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je ne serai pas un directeur avec un costume en tergal

De la formation d'instituteur...

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08min |21/09/2024
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Description

Mes pensées ou élucubrations sur le métier d'instituteur, sa formation, sa vocation et sur le passage à de professeur des écoles au rôle de directeur.


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Dans cette pastille, je vais vous parler de moi, de mon parcours et de ce que je pense de la formation des professeurs des écoles. J'ai été instituteur pendant près de 16 ans et directeur depuis 5 ans. D'où le titre de mon podcast où, devant vos oreilles ébahies, je vais vous partager mes réflexions sur ces beaux métiers liés à l'enseignement et avancer avec vous sur le chemin assez aventureux qui m'a conduit d'instituteur à directeur. Ça y est, je suis podcasteur. D'où viens-je ? Pourquoi le fais-je ? Comment osais-je ? Toutes ces questions se sont bien entendu posées à moi. Le syndrome de l'imposteur, comme on appelle ça. Mais je vais développer le pourquoi du comment, je me sens quand même valide pour parler de tout ça. N'attendez pas de ma part un plan structuré pour vous expliquer tout cela. Je suis de ceux qu'on appelle des intuitifs, des empiriques. Quand des idées me viendront, je les communiquerai, et si jamais ma pensée navigue et dérive, je vous inviterai, ou pas, à me suivre. Soyons clairs. L'enseignement pour moi est un métier noble, qu'il s'adresse aux enfants, aux tout-petits, aux adultes. L'art de la transmission d'un savoir est basé sur la rencontre de l'autre, son écoute, l'analyse de qui il est, d'où il vient, où il en est. Il ne doit pas y avoir de jugement, mais c'est une rencontre. Même si je sais que j'idéalise, souvent ce n'est même pas une rencontre mais quelqu'un qui parle et l'autre qui s'ennuie, certains liens entre élèves ou apprenants et professeurs créent une réelle rencontre qui apporte aux deux parties. On a tous en souvenir des professeurs ou instituteurs qui nous ont marqués. Le problème, c'est qu'il n'y en a pas tant que ça sur le nombre d'années passées en classe, mais j'y reviendrai. Je me sens légitime pour parler de tout ça, car je ne suis pas du serail. L'éducation nationale comme machine administrative m'a toujours repoussé. Qui plus est, ma formation ne m'avait absolument pas préparé à ça. J'ai en essai suivi des cours de cinéma, effectué une formation de management culturel, pour finir par un double master de lettres modernes et études théâtrales à la fac. J'ai également eu un rôle de vendeur et responsable de rayon. manageant 70 personnes dans le domaine de la décoration d'intérieur de luxe. Bien sûr, j'avais animé des cours de théâtre pour enfants ou adultes. Bien sûr, j'avais eu des cours de préprofessionnalisation au métier de professeur de français à la fac, suivi d'un stage dans un collège difficile, avec reprise tous les samedis matins par une sociologue qui nous parlait du métier d'élève à moi, qui avait des élèves de troisième plus grand que moi par la taille ce n'est pas difficile, je suis petit, et ayant plusieurs années de retard. Comme on le voit, J'étais absolument prêt à me lancer dans l'enseignement. Je n'ai donc pas eu de formation de professeur des écoles. On a tous entendu parler de ces speed dating pour combler les manquements de professeurs des écoles. Tout le monde a poussé de hauts cris. Mais finalement, y avait-il de hauts cris à pousser ? Je me lance. Pour moi, il n'y aurait pas de formation toute faite ou académique au métier de professeur des écoles. La formation actuelle me paraît aberrante dans ce qu'elle demande un master avant même d'enseigner. Comme je le disais tout à l'heure, dans l'enseignement, il s'agit d'une rencontre, comme dans la vie. Il y a des gens pour qui la rencontre est facile, et pour d'autres, pour qui les interactions sont compliquées et le resteront quoi qu'ils fassent. J'ai fait depuis ma petite section, plus mes deux masters, 20 ans d'études. J'ai dû avoir grosso modo une centaine de professeurs. Honnêtement, je me souviens peut-être d'une dizaine qui m'ont positivement marqué, d'une dizaine qui ont été nullissimes et auraient dû être estampillées catastrophes naturelles, et le reste que j'ai oublié. Bien sûr, il y a des techniques pour donner un cours, faire la leçon par les élèves, choisir des exercices d'application avec une gradation dans la difficulté, la manipulation maternelle, apprendre au travers de l'action, au travers des interactions du groupe, au travers de matériel Montessori, bref, toutes ces techniques que les neurosciences et pédagogues ont aidé à développer. Bien sûr, il y a une posture à adopter, voix, gestes, distance, plus les règles de l'éducation nationale. Tu ne critiqueras pas l'éducation nationale et j'en passe. Mais je pense que fondamentalement... on a en soi la capacité de transmettre ou pas, quelle que soit son origine ou son parcours. L'école dans laquelle j'exerce a un centre de formation pour professeurs. Notre ancienne direction nous proposait donc souvent de prendre des stagiaires dans