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Innover dans le Monde de l'Art

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23min |25/06/2024
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Innover dans le Monde de l'Art

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Description

Bienvenue sur Visions Communes : des épisodes d’une trentaine de minutes en duo avec Axelle Delorme, où nous intervenons sur des thématiques philosophiques ou plus pragmatiques en relation avec le monde de l’art et la création. ✨


👯‍♀️ Axelle est mon associée sur les ART DATINGS et lorsque nous parlons de notre rencontre, nous disons souvent que nous nous sommes rassemblées autour d’une vision commune.
Au lieu de garder pour nous toutes les conversations où l’on refait le monde (de l’art), nous vous les partageons désormais dans ces capsules audio.


Bonne Ă©coute !



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LE PODCAST 

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Instagram de Maison SĹ“urs : https://www.instagram.com/maisonsoeurs_/


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Bienvenue sur Innover dans le monde de l'art, le podcast dédié aux personnalités qui construisent le monde de l'art de demain. À travers ces épisodes, je vous permets de décrypter les coulisses de ce secteur pour pouvoir mieux l'aborder et si vous le souhaitez, vous y aventurez à votre tour. Je suis Lise, hôte de ce podcast et cofondatrice des Art Dating, des accompagnements personnalisés, des formations et des événements qui permettent aux artistes de mieux valoriser leurs démarches, de déployer leur potentiel et d'élargir leur réseau. Vous pouvez retrouver le podcast et les Art Dating sur Instagram. Aujourd'hui, je reçois Margot Bossard, restauratrice d'œuvres d'art spécialisée dans les œuvres contemporaines. Une spécialité peu commune dans ce domaine, et vous le verrez, pleine de défis. Margot nous emmène en immersion, du moins en parole, dans son métier, que ce soit à l'atelier ou en dehors. Nous avons aussi échangé sur tout l'aspect éthique qui encadre son activité, et vous verrez, elle nous offre même généreusement quelques conseils préventifs. J'ai adoré l'écouter parler de son métier unique et de la manière dont elle l'aborde. J'espère alors que cet épisode mettra un petit peu de lumière sur ce métier de l'ombre du milieu de l'art. Bonne écoute ! Bonjour Margot, comment vas-tu ? Je vais bien,

  • Speaker #1

    ça va très bien et toi ?

  • Speaker #0

    Eh bien ça va très bien, merci beaucoup d'être là. Donc Margot, tu es restauratrice d'œuvres d'art et tu as choisi une spécialité qui n'est... Pas n'importe laquelle, puisque tu as décidé de te consacrer à la restauration d'œuvres d'art contemporaines. Alors, ça peut paraître un peu classique, parce que quand on est historien ou historienne de l'art, beaucoup de personnes se spécialisent dans l'art contemporain, mais dans le cadre de la restauration d'œuvres d'art, tu nous en diras un petit peu plus, ce n'est pas une spécialisation qui est si commune. Mais dans un premier temps, ce que je vais te demander, c'est de me raconter comment s'est faite, toi, ta rencontre avec le milieu de l'art de manière générale. Merci.

  • Speaker #1

    Tout d'abord, merci Lise de m'accueillir dans ton podcast. C'est assez touchant pour moi, puisqu'en fait, on a commencé nos projets respectifs au même moment. Et puis, je constate en étant ton invitée que tout se passe pour le mieux pour toi, tout comme moi. Donc, je t'en remercie spécialement. Alors, depuis que j'étais toute petite, j'ai toujours voulu faire le métier de restaurateur, depuis que je suis toute petite, en ayant vu un reportage à la télévision. Mais avant ça, je ne sais pas si... Ma carrière, disons, trouve sa source ici, mais je dirais que mon premier contact avec l'art qui m'a fait pressentir que j'allais aimer ça, je crois que c'est avec une œuvre de Jean-Baptiste Corot. Souvenir de Mort-Pontel, qui est un tout petit tableau exposé, je crois, au Louvre. Et chez ma grand-mère, dans la salle à manger, il avait une représentation de cet oeuvre, monumentale en tapisserie. Dans mes souvenirs, ça paraissait vraiment gigantesque, puisque j'étais petite. Et puis, cette heure, j'étais dans la salle à manger, et à chaque repas de famille, j'étais face à elle, et je m'amusais toujours à me perdre dans la représentation, et à m'imaginer être vraiment au cœur de l'œuvre et au cœur de... de ce qu'elle représentait, à savoir, je crois que c'est dans un paysage, et il y a, dans mes souvenirs, ce sont des jeunes filles qui cueillent des fruits au bord d'un lac. Alors je m'imaginais que j'allais me balader en forêt, au préculaire, que j'allais cueillir avec ces bonnes petites filles des fruits dans les bois. Oui, parce que j'aimerais que j'en ai un souvenir assez particulier et nostalgique. Je t'aime pas, je t'aime pas. Que tout naît de l'art, mais en tout cas, ça m'a laissé un souvenir très fort.

  • Speaker #0

    Donc tu as cet amour de l'art qui naît assez jeune, finalement. Mais quand tu es restauratrice d'œuvres d'art, il faut aussi être très habile techniquement parlant. Est-ce que tu avais un amour du dessin, un amour de la créativité, par exemple ?

  • Speaker #1

    Quand j'étais très petite, oui. Et en fait, au fil des années, plus j'ai grandi, je dirais qu'à partir de mes deux licences, on commençait à... Bye bye plus éloigné de ça, mais je me suis rendu compte que je n'avais pas assez d'imagination pour pouvoir me plaire dans la création, pouvoir dessiner, peindre, etc. Je mets beaucoup les travaux manuels, il fallait être habile, mais tout ce qui suscitait l'imagination et la créativité, au fur et à mesure, c'était devenu compliqué, d'autant plus que... En parallèle du lycée, je faisais des cours d'art appliqué dans une école, vraiment à titre de loisir. Et puis j'ai remarqué qu'en fait cette frustration, elle naissait de plus en plus et que j'avais moins de goût à y aller parce que j'avais cette pression de dire que j'arrive à avoir de l'imagination pour faire quelque chose.

  • Speaker #0

    Tu vas en école de restauration d'œuvres d'art, tu fais directement ça après ton bac ?

  • Speaker #1

    Oui, j'ai utilisé l'histoire de la règle. Comme je te le disais, depuis que j'étais plus petite, j'avais envie de faire ça. Après, c'est vrai qu'en grandissant, j'avais l'autre ambition et l'idée. Parfois,

  • Speaker #0

    je suis quelquefois aussi un peu farfelue.

  • Speaker #1

    Mais au final, à partir du lycée, et plus précisément à partir de la terminale, mon choix a été fait et je savais que je devais le faire. restaurer des hommes d'art, mais la difficulté étant que c'est vraiment une filière de niche. Et donc oui, je me suis décidée à être restauratrice d'hommes d'art quand j'étais en terminale. Mais d'une part, l'école que j'avais repérée, qui est l'école Gondée, était située à Paris. Je suis aux aînés du nord de la France. Et donc déjà d'une part à 17 ans, à l'occasion de mon bac ou de mon mariage, c'était pas une déclination, je me sentais pas mature pour ça. Et puis d'une autre part... En fait, je ne trouvais pas légitime de commencer ce cursus en me connaissant très sérieusement. Pour moi, c'était logique de d'abord étudier les œuvres d'art et ensuite pouvoir aspirer à les conserver et à les restaurer. Il faut forcément connaître l'œuvre et son histoire pour pouvoir agir sur elle et bien agir sur elle.

  • Speaker #0

    C'est un métier qui se pratique beaucoup en indépendant ?

  • Speaker #1

    Alors il y a deux cas de figure. Les restaurateurs qui travaillent pour les institutions publiques, les musées, et après il y a toute une partie qui travaille de manière indépendante et surtout pour des hôtels privés, privés de professionnels, des galeries. des marchands, des maisons de vente, etc. Et puis, une autre partie, plutôt des collectionneurs. Collectionneurs et Amazon.

  • Speaker #0

    Et toi, en plus, en tant qu'indépendante, j'ai l'impression que tu es dans chaque maillon de la chaîne. Tu n'es pas juste exécutante, tu es aussi à la partie un peu R&D, même si tu essayes de ne pas trop y donner de tasse, la partie commerciale aussi. Donc, c'était un choix pour toi d'exercer en indépendante pour ça

  • Speaker #1

    C'est pas le choix.

  • Speaker #0

    Ça s'est fait naturellement.

  • Speaker #1

    C'est pas le choix. Puisque être embauchée dans un atelier en France, c'est pas possible. C'est pas possible puisque généralement, c'est des salariés à utiliser. On fait un compte en Europe. Tu travailles un peu contre, mais tu te rends compte d'un atelier, ce qui n'est vraiment pas intéressant. Et puis il y a aussi le fait que de tous les ateliers que je peux connaître ici à Paris, il n'y en a pas un dans lequel Je peux me retrouver et être heureuse dans la manière d'appréhender les œuvres ou de les restaurer.

  • Speaker #0

    Qu'est-ce qui te rend heureuse dans la manière d'appréhender et de restaurer les œuvres ?

  • Speaker #1

    Je sais ce que je n'aime pas, ça c'est sûr, mais en fait je pense que j'aime bien et j'apprécie surtout prendre mon temps. Prendre le temps d'observer l'œuvre, de la voir pour soi, et puis de l'obscruter des moindres détails.

  • Speaker #0

    Il y a très peu d'ateliers qui embauchent ou qui recrutent des personnes, et en plus j'imagine en particulier dans l'art contemporain, parce qu'on ne l'a peut-être pas assez souligné, mais c'est quand même une spécialisation qui est... très rare en France en tout cas, vous êtes assez peu à le faire non ?

  • Speaker #1

    Oui, donc il y a d'autres restaurateurs qui se disent spécialisés en art contemporain, mais qui pour autant en parallèle travaillent aussi sur des œuvres anciennes, et donc c'est une collection qui… qui m'épreuve, c'est le principe de l'inviction. Mais pour moi, on ne peut pas jongler de l'un à l'autre. Forcément... Si on fait ça, au bout d'un moment, il y aura forcément une erreur d'interprétation ou un geste qui sera maladroit et ça peut être dangereux. Je n'aime pas beaucoup dire ça par superstition, je pense, mais je pense que je suis en tout cas libre d'erreur à consacrer mon travail de conservation et restauration uniquement aux arts contemporains. Merci. Je ne l'ai pas précisé, mais je pense que c'est important de le dire, pour moi, par contemporain, c'est les œuvres à partir de la précarité.

  • Speaker #0

    Et tu disais aussi que c'était très niche, et donc est-ce qu'en conséquence, c'est très difficile de rentrer dans une école de restauration d'Evreda ? Sur quels critères on te sélectionne ?

  • Speaker #1

    Les critères sont très différents d'une école à une autre. L'école mondiale est une école privée, en parallèle à Paris il y a deux autres L'école publique, il y a une formation à la CETEPOL et une autre à l'INP, l'Institut National de la Tribune. Pour entrer dans ces écoles, surtout l'INP, c'est sur concours, c'est un programme qui est extrêmement compliqué. Et généralement, ceux qui passent le concours, Ils se sont préparés par exemple en faisant l'école que j'ai faite, souvent en trois ans, voire même en cinq ans, pour pouvoir juste uniquement passer le concours, sans forcément aussi être pris. Et pendant ce concours, c'est des épreuves de copie, de dessin, mais quand même à la dernière poussée. Il y a aussi... Des questions scientifiques, on demande également de faire un constat d'une heure, de proposer un traitement. Donc en fait, c'est des choses vraiment déjà précises qu'on apprend normalement à l'école, qui sont déjà demandées dans l'avenir. À l'école, l'admission se fait sur un quotidien.

  • Speaker #0

    Avant,

  • Speaker #1

    il y a un petit test de culture générale qu'on a à faire. Et après, c'est sur l'entretien, des motivations, d'écrire ses aptitudes. Il faut aussi quand même montrer un book. Mais on ne sait pas, s'il n'y en a pas, ce n'est pas quelque chose qui est bon. qui est illuminatoire. Et je dirais qu'en fait, l'éclatement se fait petit à petit dès la première année. La première année, on est vraiment vraiment en train. Moi en 2016, quand j'étais en fin de l'année, je crois qu'on était le grand groupe de vente. Là, je crois qu'actuellement, c'est des classes de plus de 60, 60-80 personnes. Et par exemple, à la fin de mon cursus, dans ma spécialité, on était le plus simple. Donc, l'éclairage, c'est fait dès la première année, puisque c'est énormément de travail, et c'est beaucoup de connaissances à acquérir dans plusieurs domaines très différents, les sciences, l'histoire de l'art, les sciences de matériaux, le dessin, la copie. Il y a aussi un peu la première année de création artistique. Et souvent, les élèves se rendent compte d'eux-mêmes que ce n'est pas fait pour eux. Ou bien on leur fait savoir qu'ils ont de trop grosses lacunes dans un domaine et donc on les remonte vers une filière qui est mieux pour eux.

  • Speaker #0

    C'est quand même très complet. Il n'y a pas beaucoup de formations qui ont à la fois ce côté intellectuel et en même temps le côté pratique. C'est fascinant, ça donne vraiment envie de voir comment ça se passe de l'intérieur. Et ma question venait de là, parce que des fois il y a des choses où on se dit qu'on peut toujours apprendre en étant formé. Mais quand on voit comment sont faites les sélections, en particulier à l'INP, on voit que quand même les personnes attendent un certain talent déjà présent. Est-ce que toi tu penses que tout le monde avec de l'entraînement peut réussir à faire ça, comme dans d'autres métiers, ou bien il faut quand même avoir une certaine aptitude au préalable ? Est-ce que tu as rencontré par exemple des profils de personnes qui n'étaient pas forcément excellentes en dessin, qui ont eu des entretiens ? dans ton école et qui se sont avérées avoir une progression assez impressionnante au fur et à mesure ?

  • Speaker #1

    J'en suis l'exemple même, je suis à un niveau catastrophique en dessin, parce que je n'aime pas ça. Je sais que c'est surprenant de dire ça et c'est peut-être pas rassurant, mais j'ai eu l'horreur, pendant mes études, j'avais eu l'horreur du dessin et de la copie. Et pour ma part, quand je n'ai pas quelque chose, je n'y arrive pas. Une forcée, je n'y arrivais pas et j'étais très nue là-dedans. Mais je compensais beaucoup en étant, par exemple, en ayant beaucoup de connaissances en histoire de l'art, ou en ayant une bonne technicité dans les travaux pratiques de restauration, ou encore avoir une bonne logique dans les sciences de matériaux. Donc rien n'est perdu, mais je pense qu'il y a quand même des matières et des qualités qui sont essentielles, comme par exemple le fait justement de ne pas avoir d'imagination et de créativité, parce que ça c'est même dangereux quand on est restaurateur, puisque quand on a vraiment cette aptitude qui est très développée, on a peut-être tendance à réinterpréter une œuvre. Ce qui est absolument très possible.

  • Speaker #0

    Quand tu parles des dérives comme ça, ça me fait penser un peu comme dans certaines professions, il y a une certaine éthique. Dans la médecine, ça va être le serment d'Hippocrate, par exemple. En restauration d'œuvres d'art, vous avez des valeurs vraiment qu'on vous inculque de façon très transparente, comme ça.

  • Speaker #1

    Il y a un code déontologique aussi.

  • Speaker #0

    Un code déontologique, c'est ça.

  • Speaker #1

    Un restaurateur. Mais c'est intéressant que tu poses cette question parce qu'en fait, ce code déautomagique, il n'est pas forcément adapté dans les cas de la conservation et restauration des œuvres d'art contemporaines.

  • Speaker #0

    Ah d'accord.

  • Speaker #1

    Parce que ça fait appel à des valeurs qui ne sont pas vraiment applicables aux œuvres d'art contemporaines. Je n'ai plus le texte sous les yeux, mais j'avais étudié ça, si tu me parles de mon mémoire, mais il y a vraiment des incohérences. Donc, moi je suis très honnête, je ne dis pas que j'adhère à ce code éthique parce que je ne peux pas, mais pour certains points, mais globalement, il y a des choses à respecter et à suivre.

  • Speaker #0

    C'Ă©tait parti dans l'optique de restaurer des Ĺ“uvres d'art plus ou moins anciennes. Qu'est-ce qui t'a fait switcher d'opinion ?

  • Speaker #1

    Pour rester polie, ça m'a progressivement profondément ennuyée puisque ce sont des analyses et des gestes qui sont très réparbatifs. Une peinture à griffes, la dépression, la laitoie, la dévergure, s'il y a quelque chose à faire au support, un petit peu d'ermestique, une reverie, un peu de touche, c'est quasiment toujours un truc, sauf des cas exceptionnels où il y a un travail ou autre à faire actuellement, mais sinon c'est toujours une chose. C'est un aspect qui moi m'a... J'étais presque à un moment dégoûté du métier. Et puis je me suis beaucoup remise en question à ce moment-là. D'autant plus qu'au même moment, quand je commençais aussi à m'intéresser à la restauration de la Contemporée, j'ai fait aussi quelques stages, des ateliers sur papier spécialisé dans le forum. En fait, quand j'y étais, je me suis rendue compte que, un, ce n'était pas le cas, et deux, Le traitement des heures n'était pas assez optimale. Et donc j'ai eu cette remise en question de par le fait de... Est-ce que j'ai envie dans ma vie de toujours voir mes deux fautes et de faire toujours la même chose ? Et un autre, est-ce qu'il est possible de restaurer la propre ? J'ai envie que j'en vive.

  • Speaker #0

    Il y a un côté presque répétitif dans la manière dont ils sont les œuvres d'art plus anciennes, parce qu'on connaît très bien. Les matériaux, la manière de faire, toi tu avais besoin d'un petit peu de challenge aussi, de nouveautés. Ce n'est pas la voie de la facilité, mais au final, ça te stimule beaucoup plus.

