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Ep. 125 - Laurence FAUTRA cover
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Le Café des Lyonnes

Ep. 125 - Laurence FAUTRA

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22min |18/12/2024
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Le Café des Lyonnes

Ep. 125 - Laurence FAUTRA

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Description

đŸ—Łïž: « De fait, quand on naĂźt femme, on sait que nous serons engagĂ©es toute notre vie durant, auprĂšs de nos familles, de nos enfants, de notre ville, du monde associatif, dans plein de domaines on sait que l’on jouera un rĂŽle essentiel, donc pour moi, l’engagement est quelque chose d’innĂ©. Toutes les femmes du monde sont engagĂ©es!  »


Issue de la « sociĂ©tĂ© civile », elle a eu un parcours professionnel de 20 ans dans le secteur privĂ©, avant de saisir une opportunitĂ© qui s’est prĂ©sentĂ©e Ă  elle, celle de s’engager dans la vie publique, pour devenir la Maire de la commune DĂ©cines-Charpieu au sein de la MĂ©tropole de Lyon. Et les femmes ne sont encore que 17% au niveau national Ă  exercer le mandat de Maire. Un mandat renouvelĂ© en 2020, et qu’elle complĂšte aujourd’hui par une implication de vice-prĂ©sidente de la RĂ©gion Auvergne RhĂŽne Alpes en charge de la santĂ©.


Si elle a dĂ» apprendre Ă  faire sa place dans une fonction politique loin d’ĂȘtre tendre, Laurence Fautra est une personnalitĂ© attachante, directe, qui n’a pas sa langue dans sa poche.


Au micro du CafĂ© des Lyonnes, elle aborde tous les sujets qui questionnent tant les femmes : syndrome de l’imposteur, lĂ©gitimitĂ©, goĂ»t des autres, façon d’aborder l’engagement dans le dĂ©bat public, sens de la nĂ©gociation.


🎧 DĂ©couvrez son tĂ©moignage inspirant dans ce nouvel Ă©pisode, dĂ©sormais disponible sur YouTube, Spotify, Deezer, iTunes et SoundCloud.


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Bonjour et bienvenue à ce nouveau Café d'Elia. Bonjour Laurence.

  • Speaker #1

    Bonjour Alexandra.

  • Speaker #0

    Alors ce matin, j'ai le plaisir d'accueillir Laurence Ausha. Vous ĂȘtes la maire de Dessine, la belle commune de la mĂ©tropole de Lyon, mais Ă©galement vice-prĂ©sidente de la rĂ©gion Auvergne-Renamp, dĂ©lĂ©guĂ©e Ă  la santĂ©, Ă  la rĂ©cente santĂ©, c'est ça ?

  • Speaker #1

    Et je suis la maire de Dessine-Charpieux.

  • Speaker #0

    J'avais oubliĂ© un morceau important de la commune. Toutes mes excuses. On est accueillis dans les fabuleux locaux de l'intercontinental HĂŽtel-Dieu ce matin, Laurence, et on va parler d'engagement dans le dĂ©bat public, on va parler de la place des femmes en politique. Vous savez que c'est un sujet qui nous tient Ă  cƓur, nous au CafĂ© des Lyonnes, cette question d'engagement dans l'espace public. Et donc vous faites partie de ces femmes qui sont engagĂ©es, qui ont choisi de prendre la parole. Donc on va vous interroger, on va Ă©changer avec vous ce matin. Mais d'abord, premiĂšre question de l'Ă©mission, Laurence, vous la connaissez ? Est-ce que vous ĂȘtes une femme engagĂ©e, justement ? Et surtout, ça veut dire quoi pour vous, cette question d'engagement ?

  • Speaker #1

    Alors, je ne sais pas si le sens engagée pour une femme est nécessaire, puisque de fait, quand on est femme, automatiquement, on sait qu'on ne se peut pas engager toute notre vie. On sera engagé auprÚs de nos familles, de mes enfants, de notre vie, du monde associatif, dans plein de domaines. On sait qu'on jouera un rÎle essentiel. Pour moi, l'engagement, c'est quelque chose d'ßlé. C'est pas quelque chose qui s'acquiert, c'est de fait.

  • Speaker #0

    Mais vous pensez que c'est inné chez les femmes particuliÚrement plus que chez les hommes ?

  • Speaker #1

    C'est de fait. Vous savez, quand vous prenez soin de votre famille, comme les Lyonnes, de votre tribu, vous vous engagez au quotidien auprÚs des gens que vous aimez. Et voilà, donc il n'y a pas besoin de signifier plus mon engagement. Toutes les femmes du monde sont engagées pour aller chercher de l'eau. ou plus loin des villages, dans des combats politiques, dans une lutte pour leur égalité, leur droit. Toutes les femmes du monde sont obligées, à mon sens.

  • Speaker #0

    À votre sens. Et alors, chez vous,

  • Speaker #1

    ça se matérialise comment, cet engagement ? Il se traduit comment ?

  • Speaker #0

    Au-delà de maßtriser ce que vous, vous avez choisi d'occuper des fonctions, d'aller chercher des membres, d'aller porter, représenter la parole des autres ?

  • Speaker #1

    Alors, pour moi, je ne sais pas si c'est un choix. J'ai plutĂŽt saisi une opportunitĂ© qui se prĂ©sentait Ă  moi. Mais le fait de reprĂ©senter, d'aider, d'aller sauver, toutes ces notions-lĂ , je les ai eues depuis toute petite. Vous savez, dans le cadre des Ă©coles, vous vous demandiez qui veut ĂȘtre dĂ©lĂ©guĂ© de classe. J'Ă©tais chaque annĂ©e... Ah ok, tout Ă  fait. J'Ă©tais partante. Donc aprĂšs, j'ai eu une vie qui n'a rien Ă  voir avec la politique. Et je dis tant mieux. Je ne fais pas partie de ce serail. Ça m'a permis d'avoir une autre existence et rencontrer... des gens d'un autre milieu. Et puis un jour, il y a un monsieur qui Ă©tait dĂ©putĂ© Ă  l'École qui s'appelle Philippe Meunier, me dit, Ă©coute, est-ce que ça t'intĂ©resserait de partir pour des signes Ausha ? Et en disant ça, il me disait aussi, bon, ça ne sera pas gagnable, mais tu as du bagout, tu en imposes un peu, tu n'as rien Ă  perdre, vas-y. Et j'ai trouvĂ©, comme j'aime le challenge, je trouvais que ce challenge Ă©tait intĂ©ressant et effectivement, je n'avais rien Ă  perdre. Par contre, je ne savais pas que j'allais gagner.

  • Speaker #0

    Ça, c'est pour ce qui est votre parcours. Mais avant ça, quel est votre sentiment sur la place des femmes aujourd'hui dans la sociĂ©tĂ© française ? Est-ce que vous trouvez que les femmes sont assez prĂ©sentes aujourd'hui dans le dĂ©bat public ?

  • Speaker #1

    Mais non, et encore moins en politique. Je crois que les reprĂ©sentants, Ă  peine 17% des maires sont des femmes. Et ils ne sont pas, entre guillemets, on ne les impose pas, ils ne sont pas obligatoires. Il n'y a pas de cette notion de paritĂ©. Donc, Ă©videmment, elles ont peur de prendre ces places. Vous savez, c'est toujours le syndrome de l'imposteur. On n'est jamais Ă  la bonne place. On n'a jamais les compĂ©tences Ă  la tour. Mais les compĂ©tences, c'est celles, en tout cas pour Fana Politique, c'est d'avoir le goĂ»t des autres. Je crois que les femmes ont le goĂ»t des autres. Je crois. Il faut qu'elles osent. Il faut qu'elles aient prĂȘt ce courage. Elles osent. Elles ont une façon d'aborder la vie, les problĂšmes, autre que ces messieurs. Je ne suis pas une grande fĂ©ministe parce qu'on a besoin d'ĂȘtre ensemble pour avancer. Mais je leur demande, allez-y, n'ayez pas peur, faites-vous confiance. Pourquoi vous ne serez pas lĂ©gitime ? Mais pourquoi vous n'allez pas porter le mĂȘme regard Ă  un autre enfant qui est le vĂŽtre, ou Ă  une autre mamie qui n'est peut-ĂȘtre pas la vĂŽtre ?

  • Speaker #0

    Mais sur la fonction politique, elle fait souvent peur, parce que la fonction politique, elle a l'air difficile,

  • Speaker #1

    elle a l'air Ăąpre parfois. Elle est Ăąpre, elle est rude, elle est impitoyable. C'est un monde, par contre, d'hommes, avec un systĂšme bien organisĂ©. Et c'est vrai que malheureusement, quand on arrive dans ce systĂšme, alors moi, pour le coup, je l'ai dĂ©couvert. Moi, j'avais des grands-monsieurs devant moi. DĂšs le bas, j'avais GĂ©rard Collomb, j'avais Jean-Michel Aulas, j'avais M. le prĂ©fet Caranco. J'avais M. Mercier qui Ă©tait au Conseil gĂ©nĂ©ral. Et ces hommes-lĂ , dans l'Ă©chiquier, qu'est-ce que je posais ? Rien ! VoilĂ , je n'Ă©tais rien. Donc j'ai eu deux solutions. Soit je faisais preuve d'allĂ©geance et je baissais l'Ă©chiquier. Soit je leur montrais que j'avais un petit peu de la rĂ©partie. Donc comme on dit, on y va un peu au talent. Et on force un peu le trait. Et des fois, on pousse mĂȘme Ă  la caricature. Mais ils ne comprennent que les rapports de force, ces hommes-lĂ . Ils ne vous respectent. J'ai un recollant de respect. que ça. Il fallait lui montrer qu'on avait du tempĂ©rament, qu'on dĂ©fendait nos dossiers. Et ça, je me souviens, parce que Ă  la fin, malheureusement, de son parcours politique, et aussi un que de lui, il me disait qu'il avait apprĂ©ciĂ© le fait que, voilĂ , on ait pu...

  • Speaker #0

    Et pour ça, il faut avoir un peu le cuir solide, parce que, enfin, on parlait tout à l'heure, mais dans la fonction, on va les demander de vous exercer, il y a des mots durs, il y a des attaques personnelles.

  • Speaker #1

    Il y a des critiques,

  • Speaker #0

    c'est assez vachard, entre guillemets. Et ça, ça ne vous attend pas ? Non,

  • Speaker #1

    alors quand on avance un peu dans l'ùge, on prend aussi un peu les choses avec un peu plus de hauteur et puis on fait du travail aussi sur soi, tout simplement en se disant, on fait partie d'une grande piÚce de théùtre et des gens qui sont haineux, il y en aura toujours. Alors c'est vrai que les raisons sociaux n'aident pas, puisque maintenant je trouve que n'importe qui peut se mettre... derriÚre un écran et on dit ça les haters.

  • Speaker #0

    On avance masqué, oui, bien sûr.

  • Speaker #1

    Donc, pour moi, ça ne reprĂ©sente pas grand-chose. Je prĂ©fĂšre le dĂ©bat public et les confrontations, l'idĂ©e. Mais oui, aprĂšs, on s'endurcit. Effectivement, on s'endurcit parce que moi, je pars du principe qu'on est quand mĂȘme dans une grande comĂ©die humaine, qu'on a tous notre rĂŽle Ă  jouer, qu'on essaye de jouer la partition avec le plus de sincĂ©ritĂ© possible. Mais voilĂ , c'est... Il y aura toujours un bourreau, il y aura toujours une victime, il y aura toujours un sauveur. Donc voilĂ , on essaye de naviguer au milieu de tout ça.

  • Speaker #0

    Elles apportent quoi, les femmes, dans cette arĂšne politique ?

  • Speaker #1

    Un peu de douceur, le cĂŽtĂ© un peu nourricier. Et vous savez, je crois, il me semble qu'il y a peut-ĂȘtre un peu moins d'Ă©go. VoilĂ , cette notion que je rĂ©pĂšte souvent de toute puissance. VoilĂ , de dire, moi je sais. Moi, j'ai. Moi, je suis plus fort. Peut-ĂȘtre qu'on l'a moins. Mais quand on prend le cĂŽtĂ© masculin du systĂšme, on peut devenir de redoutables guerriĂšres aussi.

  • Speaker #0

    Vous l'avez un petit peu évoqué tout à l'heure, en parlant de quand vous étiez petite. Mais quand vous étiez petite fille, vous vouliez faire quoi plus grande ?

