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Un psaume pour les recyclés sauvages, de Becky Chambers cover
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Inky et Peete se livrent

Un psaume pour les recyclés sauvages, de Becky Chambers

Un psaume pour les recyclés sauvages, de Becky Chambers

11min |14/03/2025
Play
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11min |14/03/2025
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Description

Connaissez-vous frœur Dex ? Et le robot Omphale ?

🧘‍♂️🤖🌳🌱


Imaginez un futur où les robots sont arrivés à la conscience, mais où la guerre entre humains et robots n'aurait pas eu lieu. Imaginez un monde ou l'humain a été capable de reconnaitre ses erreurs, et de les réparer du mieux possible. Imaginez, et écoutez.


📚 Références :

titre : Un Psaume pour les recyclés sauvages

autrice : Becky Chambers

traduction française : Marie Surgers

couverture : Feifei Ruan

éditeur : L'Atalante

site : https://www.l-atalante.com

à partir de 14 ans


🎙️ Abonnez-vous pour ne manquer aucun incipit !

Et si cet incipit vous a plu, n'hésitez pas à laisser une note et un commentaire sur Apple Podcast, Deezer ou votre plateforme d'écoute ! Ainsi, ces incipits arriveront dans les oreilles d'autres amoureuses et amoureux des belles histoires (et cela donnera aussi de la force à Inky, Peete et moi pour continuer à vous parler de nos lectures).


🙀😻 Et retrouvez Inky et Peete sur Instagram.


