- Speaker #0
Dans ce nouvel épisode du podcast Inspiré, j'ai le plaisir d'accueillir Bertrand Bavrel, entrepreneur sportif et conférencier. Pendant 15 ans, Bertrand a dirigé plusieurs entreprises avant de réaliser que la performance ne doit pas se faire au détriment de la santé. En 2023, il vend ses entreprises et change complètement de cap. En quête d'un nouveau défi, il découvre le triathlon puis l'ultracyclisme. En deux ans, il boucle son premier Ironman avant de relever des épreuves extrêmes comme le Swissman, l'Embrunman et bientôt le Norseman en 2025. Aujourd'hui, Bertrand partage son parcours à travers des conférences sur le dépassement de soi, la performance et le bien-être. Je vous invite à écouter un extrait de notre échange et je vous donne rendez-vous dans deux jours pour l'épisode au complet.
- Speaker #1
Et comment tu as franchi le pas et surtout comment tu t'es préparé à ça ? Parce que comme tu l'as dit, passer du statut salarié entrepreneur, on va en parler, c'est quelque chose de complètement différent. Comment tu t'es préparé ? Quel a été ton cheminement ?
- Speaker #2
Alors, moi je fonctionne beaucoup à l'instinct, à l'inspiration. Et à l'époque, je me suis dit de toute façon, tu n'as pas d'argent, donc il faut que tu commences petit. Et j'ai quand même dû, pour financer le projet de reprise, mettre à peu près la totalité de mes économies sur la table pour que les banques veuillent bien me prêter de l'argent. Et puis j'ai aussi mis accessoirement en garantie ma maison, le seul bien que j'avais. Et à l'époque, j'avais en tête de reprendre une entreprise et de voir si j'étais capable de diriger cette entreprise et d'en faire quelque chose. C'est-à-dire déjà la maintenir et puis pourquoi pas la développer. C'était mon seul objectif. Est-ce que j'ai la capacité de diriger seule une entreprise ? Et en fait, peu importe le secteur d'activité, je voulais voir ce dont j'étais capable. Ça m'intéresse aussi de voir une clientèle de particuliers, parce que c'était quelque chose de nouveau pour moi. Je suis assez curieux, donc j'aime bien, on va en parler après, j'aime bien tester des choses que je ne connais pas. Ça ne m'empêche pas d'avoir peur, mais la peur, comme on dit, n'empêche pas le danger. Et moi, ça ne m'empêche pas d'avancer en tout cas.
- Speaker #1
Le fameux J'y vais mais j'ai peur.
- Speaker #2
Comment ?
- Speaker #1
Le fameux J'y vais mais j'ai peur.
- Speaker #2
C'est exactement ça. J'y vais ou alors j'ai peur mais j'y vais. Enfin, comme on veut. Mais c'est vrai. Et en plus, je ne connaissais strictement rien au métier. Donc, il a fallu aussi rassurer le personnel et leur dire, voilà, moi je viens de l'industrie, je ne connais pas le bâtiment et c'est moi votre nouveau patron. Donc, il faut quand même qu'ils aient confiance. Alors, ce que j'ai fait surtout au début. Moi j'ai toujours fonctionné comme ça, c'est que j'ai pris vraiment les choses avec beaucoup d'humilité. J'ai travaillé avec l'ancien dirigeant pendant plusieurs semaines, plusieurs mois. Et puis je suis allé sur le terrain aussi. Je suis allé poser du matériel avec mes techniciens, je suis allé travailler avec eux sur le chantier. Alors bien sûr je faisais plutôt office d'apprenti et d'aide sur le chantier plutôt que vraiment quelqu'un qui faisait les choses. Mais pour moi, c'était formateur. Et puis pour eux, c'était aussi moyen de montrer ce qu'ils faisaient, de montrer leurs compétences et puis d'être valorisés. Donc ça, c'était écarne.
- Speaker #1
On sait que la transmission d'entreprise, c'est jamais forcément simple, notamment entre le futur et l'ancien dirigeant. Comment ça s'est passé pour toi ?
