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Jusqu'à la fin

Réparer les vivants - le deuil

Réparer les vivants - le deuil

07min |24/06/2025|

33

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Jusqu'à la fin

Réparer les vivants - le deuil

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Description

Dans ce septième épisode de Jusqu’à la fin, le podcast du Centre national des soins palliatifs et de la fin de vie, on aborde un sujet universel : le deuil.

Avec Chantal Verdon, infirmière, chercheuse et professeure au Québec, on découvre que le deuil n’est pas un « travail » à accomplir ou une étape à franchir, mais un mouvement intime : celui d’intégrer une absence dans sa vie.

Ce que nous révèle cet épisode :

  • Le deuil est imprévisible, unique, mais traversé par des émotions communes.

  • Il ne s’agit pas de « faire son deuil », mais de vivre son deuil.

  • L’accompagnement repose sur l’écoute, l’accueil, la présence, sans jugement ni injonction.

Un épisode essentiel pour comprendre comment soutenir ceux qui restent, et pourquoi « réparer les vivants » est aussi une part des soins palliatifs.

Pour aller plus loin, retrouvez nous sur le site du Centre national des soins palliatifs et de la fin de vie parlons-fin-de-vie.fr ainsi que son portail documentaire vigipallia.parlons-fin-de-vie.fr/ 



Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Bonjour à toutes et à tous, et bienvenue dans cet épisode de Jusqu'à la fin, le podcast du Centre National des Soins Palliatifs et de la Fin de Vie. Dans l'épisode précédent, Camille Bossancren soulignait qu'après le décès d'une personne, la vie de son entourage continue, et qu'il était essentiel de le prendre en compte dans l'accompagnement de cet entourage. C'est pourquoi, dans cet épisode, nous allons aborder la question du deuil. Autrement dit, quel est cet état qui débute pour celles et ceux qui restent ? après la fin de la vie d'une personne qui leur est proche. Pour être guidé dans ce sujet qui nous concerne ou nous concernera toutes et tous, j'ai pris contact avec Chantal Verdon. Elle est infirmière, professeure et chercheuse à l'Université du Québec en Outaouais. En préparant notre entretien, je me suis retrouvé confronté à l'expression « faire son deuil » . Tout le monde la connaît cette expression. Et elle renvoie à une idée communément admise du deuil comme un processus qui a un début et une fin. Je lui demande qu'est-ce qu'elle en pense.

  • Speaker #1

    Le faire son deuil envoie le message véritablement qu'il y a une fin à ça. Et pour les personnes endeuillées, indépendamment des circonstances, pour eux, il n'y a pas de fin. Parce que fin voudrait dire ne plus avoir de peine ou ne plus ressentir quelque chose. oublier la personne significative, ce qui est un non-sens.

  • Speaker #0

    Mais alors, qu'est-ce que le deuil ? Et surtout, comment le définir ?

  • Speaker #1

    Un deuil, ce n'est pas d'oublier, c'est d'avoir intégré dans sa vie l'absence de cette personne. Et l'intégrer dans sa vie, cette absence-là, ça implique de vivre des émotions. Et comment on va le faire ? Bien, si chacun va trouver sa route. Et c'est ce qui explique qu'on ne fait pas un deuil, on vit un deuil.

  • Speaker #0

    Si le deuil est une expérience liée à des émotions, comment peut-on alors accompagner les personnes endeuillées qui vivent une expérience qui leur est propre ?

  • Speaker #1

    On constate qu'indépendamment des circonstances du décès, indépendamment des milieux dans lesquels va se vivre le décès d'une personne significative, il y a une trame commune à chacun. Les étapes sont liées à des réactions de deuil. Par exemple, quand on apprend le décès d'un proche, la première étape, habituellement, c'est le choc. Mais on a rencontré des personnes endeuillées qui nous ont dit que le choc, il perdure dans le temps. Qu'au bout d'un an, deux ans, il arrive un moment dans l'année où ils vont revivre cet état de choc. Parce qu'ils sont replongés dans un événement, des souvenirs qui leur font revivre ce choc-là. Donc, ce que l'on comprend, c'est que le chat... qui est une émotion, il n'est pas rattaché à une étape, il est rattaché à cette émotion-là, qui implique que si on le vit au bout d'un an ou deux ans, on n'est pas anormal.