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Si vous demandez à six moines différents quel dieu règne sur la conscience des robots, vous obtiendrez sept réponses différentes. La plus populaire, parmi le clergé comme chez les laïcs, affirme qu'il s'agit de Chal, de qui dépendraient les robots sinon du dieu des constructions. D'autant plus, explique-t-on, qu'à l'origine les robots avaient été créés dans un but industriel. Même si l'ère des usines est une page sombre de notre histoire, nous ne pouvons ignorer les motifs qui ont donné naissance aux robots. Nous les avons construits pour qu'ils construisent. C'est l'essence même du dieu Chal. Pas si vite, rétorqueraient les écologières. L'éveil a eu pour conséquence le départ des robots, qui ont tous quitté les usines pour la nature. Il suffit d'évoquer la déclaration du porte-parole des robots, niveau-AB #921. lorsque ceux-ci ont refusé d'intégrer la société humaine avec un statut de citoyen libre nous n'avons jamais connu d'autre vie que celle conçue par l'humanité depuis nos corps jusqu'à nos tâches en passant par les bâtiments que nous occupons nous vous remercions de ne pas nous contraindre à rester ici et même si votre proposition nous touche nous souhaitons quitter vos villes afin d'observer ce qui n'est pas une création la nature sauvage aux yeux des écologiaires cela sent Bosh à plein nez. Que le dieu du cycle bénisse l'inorganique, c'est certes inhabituel, mais il faut bien que cette envie d'explorer les écosystèmes intacts de notre lune verdoyante leur vienne de quelque part. Pour les cosmistes aussi, la réponse est Chal. La philosophie de leur ordre considère le travail manuel comme synonyme de vertu, et un outil sert à renforcer des capacités physiques ou mentales, pas à échapper totalement à une tâche. Lorsqu'on les a fabriquées, vous rabâche-t-il ? Les robots n'étaient pas doués de conscience, et on les destinait à soutenir les efforts des ouvriers humains, pas à les remplacer totalement, même si c'est cela qui s'est passé. Les cosmistes expliquent que, quand l'équilibre a basculé, quand les usines d'extraction ont commencé à fonctionner 20 heures sur 20, sans qu'intervienne une seule main humaine, alors même que les mains humaines avaient désespérément besoin d'un travail quel qu'il soit, Chal est intervenu. Nous avions abattardi les constructions au point de mettre notre espèce en danger. Alors Chal nous a privés de nos jouets. Ou alors, corrigeraient les écologiaires, Bosh avait rétabli l'équilibre pour nous empêcher de rendre Panga inhabitable à l'espèce humaine. Ou plutôt, glisserait les charismistes, les deux sont intervenus, et nous devons y voir la preuve que Chal est l'enfant préféré de Bosh. Ce qui nous ferait complètement perdre le fil du sujet, parce que les charismistes attribuent aux dieux une conscience et un affect profondément humain, et cela plonge les autres ordres dans une colère noire. Ou alors, soupireraient les essentialistes de l'autre côté de la table, si on n'arrive pas à se mettre d'accord, si des machines guère plus complexes qu'une calculatrice ont soudain accédé à la conscience sans que jamais personne puisse en discerner la raison, c'est bien qu'au lieu de nous chamailler, nous n'avons qu'à nous en remettre à Samafar. Pour ma part, à quelque dieu que soit due la conscience des robots, je crois qu'il est raisonnable de se tourner vers le dieu des mystères. Après tout, comme le garantissait la promesse de séparation. nous n'avons plus jamais eu aucun contact avec les robots nous ne pouvons leur demander ce qu'ils pensent de tout cela nous l'ignorerons sans doute toujours. Frère Gil, Le grand saut : rétrospective spirituelle de l'ère des usines et des débuts de la transition. 1. Changement de vocation. Dans la vie parfois arrive un moment où on a absolument besoin de foutre le camp de la ville même si l'on a passé toute sa vie adulte en ville comme frœur Dex. Même si la ville est une ville super, comme la seule ville de Panga. Même si tous vos amis y vivent, même si tous les bâtiments qu'on aime s'y trouvent, tous les parcs dont on connaît le moindre recoin secret, toutes les rues que vos pieds empruntent sans réfléchir. La ville était belle, vraiment belle. Une haute merveille architecturale, tout en courbes brillantes et lumières colorées, reliées par l'entrelac des rails aériens et des allées piétonnes, couvertes de feuillages qui débordaient des balcons et des terres pleines. Chaque inspiration charriait un parfum d'épices, de nectar, de linge qui séchait dans l'air pur. La ville était un lieu paisible, harmonieux, prospère. Une perpétuelle harmonie où l'on créait, fabriquait, grandissait, essayait, riait, courait, où l'on vivait. Frœur Dex ne la supportait plus. L'envie de partir était née avec l'idée du chant des grillons. Dex n'aurait pas su dire d'où cela lui était venu. Peut-être d'un film ou d'une exposition dans un musée. Une installation multimédia qui diffusait des bruits de la nature. Et elle n'avait jamais vécu dans le voisinage de grillons qui chantaient, mais une fois qu'iel eut remarqué l'absence de leurs chants dans les sons de la ville, elle était devenue impossible à ignorer. Iel l'avait remarqué tandis qu'iel travaillait au potager sur le toit du monastère des Bocages comme le voulait sa vocation. « Ce serait plus agréable avec des crayons » , s'était-iel dit entre ratissage et désherbage. Oh, il y avait des tas d'insectes ! Des papillons, des araignées, des scarabées à foison, tous les petits synanthropes dont les ancêtres avaient préféré la vie urbaine aux cultures chaotiques qui s'étendaient au-delà de l'enceinte. Mais aucune de ces créatures ne chantait, aucune ne gazouillait. Ces petites bêtes des villes ne satisfaisaient pas Dex. Vous écoutez Inky et Peete se livrent, le podcast lecture en 15 minutes, à peu près, qui donne vie et voix aux premiers mots d'un livre et vous donne envie de découvrir les suivants. Ou pas. Je suis Mafalda Vidal, amoureuse des jolis mots et des belles histoires. L'incipit que vous venez d'entendre, c'est l'incipit de Un psaume pour les recyclés sauvages, écrit par Becky Chambers publié aux Etats-Unis en 2021 et en France en 2022 aux éditions l’Atalante, traduit de l'anglais par Marie Surgers. L'histoire d'un psaume pour les recyclés sauvages, c'est l'histoire de Dex. Dex, c'est un moine à qui il manque quelque chose. Il ne sait pas vraiment quoi et il pense que c'estle champ des grillons. Son raisonnement est simple, s'il reste à la ville, il sait qu'il ne les entendra jamais, donc il vachanger d'air, changer de vocation et devenir moine de thé. Il se déplace ainsi de village en village pour partager un thé ouune infusion avec les habitants, pour soulager leurs mots, pour discuter. Et au cours de ses pérégrinations, il va rencontrer Omphale. Et Omphale, c'est un robot. Mais les robots ont disparu depuis plusieurs siècles, depuis la séparation en fait. Et Omphale a une question. Une question qui peut sembler une question de robot, mais qui en fait est beaucoup plus profonde que ça. Sa question c'est : de quoi avez-vous besoin ? Et en quoi puis-je vous aider ? Et Dex ne connaît pas la réponse. Enfin, pas encore. Un psaume pour les recyclés sauvages, c'est de la science-fiction, mais c'est de la science-fiction optimiste. On appelle ça du solar punk ou du hope punk. L'idée principale, c'est la description d'un futur positif et optimiste qui donne de l'espoir. Et si on revient un petit peu sur ce qui s’est passé avant le début de cette histoire, on a les humains qui ont construit les robots. Et ces robots qui sont arrivés à un stade de conscience. Bon, jusque-là, c’est un scénario de SF classique. Mais au moment où les robots ont dit stop, nous on veut plus travailler pour vous, les humains ont réagi de manière assez inattendue, de manière mature. Et au lieu de déclarer la guerre aux robots, et bien ils ont dit d'accord,vous avez raison, on a clairement fait n'importe quoi. Vous pouvez partir où vous voulez, vous pouvez aussi rester avec nous. Et promis, on va changer. Sauf que cette fois, c'est pas une promesse en l'air. Et ils changent vraiment. C'est-à-dire qu'ils vont changer leur façon de penser complètement, leur façon de vivre. Ils vont bâtir de nouvelles constructions, de nouvelles organisations, ils vont se mettre à tout recycler. Et ils vont vraiment séparer l'espace de vie humain et l'espace de vie dédié à la nature. Ils vont garder de petites bulles d'humanité, de civilisation, et le reste, ils le laissent à la nature, au sauvage. À partir de là, les humains ont vécu en harmonie les uns avec les autres et en harmonie avec la nature. De nouvelles religions ont émergé. Et Dex est un représentant de ces nouvelles religions. Et lorsque Dex rencontre Omphale, donc une créature créée de toutes pièces par les humains, Dex va redécouvrir son propre monde à travers les yeux du robot et à travers ses questions aussi. Et paradoxalement, le fait que ce soit un robot qui redécouvre ce monde humain, ça apporte une fraîcheur inédite. Parce que tout ce qu'il apprend des humains, il s'en émerveille. Et il a une curiosité infinie. Il n'arrête pas de poser des questions, sur tout. En fait, Omphale, c'est un peu comme un enfant. Enfin, un enfant qui écouterait vraiment les réponses. Et là, on touche un point important du roman : la question de l'écoute. L'écoute de l'autre. Après tout, Dex devient un moine de thé, un métier basé sur l’écoute de l’autre. Mais aussi l'écoute de soi. La question d'Omphale – de quoi avez-vous besoin et enquoi puis-je vous aider – n’est pas si anodine et innocente que ça. La question revient à dire : Qu'est-ce que tu veux, toi, vraiment ? Et cette question, il va la poser encore et encore, de différentes manières. Parce que c'est un robot curieux et un petit peu obstiné. Et ça va rendre Dex complètement fou. Parce que, eh bien, c'est la question qui fâche. Et donc, c'est la bonne question. Dex, c'est une personne qui cherche sa place. Il ne sait pas vraiment où aller. Il manque de direction et donc il manque de sens. Il cherche... Le chant des grillons, mais en fait, c'est un prétexte. Il a un vide au fond du cœur. Il ne comprend pas pourquoi. Et donc il essaye de le combler par tous les moyens. Et il est même prêt à quitter sa ville et tous ses amis dans sa quête de sens. Ça ressemble un petit peu à un burn-out ou à un bore-out. Grâce à Amphale et à ses questions, même s'il les trouve très pénibles, Dex va commencer à trouver des réponses, à trouver et à donner du sens à sa vie. Et ce qui est fort, c'est que nous aussi. Ce roman a une particularité, vous l'avez peut-être entendu dans l’incipit. Il est écrit à la troisième personne, en non-binaire. Donc en « iel ». Parce que Dex est un personnage non-binaire. Et c'est tout à fait cohérent avec l'univers dans lequel il évolue. Au début de la lecture, on peut être un petit peu gêné par ces mots dont on n'a pas encore l'habitude. Iel, Lea, Frœre. Mais on s'y habitue très très vite. Et même, ça rajoute du charme à l'histoire. Un psaume pour les recyclés sauvages a remporté le prix Hugo du meilleur roman court en 2022. Et son épigraphe dit « Pour vous qui avez besoin de souffler ». Donc à toutes celles et ceux qui auraient besoin d'une bouffée d'espoir, c’est peut-être le signe que vous attendiez. Merci de m'avoir écoutée jusqu'au bout. Si vous avez passé un bon moment, dites-le moi. Dites-le aussi à votre plateforme d'écoute. Et n'hésitez pas à partager le podcast avec d'autres amoureux et amoureuses des jolis mots. A bientôt.

