- Speaker #0
Bonjour et bienvenue dans le podcast qui décrypte l'environnement des marchés financiers et des stratégies d'investissement dans les mandats de gestion de Louvre Banque Privée. Je suis Marine Baudot, en charge de la communication, et j'accueille comme tous les mois Rachid Medjawi, directeur adjoint de la gestion sous-mandat de Louvre Banque Privée. Bonne écoute !
- Speaker #1
Bonjour Rachid ! Bonjour Marine !
- Speaker #0
Bienvenue dans ce premier numéro de la rentrée. Je vous propose d'abord de revenir sur le coup de grisou de l'été, puisqu'après un premier semestre globalement favorable, Les marchés financiers sont devenus nerveux depuis cet été. Alors plutôt résilience ou retournement à la baisse des places boursières, Achille ?
- Speaker #1
Écoutez, plutôt résilience. Mais nous avons eu depuis cet été le déclenchement d'alertes économiques et financières qu'il va falloir surveiller et dont il faut tenir compte dès à présent dans la construction des portefeuilles. Les marchés financiers, vous l'avez dit, ont subi un véritable choc de volatilité en plein été, dont l'intensité épicentrale a eu lieu le 5 août. Alors ça a été un véritable lundi noir, caractérisé par une chute importante des grands indices boursiers, la palme revenant au Nikkei japonais qui a connu un mini-crack en dégringolant de plus de 12% et avec, comme d'habitude, des réactions en chaîne qui ont fait perdre, par exemple, plus de 5% à Wall Street en deux jours. Alors cette correction des bourses a été... très centré notamment à Wall Street sur les très grandes valeurs de la tech, ce qui a réveillé les craintes d'un début de dégonflement de l'euphorie, certains parlent de bulles financières, autour de l'intelligence artificielle. Alors Marine, les catalyseurs derrière ce choc de volatilité qui a propulsé l'indice VIX, souvent appelé l'indice de la peur, sur des niveaux qu'on n'avait pas vus depuis la crise du Covid ou la crise financière de 2008, les catalyseurs sont d'ordre macroéconomique ? peur d'une récession aux États-Unis à la suite de chiffres d'emplois décevants, mais aussi catalyseurs financiers, forte hausse du Yen à la suite de la remontée des taux de la banque centrale japonaise qui a forcé nombre d'investisseurs spéculatifs à déboucler en catastrophe des positions sur des actions, sur le pétrole ou sur le bitcoin qui étaient financés à bon compte par des emprunts en Yen. Alors je disais résilience parce que finalement, après ce choc de volatilité très marqué... Les marchés ont très vite réussi à rebondir, notamment à la suite d'indicateurs macroéconomiques, certes en ralentissement, mais qui n'indiquent pas un risque de récession éminent, et par des résultats d'entreprises globalement au-dessus des attentes, qui illustrent bien cette résilience des entreprises cotées aux incertitudes et défis économiques et géopolitiques. Donc, plutôt résilience qu'au retournement des marchés, mais je le disais, des signaux d'alerte se sont déclenchés. Et pour être très précis, le fait par exemple Marine que l'on ait trois des principaux indicateurs de référence sur les marchés, les taux obligataires, le dollar et le pétrole qui baissent simultanément depuis le début de l'été, et bien ça incite à une certaine prudence, cette triple baisse des taux d'intérêt, le rendement de l'emprunt d'État américain est passé de 4,48 à 3,66, du dollar qui a perdu pratiquement 4% contre l'euro qui n'est pourtant pas une monnaie actuellement forte. Et du pétrole qui a chuté de 17%, et bien cette triple baisse est en effet un phénomène suffisamment rare pour nous mettre en alerte.
- Speaker #0
Et ce blues des marchés financiers arrive pourtant à un moment où les banques centrales s'engagent clairement vers un assouplissement de leur politique monétaire. Alors, paradoxe ou cohérence ?
- Speaker #1
Alors, réaction plutôt cohérente. Lorsque les banques centrales débutent un cycle de réduction des taux monétaires, il faut... toujours s'interroger sur les motivations de cette baisse du loyer de l'argent. Si c'est principalement en réaction à une amélioration de l'inflation, alors ces assouplissements monétaires sont plutôt des soutiens à la valorisation des marchés financiers. En revanche, si c'est surtout en réaction à un affaiblissement de la croissance économique, ces baisses de taux peuvent être perçues comme des... comme un facteur plutôt anxiogène, voire alarmant.
- Speaker #0
Mais alors rassurant ou alarmant, Rachid ?