  • Speaker #0

    On comprend donc que s'il y a une trame commune à chacune et à chacun, il y a surtout des réactions qui sont liées à différentes étapes du deuil, à ce que l'on vit ou ce que l'on revit. C'est une oscillation entre, d'une part, la peine que l'on ressent, les réactions de deuil, et d'autre part, sa propre vie, qui doit se poursuivre. Et cette oscillation est liée au rôle que la personne endeuillée pouvait avoir vis-à-vis de la personne décédée.

  • Speaker #1

    Si on a perdu un enfant, notre rôle de parent. Si on perd un parent, c'est notre rôle d'enfant et comment ce parent nous guidait dans notre vie. Et ainsi de suite, je pense que le rôle que la personne jouait dans notre vie va expliquer cette oscillation entre la peine et la vie, la personne absente prend une place incroyable dans la pensée de ces personnes-là. Ils vont nous dire « Mon Dieu, je ne pensais pas à cette personne-là aussi souvent quand elle était vivante. » Donc il faut apprivoiser une absence présente.

  • Speaker #0

    On comprend mieux pourquoi vivre un deuil est une formulation qui semble plus proche de la réalité. On ne passe pas à autre chose, mais on intègre petit à petit dans sa vie une absence que notre quotidien ne cesse de souligner.

  • Speaker #1

    C'est vraiment important d'enseigner aux personnes que le deuil est une expérience que l'on vit qui est imprévisible. Et d'où l'importance pour les proches de nommer leur impuissance, parce que ça résonne, hein, pour une personne endeuillée, d'entendre « je sais pas quoi te dire » , « je sais pas comment t'accompagner » , ben, eux-mêmes ne connaissent pas l'ordre. propres besoins.

  • Speaker #0

    Mais alors, comment accompagner une personne qui vit un deuil et des émotions qui la sortent de sa vie ? Comment rester proche d'une personne endeuillée qui peut avoir tendance à chercher à s'isoler ? Quelle posture adopter pour donner à la personne endeuillée l'espace de dire ce que vivre son deuil lui fait ?

  • Speaker #1

    Auparavant, je pense qu'on avait tendance peut-être à dire quoi faire aux gens, à donner justement des trucs ou des stratégies, passer à autre chose, de se changer les idées. Maintenant, on est vraiment dans un paradigme où on doit soutenir la personne à trouver son rythme. Comme infirmière, moi, ce qui m'interpelle beaucoup, c'est les besoins de base. Respirer, manger, dormir, ralentir ce rythme. Et c'est cet enseignement-là qui doit être la priorité. Et à qui elle peut se permettre de le dire ? C'est à une personne qui a ce regard de bienveillance, d'accueil, de non-jugement. qui se permet de questionner simplement et d'être à l'écoute de la personne qui vit un deuil.

  • Speaker #0

    Dans cet épisode, on comprend que le deuil n'est pas un parcours jalonné d'étapes. Le deuil serait plutôt d'intégrer à sa vie l'absence de la personne que l'on a perdue. Une absence qui vient parfois choquer le quotidien. Mais plus que de chercher à éviter ces émotions, il faut chercher à les accepter. comme une part intégrante de sa vie. C'est ce mouvement, entre vie et souvenir, que les proches doivent tenter de comprendre et d'accompagner. Je voulais remercier Chantal Verdon d'avoir pris le temps de répondre à toutes nos questions. Je lui laisse le mot de la fin.

  • Speaker #1

    Le deuil, c'est une expérience que nous allons tous vivre un jour ou l'autre dans notre vie. Je crois aussi que nous le vivons selon notre propre personnalité. Mais sur une note positive et pleine d'espoir, je dirais que le deuil est ce qui nous transforme le plus. Et j'ai espoir qu'avec la recherche et l'évolution, nous puissions être outillés davantage pour accompagner les autres et surtout apprendre à s'accompagner soi-même à son propre rythme.