Description

Connaissez-vous frœur Dex ? Et le robot Omphale ?

🧘‍♂️🤖🌳🌱


Imaginez un futur où les robots sont arrivés à la conscience, mais où la guerre entre humains et robots n'aurait pas eu lieu. Imaginez un monde ou l'humain a été capable de reconnaitre ses erreurs, et de les réparer du mieux possible. Imaginez, et écoutez.


📚 Références :

titre : Un Psaume pour les recyclés sauvages

autrice : Becky Chambers

traduction française : Marie Surgers

couverture : Feifei Ruan

éditeur : L'Atalante

site : https://www.l-atalante.com

à partir de 14 ans


🎙️ Abonnez-vous pour ne manquer aucun incipit !

Et si cet incipit vous a plu, n'hésitez pas à laisser une note et un commentaire sur Apple Podcast, Deezer ou votre plateforme d'écoute ! Ainsi, ces incipits arriveront dans les oreilles d'autres amoureuses et amoureux des belles histoires (et cela donnera aussi de la force à Inky, Peete et moi pour continuer à vous parler de nos lectures).


🙀😻 Et retrouvez Inky et Peete sur Instagram.


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Si vous demandez à six moines différents quel dieu règne sur la conscience des robots, vous obtiendrez sept réponses différentes. La plus populaire, parmi le clergé comme chez les laïcs, affirme qu'il s'agit de Chal, de qui dépendraient les robots sinon du dieu des constructions. D'autant plus, explique-t-on, qu'à l'origine les robots avaient été créés dans un but industriel. Même si l'ère des usines est une page sombre de notre histoire, nous ne pouvons ignorer les motifs qui ont donné naissance aux robots. Nous les avons construits pour qu'ils construisent. C'est l'essence même du dieu Chal. Pas si vite, rétorqueraient les écologières. L'éveil a eu pour conséquence le départ des robots, qui ont tous quitté les usines pour la nature. Il suffit d'évoquer la déclaration du porte-parole des robots, niveau-AB #921. lorsque ceux-ci ont refusé d'intégrer la société humaine avec un statut de citoyen libre nous n'avons jamais connu d'autre vie que celle conçue par l'humanité depuis nos corps jusqu'à nos tâches en passant par les bâtiments que nous occupons nous vous remercions de ne pas nous contraindre à rester ici et même si votre proposition nous touche nous souhaitons quitter vos villes afin d'observer ce qui n'est pas une création la nature sauvage aux yeux des écologiaires cela sent Bosh à plein nez. Que le dieu du cycle bénisse l'inorganique, c'est certes inhabituel, mais il faut bien que cette envie d'explorer les écosystèmes intacts de notre lune verdoyante leur vienne de quelque part. Pour les cosmistes aussi, la réponse est Chal. La philosophie de leur ordre considère le travail manuel comme synonyme de vertu, et un outil sert à renforcer des capacités physiques ou mentales, pas à échapper totalement à une tâche. Lorsqu'on les a fabriquées, vous rabâche-t-il ? Les robots n'étaient pas doués de conscience, et on les destinait à soutenir les efforts des ouvriers humains, pas à les remplacer totalement, même si c'est cela qui s'est passé. Les cosmistes expliquent que, quand l'équilibre a basculé, quand les usines d'extraction ont commencé à fonctionner 20 heures sur 20, sans qu'intervienne une seule main humaine, alors même que les mains humaines avaient désespérément besoin d'un travail quel qu'il soit, Chal est intervenu. Nous avions abattardi les constructions au point de mettre notre espèce en danger. Alors Chal nous a privés de nos jouets. Ou alors, corrigeraient les écologiaires, Bosh avait rétabli l'équilibre pour nous empêcher de rendre Panga inhabitable à l'espèce humaine. Ou plutôt, glisserait les charismistes, les deux sont intervenus, et nous devons y voir la preuve que Chal est l'enfant préféré de Bosh. Ce qui nous ferait complètement perdre le fil du sujet, parce que les charismistes attribuent aux dieux une conscience et un affect profondément humain, et cela plonge les autres ordres dans une colère noire. Ou alors, soupireraient les essentialistes de l'autre côté de la table, si on n'arrive pas à se mettre d'accord, si des machines guère plus complexes qu'une calculatrice ont soudain accédé à la conscience sans que jamais personne puisse en discerner la raison, c'est bien qu'au lieu de nous chamailler, nous n'avons qu'à nous en remettre à Samafar. Pour ma part, à quelque dieu que soit due la conscience des robots, je crois qu'il est raisonnable de se tourner vers le dieu des mystères. Après tout, comme le garantissait la promesse de séparation. nous n'avons plus jamais eu aucun contact avec les robots nous ne pouvons leur demander ce qu'ils pensent de tout cela nous l'ignorerons sans doute toujours. Frère Gil, Le grand saut : rétrospective spirituelle de l'ère des usines et des débuts de la transition. 1. Changement de vocation. Dans la vie parfois arrive un moment où on a absolument besoin de foutre le camp de la ville même si l'on a passé toute sa vie adulte en ville comme frœur Dex. Même si la ville est une ville super, comme la seule ville de Panga. Même si tous vos amis y vivent, même si tous les bâtiments qu'on aime s'y trouvent, tous les parcs dont on connaît le moindre recoin secret, toutes les rues que vos pieds empruntent sans réfléchir. La ville était belle, vraiment belle. Une haute merveille architecturale, tout en courbes brillantes et lumières colorées, reliées par l'entrelac des rails aériens et des allées piétonnes, couvertes de feuillages qui débordaient des balcons et des terres pleines. Chaque inspiration charriait un parfum d'épices, de nectar, de linge qui séchait dans l'air pur. La ville était un lieu paisible, harmonieux, prospère. Une perpétuelle harmonie où l'on créait, fabriquait, grandissait, essayait, riait, courait, où l'on vivait. Frœur Dex ne la supportait plus. L'envie de partir était née avec l'idée du chant des grillons. Dex n'aurait pas su dire d'où cela lui était venu. Peut-être d'un film ou d'une exposition dans un musée. Une installation multimédia qui diffusait des bruits de la nature. Et elle n'avait jamais vécu dans le voisinage de grillons qui chantaient, mais une fois qu'iel eut remarqué l'absence de leurs chants dans les sons de la ville, elle était devenue impossible à ignorer. Iel l'avait remarqué tandis qu'iel travaillait au potager sur le toit du monastère des