  • Speaker #1

    Oui, ça me stimule plus, ça me stresse plus aussi. J'espère quelquefois quand on me présente une œuvre, j'essaie de me faire ressentir, d'avoir énormément confiance en moi. Oui, bien sûr, on va faire quelque chose, c'est possible. Je dis pas que c'est nul, ça va être fait, que c'est faisable, ça va être fait. Je dis oui, c'est possible, ça fait très plaisir. Et puis, l'instant d'après, je me dis, mais qu'est-ce que c'est que ça ? Je ne vais jamais y arriver, mais c'est impossible. Comment est-ce que je vais faire ? Et il se passe du temps, beaucoup de temps. Et puis, au final, je m'y mets et c'est bon, je m'arrête. C'était pas... C'est pas assez compliqué que ça, si je n'ai pas, je vais le faire. Mais à chaque fois,

  • Speaker #0

    je sais toujours qu'à ça,

  • Speaker #1

    il y a toujours ce moment où je me dis, mais Margot, pourquoi il faut toujours que tu fasses, que tu en fasses toujours à ta tête, que tu passes toujours autrement, et que tu te trouves dans des situations comme ça qui sont impossibles, et que tu ne passes plus à ta faute.

  • Speaker #0

    En plus, tu es un petit peu seule dans ton problème, vu que Vous n'êtes pas beaucoup à faire ce que tu fais, tu peux pas trop appeler une collègue ?

  • Speaker #1

    Oui, je peux toujours demander conseil à d'autres restaurateurs. De toute façon, tout agit et va apprendre. J'ai gardé aussi contact avec un atelier, j'ai dit avec un stage de sale qui m'avait aidée dans les voies de vue.

  • Speaker #0

    Vous êtes très peu nombreux à restaurer l'art contemporain, mais est-ce que c'est pour des raisons structurelles aussi, dans la manière dont vous êtes formée ?

  • Speaker #1

    C'est vrai que vendre un vieux face métier, en tout cas pour ma part, moi, quand j'ai vendu face métier, c'était pour toucher des œuvres d'art anciennes, c'était pas pour restaurer une barrière qui a été peinte la veille. Et donc je pense qu'il y a aussi ce souci peut-être de légitimité aussi. On peut se dire qu'en contrastant avec la contondance de la restauration, ce n'est pas utile, ce n'est peut-être pas non plus une flat-term, alors que c'est absolument passionnant.

  • Speaker #0

    On va venir petit à petit au sujet de la restauration d'œuvres d'art contemporaines, parce que tu as commencé à nous le dire, il y a vraiment des spécificités. Déjà, on peut avoir ce biais de se dire qu'il n'y a que les œuvres anciennes qui s'abîment avec le temps et donc qui ont besoin de restauration. Éventuellement, on peut s'imaginer qu'une œuvre d'art contemporaine a besoin d'être restaurée parce qu'elle a été cassée, abîmée. Mais est-ce qu'il y a d'autres raisons, en dehors de la casse accidentelle, qu'une œuvre d'art contemporaine aurait besoin d'être restaurée ?

  • Speaker #1

    Il y a du temps aussi, mine de rien. Il y a des matériaux qui peuvent se fragiliser et se détériorer très rapidement. Donc il y a comme tu le dis des accidents, que ce soit dans le lieu où est exposé ou consacré l'œuvre. Aussi des accidents de transport, ce qui arrive très souvent, d'autant plus que le marché de l'art contemporain est un marché extrêmement magnifique, où une œuvre peut être vendue aujourd'hui aux États-Unis, elle va partir dans une phase de 12 heures. Elle part dans son 12h, il faut qu'elle se rende et que ça monte le tas. On ne sait pas en quel tas elle va arriver là-bas. Et puis peut-être qu'une fois récupérée chez le collectionneur, ça ne lui plaira plus. Et puis il va décider d'avoir besoin d'en ajouter une autre. Et trois semaines après, elle va se retrouver encore au bout du monde. Et ça, c'est le lot de beaucoup de vos dards. Il y a aussi... Les problématiques liées au déconseil sur l'œuvre, au vandalisme. Il y a beaucoup de choses qui ont été réalisées.

  • Speaker #0

    C'est lié aussi aux matériaux de l'art contemporain qui sont différents. Je le sais parce qu'on s'en était parlé en offre. On n'allait pas imaginer que j'ai des connaissances hyper poussées et abouties. Mais tu m'expliquais en offre, quand on s'était rencontrés, quand on avait discuté avant de faire le podcast, que par exemple les pigments de la peinture n'étaient pas les mêmes que dans les œuvres anciennes et que parfois les œuvres contemporaines... Il peut se détériorer beaucoup plus vite ?

  • Speaker #1

    Oui, il y a les pigments, il y a les liens, il y a aussi les nouveaux médiums. Par exemple, il y a deux cas de figure. Soit oui, effectivement, ça peut se détériorer plus vite, soit ça peut aussi se détériorer plus facilement et dans d'autres conditions qui sont plus accessibles que les conditions de détérioration que les œuvres. anciennes, traditionnelles, par exemple le cas des Ventures acryliques, qui est quand même assez très commun dans la production artistique de Vigo depuis les années 60. Il y a vraiment des contraintes de température à respecter puisque techniquement la température de transition vitreuse de la peinture acrylique est de 25 degrés, ça veut dire qu'à cette température les composants du matériau vont être modifiés et donc ça va modifier les caractéristiques de la peinture et maintenant c'est ce que j'ai mis. Ce qui peut causer des soucis de dépropression ou bien des soucis de défaçon, puisqu'elle peut plus facilement s'immiscer sur la peinture et rester en rustique. Il y a également le cas de la peinture à l'huile qui est un médium qui a été utilisé. pas de tout au long mais dès le 15ème siècle. Mais pour autant les peintures actuelles déjà ne sont pas les mêmes et en plus de ça, une peinture à l'huile qui a moins de 100 ans n'aura pas non plus les mêmes caractéristiques physico-chimiques qu'une peinture qui est plus ancienne que ça. Donc là aussi ça va... Ça peut poser des soucis de conservation et après des soucis d'intervention sur l'œuvre. Et puis après, il y a l'usage de matériaux et d'objets qui ne sont pas initialement conformes à la production artistique. Et en plus, ça peut être des objets prévisibles. Il y a aussi des assemblages, soit de peintures, soit de matériaux qui sont contradictoires et qui peuvent de même altérer l'œuvre. Par exemple, actuellement, je travaille sur l'exemple de Louis Sarrel, qui sera d'ailleurs prochainement exposé en Suisse, où le souci pour une partie de ses œuvres... La partie scénarque qui a été conçue, ce sont des peintures acryliques sur toile montées sur le châssis. Et sur ces peintures, il y a des sortes de tasseaux. Je n'ai pas su cerner le matériau précisément. Ça ressemble à du carton, mais en même temps, c'est assez plastifié. Ce matériau est découpé, peint, coupé et collé sur la toile. Et en fin de compte, c'est un matériau qui est beaucoup trop solide par rapport à la toile. Et donc, en fin de compte, les variations de tension de la toile vont faire que ces morceaux, ces tasseaux vont se décoller. Et encore, ça va, dans ce cas-là, ça se décolle, mais ça peut engendrer aussi...

  • Speaker #0

    carrément la revulsion de la toile.

  • Speaker #1

    Quand tu parlais de la peinture acrylique, alors oui, beaucoup d'artistes utilisent la peinture acrylique. Et c'est vrai que tout ce que tu dis à ce sujet amène à se poser la question du choix des matériaux quand on est artiste et quand on est collectionneur d'art, de bien faire attention aussi, pas seulement à l'esthétique de l'œuvre, mais à quels matériaux ont été utilisés. Je pense que tout le monde n'y fait pas très attention, surtout si on débute. Est-ce que tu aurais des... Des conseils, par exemple à destination des artistes, pour faire des œuvres qui soient durables, mais toujours avec peut-être un budget pas trop exponentiel, parce que c'est très bien quand on commence, on n'a pas un énorme budget pour ses matières premières.

  • Speaker #0

    Par provocation, je dirais de ne pas faire attention. Parce que pour moi, un artiste ne doit pas se limiter. Il doit vraiment profiter de la créativité et de l'imagination qu'il a pour faire ce qu'il a envie de faire et donc d'utiliser les matériaux qu'il souhaite, de les assembler comme il souhaite. Après par la suite ce sera le problème de restaurateurs comme moi. Mais après si vraiment c'est le but de l'artiste de créer une œuvre qui soit... qui sont d'ailleurs immortelles, je lui conseillerais de faire comme les peintres flamands du XVe siècle, de retourner à la technique de la peinture à l'huile et de savoir l'exécuter brillamment, puisque avec énormément de siècles de recul, On se rend compte que ce sont les types de peintures qui sont vraiment les mieux conservées et qui sont dans un état très exceptionnel.

  • Speaker #1

    C'est comme dans tout, c'est les techniques de grand-mère, ils sont toujours les meilleurs. Et quelle est la place de la science dans tout ça ? Parce que tu as parlé de matière scientifique en école. Là, je ressens que tu étudies plein de matériaux différents. Quelle est la place de la science dans ton métier ?

  • Speaker #0

    Je suis en train de me faire un petit déjeuner. Et ce qui n'est pas moi en particulier, je me renseigne auprès de chercheurs et de scientifiques qui ont vraiment cette capacité d'étudier les matériaux extérieurs ou pas que. En fait, dans le métier de conservateur et de conservateur, je pense qu'il faut distinguer deux types de... De personnalité ou de compétence, il y a le restaurateur exécutant qui va manuellement, techniquement restaurer les œuvres d'art. Et puis, à côté de ça, il y a le restaurateur-chercheur qui, lui, travaille dans un laboratoire. C'est un laboratoire, un musée public, un laboratoire privé, et qui va se pencher sur des problématiques scientifiques. à un matériau, à un artiste, à un artiguier, ou bien à une technique de restauration. De moi-même, je n'analyse pas scientifiquement les matériaux, mais je me renseigne près de ces opératoires qui publient régulièrement leurs recherches. En France, assez peu, à l'étranger surtout.

  • Speaker #1

    Ils te servent de leurs études, mais quand même pouvoir les décrypter.

  • Speaker #0

    Oui, ça c'est quelque chose qu'on apprend longtemps. des études de conservation et restauration. On est même aussi amené à proposer, en sujet de recherche technico-scientifique, de l'exécuter et d'analyser les résultats de cette recherche. Et puis ça demande énormément de temps, et en plus du temps qui ne peut pas être facturé, parce que je ne vais pas expliquer en disant que j'ai ce problème-là, je vais devoir réaliser ceci, réaliser cela, pour ça je vais devoir créer aussi les chantiers et puis les observer avec. Merci. Avec des outils, ou devoir faire des mesures de brillance et de couleur, voilà, puis je vais me placer six mois dessus, et puis je vais m'effectuer. Il va me dire, pour être polie, il va me dire merci. Donc c'est pour ça aussi que c'est deux choses très différentes.

  • Speaker #1

    Mais c'est super intéressant parce que ça permet de voir tous les métiers, entre guillemets, de l'ombre. du monde de l'art parce que quand on pense au monde de l'art, on pense galerie, on pense agents, on pense artistes évidemment ou personnels des musées mais en fait il y a des scientifiques moi je trouve ça fascinant qui travaillent à étudier comment restaurer au mieux les œuvres d'art, qui étudient les matériaux il y a des personnes comme toi qui sont peut-être intervenues sur des tableaux sans même qu'on s'en rende compte parce que je pense que c'est ça aussi l'objectif c'est qu'on ne voit pas qu'il y a eu des résultats restauration. Donc je trouve que ça illustre bien tout ce panel de métiers.

  • Speaker #0

    Et pour revenir à ta question de, ne restons pas d'art traditionnel, mais d'art actuel, disons, par contemporain, en fait, au-delà des matériaux qui sont dans le problème de la technologie, il y a aussi quelque chose de très autrement. Par rapport à eux, qui sont plutôt là et qui suivent, par exemple, dans le temps politique, c'est un peu plus... Jusque dans les années 10-20, les matériaux dans l'œuvre servaient à servir l'image. L'image d'une œuvre, d'une peinture est possible grâce au matériau. Et je dirais à partir des années 10-20, avec par exemple les emails de Michel pour l'enseignement, on fait en compte le matériau, le circuit de support à l'image, le matériau... Le vidéo va servir de son soin à l'oeuvre et va être parfois même le sujet de l'épreuve. Là aussi, ça pose des questions particulières, puisque, par exemple, si j'agis sur un matériau qui fait partie intégrante de l'œuvre et du sujet de l'œuvre, est-ce que je ne vais pas altérer le sujet même de l'œuvre ? Donc, clairement, ce sont des questions qui peuvent être compliquées, particulières, mais... C'est mieux si je donne un exemple concret avec par exemple le collectif Présence Confumette. Je pense que ça se dit comme ça. C'est pas énormément connu. Ils ont fait surtout des assemblages d'objets assez focs et ils utilisaient surtout des... des objets trouvés par exemple dans les rubènes. Et j'ai ce souvenir d'une œuvre qui a été faite avec, par exemple, des tableaux trouvés dans la rue qui étaient percés, déchirés, etc. Là, dans ce cas-là, dans une grande chose, l'additionnaire nous dit, oui, ces tableaux, on va les contrôler, on va reprendre les déchirures, et puis on va les retoucher. D'accord, mais là, dans ce cas-là, si on veut ça, si on prend ce tableau, si on les entendait trop belles, et qu'on l'envoie, on reprend les déchirures, on le touche, on compte, là, il n'y aura plus de sens.

  • Speaker #1

    D'où aussi le fait de bien connaître l'histoire des tableaux. Bon, écoute, on va passer aux questions signatures. Pour terminer cette interview, première question, c'est selon toi, de quoi le monde de l'art a-t-il besoin ?

  • Speaker #0

    J'ai deux réponses. Une réponse plutôt professionnelle et une assez plus personnelle. Je dirais que le monde de l'art avait besoin de plus de précautions et de moins de sérieux.

  • Speaker #1

    C'est déjà ressorti, le fait de moins se prendre au sérieux.

  • Speaker #0

    Je pense que c'est précaution dans le sens où il faut quand même prendre soin des objets d'art, même si ça fait partie de la vie, même si ça peut être un objet commun. Il faut vraiment prendre ces dispositions, que ce soit fin collectionneur, que ce soit professionnel, galerie, etc., pour conserver ses œuvres, parce que... Si on a une maladresse ou si on fait une erreur dans la manière de conserver l'heure, ça peut être catastrophique. Ça, c'est la conscience professionnelle qui parle. Et le moins sérieux, ce que j'ai besoin de justifier.

  • Speaker #1

    Je pense que chacun comprend implicitement ce que tu veux dire.

  • Speaker #0

    Moi, je suis moins sérieuse dans le sens, oui, se prendre.

  • Speaker #1

    Oui, c'est ça. Sinon, ce serait contradictoire avec la première partie de ta réponse, mais je pense qu'on voit tous très bien ce que tu veux dire. Deuxième question, quel est ton meilleur souvenir en rapport avec le milieu artistique ?

  • Speaker #0

    C'est pas facile parce que j'aime beaucoup.

  • Speaker #1

    Tant mieux, tant mieux.

  • Speaker #0

    Je ne sais pas si c'est mon meilleur souvenir, mais je dirais que c'est ma grande surprise. C'est ma rencontre avec Beauty Chevy, ou en tout cas plutôt ses œuvres, au Galerie des Offices de Florence, et particulièrement le printemps. Alors moi, jusque-là, je ne sais pas, c'était peut-être en 2017, Moi, jusqu'à ce moment-là, le chéli, je me souviens, c'était bien plein, c'était mignon, mais bon, c'est pas ma tasse de thé. Et quand je me suis retrouvée face au printemps, j'ai trouvé ça d'une beauté tellement rare et qui pourtant contrastait avec ma vision de... de l'artiste et de sa production. Et j'ai trouvé ça tellement beau, ça m'a beaucoup émue, et je me suis dit, moi qui ne crois pas en Oran, moi qui ne crois en aucun dieu, je me suis dit, il y a forcément quelque chose de sacré là-dedans, que ça soit aussi merveilleux.

  • Speaker #1

    ça donne presque des frissons je rêverais d'aller voir ce tableau parce que c'est vrai que c'est tous des chefs d'oeuvre qu'on connait que dans les livres et il y a quelque chose en plus qui se passe comme tu le dis quand on le voit en vrai donc avec plaisir pour aller voir ce tableau et ma dernière question c'est est-ce que tu peux nous parler d'un objet ou d'une oeuvre d'art qui t'accompagne au quotidien je vais bien parler il y a donc un peu de champ dans cette petite partie c'est une

  • Speaker #0

    Petite loupe qui se... C'est un objectif macro qui se... Je me mets sur le téléphone d'Adepte et qui permet en fait de voir tous les petits détails d'une œuvre d'art et c'est quelque chose qui est à chaque temps mauvais. Si je crois que je dois examiner une œuvre d'art, c'est toujours ce moment que je préfère parce que ça révèle énormément de choses, que ce soit sur la technique de l'artiste, les matériaux, les interactions. C'est vraiment une immersion, un peu comme une défonction dans l'œuvre et donc j'ai souvent ça avec moi et comment je vais me sentir qui joue.

  • Speaker #1

    Génial, j'ai envie d'essayer je vais voir si je trouve un petit truc à regarder merci beaucoup Margot d'avoir répondu à mes questions merci à toi juste de m'avoir

  • Speaker #2

    Merci beaucoup d'avoir écouté cet épisode. Si vous l'avez aimé, vous pouvez venir me le dire sur le compte Instagram du podcast ou en envoyant un message directement à Margot. J'en profite pour vous adresser une annonce de sa part, puisque Margot est à la recherche d'un ou d'une conservateur-restaurateur avec un intérêt particulier pour l'art contemporain et son marché, afin de contribuer au développement des services proposés par son entreprise. Pour en savoir davantage sur cette opportunité, Vous pouvez la contacter directement par mail ou via les réseaux sociaux. Les coordonnées sont tous accessibles sur son site bossarconservation.com Je vous mets le lien en note du podcast. Un grand merci à Kylian Goujon pour le mixage audio et la composition du générique. Merci également à La Perle, partenaire presse du podcast. N'hésitez surtout pas à partager ce podcast à vos amis qui souhaiteraient en savoir plus sur le monde de l'art ou à vos collègues et connaissances qui évoluent ou souhaiteraient évoluer dans ce milieu. Chaque mois, je publie une interview avec un invité inspirant et un épisode plus personnel en duo avec Axel, mon associé dans les Art Dating. Je vous dis donc à très vite pour un prochain épisode.