- Speaker #1
Vigilant, Marine. La Réserve fédérale a soudainement changé d'objectif. Elle a basculé d'une guidance où sa principale préoccupation depuis 2022 était l'inflation à une communication depuis cet été quasi exclusivement centrée sur les risques d'affaiblissement de la croissance et surtout de l'emploi. Alors ce changement d'objectif a nourri des anticipations de baisse des taux très agressives de la part du marché qui s'attend dorénavant marine à 4 réductions de taux d'ici la fin de l'année et encore à 6 assouplissements monétaires en 2025, ce qui ferait au total 2,5 points de baisse des taux. Alors ce qui serait a priori beaucoup trop si la croissance américaine ralentit tout en restant solide, proche de son rythme potentiel d'environ 2%, mais ce qui ne serait pas assez si l'économie... entre en récession en 2025. Historiquement et en moyenne, une récession entraîne une baisse très rapide d'environ 3 à 4 points. Quoi qu'il en soit, cette soudaine focalisation sur les perspectives de croissance de la part de la Réserve fédérale réveille assez logiquement les craintes d'une éventuelle récession à horizon de six mois aux États-Unis, même si, je le répète, le ciel conjoncturel américain semble pour l'instant encore assez dégagé. Alors, à l'inverse, le comportement de la BCE, même si elle vient de procéder à sa deuxième réduction de taux en trois mois, ce comportement de la BCE qui a ramené cet étonnement intérêt de 4% à 3,6% 5%, et bien ce comportement peut sembler trop timoré, pas assez proactif, au regard de la faiblesse du rythme de croissance, et surtout de la perte de momentum, de la reprise cyclique, après à peine deux trimestres de progression du PIB. Enfin, s'agissant de la People Bank of China, la banque centrale chinoise, manifestement, le soutien en termes de baisse des taux arrive au compte-goutte, l'électrochoc monétaire pour contrecarrer les forces déflationnistes n'est donc toujours pas... pas d'actualité. Nous avons donc quitté, Marine, la phase où les anticipations de baisse des taux étaient logiquement un soutien au marché financier et nous entrons dorénavant dans une période où ces baisses de taux tant attendues, souvent retardées, deviennent certes réalité, mais avec, comme souvent, des interrogations sur la nature saine ou malsaine de leur motivation.
- Speaker #0
Justement, les craintes de récession, exagération ou lucidité, Rachid ?
- Speaker #1
Alors, nous sommes probablement... dans un moment de vérité pour le cycle économique mondial. Je m'explique, les effets de rattrapage post-Covid qui ont pu doper la croissance économique mondiale, grâce notamment aux sommes colossales injectées par les États à travers des politiques budgétaires très expansionnistes, eh bien, ces effets sont probablement terminés et l'impact retardé des chocs d'inflation et de hausse des taux de 2022-2023 est certainement en train de jouer à plein. La croissance américaine semble encore solide, mais des signes de fragilité émergent, notamment du marché de l'emploi. Le taux de chômage à 4,2% reste bas, mais il remonte depuis plusieurs mois. Et surtout, les créations d'emplois, certes, sont encore positives, mais ont très nettement ralenti depuis deux mois. Alors, du côté de la conjoncture européenne, là aussi, la conjoncture européenne n'est pas négative, mais nous ne sommes clairement plus en phase d'accélération, comme au premier semestre. Avec en plus des disparités très marquées entre des pays du sud plutôt dynamiques, une conjoncture française médiocre, si l'on corrige de l'effet positif des Jeux Olympiques, et une croissance allemande qui retombe dans la déprime. Enfin, l'activité économique chinoise est à la peine, en raison notamment des pressions déflationnistes immobilières, et l'objectif de croissance de 5% du gouvernement risque de ne pas être atteint. Alors les banques centrales ont donc raison de s'engager dans une normalisation à la baisse de leur... taux d'intérêt directeur afin de redonner de l'oxygène à la croissance économique, d'autant plus que l'inflation continue de se modérer. Mais il est probable, finalement assez classique, à ce stade du cycle économique et boursier, que les investisseurs et les marchés incorporent une dose de méfiance par rapport aux motivations saines, normalisation de l'inflation, ou malsaines, crainte de récession. Alors ces incertitudes et interrogations sur le devenir du cycle économique, sont par ailleurs renforcés, accentués par le manque de visibilité sur la couleur politique du prochain locataire de la Maison-Blanche. Les différences de programme économique entre Mme Harris et M. Trump sont telles qu'ils devraient susciter de latentisme, phénomène rarement favorable au dynamisme des dépenses d'investissement et de consommation.
- Speaker #0
Comment traduisez-vous cet état de vigilance dans les mandats de gestion de l'ouvre-banque privée ?
- Speaker #1
Alors Marine, nous ne devenons pas stratégiquement prudents ou négatifs, les incertitudes économiques et politiques ne manquent pas, je le disais, mais nous estimons que les fondamentaux économiques et surtout ceux des entreprises sont globalement sains pour supporter de possibles vents contraires. Pour autant, nous considérons qu'il est raisonnable de réduire quelque peu les risques des portefeuilles. Alors, il y a suffisamment, je le disais, de signaux d'alerte qui se sont allumés pour ne pas en tenir compte. Par ailleurs, les marchés ont tendance à être volatiles, voire relativement lourds, à l'approche de l'élection présidentielle américaine. Cette réduction du risque global des mandats de gestion a été réalisée via différents ajustements de la composition des portefeuilles. Nous avons tout d'abord réduit l'exposition globale aux actions en sous-pondérant les actions de la zone euro et en devenant plus neutre sur les valeurs américaines. Nous avons par ailleurs Continuer à réduire notre exposition aux thématiques cycliques et à renforcer à l'inverse notre pondération des pays, des secteurs et des valeurs plus défensives. Enfin, nous avons réduit notre forte pondération aux obligations d'entreprise et nous avons été plutôt investir en faveur d'obligations d'État qui devraient jouer leur rôle de valeur refuge en cas de turbulence financière. Cela étant dit, Marine, nous sommes plutôt dans l'idée que, Si jamais les marchés devaient corriger à l'approche des élections, nous utiliserons plutôt ces phases de correction, si elles doivent arriver, plutôt pour nous réinvestir, pour réinvestir nos liquidités et redevenir peut-être plus offensifs dans nos portefeuilles.
- Speaker #0
Merci Rachid.
- Speaker #1
Merci Marine.
- Speaker #0
Ce numéro est maintenant terminé. On se retrouve le mois prochain pour un nouvel épisode de l'actualité des mandats de gestion. de Louvre Banque Privée. Au revoir.