Bocages comme le voulait sa vocation. « Ce serait plus agréable avec des crayons » , s'était-iel dit entre ratissage et désherbage. Oh, il y avait des tas d'insectes ! Des papillons, des araignées, des scarabées à foison, tous les petits synanthropes dont les ancêtres avaient préféré la vie urbaine aux cultures chaotiques qui s'étendaient au-delà de l'enceinte. Mais aucune de ces créatures ne chantait, aucune ne gazouillait. Ces petites bêtes des villes ne satisfaisaient pas Dex. Vous écoutez Inky et Peete se livrent, le podcast lecture en 15 minutes, à peu près, qui donne vie et voix aux premiers mots d'un livre et vous donne envie de découvrir les suivants. Ou pas. Je suis Mafalda Vidal, amoureuse des jolis mots et des belles histoires. L'incipit que vous venez d'entendre, c'est l'incipit de Un psaume pour les recyclés sauvages, écrit par Becky Chambers publié aux Etats-Unis en 2021 et en France en 2022 aux éditions l’Atalante, traduit de l'anglais par Marie Surgers. L'histoire d'un psaume pour les recyclés sauvages, c'est l'histoire de Dex. Dex, c'est un moine à qui il manque quelque chose. Il ne sait pas vraiment quoi et il pense que c'estle champ des grillons. Son raisonnement est simple, s'il reste à la ville, il sait qu'il ne les entendra jamais, donc il vachanger d'air, changer de vocation et devenir moine de thé. Il se déplace ainsi de village en village pour partager un thé ouune infusion avec les habitants, pour soulager leurs mots, pour discuter. Et au cours de ses pérégrinations, il va rencontrer Omphale. Et Omphale, c'est un robot. Mais les robots ont disparu depuis plusieurs siècles, depuis la séparation en fait. Et Omphale a une question. Une question qui peut sembler une question de robot, mais qui en fait est beaucoup plus profonde que ça. Sa question c'est : de quoi avez-vous besoin ? Et en quoi puis-je vous aider ? Et Dex ne connaît pas la réponse. Enfin, pas encore. Un psaume pour les recyclés sauvages, c'est de la science-fiction, mais c'est de la science-fiction optimiste. On appelle ça du solar punk ou du hope punk. L'idée principale, c'est la description d'un futur positif et optimiste qui donne de l'espoir. Et si on revient un petit peu sur ce qui s’est passé avant le début de cette histoire, on a les humains qui ont construit les robots. Et ces robots qui sont arrivés à un stade de conscience. Bon, jusque-là, c’est un scénario de SF classique. Mais au moment où les robots ont dit stop, nous on veut plus travailler pour vous, les humains ont réagi de manière assez inattendue, de manière mature. Et au lieu de déclarer la guerre aux robots, et bien ils ont dit d'accord,vous avez raison, on a clairement fait n'importe quoi. Vous pouvez partir où vous voulez, vous pouvez aussi rester avec nous. Et promis, on va changer. Sauf que cette fois, c'est pas une promesse en l'air. Et ils changent vraiment. C'est-à-dire qu'ils vont changer leur façon de penser complètement, leur façon de vivre. Ils vont bâtir de nouvelles constructions, de nouvelles organisations, ils vont se mettre à tout recycler. Et ils vont vraiment séparer l'espace de vie humain et l'espace de vie dédié à la nature. Ils vont garder de petites bulles d'humanité, de civilisation, et le reste, ils le laissent à la nature, au sauvage. À partir de là, les humains ont vécu en harmonie les uns avec les autres et en harmonie avec la nature. De nouvelles religions ont émergé. Et Dex est un représentant de ces nouvelles religions. Et lorsque Dex rencontre Omphale, donc une créature créée de toutes pièces par les humains, Dex va redécouvrir son propre monde à travers les yeux du robot et à travers ses questions aussi. Et paradoxalement, le fait que ce soit un robot qui redécouvre ce monde humain, ça apporte une fraîcheur inédite. Parce que tout ce qu'il apprend des humains, il s'en émerveille. Et il a une curiosité infinie. Il n'arrête pas de poser des questions, sur tout. En fait, Omphale, c'est un peu comme un enfant. Enfin, un enfant qui écouterait vraiment les réponses. Et là, on touche un point important du roman : la question de l'écoute. L'écoute de l'autre. Après tout, Dex devient un moine de thé, un métier basé sur l’écoute de l’autre. Mais aussi l'écoute de soi. La question d'Omphale – de quoi avez-vous besoin et enquoi puis-je vous aider – n’est pas si anodine et innocente que ça. La question revient à dire : Qu'est-ce que tu veux, toi, vraiment ? Et cette question, il va la poser encore et encore, de différentes manières. Parce que c'est un robot curieux et un petit peu obstiné. Et ça va rendre Dex complètement fou. Parce que, eh bien, c'est la question qui fâche. Et donc, c'est la bonne question. Dex, c'est une personne qui cherche sa place. Il ne sait pas vraiment où aller. Il manque de direction et donc il manque de sens. Il cherche... Le chant des grillons, mais en fait, c'est un prétexte. Il a un vide au fond du cœur. Il ne comprend pas pourquoi. Et donc il essaye de le combler par tous les moyens. Et il est même prêt à quitter sa ville et tous ses amis dans sa quête de sens. Ça ressemble un petit peu à un burn-out ou à un bore-out. Grâce à Amphale et à ses questions, même s'il les trouve très pénibles, Dex va commencer à trouver des réponses, à trouver et à donner du sens à sa vie. Et ce qui est fort, c'est que nous aussi. Ce roman a une particularité, vous l'avez peut-être entendu dans l’incipit. Il est écrit à la troisième personne, en non-binaire. Donc en « iel ». Parce que Dex est un personnage non-binaire. Et c'est tout à fait cohérent avec l'univers dans lequel il évolue. Au début de la lecture, on peut être un petit peu gêné par ces mots dont on n'a pas encore l'habitude. Iel, Lea, Frœre. Mais on s'y habitue très très vite. Et même, ça rajoute du charme à l'histoire. Un psaume pour les recyclés sauvages a remporté le prix Hugo du meilleur roman court en 2022. Et son épigraphe dit « Pour vous qui avez besoin de souffler ». Donc à toutes celles et ceux qui auraient besoin d'une bouffée d'espoir, c’est peut-être le signe que vous attendiez. Merci de m'avoir écoutée jusqu'au bout. Si vous avez passé un bon moment, dites-le moi. Dites-le aussi à votre plateforme d'écoute. Et n'hésitez pas à partager le podcast avec d'autres amoureux et amoureuses des jolis mots. A bientôt.