Description

Bienvenue sur Visions Communes : des épisodes d’une trentaine de minutes en duo avec Axelle Delorme, où nous intervenons sur des thématiques philosophiques ou plus pragmatiques en relation avec le monde de l’art et la création. ✨


👯‍♀️ Axelle est mon associée sur les ART DATINGS et lorsque nous parlons de notre rencontre, nous disons souvent que nous nous sommes rassemblées autour d’une vision commune.
Au lieu de garder pour nous toutes les conversations où l’on refait le monde (de l’art), nous vous les partageons désormais dans ces capsules audio.


Bonne Ă©coute !



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Transcription

  • Speaker #0

    Bienvenue sur Innover dans le monde de l'art, le podcast dédié aux personnalités qui construisent le monde de l'art de demain. À travers ces épisodes, je vous permets de décrypter les coulisses de ce secteur pour pouvoir mieux l'aborder et si vous le souhaitez, vous y aventurez à votre tour. Je suis Lise, hôte de ce podcast et cofondatrice des Art Dating, des accompagnements personnalisés, des formations et des événements qui permettent aux artistes de mieux valoriser leurs démarches, de déployer leur potentiel et d'élargir leur réseau. Vous pouvez retrouver le podcast et les Art Dating sur Instagram. Aujourd'hui, je reçois Margot Bossard, restauratrice d'œuvres d'art spécialisée dans les œuvres contemporaines. Une spécialité peu commune dans ce domaine, et vous le verrez, pleine de défis. Margot nous emmène en immersion, du moins en parole, dans son métier, que ce soit à l'atelier ou en dehors. Nous avons aussi échangé sur tout l'aspect éthique qui encadre son activité, et vous verrez, elle nous offre même généreusement quelques conseils préventifs. J'ai adoré l'écouter parler de son métier unique et de la manière dont elle l'aborde. J'espère alors que cet épisode mettra un petit peu de lumière sur ce métier de l'ombre du milieu de l'art. Bonne écoute ! Bonjour Margot, comment vas-tu ? Je vais bien,

  • Speaker #1

    ça va très bien et toi ?

  • Speaker #0

    Eh bien ça va très bien, merci beaucoup d'être là. Donc Margot, tu es restauratrice d'œuvres d'art et tu as choisi une spécialité qui n'est... Pas n'importe laquelle, puisque tu as décidé de te consacrer à la restauration d'œuvres d'art contemporaines. Alors, ça peut paraître un peu classique, parce que quand on est historien ou historienne de l'art, beaucoup de personnes se spécialisent dans l'art contemporain, mais dans le cadre de la restauration d'œuvres d'art, tu nous en diras un petit peu plus, ce n'est pas une spécialisation qui est si commune. Mais dans un premier temps, ce que je vais te demander, c'est de me raconter comment s'est faite, toi, ta rencontre avec le milieu de l'art de manière générale. Merci.

  • Speaker #1

    Tout d'abord, merci Lise de m'accueillir dans ton podcast. C'est assez touchant pour moi, puisqu'en fait, on a commencé nos projets respectifs au même moment. Et puis, je constate en étant ton invitée que tout se passe pour le mieux pour toi, tout comme moi. Donc, je t'en remercie spécialement. Alors, depuis que j'étais toute petite, j'ai toujours voulu faire le métier de restaurateur, depuis que je suis toute petite, en ayant vu un reportage à la télévision. Mais avant ça, je ne sais pas si... Ma carrière, disons, trouve sa source ici, mais je dirais que mon premier contact avec l'art qui m'a fait pressentir que j'allais aimer ça, je crois que c'est avec une œuvre de Jean-Baptiste Corot. Souvenir de Mort-Pontel, qui est un tout petit tableau exposé, je crois, au Louvre. Et chez ma grand-mère, dans la salle à manger, il avait une représentation de cet oeuvre, monumentale en tapisserie. Dans mes souvenirs, ça paraissait vraiment gigantesque, puisque j'étais petite. Et puis, cette heure, j'étais dans la salle à manger, et à chaque repas de famille, j'étais face à elle, et je m'amusais toujours à me perdre dans la représentation, et à m'imaginer être vraiment au cœur de l'œuvre et au cœur de... de ce qu'elle représentait, à savoir, je crois que c'est dans un paysage, et il y a, dans mes souvenirs, ce sont des jeunes filles qui cueillent des fruits au bord d'un lac. Alors je m'imaginais que j'allais me balader en forêt, au préculaire, que j'allais cueillir avec ces bonnes petites filles des fruits dans les bois. Oui, parce que j'aimerais que j'en ai un souvenir assez particulier et nostalgique. Je t'aime pas, je t'aime pas. Que tout naît de l'art, mais en tout cas, ça m'a laissé un souvenir très fort.

  • Speaker #0

    Donc tu as cet amour de l'art qui naît assez jeune, finalement. Mais quand tu es restauratrice d'œuvres d'art, il faut aussi être très habile techniquement parlant. Est-ce que tu avais un amour du dessin, un amour de la créativité, par exemple ?

  • Speaker #1

    Quand j'étais très petite, oui. Et en fait, au fil des années, plus j'ai grandi, je dirais qu'à partir de mes deux licences, on commençait à... Bye bye plus éloigné de ça, mais je me suis rendu compte que je n'avais pas assez d'imagination pour pouvoir me plaire dans la création, pouvoir dessiner, peindre, etc. Je mets beaucoup les travaux manuels, il fallait être habile, mais tout ce qui suscitait l'imagination et la créativité, au fur et à mesure, c'était devenu compliqué, d'autant plus que... En parallèle du lycée, je faisais des cours d'art appliqué dans une école, vraiment à titre de loisir. Et puis j'ai remarqué qu'en fait cette frustration, elle naissait de plus en plus et que j'avais moins de goût à y aller parce que j'avais cette pression de dire que j'arrive à avoir de l'imagination pour faire quelque chose.

  • Speaker #0

    Tu vas en école de restauration d'œuvres d'art, tu fais directement ça après ton bac ?

  • Speaker #1

    Oui, j'ai utilisé l'histoire de la règle. Comme je te le disais, depuis que j'étais plus petite, j'avais envie de faire ça. Après, c'est vrai qu'en grandissant, j'avais l'autre ambition et l'idée. Parfois,

  • Speaker #0

    je suis quelquefois aussi un peu farfelue.

  • Speaker #1

    Mais au final, à partir du lycée, et plus précisément à partir de la terminale, mon choix a été fait et je savais que je devais le faire. restaurer des hommes d'art, mais la difficulté étant que c'est vraiment une filière de niche. Et donc oui, je me suis décidée à être restauratrice d'hommes d'art quand j'étais en terminale. Mais d'une part, l'école que j'avais repérée, qui est l'école Gondée, était située à Paris. Je suis aux aînés du nord de la France. Et donc déjà d'une part à 17 ans, à l'occasion de mon bac ou de mon mariage, c'était pas une déclination, je me sentais pas mature pour ça. Et puis d'une autre part... En fait, je ne trouvais pas légitime de commencer ce cursus en me connaissant très sérieusement. Pour moi, c'était logique de d'abord étudier les œuvres d'art et ensuite pouvoir aspirer à les conserver et à les restaurer. Il faut forcément connaître l'œuvre et son histoire pour pouvoir agir sur elle et bien agir sur elle.

  • Speaker #0

    C'est un métier qui se pratique beaucoup en indépendant ?

  • Speaker #1

    Alors il y a deux cas de figure. Les restaurateurs qui travaillent pour les institutions publiques, les musées, et après il y a toute une partie qui travaille de manière indépendante et surtout pour des hôtels privés, privés de professionnels, des galeries. des marchands, des maisons de vente, etc. Et puis, une autre partie, plutôt des collectionneurs. Collectionneurs et Amazon.

  • Speaker #0

    Et toi, en plus, en tant qu'indépendante, j'ai l'impression que tu es dans chaque maillon de la chaîne. Tu n'es pas juste exécutante, tu es aussi à la partie un peu R&D, même si tu essayes de ne pas trop y donner de tasse, la partie commerciale aussi. Donc, c'était un choix pour toi d'exercer en indépendante pour ça

  • Speaker #1

    C'est pas le choix.

  • Speaker #0

    Ça s'est fait naturellement.

  • Speaker #1

    C'est pas le choix. Puisque être embauchée dans un atelier en France, c'est pas possible. C'est pas possible puisque généralement, c'est des salariés à utiliser. On fait un compte en Europe. Tu travailles un peu contre, mais tu te rends compte d'un atelier, ce qui n'est vraiment pas intéressant. Et puis il y a aussi le fait que de tous les ateliers que je peux connaître ici à Paris, il n'y en a pas un dans lequel Je peux me retrouver et être heureuse dans la manière d'appréhender les œuvres ou de les restaurer.

  • Speaker #0

    Qu'est-ce qui te rend heureuse dans la manière d'appréhender et de restaurer les œuvres ?

  • Speaker #1

    Je sais ce que je n'aime pas, ça c'est sûr, mais en fait je pense que j'aime bien et j'apprécie surtout prendre mon temps. Prendre le temps d'observer l'œuvre, de la voir pour soi, et puis de l'obscruter des moindres détails.

  • Speaker #0

    Il y a très peu d'ateliers qui embauchent ou qui recrutent des personnes, et en plus j'imagine en particulier dans l'art contemporain, parce qu'on ne l'a peut-être pas assez souligné, mais c'est quand même une spécialisation qui est... très rare en France en tout cas, vous êtes assez peu à le faire non ?

  • Speaker #1

    Oui, donc il y a d'autres restaurateurs qui se disent spécialisés en art contemporain, mais qui pour autant en parallèle travaillent aussi sur des œuvres anciennes, et donc c'est une collection qui… qui m'épreuve, c'est le principe de l'inviction. Mais pour moi, on ne peut pas jongler de l'un à l'autre. Forcément... Si on fait ça, au bout d'un moment, il y aura forcément une erreur d'interprétation ou un geste qui sera maladroit et ça peut être dangereux. Je n'aime pas beaucoup dire ça par superstition, je pense, mais je pense que je suis en tout cas libre d'erreur à consacrer mon travail de conservation et restauration uniquement aux arts contemporains. Merci. Je ne l'ai pas précisé, mais je pense que c'est important de le dire, pour moi, par contemporain, c'est les œuvres à partir de la précarité.

  • Speaker #0

    Et tu disais aussi que c'était très niche, et donc est-ce qu'en conséquence, c'est très difficile de rentrer dans une école de restauration d'Evreda ? Sur quels critères on te sélectionne ?

  • Speaker #1

    Les critères sont très différents d'une école à une autre. L'école mondiale est une école privée, en parallèle à Paris il y a deux autres L'école publique, il y a une formation à la CETEPOL et une autre à l'INP, l'Institut National de la Tribune. Pour entrer dans ces écoles, surtout l'INP, c'est sur concours, c'est un programme qui est extrêmement compliqué. Et généralement, ceux qui passent le concours, Ils se sont préparés par exemple en faisant l'école que j'ai faite, souvent en trois ans, voire même en cinq ans, pour pouvoir juste uniquement passer le concours, sans forcément aussi être pris. Et pendant ce concours, c'est des épreuves de copie, de dessin, mais quand même à la dernière poussée. Il y a aussi... Des questions scientifiques, on demande également de faire un constat d'une heure, de proposer un traitement. Donc en fait, c'est des choses vraiment déjà précises qu'on apprend normalement à l'école, qui sont déjà demandées dans l'avenir. À l'école, l'admission se fait sur un quotidien.

  • Speaker #0

    Avant,

  • Speaker #1

    il y a un petit test de culture générale qu'on a à faire. Et après, c'est sur l'entretien, des motivations, d'écrire ses aptitudes. Il faut aussi quand même montrer un book. Mais on ne sait pas, s'il n'y en a pas, ce n'est pas quelque chose qui est bon. qui est illuminatoire. Et je dirais qu'en fait, l'éclatement se fait petit à petit dès la première année. La première année, on est vraiment vraiment en train. Moi en 2016, quand j'étais en fin de l'année, je crois qu'on était le grand groupe de vente. Là, je crois qu'actuellement, c'est des classes de plus de 60, 60-80 personnes. Et par exemple, à la fin de mon cursus, dans ma spécialité, on était le plus simple. Donc, l'éclairage, c'est fait dès la première année, puisque c'est énormément de travail, et c'est beaucoup de connaissances à acquérir dans plusieurs domaines très différents, les sciences, l'histoire de l'art, les sciences de matériaux, le dessin, la copie. Il y a aussi un peu la première année de création artistique. Et souvent, les élèves se rendent compte d'eux-mêmes que ce n'est pas fait pour eux. Ou bien on leur fait savoir qu'ils ont de trop grosses lacunes dans un domaine et donc on les remonte vers une filière qui est mieux pour eux.

  • Speaker #0

    C'est quand même très complet. Il n'y a pas beaucoup de formations qui ont à la fois ce côté intellectuel et en même temps le côté pratique. C'est fascinant, ça donne vraiment envie de voir comment ça se passe de l'intérieur. Et ma question venait de là, parce que des fois il y a des choses où on se dit qu'on peut toujours apprendre en étant formé. Mais quand on voit comment sont faites les sélections, en particulier à l'INP, on voit que quand même les personnes attendent un certain talent déjà présent. Est-ce que toi tu penses que tout le monde avec de l'entraînement peut réussir à faire ça, comme dans d'autres métiers, ou bien il faut quand même avoir une certaine aptitude au préalable ? Est-ce que tu as rencontré par exemple des profils de personnes qui n'étaient pas forcément excellentes en dessin, qui ont eu des entretiens ? dans ton école et qui se sont avérées avoir une progression assez impressionnante au fur et à mesure ?

  • Speaker #1

    J'en suis l'exemple même, je suis à un niveau catastrophique en dessin, parce que je n'aime pas ça. Je sais que c'est surprenant de dire ça et c'est peut-être pas rassurant, mais j'ai eu l'horreur, pendant mes études, j'avais eu l'horreur du dessin et de la copie. Et pour ma part, quand je n'ai pas quelque chose, je n'y arrive pas. Une forcée, je n'y arrivais pas et j'étais très nue là-dedans. Mais je compensais beaucoup en étant, par exemple, en ayant beaucoup de connaissances en histoire de l'art, ou en ayant une bonne technicité dans les travaux pratiques de restauration, ou encore avoir une bonne logique dans les sciences de matériaux. Donc rien n'est perdu, mais je pense qu'il y a quand même des matières et des qualités qui sont essentielles, comme par exemple le fait justement de ne pas avoir d'imagination et de créativité, parce que ça c'est même dangereux quand on est restaurateur, puisque quand on a vraiment cette aptitude qui est très développée, on a peut-être tendance à réinterpréter une œuvre. Ce qui est absolument très possible.

  • Speaker #0

    Quand tu parles des dérives comme ça, ça me fait penser un peu comme dans certaines professions, il y a une certaine éthique. Dans la médecine, ça va être le serment d'Hippocrate, par exemple. En restauration d'œuvres d'art, vous avez des valeurs vraiment qu'on vous inculque de façon très transparente, comme ça.

  • Speaker #1

    Il y a un code déontologique aussi.

  • Speaker #0

    Un code déontologique, c'est ça.

  • Speaker #1

    Un restaurateur. Mais c'est intéressant que tu poses cette question parce qu'en fait, ce code déautomagique, il n'est pas forcément adapté dans les cas de la conservation et restauration des œuvres d'art contemporaines.

  • Speaker #0

    Ah d'accord.

  • Speaker #1

    Parce que ça fait appel à des valeurs qui ne sont pas vraiment applicables aux œuvres d'art contemporaines. Je n'ai plus le texte sous les yeux, mais j'avais étudié ça, si tu me parles de mon mémoire, mais il y a vraiment des incohérences. Donc, moi je suis très honnête, je ne dis pas que j'adhère à ce code éthique parce que je ne peux pas, mais pour certains points, mais globalement, il y a des choses à respecter et à suivre.

  • Speaker #0

    C'Ă©tait parti dans l'optique de restaurer des Ĺ“uvres d'art plus ou moins anciennes. Qu'est-ce qui t'a fait switcher d'opinion ?

  • Speaker #1

    Pour rester polie, ça m'a progressivement profondément ennuyée puisque ce sont des analyses et des gestes qui sont très réparbatifs. Une peinture à griffes, la dépression, la laitoie, la dévergure, s'il y a quelque chose à faire au support, un petit peu d'ermestique, une reverie, un peu de touche, c'est quasiment toujours un truc, sauf des cas exceptionnels où il y a un travail ou autre à faire actuellement, mais sinon c'est toujours une chose. C'est un aspect qui moi m'a... J'étais presque à un moment dégoûté du métier. Et puis je me suis beaucoup remise en question à ce moment-là. D'autant plus qu'au même moment, quand je commençais aussi à m'intéresser à la restauration de la Contemporée, j'ai fait aussi quelques stages, des ateliers sur papier spécialisé dans le forum. En fait, quand j'y étais, je me suis rendue compte que, un, ce n'était pas le cas, et deux, Le traitement des heures n'était pas assez optimale. Et donc j'ai eu cette remise en question de par le fait de... Est-ce que j'ai envie dans ma vie de toujours voir mes deux fautes et de faire toujours la même chose ? Et un autre, est-ce qu'il est possible de restaurer la propre ? J'ai envie que j'en vive.

  • Speaker #0

    Il y a un côté presque répétitif dans la manière dont ils sont les œuvres d'art plus anciennes, parce qu'on connaît très bien. Les matériaux, la manière de faire, toi tu avais besoin d'un petit peu de challenge aussi, de nouveautés. Ce n'est pas la voie de la facilité, mais au final, ça te stimule beaucoup plus.