Description

Dans ce septième épisode de Jusqu’à la fin, le podcast du Centre national des soins palliatifs et de la fin de vie, on aborde un sujet universel : le deuil.

Avec Chantal Verdon, infirmière, chercheuse et professeure au Québec, on découvre que le deuil n’est pas un « travail » à accomplir ou une étape à franchir, mais un mouvement intime : celui d’intégrer une absence dans sa vie.

Ce que nous révèle cet épisode :

  • Le deuil est imprévisible, unique, mais traversé par des émotions communes.

  • Il ne s’agit pas de « faire son deuil », mais de vivre son deuil.

  • L’accompagnement repose sur l’écoute, l’accueil, la présence, sans jugement ni injonction.

Un épisode essentiel pour comprendre comment soutenir ceux qui restent, et pourquoi « réparer les vivants » est aussi une part des soins palliatifs.

Pour aller plus loin, retrouvez nous sur le site du Centre national des soins palliatifs et de la fin de vie parlons-fin-de-vie.fr ainsi que son portail documentaire vigipallia.parlons-fin-de-vie.fr/ 



Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Bonjour à toutes et à tous, et bienvenue dans cet épisode de Jusqu'à la fin, le podcast du Centre National des Soins Palliatifs et de la Fin de Vie. Dans l'épisode précédent, Camille Bossancren soulignait qu'après le décès d'une personne, la vie de son entourage continue, et qu'il était essentiel de le prendre en compte dans l'accompagnement de cet entourage. C'est pourquoi, dans cet épisode, nous allons aborder la question du deuil. Autrement dit, quel est cet état qui débute pour celles et ceux qui restent ? après la fin de la vie d'une personne qui leur est proche. Pour être guidé dans ce sujet qui nous concerne ou nous concernera toutes et tous, j'ai pris contact avec Chantal Verdon. Elle est infirmière, professeure et chercheuse à l'Université du Québec en Outaouais. En préparant notre entretien, je me suis retrouvé confronté à l'expression « faire son deuil » . Tout le monde la connaît cette expression. Et elle renvoie à une idée communément admise du deuil comme un processus qui a un début et une fin. Je lui demande qu'est-ce qu'elle en pense.

  • Speaker #1

    Le faire son deuil envoie le message véritablement qu'il y a une fin à ça. Et pour les personnes endeuillées, indépendamment des circonstances, pour eux, il n'y a pas de fin. Parce que fin voudrait dire ne plus avoir de peine ou ne plus ressentir quelque chose. oublier la personne significative, ce qui est un non-sens.

  • Speaker #0

    Mais alors, qu'est-ce que le deuil ? Et surtout, comment le définir ?

  • Speaker #1

    Un deuil, ce n'est pas d'oublier, c'est d'avoir intégré dans sa vie l'absence de cette personne. Et l'intégrer dans sa vie, cette absence-là, ça implique de vivre des émotions. Et comment on va le faire ? Bien, si chacun va trouver sa route. Et c'est ce qui explique qu'on ne fait pas un deuil, on vit un deuil.

  • Speaker #0

    Si le deuil est une expérience liée à des émotions, comment peut-on alors accompagner les personnes endeuillées qui vivent une expérience qui leur est propre ?

  • Speaker #1

    On constate qu'indépendamment des circonstances du décès, indépendamment des milieux dans lesquels va se vivre le décès d'une personne significative, il y a une trame commune à chacun. Les étapes sont liées à des réactions de deuil. Par exemple, quand on apprend le décès d'un proche, la première étape, habituellement, c'est le choc. Mais on a rencontré des personnes endeuillées qui nous ont dit que le choc, il perdure dans le temps. Qu'au bout d'un an, deux ans, il arrive un moment dans l'année où ils vont revivre cet état de choc. Parce qu'ils sont replongés dans un événement, des souvenirs qui leur font revivre ce choc-là. Donc, ce que l'on comprend, c'est que le chat... qui est une émotion, il n'est pas rattaché à une étape, il est rattaché à cette émotion-là, qui implique que si on le vit au bout d'un an ou deux ans, on n'est pas anormal.