  • Speaker #1

    C'est quoi votre rĂȘve d'enfant ? Les voyages. J'adorais tout ce qui Ă©tait histoire et gĂ©opathie. Grotesque de l'air. Vous savez, moi, je suis des annĂ©es des Trente Glorieuses. Alors, voilĂ . On parlait de la caravane, on parlait du concorde. Vous voyez ces jeunes femmes qui Ă©taient toujours impeccables, qui nous accueillaient. VoilĂ , les voyages, les horizons lointains. Et puis j'avais un cĂŽtĂ© trĂšs crĂ©atif, j'Ă©tais dans mon monde. Et dĂ©fendre, je n'Ă©tais pas une Ă©lĂšve brillante, non. J'avais une petite faiblesse qui maintenant s'appelle la dyslexie et que j'aurais toujours. Parce que c'est un handicap. Oui,

  • Speaker #0

    on l'a compris.

  • Speaker #1

    Mais Ă  l'Ă©poque, c'Ă©tait quand mĂȘme un peu de souffrance parce que ce n'Ă©tait pas trop dĂ©tectĂ©. On fondait les mƓux, les noeuds, les peaux. Et donc, je pense que ça aussi, ça m'a forgĂ©. Ça m'a forgĂ©. Et ça a Ă©tĂ© une grande blessure, mais en mĂȘme temps, je me suis dit, on va y arriver. Avec du temps, on va y arriver.

  • Speaker #0

    Vous avez fait votre petite carapace déjà.

  • Speaker #1

    Oui.

  • Speaker #0

    Alors, vous avez fait quoi comme parcours ?

  • Speaker #1

    Alors, j'ai fait des Ă©tudes. des Ă©tudes secondaires Ă  Lyon, puisque je venais de Saint-Priest et il n'y allait pas de lycĂ©e. J'en ai Ă©cumĂ© quelques-uns, lycĂ©es, aux diverses raisons. Et puis aprĂšs, je suis partie en ce qu'on appelle au BTS. J'Ă©tais au Crespal. Et voilĂ . Et aprĂšs, j'ai eu l'opportunitĂ© de rentrer. En mĂȘme temps, je faisais quelques heures dans la grande distribution, avec Carrefour, parce qu'ils cherchaient des mains pour gĂ©rer un peu leur rayon. Et... Et donc, aprĂšs, je suis rentrĂ©e directement dans la grande distribution, dans le carrefour. Je ne suis pas restĂ©e longtemps parce que les fournisseurs, donc ceux qui Ă©taient de l'autre cĂŽtĂ© de la barriĂšre, un m'a proposĂ© de partir Ă  l'aventure dans le sud de la France. Et donc, j'ai commencĂ© dans la papeterie française et j'y suis restĂ©e 20 ans.

  • Speaker #0

    Ah oui, d'accord. OK. Donc, vous avez fait une carriĂšre professionnelle.

  • Speaker #1

    Oui, dans la papeterie, avec des belles marques, Steedpatch, Valéria, et plus de 20 ans chez UHU. Les sticks de colle, la pùte à fixe, vous voyez, et toujours en lien avec la bande de distribution, donc dans les fonctions commerciales, dans la fonction de key account manager de négociation. Et puis un jour, je me suis dit, je connais pas mal de monde dans ce milieu-là, c'est moi qui vais distribuer, donc je me suis mis une bonne compte et aprÚs, c'est enchaßné l'opportunité.

  • Speaker #0

    Donc vous avez fait tout le circuit finalement du secteur privé.

  • Speaker #1

    Les négociations, voilà. Donc ça vous sert ça, non ? Alors ça, ça me sert énormément. Mais ce qui me sert, c'est la relation justement avec, vous savez, on dit bien que les négociations avec ces grands groupes, Carrefour, Auchan, Casino et Leclerc, sont trÚs dures. Je confirme, c'est trÚs, trÚs dur. Et vous vous dites, quand vous avez fait ça, vous vous dites, je suis à Guigui. J'ai fait plus dur. Oui, j'ai fait le plus dur, c'est terrible. Et puis non, en fin de compte, vous partez dans la politique et vous vous demandez, effectivement, le systÚme est encore plus dur et plus court. Ah oui,

  • Speaker #0

    d'accord. Alors justement, vous arrivez un jour à devenir maire de Dessines. Comment ça s'est passé cette aventure ? Vous l'avez dit, il y a un élu qui vous a tendu la main, qui vous a dit vas-y

  • Speaker #1

    Cette ville a Ă©tĂ© longtemps et est restĂ©e longtemps Ă  gauche, communiste et aprĂšs Ă©videmment socialiste. Et puis, normalement, ça destinait cette ville. Et puis, il y a eu le grand stade qui a un peu chamboulĂ© un coup tout ça. Et puis moi, je suis arrivĂ©e. en proposant peut-ĂȘtre une vision autre de cette ville, un peu moins archaĂŻque, peut-ĂȘtre plus dynamique. Puisque je venais d'autre part, donc j'Ă©tais dĂ©complexĂ©e dans mes propositions. Pour autant, je ne connaissais pas comment ça s'organisait. Oui,

  • Speaker #0

    c'est ça. Parce que vous, là, vous étiez novice. Exactement. C'était la premiÚre campagne, c'était en quelle année ?

  • Speaker #1

    En 2014. Alors aprÚs, j'ai rassemblé autour de moi une armée mexicaine avec des gens de... de différents horizons, puisque là, on n'est pas dans le monde professionnel.

  • Speaker #0

    Oui, c'est ça, c'est un peu associatif quelque part.

  • Speaker #1

    Des universitaires, ou pas. VoilĂ , c'est la sociĂ©tĂ© ici. C'est la sociĂ©tĂ© civile, c'est la belle sociĂ©tĂ©. Et vous portez une autre image sur votre ville et vous avez envie de communiquer cet enthousiasme. C'Ă©tait pas facile. Il y avait plusieurs listes et au deuxiĂšme tour, j'ai gagnĂ©. Et lĂ , je me rappellerai toujours, le premier tour, c'est... tournĂ© en tĂȘte de cinq mois. DĂ©jĂ , moi, j'avais donnĂ© mes prologues. Le Miss Dessine, c'Ă©tait incroyable, ça. Au bout de tant d'annĂ©es, pratiquement 50 ans de gouvernance Ă  gauche. Et le deuxiĂšme tour, c'est pourtant une triomphulaire. J'ai gagnĂ©. Et lĂ , par contre, pour la premiĂšre fois de m'habiller, je n'ai pas eu peur de perdre, mais j'ai vraiment eu peur de gagner. Et d'un coup, la charge de la mission qui allait m'attendre... Bien sĂ»r ! Je me suis tombĂ©e sur les Ă©paules. Et c'est vrai que j'ai vĂ©cu quelques mois d'oĂč. C'est combien d'habitants des Sines-Charkiouk ?

  • Speaker #0

    30 000. Oui, donc là, ça devient costaud à assumer.

  • Speaker #1

    Et puis, il faut ĂȘtre Ă  la hauteur de la charge. Il faut ĂȘtre Ă  la hauteur de la charge. Je n'avais pas le code. Je ne connaissais pas le systĂšme administratif, ce qui est un peu lourd, on va dire, de commettre. VoilĂ , je ne savais pas comment ça s'organisait, mĂȘme sur le plan financier. Vous savez, dans le privĂ©. Il n'y a pas cette notion d'investissement, de fonctionnement. Les sections financiĂšres sont relativement pourreuses.

  • Speaker #0

    Ce ne sont pas du tout les mĂȘmes constructions de budget.

  • Speaker #1

    Voilà, ce n'est pas du tout pareil, vous le savez Alexia. Et puis l'inertie, c'est-à-dire que quand on a une idée, déjà vous comprenez que ça ne va pas se faire dans les 24 heures qui suivent, et vous voyez tout le parcours administratif qui vous plombe. Ah non, vous ne pouvez pas, parce que là, vous comprenez. Ah non, attention. AprÚs, les relations avec l'extérieur, donc la sphÚre politique, votre famille qui vous dit gentiment, moi je savais que vous n'allez pas gagner, mais bon. Pour certains, j'en doute encore. Et puis ceux qui ne vous attendaient pas et qui sont de l'autre cÎté, dans notre famille politique, qui vous attendent au tournant. Donc, ça a été un long parcours. En tout cas, la premiÚre année a été trÚs, trÚs longue. On a pu trouver des collaborateurs. Enfin, il y a eu plein de choses.

  • Speaker #0

    S'installer dans son landa, comme on dit, du coup, ça vous a été plutÎt bénéfique puisque vous avez réitéré et vous avez été réélu.

  • Speaker #1

    Ce qui a Ă©tĂ© bĂ©nĂ©fique, enfin, ce qui a Ă©tĂ© sympa, comme dans toute aventure humaine, c'est que justement, on rencontre des gens extraordinaires et bienveillants. On ne fait pas tout ça tout seul, quoi. On a Ă  nos cĂŽtĂ©s des femmes et des hommes qui ont envie de vous accompagner parce que seuls, vous n'allez nulle part. DĂ©jĂ  vous avez vos Ă©lus qui Ă©taient Ă  grande zĂ©ro comme moi, mais on s'est soudĂ©s dans des moments difficiles. Et puis vous rencontrez des collaborateurs extraordinaires, des DGS, des DGA, des gens qui sont lĂ  pour vous aider, pour complĂ©ter aussi peut-ĂȘtre parfois vos lacunes, parce que vous dites moi j'ai renoncĂ© Ă  ma toute puissance. Et petit Ă  petit on chemine, et on arrive Ă  avoir des magnifiques succĂšs au Brits.

  • Speaker #0

    Oui, et puis alors vous avez Ă©tĂ© réélu et vous avez aussi accompagnĂ© l'Ă©quipe rĂ©gionale puisque vous ĂȘtes aussi Ă©galement vice-prĂ©sidence de la rĂ©gion Auvergne-RhĂŽne-Alpes sur les questions de santĂ©.

  • Speaker #1

    Alors ça aussi, c'Ă©tait pas, Laurent a voulu absolument pour la campagne de 2021 les maires. Je me siĂ©geais Ă  la mĂ©tropole de Lyon, parce qu'on fait partie de cette mĂ©tropole de Lyon. Et Laurent insiste absolument. Donc, on a fait la campagne rĂ©gionale. On avait une liste qui Ă©tait menĂ©e Ă  l'Ă©poque par JĂ©rĂ©my BĂ©raud. VoilĂ , on a mis des bons scores en 2021 sur cette mĂ©tropole. Ce n'Ă©tait pas gagnĂ©. Et puis, pour moi, on avait fait le job et j'allais retourner dans la mĂ©tropole. Et voilĂ , tout allait bien se passer. Et Laurent m'a appelĂ©. quelques jours aprĂšs son Ă©lection, en lui disant, bon, balance, relĂąche, je te propose la santĂ©. Et lĂ , le rĂ©flexe, toute femme, ah non, non, je ne suis pas mĂ©decin, je ne peux pas pouvoir me rĂ©veiller pour la santĂ©. C'est quoi ça ? Tu plaisantes ? Il me dit, mais tu n'as pas compris, je te propose un poste de vice-prĂ©sidente Ă  la santĂ©. Et lĂ , c'est


  • Speaker #0

    Donc, vous allez douter.

  • Speaker #1

    Ah oui, je passais derriÚre un grand docteur qui est maintenant député et qui est en charge. de commission à l'Assemblée nationale, qui est Yannick Ledeur, qui est un cardiologue, qui est quelqu'un de réputé, renommé. Et donc, moi, petite mÚre de Dessine Charpieux, m'occuper de la santé, pour moi, c'était un peu irréel.

  • Speaker #0

    Mais finalement, les mandats, parce que ce que les gens, je ne sais pas, mais les mandats, finalement, c'est d'avoir une vision, c'est d'impulser des idĂ©es, des projets, des initiatives. AprĂšs, vous ĂȘtes accompagnĂ©, vous le disiez tout Ă  l'heure, vous avez rĂ©fĂ©rence dans votre directrice gĂ©nĂ©rale des services, mais vous avez aussi tout un Ă©cosystĂšme de fonctionnaires, de gens qui vous accompagnent.

  • Speaker #1

    Oui. Donc, vous n'ĂȘtes pas tout seul dans votre mandat. Au dĂ©but, quand ça vous tombe dessus, vous vous sentez tout seul. Mais effectivement, alors au dĂ©part, c'est un peu compliquĂ© parce que cette collectivitĂ©, vous savez que les fonctionnaires sont lĂ , ils ont la garantie de leur emploi ad vitam aeternam. Roulez pas. pour un projet qui allait ĂȘtre un projet plutĂŽt, mon projet de mandat. Donc ça a Ă©tĂ© compliquĂ© de changer aussi d'air, c'est compliquĂ© pour certains. Donc il a fallu que certains partent sur d'autres collectivitĂ©s, peut-ĂȘtre plus accueillantes, et d'autres arrivent dans ma collectivitĂ© oĂč ils allaient pouvoir s'exprimer. VoilĂ , ça a pris un temps.