  • Speaker #1

    Oui, ça me stimule plus, ça me stresse plus aussi. J'espère quelquefois quand on me présente une œuvre, j'essaie de me faire ressentir, d'avoir énormément confiance en moi. Oui, bien sûr, on va faire quelque chose, c'est possible. Je dis pas que c'est nul, ça va être fait, que c'est faisable, ça va être fait. Je dis oui, c'est possible, ça fait très plaisir. Et puis, l'instant d'après, je me dis, mais qu'est-ce que c'est que ça ? Je ne vais jamais y arriver, mais c'est impossible. Comment est-ce que je vais faire ? Et il se passe du temps, beaucoup de temps. Et puis, au final, je m'y mets et c'est bon, je m'arrête. C'était pas... C'est pas assez compliqué que ça, si je n'ai pas, je vais le faire. Mais à chaque fois,

  • Speaker #0

    je sais toujours qu'à ça,

  • Speaker #1

    il y a toujours ce moment où je me dis, mais Margot, pourquoi il faut toujours que tu fasses, que tu en fasses toujours à ta tête, que tu passes toujours autrement, et que tu te trouves dans des situations comme ça qui sont impossibles, et que tu ne passes plus à ta faute.

  • Speaker #0

    En plus, tu es un petit peu seule dans ton problème, vu que Vous n'êtes pas beaucoup à faire ce que tu fais, tu peux pas trop appeler une collègue ?

  • Speaker #1

    Oui, je peux toujours demander conseil à d'autres restaurateurs. De toute façon, tout agit et va apprendre. J'ai gardé aussi contact avec un atelier, j'ai dit avec un stage de sale qui m'avait aidée dans les voies de vue.

  • Speaker #0

    Vous êtes très peu nombreux à restaurer l'art contemporain, mais est-ce que c'est pour des raisons structurelles aussi, dans la manière dont vous êtes formée ?

  • Speaker #1

    C'est vrai que vendre un vieux face métier, en tout cas pour ma part, moi, quand j'ai vendu face métier, c'était pour toucher des œuvres d'art anciennes, c'était pas pour restaurer une barrière qui a été peinte la veille. Et donc je pense qu'il y a aussi ce souci peut-être de légitimité aussi. On peut se dire qu'en contrastant avec la contondance de la restauration, ce n'est pas utile, ce n'est peut-être pas non plus une flat-term, alors que c'est absolument passionnant.

  • Speaker #0

    On va venir petit à petit au sujet de la restauration d'œuvres d'art contemporaines, parce que tu as commencé à nous le dire, il y a vraiment des spécificités. Déjà, on peut avoir ce biais de se dire qu'il n'y a que les œuvres anciennes qui s'abîment avec le temps et donc qui ont besoin de restauration. Éventuellement, on peut s'imaginer qu'une œuvre d'art contemporaine a besoin d'être restaurée parce qu'elle a été cassée, abîmée. Mais est-ce qu'il y a d'autres raisons, en dehors de la casse accidentelle, qu'une œuvre d'art contemporaine aurait besoin d'être restaurée ?

  • Speaker #1

    Il y a du temps aussi, mine de rien. Il y a des matériaux qui peuvent se fragiliser et se détériorer très rapidement. Donc il y a comme tu le dis des accidents, que ce soit dans le lieu où est exposé ou consacré l'œuvre. Aussi des accidents de transport, ce qui arrive très souvent, d'autant plus que le marché de l'art contemporain est un marché extrêmement magnifique, où une œuvre peut être vendue aujourd'hui aux États-Unis, elle va partir dans une phase de 12 heures. Elle part dans son 12h, il faut qu'elle se rende et que ça monte le tas. On ne sait pas en quel tas elle va arriver là-bas. Et puis peut-être qu'une fois récupérée chez le collectionneur, ça ne lui plaira plus. Et puis il va décider d'avoir besoin d'en ajouter une autre. Et trois semaines après, elle va se retrouver encore au bout du monde. Et ça, c'est le lot de beaucoup de vos dards. Il y a aussi... Les problématiques liées au déconseil sur l'œuvre, au vandalisme. Il y a beaucoup de choses qui ont été réalisées.

  • Speaker #0

    C'est lié aussi aux matériaux de l'art contemporain qui sont différents. Je le sais parce qu'on s'en était parlé en offre. On n'allait pas imaginer que j'ai des connaissances hyper poussées et abouties. Mais tu m'expliquais en offre, quand on s'était rencontrés, quand on avait discuté avant de faire le podcast, que par exemple les pigments de la peinture n'étaient pas les mêmes que dans les œuvres anciennes et que parfois les œuvres contemporaines... Il peut se détériorer beaucoup plus vite ?

  • Speaker #1

    Oui, il y a les pigments, il y a les liens, il y a aussi les nouveaux médiums. Par exemple, il y a deux cas de figure. Soit oui, effectivement, ça peut se détériorer plus vite, soit ça peut aussi se détériorer plus facilement et dans d'autres conditions qui sont plus accessibles que les conditions de détérioration que les œuvres. anciennes, traditionnelles, par exemple le cas des Ventures acryliques, qui est quand même assez très commun dans la production artistique de Vigo depuis les années 60. Il y a vraiment des contraintes de température à respecter puisque techniquement la température de transition vitreuse de la peinture acrylique est de 25 degrés, ça veut dire qu'à cette température les composants du matériau vont être modifiés et donc ça va modifier les caractéristiques de la peinture et maintenant c'est ce que j'ai mis. Ce qui peut causer des soucis de dépropression ou bien des soucis de défaçon, puisqu'elle peut plus facilement s'immiscer sur la peinture et rester en rustique. Il y a également le cas de la peinture à l'huile qui est un médium qui a été utilisé. pas de tout au long mais dès le 15ème siècle. Mais pour autant les peintures actuelles déjà ne sont pas les mêmes et en plus de ça, une peinture à l'huile qui a moins de 100 ans n'aura pas non plus les mêmes caractéristiques physico-chimiques qu'une peinture qui est plus ancienne que ça. Donc là aussi ça va... Ça peut poser des soucis de conservation et après des soucis d'intervention sur l'œuvre. Et puis après, il y a l'usage de matériaux et d'objets qui ne sont pas initialement conformes à la production artistique. Et en plus, ça peut être des objets prévisibles. Il y a aussi des assemblages, soit de peintures, soit de matériaux qui sont contradictoires et qui peuvent de même altérer l'œuvre. Par exemple, actuellement, je travaille sur l'exemple de Louis Sarrel, qui sera d'ailleurs prochainement exposé en Suisse, où le souci pour une partie de ses œuvres... La partie scénarque qui a été conçue, ce sont des peintures acryliques sur toile montées sur le châssis. Et sur ces peintures, il y a des sortes de tasseaux. Je n'ai pas su cerner le matériau précisément. Ça ressemble à du carton, mais en même temps, c'est assez plastifié. Ce matériau est découpé, peint, coupé et collé sur la toile. Et en fin de compte, c'est un matériau qui est beaucoup trop solide par rapport à la toile. Et donc, en fin de compte, les variations de tension de la toile vont faire que ces morceaux, ces tasseaux vont se décoller. Et encore, ça va, dans ce cas-là, ça se décolle, mais ça peut engendrer aussi...

  • Speaker #0

    carrément la revulsion de la toile.

  • Speaker #1

    Quand tu parlais de la peinture acrylique, alors oui, beaucoup d'artistes utilisent la peinture acrylique. Et c'est vrai que tout ce que tu dis à ce sujet amène à se poser la question du choix des matériaux quand on est artiste et quand on est collectionneur d'art, de bien faire attention aussi, pas seulement à l'esthétique de l'œuvre, mais à quels matériaux ont été utilisés. Je pense que tout le monde n'y fait pas très attention, surtout si on débute. Est-ce que tu aurais des... Des conseils, par exemple à destination des artistes, pour faire des œuvres qui soient durables, mais toujours avec peut-être un budget pas trop exponentiel, parce que c'est très bien quand on commence, on n'a pas un énorme budget pour ses matières premières.

  • Speaker #0

    Par provocation, je dirais de ne pas faire attention. Parce que pour moi, un artiste ne doit pas se limiter. Il doit vraiment profiter de la créativité et de l'imagination qu'il a pour faire ce qu'il a envie de faire et donc d'utiliser les matériaux qu'il souhaite, de les assembler comme il souhaite. Après par la suite ce sera le problème de restaurateurs comme moi. Mais après si vraiment c'est le but de l'artiste de créer une œuvre qui soit... qui sont d'ailleurs immortelles, je lui conseillerais de faire comme les peintres flamands du XVe siècle, de retourner à la technique de la peinture à l'huile et de savoir l'exécuter brillamment, puisque avec énormément de siècles de recul, On se rend compte que ce sont les types de peintures qui sont vraiment les mieux conservées et qui sont dans un état très exceptionnel.

  • Speaker #1

    C'est comme dans tout, c'est les techniques de grand-mère, ils sont toujours les meilleurs. Et quelle est la place de la science dans tout ça ? Parce que tu as parlé de matière scientifique en école. Là, je ressens que tu étudies plein de matériaux différents. Quelle est la place de la science dans ton métier ?

  • Speaker #0

    Je suis en train de me faire un petit déjeuner. Et ce qui n'est pas moi en particulier, je me renseigne auprès de chercheurs et de scientifiques qui ont vraiment cette capacité d'étudier les matériaux extérieurs ou pas que. En fait, dans le métier de conservateur et de conservateur, je pense qu'il faut distinguer deux types de... De personnalité ou de compétence, il y a le restaurateur exécutant qui va manuellement, techniquement restaurer les œuvres d'art. Et puis, à côté de ça, il y a le restaurateur-chercheur qui, lui, travaille dans un laboratoire. C'est un laboratoire, un musée public, un laboratoire privé, et qui va se pencher sur des problématiques scientifiques. à un matériau, à un artiste, à un artiguier, ou bien à une technique de restauration. De moi-même, je n'analyse pas scientifiquement les matériaux, mais je me renseigne près de ces opératoires qui publient régulièrement leurs recherches. En France, assez peu, à l'étranger surtout.

  • Speaker #1

    Ils te servent de leurs études, mais quand même pouvoir les décrypter.

  • Speaker #0

    Oui, ça c'est quelque chose qu'on apprend longtemps. des études de conservation et restauration. On est même aussi amené à proposer, en sujet de recherche technico-scientifique, de l'exécuter et d'analyser les résultats de cette recherche. Et puis ça demande énormément de temps, et en plus du temps qui ne peut pas être facturé, parce que je ne vais pas expliquer en disant que j'ai ce problème-là, je vais devoir réaliser ceci, réaliser cela, pour ça je vais devoir créer aussi les chantiers et puis les observer avec. Merci. Avec des outils, ou devoir faire des mesures de brillance et de couleur, voilà, puis je vais me placer six mois dessus, et puis je vais m'effectuer. Il va me dire, pour être polie, il va me dire merci. Donc c'est pour ça aussi que c'est deux choses très différentes.

  • Speaker #1

    Mais c'est super intéressant parce que ça permet de voir tous les métiers, entre guillemets, de l'ombre. du monde de l'art parce que quand on pense au monde de l'art, on pense galerie, on pense agents, on pense artistes évidemment ou personnels des musées mais en fait il y a des scientifiques moi je trouve ça fascinant qui travaillent à étudier comment restaurer au mieux les œuvres d'art, qui étudient les matériaux il y a des personnes comme toi qui sont peut-être intervenues sur des tableaux sans même qu'on s'en rende compte parce que je pense que c'est ça aussi l'objectif c'est qu'on ne voit pas qu'il y a eu des résultats restauration. Donc je trouve que ça illustre bien tout ce panel de métiers.

  • Speaker #0

    Et pour revenir à ta question de, ne restons pas d'art traditionnel, mais d'art actuel, disons, par contemporain, en fait, au-delà des matériaux qui sont dans le problème de la technologie, il y a aussi quelque chose de très autrement. Par rapport à eux, qui sont plutôt là et qui suivent, par exemple, dans le temps politique, c'est un peu plus... Jusque dans les années 10-20, les matériaux dans l'œuvre servaient à servir l'image. L'image d'une œuvre, d'une peinture est possible grâce au matériau. Et je dirais à partir des années 10-20, avec par exemple les emails de Michel pour l'enseignement, on fait en compte le matériau, le circuit de support à l'image, le matériau... Le vidéo va servir de son soin à l'oeuvre et va être parfois même le sujet de l'épreuve. Là aussi, ça pose des questions particulières, puisque, par exemple, si j'agis sur un matériau qui fait partie intégrante de l'œuvre et du sujet de l'œuvre, est-ce que je ne vais pas altérer le sujet même de l'œuvre ? Donc, clairement, ce sont des questions qui peuvent être compliquées, particulières, mais... C'est mieux si je donne un exemple concret avec par exemple le collectif Présence Confumette. Je pense que ça se dit comme ça. C'est pas énormément connu. Ils ont fait surtout des assemblages d'objets assez focs et ils utilisaient surtout des... des objets trouvés par exemple dans les rubènes. Et j'ai ce souvenir d'une œuvre qui a été faite avec, par exemple, des tableaux trouvés dans la rue qui étaient percés, déchirés, etc. Là, dans ce cas-là, dans une grande chose, l'additionnaire nous dit, oui, ces tableaux, on va les contrôler, on va reprendre les déchirures, et puis on va les retoucher. D'accord, mais là, dans ce cas-là, si on veut ça, si on prend ce tableau, si on les entendait trop belles, et qu'on l'envoie, on reprend les déchirures, on le touche, on compte, là, il n'y aura plus de sens.

  • Speaker #1

    D'où aussi le fait de bien connaître l'histoire des tableaux. Bon, écoute, on va passer aux questions signatures. Pour terminer cette interview, première question, c'est selon toi, de quoi le monde de l'art a-t-il besoin ?

  • Speaker #0

    J'ai deux réponses. Une réponse plutôt professionnelle et une assez plus personnelle. Je dirais que le monde de l'art avait besoin de plus de précautions et de moins de sérieux.

  • Speaker #1

    C'est déjà ressorti, le fait de moins se prendre au sérieux.

  • Speaker #0

    Je pense que c'est précaution dans le sens où il faut quand même prendre soin des objets d'art, même si ça fait partie de la vie, même si ça peut être un objet commun. Il faut vraiment prendre ces dispositions, que ce soit fin collectionneur, que ce soit professionnel, galerie, etc., pour conserver ses œuvres, parce que... Si on a une maladresse ou si on fait une erreur dans la manière de conserver l'heure, ça peut être catastrophique. Ça, c'est la conscience professionnelle qui parle. Et le moins sérieux, ce que j'ai besoin de justifier.

  • Speaker #1

    Je pense que chacun comprend implicitement ce que tu veux dire.

  • Speaker #0

    Moi, je suis moins sérieuse dans le sens, oui, se prendre.

  • Speaker #1

    Oui, c'est ça. Sinon, ce serait contradictoire avec la première partie de ta réponse, mais je pense qu'on voit tous très bien ce que tu veux dire. Deuxième question, quel est ton meilleur souvenir en rapport avec le milieu artistique ?

  • Speaker #0

    C'est pas facile parce que j'aime beaucoup.

  • Speaker #1

    Tant mieux, tant mieux.

  • Speaker #0

    Je ne sais pas si c'est mon meilleur souvenir, mais je dirais que c'est ma grande surprise. C'est ma rencontre avec Beauty Chevy, ou en tout cas plutôt ses œuvres, au Galerie des Offices de Florence, et particulièrement le printemps. Alors moi, jusque-là, je ne sais pas, c'était peut-être en 2017, Moi, jusqu'à ce moment-là, le chéli, je me souviens, c'était bien plein, c'était mignon, mais bon, c'est pas ma tasse de thé. Et quand je me suis retrouvée face au printemps, j'ai trouvé ça d'une beauté tellement rare et qui pourtant contrastait avec ma vision de... de l'artiste et de sa production. Et j'ai trouvé ça tellement beau, ça m'a beaucoup émue, et je me suis dit, moi qui ne crois pas en Oran, moi qui ne crois en aucun dieu, je me suis dit, il y a forcément quelque chose de sacré là-dedans, que ça soit aussi merveilleux.

  • Speaker #1

    ça donne presque des frissons je rêverais d'aller voir ce tableau parce que c'est vrai que c'est tous des chefs d'oeuvre qu'on connait que dans les livres et il y a quelque chose en plus qui se passe comme tu le dis quand on le voit en vrai donc avec plaisir pour aller voir ce tableau et ma dernière question c'est est-ce que tu peux nous parler d'un objet ou d'une oeuvre d'art qui t'accompagne au quotidien je vais bien parler il y a donc un peu de champ dans cette petite partie c'est une

  • Speaker #0

    Petite loupe qui se... C'est un objectif macro qui se... Je me mets sur le téléphone d'Adepte et qui permet en fait de voir tous les petits détails d'une œuvre d'art et c'est quelque chose qui est à chaque temps mauvais. Si je crois que je dois examiner une œuvre d'art, c'est toujours ce moment que je préfère parce que ça révèle énormément de choses, que ce soit sur la technique de l'artiste, les matériaux, les interactions. C'est vraiment une immersion, un peu comme une défonction dans l'œuvre et donc j'ai souvent ça avec moi et comment je vais me sentir qui joue.

  • Speaker #1

    Génial, j'ai envie d'essayer je vais voir si je trouve un petit truc à regarder merci beaucoup Margot d'avoir répondu à mes questions merci à toi juste de m'avoir

  • Speaker #2

    Merci beaucoup d'avoir écouté cet épisode. Si vous l'avez aimé, vous pouvez venir me le dire sur le compte Instagram du podcast ou en envoyant un message directement à Margot. J'en profite pour vous adresser une annonce de sa part, puisque Margot est à la recherche d'un ou d'une conservateur-restaurateur avec un intérêt particulier pour l'art contemporain et son marché, afin de contribuer au développement des services proposés par son entreprise. Pour en savoir davantage sur cette opportunité, Vous pouvez la contacter directement par mail ou via les réseaux sociaux. Les coordonnées sont tous accessibles sur son site bossarconservation.com Je vous mets le lien en note du podcast. Un grand merci à Kylian Goujon pour le mixage audio et la composition du générique. Merci également à La Perle, partenaire presse du podcast. N'hésitez surtout pas à partager ce podcast à vos amis qui souhaiteraient en savoir plus sur le monde de l'art ou à vos collègues et connaissances qui évoluent ou souhaiteraient évoluer dans ce milieu. Chaque mois, je publie une interview avec un invité inspirant et un épisode plus personnel en duo avec Axel, mon associé dans les Art Dating. Je vous dis donc à très vite pour un prochain épisode.