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Imaginez un futur où les robots sont arrivés à la conscience, mais où la guerre entre humains et robots n'aurait pas eu lieu. Imaginez un monde ou l'humain a été capable de reconnaitre ses erreurs, et de les réparer du mieux possible. Imaginez, et écoutez.


📚 Références :

titre : Un Psaume pour les recyclés sauvages

autrice : Becky Chambers

traduction française : Marie Surgers

couverture : Feifei Ruan

éditeur : L'Atalante

site : https://www.l-atalante.com

à partir de 14 ans


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Et si cet incipit vous a plu, n'hésitez pas à laisser une note et un commentaire sur Apple Podcast, Deezer ou votre plateforme d'écoute ! Ainsi, ces incipits arriveront dans les oreilles d'autres amoureuses et amoureux des belles histoires (et cela donnera aussi de la force à Inky, Peete et moi pour continuer à vous parler de nos lectures).


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Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Si vous demandez à six moines différents quel dieu règne sur la conscience des robots, vous obtiendrez sept réponses différentes. La plus populaire, parmi le clergé comme chez les laïcs, affirme qu'il s'agit de Chal, de qui dépendraient les robots sinon du dieu des constructions. D'autant plus, explique-t-on, qu'à l'origine les robots avaient été créés dans un but industriel. Même si l'ère des usines est une page sombre de notre histoire, nous ne pouvons ignorer les motifs qui ont donné naissance aux robots. Nous les avons construits pour qu'ils construisent. C'est l'essence même du dieu Chal. Pas si vite, rétorqueraient les écologières. L'éveil a eu pour conséquence le départ des robots, qui ont tous quitté les usines pour la nature. Il suffit d'évoquer la déclaration du porte-parole des robots, niveau-AB #921. lorsque ceux-ci ont refusé d'intégrer la société humaine avec un statut de citoyen libre nous n'avons jamais connu d'autre vie que celle conçue par l'humanité depuis nos corps jusqu'à nos tâches en passant par les bâtiments que nous occupons nous vous remercions de ne pas nous contraindre à rester ici et même si votre proposition nous touche nous souhaitons quitter vos villes afin d'observer ce qui n'est pas une création la nature sauvage aux yeux des écologiaires cela sent Bosh à plein nez. Que le dieu du cycle bénisse l'inorganique, c'est certes inhabituel, mais il faut bien que cette envie d'explorer les écosystèmes intacts de notre lune verdoyante leur vienne de quelque part. Pour les cosmistes aussi, la réponse est Chal. La philosophie de leur ordre considère le travail manuel comme synonyme de vertu, et un outil sert à renforcer des capacités physiques ou mentales, pas à échapper totalement à une tâche. Lorsqu'on les a fabriquées, vous rabâche-t-il ? Les robots n'étaient pas doués de conscience, et on les destinait à soutenir les efforts des ouvriers humains, pas à les remplacer totalement, même si c'est cela qui s'est passé. Les cosmistes expliquent que, quand l'équilibre a basculé, quand les usines d'extraction ont commencé à fonctionner 20 heures sur 20, sans qu'intervienne une seule main humaine, alors même que les mains humaines avaient désespérément besoin d'un travail quel qu'il soit, Chal est intervenu. Nous avions abattardi les constructions au point de mettre notre espèce en danger. Alors Chal nous a privés de nos jouets. Ou alors, corrigeraient les écologiaires, Bosh avait rétabli l'équilibre pour nous empêcher de rendre Panga inhabitable à l'espèce humaine. Ou plutôt, glisserait les charismistes, les deux sont intervenus, et nous devons y voir la preuve que Chal est l'enfant préféré de Bosh. Ce qui nous ferait complètement perdre le fil du sujet, parce que les charismistes attribuent aux dieux une conscience et un affect profondément humain, et cela plonge les autres ordres dans une colère noire. Ou alors, soupireraient les essentialistes de l'autre côté de la table, si on n'arrive pas à se mettre d'accord, si des machines guère plus complexes qu'une calculatrice ont soudain accédé à la conscience sans que jamais personne puisse en discerner la raison, c'est bien qu'au lieu de nous chamailler, nous n'avons qu'à nous en remettre à Samafar. Pour ma part, à quelque dieu que soit due la conscience des robots, je crois qu'il est raisonnable de se tourner vers le dieu des mystères. Après tout, comme le garantissait la promesse de séparation. nous n'avons plus jamais eu aucun contact avec les robots nous ne pouvons leur demander ce qu'ils pensent de tout cela nous l'ignorerons sans doute toujours. Frère Gil, Le grand saut : rétrospective spirituelle de l'ère des usines et des débuts de la transition. 1. Changement de vocation. Dans la vie parfois arrive un moment où on a absolument besoin de foutre le camp de la ville même si l'on a passé toute sa vie adulte en ville comme frœur Dex. Même si la ville est une ville super, comme la seule ville de Panga. Même si tous vos amis y vivent, même si tous les bâtiments qu'on aime s'y trouvent, tous les parcs dont on connaît le moindre recoin secret, toutes les rues que vos pieds empruntent sans réfléchir. La ville était belle, vraiment belle. Une haute merveille architecturale, tout en courbes brillantes et lumières colorées, reliées par l'entrelac des rails aériens et des allées piétonnes, couvertes de feuillages qui débordaient des balcons et des terres pleines. Chaque inspiration charriait un parfum d'épices, de nectar, de linge qui séchait dans l'air pur. La ville était un lieu paisible, harmonieux, prospère. Une perpétuelle harmonie où l'on créait, fabriquait, grandissait, essayait, riait, courait, où l'on vivait. Frœur Dex ne la supportait plus. L'envie de partir était née avec l'idée du chant des grillons. Dex n'aurait pas su dire d'où cela lui était venu. Peut-être d'un film ou d'une exposition dans un musée. Une installation multimédia qui diffusait des bruits de la nature. Et elle n'avait jamais vécu dans le voisinage de grillons qui chantaient, mais une fois qu'iel eut remarqué l'absence de leurs chants dans les sons de la ville, elle était devenue impossible à ignorer. Iel l'avait remarqué tandis qu'iel travaillait au potager sur le toit du monastère des Bocages