  • Speaker #0

    On comprend donc que s'il y a une trame commune à chacune et à chacun, il y a surtout des réactions qui sont liées à différentes étapes du deuil, à ce que l'on vit ou ce que l'on revit. C'est une oscillation entre, d'une part, la peine que l'on ressent, les réactions de deuil, et d'autre part, sa propre vie, qui doit se poursuivre. Et cette oscillation est liée au rôle que la personne endeuillée pouvait avoir vis-à-vis de la personne décédée.

  • Speaker #1

    Si on a perdu un enfant, notre rôle de parent. Si on perd un parent, c'est notre rôle d'enfant et comment ce parent nous guidait dans notre vie. Et ainsi de suite, je pense que le rôle que la personne jouait dans notre vie va expliquer cette oscillation entre la peine et la vie, la personne absente prend une place incroyable dans la pensée de ces personnes-là. Ils vont nous dire « Mon Dieu, je ne pensais pas à cette personne-là aussi souvent quand elle était vivante. » Donc il faut apprivoiser une absence présente.

  • Speaker #0

    On comprend mieux pourquoi vivre un deuil est une formulation qui semble plus proche de la réalité. On ne passe pas à autre chose, mais on intègre petit à petit dans sa vie une absence que notre quotidien ne cesse de souligner.

  • Speaker #1

    C'est vraiment important d'enseigner aux personnes que le deuil est une expérience que l'on vit qui est imprévisible. Et d'où l'importance pour les proches de nommer leur impuissance, parce que ça résonne, hein, pour une personne endeuillée, d'entendre « je sais pas quoi te dire » , « je sais pas comment t'accompagner » , ben, eux-mêmes ne connaissent pas l'ordre. propres besoins.

  • Speaker #0

    Mais alors, comment accompagner une personne qui vit un deuil et des émotions qui la sortent de sa vie ? Comment rester proche d'une personne endeuillée qui peut avoir tendance à chercher à s'isoler ? Quelle posture adopter pour donner à la personne endeuillée l'espace de dire ce que vivre son deuil lui fait ?

  • Speaker #1

    Auparavant, je pense qu'on avait tendance peut-être à dire quoi faire aux gens, à donner justement des trucs ou des stratégies, passer à autre chose, de se changer les idées. Maintenant, on est vraiment dans un paradigme où on doit soutenir la personne à trouver son rythme. Comme infirmière, moi, ce qui m'interpelle beaucoup, c'est les besoins de base. Respirer, manger, dormir, ralentir ce rythme. Et c'est cet enseignement-là qui doit être la priorité. Et à qui elle peut se permettre de le dire ? C'est à une personne qui a ce regard de bienveillance, d'accueil, de non-jugement. qui se permet de questionner simplement et d'être à l'écoute de la personne qui vit un deuil.

  • Speaker #0

    Dans cet épisode, on comprend que le deuil n'est pas un parcours jalonné d'étapes. Le deuil serait plutôt d'intégrer à sa vie l'absence de la personne que l'on a perdue. Une absence qui vient parfois choquer le quotidien. Mais plus que de chercher à éviter ces émotions, il faut chercher à les accepter. comme une part intégrante de sa vie. C'est ce mouvement, entre vie et souvenir, que les proches doivent tenter de comprendre et d'accompagner. Je voulais remercier Chantal Verdon d'avoir pris le temps de répondre à toutes nos questions. Je lui laisse le mot de la fin.

  • Speaker #1

    Le deuil, c'est une expérience que nous allons tous vivre un jour ou l'autre dans notre vie. Je crois aussi que nous le vivons selon notre propre personnalité. Mais sur une note positive et pleine d'espoir, je dirais que le deuil est ce qui nous transforme le plus. Et j'ai espoir qu'avec la recherche et l'évolution, nous puissions être outillés davantage pour accompagner les autres et surtout apprendre à s'accompagner soi-même à son propre rythme.

