Speaker #0Bonjour, du coup moi c'est Mickaël Bunel, je suis photojournaliste depuis une quinzaine d'années maintenant. Je travaille avec le journal La Croix depuis décembre 2015. Le reportage pour lequel je suis présent aujourd'hui, c'est un reportage qui s'intitulait À Calais, une nuit avec les migrants J'ai suivi le père Philippe Desmester, qui officie à Calais, et qui se donne comme mission d'aller dormir plusieurs fois dans la jungle par semaine auprès des plus nécessiteux. C'est un reportage qui s'effectuait en une journée du coup, mais il y a eu pas mal de préparation en amont. Et c'est un reportage qui est sorti dans La Croix le lundi 13 décembre 2021. Alors moi j'ai commencé à travailler en 2015 là-bas jusqu'en 2016, j'ai travaillé quasiment un an dans la jungle. La jungle, en fait, c'était le bidonville de Calais, qui est devenu le plus grand bidonville d'Europe à un moment donné. Il y avait 9000 personnes qui y vivaient selon les associations. Un camp qui a été démantelé en octobre 2016. Et tout le monde est redescendu sur Paris. Ça a été le moment où il y a eu la bulle qui a été ouverte à Paris, un lieu d'accueil justement pour les réfugiés. Donc il n'y avait plus grand monde là-haut, et en fait, les passages continuaient. Donc petit à petit, les gens ont commencé à remonter en Calaisie. Et au lieu d'avoir un camp immense qui se reforme, la préfecture, la mairie, en fait, ils sont partis sur une stratégie du zéro point de fixation. Donc, en fait, ils ont empêché la création de tout nouveau camp, pas qu'il y ait quelque chose de pérenne qui s'installe. Alors forcément, ça n'a pas fonctionné parce que les gens sont là. On a beau les chasser, en fait, ils reviennent. Et du coup, c'est à partir de ce moment-là où on a plusieurs petits camps qui se sont formés. Donc, une invisibilisation des gens. Les camps sont encore plus petits, encore plus loin. On ne sait pas vraiment ce qui s'y passe. Et on a surtout une action des forces de l'ordre qui est que toutes les 36 à 48 heures, la police vient évacuer les camps. Ils viennent le matin, ils demandent aux personnes qui sont encore là de prendre leur tente, de dégager. Ça dure 10 minutes, les gens vont sur le côté, donc sur le côté c'est à 15-20 mètres, même pas. La police constate que le lieu où il y avait un camp qui était en formation est vide. Puis la police part pour évacuer un autre camp, et donc les personnes qui étaient à 15-20 mètres reprennent les tentes, les remettent. Donc le camp en fait, il est juste évacué 10 minutes, mais l'opération a bien eu lieu. Et surtout, c'est un harcèlement psychologique des personnes qui sont sur place. Les gens reviennent de toute façon, parce que le but est de tenter de la traverser. Donc voilà, on est dans une situation assez catastrophique. Ce reportage est effectué le 9 décembre 2021. La situation à Calais à cette période est très particulière. Il y a eu un naufrage tragique qui a eu lieu un mois plus tôt avec plusieurs personnes qui sont décédées en essayant de traverser la Manche pour rallier l'Angleterre. Suite à ça, il y a eu des militants qui se sont mis en grève, Anaïs et Ludovic, et du coup le père Philippe Némester qui s'est mis en grève de la faim aussi. Donc tous les trois ont fait une grève de la faim, une grève qui a duré dans les 25 jours il me semble. Et suite à ça, la santé du père Philippe était trop dégradée, donc il a arrêté sa grève. Les deux militants ont continué, mais il y a eu un coup de projecteur sur ce qui se passait là-haut. Et du coup, Lacroix a décidé de montrer, au-delà de ces images reprises de personnes amaigries qui font une grève de la faim, montrer l'action sur le terrain du père Philippe. C'est pour ça qu'on a été amené à le suivre jusqu'en-dessous de la jungle de Calais, où il a ses habitudes quelques nuits par semaine. Le Père Philippe, c'est un jésuite. Son action, en tous les cas, auprès des nécessiteux, elle n'est pas nouvelle. Il a beaucoup travaillé aussi avant auprès des personnes SDF. C'est quelqu'un qui va vers les rebuts de la société, j'ai envie de dire. Il a toujours été dans cette veine-là, fidèle à son engagement religieux, tout