  • Speaker #0

    Qu'est-ce qui est le plus difficile Ă  l'aune de votre expĂ©rience maintenant sur cet engagement politique ? Est-ce que... Parce que lĂ , vous l'avez dit un petit peu, c'est difficile d'un peu partout. C'est difficile, la conquĂȘte est une Ă©tape, l'exercice du pouvoir en est autre. Est-ce que c'est difficile l'exercice du pouvoir ? On pose souvent cette question aux femmes.

  • Speaker #1

    Je ne trouve pas, c'est contraignant puisqu'il faut donner beaucoup d'Ă©nergie, beaucoup de prĂ©sence, il faut ĂȘtre prĂ©sente, il faut ĂȘtre lĂ . Mais c'est passionnant. VoilĂ , c'est passionnant. Passionnant.

  • Speaker #0

    Ça permet de faire quoi d'ĂȘtre engageant politique ? C'est concret,

  • Speaker #1

    vous trouvez ? Moi, j'ai la chance de pouvoir desserrer une ville. VoilĂ . Ouais,

  • Speaker #0

    ça c'est fabuleux.

  • Speaker #1

    J'ai le pouvoir de mettre des fleurs. J'ai le pouvoir de rassembler les gens. J'ai le pouvoir, comme rĂ©cemment, il y a quelques jours, on a fait des six nuits, on a une petite ville de 30 000 habitants, on a rassemblĂ© 17 000 personnes. On a fait des choses magnifiques avec des chalets, avec... parade de NoĂ«l avec un moment oĂč tout ce qui peut arriver dans notre sociĂ©tĂ© d'un peu plus sombre s'efface et fait place Ă  la lumiĂšre. Ça, c'est extraordinaire. Quand vous allez, quand vous faites des Ă©vĂ©nements inclusifs, quand vous faites des beaux projets structurants, en Ă©quipement, quand vous fabriquez, quand vous lancez, quand vous inaugurez une Ă©cole, tous ces moments-lĂ , ou une halle gourmande, tous ces moments-lĂ , rien que de les revoir. m'Ă©voque beaucoup d'Ă©motions. Ça gomme tous les ennuis que tous les matins vous arrivez. Alors moi, j'ai la chance d'avoir un caractĂšre relativement linĂ©aire. On arrive toujours avec le smell. Et puis vous avez, comme dit, des ennuis qui arrivent en fil des heures qui s'avolent en patrouille. Et puis le soir, vous avez un petit plus mou, puis vous allez faire une bonne nuit de sommeil. Le lendemain, on revient avec le smell. Et parce que les gens autour de moi aussi ont cette Ă©nergie. VoilĂ . Parce que si on est tous, on arrive. On se dit, oh lĂ  lĂ , on ne va pas s'en sortir. On n'a pas de premier ministre. Les dotations d'État baissent. Enfin, voilĂ . Et si on fait la liste des problĂšmes, on ne s'en sort plus. On donne les pieds de la maison. J'ai eu des moments d'abattement profond en disant, mais cette vie, il faut qu'on l'aide. Parce qu'elle avait Ă©tĂ© mal gĂ©rĂ©e financiĂšrement. Elle n'Ă©tait pas en Ă©tat au niveau finance. Tout le monde le savait. GĂ©rard Pollon le savait. Et j'ai eu des moments oĂč j'avais franchement envie de rendre le tablier, je ne pouvais plus faire, je ne pouvais plus faire. Parce qu'en plus de ça, on a essuyĂ© toutes les merdes, toute obĂ©dience confondue, des crises Ă©conomiques, sanitaires, qui nous ont fait mĂȘme fragiliser. Mais on est encore lĂ .

  • Speaker #0

    Quel conseil vous auriez envie de donner aux femmes qui nous Ă©coutent, qui nous regardent et qui se disent, c'est vrai, moi j'aimerais bien peut-ĂȘtre engager en politique, mais je ne connais personne, je ne suis pas dans un parti politique et puis ça a l'air beaucoup trop compliquĂ©. Qu'est-ce que vous avez envie de leur dire ?

  • Speaker #1

    Qu'elles osent tout simplement, qu'elles s'imposent, qu'elles sachent saisir, c'est dur pour une discrétion, qu'elles sachent saisir l'opportunité.

  • Speaker #0

    Et on la crée comment si personne ne vous tend la main ? Il faut pousser la porte de son...

  • Speaker #1

    Pousser la porte de sa mairie,

  • Speaker #0

    il faut rencontrer les élus.

  • Speaker #1

    Oui, il faut rencontrer. On cherche nos bĂ©zalins. Et mĂȘme quand on constitue une Ă©quipe municipale, oĂč il y a la paritĂ© qui s'impose, c'est toujours pas Ă©vident de trouver des phares. On ne cherche pas obligatoirement des ingĂ©nieurs. On cherche des personnes qui ont envie de vrai prendre collectivitĂ©.

  • Speaker #0

    Et Laurence, derniĂšre question d'Ă©mission, je ne vais pas vous dire une baguette de magie parce que vous ĂȘtes aux monnettes, mais si vous Ă©tiez dommĂ©e demain ministre, quelles mesures vous auriez envie de mettre en place pour que les femmes soient prĂ©sentes dans ce dĂ©bat public ?

  • Speaker #1

    Alors la paritĂ© impose dĂ©jĂ  Ă  ces messieurs le fait de laisser quelques places. Je pense que pour certains, ça les enchante guĂšre, mais il faudrait peut-ĂȘtre plus l'imposer partout. VoilĂ , dans les conseils d'administration. effectivement dans les collectivitĂ©s, dans toutes les assemblĂ©es. VoilĂ , de fait, comme ça, il faut qu'il y ait une femme, un homme, une femme, un homme, une femme. Et peut-ĂȘtre pareil pour un gouvernement, ce qui n'est pas souvent le cas. Pareil pour le SĂ©nat. Bien sĂ»r,

  • Speaker #0

    34% de femmes seulement.

  • Speaker #1

    VoilĂ , 34% de femmes. Alors nous avons progressĂ©, les cieux sĂ©nateurs. À l'AssemblĂ©e nationale, on a rĂ©gressĂ©. Et d'un cĂŽtĂ©, ça progresse, de l'autre, ça reste. Donc, vous voyez, dans ces grandes assemblĂ©es, il faudrait quand mĂȘme qu'il y ait une paritĂ©, que le systĂšme impose cette paritĂ©.

  • Speaker #0

    Trouver un fonctionnement pour que la parité soit tout le temps respectée.

  • Speaker #1

    Oui, ça ne sera pas naturel.

  • Speaker #0

    TrĂšs bien, Laurence. Écoutez, on va bien noter prĂ©cieusement vos conseils dans notre livre blanc. Merci en tous les cas d'avoir pris de votre temps pour venir partager ce CafĂ© des Lyonnes avec nous ce matin. J'espĂšre que ça vous aura plu. Et moi, je vous donne rendez-vous la semaine prochaine. Pour un prochain, je te fais des coups.

Description

đŸ—Łïž: « De fait, quand on naĂźt femme, on sait que nous serons engagĂ©es toute notre vie durant, auprĂšs de nos familles, de nos enfants, de notre ville, du monde associatif, dans plein de domaines on sait que l’on jouera un rĂŽle essentiel, donc pour moi, l’engagement est quelque chose d’innĂ©. Toutes les femmes du monde sont engagĂ©es!  »


Issue de la « sociĂ©tĂ© civile », elle a eu un parcours professionnel de 20 ans dans le secteur privĂ©, avant de saisir une opportunitĂ© qui s’est prĂ©sentĂ©e Ă  elle, celle de s’engager dans la vie publique, pour devenir la Maire de la commune DĂ©cines-Charpieu au sein de la MĂ©tropole de Lyon. Et les femmes ne sont encore que 17% au niveau national Ă  exercer le mandat de Maire. Un mandat renouvelĂ© en 2020, et qu’elle complĂšte aujourd’hui par une implication de vice-prĂ©sidente de la RĂ©gion Auvergne RhĂŽne Alpes en charge de la santĂ©.


Si elle a dĂ» apprendre Ă  faire sa place dans une fonction politique loin d’ĂȘtre tendre, Laurence Fautra est une personnalitĂ© attachante, directe, qui n’a pas sa langue dans sa poche.


Au micro du CafĂ© des Lyonnes, elle aborde tous les sujets qui questionnent tant les femmes : syndrome de l’imposteur, lĂ©gitimitĂ©, goĂ»t des autres, façon d’aborder l’engagement dans le dĂ©bat public, sens de la nĂ©gociation.


🎧 DĂ©couvrez son tĂ©moignage inspirant dans ce nouvel Ă©pisode, dĂ©sormais disponible sur YouTube, Spotify, Deezer, iTunes et SoundCloud.


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Bonjour et bienvenue à ce nouveau Café d'Elia. Bonjour Laurence.

  • Speaker #1

    Bonjour Alexandra.

  • Speaker #0

    Alors ce matin, j'ai le plaisir d'accueillir Laurence Ausha. Vous ĂȘtes la maire de Dessine, la belle commune de la mĂ©tropole de Lyon, mais Ă©galement vice-prĂ©sidente de la rĂ©gion Auvergne-Renamp, dĂ©lĂ©guĂ©e Ă  la santĂ©, Ă  la rĂ©cente santĂ©, c'est ça ?

  • Speaker #1

    Et je suis la maire de Dessine-Charpieux.

  • Speaker #0

    J'avais oubliĂ© un morceau important de la commune. Toutes mes excuses. On est accueillis dans les fabuleux locaux de l'intercontinental HĂŽtel-Dieu ce matin, Laurence, et on va parler d'engagement dans le dĂ©bat public, on va parler de la place des femmes en politique. Vous savez que c'est un sujet qui nous tient Ă  cƓur, nous au CafĂ© des Lyonnes, cette question d'engagement dans l'espace public. Et donc vous faites partie de ces femmes qui sont engagĂ©es, qui ont choisi de prendre la parole. Donc on va vous interroger, on va Ă©changer avec vous ce matin. Mais d'abord, premiĂšre question de l'Ă©mission, Laurence, vous la connaissez ? Est-ce que vous ĂȘtes une femme engagĂ©e, justement ? Et surtout, ça veut dire quoi pour vous, cette question d'engagement ?

  • Speaker #1

    Alors, je ne sais pas si le sens engagée pour une femme est nécessaire, puisque de fait, quand on est femme, automatiquement, on sait qu'on ne se peut pas engager toute notre vie. On sera engagé auprÚs de nos familles, de mes enfants, de notre vie, du monde associatif, dans plein de domaines. On sait qu'on jouera un rÎle essentiel. Pour moi, l'engagement, c'est quelque chose d'ßlé. C'est pas quelque chose qui s'acquiert, c'est de fait.

  • Speaker #0

    Mais vous pensez que c'est inné chez les femmes particuliÚrement plus que chez les hommes ?

  • Speaker #1

    C'est de fait. Vous savez, quand vous prenez soin de votre famille, comme les Lyonnes, de votre tribu, vous vous engagez au quotidien auprÚs des gens que vous aimez. Et voilà, donc il n'y a pas besoin de signifier plus mon engagement. Toutes les femmes du monde sont engagées pour aller chercher de l'eau. ou plus loin des villages, dans des combats politiques, dans une lutte pour leur égalité, leur droit. Toutes les femmes du monde sont obligées, à mon sens.

  • Speaker #0

    À votre sens. Et alors, chez vous,

  • Speaker #1

    ça se matérialise comment, cet engagement ? Il se traduit comment ?

  • Speaker #0

    Au-delà de maßtriser ce que vous, vous avez choisi d'occuper des fonctions, d'aller chercher des membres, d'aller porter, représenter la parole des autres ?