nos classes. Moi ça m'a toujours plu justement car cela fait partie de la transmission. Ces jeunes professeurs, contrairement à moi, avaient donc le concours de l'éducation nationale. Ils étaient donc officiellement bons pour le service. Après en avoir eu quelques-uns dans les différentes classes où j'enseignais, Fort c'est de constater que les trois quarts n'étaient absolument pas faits pour ça. Même si on enlève le côté débutant, la timidité, l'ensemble n'était pas fait pour enseigner. Je travaille dans une école privée au coût assez élevé, donc la plupart de nos élèves sont des gentils. Il n'y a donc pas de problème de violence, de mauvais comportement, de niveau et de manque de respect. J'ai eu deux cas qui m'ont marqué comme stagiaire. Une maman de trois enfants, avocate, qui à l'orée de ses 40 ans, a senti qu'elle voulait donner du sens à sa vie. Elle a donc passé le concours d'enseignante et dès son premier jour... même sa première heure en stage avec moi. Elle avait le sens de la classe, du groupe, très vite. Il était évident qu'elle avait été faite pour ça. Elle a préparé des séquences, comme demandé par l'Éducation nationale, mais ses cours étaient vivants, pleins de trouvailles. Elle est d'ailleurs devenue ensuite directrice d'une école. Une autre de mes stagiaires était une jeune femme qui venait du quartier nord de Marseille. Pareil, dès sa première heure, il était évident qu'elle était faite pour ce métier. Très bon contact avec les enfants, des idées pédagogiques pour des notions que des enfants ne comprenaient pas, des trouvailles également passionnées par son métier. Et puis un jour... Lors d'une récréation à la fin de son stage, elle me dit que pour elle, travailler dans mon école n'était pas ce qu'elle voulait. Ce qu'elle imaginait comme métier d'institutrice, ce n'était pas ça. Pour elle, dans cette école privilégiée, elle ne pouvait rien apporter. Elle voulait justement retourner dans les quartiers de Marseille où elle sentait qu'elle pourrait faire une différence. Pour ces deux personnes, j'ai tout de suite senti qu'elles étaient faites pour ça. J'avais des choses à leur apprendre, évidemment, ayant plus d'expérience qu'elles, mais elles n'avaient pas besoin de moi. Pour en revenir à la formation, le travail d'équipe est primordial. J'ai été formé par mon ancienne directrice et par d'autres enseignantes qui étaient plus expérimentées que moi. Mais naturellement, je me suis tout de suite senti à l'aise devant mes premiers élèves. Tout au long de mon parcours, les rencontres et le travail en binôme avec différents instituteurs et institutrices a été évidemment formateur. Travaillant en plus dans une école internationale, j'ai aussi pu collaborer avec des professeurs anglo-saxons, espagnols ou allemands, chacun avec sa culture et sa propre organisation, ainsi que sa philosophie éducative. Ils m'ont donné, eux aussi, des visions différentes de la relation de l'enseignant avec son élève, mais aussi de la construction d'un programme pédagogique et des moyens de le transmettre. Le concours d'enseignants actuel est pour moi une aberration. Il écarte des éléments qu'il y aurait beaucoup à transmettre et privilégie des bêtes à concours qui ne sont que ça finalement. On apprend en faisant. Une fois qu'on a un niveau d'études suffisant, on peut tout à fait enseigner. L'idée serait d'avoir des cours théoriques, en gros le programme de l'éducation nationale, des rencontres avec des psys, des neuroscientifiques, des orthophonistes, des éducatrices de jeunes enfants, des pédiatres. Et le reste du temps, il faudrait tout simplement être en binôme avec un professeur expérimenté en classe. Sur trois ans, petit à petit, ce professeur laisserait à l'instituteur débutant l'autonomie de gérer sa classe. Comment voulez-vous, à partir d'un concours, sans aucune expérience de terrain, trouver un professeur qui peut enseigner en très petite section, puis l'année d'après en CM1, avec des enfants de deux ans et demi, puis des enfants de dix ans, alors que ce ne sont pas du tout les mêmes métiers, même si on parle bien d'être professeur des écoles. Voilà, c'est dit. C'est pour ça que pour ma part, j'ai expérimenté puisque ma première année, en tant qu'enseignant, chaque jour je passais 45 minutes avec une enseignante qui regardait mes préparations, venait me voir pendant mes cours, me faisait un feedback et le tout avec bienveillance. J'avais d'autres enseignantes en réunion pédagogique avec qui échanger. Mais encore une fois, de base, comme on dit aujourd'hui, j'étais à l'aise avec mes élèves, j'aimais ça, je savais gérer le groupe classe naturellement. J'allais chercher des informations, j'y pensais, j'imaginais des séquences, des projets. Et je peux dire que j'étais un bon instituteur. Il se trouve que d'instituteur, je suis passé à adjoint à la directrice tout en continuant à être enseignant. Ensuite, à sa retraite, je lui ai succédé. Et soudain, je n'avais plus rien à me mettre. D'où shopping et recherche d'un uniforme. Je vais donc vous partager les hauts et les bas, les up and down de cette transition. Les prochains épisodes aborderont tous mes essayages pour trouver le bon costume de directeur.