simplement. C'est une personne d'un certain âge, barbe blanche, toujours le bonnet sur la tête. Un peu monsieur tout le monde, en fait, quand on le croise dans la rue. Il n'y a pas de signe distinctif qu'il faudrait appartenir à une obédience ou une autre. Assez bourru. On voit qu'il n'aime pas trop les journalistes. Je pense que même la mise en lumière qui a été faite sur lui après la grève de la faim, ça l'a juste horripilé au bout d'un moment. Lui, il est là pour aider les gens. Se retrouver sur le devant de la scène, je pense qu'il n'a pas mesuré dans quoi il s'engageait. Moi, je sais que j'ai passé plusieurs fois... Avant le reportage, déjà sur Calais, je le connaissais au moins de nom. Il y a un monument aux morts qui est fabriqué dans l'enceinte de la paroisse. J'étais déjà passé dans le coin pour faire des photos de ce monument. Et en fait, j'ai senti que je n'étais pas vraiment le bienvenu pour venir faire des photos. Mais en passant du temps avec lui, en lui expliquant, en preuve de pédagogie, sur le pourquoi de la nécessité des images, pourquoi raconter, finalement, il m'a accepté. Pour ce sujet, La Croix m'a appelé en tant que photographe, parce qu'ils savent très bien que je travaille énormément à Calais, je connais la situation. Je sais aussi comment me comporter avec les personnes et comment me comporter dans les camps. La journaliste qui a été choisie, c'est Nathalie Birchen, qui est quelqu'un avec qui j'ai l'habitude de travailler, notamment sur ces sujets. Donc on s'est appelés, on s'est mis en accord. Il y avait surtout de la logistique à gérer, parce que moi j'étais déjà sur Calais. Donc c'était une histoire de savoir est-ce que je redescendais pour reprendre Nathalie en voiture, est-ce qu'elle remontait ? Après on a tellement l'habitude de travailler ensemble, on se fait confiance. Surtout dans un camp, je sais que je peux partir dans mon coin, faire des photos pour la laisser tranquille, faire son interview, mais qu'on aura toujours quand même l'œil l'un sur l'autre. Les choses peuvent dégénérer, il faut être honnête, donc toujours se surveiller un petit peu. Je pense que les binômes fonctionnent bien, parce que justement on peut se faire confiance sans être l'un à côté de l'autre, et savoir s'attendre et travailler en bonne intelligence. Il n'y a pas pire pour un photographe qu'un ou une journaliste qui ne lui laisse pas le temps de prendre des photos. Je pense que c'est la même chose dans l'autre sens, si on ne laisse pas la journaliste faire son travail, ça ne se passera pas très bien. Alors du coup, l'idée de ce reportage, c'était de passer une nuit dans la jungle de Calais avec le père Philippe. Donc moi, j'étais déjà sur Calais, donc j'ai été chercher Nathalie en voiture à la gare. On a filé direct à la paroisse où on a mangé avec le père et d'autres migrants qui sont hébergés dans les structures de la paroisse. Et vers les 20h30, 21h, on est en plein hiver, donc il faisait déjà bien nuit. On est parti à deux voitures vers le camp de BMX, qui est situé à la périphérie de Calais. On y était à deux voitures parce que je ne restais pas sur place. J'ai été rechercher Nathalie le lendemain matin. Je me rappelle avoir fait une photo du père Philippe, juste au moment où il part, où il est dans sa voiture. On doit voir des reflets de la paroisse, justement derrière, en plus, qui illumine un peu le pare-brise. Donc je les ai suivis depuis la paroisse jusqu'à la jungle de Calais, où on a passé peut-être 3-4 heures à discuter avec des gens autour du feu. Et j'ai fait les photos jusqu'à ce que le père Philippe aille se coucher. Donc il y a des photos où on le voit rentrer dans son duvet dans sa tente. Nathalie avait pris son duvet, elle a dormi dans la jungle et également dans une autre tente à côté du... Du père Philippe, le deal était vraiment d'aller chercher ces photos-là. Encore une fois, je pense que si je n'avais pas été en amont discuter avec lui, je pense que ma présence aurait pu le déranger. Là, j'ai pu faire des photos sans qu'il se soucie de moi, sans qu'il se pose de questions, sans qu'il y ait un regard caméra. C'est tout bête aussi, mais quand vous