  • Speaker #1

    Alors, pour moi, je ne sais pas si c'est un choix. J'ai plutĂŽt saisi une opportunitĂ© qui se prĂ©sentait Ă  moi. Mais le fait de reprĂ©senter, d'aider, d'aller sauver, toutes ces notions-lĂ , je les ai eues depuis toute petite. Vous savez, dans le cadre des Ă©coles, vous vous demandiez qui veut ĂȘtre dĂ©lĂ©guĂ© de classe. J'Ă©tais chaque annĂ©e... Ah ok, tout Ă  fait. J'Ă©tais partante. Donc aprĂšs, j'ai eu une vie qui n'a rien Ă  voir avec la politique. Et je dis tant mieux. Je ne fais pas partie de ce serail. Ça m'a permis d'avoir une autre existence et rencontrer... des gens d'un autre milieu. Et puis un jour, il y a un monsieur qui Ă©tait dĂ©putĂ© Ă  l'École qui s'appelle Philippe Meunier, me dit, Ă©coute, est-ce que ça t'intĂ©resserait de partir pour des signes Ausha ? Et en disant ça, il me disait aussi, bon, ça ne sera pas gagnable, mais tu as du bagout, tu en imposes un peu, tu n'as rien Ă  perdre, vas-y. Et j'ai trouvĂ©, comme j'aime le challenge, je trouvais que ce challenge Ă©tait intĂ©ressant et effectivement, je n'avais rien Ă  perdre. Par contre, je ne savais pas que j'allais gagner.

  • Speaker #0

    Ça, c'est pour ce qui est votre parcours. Mais avant ça, quel est votre sentiment sur la place des femmes aujourd'hui dans la sociĂ©tĂ© française ? Est-ce que vous trouvez que les femmes sont assez prĂ©sentes aujourd'hui dans le dĂ©bat public ?

  • Speaker #1

    Mais non, et encore moins en politique. Je crois que les reprĂ©sentants, Ă  peine 17% des maires sont des femmes. Et ils ne sont pas, entre guillemets, on ne les impose pas, ils ne sont pas obligatoires. Il n'y a pas de cette notion de paritĂ©. Donc, Ă©videmment, elles ont peur de prendre ces places. Vous savez, c'est toujours le syndrome de l'imposteur. On n'est jamais Ă  la bonne place. On n'a jamais les compĂ©tences Ă  la tour. Mais les compĂ©tences, c'est celles, en tout cas pour Fana Politique, c'est d'avoir le goĂ»t des autres. Je crois que les femmes ont le goĂ»t des autres. Je crois. Il faut qu'elles osent. Il faut qu'elles aient prĂȘt ce courage. Elles osent. Elles ont une façon d'aborder la vie, les problĂšmes, autre que ces messieurs. Je ne suis pas une grande fĂ©ministe parce qu'on a besoin d'ĂȘtre ensemble pour avancer. Mais je leur demande, allez-y, n'ayez pas peur, faites-vous confiance. Pourquoi vous ne serez pas lĂ©gitime ? Mais pourquoi vous n'allez pas porter le mĂȘme regard Ă  un autre enfant qui est le vĂŽtre, ou Ă  une autre mamie qui n'est peut-ĂȘtre pas la vĂŽtre ?

  • Speaker #0

    Mais sur la fonction politique, elle fait souvent peur, parce que la fonction politique, elle a l'air difficile,

  • Speaker #1

    elle a l'air Ăąpre parfois. Elle est Ăąpre, elle est rude, elle est impitoyable. C'est un monde, par contre, d'hommes, avec un systĂšme bien organisĂ©. Et c'est vrai que malheureusement, quand on arrive dans ce systĂšme, alors moi, pour le coup, je l'ai dĂ©couvert. Moi, j'avais des grands-monsieurs devant moi. DĂšs le bas, j'avais GĂ©rard Collomb, j'avais Jean-Michel Aulas, j'avais M. le prĂ©fet Caranco. J'avais M. Mercier qui Ă©tait au Conseil gĂ©nĂ©ral. Et ces hommes-lĂ , dans l'Ă©chiquier, qu'est-ce que je posais ? Rien ! VoilĂ , je n'Ă©tais rien. Donc j'ai eu deux solutions. Soit je faisais preuve d'allĂ©geance et je baissais l'Ă©chiquier. Soit je leur montrais que j'avais un petit peu de la rĂ©partie. Donc comme on dit, on y va un peu au talent. Et on force un peu le trait. Et des fois, on pousse mĂȘme Ă  la caricature. Mais ils ne comprennent que les rapports de force, ces hommes-lĂ . Ils ne vous respectent. J'ai un recollant de respect. que ça. Il fallait lui montrer qu'on avait du tempĂ©rament, qu'on dĂ©fendait nos dossiers. Et ça, je me souviens, parce que Ă  la fin, malheureusement, de son parcours politique, et aussi un que de lui, il me disait qu'il avait apprĂ©ciĂ© le fait que, voilĂ , on ait pu...

  • Speaker #0

    Et pour ça, il faut avoir un peu le cuir solide, parce que, enfin, on parlait tout à l'heure, mais dans la fonction, on va les demander de vous exercer, il y a des mots durs, il y a des attaques personnelles.

  • Speaker #1

    Il y a des critiques,

  • Speaker #0

    c'est assez vachard, entre guillemets. Et ça, ça ne vous attend pas ? Non,

  • Speaker #1

    alors quand on avance un peu dans l'ùge, on prend aussi un peu les choses avec un peu plus de hauteur et puis on fait du travail aussi sur soi, tout simplement en se disant, on fait partie d'une grande piÚce de théùtre et des gens qui sont haineux, il y en aura toujours. Alors c'est vrai que les raisons sociaux n'aident pas, puisque maintenant je trouve que n'importe qui peut se mettre... derriÚre un écran et on dit ça les haters.

  • Speaker #0

    On avance masqué, oui, bien sûr.

  • Speaker #1

    Donc, pour moi, ça ne reprĂ©sente pas grand-chose. Je prĂ©fĂšre le dĂ©bat public et les confrontations, l'idĂ©e. Mais oui, aprĂšs, on s'endurcit. Effectivement, on s'endurcit parce que moi, je pars du principe qu'on est quand mĂȘme dans une grande comĂ©die humaine, qu'on a tous notre rĂŽle Ă  jouer, qu'on essaye de jouer la partition avec le plus de sincĂ©ritĂ© possible. Mais voilĂ , c'est... Il y aura toujours un bourreau, il y aura toujours une victime, il y aura toujours un sauveur. Donc voilĂ , on essaye de naviguer au milieu de tout ça.

  • Speaker #0

    Elles apportent quoi, les femmes, dans cette arĂšne politique ?

  • Speaker #1

    Un peu de douceur, le cĂŽtĂ© un peu nourricier. Et vous savez, je crois, il me semble qu'il y a peut-ĂȘtre un peu moins d'Ă©go. VoilĂ , cette notion que je rĂ©pĂšte souvent de toute puissance. VoilĂ , de dire, moi je sais. Moi, j'ai. Moi, je suis plus fort. Peut-ĂȘtre qu'on l'a moins. Mais quand on prend le cĂŽtĂ© masculin du systĂšme, on peut devenir de redoutables guerriĂšres aussi.

  • Speaker #0

    Vous l'avez un petit peu évoqué tout à l'heure, en parlant de quand vous étiez petite. Mais quand vous étiez petite fille, vous vouliez faire quoi plus grande ?

  • Speaker #1

    C'est quoi votre rĂȘve d'enfant ? Les voyages. J'adorais tout ce qui Ă©tait histoire et gĂ©opathie. Grotesque de l'air. Vous savez, moi, je suis des annĂ©es des Trente Glorieuses. Alors, voilĂ . On parlait de la caravane, on parlait du concorde. Vous voyez ces jeunes femmes qui Ă©taient toujours impeccables, qui nous accueillaient. VoilĂ , les voyages, les horizons lointains. Et puis j'avais un cĂŽtĂ© trĂšs crĂ©atif, j'Ă©tais dans mon monde. Et dĂ©fendre, je n'Ă©tais pas une Ă©lĂšve brillante, non. J'avais une petite faiblesse qui maintenant s'appelle la dyslexie et que j'aurais toujours. Parce que c'est un handicap. Oui,

  • Speaker #0

    on l'a compris.

  • Speaker #1

    Mais Ă  l'Ă©poque, c'Ă©tait quand mĂȘme un peu de souffrance parce que ce n'Ă©tait pas trop dĂ©tectĂ©. On fondait les mƓux, les noeuds, les peaux. Et donc, je pense que ça aussi, ça m'a forgĂ©. Ça m'a forgĂ©. Et ça a Ă©tĂ© une grande blessure, mais en mĂȘme temps, je me suis dit, on va y arriver. Avec du temps, on va y arriver.

  • Speaker #0

    Vous avez fait votre petite carapace déjà.

  • Speaker #1

    Oui.

  • Speaker #0

    Alors, vous avez fait quoi comme parcours ?

  • Speaker #1

    Alors, j'ai fait des Ă©tudes. des Ă©tudes secondaires Ă  Lyon, puisque je venais de Saint-Priest et il n'y allait pas de lycĂ©e. J'en ai Ă©cumĂ© quelques-uns, lycĂ©es, aux diverses raisons. Et puis aprĂšs, je suis partie en ce qu'on appelle au BTS. J'Ă©tais au Crespal. Et voilĂ . Et aprĂšs, j'ai eu l'opportunitĂ© de rentrer. En mĂȘme temps, je faisais quelques heures dans la grande distribution, avec Carrefour, parce qu'ils cherchaient des mains pour gĂ©rer un peu leur rayon. Et... Et donc, aprĂšs, je suis rentrĂ©e directement dans la grande distribution, dans le carrefour. Je ne suis pas restĂ©e longtemps parce que les fournisseurs, donc ceux qui Ă©taient de l'autre cĂŽtĂ© de la barriĂšre, un m'a proposĂ© de partir Ă  l'aventure dans le sud de la France. Et donc, j'ai commencĂ© dans la papeterie française et j'y suis restĂ©e 20 ans.

  • Speaker #0

    Ah oui, d'accord. OK. Donc, vous avez fait une carriĂšre professionnelle.

  • Speaker #1

    Oui, dans la papeterie, avec des belles marques, Steedpatch, Valéria, et plus de 20 ans chez UHU. Les sticks de colle, la pùte à fixe, vous voyez, et toujours en lien avec la bande de distribution, donc dans les fonctions commerciales, dans la fonction de key account manager de négociation. Et puis un jour, je me suis dit, je connais pas mal de monde dans ce milieu-là, c'est moi qui vais distribuer, donc je me suis mis une bonne compte et aprÚs, c'est enchaßné l'opportunité.

  • Speaker #0

    Donc vous avez fait tout le circuit finalement du secteur privé.

  • Speaker #1

    Les négociations, voilà. Donc ça vous sert ça, non ? Alors ça, ça me sert énormément. Mais ce qui me sert, c'est la relation justement avec, vous savez, on dit bien que les négociations avec ces grands groupes, Carrefour, Auchan, Casino et Leclerc, sont trÚs dures. Je confirme, c'est trÚs, trÚs dur. Et vous vous dites, quand vous avez fait ça, vous vous dites, je suis à Guigui. J'ai fait plus dur. Oui, j'ai fait le plus dur, c'est terrible. Et puis non, en fin de compte, vous partez dans la politique et vous vous demandez, effectivement, le systÚme est encore plus dur et plus court. Ah oui,

  • Speaker #0

    d'accord. Alors justement, vous arrivez un jour à devenir maire de Dessines. Comment ça s'est passé cette aventure ? Vous l'avez dit, il y a un élu qui vous a tendu la main, qui vous a dit vas-y

  • Speaker #1

    Cette ville a Ă©tĂ© longtemps et est restĂ©e longtemps Ă  gauche, communiste et aprĂšs Ă©videmment socialiste. Et puis, normalement, ça destinait cette ville. Et puis, il y a eu le grand stade qui a un peu chamboulĂ© un coup tout ça. Et puis moi, je suis arrivĂ©e. en proposant peut-ĂȘtre une vision autre de cette ville, un peu moins archaĂŻque, peut-ĂȘtre plus dynamique. Puisque je venais d'autre part, donc j'Ă©tais dĂ©complexĂ©e dans mes propositions. Pour autant, je ne connaissais pas comment ça s'organisait. Oui,

  • Speaker #0

    c'est ça. Parce que vous, là, vous étiez novice. Exactement. C'était la premiÚre campagne, c'était en quelle année ?

  • Speaker #1

    En 2014. Alors aprÚs, j'ai rassemblé autour de moi une armée mexicaine avec des gens de... de différents horizons, puisque là, on n'est pas dans le monde professionnel.

  • Speaker #0

    Oui, c'est ça, c'est un peu associatif quelque part.