- Speaker #2
Alors, c'est vrai que ce n'est pas simple. Avec l'ancien dirigeant, on était très différents. Lui, il était très cool, 68 arts, mais vraiment 68 arts, qui était sur les barricades et tout. Donc, je ne sais pas s'il m'entendra, mais pas spécialement bien organisé. Et disons qu'il avait tendance à oublier de répondre aux clients. Donc, moi, pendant les semaines où j'ai travaillé avec lui, j'ai vraiment été très surpris. Et je me suis dit, c'est incroyable que sa société fonctionne. Je pense qu'il répondait, il allait voir des clients et puis il n'envoyait jamais le demi. Ça, c'est un exemple. Pour en parler concrètement, la première année, juste en répondant aux demandes des clients, sans forcément prospecter à aller chercher de nouveaux clients, on a fait 30% de chiffre d'affaires en plus. Et je me suis dit, waouh, il y a du potentiel. Donc après, la transmission s'est très bien passée, parce que lui, il partait en retraite, il était content que ça soit moi qui reprenne. C'est quelqu'un que je connaissais depuis longtemps, parce qu'il habitait... le même village que mes parents, et ça s'est super bien passé. C'est quelqu'un d'adorable. Son épouse travaille avec lui. Moi, j'ai travaillé avec mon épouse. C'est-à-dire qu'à l'époque, mon épouse était dans l'éducation nationale et elle a arrêté son poste dans l'éducation nationale pour venir travailler. Ça a été aussi un beau challenge, ça, travailler avec cette femme.
- Speaker #1
C'est sûr. C'est sûr que ça a dû paraître particulier. Et toi qui viens d'une boîte de 7000 personnes, j'imagine que tout est processé, tout est carré, tout est Ausha, on va dire, à passer dans une TPE qui n'a pas forcément les mêmes ressources, les mêmes moyens ou la même méthodologie.
- Speaker #2
Oui. TPE qui fonctionnait à l'ancienne, tout était fait sur papier, gribouillé sur un coin de table. C'est vrai que quand je suis arrivé, j'ai dit là, non, ça ne va pas le faire. Donc j'ai mis en place beaucoup de choses pour optimiser, pour que ça soit un peu plus efficace, un logiciel de chiffrage, parce qu'ils n'en avaient même pas, ils faisaient tout avec des fichiers Word. Mais une fois de plus, ça fonctionnait, mais ce n'était pas optimisé. Donc moi, j'ai optimisé tout ça. Et puis ça s'est vraiment bien passé, l'entreprise s'est développée, moi j'ai aimé faire ce métier-là. Par contre, c'est un métier hyper prenant, hyper chronophage, c'est vraiment de l'artisanat. C'est-à-dire que le matin, à 6h, tu vas au travail pour essayer de finaliser quelques devis et puis mettre en route tes équipes. Après la journée, tu vas en rendez-vous chez les clients. Et puis le soir, quand tu rentres, il faut faire le point avec les équipes, faire les devis. J'avais un rythme qui était... Fernand.
- Speaker #1
Et justement quels sont les plus gros défis auxquels tu as dû faire face ? Ou on va pas dire défis ou désillusions, tu vois ce que je veux dire, quelque chose qui n'est pas forcément attendu et auxquels tu as dû te confronter dans ce nouveau métier si je puis dire.
- Speaker #2
Les défis ça a été d'être capable de alors déjà la gestion du personnel même si j'avais pas une équipe très large quant à deux équipes de deux poseurs et qu'il y en a un qui n'est pas là le matin parce qu'il est malade, parce qu'il n'a pas pu se lever ou qu'il a fait la fiesta la veille ou enfin je ne sais quoi, quand tu as un quart d'équipe qui est absente, c'est compliqué. Sachant que quand on pose du matériel où il faut être deux et qu'il n'y a plus qu'un poseur, le planning est un peu chamboulé. Donc on va dire que la gestion du planning et du respect des délais, ça a été quelque chose de... qui n'a pas été simple à gérer, mais finalement on s'en est sorti. Donc c'était quand même une grosse source d'inquiétude et de stress. Et puis après, moi le plus difficile ça a été surtout le démarrage, la transmission. Parce que je ne connaissais vraiment pas le métier. Et puis c'était quand même assez technique. Parce que c'était un métier technique. Mais moi j'aime ça parce que de toute façon j'ai une formation technique à la base, même si c'était en électronique. J'en ai très à l'aise avec tout ce qui était automatisme. Mais bon, le reste, j'ai réussi à créer les compétences assez rapidement. Mais il m'a quand même fallu un an pour être capable de répondre à peu près à toutes les demandes de mes clients. Et puis, on a mis en place sur notre marché de nouveaux produits pour essayer d'innover et de sortir. Je me souviens, à l'époque, on était les premiers sur la région à proposer ce qu'on appelait des pergolas bioclimatiques, c'est-à-dire des pergolas avec des lames orientables. Et depuis, c'est un produit qui a explosé, qui s'est énormément développé. Pour l'époque, c'était une vraie peur.