- Speaker #0
Bienvenue dans « J'ai pas compris » , le podcast qui parle de trucs qu'on n'a pas vraiment compris, avec des gens qui les ont quand même plus compris que nous, ou que moi en tout cas. Quand tu regardes une vidéo sous-titrée dans les transports parce que tu n'as pas tes écouteurs, quand tu augmentes la taille du texte sur ton téléphone parce que tes yeux fatiguent, quand tu utilises la commande vocale parce que tu as les mains prises, et bien mine de... tout ça, c'est de l'accessibilité numérique. Et pour en parler, j'ai avec moi Guillaume Barbier, référent en accessibilité numérique et inclusion digitale. Salut Guillaume ! Bonjour ! Alors ce qui est fou, c'est qu'on utilise en effet tous les jours des fonctionnalités d'accessibilité sans même s'en rendre compte. Et pourtant, on pense souvent donc que ça concerne que les personnes en situation de handicap. L'accessibilité numérique c'est, mais tu me corrigeras tout à l'heure peut-être, tout ce qui permet à n'importe qui d'utiliser un site web, une application, un service en ligne, quelles que soient ses capacités physiques, sensorielles ou cognitives. Pourtant, quand on parle d'accessibilité numérique, j'ai l'impression qu'on l'associe encore trop souvent à une contrainte technique ou à une obligation légale, alors que c'est avant tout une question d'inclusion et d'égalité d'accès. Alors pourquoi 97% des sites web ne respectent-ils toujours pas les standards d'accessibilité ? Est-ce que c'est juste une question de coût, de complexité technique ou un manque de volonté ? Et au fait, comment est-ce qu'on rend un podcast accessible, par exemple ? Bref, j'ai plein de questions, mais d'abord, posons les bases. C'est quoi exactement, mon cher Guillaume, l'accessibilité numérique ?
- Speaker #1
Alors, tu l'as déjà un peu dit. Effectivement, l'important, c'est que tous puissent accéder au service numérique, à l'information. Il y a quatre principes. C'est qu'il faut pouvoir percevoir.
- Speaker #0
Percevoir,
- Speaker #1
voir. Alors, pas forcément voir, justement. Ok. capter, donc ça peut être par exemple avec une plage de braille, en lisant en braille, ou entendre quand un lecteur d'écran va lire le contenu, percevoir, comprendre, comprendre ce qui est perçu, et ensuite naviguer et interagir avec le contenu. Donc il faut que ces quatre principes-là soient disponibles pour tous, peu importe l'appareil qu'on va utiliser. Parce qu'en fait, finalement, le... Le point clé, c'est qu'on n'utilise pas tous les mêmes appareils pour accéder aux services numériques. On connaît tous notre écran souris ou écran tactile d'accès de contenu. Quand il est lu, on l'a déjà un petit peu évoqué, quand il y a quelque chose qui est lu à l'écran, il y a des gens qui ne naviguent que comme ça. Il y a des gens qui vont interagir uniquement avec le clavier. Il y a certains qui vont utiliser des joysticks. Il y a énormément d'appareils différents qui peuvent aller sur Internet et utiliser l'information.
- Speaker #0
Et donc, un site, aujourd'hui, quand il sort, il ne respecte pas forcément ces quatre points dont tu viens de parler. Puisque ce que je disais dans l'intro, c'est que 97% des sites aujourd'hui, où c'est à peu près quelque chose comme ça, ne sont pas forcément accessibles numériquement.
- Speaker #1
Ce qui est fou, c'est que la technologie, à la base... Elle est accessible, c'est-à-dire qu'on prend une page web la plus simple du monde, sans style, sans interaction, elle est accessible. En fait, le problème, c'est...
- Speaker #0
Mais comment ça, pardon, elle est accessible ? Parce qu'une personne, par exemple, aveugle, qui veut lire cette page web, même si elle est toute simple, elle n'est pas forcément accessible de base.
- Speaker #1
C'est-à-dire qu'en fait...
- Speaker #0
Mais on peut la rendre facilement accessible, c'est ça que tu veux dire ?