  • Speaker #1

    Des universitaires, ou pas. VoilĂ , c'est la sociĂ©tĂ© ici. C'est la sociĂ©tĂ© civile, c'est la belle sociĂ©tĂ©. Et vous portez une autre image sur votre ville et vous avez envie de communiquer cet enthousiasme. C'Ă©tait pas facile. Il y avait plusieurs listes et au deuxiĂšme tour, j'ai gagnĂ©. Et lĂ , je me rappellerai toujours, le premier tour, c'est... tournĂ© en tĂȘte de cinq mois. DĂ©jĂ , moi, j'avais donnĂ© mes prologues. Le Miss Dessine, c'Ă©tait incroyable, ça. Au bout de tant d'annĂ©es, pratiquement 50 ans de gouvernance Ă  gauche. Et le deuxiĂšme tour, c'est pourtant une triomphulaire. J'ai gagnĂ©. Et lĂ , par contre, pour la premiĂšre fois de m'habiller, je n'ai pas eu peur de perdre, mais j'ai vraiment eu peur de gagner. Et d'un coup, la charge de la mission qui allait m'attendre... Bien sĂ»r ! Je me suis tombĂ©e sur les Ă©paules. Et c'est vrai que j'ai vĂ©cu quelques mois d'oĂč. C'est combien d'habitants des Sines-Charkiouk ?

  • Speaker #0

    30 000. Oui, donc là, ça devient costaud à assumer.

  • Speaker #1

    Et puis, il faut ĂȘtre Ă  la hauteur de la charge. Il faut ĂȘtre Ă  la hauteur de la charge. Je n'avais pas le code. Je ne connaissais pas le systĂšme administratif, ce qui est un peu lourd, on va dire, de commettre. VoilĂ , je ne savais pas comment ça s'organisait, mĂȘme sur le plan financier. Vous savez, dans le privĂ©. Il n'y a pas cette notion d'investissement, de fonctionnement. Les sections financiĂšres sont relativement pourreuses.

  • Speaker #0

    Ce ne sont pas du tout les mĂȘmes constructions de budget.

  • Speaker #1

    Voilà, ce n'est pas du tout pareil, vous le savez Alexia. Et puis l'inertie, c'est-à-dire que quand on a une idée, déjà vous comprenez que ça ne va pas se faire dans les 24 heures qui suivent, et vous voyez tout le parcours administratif qui vous plombe. Ah non, vous ne pouvez pas, parce que là, vous comprenez. Ah non, attention. AprÚs, les relations avec l'extérieur, donc la sphÚre politique, votre famille qui vous dit gentiment, moi je savais que vous n'allez pas gagner, mais bon. Pour certains, j'en doute encore. Et puis ceux qui ne vous attendaient pas et qui sont de l'autre cÎté, dans notre famille politique, qui vous attendent au tournant. Donc, ça a été un long parcours. En tout cas, la premiÚre année a été trÚs, trÚs longue. On a pu trouver des collaborateurs. Enfin, il y a eu plein de choses.

  • Speaker #0

    S'installer dans son landa, comme on dit, du coup, ça vous a été plutÎt bénéfique puisque vous avez réitéré et vous avez été réélu.

  • Speaker #1

    Ce qui a Ă©tĂ© bĂ©nĂ©fique, enfin, ce qui a Ă©tĂ© sympa, comme dans toute aventure humaine, c'est que justement, on rencontre des gens extraordinaires et bienveillants. On ne fait pas tout ça tout seul, quoi. On a Ă  nos cĂŽtĂ©s des femmes et des hommes qui ont envie de vous accompagner parce que seuls, vous n'allez nulle part. DĂ©jĂ  vous avez vos Ă©lus qui Ă©taient Ă  grande zĂ©ro comme moi, mais on s'est soudĂ©s dans des moments difficiles. Et puis vous rencontrez des collaborateurs extraordinaires, des DGS, des DGA, des gens qui sont lĂ  pour vous aider, pour complĂ©ter aussi peut-ĂȘtre parfois vos lacunes, parce que vous dites moi j'ai renoncĂ© Ă  ma toute puissance. Et petit Ă  petit on chemine, et on arrive Ă  avoir des magnifiques succĂšs au Brits.

  • Speaker #0

    Oui, et puis alors vous avez Ă©tĂ© réélu et vous avez aussi accompagnĂ© l'Ă©quipe rĂ©gionale puisque vous ĂȘtes aussi Ă©galement vice-prĂ©sidence de la rĂ©gion Auvergne-RhĂŽne-Alpes sur les questions de santĂ©.

  • Speaker #1

    Alors ça aussi, c'Ă©tait pas, Laurent a voulu absolument pour la campagne de 2021 les maires. Je me siĂ©geais Ă  la mĂ©tropole de Lyon, parce qu'on fait partie de cette mĂ©tropole de Lyon. Et Laurent insiste absolument. Donc, on a fait la campagne rĂ©gionale. On avait une liste qui Ă©tait menĂ©e Ă  l'Ă©poque par JĂ©rĂ©my BĂ©raud. VoilĂ , on a mis des bons scores en 2021 sur cette mĂ©tropole. Ce n'Ă©tait pas gagnĂ©. Et puis, pour moi, on avait fait le job et j'allais retourner dans la mĂ©tropole. Et voilĂ , tout allait bien se passer. Et Laurent m'a appelĂ©. quelques jours aprĂšs son Ă©lection, en lui disant, bon, balance, relĂąche, je te propose la santĂ©. Et lĂ , le rĂ©flexe, toute femme, ah non, non, je ne suis pas mĂ©decin, je ne peux pas pouvoir me rĂ©veiller pour la santĂ©. C'est quoi ça ? Tu plaisantes ? Il me dit, mais tu n'as pas compris, je te propose un poste de vice-prĂ©sidente Ă  la santĂ©. Et lĂ , c'est


  • Speaker #0

    Donc, vous allez douter.

  • Speaker #1

    Ah oui, je passais derriÚre un grand docteur qui est maintenant député et qui est en charge. de commission à l'Assemblée nationale, qui est Yannick Ledeur, qui est un cardiologue, qui est quelqu'un de réputé, renommé. Et donc, moi, petite mÚre de Dessine Charpieux, m'occuper de la santé, pour moi, c'était un peu irréel.

  • Speaker #0

    Mais finalement, les mandats, parce que ce que les gens, je ne sais pas, mais les mandats, finalement, c'est d'avoir une vision, c'est d'impulser des idĂ©es, des projets, des initiatives. AprĂšs, vous ĂȘtes accompagnĂ©, vous le disiez tout Ă  l'heure, vous avez rĂ©fĂ©rence dans votre directrice gĂ©nĂ©rale des services, mais vous avez aussi tout un Ă©cosystĂšme de fonctionnaires, de gens qui vous accompagnent.

  • Speaker #1

    Oui. Donc, vous n'ĂȘtes pas tout seul dans votre mandat. Au dĂ©but, quand ça vous tombe dessus, vous vous sentez tout seul. Mais effectivement, alors au dĂ©part, c'est un peu compliquĂ© parce que cette collectivitĂ©, vous savez que les fonctionnaires sont lĂ , ils ont la garantie de leur emploi ad vitam aeternam. Roulez pas. pour un projet qui allait ĂȘtre un projet plutĂŽt, mon projet de mandat. Donc ça a Ă©tĂ© compliquĂ© de changer aussi d'air, c'est compliquĂ© pour certains. Donc il a fallu que certains partent sur d'autres collectivitĂ©s, peut-ĂȘtre plus accueillantes, et d'autres arrivent dans ma collectivitĂ© oĂč ils allaient pouvoir s'exprimer. VoilĂ , ça a pris un temps.

  • Speaker #0

    Qu'est-ce qui est le plus difficile Ă  l'aune de votre expĂ©rience maintenant sur cet engagement politique ? Est-ce que... Parce que lĂ , vous l'avez dit un petit peu, c'est difficile d'un peu partout. C'est difficile, la conquĂȘte est une Ă©tape, l'exercice du pouvoir en est autre. Est-ce que c'est difficile l'exercice du pouvoir ? On pose souvent cette question aux femmes.

  • Speaker #1

    Je ne trouve pas, c'est contraignant puisqu'il faut donner beaucoup d'Ă©nergie, beaucoup de prĂ©sence, il faut ĂȘtre prĂ©sente, il faut ĂȘtre lĂ . Mais c'est passionnant. VoilĂ , c'est passionnant. Passionnant.

  • Speaker #0

    Ça permet de faire quoi d'ĂȘtre engageant politique ? C'est concret,

  • Speaker #1

    vous trouvez ? Moi, j'ai la chance de pouvoir desserrer une ville. VoilĂ . Ouais,

  • Speaker #0

    ça c'est fabuleux.

  • Speaker #1

    J'ai le pouvoir de mettre des fleurs. J'ai le pouvoir de rassembler les gens. J'ai le pouvoir, comme rĂ©cemment, il y a quelques jours, on a fait des six nuits, on a une petite ville de 30 000 habitants, on a rassemblĂ© 17 000 personnes. On a fait des choses magnifiques avec des chalets, avec... parade de NoĂ«l avec un moment oĂč tout ce qui peut arriver dans notre sociĂ©tĂ© d'un peu plus sombre s'efface et fait place Ă  la lumiĂšre. Ça, c'est extraordinaire. Quand vous allez, quand vous faites des Ă©vĂ©nements inclusifs, quand vous faites des beaux projets structurants, en Ă©quipement, quand vous fabriquez, quand vous lancez, quand vous inaugurez une Ă©cole, tous ces moments-lĂ , ou une halle gourmande, tous ces moments-lĂ , rien que de les revoir. m'Ă©voque beaucoup d'Ă©motions. Ça gomme tous les ennuis que tous les matins vous arrivez. Alors moi, j'ai la chance d'avoir un caractĂšre relativement linĂ©aire. On arrive toujours avec le smell. Et puis vous avez, comme dit, des ennuis qui arrivent en fil des heures qui s'avolent en patrouille. Et puis le soir, vous avez un petit plus mou, puis vous allez faire une bonne nuit de sommeil. Le lendemain, on revient avec le smell. Et parce que les gens autour de moi aussi ont cette Ă©nergie. VoilĂ . Parce que si on est tous, on arrive. On se dit, oh lĂ  lĂ , on ne va pas s'en sortir. On n'a pas de premier ministre. Les dotations d'État baissent. Enfin, voilĂ . Et si on fait la liste des problĂšmes, on ne s'en sort plus. On donne les pieds de la maison. J'ai eu des moments d'abattement profond en disant, mais cette vie, il faut qu'on l'aide. Parce qu'elle avait Ă©tĂ© mal gĂ©rĂ©e financiĂšrement. Elle n'Ă©tait pas en Ă©tat au niveau finance. Tout le monde le savait. GĂ©rard Pollon le savait. Et j'ai eu des moments oĂč j'avais franchement envie de rendre le tablier, je ne pouvais plus faire, je ne pouvais plus faire. Parce qu'en plus de ça, on a essuyĂ© toutes les merdes, toute obĂ©dience confondue, des crises Ă©conomiques, sanitaires, qui nous ont fait mĂȘme fragiliser. Mais on est encore lĂ .

  • Speaker #0

    Quel conseil vous auriez envie de donner aux femmes qui nous Ă©coutent, qui nous regardent et qui se disent, c'est vrai, moi j'aimerais bien peut-ĂȘtre engager en politique, mais je ne connais personne, je ne suis pas dans un parti politique et puis ça a l'air beaucoup trop compliquĂ©. Qu'est-ce que vous avez envie de leur dire ?

  • Speaker #1

    Qu'elles osent tout simplement, qu'elles s'imposent, qu'elles sachent saisir, c'est dur pour une discrétion, qu'elles sachent saisir l'opportunité.

  • Speaker #0

    Et on la crée comment si personne ne vous tend la main ? Il faut pousser la porte de son...

  • Speaker #1

    Pousser la porte de sa mairie,

  • Speaker #0

    il faut rencontrer les élus.

  • Speaker #1

    Oui, il faut rencontrer. On cherche nos bĂ©zalins. Et mĂȘme quand on constitue une Ă©quipe municipale, oĂč il y a la paritĂ© qui s'impose, c'est toujours pas Ă©vident de trouver des phares. On ne cherche pas obligatoirement des ingĂ©nieurs. On cherche des personnes qui ont envie de vrai prendre collectivitĂ©.

  • Speaker #0

    Et Laurence, derniĂšre question d'Ă©mission, je ne vais pas vous dire une baguette de magie parce que vous ĂȘtes aux monnettes, mais si vous Ă©tiez dommĂ©e demain ministre, quelles mesures vous auriez envie de mettre en place pour que les femmes soient prĂ©sentes dans ce dĂ©bat public ?