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Description

Bienvenue sur Visions Communes : des épisodes d’une trentaine de minutes en duo avec Axelle Delorme, où nous intervenons sur des thématiques philosophiques ou plus pragmatiques en relation avec le monde de l’art et la création. ✨


👯‍♀️ Axelle est mon associée sur les ART DATINGS et lorsque nous parlons de notre rencontre, nous disons souvent que nous nous sommes rassemblées autour d’une vision commune.
Au lieu de garder pour nous toutes les conversations où l’on refait le monde (de l’art), nous vous les partageons désormais dans ces capsules audio.


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Transcription

  • Speaker #0

    Bienvenue sur Innover dans le monde de l'art, le podcast dédié aux personnalités qui construisent le monde de l'art de demain. À travers ces épisodes, je vous permets de décrypter les coulisses de ce secteur pour pouvoir mieux l'aborder et si vous le souhaitez, vous y aventurez à votre tour. Je suis Lise, hôte de ce podcast et cofondatrice des Art Dating, des accompagnements personnalisés, des formations et des événements qui permettent aux artistes de mieux valoriser leurs démarches, de déployer leur potentiel et d'élargir leur réseau. Vous pouvez retrouver le podcast et les Art Dating sur Instagram. Aujourd'hui, je reçois Margot Bossard, restauratrice d'œuvres d'art spécialisée dans les œuvres contemporaines. Une spécialité peu commune dans ce domaine, et vous le verrez, pleine de défis. Margot nous emmène en immersion, du moins en parole, dans son métier, que ce soit à l'atelier ou en dehors. Nous avons aussi échangé sur tout l'aspect éthique qui encadre son activité, et vous verrez, elle nous offre même généreusement quelques conseils préventifs. J'ai adoré l'écouter parler de son métier unique et de la manière dont elle l'aborde. J'espère alors que cet épisode mettra un petit peu de lumière sur ce métier de l'ombre du milieu de l'art. Bonne écoute ! Bonjour Margot, comment vas-tu ? Je vais bien,

  • Speaker #1

    ça va très bien et toi ?

  • Speaker #0

    Eh bien ça va très bien, merci beaucoup d'être là. Donc Margot, tu es restauratrice d'œuvres d'art et tu as choisi une spécialité qui n'est... Pas n'importe laquelle, puisque tu as décidé de te consacrer à la restauration d'œuvres d'art contemporaines. Alors, ça peut paraître un peu classique, parce que quand on est historien ou historienne de l'art, beaucoup de personnes se spécialisent dans l'art contemporain, mais dans le cadre de la restauration d'œuvres d'art, tu nous en diras un petit peu plus, ce n'est pas une spécialisation qui est si commune. Mais dans un premier temps, ce que je vais te demander, c'est de me raconter comment s'est faite, toi, ta rencontre avec le milieu de l'art de manière générale. Merci.

  • Speaker #1

    Tout d'abord, merci Lise de m'accueillir dans ton podcast. C'est assez touchant pour moi, puisqu'en fait, on a commencé nos projets respectifs au même moment. Et puis, je constate en étant ton invitée que tout se passe pour le mieux pour toi, tout comme moi. Donc, je t'en remercie spécialement. Alors, depuis que j'étais toute petite, j'ai toujours voulu faire le métier de restaurateur, depuis que je suis toute petite, en ayant vu un reportage à la télévision. Mais avant ça, je ne sais pas si... Ma carrière, disons, trouve sa source ici, mais je dirais que mon premier contact avec l'art qui m'a fait pressentir que j'allais aimer ça, je crois que c'est avec une œuvre de Jean-Baptiste Corot. Souvenir de Mort-Pontel, qui est un tout petit tableau exposé, je crois, au Louvre. Et chez ma grand-mère, dans la salle à manger, il avait une représentation de cet oeuvre, monumentale en tapisserie. Dans mes souvenirs, ça paraissait vraiment gigantesque, puisque j'étais petite. Et puis, cette heure, j'étais dans la salle à manger, et à chaque repas de famille, j'étais face à elle, et je m'amusais toujours à me perdre dans la représentation, et à m'imaginer être vraiment au cœur de l'œuvre et au cœur de... de ce qu'elle représentait, à savoir, je crois que c'est dans un paysage, et il y a, dans mes souvenirs, ce sont des jeunes filles qui cueillent des fruits au bord d'un lac. Alors je m'imaginais que j'allais me balader en forêt, au préculaire, que j'allais cueillir avec ces bonnes petites filles des fruits dans les bois. Oui, parce que j'aimerais que j'en ai un souvenir assez particulier et nostalgique. Je t'aime pas, je t'aime pas. Que tout naît de l'art, mais en tout cas, ça m'a laissé un souvenir très fort.

  • Speaker #0

    Donc tu as cet amour de l'art qui naît assez jeune, finalement. Mais quand tu es restauratrice d'œuvres d'art, il faut aussi être très habile techniquement parlant. Est-ce que tu avais un amour du dessin, un amour de la créativité, par exemple ?

  • Speaker #1

    Quand j'étais très petite, oui. Et en fait, au fil des années, plus j'ai grandi, je dirais qu'à partir de mes deux licences, on commençait à... Bye bye plus éloigné de ça, mais je me suis rendu compte que je n'avais pas assez d'imagination pour pouvoir me plaire dans la création, pouvoir dessiner, peindre, etc. Je mets beaucoup les travaux manuels, il fallait être habile, mais tout ce qui suscitait l'imagination et la créativité, au fur et à mesure, c'était devenu compliqué, d'autant plus que... En parallèle du lycée, je faisais des cours d'art appliqué dans une école, vraiment à titre de loisir. Et puis j'ai remarqué qu'en fait cette frustration, elle naissait de plus en plus et que j'avais moins de goût à y aller parce que j'avais cette pression de dire que j'arrive à avoir de l'imagination pour faire quelque chose.

  • Speaker #0

    Tu vas en école de restauration d'œuvres d'art, tu fais directement ça après ton bac ?

  • Speaker #1

    Oui, j'ai utilisé l'histoire de la règle. Comme je te le disais, depuis que j'étais plus petite, j'avais envie de faire ça. Après, c'est vrai qu'en grandissant, j'avais l'autre ambition et l'idée. Parfois,

  • Speaker #0

    je suis quelquefois aussi un peu farfelue.

  • Speaker #1

    Mais au final, à partir du lycée, et plus précisément à partir de la terminale, mon choix a été fait et je savais que je devais le faire. restaurer des hommes d'art, mais la difficulté étant que c'est vraiment une filière de niche. Et donc oui, je me suis décidée à être restauratrice d'hommes d'art quand j'étais en terminale. Mais d'une part, l'école que j'avais repérée, qui est l'école Gondée, était située à Paris. Je suis aux aînés du nord de la France. Et donc déjà d'une part à 17 ans, à l'occasion de mon bac ou de mon mariage, c'était pas une déclination, je me sentais pas mature pour ça. Et puis d'une autre part... En fait, je ne trouvais pas légitime de commencer ce cursus en me connaissant très sérieusement. Pour moi, c'était logique de d'abord étudier les œuvres d'art et ensuite pouvoir aspirer à les conserver et à les restaurer. Il faut forcément connaître l'œuvre et son histoire pour pouvoir agir sur elle et bien agir sur elle.

  • Speaker #0

    C'est un métier qui se pratique beaucoup en indépendant ?

  • Speaker #1

    Alors il y a deux cas de figure. Les restaurateurs qui travaillent pour les institutions publiques, les musées, et après il y a toute une partie qui travaille de manière indépendante et surtout pour des hôtels privés, privés de professionnels, des galeries. des marchands, des maisons de vente, etc. Et puis, une autre partie, plutôt des collectionneurs. Collectionneurs et Amazon.

  • Speaker #0

    Et toi, en plus, en tant qu'indépendante, j'ai l'impression que tu es dans chaque maillon de la chaîne. Tu n'es pas juste exécutante, tu es aussi à la partie un peu R&D, même si tu essayes de ne pas trop y donner de tasse, la partie commerciale aussi. Donc, c'était un choix pour toi d'exercer en indépendante pour ça

  • Speaker #1

    C'est pas le choix.

  • Speaker #0

    Ça s'est fait naturellement.

  • Speaker #1

    C'est pas le choix. Puisque être embauchée dans un atelier en France, c'est pas possible. C'est pas possible puisque généralement, c'est des salariés à utiliser. On fait un compte en Europe. Tu travailles un peu contre, mais tu te rends compte d'un atelier, ce qui n'est vraiment pas intéressant. Et puis il y a aussi le fait que de tous les ateliers que je peux connaître ici à Paris, il n'y en a pas un dans lequel Je peux me retrouver et être heureuse dans la manière d'appréhender les œuvres ou de les restaurer.

  • Speaker #0

    Qu'est-ce qui te rend heureuse dans la manière d'appréhender et de restaurer les œuvres ?

  • Speaker #1

    Je sais ce que je n'aime pas, ça c'est sûr, mais en fait je pense que j'aime bien et j'apprécie surtout prendre mon temps. Prendre le temps d'observer l'œuvre, de la voir pour soi, et puis de l'obscruter des moindres détails.

  • Speaker #0

    Il y a très peu d'ateliers qui embauchent ou qui recrutent des personnes, et en plus j'imagine en particulier dans l'art contemporain, parce qu'on ne l'a peut-être pas assez souligné, mais c'est quand même une spécialisation qui est... très rare en France en tout cas, vous êtes assez peu à le faire non ?

  • Speaker #1

    Oui, donc il y a d'autres restaurateurs qui se disent spécialisés en art contemporain, mais qui pour autant en parallèle travaillent aussi sur des œuvres anciennes, et donc c'est une collection qui… qui m'épreuve, c'est le principe de l'inviction. Mais pour moi, on ne peut pas jongler de l'un à l'autre. Forcément... Si on fait ça, au bout d'un moment, il y aura forcément une erreur d'interprétation ou un geste qui sera maladroit et ça peut être dangereux. Je n'aime pas beaucoup dire ça par superstition, je pense, mais je pense que je suis en tout cas libre d'erreur à consacrer mon travail de conservation et restauration uniquement aux arts contemporains. Merci. Je ne l'ai pas précisé, mais je pense que c'est important de le dire, pour moi, par contemporain, c'est les œuvres à partir de la précarité.

  • Speaker #0

    Et tu disais aussi que c'était très niche, et donc est-ce qu'en conséquence, c'est très difficile de rentrer dans une école de restauration d'Evreda ? Sur quels critères on te sélectionne ?

  • Speaker #1

    Les critères sont très différents d'une école à une autre. L'école mondiale est une école privée, en parallèle à Paris il y a deux autres L'école publique, il y a une formation à la CETEPOL et une autre à l'INP, l'Institut National de la Tribune. Pour entrer dans ces écoles, surtout l'INP, c'est sur concours, c'est un programme qui est extrêmement compliqué. Et généralement, ceux qui passent le concours, Ils se sont préparés par exemple en faisant l'école que j'ai faite, souvent en trois ans, voire même en cinq ans, pour pouvoir juste uniquement passer le concours, sans forcément aussi être pris. Et pendant ce concours, c'est des épreuves de copie, de dessin, mais quand même à la dernière poussée. Il y a aussi... Des questions scientifiques, on demande également de faire un constat d'une heure, de proposer un traitement. Donc en fait, c'est des choses vraiment déjà précises qu'on apprend normalement à l'école, qui sont déjà demandées dans l'avenir. À l'école, l'admission se fait sur un quotidien.

  • Speaker #0

    Avant,

  • Speaker #1

    il y a un petit test de culture générale qu'on a à faire. Et après, c'est sur l'entretien, des motivations, d'écrire ses aptitudes. Il faut aussi quand même montrer un book. Mais on ne sait pas, s'il n'y en a pas, ce n'est pas quelque chose qui est bon. qui est illuminatoire. Et je dirais qu'en fait, l'éclatement se fait petit à petit dès la première année. La première année, on est vraiment vraiment en train. Moi en 2016, quand j'étais en fin de l'année, je crois qu'on était le grand groupe de vente. Là, je crois qu'actuellement, c'est des classes de plus de 60, 60-80 personnes. Et par exemple, à la fin de mon cursus, dans ma spécialité, on était le plus simple. Donc, l'éclairage, c'est fait dès la première année, puisque c'est énormément de travail, et c'est beaucoup de connaissances à acquérir dans plusieurs domaines très différents, les sciences, l'histoire de l'art, les sciences de matériaux, le dessin, la copie. Il y a aussi un peu la première année de création artistique. Et souvent, les élèves se rendent compte d'eux-mêmes que ce n'est pas fait pour eux. Ou bien on leur fait savoir qu'ils ont de trop grosses lacunes dans un domaine et donc on les remonte vers une filière qui est mieux pour eux.

  • Speaker #0

    C'est quand même très complet. Il n'y a pas beaucoup de formations qui ont à la fois ce côté intellectuel et en même temps le côté pratique. C'est fascinant, ça donne vraiment envie de voir comment ça se passe de l'intérieur. Et ma question venait de là, parce que des fois il y a des choses où on se dit qu'on peut toujours apprendre en étant formé. Mais quand on voit comment sont faites les sélections, en particulier à l'INP, on voit que quand même les personnes attendent un certain talent déjà présent. Est-ce que toi tu penses que tout le monde avec de l'entraînement peut réussir à faire ça, comme dans d'autres métiers, ou bien il faut quand même avoir une certaine aptitude au préalable ? Est-ce que tu as rencontré par exemple des profils de personnes qui n'étaient pas forcément excellentes en dessin, qui ont eu des entretiens ? dans ton école et qui se sont avérées avoir une progression assez impressionnante au fur et à mesure ?

  • Speaker #1

    J'en suis l'exemple même, je suis à un niveau catastrophique en dessin, parce que je n'aime pas ça. Je sais que c'est surprenant de dire ça et c'est peut-être pas rassurant, mais j'ai eu l'horreur, pendant mes études, j'avais eu l'horreur du dessin et de la copie. Et pour ma part, quand je n'ai pas quelque chose, je n'y arrive pas. Une forcée, je n'y arrivais pas et j'étais très nue là-dedans. Mais je compensais beaucoup en étant, par exemple, en ayant beaucoup de connaissances en histoire de l'art, ou en ayant une bonne technicité dans les travaux pratiques de restauration, ou encore avoir une bonne logique dans les sciences de matériaux. Donc rien n'est perdu, mais je pense qu'il y a quand même des matières et des qualités qui sont essentielles, comme par exemple le fait justement de ne pas avoir d'imagination et de créativité, parce que ça c'est même dangereux quand on est restaurateur, puisque quand on a vraiment cette aptitude qui est très développée, on a peut-être tendance à réinterpréter une œuvre. Ce qui est absolument très possible.

  • Speaker #0

    Quand tu parles des dérives comme ça, ça me fait penser un peu comme dans certaines professions, il y a une certaine éthique. Dans la médecine, ça va être le serment d'Hippocrate, par exemple. En restauration d'œuvres d'art, vous avez des valeurs vraiment qu'on vous inculque de façon très transparente, comme ça.

  • Speaker #1

    Il y a un code déontologique aussi.

  • Speaker #0

    Un code déontologique, c'est ça.

  • Speaker #1

    Un restaurateur. Mais c'est intéressant que tu poses cette question parce qu'en fait, ce code déautomagique, il n'est pas forcément adapté dans les cas de la conservation et restauration des œuvres d'art contemporaines.

  • Speaker #0

    Ah d'accord.

  • Speaker #1

    Parce que ça fait appel à des valeurs qui ne sont pas vraiment applicables aux œuvres d'art contemporaines. Je n'ai plus le texte sous les yeux, mais j'avais étudié ça, si tu me parles de mon mémoire, mais il y a vraiment des incohérences. Donc, moi je suis très honnête, je ne dis pas que j'adhère à ce code éthique parce que je ne peux pas, mais pour certains points, mais globalement, il y a des choses à respecter et à suivre.

  • Speaker #0

    C'Ă©tait parti dans l'optique de restaurer des Ĺ“uvres d'art plus ou moins anciennes. Qu'est-ce qui t'a fait switcher d'opinion ?

  • Speaker #1

    Pour rester polie, ça m'a progressivement profondément ennuyée puisque ce sont des analyses et des gestes qui sont très réparbatifs. Une peinture à griffes, la dépression, la laitoie, la dévergure, s'il y a quelque chose à faire au support, un petit peu d'ermestique, une reverie, un peu de touche, c'est quasiment toujours un truc, sauf des cas exceptionnels où il y a un travail ou autre à faire actuellement, mais sinon c'est toujours une chose. C'est un aspect qui moi m'a... J'étais presque à un moment dégoûté du métier. Et puis je me suis beaucoup remise en question à ce moment-là. D'autant plus qu'au même moment, quand je commençais aussi à m'intéresser à la restauration de la Contemporée, j'ai fait aussi quelques stages, des ateliers sur papier spécialisé dans le forum. En fait, quand j'y étais, je me suis rendue compte que, un, ce n'était pas le cas, et deux, Le traitement des heures n'était pas assez optimale. Et donc j'ai eu cette remise en question de par le fait de... Est-ce que j'ai envie dans ma vie de toujours voir mes deux fautes et de faire toujours la même chose ? Et un autre, est-ce qu'il est possible de restaurer la propre ? J'ai envie que j'en vive.

  • Speaker #0

    Il y a un côté presque répétitif dans la manière dont ils sont les œuvres d'art plus anciennes, parce qu'on connaît très bien. Les matériaux, la manière de faire, toi tu avais besoin d'un petit peu de challenge aussi, de nouveautés. Ce n'est pas la voie de la facilité, mais au final, ça te stimule beaucoup plus.