n'avez pas l'habitude, vous entendez clic-clic de la photo, vous avez tendance à lever la tête. De l'avoir habitué à ma présence en amont, ça m'a permis de travailler facilement et sereinement. Le camp où le père Philippe dort, c'est le camp BMX, qu'on appelle BMX. C'est en périphérie de la ville de Calais, près d'une station essence totale. Au fur et à mesure des ans, on a vu grandir des murs autour pour empêcher les gens de rentrer dans les camions. Et à côté d'un skatepark, où les jeunes viennent faire du skate et du BMX. Et il y a un petit terrain pour faire du cross. Donc le nom vient de là. C'est un camp un peu particulier dans le Calais. Comme tous les autres camps, il y a des pierres qui ont été posées pour limiter les accès aux associations, pour empêcher la distribution de nourriture ou le fait de pouvoir poser des... Les gros jerrycans d'eau qui font un mètre cube pour pas que les associations puissent mettre de l'eau. Et en fait ce camp, il a une spécialité déjà, c'est que c'est un camp d'érythréens. Les tentes sont à l'abri dans une espèce de petit bosquet. Vous avez une espèce de petite plaine, c'est là où sont faits les feux et la cuisine. J'ai toujours trouvé que c'était le camp qui paraissait le moins organisé. Pas par rapport à la tenue du camp par les personnes qui y sont, mais avec cette plaine complètement vide, vous avez des détritus qui sont dessus, il fait vraiment malheureux. On n'est plus du tout à l'époque de la jungle de Calais, avec des rues, des commerces, des choses organisées. Le fait qu'il soit vraiment isolé de la ville, je pense, rajoute une ampleur à la façon dont on peut se sentir quand on arrive sur place. La particularité aussi du fait que ce soit un camp avec des érythréens principalement, c'est que pour travailler en tant que photographe, c'est très compliqué parce que les personnes qui sont originaires d'Érythrée en général disent non aux photos. Ça doit être la population qui a le plus peur des représailles envers leur famille. Il y a un conflit en Érythrée et en Éthiopie avec des services militaires notamment obligatoires. Donc il y a pas mal de jeunes qui ont fui la guerre mais qui ont aussi fui ce service militaire obligatoire. A vie. Donc en fait les gens ont peur d'être reconnus et que tout simplement au pays il y a un retour de bâton sur la famille. Donc prendre des photos de ces personnes est vraiment très compliqué. Donc le travail en binôme est toujours un peu particulier, il faut trouver du temps pour l'un et pour l'autre, on est tous les deux là dans un but précis. Donc Nathalie a fait son interview en amont quand on était encore à la paroisse. Elle avait un petit carnet bien sûr pour prendre des notes avec les gens qu'elle a notamment rencontrés autour du feu, mais la majorité de son interview a été réalisée en amont. Moi je fais toujours des photos pendant l'interview, je fais des photos constamment, il faut dire ce qu'il y a. Et une fois arrivé sur le camp, l'idée c'était de suivre le père Philippe. et de faire le plus photo de lui, au début assez discrètement. J'ai de la chance de travailler avec un boîtier qui est quand même assez petit. Je peux faire des photos assez discrètement, le suivre, où il est de dos, il avance jusqu'au feu. Et après, j'ai quand même redemandé aux personnes si je pouvais prendre des photos. J'ai l'appareil autour du cou, donc montré que c'est visible, que je suis là pour ça. On m'a dit que j'avais pas le droit de faire des photos. Donc là, vous êtes dans un vrai problème éthique. On me demande de ne pas faire des photos, chose que j'ai tendance à respecter, mais en même temps, je suis là pour une commande photo, il faut que je revienne avec des images. Alors, au monde... Ça fait des années quand même que je suis photographe, je sais faire des photos sans que les gens soient reconnaissables, on anonymise les gens. Par une histoire de profondeur de champ sur l'image, j'arrive à avoir des gens qui vont être dessus mais qui ne vont pas être reconnus. Par exemple, un premier plan, on va voir le père et dans le fond, vous allez avoir plus des ombres, une silhouette qui va se dessiner, mais ce sera