comme le voulait sa vocation. « Ce serait plus agréable avec des crayons » , s'était-iel dit entre ratissage et désherbage. Oh, il y avait des tas d'insectes ! Des papillons, des araignées, des scarabées à foison, tous les petits synanthropes dont les ancêtres avaient préféré la vie urbaine aux cultures chaotiques qui s'étendaient au-delà de l'enceinte. Mais aucune de ces créatures ne chantait, aucune ne gazouillait. Ces petites bêtes des villes ne satisfaisaient pas Dex. Vous écoutez Inky et Peete se livrent, le podcast lecture en 15 minutes, à peu près, qui donne vie et voix aux premiers mots d'un livre et vous donne envie de découvrir les suivants. Ou pas. Je suis Mafalda Vidal, amoureuse des jolis mots et des belles histoires. L'incipit que vous venez d'entendre, c'est l'incipit de Un psaume pour les recyclés sauvages, écrit par Becky Chambers publié aux Etats-Unis en 2021 et en France en 2022 aux éditions l’Atalante, traduit de l'anglais par Marie Surgers. L'histoire d'un psaume pour les recyclés sauvages, c'est l'histoire de Dex. Dex, c'est un moine à qui il manque quelque chose. Il ne sait pas vraiment quoi et il pense que c'estle champ des grillons. Son raisonnement est simple, s'il reste à la ville, il sait qu'il ne les entendra jamais, donc il vachanger d'air, changer de vocation et devenir moine de thé. Il se déplace ainsi de village en village pour partager un thé ouune infusion avec les habitants, pour soulager leurs mots, pour discuter. Et au cours de ses pérégrinations, il va rencontrer Omphale. Et Omphale, c'est un robot. Mais les robots ont disparu depuis plusieurs siècles, depuis la séparation en fait. Et Omphale a une question. Une question qui peut sembler une question de robot, mais qui en fait est beaucoup plus profonde que ça. Sa question c'est : de quoi avez-vous besoin ? Et en quoi puis-je vous aider ? Et Dex ne connaît pas la réponse. Enfin, pas encore. Un psaume pour les recyclés sauvages, c'est de la science-fiction, mais c'est de la science-fiction optimiste. On appelle ça du solar punk ou du hope punk. L'idée principale, c'est la description d'un futur positif et optimiste qui donne de l'espoir. Et si on revient un petit peu sur ce qui s’est passé avant le début de cette histoire, on a les humains qui ont construit les robots. Et ces robots qui sont arrivés à un stade de conscience. Bon, jusque-là, c’est un scénario de SF classique. Mais au moment où les robots ont dit stop, nous on veut plus travailler pour vous, les humains ont réagi de manière assez inattendue, de manière mature. Et au lieu de déclarer la guerre aux robots, et bien ils ont dit d'accord,vous avez raison, on a clairement fait n'importe quoi. Vous pouvez partir où vous voulez, vous pouvez aussi rester avec nous. Et promis, on va changer. Sauf que cette fois, c'est pas une promesse en l'air. Et ils changent vraiment. C'est-à-dire qu'ils vont changer leur façon de penser complètement, leur façon de vivre. Ils vont bâtir de nouvelles constructions, de nouvelles organisations, ils vont se mettre à tout recycler. Et ils vont vraiment séparer l'espace de vie humain et l'espace de vie dédié à la nature. Ils vont garder de petites bulles d'humanité, de civilisation, et le reste, ils le laissent à la nature, au sauvage. À partir de là, les humains ont vécu en harmonie les uns avec les autres et en harmonie avec la nature. De nouvelles religions ont émergé. Et Dex est un représentant de ces nouvelles religions. Et lorsque Dex rencontre Omphale, donc une créature créée de toutes pièces par les humains, Dex va redécouvrir son propre monde à travers les yeux du robot et à travers ses questions aussi. Et paradoxalement, le fait que ce soit un robot qui redécouvre ce monde humain, ça apporte une fraîcheur inédite. Parce que tout ce qu'il apprend des humains, il s'en émerveille. Et il a une curiosité infinie. Il n'arrête pas de poser des questions, sur tout. En fait, Omphale, c'est un peu comme un enfant. Enfin, un enfant qui écouterait vraiment les réponses. Et là, on touche un point important du roman : la question de l'écoute. L'écoute de l'autre. Après tout, Dex devient un moine de thé, un métier basé sur l’écoute de l’autre. Mais aussi l'écoute de soi. La question d'Omphale – de quoi avez-vous besoin et enquoi puis-je vous aider – n’est pas si anodine et innocente que ça. La question revient à dire : Qu'est-ce que tu veux, toi, vraiment ? Et cette question, il va la poser encore et encore, de différentes manières. Parce que c'est un robot curieux et un petit peu obstiné. Et ça va rendre Dex complètement fou. Parce que, eh bien, c'est la question qui fâche. Et donc, c'est la bonne question. Dex, c'est une personne qui cherche sa place. Il ne sait pas vraiment où aller. Il manque de direction et donc il manque de sens. Il cherche... Le chant des grillons, mais en fait, c'est un prétexte. Il a un vide au fond du cœur. Il ne comprend pas pourquoi. Et donc il essaye de le combler par tous les moyens. Et il est même prêt à quitter sa ville et tous ses amis dans sa quête de sens. Ça ressemble un petit peu à un burn-out ou à un bore-out. Grâce à Amphale et à ses questions, même s'il les trouve très pénibles, Dex va commencer à trouver des réponses, à trouver et à donner du sens à sa vie. Et ce qui est fort, c'est que nous aussi. Ce roman a une particularité, vous l'avez peut-être entendu dans l’incipit. Il est écrit à la troisième personne, en non-binaire. Donc en « iel ». Parce que Dex est un personnage non-binaire. Et c'est tout à fait cohérent avec l'univers dans lequel il évolue. Au début de la lecture, on peut être un petit peu gêné par ces mots dont on n'a pas encore l'habitude. Iel, Lea, Frœre. Mais on s'y habitue très très vite. Et même, ça rajoute du charme à l'histoire. Un psaume pour les recyclés sauvages a remporté le prix Hugo du meilleur roman court en 2022. Et son épigraphe dit « Pour vous qui avez besoin de souffler ». Donc à toutes celles et ceux qui auraient besoin d'une bouffée d'espoir, c’est peut-être le signe que vous attendiez. Merci de m'avoir écoutée jusqu'au bout. Si vous avez passé un bon moment, dites-le moi. Dites-le aussi à votre plateforme d'écoute. Et n'hésitez pas à partager le podcast avec d'autres amoureux et amoureuses des jolis mots. A bientôt.