Description

Mes pensées ou élucubrations sur le métier d'instituteur, sa formation, sa vocation et sur le passage à de professeur des écoles au rôle de directeur.


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

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  • Speaker #0

    Dans cette pastille, je vais vous parler de moi, de mon parcours et de ce que je pense de la formation des professeurs des écoles. J'ai été instituteur pendant près de 16 ans et directeur depuis 5 ans. D'où le titre de mon podcast où, devant vos oreilles ébahies, je vais vous partager mes réflexions sur ces beaux métiers liés à l'enseignement et avancer avec vous sur le chemin assez aventureux qui m'a conduit d'instituteur à directeur. Ça y est, je suis podcasteur. D'où viens-je ? Pourquoi le fais-je ? Comment osais-je ? Toutes ces questions se sont bien entendu posées à moi. Le syndrome de l'imposteur, comme on appelle ça. Mais je vais développer le pourquoi du comment, je me sens quand même valide pour parler de tout ça. N'attendez pas de ma part un plan structuré pour vous expliquer tout cela. Je suis de ceux qu'on appelle des intuitifs, des empiriques. Quand des idées me viendront, je les communiquerai, et si jamais ma pensée navigue et dérive, je vous inviterai, ou pas, à me suivre. Soyons clairs. L'enseignement pour moi est un métier noble, qu'il s'adresse aux enfants, aux tout-petits, aux adultes. L'art de la transmission d'un savoir est basé sur la rencontre de l'autre, son écoute, l'analyse de qui il est, d'où il vient, où il en est. Il ne doit pas y avoir de jugement, mais c'est une rencontre. Même si je sais que j'idéalise, souvent ce n'est même pas une rencontre mais quelqu'un qui parle et l'autre qui s'ennuie, certains liens entre élèves ou apprenants et professeurs créent une réelle rencontre qui apporte aux deux parties. On a tous en souvenir des professeurs ou instituteurs qui nous ont marqués. Le problème, c'est qu'il n'y en a pas tant que ça sur le nombre d'années passées en classe, mais j'y reviendrai. Je me sens légitime pour parler de tout ça, car je ne suis pas du serail. L'éducation nationale comme machine administrative m'a toujours repoussé. Qui plus est, ma formation ne m'avait absolument pas préparé à ça. J'ai en essai suivi des cours de cinéma, effectué une formation de management culturel, pour finir par un double master de lettres modernes et études théâtrales à la fac. J'ai également eu un rôle de vendeur et responsable de rayon. manageant 70 personnes dans le domaine de la décoration d'intérieur de luxe. Bien sûr, j'avais animé des cours de théâtre pour enfants ou adultes. Bien sûr, j'avais eu des cours de préprofessionnalisation au métier de professeur de français à la fac, suivi d'un stage dans un collège difficile, avec reprise tous les samedis matins par une sociologue qui nous parlait du métier d'élève à moi, qui avait des élèves de troisième plus grand que moi par la taille ce n'est pas difficile, je suis petit, et ayant plusieurs années de retard. Comme on le voit, J'étais absolument prêt à me lancer dans l'enseignement. Je n'ai donc pas eu de formation de professeur des écoles. On a tous entendu parler de ces speed dating pour combler les manquements de professeurs des écoles. Tout le monde a poussé de hauts cris. Mais finalement, y avait-il de hauts cris à pousser ? Je me lance. Pour moi, il n'y aurait pas de formation toute faite ou académique au métier de professeur des écoles. La formation actuelle me paraît aberrante dans ce qu'elle demande un master avant même d'enseigner. Comme je le disais tout à l'heure, dans l'enseignement, il s'agit d'une rencontre, comme dans la vie. Il y a des gens pour qui la rencontre est facile, et pour d'autres, pour qui les interactions sont compliquées et le resteront quoi qu'ils fassent. J'ai fait depuis ma petite section, plus mes deux masters, 20 ans d'études. J'ai dû avoir grosso modo une centaine de professeurs. Honnêtement, je me souviens peut-être d'une dizaine qui m'ont positivement marqué, d'une dizaine qui ont été nullissimes et auraient dû être estampillées catastrophes naturelles, et le reste que j'ai oublié. Bien sûr, il y a des techniques pour donner un cours, faire la leçon par les élèves, choisir des exercices d'application avec une gradation dans la difficulté, la manipulation maternelle, apprendre au travers de l'action, au travers des interactions du groupe, au travers de matériel Montessori, bref, toutes ces techniques que les neurosciences et pédagogues ont aidé à développer. Bien sûr, il y a une posture à adopter, voix, gestes, distance, plus les règles de l'éducation nationale. Tu ne critiqueras pas l'éducation nationale et j'en passe. Mais je pense que fondamentalement... on a en soi la capacité de transmettre ou pas, quelle que soit son origine ou son parcours. L'école dans laquelle j'exerce a un centre de formation pour professeurs. Notre ancienne direction nous proposait donc souvent de prendre des stagiaires dans nos classes. Moi ça m'a toujours plu justement car cela fait partie de la transmission. Ces jeunes