  • Speaker #1

    Alors la paritĂ© impose dĂ©jĂ  Ă  ces messieurs le fait de laisser quelques places. Je pense que pour certains, ça les enchante guĂšre, mais il faudrait peut-ĂȘtre plus l'imposer partout. VoilĂ , dans les conseils d'administration. effectivement dans les collectivitĂ©s, dans toutes les assemblĂ©es. VoilĂ , de fait, comme ça, il faut qu'il y ait une femme, un homme, une femme, un homme, une femme. Et peut-ĂȘtre pareil pour un gouvernement, ce qui n'est pas souvent le cas. Pareil pour le SĂ©nat. Bien sĂ»r,

  • Speaker #0

    34% de femmes seulement.

  • Speaker #1

    VoilĂ , 34% de femmes. Alors nous avons progressĂ©, les cieux sĂ©nateurs. À l'AssemblĂ©e nationale, on a rĂ©gressĂ©. Et d'un cĂŽtĂ©, ça progresse, de l'autre, ça reste. Donc, vous voyez, dans ces grandes assemblĂ©es, il faudrait quand mĂȘme qu'il y ait une paritĂ©, que le systĂšme impose cette paritĂ©.

  • Speaker #0

    Trouver un fonctionnement pour que la parité soit tout le temps respectée.

  • Speaker #1

    Oui, ça ne sera pas naturel.

  • Speaker #0

    TrĂšs bien, Laurence. Écoutez, on va bien noter prĂ©cieusement vos conseils dans notre livre blanc. Merci en tous les cas d'avoir pris de votre temps pour venir partager ce CafĂ© des Lyonnes avec nous ce matin. J'espĂšre que ça vous aura plu. Et moi, je vous donne rendez-vous la semaine prochaine. Pour un prochain, je te fais des coups.

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Description

đŸ—Łïž: « De fait, quand on naĂźt femme, on sait que nous serons engagĂ©es toute notre vie durant, auprĂšs de nos familles, de nos enfants, de notre ville, du monde associatif, dans plein de domaines on sait que l’on jouera un rĂŽle essentiel, donc pour moi, l’engagement est quelque chose d’innĂ©. Toutes les femmes du monde sont engagĂ©es!  »


Issue de la « sociĂ©tĂ© civile », elle a eu un parcours professionnel de 20 ans dans le secteur privĂ©, avant de saisir une opportunitĂ© qui s’est prĂ©sentĂ©e Ă  elle, celle de s’engager dans la vie publique, pour devenir la Maire de la commune DĂ©cines-Charpieu au sein de la MĂ©tropole de Lyon. Et les femmes ne sont encore que 17% au niveau national Ă  exercer le mandat de Maire. Un mandat renouvelĂ© en 2020, et qu’elle complĂšte aujourd’hui par une implication de vice-prĂ©sidente de la RĂ©gion Auvergne RhĂŽne Alpes en charge de la santĂ©.


Si elle a dĂ» apprendre Ă  faire sa place dans une fonction politique loin d’ĂȘtre tendre, Laurence Fautra est une personnalitĂ© attachante, directe, qui n’a pas sa langue dans sa poche.


Au micro du CafĂ© des Lyonnes, elle aborde tous les sujets qui questionnent tant les femmes : syndrome de l’imposteur, lĂ©gitimitĂ©, goĂ»t des autres, façon d’aborder l’engagement dans le dĂ©bat public, sens de la nĂ©gociation.


🎧 DĂ©couvrez son tĂ©moignage inspirant dans ce nouvel Ă©pisode, dĂ©sormais disponible sur YouTube, Spotify, Deezer, iTunes et SoundCloud.


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Bonjour et bienvenue à ce nouveau Café d'Elia. Bonjour Laurence.

  • Speaker #1

    Bonjour Alexandra.

  • Speaker #0

    Alors ce matin, j'ai le plaisir d'accueillir Laurence Ausha. Vous ĂȘtes la maire de Dessine, la belle commune de la mĂ©tropole de Lyon, mais Ă©galement vice-prĂ©sidente de la rĂ©gion Auvergne-Renamp, dĂ©lĂ©guĂ©e Ă  la santĂ©, Ă  la rĂ©cente santĂ©, c'est ça ?

  • Speaker #1

    Et je suis la maire de Dessine-Charpieux.

  • Speaker #0

    J'avais oubliĂ© un morceau important de la commune. Toutes mes excuses. On est accueillis dans les fabuleux locaux de l'intercontinental HĂŽtel-Dieu ce matin, Laurence, et on va parler d'engagement dans le dĂ©bat public, on va parler de la place des femmes en politique. Vous savez que c'est un sujet qui nous tient Ă  cƓur, nous au CafĂ© des Lyonnes, cette question d'engagement dans l'espace public. Et donc vous faites partie de ces femmes qui sont engagĂ©es, qui ont choisi de prendre la parole. Donc on va vous interroger, on va Ă©changer avec vous ce matin. Mais d'abord, premiĂšre question de l'Ă©mission, Laurence, vous la connaissez ? Est-ce que vous ĂȘtes une femme engagĂ©e, justement ? Et surtout, ça veut dire quoi pour vous, cette question d'engagement ?

  • Speaker #1

    Alors, je ne sais pas si le sens engagée pour une femme est nécessaire, puisque de fait, quand on est femme, automatiquement, on sait qu'on ne se peut pas engager toute notre vie. On sera engagé auprÚs de nos familles, de mes enfants, de notre vie, du monde associatif, dans plein de domaines. On sait qu'on jouera un rÎle essentiel. Pour moi, l'engagement, c'est quelque chose d'ßlé. C'est pas quelque chose qui s'acquiert, c'est de fait.

  • Speaker #0

    Mais vous pensez que c'est inné chez les femmes particuliÚrement plus que chez les hommes ?

  • Speaker #1

    C'est de fait. Vous savez, quand vous prenez soin de votre famille, comme les Lyonnes, de votre tribu, vous vous engagez au quotidien auprÚs des gens que vous aimez. Et voilà, donc il n'y a pas besoin de signifier plus mon engagement. Toutes les femmes du monde sont engagées pour aller chercher de l'eau. ou plus loin des villages, dans des combats politiques, dans une lutte pour leur égalité, leur droit. Toutes les femmes du monde sont obligées, à mon sens.

  • Speaker #0

    À votre sens. Et alors, chez vous,

  • Speaker #1

    ça se matérialise comment, cet engagement ? Il se traduit comment ?

  • Speaker #0

    Au-delà de maßtriser ce que vous, vous avez choisi d'occuper des fonctions, d'aller chercher des membres, d'aller porter, représenter la parole des autres ?

  • Speaker #1

    Alors, pour moi, je ne sais pas si c'est un choix. J'ai plutĂŽt saisi une opportunitĂ© qui se prĂ©sentait Ă  moi. Mais le fait de reprĂ©senter, d'aider, d'aller sauver, toutes ces notions-lĂ , je les ai eues depuis toute petite. Vous savez, dans le cadre des Ă©coles, vous vous demandiez qui veut ĂȘtre dĂ©lĂ©guĂ© de classe. J'Ă©tais chaque annĂ©e... Ah ok, tout Ă  fait. J'Ă©tais partante. Donc aprĂšs, j'ai eu une vie qui n'a rien Ă  voir avec la politique. Et je dis tant mieux. Je ne fais pas partie de ce serail. Ça m'a permis d'avoir une autre existence et rencontrer... des gens d'un autre milieu. Et puis un jour, il y a un monsieur qui Ă©tait dĂ©putĂ© Ă  l'École qui s'appelle Philippe Meunier, me dit, Ă©coute, est-ce que ça t'intĂ©resserait de partir pour des signes Ausha ? Et en disant ça, il me disait aussi, bon, ça ne sera pas gagnable, mais tu as du bagout, tu en imposes un peu, tu n'as rien Ă  perdre, vas-y. Et j'ai trouvĂ©, comme j'aime le challenge, je trouvais que ce challenge Ă©tait intĂ©ressant et effectivement, je n'avais rien Ă  perdre. Par contre, je ne savais pas que j'allais gagner.

  • Speaker #0

    Ça, c'est pour ce qui est votre parcours. Mais avant ça, quel est votre sentiment sur la place des femmes aujourd'hui dans la sociĂ©tĂ© française ? Est-ce que vous trouvez que les femmes sont assez prĂ©sentes aujourd'hui dans le dĂ©bat public ?

  • Speaker #1

    Mais non, et encore moins en politique. Je crois que les reprĂ©sentants, Ă  peine 17% des maires sont des femmes. Et ils ne sont pas, entre guillemets, on ne les impose pas, ils ne sont pas obligatoires. Il n'y a pas de cette notion de paritĂ©. Donc, Ă©videmment, elles ont peur de prendre ces places. Vous savez, c'est toujours le syndrome de l'imposteur. On n'est jamais Ă  la bonne place. On n'a jamais les compĂ©tences Ă  la tour. Mais les compĂ©tences, c'est celles, en tout cas pour Fana Politique, c'est d'avoir le goĂ»t des autres. Je crois que les femmes ont le goĂ»t des autres. Je crois. Il faut qu'elles osent. Il faut qu'elles aient prĂȘt ce courage. Elles osent. Elles ont une façon d'aborder la vie, les problĂšmes, autre que ces messieurs. Je ne suis pas une grande fĂ©ministe parce qu'on a besoin d'ĂȘtre ensemble pour avancer. Mais je leur demande, allez-y, n'ayez pas peur, faites-vous confiance. Pourquoi vous ne serez pas lĂ©gitime ? Mais pourquoi vous n'allez pas porter le mĂȘme regard Ă  un autre enfant qui est le vĂŽtre, ou Ă  une autre mamie qui n'est peut-ĂȘtre pas la vĂŽtre ?

  • Speaker #0

    Mais sur la fonction politique, elle fait souvent peur, parce que la fonction politique, elle a l'air difficile,

  • Speaker #1

    elle a l'air Ăąpre parfois. Elle est Ăąpre, elle est rude, elle est impitoyable. C'est un monde, par contre, d'hommes, avec un systĂšme bien organisĂ©. Et c'est vrai que malheureusement, quand on arrive dans ce systĂšme, alors moi, pour le coup, je l'ai dĂ©couvert. Moi, j'avais des grands-monsieurs devant moi. DĂšs le bas, j'avais GĂ©rard Collomb, j'avais Jean-Michel Aulas, j'avais M. le prĂ©fet Caranco. J'avais M. Mercier qui Ă©tait au Conseil gĂ©nĂ©ral. Et ces hommes-lĂ , dans l'Ă©chiquier, qu'est-ce que je posais ? Rien ! VoilĂ , je n'Ă©tais rien. Donc j'ai eu deux solutions. Soit je faisais preuve d'allĂ©geance et je baissais l'Ă©chiquier. Soit je leur montrais que j'avais un petit peu de la rĂ©partie. Donc comme on dit, on y va un peu au talent. Et on force un peu le trait. Et des fois, on pousse mĂȘme Ă  la caricature. Mais ils ne comprennent que les rapports de force, ces hommes-lĂ . Ils ne vous respectent. J'ai un recollant de respect. que ça. Il fallait lui montrer qu'on avait du tempĂ©rament, qu'on dĂ©fendait nos dossiers. Et ça, je me souviens, parce que Ă  la fin, malheureusement, de son parcours politique, et aussi un que de lui, il me disait qu'il avait apprĂ©ciĂ© le fait que, voilĂ , on ait pu...

  • Speaker #0

    Et pour ça, il faut avoir un peu le cuir solide, parce que, enfin, on parlait tout à l'heure, mais dans la fonction, on va les demander de vous exercer, il y a des mots durs, il y a des attaques personnelles.

  • Speaker #1

    Il y a des critiques,

  • Speaker #0

    c'est assez vachard, entre guillemets. Et ça, ça ne vous attend pas ? Non,

  • Speaker #1

    alors quand on avance un peu dans l'ùge, on prend aussi un peu les choses avec un peu plus de hauteur et puis on fait du travail aussi sur soi, tout simplement en se disant, on fait partie d'une grande piÚce de théùtre et des gens qui sont haineux, il y en aura toujours. Alors c'est vrai que les raisons sociaux n'aident pas, puisque maintenant je trouve que n'importe qui peut se mettre... derriÚre un écran et on dit ça les haters.

  • Speaker #0

    On avance masqué, oui, bien sûr.

  • Speaker #1

    Donc, pour moi, ça ne reprĂ©sente pas grand-chose. Je prĂ©fĂšre le dĂ©bat public et les confrontations, l'idĂ©e. Mais oui, aprĂšs, on s'endurcit. Effectivement, on s'endurcit parce que moi, je pars du principe qu'on est quand mĂȘme dans une grande comĂ©die humaine, qu'on a tous notre rĂŽle Ă  jouer, qu'on essaye de jouer la partition avec le plus de sincĂ©ritĂ© possible. Mais voilĂ , c'est... Il y aura toujours un bourreau, il y aura toujours une victime, il y aura toujours un sauveur. Donc voilĂ , on essaye de naviguer au milieu de tout ça.