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Description

Dans ce septième épisode de Jusqu’à la fin, le podcast du Centre national des soins palliatifs et de la fin de vie, on aborde un sujet universel : le deuil.

Avec Chantal Verdon, infirmière, chercheuse et professeure au Québec, on découvre que le deuil n’est pas un « travail » à accomplir ou une étape à franchir, mais un mouvement intime : celui d’intégrer une absence dans sa vie.

Ce que nous révèle cet épisode :

  • Le deuil est imprévisible, unique, mais traversé par des émotions communes.

  • Il ne s’agit pas de « faire son deuil », mais de vivre son deuil.

  • L’accompagnement repose sur l’écoute, l’accueil, la présence, sans jugement ni injonction.

Un épisode essentiel pour comprendre comment soutenir ceux qui restent, et pourquoi « réparer les vivants » est aussi une part des soins palliatifs.

Pour aller plus loin, retrouvez nous sur le site du Centre national des soins palliatifs et de la fin de vie parlons-fin-de-vie.fr ainsi que son portail documentaire vigipallia.parlons-fin-de-vie.fr/ 



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Transcription

  • Speaker #0

    Bonjour à toutes et à tous, et bienvenue dans cet épisode de Jusqu'à la fin, le podcast du Centre National des Soins Palliatifs et de la Fin de Vie. Dans l'épisode précédent, Camille Bossancren soulignait qu'après le décès d'une personne, la vie de son entourage continue, et qu'il était essentiel de le prendre en compte dans l'accompagnement de cet entourage. C'est pourquoi, dans cet épisode, nous allons aborder la question du deuil. Autrement dit, quel est cet état qui débute pour celles et ceux qui restent ? après la fin de la vie d'une personne qui leur est proche. Pour être guidé dans ce sujet qui nous concerne ou nous concernera toutes et tous, j'ai pris contact avec Chantal Verdon. Elle est infirmière, professeure et chercheuse à l'Université du Québec en Outaouais. En préparant notre entretien, je me suis retrouvé confronté à l'expression « faire son deuil » . Tout le monde la connaît cette expression. Et elle renvoie à une idée communément admise du deuil comme un processus qui a un début et une fin. Je lui demande qu'est-ce qu'elle en pense.

  • Speaker #1

    Le faire son deuil envoie le message véritablement qu'il y a une fin à ça. Et pour les personnes endeuillées, indépendamment des circonstances, pour eux, il n'y a pas de fin. Parce que fin voudrait dire ne plus avoir de peine ou ne plus ressentir quelque chose. oublier la personne significative, ce qui est un non-sens.

  • Speaker #0

    Mais alors, qu'est-ce que le deuil ? Et surtout, comment le définir ?

  • Speaker #1

    Un deuil, ce n'est pas d'oublier, c'est d'avoir intégré dans sa vie l'absence de cette personne. Et l'intégrer dans sa vie, cette absence-là, ça implique de vivre des émotions. Et comment on va le faire ? Bien, si chacun va trouver sa route. Et c'est ce qui explique qu'on ne fait pas un deuil, on vit un deuil.

  • Speaker #0

    Si le deuil est une expérience liée à des émotions, comment peut-on alors accompagner les personnes endeuillées qui vivent une expérience qui leur est propre ?

  • Speaker #1

    On constate qu'indépendamment des circonstances du décès, indépendamment des milieux dans lesquels va se vivre le décès d'une personne significative, il y a une trame commune à chacun. Les étapes sont liées à des réactions de deuil. Par exemple, quand on apprend le décès d'un proche, la première étape, habituellement, c'est le choc. Mais on a rencontré des personnes endeuillées qui nous ont dit que le choc, il perdure dans le temps. Qu'au bout d'un an, deux ans, il arrive un moment dans l'année où ils vont revivre cet état de choc. Parce qu'ils sont replongés dans un événement, des souvenirs qui leur font revivre ce choc-là. Donc, ce que l'on comprend, c'est que le chat... qui est une émotion, il n'est pas rattaché à une étape, il est rattaché à cette émotion-là, qui implique que si on le vit au bout d'un an ou deux ans, on n'est pas anormal.