  • Speaker #1

    Oui, ça me stimule plus, ça me stresse plus aussi. J'espère quelquefois quand on me présente une œuvre, j'essaie de me faire ressentir, d'avoir énormément confiance en moi. Oui, bien sûr, on va faire quelque chose, c'est possible. Je dis pas que c'est nul, ça va être fait, que c'est faisable, ça va être fait. Je dis oui, c'est possible, ça fait très plaisir. Et puis, l'instant d'après, je me dis, mais qu'est-ce que c'est que ça ? Je ne vais jamais y arriver, mais c'est impossible. Comment est-ce que je vais faire ? Et il se passe du temps, beaucoup de temps. Et puis, au final, je m'y mets et c'est bon, je m'arrête. C'était pas... C'est pas assez compliqué que ça, si je n'ai pas, je vais le faire. Mais à chaque fois,

  • Speaker #0

    je sais toujours qu'à ça,

  • Speaker #1

    il y a toujours ce moment où je me dis, mais Margot, pourquoi il faut toujours que tu fasses, que tu en fasses toujours à ta tête, que tu passes toujours autrement, et que tu te trouves dans des situations comme ça qui sont impossibles, et que tu ne passes plus à ta faute.

  • Speaker #0

    En plus, tu es un petit peu seule dans ton problème, vu que Vous n'êtes pas beaucoup à faire ce que tu fais, tu peux pas trop appeler une collègue ?

  • Speaker #1

    Oui, je peux toujours demander conseil à d'autres restaurateurs. De toute façon, tout agit et va apprendre. J'ai gardé aussi contact avec un atelier, j'ai dit avec un stage de sale qui m'avait aidée dans les voies de vue.

  • Speaker #0

    Vous êtes très peu nombreux à restaurer l'art contemporain, mais est-ce que c'est pour des raisons structurelles aussi, dans la manière dont vous êtes formée ?

  • Speaker #1

    C'est vrai que vendre un vieux face métier, en tout cas pour ma part, moi, quand j'ai vendu face métier, c'était pour toucher des œuvres d'art anciennes, c'était pas pour restaurer une barrière qui a été peinte la veille. Et donc je pense qu'il y a aussi ce souci peut-être de légitimité aussi. On peut se dire qu'en contrastant avec la contondance de la restauration, ce n'est pas utile, ce n'est peut-être pas non plus une flat-term, alors que c'est absolument passionnant.

  • Speaker #0

    On va venir petit à petit au sujet de la restauration d'œuvres d'art contemporaines, parce que tu as commencé à nous le dire, il y a vraiment des spécificités. Déjà, on peut avoir ce biais de se dire qu'il n'y a que les œuvres anciennes qui s'abîment avec le temps et donc qui ont besoin de restauration. Éventuellement, on peut s'imaginer qu'une œuvre d'art contemporaine a besoin d'être restaurée parce qu'elle a été cassée, abîmée. Mais est-ce qu'il y a d'autres raisons, en dehors de la casse accidentelle, qu'une œuvre d'art contemporaine aurait besoin d'être restaurée ?

  • Speaker #1

    Il y a du temps aussi, mine de rien. Il y a des matériaux qui peuvent se fragiliser et se détériorer très rapidement. Donc il y a comme tu le dis des accidents, que ce soit dans le lieu où est exposé ou consacré l'œuvre. Aussi des accidents de transport, ce qui arrive très souvent, d'autant plus que le marché de l'art contemporain est un marché extrêmement magnifique, où une œuvre peut être vendue aujourd'hui aux États-Unis, elle va partir dans une phase de 12 heures. Elle part dans son 12h, il faut qu'elle se rende et que ça monte le tas. On ne sait pas en quel tas elle va arriver là-bas. Et puis peut-être qu'une fois récupérée chez le collectionneur, ça ne lui plaira plus. Et puis il va décider d'avoir besoin d'en ajouter une autre. Et trois semaines après, elle va se retrouver encore au bout du monde. Et ça, c'est le lot de beaucoup de vos dards. Il y a aussi... Les problématiques liées au déconseil sur l'œuvre, au vandalisme. Il y a beaucoup de choses qui ont été réalisées.

  • Speaker #0

    C'est lié aussi aux matériaux de l'art contemporain qui sont différents. Je le sais parce qu'on s'en était parlé en offre. On n'allait pas imaginer que j'ai des connaissances hyper poussées et abouties. Mais tu m'expliquais en offre, quand on s'était rencontrés, quand on avait discuté avant de faire le podcast, que par exemple les pigments de la peinture n'étaient pas les mêmes que dans les œuvres anciennes et que parfois les œuvres contemporaines... Il peut se détériorer beaucoup plus vite ?

  • Speaker #1

    Oui, il y a les pigments, il y a les liens, il y a aussi les nouveaux médiums. Par exemple, il y a deux cas de figure. Soit oui, effectivement, ça peut se détériorer plus vite, soit ça peut aussi se détériorer plus facilement et dans d'autres conditions qui sont plus accessibles que les conditions de détérioration que les œuvres. anciennes, traditionnelles, par exemple le cas des Ventures acryliques, qui est quand même assez très commun dans la production artistique de Vigo depuis les années 60. Il y a vraiment des contraintes de température à respecter puisque techniquement la température de transition vitreuse de la peinture acrylique est de 25 degrés, ça veut dire qu'à cette température les composants du matériau vont être modifiés et donc ça va modifier les caractéristiques de la peinture et maintenant c'est ce que j'ai mis. Ce qui peut causer des soucis de dépropression ou bien des soucis de défaçon, puisqu'elle peut plus facilement s'immiscer sur la peinture et rester en rustique. Il y a également le cas de la peinture à l'huile qui est un médium qui a été utilisé. pas de tout au long mais dès le 15ème siècle. Mais pour autant les peintures actuelles déjà ne sont pas les mêmes et en plus de ça, une peinture à l'huile qui a moins de 100 ans n'aura pas non plus les mêmes caractéristiques physico-chimiques qu'une peinture qui est plus ancienne que ça. Donc là aussi ça va... Ça peut poser des soucis de conservation et après des soucis d'intervention sur l'œuvre. Et puis après, il y a l'usage de matériaux et d'objets qui ne sont pas initialement conformes à la production artistique. Et en plus, ça peut être des objets prévisibles. Il y a aussi des assemblages, soit de peintures, soit de matériaux qui sont contradictoires et qui peuvent de même altérer l'œuvre. Par exemple, actuellement, je travaille sur l'exemple de Louis Sarrel, qui sera d'ailleurs prochainement exposé en Suisse, où le souci pour une partie de ses œuvres... La partie scénarque qui a été conçue, ce sont des peintures acryliques sur toile montées sur le châssis. Et sur ces peintures, il y a des sortes de tasseaux. Je n'ai pas su cerner le matériau précisément. Ça ressemble à du carton, mais en même temps, c'est assez plastifié. Ce matériau est découpé, peint, coupé et collé sur la toile. Et en fin de compte, c'est un matériau qui est beaucoup trop solide par rapport à la toile. Et donc, en fin de compte, les variations de tension de la toile vont faire que ces morceaux, ces tasseaux vont se décoller. Et encore, ça va, dans ce cas-là, ça se décolle, mais ça peut engendrer aussi...

  • Speaker #0

    carrément la revulsion de la toile.

  • Speaker #1

    Quand tu parlais de la peinture acrylique, alors oui, beaucoup d'artistes utilisent la peinture acrylique. Et c'est vrai que tout ce que tu dis à ce sujet amène à se poser la question du choix des matériaux quand on est artiste et quand on est collectionneur d'art, de bien faire attention aussi, pas seulement à l'esthétique de l'œuvre, mais à quels matériaux ont été utilisés. Je pense que tout le monde n'y fait pas très attention, surtout si on débute. Est-ce que tu aurais des... Des conseils, par exemple à destination des artistes, pour faire des œuvres qui soient durables, mais toujours avec peut-être un budget pas trop exponentiel, parce que c'est très bien quand on commence, on n'a pas un énorme budget pour ses matières premières.

  • Speaker #0

    Par provocation, je dirais de ne pas faire attention. Parce que pour moi, un artiste ne doit pas se limiter. Il doit vraiment profiter de la créativité et de l'imagination qu'il a pour faire ce qu'il a envie de faire et donc d'utiliser les matériaux qu'il souhaite, de les assembler comme il souhaite. Après par la suite ce sera le problème de restaurateurs comme moi. Mais après si vraiment c'est le but de l'artiste de créer une œuvre qui soit... qui sont d'ailleurs immortelles, je lui conseillerais de faire comme les peintres flamands du XVe siècle, de retourner à la technique de la peinture à l'huile et de savoir l'exécuter brillamment, puisque avec énormément de siècles de recul, On se rend compte que ce sont les types de peintures qui sont vraiment les mieux conservées et qui sont dans un état très exceptionnel.

  • Speaker #1

    C'est comme dans tout, c'est les techniques de grand-mère, ils sont toujours les meilleurs. Et quelle est la place de la science dans tout ça ? Parce que tu as parlé de matière scientifique en école. Là, je ressens que tu étudies plein de matériaux différents. Quelle est la place de la science dans ton métier ?

  • Speaker #0

    Je suis en train de me faire un petit déjeuner. Et ce qui n'est pas moi en particulier, je me renseigne auprès de chercheurs et de scientifiques qui ont vraiment cette capacité d'étudier les matériaux extérieurs ou pas que. En fait, dans le métier de conservateur et de conservateur, je pense qu'il faut distinguer deux types de... De personnalité ou de compétence, il y a le restaurateur exécutant qui va manuellement, techniquement restaurer les œuvres d'art. Et puis, à côté de ça, il y a le restaurateur-chercheur qui, lui, travaille dans un laboratoire. C'est un laboratoire, un musée public, un laboratoire privé, et qui va se pencher sur des problématiques scientifiques. à un matériau, à un artiste, à un artiguier, ou bien à une technique de restauration. De moi-même, je n'analyse pas scientifiquement les matériaux, mais je me renseigne près de ces opératoires qui publient régulièrement leurs recherches. En France, assez peu, à l'étranger surtout.

  • Speaker #1

    Ils te servent de leurs études, mais quand même pouvoir les décrypter.

  • Speaker #0

    Oui, ça c'est quelque chose qu'on apprend longtemps. des études de conservation et restauration. On est même aussi amené à proposer, en sujet de recherche technico-scientifique, de l'exécuter et d'analyser les résultats de cette recherche. Et puis ça demande énormément de temps, et en plus du temps qui ne peut pas être facturé, parce que je ne vais pas expliquer en disant que j'ai ce problème-là, je vais devoir réaliser ceci, réaliser cela, pour ça je vais devoir créer aussi les chantiers et puis les observer avec. Merci. Avec des outils, ou devoir faire des mesures de brillance et de couleur, voilà, puis je vais me placer six mois dessus, et puis je vais m'effectuer. Il va me dire, pour être polie, il va me dire merci. Donc c'est pour ça aussi que c'est deux choses très différentes.

  • Speaker #1

    Mais c'est super intéressant parce que ça permet de voir tous les métiers, entre guillemets, de l'ombre. du monde de l'art parce que quand on pense au monde de l'art, on pense galerie, on pense agents, on pense artistes évidemment ou personnels des musées mais en fait il y a des scientifiques moi je trouve ça fascinant qui travaillent à étudier comment restaurer au mieux les œuvres d'art, qui étudient les matériaux il y a des personnes comme toi qui sont peut-être intervenues sur des tableaux sans même qu'on s'en rende compte parce que je pense que c'est ça aussi l'objectif c'est qu'on ne voit pas qu'il y a eu des résultats restauration. Donc je trouve que ça illustre bien tout ce panel de métiers.

  • Speaker #0

    Et pour revenir à ta question de, ne restons pas d'art traditionnel, mais d'art actuel, disons, par contemporain, en fait, au-delà des matériaux qui sont dans le problème de la technologie, il y a aussi quelque chose de très autrement. Par rapport à eux, qui sont plutôt là et qui suivent, par exemple, dans le temps politique, c'est un peu plus... Jusque dans les années 10-20, les matériaux dans l'œuvre servaient à servir l'image. L'image d'une œuvre, d'une peinture est possible grâce au matériau. Et je dirais à partir des années 10-20, avec par exemple les emails de Michel pour l'enseignement, on fait en compte le matériau, le circuit de support à l'image, le matériau... Le vidéo va servir de son soin à l'oeuvre et va être parfois même le sujet de l'épreuve. Là aussi, ça pose des questions particulières, puisque, par exemple, si j'agis sur un matériau qui fait partie intégrante de l'œuvre et du sujet de l'œuvre, est-ce que je ne vais pas altérer le sujet même de l'œuvre ? Donc, clairement, ce sont des questions qui peuvent être compliquées, particulières, mais... C'est mieux si je donne un exemple concret avec par exemple le collectif Présence Confumette. Je pense que ça se dit comme ça. C'est pas énormément connu. Ils ont fait surtout des assemblages d'objets assez focs et ils utilisaient surtout des... des objets trouvés par exemple dans les rubènes. Et j'ai ce souvenir d'une œuvre qui a été faite avec, par exemple, des tableaux trouvés dans la rue qui étaient percés, déchirés, etc. Là, dans ce cas-là, dans une grande chose, l'additionnaire nous dit, oui, ces tableaux, on va les contrôler, on va reprendre les déchirures, et puis on va les retoucher. D'accord, mais là, dans ce cas-là, si on veut ça, si on prend ce tableau, si on les entendait trop belles, et qu'on l'envoie, on reprend les déchirures, on le touche, on compte, là, il n'y aura plus de sens.

  • Speaker #1

    D'où aussi le fait de bien connaître l'histoire des tableaux. Bon, écoute, on va passer aux questions signatures. Pour terminer cette interview, première question, c'est selon toi, de quoi le monde de l'art a-t-il besoin ?

  • Speaker #0

    J'ai deux réponses. Une réponse plutôt professionnelle et une assez plus personnelle. Je dirais que le monde de l'art avait besoin de plus de précautions et de moins de sérieux.

  • Speaker #1

    C'est déjà ressorti, le fait de moins se prendre au sérieux.

  • Speaker #0

    Je pense que c'est précaution dans le sens où il faut quand même prendre soin des objets d'art, même si ça fait partie de la vie, même si ça peut être un objet commun. Il faut vraiment prendre ces dispositions, que ce soit fin collectionneur, que ce soit professionnel, galerie, etc., pour conserver ses œuvres, parce que... Si on a une maladresse ou si on fait une erreur dans la manière de conserver l'heure, ça peut être catastrophique. Ça, c'est la conscience professionnelle qui parle. Et le moins sérieux, ce que j'ai besoin de justifier.

  • Speaker #1

    Je pense que chacun comprend implicitement ce que tu veux dire.

  • Speaker #0

    Moi, je suis moins sérieuse dans le sens, oui, se prendre.

  • Speaker #1

    Oui, c'est ça. Sinon, ce serait contradictoire avec la première partie de ta réponse, mais je pense qu'on voit tous très bien ce que tu veux dire. Deuxième question, quel est ton meilleur souvenir en rapport avec le milieu artistique ?

  • Speaker #0

    C'est pas facile parce que j'aime beaucoup.

  • Speaker #1

    Tant mieux, tant mieux.

  • Speaker #0

    Je ne sais pas si c'est mon meilleur souvenir, mais je dirais que c'est ma grande surprise. C'est ma rencontre avec Beauty Chevy, ou en tout cas plutôt ses œuvres, au Galerie des Offices de Florence, et particulièrement le printemps. Alors moi, jusque-là, je ne sais pas, c'était peut-être en 2017, Moi, jusqu'à ce moment-là, le chéli, je me souviens, c'était bien plein, c'était mignon, mais bon, c'est pas ma tasse de thé. Et quand je me suis retrouvée face au printemps, j'ai trouvé ça d'une beauté tellement rare et qui pourtant contrastait avec ma vision de... de l'artiste et de sa production. Et j'ai trouvé ça tellement beau, ça m'a beaucoup émue, et je me suis dit, moi qui ne crois pas en Oran, moi qui ne crois en aucun dieu, je me suis dit, il y a forcément quelque chose de sacré là-dedans, que ça soit aussi merveilleux.

  • Speaker #1

    ça donne presque des frissons je rêverais d'aller voir ce tableau parce que c'est vrai que c'est tous des chefs d'oeuvre qu'on connait que dans les livres et il y a quelque chose en plus qui se passe comme tu le dis quand on le voit en vrai donc avec plaisir pour aller voir ce tableau et ma dernière question c'est est-ce que tu peux nous parler d'un objet ou d'une oeuvre d'art qui t'accompagne au quotidien je vais bien parler il y a donc un peu de champ dans cette petite partie c'est une

  • Speaker #0

    Petite loupe qui se... C'est un objectif macro qui se... Je me mets sur le téléphone d'Adepte et qui permet en fait de voir tous les petits détails d'une œuvre d'art et c'est quelque chose qui est à chaque temps mauvais. Si je crois que je dois examiner une œuvre d'art, c'est toujours ce moment que je préfère parce que ça révèle énormément de choses, que ce soit sur la technique de l'artiste, les matériaux, les interactions. C'est vraiment une immersion, un peu comme une défonction dans l'œuvre et donc j'ai souvent ça avec moi et comment je vais me sentir qui joue.

  • Speaker #1

    Génial, j'ai envie d'essayer je vais voir si je trouve un petit truc à regarder merci beaucoup Margot d'avoir répondu à mes questions merci à toi juste de m'avoir

  • Speaker #2

    Merci beaucoup d'avoir écouté cet épisode. Si vous l'avez aimé, vous pouvez venir me le dire sur le compte Instagram du podcast ou en envoyant un message directement à Margot. J'en profite pour vous adresser une annonce de sa part, puisque Margot est à la recherche d'un ou d'une conservateur-restaurateur avec un intérêt particulier pour l'art contemporain et son marché, afin de contribuer au développement des services proposés par son entreprise. Pour en savoir davantage sur cette opportunité, Vous pouvez la contacter directement par mail ou via les réseaux sociaux. Les coordonnées sont tous accessibles sur son site bossarconservation.com Je vous mets le lien en note du podcast. Un grand merci à Kylian Goujon pour le mixage audio et la composition du générique. Merci également à La Perle, partenaire presse du podcast. N'hésitez surtout pas à partager ce podcast à vos amis qui souhaiteraient en savoir plus sur le monde de l'art ou à vos collègues et connaissances qui évoluent ou souhaiteraient évoluer dans ce milieu. Chaque mois, je publie une interview avec un invité inspirant et un épisode plus personnel en duo avec Axel, mon associé dans les Art Dating. Je vous dis donc à très vite pour un prochain épisode.