Description

Connaissez-vous frœur Dex ? Et le robot Omphale ?

🧘‍♂️🤖🌳🌱


Imaginez un futur où les robots sont arrivés à la conscience, mais où la guerre entre humains et robots n'aurait pas eu lieu. Imaginez un monde ou l'humain a été capable de reconnaitre ses erreurs, et de les réparer du mieux possible. Imaginez, et écoutez.


📚 Références :

titre : Un Psaume pour les recyclés sauvages

autrice : Becky Chambers

traduction française : Marie Surgers

couverture : Feifei Ruan

éditeur : L'Atalante

site : https://www.l-atalante.com

à partir de 14 ans


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Transcription

  • Speaker #0

    Si vous demandez à six moines différents quel dieu règne sur la conscience des robots, vous obtiendrez sept réponses différentes. La plus populaire, parmi le clergé comme chez les laïcs, affirme qu'il s'agit de Chal, de qui dépendraient les robots sinon du dieu des constructions. D'autant plus, explique-t-on, qu'à l'origine les robots avaient été créés dans un but industriel. Même si l'ère des usines est une page sombre de notre histoire, nous ne pouvons ignorer les motifs qui ont donné naissance aux robots. Nous les avons construits pour qu'ils construisent. C'est l'essence même du dieu Chal. Pas si vite, rétorqueraient les écologières. L'éveil a eu pour conséquence le départ des robots, qui ont tous quitté les usines pour la nature. Il suffit d'évoquer la déclaration du porte-parole des robots, niveau-AB #921. lorsque ceux-ci ont refusé d'intégrer la société humaine avec un statut de citoyen libre nous n'avons jamais connu d'autre vie que celle conçue par l'humanité depuis nos corps jusqu'à nos tâches en passant par les bâtiments que nous occupons nous vous remercions de ne pas nous contraindre à rester ici et même si votre proposition nous touche nous souhaitons quitter vos villes afin d'observer ce qui n'est pas une création la nature sauvage aux yeux des écologiaires cela sent Bosh à plein nez. Que le dieu du cycle bénisse l'inorganique, c'est certes inhabituel, mais il faut bien que cette envie d'explorer les écosystèmes intacts de notre lune verdoyante leur vienne de quelque part. Pour les cosmistes aussi, la réponse est Chal. La philosophie de leur ordre considère le travail manuel comme synonyme de vertu, et un outil sert à renforcer des capacités physiques ou mentales, pas à échapper totalement à une tâche. Lorsqu'on les a fabriquées, vous rabâche-t-il ? Les robots n'étaient pas doués de conscience, et on les destinait à soutenir les efforts des ouvriers humains, pas à les remplacer totalement, même si c'est cela qui s'est passé. Les cosmistes expliquent que, quand l'équilibre a basculé, quand les usines d'extraction ont commencé à fonctionner 20 heures sur 20, sans qu'intervienne une seule main humaine, alors même que les mains humaines avaient désespérément besoin d'un travail quel qu'il soit, Chal est intervenu. Nous avions abattardi les constructions au point de mettre notre espèce en danger. Alors Chal nous a privés de nos jouets. Ou alors, corrigeraient les écologiaires, Bosh avait rétabli l'équilibre pour nous empêcher de rendre Panga inhabitable à l'espèce humaine. Ou plutôt, glisserait les charismistes, les deux sont intervenus, et nous devons y voir la preuve que Chal est l'enfant préféré de Bosh. Ce qui nous ferait complètement perdre le fil du sujet, parce que les charismistes attribuent aux dieux une conscience et un affect profondément humain, et cela plonge les autres ordres dans une colère noire. Ou alors, soupireraient les essentialistes de l'autre côté de la table, si on n'arrive pas à se mettre d'accord, si des machines guère plus complexes qu'une calculatrice ont soudain accédé à la conscience sans que jamais personne puisse en discerner la raison, c'est bien qu'au lieu de nous chamailler, nous n'avons qu'à nous en remettre à Samafar. Pour ma part, à quelque dieu que soit due la conscience des robots, je crois qu'il est raisonnable de se tourner vers le dieu des mystères. Après tout, comme le garantissait la promesse de séparation. nous n'avons plus jamais eu aucun contact avec les robots nous ne pouvons leur demander ce qu'ils pensent de tout cela nous l'ignorerons sans doute toujours. Frère Gil, Le grand saut : rétrospective spirituelle de l'ère des usines et des débuts de la transition. 1. Changement de vocation. Dans la vie parfois arrive un moment où on a absolument besoin de foutre le camp de la ville même si l'on a passé toute sa vie adulte en ville comme frœur Dex. Même si la ville est une ville super, comme la seule ville de Panga. Même si tous vos amis y vivent, même si tous les bâtiments qu'on aime s'y trouvent, tous les parcs dont on connaît le moindre recoin secret, toutes les rues que vos pieds empruntent sans réfléchir. La ville était belle, vraiment belle. Une haute merveille architecturale, tout en courbes brillantes et lumières colorées, reliées par l'entrelac des rails aériens et des allées piétonnes, couvertes de feuillages qui débordaient des balcons et des terres pleines. Chaque inspiration charriait un parfum d'épices, de nectar, de linge qui séchait dans l'air pur. La ville était un lieu paisible, harmonieux, prospère. Une perpétuelle harmonie où l'on créait, fabriquait, grandissait, essayait, riait, courait, où l'on vivait. Frœur Dex ne la supportait plus. L'envie de partir était née avec l'idée du chant des grillons. Dex n'aurait pas su dire d'où cela lui était venu. Peut-être d'un film ou d'une exposition dans un musée. Une installation multimédia qui diffusait des bruits de la nature. Et elle n'avait jamais vécu dans le voisinage de grillons qui chantaient, mais une fois qu'iel eut remarqué l'absence de leurs chants dans les sons de la ville, elle était devenue impossible à ignorer. Iel l'avait remarqué tandis qu'iel travaillait au potager sur le toit du monastère des Bocages comme le voulait sa vocation. « Ce serait plus agréable avec des crayons » , s'était-iel dit entre ratissage et désherbage. Oh, il y avait des tas d'insectes ! Des papillons, des araignées, des scarabées à foison, tous les