  • Speaker #0

    On comprend donc que s'il y a une trame commune à chacune et à chacun, il y a surtout des réactions qui sont liées à différentes étapes du deuil, à ce que l'on vit ou ce que l'on revit. C'est une oscillation entre, d'une part, la peine que l'on ressent, les réactions de deuil, et d'autre part, sa propre vie, qui doit se poursuivre. Et cette oscillation est liée au rôle que la personne endeuillée pouvait avoir vis-à-vis de la personne décédée.

  • Speaker #1

    Si on a perdu un enfant, notre rôle de parent. Si on perd un parent, c'est notre rôle d'enfant et comment ce parent nous guidait dans notre vie. Et ainsi de suite, je pense que le rôle que la personne jouait dans notre vie va expliquer cette oscillation entre la peine et la vie, la personne absente prend une place incroyable dans la pensée de ces personnes-là. Ils vont nous dire « Mon Dieu, je ne pensais pas à cette personne-là aussi souvent quand elle était vivante. » Donc il faut apprivoiser une absence présente.

  • Speaker #0

    On comprend mieux pourquoi vivre un deuil est une formulation qui semble plus proche de la réalité. On ne passe pas à autre chose, mais on intègre petit à petit dans sa vie une absence que notre quotidien ne cesse de souligner.

  • Speaker #1

    C'est vraiment important d'enseigner aux personnes que le deuil est une expérience que l'on vit qui est imprévisible. Et d'où l'importance pour les proches de nommer leur impuissance, parce que ça résonne, hein, pour une personne endeuillée, d'entendre « je sais pas quoi te dire » , « je sais pas comment t'accompagner » , ben, eux-mêmes ne connaissent pas l'ordre. propres besoins.

  • Speaker #0

    Mais alors, comment accompagner une personne qui vit un deuil et des émotions qui la sortent de sa vie ? Comment rester proche d'une personne endeuillée qui peut avoir tendance à chercher à s'isoler ? Quelle posture adopter pour donner à la personne endeuillée l'espace de dire ce que vivre son deuil lui fait ?

  • Speaker #1

    Auparavant, je pense qu'on avait tendance peut-être à dire quoi faire aux gens, à donner justement des trucs ou des stratégies, passer à autre chose, de se changer les idées. Maintenant, on est vraiment dans un paradigme où on doit soutenir la personne à trouver son rythme. Comme infirmière, moi, ce qui m'interpelle beaucoup, c'est les besoins de base. Respirer, manger, dormir, ralentir ce rythme. Et c'est cet enseignement-là qui doit être la priorité. Et à qui elle peut se permettre de le dire ? C'est à une personne qui a ce regard de bienveillance, d'accueil, de non-jugement. qui se permet de questionner simplement et d'être à l'écoute de la personne qui vit un deuil.

  • Speaker #0

    Dans cet épisode, on comprend que le deuil n'est pas un parcours jalonné d'étapes. Le deuil serait plutôt d'intégrer à sa vie l'absence de la personne que l'on a perdue. Une absence qui vient parfois choquer le quotidien. Mais plus que de chercher à éviter ces émotions, il faut chercher à les accepter. comme une part intégrante de sa vie. C'est ce mouvement, entre vie et souvenir, que les proches doivent tenter de comprendre et d'accompagner. Je voulais remercier Chantal Verdon d'avoir pris le temps de répondre à toutes nos questions. Je lui laisse le mot de la fin.

  • Speaker #1

    Le deuil, c'est une expérience que nous allons tous vivre un jour ou l'autre dans notre vie. Je crois aussi que nous le vivons selon notre propre personnalité. Mais sur une note positive et pleine d'espoir, je dirais que le deuil est ce qui nous transforme le plus. Et j'ai espoir qu'avec la recherche et l'évolution, nous puissions être outillés davantage pour accompagner les autres et surtout apprendre à s'accompagner soi-même à son propre rythme.