Description

Bienvenue sur Visions Communes : des épisodes d’une trentaine de minutes en duo avec Axelle Delorme, où nous intervenons sur des thématiques philosophiques ou plus pragmatiques en relation avec le monde de l’art et la création. ✨


👯‍♀️ Axelle est mon associée sur les ART DATINGS et lorsque nous parlons de notre rencontre, nous disons souvent que nous nous sommes rassemblées autour d’une vision commune.
Au lieu de garder pour nous toutes les conversations où l’on refait le monde (de l’art), nous vous les partageons désormais dans ces capsules audio.


Bonne Ă©coute !



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Transcription

  • Speaker #0

    Bienvenue sur Innover dans le monde de l'art, le podcast dédié aux personnalités qui construisent le monde de l'art de demain. À travers ces épisodes, je vous permets de décrypter les coulisses de ce secteur pour pouvoir mieux l'aborder et si vous le souhaitez, vous y aventurez à votre tour. Je suis Lise, hôte de ce podcast et cofondatrice des Art Dating, des accompagnements personnalisés, des formations et des événements qui permettent aux artistes de mieux valoriser leurs démarches, de déployer leur potentiel et d'élargir leur réseau. Vous pouvez retrouver le podcast et les Art Dating sur Instagram. Aujourd'hui, je reçois Margot Bossard, restauratrice d'œuvres d'art spécialisée dans les œuvres contemporaines. Une spécialité peu commune dans ce domaine, et vous le verrez, pleine de défis. Margot nous emmène en immersion, du moins en parole, dans son métier, que ce soit à l'atelier ou en dehors. Nous avons aussi échangé sur tout l'aspect éthique qui encadre son activité, et vous verrez, elle nous offre même généreusement quelques conseils préventifs. J'ai adoré l'écouter parler de son métier unique et de la manière dont elle l'aborde. J'espère alors que cet épisode mettra un petit peu de lumière sur ce métier de l'ombre du milieu de l'art. Bonne écoute ! Bonjour Margot, comment vas-tu ? Je vais bien,

  • Speaker #1

    ça va très bien et toi ?

  • Speaker #0

    Eh bien ça va très bien, merci beaucoup d'être là. Donc Margot, tu es restauratrice d'œuvres d'art et tu as choisi une spécialité qui n'est... Pas n'importe laquelle, puisque tu as décidé de te consacrer à la restauration d'œuvres d'art contemporaines. Alors, ça peut paraître un peu classique, parce que quand on est historien ou historienne de l'art, beaucoup de personnes se spécialisent dans l'art contemporain, mais dans le cadre de la restauration d'œuvres d'art, tu nous en diras un petit peu plus, ce n'est pas une spécialisation qui est si commune. Mais dans un premier temps, ce que je vais te demander, c'est de me raconter comment s'est faite, toi, ta rencontre avec le milieu de l'art de manière générale. Merci.

  • Speaker #1

    Tout d'abord, merci Lise de m'accueillir dans ton podcast. C'est assez touchant pour moi, puisqu'en fait, on a commencé nos projets respectifs au même moment. Et puis, je constate en étant ton invitée que tout se passe pour le mieux pour toi, tout comme moi. Donc, je t'en remercie spécialement. Alors, depuis que j'étais toute petite, j'ai toujours voulu faire le métier de restaurateur, depuis que je suis toute petite, en ayant vu un reportage à la télévision. Mais avant ça, je ne sais pas si... Ma carrière, disons, trouve sa source ici, mais je dirais que mon premier contact avec l'art qui m'a fait pressentir que j'allais aimer ça, je crois que c'est avec une œuvre de Jean-Baptiste Corot. Souvenir de Mort-Pontel, qui est un tout petit tableau exposé, je crois, au Louvre. Et chez ma grand-mère, dans la salle à manger, il avait une représentation de cet oeuvre, monumentale en tapisserie. Dans mes souvenirs, ça paraissait vraiment gigantesque, puisque j'étais petite. Et puis, cette heure, j'étais dans la salle à manger, et à chaque repas de famille, j'étais face à elle, et je m'amusais toujours à me perdre dans la représentation, et à m'imaginer être vraiment au cœur de l'œuvre et au cœur de... de ce qu'elle représentait, à savoir, je crois que c'est dans un paysage, et il y a, dans mes souvenirs, ce sont des jeunes filles qui cueillent des fruits au bord d'un lac. Alors je m'imaginais que j'allais me balader en forêt, au préculaire, que j'allais cueillir avec ces bonnes petites filles des fruits dans les bois. Oui, parce que j'aimerais que j'en ai un souvenir assez particulier et nostalgique. Je t'aime pas, je t'aime pas. Que tout naît de l'art, mais en tout cas, ça m'a laissé un souvenir très fort.

  • Speaker #0

    Donc tu as cet amour de l'art qui naît assez jeune, finalement. Mais quand tu es restauratrice d'œuvres d'art, il faut aussi être très habile techniquement parlant. Est-ce que tu avais un amour du dessin, un amour de la créativité, par exemple ?

  • Speaker #1

    Quand j'étais très petite, oui. Et en fait, au fil des années, plus j'ai grandi, je dirais qu'à partir de mes deux licences, on commençait à... Bye bye plus éloigné de ça, mais je me suis rendu compte que je n'avais pas assez d'imagination pour pouvoir me plaire dans la création, pouvoir dessiner, peindre, etc. Je mets beaucoup les travaux manuels, il fallait être habile, mais tout ce qui suscitait l'imagination et la créativité, au fur et à mesure, c'était devenu compliqué, d'autant plus que... En parallèle du lycée, je faisais des cours d'art appliqué dans une école, vraiment à titre de loisir. Et puis j'ai remarqué qu'en fait cette frustration, elle naissait de plus en plus et que j'avais moins de goût à y aller parce que j'avais cette pression de dire que j'arrive à avoir de l'imagination pour faire quelque chose.

  • Speaker #0

    Tu vas en école de restauration d'œuvres d'art, tu fais directement ça après ton bac ?

  • Speaker #1

    Oui, j'ai utilisé l'histoire de la règle. Comme je te le disais, depuis que j'étais plus petite, j'avais envie de faire ça. Après, c'est vrai qu'en grandissant, j'avais l'autre ambition et l'idée. Parfois,

  • Speaker #0

    je suis quelquefois aussi un peu farfelue.

  • Speaker #1

    Mais au final, à partir du lycée, et plus précisément à partir de la terminale, mon choix a été fait et je savais que je devais le faire. restaurer des hommes d'art, mais la difficulté étant que c'est vraiment une filière de niche. Et donc oui, je me suis décidée à être restauratrice d'hommes d'art quand j'étais en terminale. Mais d'une part, l'école que j'avais repérée, qui est l'école Gondée, était située à Paris. Je suis aux aînés du nord de la France. Et donc déjà d'une part à 17 ans, à l'occasion de mon bac ou de mon mariage, c'était pas une déclination, je me sentais pas mature pour ça. Et puis d'une autre part... En fait, je ne trouvais pas légitime de commencer ce cursus en me connaissant très sérieusement. Pour moi, c'était logique de d'abord étudier les œuvres d'art et ensuite pouvoir aspirer à les conserver et à les restaurer. Il faut forcément connaître l'œuvre et son histoire pour pouvoir agir sur elle et bien agir sur elle.

  • Speaker #0

    C'est un métier qui se pratique beaucoup en indépendant ?

  • Speaker #1

    Alors il y a deux cas de figure. Les restaurateurs qui travaillent pour les institutions publiques, les musées, et après il y a toute une partie qui travaille de manière indépendante et surtout pour des hôtels privés, privés de professionnels, des galeries. des marchands, des maisons de vente, etc. Et puis, une autre partie, plutôt des collectionneurs. Collectionneurs et Amazon.

  • Speaker #0

    Et toi, en plus, en tant qu'indépendante, j'ai l'impression que tu es dans chaque maillon de la chaîne. Tu n'es pas juste exécutante, tu es aussi à la partie un peu R&D, même si tu essayes de ne pas trop y donner de tasse, la partie commerciale aussi. Donc, c'était un choix pour toi d'exercer en indépendante pour ça

  • Speaker #1

    C'est pas le choix.

  • Speaker #0

    Ça s'est fait naturellement.

  • Speaker #1

    C'est pas le choix. Puisque être embauchée dans un atelier en France, c'est pas possible. C'est pas possible puisque généralement, c'est des salariés à utiliser. On fait un compte en Europe. Tu travailles un peu contre, mais tu te rends compte d'un atelier, ce qui n'est vraiment pas intéressant. Et puis il y a aussi le fait que de tous les ateliers que je peux connaître ici à Paris, il n'y en a pas un dans lequel Je peux me retrouver et être heureuse dans la manière d'appréhender les œuvres ou de les restaurer.

  • Speaker #0

    Qu'est-ce qui te rend heureuse dans la manière d'appréhender et de restaurer les œuvres ?

  • Speaker #1

    Je sais ce que je n'aime pas, ça c'est sûr, mais en fait je pense que j'aime bien et j'apprécie surtout prendre mon temps. Prendre le temps d'observer l'œuvre, de la voir pour soi, et puis de l'obscruter des moindres détails.

  • Speaker #0

    Il y a très peu d'ateliers qui embauchent ou qui recrutent des personnes, et en plus j'imagine en particulier dans l'art contemporain, parce qu'on ne l'a peut-être pas assez souligné, mais c'est quand même une spécialisation qui est... très rare en France en tout cas, vous êtes assez peu à le faire non ?

  • Speaker #1

    Oui, donc il y a d'autres restaurateurs qui se disent spécialisés en art contemporain, mais qui pour autant en parallèle travaillent aussi sur des œuvres anciennes, et donc c'est une collection qui… qui m'épreuve, c'est le principe de l'inviction. Mais pour moi, on ne peut pas jongler de l'un à l'autre. Forcément... Si on fait ça, au bout d'un moment, il y aura forcément une erreur d'interprétation ou un geste qui sera maladroit et ça peut être dangereux. Je n'aime pas beaucoup dire ça par superstition, je pense, mais je pense que je suis en tout cas libre d'erreur à consacrer mon travail de conservation et restauration uniquement aux arts contemporains. Merci. Je ne l'ai pas précisé, mais je pense que c'est important de le dire, pour moi, par contemporain, c'est les œuvres à partir de la précarité.

  • Speaker #0

    Et tu disais aussi que c'était très niche, et donc est-ce qu'en conséquence, c'est très difficile de rentrer dans une école de restauration d'Evreda ? Sur quels critères on te sélectionne ?

  • Speaker #1

    Les critères sont très différents d'une école à une autre. L'école mondiale est une école privée, en parallèle à Paris il y a deux autres L'école publique, il y a une formation à la CETEPOL et une autre à l'INP, l'Institut National de la Tribune. Pour entrer dans ces écoles, surtout l'INP, c'est sur concours, c'est un programme qui est extrêmement compliqué. Et généralement, ceux qui passent le concours, Ils se sont préparés par exemple en faisant l'école que j'ai faite, souvent en trois ans, voire même en cinq ans, pour pouvoir juste uniquement passer le concours, sans forcément aussi être pris. Et pendant ce concours, c'est des épreuves de copie, de dessin, mais quand même à la dernière poussée. Il y a aussi... Des questions scientifiques, on demande également de faire un constat d'une heure, de proposer un traitement. Donc en fait, c'est des choses vraiment déjà précises qu'on apprend normalement à l'école, qui sont déjà demandées dans l'avenir. À l'école, l'admission se fait sur un quotidien.

  • Speaker #0

    Avant,

  • Speaker #1

    il y a un petit test de culture générale qu'on a à faire. Et après, c'est sur l'entretien, des motivations, d'écrire ses aptitudes. Il faut aussi quand même montrer un book. Mais on ne sait pas, s'il n'y en a pas, ce n'est pas quelque chose qui est bon. qui est illuminatoire. Et je dirais qu'en fait, l'éclatement se fait petit à petit dès la première année. La première année, on est vraiment vraiment en train. Moi en 2016, quand j'étais en fin de l'année, je crois qu'on était le grand groupe de vente. Là, je crois qu'actuellement, c'est des classes de plus de 60, 60-80 personnes. Et par exemple, à la fin de mon cursus, dans ma spécialité, on était le plus simple. Donc, l'éclairage, c'est fait dès la première année, puisque c'est énormément de travail, et c'est beaucoup de connaissances à acquérir dans plusieurs domaines très différents, les sciences, l'histoire de l'art, les sciences de matériaux, le dessin, la copie. Il y a aussi un peu la première année de création artistique. Et souvent, les élèves se rendent compte d'eux-mêmes que ce n'est pas fait pour eux. Ou bien on leur fait savoir qu'ils ont de trop grosses lacunes dans un domaine et donc on les remonte vers une filière qui est mieux pour eux.

  • Speaker #0

    C'est quand même très complet. Il n'y a pas beaucoup de formations qui ont à la fois ce côté intellectuel et en même temps le côté pratique. C'est fascinant, ça donne vraiment envie de voir comment ça se passe de l'intérieur. Et ma question venait de là, parce que des fois il y a des choses où on se dit qu'on peut toujours apprendre en étant formé. Mais quand on voit comment sont faites les sélections, en particulier à l'INP, on voit que quand même les personnes attendent un certain talent déjà présent. Est-ce que toi tu penses que tout le monde avec de l'entraînement peut réussir à faire ça, comme dans d'autres métiers, ou bien il faut quand même avoir une certaine aptitude au préalable ? Est-ce que tu as rencontré par exemple des profils de personnes qui n'étaient pas forcément excellentes en dessin, qui ont eu des entretiens ? dans ton école et qui se sont avérées avoir une progression assez impressionnante au fur et à mesure ?

  • Speaker #1

    J'en suis l'exemple même, je suis à un niveau catastrophique en dessin, parce que je n'aime pas ça. Je sais que c'est surprenant de dire ça et c'est peut-être pas rassurant, mais j'ai eu l'horreur, pendant mes études, j'avais eu l'horreur du dessin et de la copie. Et pour ma part, quand je n'ai pas quelque chose, je n'y arrive pas. Une forcée, je n'y arrivais pas et j'étais très nue là-dedans. Mais je compensais beaucoup en étant, par exemple, en ayant beaucoup de connaissances en histoire de l'art, ou en ayant une bonne technicité dans les travaux pratiques de restauration, ou encore avoir une bonne logique dans les sciences de matériaux. Donc rien n'est perdu, mais je pense qu'il y a quand même des matières et des qualités qui sont essentielles, comme par exemple le fait justement de ne pas avoir d'imagination et de créativité, parce que ça c'est même dangereux quand on est restaurateur, puisque quand on a vraiment cette aptitude qui est très développée, on a peut-être tendance à réinterpréter une œuvre. Ce qui est absolument très possible.

  • Speaker #0

    Quand tu parles des dérives comme ça, ça me fait penser un peu comme dans certaines professions, il y a une certaine éthique. Dans la médecine, ça va être le serment d'Hippocrate, par exemple. En restauration d'œuvres d'art, vous avez des valeurs vraiment qu'on vous inculque de façon très transparente, comme ça.

  • Speaker #1

    Il y a un code déontologique aussi.

  • Speaker #0

    Un code déontologique, c'est ça.

  • Speaker #1

    Un restaurateur. Mais c'est intéressant que tu poses cette question parce qu'en fait, ce code déautomagique, il n'est pas forcément adapté dans les cas de la conservation et restauration des œuvres d'art contemporaines.

  • Speaker #0

    Ah d'accord.

  • Speaker #1

    Parce que ça fait appel à des valeurs qui ne sont pas vraiment applicables aux œuvres d'art contemporaines. Je n'ai plus le texte sous les yeux, mais j'avais étudié ça, si tu me parles de mon mémoire, mais il y a vraiment des incohérences. Donc, moi je suis très honnête, je ne dis pas que j'adhère à ce code éthique parce que je ne peux pas, mais pour certains points, mais globalement, il y a des choses à respecter et à suivre.

  • Speaker #0

    C'Ă©tait parti dans l'optique de restaurer des Ĺ“uvres d'art plus ou moins anciennes. Qu'est-ce qui t'a fait switcher d'opinion ?

  • Speaker #1

    Pour rester polie, ça m'a progressivement profondément ennuyée puisque ce sont des analyses et des gestes qui sont très réparbatifs. Une peinture à griffes, la dépression, la laitoie, la dévergure, s'il y a quelque chose à faire au support, un petit peu d'ermestique, une reverie, un peu de touche, c'est quasiment toujours un truc, sauf des cas exceptionnels où il y a un travail ou autre à faire actuellement, mais sinon c'est toujours une chose. C'est un aspect qui moi m'a... J'étais presque à un moment dégoûté du métier. Et puis je me suis beaucoup remise en question à ce moment-là. D'autant plus qu'au même moment, quand je commençais aussi à m'intéresser à la restauration de la Contemporée, j'ai fait aussi quelques stages, des ateliers sur papier spécialisé dans le forum. En fait, quand j'y étais, je me suis rendue compte que, un, ce n'était pas le cas, et deux, Le traitement des heures n'était pas assez optimale. Et donc j'ai eu cette remise en question de par le fait de... Est-ce que j'ai envie dans ma vie de toujours voir mes deux fautes et de faire toujours la même chose ? Et un autre, est-ce qu'il est possible de restaurer la propre ? J'ai envie que j'en vive.

  • Speaker #0

    Il y a un côté presque répétitif dans la manière dont ils sont les œuvres d'art plus anciennes, parce qu'on connaît très bien. Les matériaux, la manière de faire, toi tu avais besoin d'un petit peu de challenge aussi, de nouveautés. Ce n'est pas la voie de la facilité, mais au final, ça te stimule beaucoup plus.