impossible de reconnaître le visage de la personne qui est prise en photo. Un autre exemple, ça peut être juste quelqu'un qui va être devant le feu, on va avoir sa silhouette qui va se dessiner de par la lumière qui arrive par derrière. Des détails des mains, je me rappelle que j'ai fait une photo, c'est tout bête, mais d'œufs cassés au pied du feu où les gens chauffaient. Donc voilà, pensez à ces détails-là. Il y avait une croix qui traînait sur une barrière du camp de BMX aussi. Pareil, pensez à... J'ai fait une photo de cette croix toute seule, mais j'ai aussi attendu le moment où le père allait passer devant. Au final, on a des... On a des photos du camp, on a des photos des gens sans les reconnaître, mais on comprend la population qui est présente et on a les photos du père qui arrive, qui va se coucher. Je repense à une image du camp où en fait on avait le père des maîtres avec Nathalie et plusieurs réfugiés qui étaient autour du feu. Donc le premier tiers bas de l'image vous avez des personnes qui sont de dos devant le feu, qu'on reconnaît parce que justement il y a cette lumière qui est derrière, ça fait une espèce de contre-jour. Et du coup je suis dans un rapport où on va voir les personnages au loin, on va deviner qui sont plusieurs, on va deviner les formes, mais pareil encore une fois on ne va pas pouvoir reconnaître les personnes. Au-dessus de ces gens, on a des arbres qui se dessinent très bien parce qu'on a un ciel particulier à Calais, on l'appelle le ciel Cédézo. Il y a toujours une couleur un peu violette le soir avec les lumières de la zone industrielle. Et après, vous avez ce ciel uniforme. qui ferme le dernier tiers de l'image en hauteur. On comprend qu'il fait froid, que ce n'est pas un endroit qui est sain pour vivre. On vit dans quelques détritus, des bidons. Donc, techniquement, j'ai réussi à me servir de ce que j'avais à ma disposition pour montrer l'ambiance du camp, montrer des personnages, et encore une fois, respecter les personnes qui ne voulaient pas être prises en photo. Ça peut m'arriver de faire la photo et d'aller la montrer aux personnes pour leur dire Vous voyez, je vous ai pris, mais vous pouvez me faire confiance, au fait, on ne vous voit pas vraiment dessus. Dans la même veine de techniques photographiques pour réussir le challenge de faire des photos de gens qui ne veulent pas être pris en photo dans un endroit où théoriquement personne ne prend de photo, j'ai une photo où on voit un réfugié de dos accroupi qui est en train de se réchauffer les mains et qui a une baguette de bois qui est en train de faire la tambouille du coup, donc il est pris par-dessus. Donc on a à la fois tout son corps qui se dessine en ombre chinoise, vous avez le feu qui sert de contre-jour. On comprend qu'il est dans l'action, il n'est pas du tout en train de poser, on ne le reconnaît pas. Et plutôt que de faire la photo en appuyant sur le bouton et d'être démasqué par les autres personnes qui étaient en face, c'est de plus en plus fréquent sur les appareils photo, mais on a une application qui commande notre appareil photo à distance. Donc en fait, avec mon smartphone, Je vois ce que mon appareil photo est en train de cadrer et je peux appuyer sur la smartphone et la photo va se déclencher. Et vu que maintenant, en plus, on a des appareils qui sont électroniques, on a la possibilité de les passer en mode silencieux, ce qui ne donne quasiment aucun bruit quand on appuie sur le déclencheur. Et encore une fois, la contrainte de la commande fait que vous ne pouvez pas revenir sans images. Il faut respecter les personnes que vous allez prendre en photo, mais il faut ramener des photos. C'était un sujet de plusieurs pages. Donc déjà, quand plus la Croix m'avait précisé que ce serait sûrement la Une. Photographiquement, c'est des choses qui se réfléchissent en amont. En général, par exemple, la Une d'un journal, ça va être une photo qui va être plus verticale. Donc c'est quelque chose à penser dans l'acte photographique quand on est sur le terrain. Après, moi je suis là pour raconter une histoire, pas juste pour montrer des faits. Donc il me faut quand même une photo de