Description

Dans ce septième épisode de Jusqu’à la fin, le podcast du Centre national des soins palliatifs et de la fin de vie, on aborde un sujet universel : le deuil.

Avec Chantal Verdon, infirmière, chercheuse et professeure au Québec, on découvre que le deuil n’est pas un « travail » à accomplir ou une étape à franchir, mais un mouvement intime : celui d’intégrer une absence dans sa vie.

Ce que nous révèle cet épisode :

  • Le deuil est imprévisible, unique, mais traversé par des émotions communes.

  • Il ne s’agit pas de « faire son deuil », mais de vivre son deuil.

  • L’accompagnement repose sur l’écoute, l’accueil, la présence, sans jugement ni injonction.

Un épisode essentiel pour comprendre comment soutenir ceux qui restent, et pourquoi « réparer les vivants » est aussi une part des soins palliatifs.

Pour aller plus loin, retrouvez nous sur le site du Centre national des soins palliatifs et de la fin de vie parlons-fin-de-vie.fr ainsi que son portail documentaire vigipallia.parlons-fin-de-vie.fr/ 



Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Bonjour à toutes et à tous, et bienvenue dans cet épisode de Jusqu'à la fin, le podcast du Centre National des Soins Palliatifs et de la Fin de Vie. Dans l'épisode précédent, Camille Bossancren soulignait qu'après le décès d'une personne, la vie de son entourage continue, et qu'il était essentiel de le prendre en compte dans l'accompagnement de cet entourage. C'est pourquoi, dans cet épisode, nous allons aborder la question du deuil. Autrement dit, quel est cet état qui débute pour celles et ceux qui restent ? après la fin de la vie d'une personne qui leur est proche. Pour être guidé dans ce sujet qui nous concerne ou nous concernera toutes et tous, j'ai pris contact avec Chantal Verdon. Elle est infirmière, professeure et chercheuse à l'Université du Québec en Outaouais. En préparant notre entretien, je me suis retrouvé confronté à l'expression « faire son deuil » . Tout le monde la connaît cette expression. Et elle renvoie à une idée communément admise du deuil comme un processus qui a un début et une fin. Je lui demande qu'est-ce qu'elle en pense.

  • Speaker #1

    Le faire son deuil envoie le message véritablement qu'il y a une fin à ça. Et pour les personnes endeuillées, indépendamment des circonstances, pour eux, il n'y a pas de fin. Parce que fin voudrait dire ne plus avoir de peine ou ne plus ressentir quelque chose. oublier la personne significative, ce qui est un non-sens.

  • Speaker #0

    Mais alors, qu'est-ce que le deuil ? Et surtout, comment le définir ?

  • Speaker #1

    Un deuil, ce n'est pas d'oublier, c'est d'avoir intégré dans sa vie l'absence de cette personne. Et l'intégrer dans sa vie, cette absence-là, ça implique de vivre des émotions. Et comment on va le faire ? Bien, si chacun va trouver sa route. Et c'est ce qui explique qu'on ne fait pas un deuil, on vit un deuil.

  • Speaker #0

    Si le deuil est une expérience liée à des émotions, comment peut-on alors accompagner les personnes endeuillées qui vivent une expérience qui leur est propre ?

  • Speaker #1

    On constate qu'indépendamment des circonstances du décès, indépendamment des milieux dans lesquels va se vivre le décès d'une personne significative, il y a une trame commune à chacun. Les étapes sont liées à des réactions de deuil. Par exemple, quand on apprend le décès d'un proche, la première étape, habituellement, c'est le choc. Mais on a rencontré des personnes endeuillées qui nous ont dit que le choc, il perdure dans le temps. Qu'au bout d'un an, deux ans, il arrive un moment dans l'année où ils vont revivre cet état de choc. Parce qu'ils sont replongés dans un événement, des souvenirs qui leur font revivre ce choc-là. Donc, ce que l'on comprend, c'est que le chat... qui est une émotion, il n'est pas rattaché à une étape, il est rattaché à cette émotion-là, qui implique que si on le vit au bout d'un an ou deux ans, on n'est pas anormal.