- Speaker #1
En fait... Il faut voir ça comme pour le monde physique. Dans le monde physique, les personnes qui vont avoir un handicap, souvent, ils vont avoir des outils individuels, personnels, qui vont leur permettre de compenser ce handicap. Un fauteuil roulant, une canne pour circuler, pour tâter le sol, vérifier qu'on est aveugle, qu'elle blanche. Du coup, chacun vient avec ses appareils. Et après, l'accessibilité dans l'espace public, c'est de s'assurer que cet espace est adapté aussi aux équipements des personnes. C'est-à-dire qu'un fauteuil roulant, pour pouvoir descendre un escalier, ce n'est pas possible en fauteuil roulant. Donc, il faut un ascenseur ou une rampe à côté et ainsi de suite. Au niveau du numérique, c'est pareil. C'est-à-dire que chacun vient avec ses propres outils, sa propre façon d'accéder à Internet. Ah d'accord,
- Speaker #0
je comprends.
- Speaker #1
Et il faut que la technologie, elle soit adaptée à ça. Ok,
- Speaker #0
j'ai compris. C'est déjà le début de quelque chose.
- Speaker #1
Et en fait, ce qui est fort, c'est que, contrairement à l'espace public, où il a fallu mettre ça en place, dans des choses qui existaient depuis parfois des siècles...
- Speaker #0
Et on est encore mauvais dans l'espace public, la visibilité. Il y a des améliorations, j'imagine.
- Speaker #1
Et dans le numérique, en fait, ça arrivait surtout dans le web, ça arrivait super vite. En vrai, on a commencé à parler de web en 93, je crois. Vraiment, comment on sait vraiment s'en servir ? 96, on lançait la notion d'accessibilité numérique sur le web. Donc du coup, la technologie, à la base, elle est accessible. C'est-à-dire qu'elle utilise des normes que... Tous les outils qui peuvent être utilisés individuellement sont capables de comprendre. Le problème, c'est quand on ajoute des choses par-dessus.
- Speaker #0
D'accord.
- Speaker #1
Et là, aujourd'hui, personne ne fait une page toute simple.
- Speaker #0
Oui, parce qu'on a envie de faire des sites hyper stylés et tout, mais du coup, ils ne sont pas accessibles.
- Speaker #1
Voilà, et dès qu'on ajoute un menu déroulant, et bien là, tout de suite, on prend le risque d'ajouter de l'inaccessibilité, de rendre inaccessible. Ok. et ça va très très vite. Alors, tout n'est pas perdu, parce qu'en fait, il y a des façons de faire qui sont malgré tout comprises par tous ces appareils. Mais du coup, il faut utiliser la bonne. Et le problème, c'est que c'est le même problème qu'un développeur qui développerait sur Mac. Il faut qu'il fasse attention à ce qu'il développe. Ça marche aussi sur PC. Et lui, il n'est pas sur PC quand il développe, il est sur son Mac. Et donc, il faut qu'il pense aux autres qui utilisent d'autres appareils. Donc, c'est de l'interopérabilité. Et s'il y a juste ce degré en plus d'accessibilité, où ce qui n'est pas évident, c'est que c'est méconnu. En vrai, le nœud du problème, c'est avant tout que c'est méconnu. Aujourd'hui, il y a assez peu de gens qui sortent d'école, développeurs... graphisme, marketing, et qui savent ce que c'est que l'accessibilité.
- Speaker #0
Ou il faut faire des formations en plus sur l'accessibilité numérique, mais c'est pas aujourd'hui enseigné dans les écoles.
- Speaker #1
Non, peut-être que ça commence dans certaines, mais c'est vraiment pas encore généralisé. Donc quand je teste, là, qu'on a des nouveaux venus dans l'équipe, en général, ils me répondent, ah non, on va parler des halts pour le SEO. C'est quoi ? Les halts de texte sur les images pour le SEO, c'est à peu près le seul moment où on leur parlent vaguement d'accessibilité.
- Speaker #0
Et c'est quoi les alt-textes ?