  • Speaker #0

    Elles apportent quoi, les femmes, dans cette arĂšne politique ?

  • Speaker #1

    Un peu de douceur, le cĂŽtĂ© un peu nourricier. Et vous savez, je crois, il me semble qu'il y a peut-ĂȘtre un peu moins d'Ă©go. VoilĂ , cette notion que je rĂ©pĂšte souvent de toute puissance. VoilĂ , de dire, moi je sais. Moi, j'ai. Moi, je suis plus fort. Peut-ĂȘtre qu'on l'a moins. Mais quand on prend le cĂŽtĂ© masculin du systĂšme, on peut devenir de redoutables guerriĂšres aussi.

  • Speaker #0

    Vous l'avez un petit peu évoqué tout à l'heure, en parlant de quand vous étiez petite. Mais quand vous étiez petite fille, vous vouliez faire quoi plus grande ?

  • Speaker #1

    C'est quoi votre rĂȘve d'enfant ? Les voyages. J'adorais tout ce qui Ă©tait histoire et gĂ©opathie. Grotesque de l'air. Vous savez, moi, je suis des annĂ©es des Trente Glorieuses. Alors, voilĂ . On parlait de la caravane, on parlait du concorde. Vous voyez ces jeunes femmes qui Ă©taient toujours impeccables, qui nous accueillaient. VoilĂ , les voyages, les horizons lointains. Et puis j'avais un cĂŽtĂ© trĂšs crĂ©atif, j'Ă©tais dans mon monde. Et dĂ©fendre, je n'Ă©tais pas une Ă©lĂšve brillante, non. J'avais une petite faiblesse qui maintenant s'appelle la dyslexie et que j'aurais toujours. Parce que c'est un handicap. Oui,

  • Speaker #0

    on l'a compris.

  • Speaker #1

    Mais Ă  l'Ă©poque, c'Ă©tait quand mĂȘme un peu de souffrance parce que ce n'Ă©tait pas trop dĂ©tectĂ©. On fondait les mƓux, les noeuds, les peaux. Et donc, je pense que ça aussi, ça m'a forgĂ©. Ça m'a forgĂ©. Et ça a Ă©tĂ© une grande blessure, mais en mĂȘme temps, je me suis dit, on va y arriver. Avec du temps, on va y arriver.

  • Speaker #0

    Vous avez fait votre petite carapace déjà.

  • Speaker #1

    Oui.

  • Speaker #0

    Alors, vous avez fait quoi comme parcours ?

  • Speaker #1

    Alors, j'ai fait des Ă©tudes. des Ă©tudes secondaires Ă  Lyon, puisque je venais de Saint-Priest et il n'y allait pas de lycĂ©e. J'en ai Ă©cumĂ© quelques-uns, lycĂ©es, aux diverses raisons. Et puis aprĂšs, je suis partie en ce qu'on appelle au BTS. J'Ă©tais au Crespal. Et voilĂ . Et aprĂšs, j'ai eu l'opportunitĂ© de rentrer. En mĂȘme temps, je faisais quelques heures dans la grande distribution, avec Carrefour, parce qu'ils cherchaient des mains pour gĂ©rer un peu leur rayon. Et... Et donc, aprĂšs, je suis rentrĂ©e directement dans la grande distribution, dans le carrefour. Je ne suis pas restĂ©e longtemps parce que les fournisseurs, donc ceux qui Ă©taient de l'autre cĂŽtĂ© de la barriĂšre, un m'a proposĂ© de partir Ă  l'aventure dans le sud de la France. Et donc, j'ai commencĂ© dans la papeterie française et j'y suis restĂ©e 20 ans.

  • Speaker #0

    Ah oui, d'accord. OK. Donc, vous avez fait une carriĂšre professionnelle.

  • Speaker #1

    Oui, dans la papeterie, avec des belles marques, Steedpatch, Valéria, et plus de 20 ans chez UHU. Les sticks de colle, la pùte à fixe, vous voyez, et toujours en lien avec la bande de distribution, donc dans les fonctions commerciales, dans la fonction de key account manager de négociation. Et puis un jour, je me suis dit, je connais pas mal de monde dans ce milieu-là, c'est moi qui vais distribuer, donc je me suis mis une bonne compte et aprÚs, c'est enchaßné l'opportunité.

  • Speaker #0

    Donc vous avez fait tout le circuit finalement du secteur privé.

  • Speaker #1

    Les négociations, voilà. Donc ça vous sert ça, non ? Alors ça, ça me sert énormément. Mais ce qui me sert, c'est la relation justement avec, vous savez, on dit bien que les négociations avec ces grands groupes, Carrefour, Auchan, Casino et Leclerc, sont trÚs dures. Je confirme, c'est trÚs, trÚs dur. Et vous vous dites, quand vous avez fait ça, vous vous dites, je suis à Guigui. J'ai fait plus dur. Oui, j'ai fait le plus dur, c'est terrible. Et puis non, en fin de compte, vous partez dans la politique et vous vous demandez, effectivement, le systÚme est encore plus dur et plus court. Ah oui,

  • Speaker #0

    d'accord. Alors justement, vous arrivez un jour à devenir maire de Dessines. Comment ça s'est passé cette aventure ? Vous l'avez dit, il y a un élu qui vous a tendu la main, qui vous a dit vas-y

  • Speaker #1

    Cette ville a Ă©tĂ© longtemps et est restĂ©e longtemps Ă  gauche, communiste et aprĂšs Ă©videmment socialiste. Et puis, normalement, ça destinait cette ville. Et puis, il y a eu le grand stade qui a un peu chamboulĂ© un coup tout ça. Et puis moi, je suis arrivĂ©e. en proposant peut-ĂȘtre une vision autre de cette ville, un peu moins archaĂŻque, peut-ĂȘtre plus dynamique. Puisque je venais d'autre part, donc j'Ă©tais dĂ©complexĂ©e dans mes propositions. Pour autant, je ne connaissais pas comment ça s'organisait. Oui,

  • Speaker #0

    c'est ça. Parce que vous, là, vous étiez novice. Exactement. C'était la premiÚre campagne, c'était en quelle année ?

  • Speaker #1

    En 2014. Alors aprÚs, j'ai rassemblé autour de moi une armée mexicaine avec des gens de... de différents horizons, puisque là, on n'est pas dans le monde professionnel.

  • Speaker #0

    Oui, c'est ça, c'est un peu associatif quelque part.

  • Speaker #1

    Des universitaires, ou pas. VoilĂ , c'est la sociĂ©tĂ© ici. C'est la sociĂ©tĂ© civile, c'est la belle sociĂ©tĂ©. Et vous portez une autre image sur votre ville et vous avez envie de communiquer cet enthousiasme. C'Ă©tait pas facile. Il y avait plusieurs listes et au deuxiĂšme tour, j'ai gagnĂ©. Et lĂ , je me rappellerai toujours, le premier tour, c'est... tournĂ© en tĂȘte de cinq mois. DĂ©jĂ , moi, j'avais donnĂ© mes prologues. Le Miss Dessine, c'Ă©tait incroyable, ça. Au bout de tant d'annĂ©es, pratiquement 50 ans de gouvernance Ă  gauche. Et le deuxiĂšme tour, c'est pourtant une triomphulaire. J'ai gagnĂ©. Et lĂ , par contre, pour la premiĂšre fois de m'habiller, je n'ai pas eu peur de perdre, mais j'ai vraiment eu peur de gagner. Et d'un coup, la charge de la mission qui allait m'attendre... Bien sĂ»r ! Je me suis tombĂ©e sur les Ă©paules. Et c'est vrai que j'ai vĂ©cu quelques mois d'oĂč. C'est combien d'habitants des Sines-Charkiouk ?

  • Speaker #0

    30 000. Oui, donc là, ça devient costaud à assumer.

  • Speaker #1

    Et puis, il faut ĂȘtre Ă  la hauteur de la charge. Il faut ĂȘtre Ă  la hauteur de la charge. Je n'avais pas le code. Je ne connaissais pas le systĂšme administratif, ce qui est un peu lourd, on va dire, de commettre. VoilĂ , je ne savais pas comment ça s'organisait, mĂȘme sur le plan financier. Vous savez, dans le privĂ©. Il n'y a pas cette notion d'investissement, de fonctionnement. Les sections financiĂšres sont relativement pourreuses.

  • Speaker #0

    Ce ne sont pas du tout les mĂȘmes constructions de budget.

  • Speaker #1

    Voilà, ce n'est pas du tout pareil, vous le savez Alexia. Et puis l'inertie, c'est-à-dire que quand on a une idée, déjà vous comprenez que ça ne va pas se faire dans les 24 heures qui suivent, et vous voyez tout le parcours administratif qui vous plombe. Ah non, vous ne pouvez pas, parce que là, vous comprenez. Ah non, attention. AprÚs, les relations avec l'extérieur, donc la sphÚre politique, votre famille qui vous dit gentiment, moi je savais que vous n'allez pas gagner, mais bon. Pour certains, j'en doute encore. Et puis ceux qui ne vous attendaient pas et qui sont de l'autre cÎté, dans notre famille politique, qui vous attendent au tournant. Donc, ça a été un long parcours. En tout cas, la premiÚre année a été trÚs, trÚs longue. On a pu trouver des collaborateurs. Enfin, il y a eu plein de choses.

  • Speaker #0

    S'installer dans son landa, comme on dit, du coup, ça vous a été plutÎt bénéfique puisque vous avez réitéré et vous avez été réélu.

  • Speaker #1

    Ce qui a Ă©tĂ© bĂ©nĂ©fique, enfin, ce qui a Ă©tĂ© sympa, comme dans toute aventure humaine, c'est que justement, on rencontre des gens extraordinaires et bienveillants. On ne fait pas tout ça tout seul, quoi. On a Ă  nos cĂŽtĂ©s des femmes et des hommes qui ont envie de vous accompagner parce que seuls, vous n'allez nulle part. DĂ©jĂ  vous avez vos Ă©lus qui Ă©taient Ă  grande zĂ©ro comme moi, mais on s'est soudĂ©s dans des moments difficiles. Et puis vous rencontrez des collaborateurs extraordinaires, des DGS, des DGA, des gens qui sont lĂ  pour vous aider, pour complĂ©ter aussi peut-ĂȘtre parfois vos lacunes, parce que vous dites moi j'ai renoncĂ© Ă  ma toute puissance. Et petit Ă  petit on chemine, et on arrive Ă  avoir des magnifiques succĂšs au Brits.

  • Speaker #0

    Oui, et puis alors vous avez Ă©tĂ© réélu et vous avez aussi accompagnĂ© l'Ă©quipe rĂ©gionale puisque vous ĂȘtes aussi Ă©galement vice-prĂ©sidence de la rĂ©gion Auvergne-RhĂŽne-Alpes sur les questions de santĂ©.

  • Speaker #1

    Alors ça aussi, c'Ă©tait pas, Laurent a voulu absolument pour la campagne de 2021 les maires. Je me siĂ©geais Ă  la mĂ©tropole de Lyon, parce qu'on fait partie de cette mĂ©tropole de Lyon. Et Laurent insiste absolument. Donc, on a fait la campagne rĂ©gionale. On avait une liste qui Ă©tait menĂ©e Ă  l'Ă©poque par JĂ©rĂ©my BĂ©raud. VoilĂ , on a mis des bons scores en 2021 sur cette mĂ©tropole. Ce n'Ă©tait pas gagnĂ©. Et puis, pour moi, on avait fait le job et j'allais retourner dans la mĂ©tropole. Et voilĂ , tout allait bien se passer. Et Laurent m'a appelĂ©. quelques jours aprĂšs son Ă©lection, en lui disant, bon, balance, relĂąche, je te propose la santĂ©. Et lĂ , le rĂ©flexe, toute femme, ah non, non, je ne suis pas mĂ©decin, je ne peux pas pouvoir me rĂ©veiller pour la santĂ©. C'est quoi ça ? Tu plaisantes ? Il me dit, mais tu n'as pas compris, je te propose un poste de vice-prĂ©sidente Ă  la santĂ©. Et lĂ , c'est


  • Speaker #0

    Donc, vous allez douter.

  • Speaker #1

    Ah oui, je passais derriÚre un grand docteur qui est maintenant député et qui est en charge. de commission à l'Assemblée nationale, qui est Yannick Ledeur, qui est un cardiologue, qui est quelqu'un de réputé, renommé. Et donc, moi, petite mÚre de Dessine Charpieux, m'occuper de la santé, pour moi, c'était un peu irréel.