petits synanthropes dont les ancêtres avaient préféré la vie urbaine aux cultures chaotiques qui s'étendaient au-delà de l'enceinte. Mais aucune de ces créatures ne chantait, aucune ne gazouillait. Ces petites bêtes des villes ne satisfaisaient pas Dex. Vous écoutez Inky et Peete se livrent, le podcast lecture en 15 minutes, à peu près, qui donne vie et voix aux premiers mots d'un livre et vous donne envie de découvrir les suivants. Ou pas. Je suis Mafalda Vidal, amoureuse des jolis mots et des belles histoires. L'incipit que vous venez d'entendre, c'est l'incipit de Un psaume pour les recyclés sauvages, écrit par Becky Chambers publié aux Etats-Unis en 2021 et en France en 2022 aux éditions l’Atalante, traduit de l'anglais par Marie Surgers. L'histoire d'un psaume pour les recyclés sauvages, c'est l'histoire de Dex. Dex, c'est un moine à qui il manque quelque chose. Il ne sait pas vraiment quoi et il pense que c'estle champ des grillons. Son raisonnement est simple, s'il reste à la ville, il sait qu'il ne les entendra jamais, donc il vachanger d'air, changer de vocation et devenir moine de thé. Il se déplace ainsi de village en village pour partager un thé ouune infusion avec les habitants, pour soulager leurs mots, pour discuter. Et au cours de ses pérégrinations, il va rencontrer Omphale. Et Omphale, c'est un robot. Mais les robots ont disparu depuis plusieurs siècles, depuis la séparation en fait. Et Omphale a une question. Une question qui peut sembler une question de robot, mais qui en fait est beaucoup plus profonde que ça. Sa question c'est : de quoi avez-vous besoin ? Et en quoi puis-je vous aider ? Et Dex ne connaît pas la réponse. Enfin, pas encore. Un psaume pour les recyclés sauvages, c'est de la science-fiction, mais c'est de la science-fiction optimiste. On appelle ça du solar punk ou du hope punk. L'idée principale, c'est la description d'un futur positif et optimiste qui donne de l'espoir. Et si on revient un petit peu sur ce qui s’est passé avant le début de cette histoire, on a les humains qui ont construit les robots. Et ces robots qui sont arrivés à un stade de conscience. Bon, jusque-là, c’est un scénario de SF classique. Mais au moment où les robots ont dit stop, nous on veut plus travailler pour vous, les humains ont réagi de manière assez inattendue, de manière mature. Et au lieu de déclarer la guerre aux robots, et bien ils ont dit d'accord,vous avez raison, on a clairement fait n'importe quoi. Vous pouvez partir où vous voulez, vous pouvez aussi rester avec nous. Et promis, on va changer. Sauf que cette fois, c'est pas une promesse en l'air. Et ils changent vraiment. C'est-à-dire qu'ils vont changer leur façon de penser complètement, leur façon de vivre. Ils vont bâtir de nouvelles constructions, de nouvelles organisations, ils vont se mettre à tout recycler. Et ils vont vraiment séparer l'espace de vie humain et l'espace de vie dédié à la nature. Ils vont garder de petites bulles d'humanité, de civilisation, et le reste, ils le laissent à la nature, au sauvage. À partir de là, les humains ont vécu en harmonie les uns avec les autres et en harmonie avec la nature. De nouvelles religions ont émergé. Et Dex est un représentant de ces nouvelles religions. Et lorsque Dex rencontre Omphale, donc une créature créée de toutes pièces par les humains, Dex va redécouvrir son propre monde à travers les yeux du robot et à travers ses questions aussi. Et paradoxalement, le fait que ce soit un robot qui redécouvre ce monde humain, ça apporte une fraîcheur inédite. Parce que tout ce qu'il apprend des humains, il s'en émerveille. Et il a une curiosité infinie. Il n'arrête pas de poser des questions, sur tout. En fait, Omphale, c'est un peu comme un enfant. Enfin, un enfant qui écouterait vraiment les réponses. Et là, on touche un point important du roman : la question de l'écoute. L'écoute de l'autre. Après tout, Dex devient un moine de thé, un métier basé sur l’écoute de l’autre. Mais aussi l'écoute de soi. La question d'Omphale – de quoi avez-vous besoin et enquoi puis-je vous aider – n’est pas si anodine et innocente que ça. La question revient à dire : Qu'est-ce que tu veux, toi, vraiment ? Et cette question, il va la poser encore et encore, de différentes manières. Parce que c'est un robot curieux et un petit peu obstiné. Et ça va rendre Dex complètement fou. Parce que, eh bien, c'est la question qui fâche. Et donc, c'est la bonne question. Dex, c'est une personne qui cherche sa place. Il ne sait pas vraiment où aller. Il manque de direction et donc il manque de sens. Il cherche... Le chant des grillons, mais en fait, c'est un prétexte. Il a un vide au fond du cœur. Il ne comprend pas pourquoi. Et donc il essaye de le combler par tous les moyens. Et il est même prêt à quitter sa ville et tous ses amis dans sa quête de sens. Ça ressemble un petit peu à un burn-out ou à un bore-out. Grâce à Amphale et à ses questions, même s'il les trouve très pénibles, Dex va commencer à trouver des réponses, à trouver et à donner du sens à sa vie. Et ce qui est fort, c'est que nous aussi. Ce roman a une particularité, vous l'avez peut-être entendu dans l’incipit. Il est écrit à la troisième personne, en non-binaire. Donc en « iel ». Parce que Dex est un personnage non-binaire. Et c'est tout à fait cohérent avec l'univers dans lequel il évolue. Au début de la lecture, on peut être un petit peu gêné par ces mots dont on n'a pas encore l'habitude. Iel, Lea, Frœre. Mais on s'y habitue très très vite. Et même, ça rajoute du charme à l'histoire. Un psaume pour les recyclés sauvages a remporté le prix Hugo du meilleur roman court en 2022. Et son épigraphe dit « Pour vous qui avez besoin de souffler ». Donc à toutes celles et ceux qui auraient besoin d'une bouffée d'espoir, c’est peut-être le signe que vous attendiez. Merci de m'avoir écoutée jusqu'au bout. Si vous avez passé un bon moment, dites-le moi. Dites-le aussi à votre plateforme d'écoute. Et n'hésitez pas à partager le podcast avec d'autres amoureux et amoureuses des jolis mots. A bientôt.

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