professeurs, contrairement à moi, avaient donc le concours de l'éducation nationale. Ils étaient donc officiellement bons pour le service. Après en avoir eu quelques-uns dans les différentes classes où j'enseignais, Fort c'est de constater que les trois quarts n'étaient absolument pas faits pour ça. Même si on enlève le côté débutant, la timidité, l'ensemble n'était pas fait pour enseigner. Je travaille dans une école privée au coût assez élevé, donc la plupart de nos élèves sont des gentils. Il n'y a donc pas de problème de violence, de mauvais comportement, de niveau et de manque de respect. J'ai eu deux cas qui m'ont marqué comme stagiaire. Une maman de trois enfants, avocate, qui à l'orée de ses 40 ans, a senti qu'elle voulait donner du sens à sa vie. Elle a donc passé le concours d'enseignante et dès son premier jour... même sa première heure en stage avec moi. Elle avait le sens de la classe, du groupe, très vite. Il était évident qu'elle avait été faite pour ça. Elle a préparé des séquences, comme demandé par l'Éducation nationale, mais ses cours étaient vivants, pleins de trouvailles. Elle est d'ailleurs devenue ensuite directrice d'une école. Une autre de mes stagiaires était une jeune femme qui venait du quartier nord de Marseille. Pareil, dès sa première heure, il était évident qu'elle était faite pour ce métier. Très bon contact avec les enfants, des idées pédagogiques pour des notions que des enfants ne comprenaient pas, des trouvailles également passionnées par son métier. Et puis un jour... Lors d'une récréation à la fin de son stage, elle me dit que pour elle, travailler dans mon école n'était pas ce qu'elle voulait. Ce qu'elle imaginait comme métier d'institutrice, ce n'était pas ça. Pour elle, dans cette école privilégiée, elle ne pouvait rien apporter. Elle voulait justement retourner dans les quartiers de Marseille où elle sentait qu'elle pourrait faire une différence. Pour ces deux personnes, j'ai tout de suite senti qu'elles étaient faites pour ça. J'avais des choses à leur apprendre, évidemment, ayant plus d'expérience qu'elles, mais elles n'avaient pas besoin de moi. Pour en revenir à la formation, le travail d'équipe est primordial. J'ai été formé par mon ancienne directrice et par d'autres enseignantes qui étaient plus expérimentées que moi. Mais naturellement, je me suis tout de suite senti à l'aise devant mes premiers élèves. Tout au long de mon parcours, les rencontres et le travail en binôme avec différents instituteurs et institutrices a été évidemment formateur. Travaillant en plus dans une école internationale, j'ai aussi pu collaborer avec des professeurs anglo-saxons, espagnols ou allemands, chacun avec sa culture et sa propre organisation, ainsi que sa philosophie éducative. Ils m'ont donné, eux aussi, des visions différentes de la relation de l'enseignant avec son élève, mais aussi de la construction d'un programme pédagogique et des moyens de le transmettre. Le concours d'enseignants actuel est pour moi une aberration. Il écarte des éléments qu'il y aurait beaucoup à transmettre et privilégie des bêtes à concours qui ne sont que ça finalement. On apprend en faisant. Une fois qu'on a un niveau d'études suffisant, on peut tout à fait enseigner. L'idée serait d'avoir des cours théoriques, en gros le programme de l'éducation nationale, des rencontres avec des psys, des neuroscientifiques, des orthophonistes, des éducatrices de jeunes enfants, des pédiatres. Et le reste du temps, il faudrait tout simplement être en binôme avec un professeur expérimenté en classe. Sur trois ans, petit à petit, ce professeur laisserait à l'instituteur débutant l'autonomie de gérer sa classe. Comment voulez-vous, à partir d'un concours, sans aucune expérience de terrain, trouver un professeur qui peut enseigner en très petite section, puis l'année d'après en CM1, avec des enfants de deux ans et demi, puis des enfants de dix ans, alors que ce ne sont pas du tout les mêmes métiers, même si on parle bien d'être professeur des écoles. Voilà, c'est dit. C'est pour ça que pour ma part, j'ai expérimenté puisque ma première année, en tant qu'enseignant, chaque jour je passais 45 minutes avec une enseignante qui regardait mes préparations, venait me voir pendant mes cours, me faisait un feedback et le tout avec bienveillance. J'avais d'autres enseignantes en réunion pédagogique avec qui échanger. Mais encore une fois, de base, comme on dit aujourd'hui, j'étais à l'aise avec mes élèves, j'aimais ça, je savais gérer le groupe classe naturellement. J'allais chercher des informations, j'y pensais, j'imaginais des séquences, des projets. Et je peux dire que j'étais un bon instituteur. Il se trouve que d'instituteur, je suis passé à adjoint à la directrice tout en continuant à être enseignant. Ensuite, à sa retraite, je lui ai succédé. Et soudain, je n'avais plus rien à me mettre. D'où shopping et recherche d'un uniforme. Je vais donc vous partager les hauts et les bas, les up and down de cette transition. Les prochains épisodes aborderont tous mes essayages pour trouver le bon costume de directeur.