- Speaker #1
Alors, les alt-textes, c'est les petits bouts de code qu'on met sur les images dans nos sites et qui vont permettre de donner une alternative textuelle pour cette image. Par exemple, pour décrire ce qu'il y a dedans. Donc ça va être utilisé, alors ça a beaucoup été utilisé au début par le SEO pour valoriser les images dans la recherche. En fait, c'est surtout très utilisé par l'accessibilité, parce que ça permet aux lecteurs d'écran, aux palages de braille, et ainsi de suite, de fournir à personne qui ne voit pas une alternative pour l'image. C'est-à-dire, il y a une image, ça correspond à ça. Typiquement, c'est un portrait de quelqu'un, ou c'est une infographie qui dit que tant de pourcentages de personnes sont de cette opinion-là.
- Speaker #0
D'accord. C'est une traduction de ce qu'il y a à l'image. Ce que tu disais, en effet, c'est que comme on fait des trucs plus compliqués, plus graphiques, plus visuels, du coup, les gens qui viennent avec leurs outils pour consulter une page, ils se retrouvent bloqués parce que ça ne marche pas. Et que les gens ne sont pas forcément formés à ça. Et qu'en fait, on t'explique. Mais alors, il y a, quand on crée un site, est-ce qu'on le fait tester ? par des gens en situation de handicap ? Comment ça se passe, en fait ?
- Speaker #1
Pour faire un site qui soit accessible, toujours la question du test, c'est toujours très intéressant d'avoir des gens qui ont un handicap, tester un site, parce que du coup, comme pour n'importe quel autre utilisateur en vrai, parce que on se rend compte qu'effectivement, des problématiques pourraient rencontrer qu'on n'aurait pas identifiées. en vrai, de n'importe quel test utilisateur. Le problème, c'est que, comme il y a à peu près... Il y a une situation de handicap par personne qui a un handicap, en vrai. C'est vraiment toujours unique. Chacun a des usages qui sont très, très spécifiques. On ne peut pas juste se baser là-dessus. Donc, c'est à la fois... On ne peut pas se baser... Ce n'est pas universel. Et ce n'est pas non plus... Et c'est bon, ça, c'est coûté, mais rien de faire tout tester à chaque fois.
- Speaker #0
Oui, c'est ça. Il y a quand même une histoire de coût, du coup, de l'opération. C'est-à-dire que... tout faire tester, enfin, rendre un site accessible, ça coûte de l'argent.
- Speaker #1
Alors, justement, l'objectif...
- Speaker #0
Et comme changer des infrastructures dans une ville.
- Speaker #1
L'objectif, c'est que ça n'en coûte pas trop. Heureusement, on a... Quelque chose pour nous aider, c'est des référentiels. C'est-à-dire qu'il y a beaucoup de gens qui, depuis 1996, au niveau mondial, réfléchissent à ce sujet-là. Éditer plein de règles, de critères pour nous aider à faire quelque chose qui soit de base accessible.
- Speaker #0
Et alors, tu as des exemples de ces critères ? Moi, demain, je veux faire un site. C'est quoi un peu mon petit cahier des charges ? pour respecter un peu ces critères d'accessibilité ? Même si, évidemment, malheureusement, peut-être qu'on ne pourra pas accoger toutes les cases de toutes les personnes en situation de handicap, mais une partie, en tout cas.
- Speaker #1
Alors, je ne pourrais pas te citer très exactement, parce que c'est assez alambiqué. C'est le fait que, sur toutes les images qui portent une information, tu dois fournir un alt-texte. Ça, c'est un des critères. Ou un autre, ce serait, par exemple, que tous les boutons d'une page, ils doivent être accessibles avec la touche tabulée. La table. La table, voilà. En table, on passe d'élément interactif à un élément interactif. Et il ne faut pas qu'il y ait un élément qui soit interactif qui ne soit pas disponible par ce mode de navigation. Sinon, c'est l'équivalent de... Si tu te retrouves sur ton site et que tu cliques sur les boutons et qu'ils ne marchent pas, c'est très frustrant. Là, c'est la même chose.
- Speaker #0
Oui, c'est pareil. Et pour les couleurs, il y a des trucs pour les couleurs ?