début, des photos au milieu et une photo de fin. C'est pour ça que je tenais absolument à ce qu'on aille au départ de la maison du père Philippe, plutôt que de juste rejoindre la maison. Le père Philippe sur les lieux. Au début, il ne comprenait pas, mais c'est ce qui nous a amenés à manger tous ensemble. C'était très bien. J'ai vraiment des images de lui en train de replier sa tente qui était asséchée la semaine dernière. Lui qui met ses chaussures. On voit que ce sont des grosses chaussures, ce ne sont pas des baskets. Il va dans un terrain qui est boueux. On le comprend, la façon dont il s'habille. On a des photos où il est en train de sortir de la paroisse. On a une photo quand il est dans sa voiture, où il se gratte la tête, quand il a un mouvement vers sa tête, où on pourrait assimiler un doute, un questionnement qu'il est en train de se faire. Qu'est-ce que je fais encore ce soir ? Aller dans la jungle ? Vraiment, elle interpelle quand on voit cette image. Et après on a les photos de forcément son arrivée. On ne peut pas avoir une ellipse temporelle d'un seul coup où il est en ville et puis d'un seul coup il est auprès d'un feu. J'ai des photos où il s'avance physiquement vers l'entrée du camp, puis des photos où il marche dans le camp, des photos où il est en train de discuter avec les gens, après il y a des photos où il est en train d'installer sa tente. Ça ressemble un peu à des gens avec une petite torche entre les dents ou sur le front, au milieu d'autres tentes, dans la boue. Il doit être 22h, 22h30. Ce n'est pas du tout l'heure où on monte une tente. On a une série de photos où on le voit un peu se dépatouiller entre les tentes qui sont déjà mises, les fils qui sont accrochés entre les arbres, où il y a des vêtements qui sont en train de sécher mais qu'on ne voit pas forcément. Et ça se finit par des photos où, pour moi, la photo finale, c'est le père qui a enfilé le son du V avec le petit bruit du zip qu'on imagine tous là, et la porte qui va se refermer, et la nuit pour lui qui va commencer. Alors du coup après la suite logique de l'acte de photographier, c'est que comme je suis en commande, il faut que j'envoie quand même les photos au journal. J'ai dû quitter le camp, je crois que c'était 23h30 et moi je suis habitué à fournir des images assez rapidement. Donc j'ai allumé l'ordinateur et je me suis mis à traiter les images. Alors là c'est dur, il faut faire un choix. Là je n'avais pas énormément d'images parce que les conditions avaient fait que techniquement c'était compliqué à réaliser. Donc le premier choix est à faire. le plus pertinent, puis après il y a le travail journalistique qui commence, c'est-à-dire légender chaque image pour qu'à la rédaction, la personne qui va recevoir mon travail ait une compréhension totale de ce qui se passe sur l'image et puis qui permettra au lecteur aussi une meilleure compréhension par la suite. Donc le travail ne s'arrête pas aux photos, après il y a encore tout un... Un travail de développement d'images, de légendage, d'indexation pour envoyer tout à la rédac et de construire ensemble le reportage photographique qui va illustrer l'article de la journaliste. Ce reportage, pour que les auditeurs comprennent, a été réalisé le 9 décembre et il est sorti dans la Croix le lundi 13. On a le week-end, on a quelques jours de battement pour que Nathalie puisse écrire son feuillet, mais que je puisse aussi m'occuper des images. C'est un reportage particulier parce qu'on n'était pas attendu, ce n'était pas évident d'être accepté par le père Philippe des Mestères. Comme je disais, le camp de BMX, c'est le camp où on ne peut pas faire de photos. Pour moi, toute cette histoire, c'était déjà une anecdote en soi. Ce reportage, il m'a marqué... C'est l'engagement de cet homme qui m'a marqué, en fait. C'est l'acte du père Philippe des Mestères de venir dormir dans la jungle quand personne ne l'attend. Sa présence apporte forcément un peu d'humanité aux gens. La considération, c'est déjà énorme, je pense, quand on voit comment les gens sont traités à Calais. de savoir qu'il y a encore des mains qui se tendent, qui compatisent, ça, ça marque.