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  • Speaker #0

    Dans cette pastille, je vais vous parler de moi, de mon parcours et de ce que je pense de la formation des professeurs des écoles. J'ai été instituteur pendant près de 16 ans et directeur depuis 5 ans. D'où le titre de mon podcast où, devant vos oreilles ébahies, je vais vous partager mes réflexions sur ces beaux métiers liés à l'enseignement et avancer avec vous sur le chemin assez aventureux qui m'a conduit d'instituteur à directeur. Ça y est, je suis podcasteur. D'où viens-je ? Pourquoi le fais-je ? Comment osais-je ? Toutes ces questions se sont bien entendu posées à moi. Le syndrome de l'imposteur, comme on appelle ça. Mais je vais développer le pourquoi du comment, je me sens quand même valide pour parler de tout ça. N'attendez pas de ma part un plan structuré pour vous expliquer tout cela. Je suis de ceux qu'on appelle des intuitifs, des empiriques. Quand des idées me viendront, je les communiquerai, et si jamais ma pensée navigue et dérive, je vous inviterai, ou pas, à me suivre. Soyons clairs. L'enseignement pour moi est un métier noble, qu'il s'adresse aux enfants, aux tout-petits, aux adultes. L'art de la transmission d'un savoir est basé sur la rencontre de l'autre, son écoute, l'analyse de qui il est, d'où il vient, où il en est. Il ne doit pas y avoir de jugement, mais c'est une rencontre. Même si je sais que j'idéalise, souvent ce n'est même pas une rencontre mais quelqu'un qui parle et l'autre qui s'ennuie, certains liens entre élèves ou apprenants et professeurs créent une réelle rencontre qui apporte aux deux parties. On a tous en souvenir des professeurs ou instituteurs qui nous ont marqués. Le problème, c'est qu'il n'y en a pas tant que ça sur le nombre d'années passées en classe, mais j'y reviendrai. Je me sens légitime pour parler de tout ça, car je ne suis pas du serail. L'éducation nationale comme machine administrative m'a toujours repoussé. Qui plus est, ma formation ne m'avait absolument pas préparé à ça. J'ai en essai suivi des cours de cinéma, effectué une formation de management culturel, pour finir par un double master de lettres modernes et études théâtrales à la fac. J'ai également eu un rôle de vendeur et responsable de rayon. manageant 70 personnes dans le domaine de la décoration d'intérieur de luxe. Bien sûr, j'avais animé des cours de théâtre pour enfants ou adultes. Bien sûr, j'avais eu des cours de préprofessionnalisation au métier de professeur de français à la fac, suivi d'un stage dans un collège difficile, avec reprise tous les samedis matins par une sociologue qui nous parlait du métier d'élève à moi, qui avait des élèves de troisième plus grand que moi par la taille ce n'est pas difficile, je suis petit, et ayant plusieurs années de retard. Comme on le voit, J'étais absolument prêt à me lancer dans l'enseignement. Je n'ai donc pas eu de formation de professeur des écoles. On a tous entendu parler de ces speed dating pour combler les manquements de professeurs des écoles. Tout le monde a poussé de hauts cris. Mais finalement, y avait-il de hauts cris à pousser ? Je me lance. Pour moi, il n'y aurait pas de formation toute faite ou académique au métier de professeur des écoles. La formation actuelle me paraît aberrante dans ce qu'elle demande un master avant même d'enseigner. Comme je le disais tout à l'heure, dans l'enseignement, il s'agit d'une rencontre, comme dans la vie. Il y a des gens pour qui la rencontre est facile, et pour d'autres, pour qui les interactions sont compliquées et le resteront quoi qu'ils fassent. J'ai fait depuis ma petite section, plus mes deux masters, 20 ans d'études. J'ai dû avoir grosso modo une centaine de professeurs. Honnêtement, je me souviens peut-être d'une dizaine qui m'ont positivement marqué, d'une dizaine qui ont été nullissimes et auraient dû être estampillées catastrophes naturelles, et le reste que j'ai oublié. Bien sûr, il y a des techniques pour donner un cours, faire la leçon par les élèves, choisir des exercices d'application avec une gradation dans la difficulté, la manipulation maternelle, apprendre au travers de l'action, au travers des interactions du groupe, au travers de matériel Montessori, bref, toutes ces techniques que les neurosciences et pédagogues ont aidé à développer. Bien sûr, il y a une posture à adopter, voix, gestes, distance, plus les règles de l'éducation nationale. Tu ne critiqueras pas l'éducation nationale et j'en passe. Mais je pense que fondamentalement... on a en soi la capacité de transmettre ou pas, quelle que soit son origine ou son parcours. L'école dans laquelle j'exerce a un centre de formation pour professeurs. Notre ancienne direction nous proposait donc souvent de prendre des stagiaires dans nos classes. Moi ça m'a toujours plu justement car cela fait partie de la transmission. Ces jeunes professeurs, contrairement à moi, avaient donc le concours de l'éducation nationale. Ils étaient donc