- Speaker #1
Il y a des choses pour les couleurs aussi. Il y a un ratio. à respecter. Alors, je ne vais pas te le dire de mémoire parce que je ne voudrais pas dire de bêtises. Mais oui, il y a un ratio minimum à respecter de contraste, en fait, entre deux couleurs. C'est-à-dire que s'il y a deux couleurs qui sont l'une sur l'autre, par exemple du texte sur un fond, il faut un minimum de différence pour que les personnes qui ont différents troubles de la perception de la couleur puissent distinguer l'élément du dessus sur... par rapport à l'élément du dessous.
- Speaker #0
Par exemple, avec l'intelligence artificielle, maintenant, on voit qu'on peut sous-titrer automatiquement des vidéos, des choses comme ça. Est-ce que ça rend aussi des sites ou des apps plus accessibles ? Est-ce que ce n'est pas plus facile d'avoir un petit bouton qui fait que ça va me lire le contenu, par exemple ?
- Speaker #1
Alors, la question de l'IA dans l'accessibilité, c'est au cœur en ce moment des conversations. Parce que l'IA permet des choses qui étaient inenvisageables avant, mais pas que dans le numérique, dans l'espace public. Typiquement, les apps qui permettent à des personnes qui lisent ce qui est devant le téléphone, permettent par exemple à des gens qui sont aveugles de circuler et de savoir si, par exemple, ce qu'il y a devant eux, c'est une devanture d'un magasin, un commissariat, un passage piéton. OK. Ça leur donne une autonomie, c'était du jamais vu. Avant, ils étaient obligés de se demander à quelqu'un. Après, là où il y a de l'inquiétude par rapport à ça, où il faut faire attention, c'est que l'IA, ce n'est pas une solution miracle, comme d'autres solutions miracles qu'on a essayé de nous vendre il y a quelque temps. Ça ne remplace pas le fait de faire en sorte qu'à la base, le site soit accessible. D'accord. En plus, si on... regarde la dépense d'énergie, ça dépend de l'IA. Si pour chaque navigation, il faut faire tourner de l'IA, alors qu'en fait, on aurait pu le faire correctement du premier coup, d'un point de vue responsable, je pense qu'on peut mieux faire.
- Speaker #0
Oui, donc ce que tu dis, c'est que plutôt que de rajouter des choses, c'est plutôt de sortir un truc qui, de base, fait qu'il est accessible avec tous les outils potentiels des personnes en situation de handicap.
- Speaker #1
Souvent, quand on parle d'accessibilité, il y a une image qu'on donne. c'est que pour illustrer le fait que plus on s'y prend tôt, moins ça coûte cher. C'est-à-dire que si notre site, admettons que notre site, dès la conception, on pense à l'accessibilité. Donc la conception vraiment à la base, quand on réfléchit le service, quand on commence à le designer, si on pense à l'accessibilité à ce moment-là, disons, allez, mettons que ça nous coûte 100 euros. Bon, si on ne le fait pas à ce moment-là, mais qu'on attend un moment où on le développe. Et là, on va se rendre compte qu'il y a des choses qui clochent, etc. Ça va nous coûter 1 000 euros. Si, comme c'est souvent le cas, on attend que ça arrive en production et qu'on ait les premiers retours, genre un audit, par exemple, d'accessibilité, là, ça va nous coûter 10 000 euros.
- Speaker #0
Oui, d'accord. Donc, le plus tôt est le mieux. Il y a des audits sur l'accessibilité ?
- Speaker #1
Alors, oui. En fait, c'est ce qu'on appelle les audits de conformité qui permettent de se mettre en... Enfin, de dire si on est ou pas conforme par rapport au fameux référentiel dont je parlais tout à l'heure.
- Speaker #0
D'accord. Mais c'est un audit que moi je vais payer, c'est pas un audit qu'on m'impose quoi. C'est pas d'un coup on arrive dans ma boîte et on va me dire, dis donc je vais tester votre site pour savoir s'il est accessible.
- Speaker #1
Non, non, c'est pas des visites surprises. Ouais, c'est pas des visites financières quoi.