  • Speaker #0

    On comprend donc que s'il y a une trame commune à chacune et à chacun, il y a surtout des réactions qui sont liées à différentes étapes du deuil, à ce que l'on vit ou ce que l'on revit. C'est une oscillation entre, d'une part, la peine que l'on ressent, les réactions de deuil, et d'autre part, sa propre vie, qui doit se poursuivre. Et cette oscillation est liée au rôle que la personne endeuillée pouvait avoir vis-à-vis de la personne décédée.

  • Speaker #1

    Si on a perdu un enfant, notre rôle de parent. Si on perd un parent, c'est notre rôle d'enfant et comment ce parent nous guidait dans notre vie. Et ainsi de suite, je pense que le rôle que la personne jouait dans notre vie va expliquer cette oscillation entre la peine et la vie, la personne absente prend une place incroyable dans la pensée de ces personnes-là. Ils vont nous dire « Mon Dieu, je ne pensais pas à cette personne-là aussi souvent quand elle était vivante. » Donc il faut apprivoiser une absence présente.

  • Speaker #0

    On comprend mieux pourquoi vivre un deuil est une formulation qui semble plus proche de la réalité. On ne passe pas à autre chose, mais on intègre petit à petit dans sa vie une absence que notre quotidien ne cesse de souligner.

  • Speaker #1

    C'est vraiment important d'enseigner aux personnes que le deuil est une expérience que l'on vit qui est imprévisible. Et d'où l'importance pour les proches de nommer leur impuissance, parce que ça résonne, hein, pour une personne endeuillée, d'entendre « je sais pas quoi te dire » , « je sais pas comment t'accompagner » , ben, eux-mêmes ne connaissent pas l'ordre. propres besoins.

  • Speaker #0

    Mais alors, comment accompagner une personne qui vit un deuil et des émotions qui la sortent de sa vie ? Comment rester proche d'une personne endeuillée qui peut avoir tendance à chercher à s'isoler ? Quelle posture adopter pour donner à la personne endeuillée l'espace de dire ce que vivre son deuil lui fait ?

  • Speaker #1

    Auparavant, je pense qu'on avait tendance peut-être à dire quoi faire aux gens, à donner justement des trucs ou des stratégies, passer à autre chose, de se changer les idées. Maintenant, on est vraiment dans un paradigme où on doit soutenir la personne à trouver son rythme. Comme infirmière, moi, ce qui m'interpelle beaucoup, c'est les besoins de base. Respirer, manger, dormir, ralentir ce rythme. Et c'est cet enseignement-là qui doit être la priorité. Et à qui elle peut se permettre de le dire ? C'est à une personne qui a ce regard de bienveillance, d'accueil, de non-jugement. qui se permet de questionner simplement et d'être à l'écoute de la personne qui vit un deuil.

  • Speaker #0

    Dans cet épisode, on comprend que le deuil n'est pas un parcours jalonné d'étapes. Le deuil serait plutôt d'intégrer à sa vie l'absence de la personne que l'on a perdue. Une absence qui vient parfois choquer le quotidien. Mais plus que de chercher à éviter ces émotions, il faut chercher à les accepter. comme une part intégrante de sa vie. C'est ce mouvement, entre vie et souvenir, que les proches doivent tenter de comprendre et d'accompagner. Je voulais remercier Chantal Verdon d'avoir pris le temps de répondre à toutes nos questions. Je lui laisse le mot de la fin.

  • Speaker #1

    Le deuil, c'est une expérience que nous allons tous vivre un jour ou l'autre dans notre vie. Je crois aussi que nous le vivons selon notre propre personnalité. Mais sur une note positive et pleine d'espoir, je dirais que le deuil est ce qui nous transforme le plus. Et j'ai espoir qu'avec la recherche et l'évolution, nous puissions être outillés davantage pour accompagner les autres et surtout apprendre à s'accompagner soi-même à son propre rythme.

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