officiellement bons pour le service. Après en avoir eu quelques-uns dans les différentes classes où j'enseignais, Fort c'est de constater que les trois quarts n'étaient absolument pas faits pour ça. Même si on enlève le côté débutant, la timidité, l'ensemble n'était pas fait pour enseigner. Je travaille dans une école privée au coût assez élevé, donc la plupart de nos élèves sont des gentils. Il n'y a donc pas de problème de violence, de mauvais comportement, de niveau et de manque de respect. J'ai eu deux cas qui m'ont marqué comme stagiaire. Une maman de trois enfants, avocate, qui à l'orée de ses 40 ans, a senti qu'elle voulait donner du sens à sa vie. Elle a donc passé le concours d'enseignante et dès son premier jour... même sa première heure en stage avec moi. Elle avait le sens de la classe, du groupe, très vite. Il était évident qu'elle avait été faite pour ça. Elle a préparé des séquences, comme demandé par l'Éducation nationale, mais ses cours étaient vivants, pleins de trouvailles. Elle est d'ailleurs devenue ensuite directrice d'une école. Une autre de mes stagiaires était une jeune femme qui venait du quartier nord de Marseille. Pareil, dès sa première heure, il était évident qu'elle était faite pour ce métier. Très bon contact avec les enfants, des idées pédagogiques pour des notions que des enfants ne comprenaient pas, des trouvailles également passionnées par son métier. Et puis un jour... Lors d'une récréation à la fin de son stage, elle me dit que pour elle, travailler dans mon école n'était pas ce qu'elle voulait. Ce qu'elle imaginait comme métier d'institutrice, ce n'était pas ça. Pour elle, dans cette école privilégiée, elle ne pouvait rien apporter. Elle voulait justement retourner dans les quartiers de Marseille où elle sentait qu'elle pourrait faire une différence. Pour ces deux personnes, j'ai tout de suite senti qu'elles étaient faites pour ça. J'avais des choses à leur apprendre, évidemment, ayant plus d'expérience qu'elles, mais elles n'avaient pas besoin de moi. Pour en revenir à la formation, le travail d'équipe est primordial. J'ai été formé par mon ancienne directrice et par d'autres enseignantes qui étaient plus expérimentées que moi. Mais naturellement, je me suis tout de suite senti à l'aise devant mes premiers élèves. Tout au long de mon parcours, les rencontres et le travail en binôme avec différents instituteurs et institutrices a été évidemment formateur. Travaillant en plus dans une école internationale, j'ai aussi pu collaborer avec des professeurs anglo-saxons, espagnols ou allemands, chacun avec sa culture et sa propre organisation, ainsi que sa philosophie éducative. Ils m'ont donné, eux aussi, des visions différentes de la relation de l'enseignant avec son élève, mais aussi de la construction d'un programme pédagogique et des moyens de le transmettre. Le concours d'enseignants actuel est pour moi une aberration. Il écarte des éléments qu'il y aurait beaucoup à transmettre et privilégie des bêtes à concours qui ne sont que ça finalement. On apprend en faisant. Une fois qu'on a un niveau d'études suffisant, on peut tout à fait enseigner. L'idée serait d'avoir des cours théoriques, en gros le programme de l'éducation nationale, des rencontres avec des psys, des neuroscientifiques, des orthophonistes, des éducatrices de jeunes enfants, des pédiatres. Et le reste du temps, il faudrait tout simplement être en binôme avec un professeur expérimenté en classe. Sur trois ans, petit à petit, ce professeur laisserait à l'instituteur débutant l'autonomie de gérer sa classe. Comment voulez-vous, à partir d'un concours, sans aucune expérience de terrain, trouver un professeur qui peut enseigner en très petite section, puis l'année d'après en CM1, avec des enfants de deux ans et demi, puis des enfants de dix ans, alors que ce ne sont pas du tout les mêmes métiers, même si on parle bien d'être professeur des écoles. Voilà, c'est dit. C'est pour ça que pour ma part, j'ai expérimenté puisque ma première année, en tant qu'enseignant, chaque jour je passais 45 minutes avec une enseignante qui regardait mes préparations, venait me voir pendant mes cours, me faisait un feedback et le tout avec bienveillance. J'avais d'autres enseignantes en réunion pédagogique avec qui échanger. Mais encore une fois, de base, comme on dit aujourd'hui, j'étais à l'aise avec mes élèves, j'aimais ça, je savais gérer le groupe classe naturellement. J'allais chercher des informations, j'y pensais, j'imaginais des séquences, des projets. Et je peux dire que j'étais un bon instituteur. Il se trouve que d'instituteur, je suis passé à adjoint à la directrice tout en continuant à être enseignant. Ensuite, à sa retraite, je lui ai succédé. Et soudain, je n'avais plus rien à me mettre. D'où shopping et recherche d'un uniforme. Je vais donc vous partager les hauts et les bas, les up and down de cette transition. Les prochains épisodes aborderont tous mes essayages pour trouver le bon costume de directeur.