  • Speaker #1

    Oui, ça me stimule plus, ça me stresse plus aussi. J'espère quelquefois quand on me présente une œuvre, j'essaie de me faire ressentir, d'avoir énormément confiance en moi. Oui, bien sûr, on va faire quelque chose, c'est possible. Je dis pas que c'est nul, ça va être fait, que c'est faisable, ça va être fait. Je dis oui, c'est possible, ça fait très plaisir. Et puis, l'instant d'après, je me dis, mais qu'est-ce que c'est que ça ? Je ne vais jamais y arriver, mais c'est impossible. Comment est-ce que je vais faire ? Et il se passe du temps, beaucoup de temps. Et puis, au final, je m'y mets et c'est bon, je m'arrête. C'était pas... C'est pas assez compliqué que ça, si je n'ai pas, je vais le faire. Mais à chaque fois,

  • Speaker #0

    je sais toujours qu'à ça,

  • Speaker #1

    il y a toujours ce moment où je me dis, mais Margot, pourquoi il faut toujours que tu fasses, que tu en fasses toujours à ta tête, que tu passes toujours autrement, et que tu te trouves dans des situations comme ça qui sont impossibles, et que tu ne passes plus à ta faute.

  • Speaker #0

    En plus, tu es un petit peu seule dans ton problème, vu que Vous n'êtes pas beaucoup à faire ce que tu fais, tu peux pas trop appeler une collègue ?

  • Speaker #1

    Oui, je peux toujours demander conseil à d'autres restaurateurs. De toute façon, tout agit et va apprendre. J'ai gardé aussi contact avec un atelier, j'ai dit avec un stage de sale qui m'avait aidée dans les voies de vue.

  • Speaker #0

    Vous êtes très peu nombreux à restaurer l'art contemporain, mais est-ce que c'est pour des raisons structurelles aussi, dans la manière dont vous êtes formée ?

  • Speaker #1

    C'est vrai que vendre un vieux face métier, en tout cas pour ma part, moi, quand j'ai vendu face métier, c'était pour toucher des œuvres d'art anciennes, c'était pas pour restaurer une barrière qui a été peinte la veille. Et donc je pense qu'il y a aussi ce souci peut-être de légitimité aussi. On peut se dire qu'en contrastant avec la contondance de la restauration, ce n'est pas utile, ce n'est peut-être pas non plus une flat-term, alors que c'est absolument passionnant.

  • Speaker #0

    On va venir petit à petit au sujet de la restauration d'œuvres d'art contemporaines, parce que tu as commencé à nous le dire, il y a vraiment des spécificités. Déjà, on peut avoir ce biais de se dire qu'il n'y a que les œuvres anciennes qui s'abîment avec le temps et donc qui ont besoin de restauration. Éventuellement, on peut s'imaginer qu'une œuvre d'art contemporaine a besoin d'être restaurée parce qu'elle a été cassée, abîmée. Mais est-ce qu'il y a d'autres raisons, en dehors de la casse accidentelle, qu'une œuvre d'art contemporaine aurait besoin d'être restaurée ?

  • Speaker #1

    Il y a du temps aussi, mine de rien. Il y a des matériaux qui peuvent se fragiliser et se détériorer très rapidement. Donc il y a comme tu le dis des accidents, que ce soit dans le lieu où est exposé ou consacré l'œuvre. Aussi des accidents de transport, ce qui arrive très souvent, d'autant plus que le marché de l'art contemporain est un marché extrêmement magnifique, où une œuvre peut être vendue aujourd'hui aux États-Unis, elle va partir dans une phase de 12 heures. Elle part dans son 12h, il faut qu'elle se rende et que ça monte le tas. On ne sait pas en quel tas elle va arriver là-bas. Et puis peut-être qu'une fois récupérée chez le collectionneur, ça ne lui plaira plus. Et puis il va décider d'avoir besoin d'en ajouter une autre. Et trois semaines après, elle va se retrouver encore au bout du monde. Et ça, c'est le lot de beaucoup de vos dards. Il y a aussi... Les problématiques liées au déconseil sur l'œuvre, au vandalisme. Il y a beaucoup de choses qui ont été réalisées.

  • Speaker #0

    C'est lié aussi aux matériaux de l'art contemporain qui sont différents. Je le sais parce qu'on s'en était parlé en offre. On n'allait pas imaginer que j'ai des connaissances hyper poussées et abouties. Mais tu m'expliquais en offre, quand on s'était rencontrés, quand on avait discuté avant de faire le podcast, que par exemple les pigments de la peinture n'étaient pas les mêmes que dans les œuvres anciennes et que parfois les œuvres contemporaines... Il peut se détériorer beaucoup plus vite ?

  • Speaker #1

    Oui, il y a les pigments, il y a les liens, il y a aussi les nouveaux médiums. Par exemple, il y a deux cas de figure. Soit oui, effectivement, ça peut se détériorer plus vite, soit ça peut aussi se détériorer plus facilement et dans d'autres conditions qui sont plus accessibles que les conditions de détérioration que les œuvres. anciennes, traditionnelles, par exemple le cas des Ventures acryliques, qui est quand même assez très commun dans la production artistique de Vigo depuis les années 60. Il y a vraiment des contraintes de température à respecter puisque techniquement la température de transition vitreuse de la peinture acrylique est de 25 degrés, ça veut dire qu'à cette température les composants du matériau vont être modifiés et donc ça va modifier les caractéristiques de la peinture et maintenant c'est ce que j'ai mis. Ce qui peut causer des soucis de dépropression ou bien des soucis de défaçon, puisqu'elle peut plus facilement s'immiscer sur la peinture et rester en rustique. Il y a également le cas de la peinture à l'huile qui est un médium qui a été utilisé. pas de tout au long mais dès le 15ème siècle. Mais pour autant les peintures actuelles déjà ne sont pas les mêmes et en plus de ça, une peinture à l'huile qui a moins de 100 ans n'aura pas non plus les mêmes caractéristiques physico-chimiques qu'une peinture qui est plus ancienne que ça. Donc là aussi ça va... Ça peut poser des soucis de conservation et après des soucis d'intervention sur l'œuvre. Et puis après, il y a l'usage de matériaux et d'objets qui ne sont pas initialement conformes à la production artistique. Et en plus, ça peut être des objets prévisibles. Il y a aussi des assemblages, soit de peintures, soit de matériaux qui sont contradictoires et qui peuvent de même altérer l'œuvre. Par exemple, actuellement, je travaille sur l'exemple de Louis Sarrel, qui sera d'ailleurs prochainement exposé en Suisse, où le souci pour une partie de ses œuvres... La partie scénarque qui a été conçue, ce sont des peintures acryliques sur toile montées sur le châssis. Et sur ces peintures, il y a des sortes de tasseaux. Je n'ai pas su cerner le matériau précisément. Ça ressemble à du carton, mais en même temps, c'est assez plastifié. Ce matériau est découpé, peint, coupé et collé sur la toile. Et en fin de compte, c'est un matériau qui est beaucoup trop solide par rapport à la toile. Et donc, en fin de compte, les variations de tension de la toile vont faire que ces morceaux, ces tasseaux vont se décoller. Et encore, ça va, dans ce cas-là, ça se décolle, mais ça peut engendrer aussi...

  • Speaker #0

    carrément la revulsion de la toile.

  • Speaker #1

    Quand tu parlais de la peinture acrylique, alors oui, beaucoup d'artistes utilisent la peinture acrylique. Et c'est vrai que tout ce que tu dis à ce sujet amène à se poser la question du choix des matériaux quand on est artiste et quand on est collectionneur d'art, de bien faire attention aussi, pas seulement à l'esthétique de l'œuvre, mais à quels matériaux ont été utilisés. Je pense que tout le monde n'y fait pas très attention, surtout si on débute. Est-ce que tu aurais des... Des conseils, par exemple à destination des artistes, pour faire des œuvres qui soient durables, mais toujours avec peut-être un budget pas trop exponentiel, parce que c'est très bien quand on commence, on n'a pas un énorme budget pour ses matières premières.

  • Speaker #0

    Par provocation, je dirais de ne pas faire attention. Parce que pour moi, un artiste ne doit pas se limiter. Il doit vraiment profiter de la créativité et de l'imagination qu'il a pour faire ce qu'il a envie de faire et donc d'utiliser les matériaux qu'il souhaite, de les assembler comme il souhaite. Après par la suite ce sera le problème de restaurateurs comme moi. Mais après si vraiment c'est le but de l'artiste de créer une œuvre qui soit... qui sont d'ailleurs immortelles, je lui conseillerais de faire comme les peintres flamands du XVe siècle, de retourner à la technique de la peinture à l'huile et de savoir l'exécuter brillamment, puisque avec énormément de siècles de recul, On se rend compte que ce sont les types de peintures qui sont vraiment les mieux conservées et qui sont dans un état très exceptionnel.

  • Speaker #1

    C'est comme dans tout, c'est les techniques de grand-mère, ils sont toujours les meilleurs. Et quelle est la place de la science dans tout ça ? Parce que tu as parlé de matière scientifique en école. Là, je ressens que tu étudies plein de matériaux différents. Quelle est la place de la science dans ton métier ?

  • Speaker #0

    Je suis en train de me faire un petit déjeuner. Et ce qui n'est pas moi en particulier, je me renseigne auprès de chercheurs et de scientifiques qui ont vraiment cette capacité d'étudier les matériaux extérieurs ou pas que. En fait, dans le métier de conservateur et de conservateur, je pense qu'il faut distinguer deux types de... De personnalité ou de compétence, il y a le restaurateur exécutant qui va manuellement, techniquement restaurer les œuvres d'art. Et puis, à côté de ça, il y a le restaurateur-chercheur qui, lui, travaille dans un laboratoire. C'est un laboratoire, un musée public, un laboratoire privé, et qui va se pencher sur des problématiques scientifiques. à un matériau, à un artiste, à un artiguier, ou bien à une technique de restauration. De moi-même, je n'analyse pas scientifiquement les matériaux, mais je me renseigne près de ces opératoires qui publient régulièrement leurs recherches. En France, assez peu, à l'étranger surtout.

  • Speaker #1

    Ils te servent de leurs études, mais quand même pouvoir les décrypter.

  • Speaker #0

    Oui, ça c'est quelque chose qu'on apprend longtemps. des études de conservation et restauration. On est même aussi amené à proposer, en sujet de recherche technico-scientifique, de l'exécuter et d'analyser les résultats de cette recherche. Et puis ça demande énormément de temps, et en plus du temps qui ne peut pas être facturé, parce que je ne vais pas expliquer en disant que j'ai ce problème-là, je vais devoir réaliser ceci, réaliser cela, pour ça je vais devoir créer aussi les chantiers et puis les observer avec. Merci. Avec des outils, ou devoir faire des mesures de brillance et de couleur, voilà, puis je vais me placer six mois dessus, et puis je vais m'effectuer. Il va me dire, pour être polie, il va me dire merci. Donc c'est pour ça aussi que c'est deux choses très différentes.

  • Speaker #1

    Mais c'est super intéressant parce que ça permet de voir tous les métiers, entre guillemets, de l'ombre. du monde de l'art parce que quand on pense au monde de l'art, on pense galerie, on pense agents, on pense artistes évidemment ou personnels des musées mais en fait il y a des scientifiques moi je trouve ça fascinant qui travaillent à étudier comment restaurer au mieux les œuvres d'art, qui étudient les matériaux il y a des personnes comme toi qui sont peut-être intervenues sur des tableaux sans même qu'on s'en rende compte parce que je pense que c'est ça aussi l'objectif c'est qu'on ne voit pas qu'il y a eu des résultats restauration. Donc je trouve que ça illustre bien tout ce panel de métiers.

  • Speaker #0

    Et pour revenir à ta question de, ne restons pas d'art traditionnel, mais d'art actuel, disons, par contemporain, en fait, au-delà des matériaux qui sont dans le problème de la technologie, il y a aussi quelque chose de très autrement. Par rapport à eux, qui sont plutôt là et qui suivent, par exemple, dans le temps politique, c'est un peu plus... Jusque dans les années 10-20, les matériaux dans l'œuvre servaient à servir l'image. L'image d'une œuvre, d'une peinture est possible grâce au matériau. Et je dirais à partir des années 10-20, avec par exemple les emails de Michel pour l'enseignement, on fait en compte le matériau, le circuit de support à l'image, le matériau... Le vidéo va servir de son soin à l'oeuvre et va être parfois même le sujet de l'épreuve. Là aussi, ça pose des questions particulières, puisque, par exemple, si j'agis sur un matériau qui fait partie intégrante de l'œuvre et du sujet de l'œuvre, est-ce que je ne vais pas altérer le sujet même de l'œuvre ? Donc, clairement, ce sont des questions qui peuvent être compliquées, particulières, mais... C'est mieux si je donne un exemple concret avec par exemple le collectif Présence Confumette. Je pense que ça se dit comme ça. C'est pas énormément connu. Ils ont fait surtout des assemblages d'objets assez focs et ils utilisaient surtout des... des objets trouvés par exemple dans les rubènes. Et j'ai ce souvenir d'une œuvre qui a été faite avec, par exemple, des tableaux trouvés dans la rue qui étaient percés, déchirés, etc. Là, dans ce cas-là, dans une grande chose, l'additionnaire nous dit, oui, ces tableaux, on va les contrôler, on va reprendre les déchirures, et puis on va les retoucher. D'accord, mais là, dans ce cas-là, si on veut ça, si on prend ce tableau, si on les entendait trop belles, et qu'on l'envoie, on reprend les déchirures, on le touche, on compte, là, il n'y aura plus de sens.

  • Speaker #1

    D'où aussi le fait de bien connaître l'histoire des tableaux. Bon, écoute, on va passer aux questions signatures. Pour terminer cette interview, première question, c'est selon toi, de quoi le monde de l'art a-t-il besoin ?

  • Speaker #0

    J'ai deux réponses. Une réponse plutôt professionnelle et une assez plus personnelle. Je dirais que le monde de l'art avait besoin de plus de précautions et de moins de sérieux.

  • Speaker #1

    C'est déjà ressorti, le fait de moins se prendre au sérieux.

  • Speaker #0

    Je pense que c'est précaution dans le sens où il faut quand même prendre soin des objets d'art, même si ça fait partie de la vie, même si ça peut être un objet commun. Il faut vraiment prendre ces dispositions, que ce soit fin collectionneur, que ce soit professionnel, galerie, etc., pour conserver ses œuvres, parce que... Si on a une maladresse ou si on fait une erreur dans la manière de conserver l'heure, ça peut être catastrophique. Ça, c'est la conscience professionnelle qui parle. Et le moins sérieux, ce que j'ai besoin de justifier.

  • Speaker #1

    Je pense que chacun comprend implicitement ce que tu veux dire.

  • Speaker #0

    Moi, je suis moins sérieuse dans le sens, oui, se prendre.

  • Speaker #1

    Oui, c'est ça. Sinon, ce serait contradictoire avec la première partie de ta réponse, mais je pense qu'on voit tous très bien ce que tu veux dire. Deuxième question, quel est ton meilleur souvenir en rapport avec le milieu artistique ?

  • Speaker #0

    C'est pas facile parce que j'aime beaucoup.

  • Speaker #1

    Tant mieux, tant mieux.

  • Speaker #0

    Je ne sais pas si c'est mon meilleur souvenir, mais je dirais que c'est ma grande surprise. C'est ma rencontre avec Beauty Chevy, ou en tout cas plutôt ses œuvres, au Galerie des Offices de Florence, et particulièrement le printemps. Alors moi, jusque-là, je ne sais pas, c'était peut-être en 2017, Moi, jusqu'à ce moment-là, le chéli, je me souviens, c'était bien plein, c'était mignon, mais bon, c'est pas ma tasse de thé. Et quand je me suis retrouvée face au printemps, j'ai trouvé ça d'une beauté tellement rare et qui pourtant contrastait avec ma vision de... de l'artiste et de sa production. Et j'ai trouvé ça tellement beau, ça m'a beaucoup émue, et je me suis dit, moi qui ne crois pas en Oran, moi qui ne crois en aucun dieu, je me suis dit, il y a forcément quelque chose de sacré là-dedans, que ça soit aussi merveilleux.

  • Speaker #1

    ça donne presque des frissons je rêverais d'aller voir ce tableau parce que c'est vrai que c'est tous des chefs d'oeuvre qu'on connait que dans les livres et il y a quelque chose en plus qui se passe comme tu le dis quand on le voit en vrai donc avec plaisir pour aller voir ce tableau et ma dernière question c'est est-ce que tu peux nous parler d'un objet ou d'une oeuvre d'art qui t'accompagne au quotidien je vais bien parler il y a donc un peu de champ dans cette petite partie c'est une

  • Speaker #0

    Petite loupe qui se... C'est un objectif macro qui se... Je me mets sur le téléphone d'Adepte et qui permet en fait de voir tous les petits détails d'une œuvre d'art et c'est quelque chose qui est à chaque temps mauvais. Si je crois que je dois examiner une œuvre d'art, c'est toujours ce moment que je préfère parce que ça révèle énormément de choses, que ce soit sur la technique de l'artiste, les matériaux, les interactions. C'est vraiment une immersion, un peu comme une défonction dans l'œuvre et donc j'ai souvent ça avec moi et comment je vais me sentir qui joue.

  • Speaker #1

    Génial, j'ai envie d'essayer je vais voir si je trouve un petit truc à regarder merci beaucoup Margot d'avoir répondu à mes questions merci à toi juste de m'avoir

  • Speaker #2

    Merci beaucoup d'avoir écouté cet épisode. Si vous l'avez aimé, vous pouvez venir me le dire sur le compte Instagram du podcast ou en envoyant un message directement à Margot. J'en profite pour vous adresser une annonce de sa part, puisque Margot est à la recherche d'un ou d'une conservateur-restaurateur avec un intérêt particulier pour l'art contemporain et son marché, afin de contribuer au développement des services proposés par son entreprise. Pour en savoir davantage sur cette opportunité, Vous pouvez la contacter directement par mail ou via les réseaux sociaux. Les coordonnées sont tous accessibles sur son site bossarconservation.com Je vous mets le lien en note du podcast. Un grand merci à Kylian Goujon pour le mixage audio et la composition du générique. Merci également à La Perle, partenaire presse du podcast. N'hésitez surtout pas à partager ce podcast à vos amis qui souhaiteraient en savoir plus sur le monde de l'art ou à vos collègues et connaissances qui évoluent ou souhaiteraient évoluer dans ce milieu. Chaque mois, je publie une interview avec un invité inspirant et un épisode plus personnel en duo avec Axel, mon associé dans les Art Dating. Je vous dis donc à très vite pour un prochain épisode.

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