- Speaker #0
Non,
- Speaker #1
non, non. Là en France on a une loi qui donc demande à certains sites d'être accessibles. Ok. Et dans cette loi il est prévu que du coup les sites qui sont dans le périmètre de la loi doivent... annoncer leur conformité avec le référentiel. On a un référentiel en France qui est spécifique français qui s'appelle le RGAA. C'est un référentiel qui a été fait par l'État français pour faciliter la mise en oeuvre de l'accessibilité dans les administrations d'abord et puis maintenant pour le secteur privé. Et donc du coup on a 106 critères et il faut respecter ces 106 critères pour dire je suis 100% accessible.
- Speaker #0
D'accord. Ah oui, donc tu as plutôt intérêt en effet à en amont penser à ces sens critères que vouloir les rajouter à la fin.
- Speaker #1
Ça coûtera beaucoup plus cher. Après, le faire en amont ne suffit pas. Il faut continuer. Parce qu'une fois qu'on l'a fait, il faut continuer à fournir l'effort nécessaire pour ne pas par la suite rajouter de l'inaccessibilité pendant la vie du site. Il faut toujours penser au début, puis à la suite.
- Speaker #0
Et tu disais, en France, on a cette loi-là avec ses 106 critères, mais tu sais, t'es pas obligé de savoir, mais tu sais, si en Europe ou même dans le monde, il y a d'autres lois avec d'autres critères, et du coup, pourquoi est-ce que dans chaque pays, c'est différent, les critères ?
- Speaker #1
Alors, en fait, on a un référentiel international qui s'appelle WCAG. Ok.
- Speaker #0
Plein d'acronymes, on adore.
- Speaker #1
Celui-là, qui a l'initiative du même consortium qui gère tous les standards du web, est international. Le RGA français, ils ont fait une sélection dans ces normes-là. Et ils ont surtout essayé de les tourner de manière à ce que ce soit facile à implémenter. Parce que les WCAG, c'est assez ardu. à lire, c'est pas évident à comprendre. Parce qu'en fait, ils se veulent être le plus global et générique possible, mais ça les rend du coup assez ardus. Les RGA, ils se permettent d'être un peu plus orientés.
- Speaker #0
Mais du coup, si moi, j'ai fait un audit et qu'il est vraiment pas bon, qu'est-ce que je paye à la fin ? Est-ce que je dois quand même payer des trucs alors que j'ai fait l'audit et tout ?
- Speaker #1
Alors, si tu as fait l'audit, que l'affiché sur ton site, il faut mettre un lien en bas de ... En bas de page, où tu indiques si tu es non conforme, conformité partielle, c'est-à-dire que tu as plus de 50% sur ton audit, ou 100% conforme. À partir du moment où tu fais ça, que tu affiches le résultat de l'audit dans une page à part et que tu donnes un plan pluriannuel où tu vas expliquer comment tu vas faire mieux.
- Speaker #0
Ok, donc là, si je vais sur n'importe quel site, enfin sur beaucoup de sites, en bas de la page, je vais avoir ce truc-là d'accessibilité numérique qui va me dire j'ai combien sur le
- Speaker #1
WCAG ? Ou le RGAA pour la France. Alors, beaucoup de sites, je ne dirais pas beaucoup de sites parce que malheureusement, aujourd'hui, il y a assez peu de sites qui respectent cette exigence. Aujourd'hui, il y a environ 4% des sites qui sont conformes. qui se conforment à l'obligation d'afficher tu vas sur un site par exemple nous on a fait avec la banque postale par exemple on travaille beaucoup avec la banque postale sur leur site en bas tu vas pouvoir voir dans
- Speaker #0
le footer un lien qui t'explique le taux d'accord c'est tout en bas dans toutes les accessibilités partiellement conformes Et là, 67,16% des critères RGAA sont respectés. Bravo.
- Speaker #1
L'audit, c'est quelque chose à faire régulièrement, en essayant de toujours faire mieux.
- Speaker #0
Et une fois que je l'ai fait, du coup, c'est bon, je suis tranquille toute la vie, j'ai passé mon petit audit et voilà.