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Mes pensées ou élucubrations sur le métier d'instituteur, sa formation, sa vocation et sur le passage à de professeur des écoles au rôle de directeur.


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Dans cette pastille, je vais vous parler de moi, de mon parcours et de ce que je pense de la formation des professeurs des écoles. J'ai été instituteur pendant près de 16 ans et directeur depuis 5 ans. D'où le titre de mon podcast où, devant vos oreilles ébahies, je vais vous partager mes réflexions sur ces beaux métiers liés à l'enseignement et avancer avec vous sur le chemin assez aventureux qui m'a conduit d'instituteur à directeur. Ça y est, je suis podcasteur. D'où viens-je ? Pourquoi le fais-je ? Comment osais-je ? Toutes ces questions se sont bien entendu posées à moi. Le syndrome de l'imposteur, comme on appelle ça. Mais je vais développer le pourquoi du comment, je me sens quand même valide pour parler de tout ça. N'attendez pas de ma part un plan structuré pour vous expliquer tout cela. Je suis de ceux qu'on appelle des intuitifs, des empiriques. Quand des idées me viendront, je les communiquerai, et si jamais ma pensée navigue et dérive, je vous inviterai, ou pas, à me suivre. Soyons clairs. L'enseignement pour moi est un métier noble, qu'il s'adresse aux enfants, aux tout-petits, aux adultes. L'art de la transmission d'un savoir est basé sur la rencontre de l'autre, son écoute, l'analyse de qui il est, d'où il vient, où il en est. Il ne doit pas y avoir de jugement, mais c'est une rencontre. Même si je sais que j'idéalise, souvent ce n'est même pas une rencontre mais quelqu'un qui parle et l'autre qui s'ennuie, certains liens entre élèves ou apprenants et professeurs créent une réelle rencontre qui apporte aux deux parties. On a tous en souvenir des professeurs ou instituteurs qui nous ont marqués. Le problème, c'est qu'il n'y en a pas tant que ça sur le nombre d'années passées en classe, mais j'y reviendrai. Je me sens légitime pour parler de tout ça, car je ne suis pas du serail. L'éducation nationale comme machine administrative m'a toujours repoussé. Qui plus est, ma formation ne m'avait absolument pas préparé à ça. J'ai en essai suivi des cours de cinéma, effectué une formation de management culturel, pour finir par un double master de lettres modernes et études théâtrales à la fac. J'ai également eu un rôle de vendeur et responsable de rayon. manageant 70 personnes dans le domaine de la décoration d'intérieur de luxe. Bien sûr, j'avais animé des cours de théâtre pour enfants ou adultes. Bien sûr, j'avais eu des cours de préprofessionnalisation au métier de professeur de français à la fac, suivi d'un stage dans un collège difficile, avec reprise tous les samedis matins par une sociologue qui nous parlait du métier d'élève à moi, qui avait des élèves de troisième plus grand que moi par la taille ce n'est pas difficile, je suis petit, et ayant plusieurs années de retard. Comme on le voit, J'étais absolument prêt à me lancer dans l'enseignement. Je n'ai donc pas eu de formation de professeur des écoles. On a tous entendu parler de ces speed dating pour combler les manquements de professeurs des écoles. Tout le monde a poussé de hauts cris. Mais finalement, y avait-il de hauts cris à pousser ? Je me lance. Pour moi, il n'y aurait pas de formation toute faite ou académique au métier de professeur des écoles. La formation actuelle me paraît aberrante dans ce qu'elle demande un master avant même d'enseigner. Comme je le disais tout à l'heure, dans l'enseignement, il s'agit d'une rencontre, comme dans la vie. Il y a des gens pour qui la rencontre est facile, et pour d'autres, pour qui les interactions sont compliquées et le resteront quoi qu'ils fassent. J'ai fait depuis ma petite section, plus mes deux masters, 20 ans d'études. J'ai dû avoir grosso modo une centaine de professeurs. Honnêtement, je me souviens peut-être d'une dizaine qui m'ont positivement marqué, d'une dizaine qui ont été nullissimes et auraient dû être estampillées catastrophes naturelles, et le reste que j'ai oublié. Bien sûr, il y a des techniques pour donner un cours, faire la leçon par les élèves, choisir des exercices d'application avec une gradation dans la difficulté, la manipulation maternelle, apprendre au travers de l'action, au travers des interactions du groupe, au travers de matériel Montessori, bref, toutes ces techniques que les neurosciences et pédagogues ont aidé à développer. Bien sûr, il y a une posture à adopter, voix, gestes, distance, plus les règles de l'éducation nationale. Tu ne critiqueras pas l'éducation nationale et j'en passe. Mais je pense que fondamentalement... on a en soi la capacité de transmettre ou pas, quelle que soit son origine ou son parcours. L'école dans laquelle j'exerce a un centre de formation pour professeurs. Notre ancienne direction nous proposait donc souvent de prendre des stagiaires dans nos classes. Moi ça m'a toujours plu justement car cela fait partie de la transmission. Ces jeunes professeurs, contrairement à moi, avaient