remetteur sur le marché en prenant appui sur un partenaire qui maîtrise bien son savoir-faire de reconditionnement.
- Baptiste
Bravo pour cette initiative. Je rappelle que vous avez remporté le prix Pépite de l'impact local des entreprises en janvier dernier et bravo pour ça. Pauline, je vais te poser une question. une question beaucoup plus macro j'aime beaucoup ces zoom des zooms qu'on fait depuis tout à l'heure une question plus large justement sur le secteur de la construction rénovation aménagement qui est un secteur très complexe composé de nombreux nombreux acteurs de beaucoup de sous traitance et qui paraît être un énorme challenge pour vraiment inculqué ou en tout imposé ou en tout cas elle est dans cette direction de l'impact de la responsabilité de chacun de ton point de vue très macro. Comment est-ce que ça se passe ? Aujourd'hui, on a beaucoup de contraintes et de challenges de performances énergétiques dans ces secteurs-là. Est-ce que le secteur va dans la bonne direction ? Est-ce que ça va assez vite ? Quel est ton point de vue là-dessus ?
- Loïc
Il y aurait beaucoup beaucoup à dire. Après, on peut prendre langue sous différents aspects. Est-ce qu'on parle de politique publique par exemple, sur le logement et sur le... Voilà. Et moi, je dirais volontiers que dans la politique publique, il y a des décisions parfois à l'emporte-pièce qui ne sont pas prises en regard du terrain. Je veux dire, s'il y a bien un univers sur lequel la tête et les pieds ne se parlent pas, ne se voient pas, ne se rencontrent pas, dans des sujets comme ça manque de pragmatisme, un certain manque de lucidité sur comment les filières fonctionnent, qui fait quoi, comment. On est typiquement dans ce que je disais un peu plus tôt de la vision parisienne du monde et voilà et comment avoir une politique comme ça du logement avec des grands des grands changements donc il peut y avoir de l'intention politique et heureusement mais voilà je pense qu'il y a eu... une addition de manque de vision globale, des décisions qui ont été prises à l'emporte-pièce, en ne regardant pas les impacts, pas d'études d'impact. Et voilà, on est arrivé au blocage complet du secteur, on peut se dire ça comme ça, par accumulation de facteurs, mais qui n'ont pas été pris en compte. Tout le monde n'est pas responsable de la guerre en Ukraine, on n'est pas responsable d'un certain nombre de choses. Par contre, on est tenu, en tant que responsable, d'intégrer ces facteurs-là dans la décision. C'est le propre du décisionnaire que d'avoir non seulement une vision de ses propres problématiques et des objectifs qu'il poursuit, mais d'avoir une vision de l'environnement et de l'impact sur les autres de sa décision. Et aujourd'hui, on a des leaders politiques qui ne sont que dans leur propre feuille de route, qui ne tiennent absolument pas compte des impacts sur les autres acteurs et qui ne tiennent pas compte des effets de bord ou du contexte économique, social, etc., dans lequel ils sont. Donc on est dans la décision politique pure. Et alors là, vous voyez, je ne mets aucune couleur à ce que je dis, parce que là, malheureusement, je pense que toutes les couleurs de l'échiquier sont dans cette problématique-là. Et donc on est dans la politique politicienne qui crée des désastres économiques dans une filière telle que la nôtre. Quand vous voyez les dépôts de bilan des promoteurs immobiliers, je ne vais même pas parler pour ma paroisse, c'est une catastrophe industrielle. Tant et si bien qu'énormément de promoteurs, même certains, ont changé d'activité. Et aujourd'hui on construit moins de bâtiments que dans les années 50. Or on sait qu'on a quand même un problème. problème de logement. Donc là aussi, l'économique, l'environnemental et le social, comment est-ce qu'on prend le sujet en entier et pas seulement par un bout ? Donc on est, pour moi, dans la politique politicienne où on n'aborde pas les sujets avec l'angle nécessaire, avec les mesures d'impact nécessaires et du coup, voilà, on est dans une espèce d'errance un peu folle.
- Pauline
Pour conclure... toutes les personnes qui écouteront ce podcast et qui vont se demander comment je fais dans mon entreprise pour enclencher la démarche ou pour faire avancer les choses quel serait le conseil que vous leur donneriez ?
- Loïc
Je vais reprendre l'image du marathon mais avec l'altitude et de la course en haute montagne quand vous commencez à engager une course en haute montagne, si vous passez votre temps en marchant à regarder le sommet Vous vous dites que c'est pas possible, la montagne elle pousse à mesure que j'avance. Donc il faut regarder chaque virage. Et chaque virage est une petite victoire. Et donc voilà, c'est garder l'intention du sommet. Et se focaliser sur chaque virage. Et faire que chaque virage est une victoire. Et surtout pas trop se préoccuper du coup des autres, à quelle allure ils marchent. Et comment. Et de rester concentré. Puisque vous voyez, si je vous dis... Notre grande inquiétude, c'est à géopolitique, on n'a aucun pouvoir là-dessus. Et effectivement, ça peut être effrayant et tétanisant. Et pour autant, on continue à porter le sac et à marcher. Et donc, rester concentré sur ce qu'on a à faire et continuer à avancer.
- Pauline
Julien, ton mot de la fin, ton conseil ?
- Julien
Moi, j'ajouterais aussi de ne surtout pas le faire seul, si on veut se lancer dans une démarche RSE, et mobiliser en interne. Si la question c'est ça, comment démarrer dans une entreprise, c'est essayer de se faire un petit groupe de personnes qui sont intéressées, motivées par le sujet, pour différentes raisons, ça peut être même par conviction personnelle, mais arriver à se faire ce petit noyau dur dans l'entreprise de personnes qui veulent avancer sur ce sujet, pour pouvoir se donner l'opportunité d'avancer pas à pas, comme disait Pauline, sans forcément chercher le sprint ou la performance absolue. commencez par faire un pas et les autres viennent ensuite trop bien,
- Baptiste
j'adore cette conclusion métaphorique sur le randonneur ça nous parle beaucoup merci beaucoup à vous deux pour ce temps et on se retrouve très bientôt pour la suite merci,
- Pauline
à bientôt
- Baptiste
Un podcast imaginé et produit par Laka et Pixelys, qui vous embarque à la rencontre des leaders RSE.