- Speaker #1
Non, pas toute la vie justement. L'audit et surtout la déclaration de conformité, elle est valable trois ans. Donc au bout de trois ans, il faut refaire tout le processus de l'audit et puis du plan pluriannuel et ainsi de suite.
- Speaker #0
Donc il y a des organismes qui sont formés qu'à faire de l'audit sur l'accessibilité.
- Speaker #1
Il y a des agences qui sont expertes dans le fait d'auditer. Il faut savoir que l'audit, c'est une démarche du propriétaire du site. Ce ne sont pas des visites surprises en mode « on vient contrôler votre site » . C'est une démarche, ça se fait d'ailleurs en collaboration entre l'organisme qui va auditer, qui est choisi par le propriétaire du site ou pour l'agence qui travaille pour lui, qui vont choisir ensemble quelles pages sont représentatives du site. Un audit, on ne le fait pas sur l'intégralité du site, c'est trop long. On prend des pages représentatives en échantillon. Et on fait cette audite sur ces pages-là. D'accord. Tant que les obligations d'affichage sont respectées, aujourd'hui, dans le privé, dans le privé concerné par la loi, c'est-à-dire uniquement les gros acteurs du privé, qui ont un chiffre d'affaires qui est supérieur à 250 millions d'euros, pour cela, pas de risque de sanction. Ok. En cas par contre où il n'y a pas eu toute cette démarche-là, du coup il n'y a pas eu d'audit ou que l'audit n'a pas été affiché, il n'y a pas de plan de pluriannuel, là il peut y avoir une sanction qui pour le privé peut monter jusqu'à 25 000 euros aujourd'hui. Ça va changer.
- Speaker #0
Ah d'accord.
- Speaker #1
Ça va changer parce que le 28 juin on a une nouvelle loi qui est européenne celle-ci, European Accessibility Act. qui va rentrer en vigueur. Deux choses, cette nouvelle loi, elle change déjà le périmètre. Là, en fait, cette loi, elle s'intéresse aux services qui sont rendus, aux services aux consommateurs. Par exemple, ça va s'intéresser à tous les services autour de la téléphonie, autour des médias audiovisuels, l'e-commerce, le bancaire, ou les transports aussi, par exemple. Et donc là, c'est plus une question de... de taille de l'entreprise, mais vraiment du service qu'elle rend. Il y a des exceptions pour les tout petits. Si tu as une entreprise de moins de 10 personnes ou qui fait moins de 2 millions de chiffres d'affaires, elle n'est pas concernée. Mais pour toutes les autres, ce sera une obligation à partir du 28 juin pour tous les nouveaux services qui sortiront. Dès 2030, pour ceux qui existent déjà, on laisse un petit peu de temps, comme toujours, pour se mettre en conformité. Là, il y aura une obligation. Et là, ça dépend d'un service à l'autre, mais ça peut monter beaucoup plus haut en termes de sanctions. Ça peut monter jusqu'à 300 000 euros.
- Speaker #0
D'accord. Ah oui, donc là, dès juin, il y a vraiment plein d'entreprises qui vont devoir débourser pas mal de sommes pour remettre en conformité leur site, pour qu'il soit accessible du coup.
- Speaker #1
Alors, pour remettre en conformité, ils auront 5 ans.
- Speaker #0
Ils auront 5 ans quand même.
- Speaker #1
C'est surtout pour... Le 28 juin, c'est pour... tous les nouveaux services qui sortiront. Si quelqu'un travaille actuellement à sortir un service pour le deuxième semestre de cette année, il va s'intéresser à l'accessibilité.
- Speaker #0
Oui, ce que tu disais tout à l'heure, de toute façon, plus tu prends le point tôt et moins ça va te coûter cher aussi. Et donc là, ce sera sur tous ces critères d'agibilité, tous les critères, ce sera les 106 critères, c'est ça dont tu parlais tout à l'heure ou il y aura d'autres critères ?