donc le concours de l'éducation nationale. Ils étaient donc officiellement bons pour le service. Après en avoir eu quelques-uns dans les différentes classes où j'enseignais, Fort c'est de constater que les trois quarts n'étaient absolument pas faits pour ça. Même si on enlève le côté débutant, la timidité, l'ensemble n'était pas fait pour enseigner. Je travaille dans une école privée au coût assez élevé, donc la plupart de nos élèves sont des gentils. Il n'y a donc pas de problème de violence, de mauvais comportement, de niveau et de manque de respect. J'ai eu deux cas qui m'ont marqué comme stagiaire. Une maman de trois enfants, avocate, qui à l'orée de ses 40 ans, a senti qu'elle voulait donner du sens à sa vie. Elle a donc passé le concours d'enseignante et dès son premier jour... même sa première heure en stage avec moi. Elle avait le sens de la classe, du groupe, très vite. Il était évident qu'elle avait été faite pour ça. Elle a préparé des séquences, comme demandé par l'Éducation nationale, mais ses cours étaient vivants, pleins de trouvailles. Elle est d'ailleurs devenue ensuite directrice d'une école. Une autre de mes stagiaires était une jeune femme qui venait du quartier nord de Marseille. Pareil, dès sa première heure, il était évident qu'elle était faite pour ce métier. Très bon contact avec les enfants, des idées pédagogiques pour des notions que des enfants ne comprenaient pas, des trouvailles également passionnées par son métier. Et puis un jour... Lors d'une récréation à la fin de son stage, elle me dit que pour elle, travailler dans mon école n'était pas ce qu'elle voulait. Ce qu'elle imaginait comme métier d'institutrice, ce n'était pas ça. Pour elle, dans cette école privilégiée, elle ne pouvait rien apporter. Elle voulait justement retourner dans les quartiers de Marseille où elle sentait qu'elle pourrait faire une différence. Pour ces deux personnes, j'ai tout de suite senti qu'elles étaient faites pour ça. J'avais des choses à leur apprendre, évidemment, ayant plus d'expérience qu'elles, mais elles n'avaient pas besoin de moi. Pour en revenir à la formation, le travail d'équipe est primordial. J'ai été formé par mon ancienne directrice et par d'autres enseignantes qui étaient plus expérimentées que moi. Mais naturellement, je me suis tout de suite senti à l'aise devant mes premiers élèves. Tout au long de mon parcours, les rencontres et le travail en binôme avec différents instituteurs et institutrices a été évidemment formateur. Travaillant en plus dans une école internationale, j'ai aussi pu collaborer avec des professeurs anglo-saxons, espagnols ou allemands, chacun avec sa culture et sa propre organisation, ainsi que sa philosophie éducative. Ils m'ont donné, eux aussi, des visions différentes de la relation de l'enseignant avec son élève, mais aussi de la construction d'un programme pédagogique et des moyens de le transmettre. Le concours d'enseignants actuel est pour moi une aberration. Il écarte des éléments qu'il y aurait beaucoup à transmettre et privilégie des bêtes à concours qui ne sont que ça finalement. On apprend en faisant. Une fois qu'on a un niveau d'études suffisant, on peut tout à fait enseigner. L'idée serait d'avoir des cours théoriques, en gros le programme de l'éducation nationale, des rencontres avec des psys, des neuroscientifiques, des orthophonistes, des éducatrices de jeunes enfants, des pédiatres. Et le reste du temps, il faudrait tout simplement être en binôme avec un professeur expérimenté en classe. Sur trois ans, petit à petit, ce professeur laisserait à l'instituteur débutant l'autonomie de gérer sa classe. Comment voulez-vous, à partir d'un concours, sans aucune expérience de terrain, trouver un professeur qui peut enseigner en très petite section, puis l'année d'après en CM1, avec des enfants de deux ans et demi, puis des enfants de dix ans, alors que ce ne sont pas du tout les mêmes métiers, même si on parle bien d'être professeur des écoles. Voilà, c'est dit. C'est pour ça que pour ma part, j'ai expérimenté puisque ma première année, en tant qu'enseignant, chaque jour je passais 45 minutes avec une enseignante qui regardait mes préparations, venait me voir pendant mes cours, me faisait un feedback et le tout avec bienveillance. J'avais d'autres enseignantes en réunion pédagogique avec qui échanger. Mais encore une fois, de base, comme on dit aujourd'hui, j'étais à l'aise avec mes élèves, j'aimais ça, je savais gérer le groupe classe naturellement. J'allais chercher des informations, j'y pensais, j'imaginais des séquences, des projets. Et je peux dire que j'étais un bon instituteur. Il se trouve que d'instituteur, je suis passé à adjoint à la directrice tout en continuant à être enseignant. Ensuite, à sa retraite, je lui ai succédé. Et soudain, je n'avais plus rien à me mettre. D'où shopping et recherche d'un uniforme. Je vais donc vous partager les hauts et les bas, les up and down de cette transition. Les prochains épisodes aborderont tous mes essayages pour trouver le bon costume de directeur.

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