- Speaker #1
Alors, en fait, ça dépend où est-ce que tu es. En France, On a le RGEA qui a ses sens et critères. Après, sinon, pour tous les autres, de toute façon, le WECAG, le WECAG ne marche pas tout. Le WECAG marche dans tous les pays, en France. Donc, pour ceux qui sont à l'international, il vaut mieux viser le WECAG, même si c'est un petit peu plus ardu. Ça demande un peu plus d'assistance, je dirais, de la part d'experts, que le RGEA qui est un peu plus clé en main.
- Speaker #0
Parce que tout ça, c'est très technique, quoi.
- Speaker #1
Alors, il y a une partie qui est très technique. J'ai envie de dire que c'est la partie facile. Il y a aussi une partie design, où ça, pareil, au niveau du design, dans l'ensemble, on reste sur des choses assez objectives. Après, il y a un autre aspect, c'est le contenu lui-même. C'est-à-dire que toutes les solutions techniques techniques, pourront pas rédiger d'elles-mêmes un contenu qui soit accessible, mettre des halts par exemple sur les images qui soient pertinents. C'est-à-dire que typiquement, si je prends une image d'une personne, un portrait d'une personne, est-ce que c'est pertinent de décrire par le menu détails comment elle est habillée, de savoir si elle porte un t-shirt, si elle porte une cravate de couleur rouge ? C'est pas forcément pertinent. Oui. Donc ça, c'est l'humain qui va décider. Ce qui est pertinent, c'est de dire que c'est un portrait de tel individu, par exemple.
- Speaker #0
Et s'il est en colère, les émotions, les choses comme ça ?
- Speaker #1
Si c'est pertinent par rapport au contenu qu'on veut véhiculer. Typiquement, c'est aussi l'humain qui va pouvoir décider si par exemple une image est purement décorative et donc pas intéressante à restituer. Typiquement, on parle d'une assurance. On a mis parce que c'était joli, parce qu'on veut donner une image de sérénité. on met une image en fond avec un champ de blé Oui. Bon, les personnes qui vont consulter l'information, ils s'en fichent de ne pas voir qu'il y a un champ de blé en décoration. Ce qui les intéresse, c'est l'assurance. C'est pour ça qu'ils sont là. Donc ça ne sert à rien de restituer. Donc tout ça, c'est de l'humain. Et du coup, c'est de l'humain qui va souvent intervenir aussi après la première livraison du site. Un site, ça vit, on ajoute des nouveaux contenus, etc. Et c'est là souvent aussi que le bas blesse. C'est souvent là où il y a aussi... plus difficile de maintenir derrière et d'atteindre ces 20 petits derniers pourcents pour atteindre le 100% de conformité. Alors, j'ai oublié de préciser tout à l'heure quand on parlait de sanctions. Aujourd'hui, il n'y a pas eu beaucoup de sanctions. Je ne sais même pas s'il y en a eu une, en vrai. Il faudrait vérifier. Mais, en fait, il n'y a pas eu de sanctions parce qu'en fait, il n'y avait pas... L'organisme qui était chargé de faire le contrôle...
- Speaker #0
on ne le faisait pas du coup c'était qui cet organisme ?
- Speaker #1
je ne me souviens plus c'est un truc de l'état qui fait contrôler que les affichages étaient bien faits donc ce n'était pas fait je crois qu'ils n'étaient pas en mesure de réaliser l'émission qui leur était confiée du coup en 2023 ils ont nommé des nouveaux organismes ils en ont nommé plusieurs du coup ils n'ont pas fait simple ... En gros, aujourd'hui, on a six organismes qui sont chargés, qui vont se mettre en route. Parce que là, du coup, c'est tout nouveau pour eux, mais qui vont vraiment se mettre en route. Et là, on sent qu'il y a une volonté un peu plus forte de contrôler et de faire bouger les choses. Donc, on a la DGCCRF.
- Speaker #0
Par un bel acronyme.
- Speaker #1
C'est eux qui gèrent tout ce qui est concurrence, consommation, répression des fraudes. Donc eux, ils vont un peu transverse sur tout ça. Et puis nous, on va probablement beaucoup entendre parler de l'ARCOM, qui a été nommé pour tout ce qui est secteur public, tout ce qui est audiovisuel, bien entendu, ça, ils connaissent déjà. Et aussi toutes les entreprises qui sont actuellement concernées par la loi française. Et puis en plus de ça, on va avoir d'autres organismes qui, à partir de juin, qui vont aussi travailler là-dessus. L'ARCEP. Tout ce qui est communication électronique, les emails, la téléphonie, tout ça. Et puis le bancaire, ils ont trois organismes.
- Speaker #0
Ah ouais, d'accord. Donc là, ils n'ont rien fait pendant un petit bout de temps, mais là, ils sortent l'artériel.
- Speaker #1
Là, il y a des idées de... Là, clairement, on sent qu'il y a du mouvement. Les personnes qui militent pour ce sujet diront, on ne serait pas trop tôt. Ça fait 20 ans maintenant. Et donc, du coup, on aura la Banque de France. Pour tout ce qui est identification, signature, enfin tout ça. Et après, on a encore deux autres organismes que je ne connaissais pas, qui s'appellent l'ACPR, Autorité de contrôle de prudentiel et de résolution, et l'AMF, c'est financier.
- Speaker #0
Donc, ils sortent en effet là.
- Speaker #1
Mais là, c'est plus tout ce qui est conformité. On parlait des textes de l'humain à l'instant. Eux, du coup, ils vont être là pour s'assurer que les informations... soit compréhensible. On le connaît déjà, nous, quand on est face au bancaire. Parfois... C'est compliqué. Même en étant en pleine possession de ces moyens, c'est compliqué. Donc il faut imaginer avec des troubles cognitifs ou des troubles mentaux. Ça peut être un peu ardu. Et ils vont avoir cette tâche qui n'est pas évidente de contrôler et de conseiller sur ces aspects-là.
- Speaker #0
Mais du coup, ils auront jusqu'en 2030 aussi pour se mettre à jour là-dessus.
- Speaker #1
Alors, du coup, le bancaire va avoir jusqu'à 2030. Donc... les organismes que je viens de citer vont surveiller de très près les nouveaux services à partir de juin. Mais par contre, ils ne commenceront à sanctionner les services existants s'ils ne sont pas à jour qu'à partir de 2030.
- Speaker #0
Trop bien. Alors avant qu'on se quitte parce qu'on arrive déjà à la fin de ce podcast, mon cher Guillaume, Est-ce que tu aurais un petit quelque chose à rajouter sur l'accessibilité ou peut-être un désir pour demain concernant ce sujet ?
- Speaker #1
L'important, c'est surtout de le prendre en compte dès le début et de voir ça comme une opportunité. Parce que je ne l'ai pas dit, mais ce qu'on dit souvent en termes d'accessibilité, c'est que c'est pour tous. L'accessibilité, c'est pour tous et pour nous tous. Aujourd'hui... parce qu'on a toujours un moment où on est temporairement en situation de handicap, c'est-à-dire que
- Speaker #0
Je ne sais pas moi, il y a trop de soleil dehors, du coup je ne vois pas bien mon écran, j'ai un bras dans le plâtre. Mais aussi demain, parce que le handicap ça peut arriver à tout le monde directement avec un accident ou avec l'âge ou dans son entourage. Donc en fait c'est pour vraiment pour tous, s'occuper du handicap c'est pour aussi penser à nous, pour ceux qui seraient un peu égoïstes. Donc il faut le penser et surtout plus on le pense dès le début, plus on prend le temps de faire. plus c'est facile à faire.
- Speaker #1
Et puis se dire par rapport à ce que tu disais aussi tout à l'heure que dans les écoles si jamais il y a des formateurs et des formatrices qui nous écoutent, ça peut être pas mal d'intégrer un petit module sur l'accessibilité par exemple. C'est pas mal de conclure là-dessus. Sur ce petit conseil. Merci Guillaume, grâce à toi j'ai compris l'accessibilité numérique. Et puis la prochaine fois on se retrouve pour un podcast qui sera sur la Gen Z. Voilà, au revoir. De quoi ? C'est pas très clair. Pardon. Ah oui, d'accord.