  • Speaker #0

    Mais finalement, les mandats, parce que ce que les gens, je ne sais pas, mais les mandats, finalement, c'est d'avoir une vision, c'est d'impulser des idĂ©es, des projets, des initiatives. AprĂšs, vous ĂȘtes accompagnĂ©, vous le disiez tout Ă  l'heure, vous avez rĂ©fĂ©rence dans votre directrice gĂ©nĂ©rale des services, mais vous avez aussi tout un Ă©cosystĂšme de fonctionnaires, de gens qui vous accompagnent.

  • Speaker #1

    Oui. Donc, vous n'ĂȘtes pas tout seul dans votre mandat. Au dĂ©but, quand ça vous tombe dessus, vous vous sentez tout seul. Mais effectivement, alors au dĂ©part, c'est un peu compliquĂ© parce que cette collectivitĂ©, vous savez que les fonctionnaires sont lĂ , ils ont la garantie de leur emploi ad vitam aeternam. Roulez pas. pour un projet qui allait ĂȘtre un projet plutĂŽt, mon projet de mandat. Donc ça a Ă©tĂ© compliquĂ© de changer aussi d'air, c'est compliquĂ© pour certains. Donc il a fallu que certains partent sur d'autres collectivitĂ©s, peut-ĂȘtre plus accueillantes, et d'autres arrivent dans ma collectivitĂ© oĂč ils allaient pouvoir s'exprimer. VoilĂ , ça a pris un temps.

  • Speaker #0

    Qu'est-ce qui est le plus difficile Ă  l'aune de votre expĂ©rience maintenant sur cet engagement politique ? Est-ce que... Parce que lĂ , vous l'avez dit un petit peu, c'est difficile d'un peu partout. C'est difficile, la conquĂȘte est une Ă©tape, l'exercice du pouvoir en est autre. Est-ce que c'est difficile l'exercice du pouvoir ? On pose souvent cette question aux femmes.

  • Speaker #1

    Je ne trouve pas, c'est contraignant puisqu'il faut donner beaucoup d'Ă©nergie, beaucoup de prĂ©sence, il faut ĂȘtre prĂ©sente, il faut ĂȘtre lĂ . Mais c'est passionnant. VoilĂ , c'est passionnant. Passionnant.

  • Speaker #0

    Ça permet de faire quoi d'ĂȘtre engageant politique ? C'est concret,

  • Speaker #1

    vous trouvez ? Moi, j'ai la chance de pouvoir desserrer une ville. VoilĂ . Ouais,

  • Speaker #0

    ça c'est fabuleux.

  • Speaker #1

    J'ai le pouvoir de mettre des fleurs. J'ai le pouvoir de rassembler les gens. J'ai le pouvoir, comme rĂ©cemment, il y a quelques jours, on a fait des six nuits, on a une petite ville de 30 000 habitants, on a rassemblĂ© 17 000 personnes. On a fait des choses magnifiques avec des chalets, avec... parade de NoĂ«l avec un moment oĂč tout ce qui peut arriver dans notre sociĂ©tĂ© d'un peu plus sombre s'efface et fait place Ă  la lumiĂšre. Ça, c'est extraordinaire. Quand vous allez, quand vous faites des Ă©vĂ©nements inclusifs, quand vous faites des beaux projets structurants, en Ă©quipement, quand vous fabriquez, quand vous lancez, quand vous inaugurez une Ă©cole, tous ces moments-lĂ , ou une halle gourmande, tous ces moments-lĂ , rien que de les revoir. m'Ă©voque beaucoup d'Ă©motions. Ça gomme tous les ennuis que tous les matins vous arrivez. Alors moi, j'ai la chance d'avoir un caractĂšre relativement linĂ©aire. On arrive toujours avec le smell. Et puis vous avez, comme dit, des ennuis qui arrivent en fil des heures qui s'avolent en patrouille. Et puis le soir, vous avez un petit plus mou, puis vous allez faire une bonne nuit de sommeil. Le lendemain, on revient avec le smell. Et parce que les gens autour de moi aussi ont cette Ă©nergie. VoilĂ . Parce que si on est tous, on arrive. On se dit, oh lĂ  lĂ , on ne va pas s'en sortir. On n'a pas de premier ministre. Les dotations d'État baissent. Enfin, voilĂ . Et si on fait la liste des problĂšmes, on ne s'en sort plus. On donne les pieds de la maison. J'ai eu des moments d'abattement profond en disant, mais cette vie, il faut qu'on l'aide. Parce qu'elle avait Ă©tĂ© mal gĂ©rĂ©e financiĂšrement. Elle n'Ă©tait pas en Ă©tat au niveau finance. Tout le monde le savait. GĂ©rard Pollon le savait. Et j'ai eu des moments oĂč j'avais franchement envie de rendre le tablier, je ne pouvais plus faire, je ne pouvais plus faire. Parce qu'en plus de ça, on a essuyĂ© toutes les merdes, toute obĂ©dience confondue, des crises Ă©conomiques, sanitaires, qui nous ont fait mĂȘme fragiliser. Mais on est encore lĂ .

  • Speaker #0

    Quel conseil vous auriez envie de donner aux femmes qui nous Ă©coutent, qui nous regardent et qui se disent, c'est vrai, moi j'aimerais bien peut-ĂȘtre engager en politique, mais je ne connais personne, je ne suis pas dans un parti politique et puis ça a l'air beaucoup trop compliquĂ©. Qu'est-ce que vous avez envie de leur dire ?

  • Speaker #1

    Qu'elles osent tout simplement, qu'elles s'imposent, qu'elles sachent saisir, c'est dur pour une discrétion, qu'elles sachent saisir l'opportunité.

  • Speaker #0

    Et on la crée comment si personne ne vous tend la main ? Il faut pousser la porte de son...

  • Speaker #1

    Pousser la porte de sa mairie,

  • Speaker #0

    il faut rencontrer les élus.

  • Speaker #1

    Oui, il faut rencontrer. On cherche nos bĂ©zalins. Et mĂȘme quand on constitue une Ă©quipe municipale, oĂč il y a la paritĂ© qui s'impose, c'est toujours pas Ă©vident de trouver des phares. On ne cherche pas obligatoirement des ingĂ©nieurs. On cherche des personnes qui ont envie de vrai prendre collectivitĂ©.

  • Speaker #0

    Et Laurence, derniĂšre question d'Ă©mission, je ne vais pas vous dire une baguette de magie parce que vous ĂȘtes aux monnettes, mais si vous Ă©tiez dommĂ©e demain ministre, quelles mesures vous auriez envie de mettre en place pour que les femmes soient prĂ©sentes dans ce dĂ©bat public ?

  • Speaker #1

    Alors la paritĂ© impose dĂ©jĂ  Ă  ces messieurs le fait de laisser quelques places. Je pense que pour certains, ça les enchante guĂšre, mais il faudrait peut-ĂȘtre plus l'imposer partout. VoilĂ , dans les conseils d'administration. effectivement dans les collectivitĂ©s, dans toutes les assemblĂ©es. VoilĂ , de fait, comme ça, il faut qu'il y ait une femme, un homme, une femme, un homme, une femme. Et peut-ĂȘtre pareil pour un gouvernement, ce qui n'est pas souvent le cas. Pareil pour le SĂ©nat. Bien sĂ»r,

  • Speaker #0

    34% de femmes seulement.

  • Speaker #1

    VoilĂ , 34% de femmes. Alors nous avons progressĂ©, les cieux sĂ©nateurs. À l'AssemblĂ©e nationale, on a rĂ©gressĂ©. Et d'un cĂŽtĂ©, ça progresse, de l'autre, ça reste. Donc, vous voyez, dans ces grandes assemblĂ©es, il faudrait quand mĂȘme qu'il y ait une paritĂ©, que le systĂšme impose cette paritĂ©.

  • Speaker #0

    Trouver un fonctionnement pour que la parité soit tout le temps respectée.

  • Speaker #1

    Oui, ça ne sera pas naturel.

  • Speaker #0

    TrĂšs bien, Laurence. Écoutez, on va bien noter prĂ©cieusement vos conseils dans notre livre blanc. Merci en tous les cas d'avoir pris de votre temps pour venir partager ce CafĂ© des Lyonnes avec nous ce matin. J'espĂšre que ça vous aura plu. Et moi, je vous donne rendez-vous la semaine prochaine. Pour un prochain, je te fais des coups.

Description

đŸ—Łïž: « De fait, quand on naĂźt femme, on sait que nous serons engagĂ©es toute notre vie durant, auprĂšs de nos familles, de nos enfants, de notre ville, du monde associatif, dans plein de domaines on sait que l’on jouera un rĂŽle essentiel, donc pour moi, l’engagement est quelque chose d’innĂ©. Toutes les femmes du monde sont engagĂ©es!  »


Issue de la « sociĂ©tĂ© civile », elle a eu un parcours professionnel de 20 ans dans le secteur privĂ©, avant de saisir une opportunitĂ© qui s’est prĂ©sentĂ©e Ă  elle, celle de s’engager dans la vie publique, pour devenir la Maire de la commune DĂ©cines-Charpieu au sein de la MĂ©tropole de Lyon. Et les femmes ne sont encore que 17% au niveau national Ă  exercer le mandat de Maire. Un mandat renouvelĂ© en 2020, et qu’elle complĂšte aujourd’hui par une implication de vice-prĂ©sidente de la RĂ©gion Auvergne RhĂŽne Alpes en charge de la santĂ©.


Si elle a dĂ» apprendre Ă  faire sa place dans une fonction politique loin d’ĂȘtre tendre, Laurence Fautra est une personnalitĂ© attachante, directe, qui n’a pas sa langue dans sa poche.


Au micro du CafĂ© des Lyonnes, elle aborde tous les sujets qui questionnent tant les femmes : syndrome de l’imposteur, lĂ©gitimitĂ©, goĂ»t des autres, façon d’aborder l’engagement dans le dĂ©bat public, sens de la nĂ©gociation.


🎧 DĂ©couvrez son tĂ©moignage inspirant dans ce nouvel Ă©pisode, dĂ©sormais disponible sur YouTube, Spotify, Deezer, iTunes et SoundCloud.


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Bonjour et bienvenue à ce nouveau Café d'Elia. Bonjour Laurence.

  • Speaker #1

    Bonjour Alexandra.

  • Speaker #0

    Alors ce matin, j'ai le plaisir d'accueillir Laurence Ausha. Vous ĂȘtes la maire de Dessine, la belle commune de la mĂ©tropole de Lyon, mais Ă©galement vice-prĂ©sidente de la rĂ©gion Auvergne-Renamp, dĂ©lĂ©guĂ©e Ă  la santĂ©, Ă  la rĂ©cente santĂ©, c'est ça ?

  • Speaker #1

    Et je suis la maire de Dessine-Charpieux.

  • Speaker #0

    J'avais oubliĂ© un morceau important de la commune. Toutes mes excuses. On est accueillis dans les fabuleux locaux de l'intercontinental HĂŽtel-Dieu ce matin, Laurence, et on va parler d'engagement dans le dĂ©bat public, on va parler de la place des femmes en politique. Vous savez que c'est un sujet qui nous tient Ă  cƓur, nous au CafĂ© des Lyonnes, cette question d'engagement dans l'espace public. Et donc vous faites partie de ces femmes qui sont engagĂ©es, qui ont choisi de prendre la parole. Donc on va vous interroger, on va Ă©changer avec vous ce matin. Mais d'abord, premiĂšre question de l'Ă©mission, Laurence, vous la connaissez ? Est-ce que vous ĂȘtes une femme engagĂ©e, justement ? Et surtout, ça veut dire quoi pour vous, cette question d'engagement ?

  • Speaker #1

    Alors, je ne sais pas si le sens engagée pour une femme est nécessaire, puisque de fait, quand on est femme, automatiquement, on sait qu'on ne se peut pas engager toute notre vie. On sera engagé auprÚs de nos familles, de mes enfants, de notre vie, du monde associatif, dans plein de domaines. On sait qu'on jouera un rÎle essentiel. Pour moi, l'engagement, c'est quelque chose d'ßlé. C'est pas quelque chose qui s'acquiert, c'est de fait.

  • Speaker #0

    Mais vous pensez que c'est inné chez les femmes particuliÚrement plus que chez les hommes ?

  • Speaker #1

    C'est de fait. Vous savez, quand vous prenez soin de votre famille, comme les Lyonnes, de votre tribu, vous vous engagez au quotidien auprÚs des gens que vous aimez. Et voilà, donc il n'y a pas besoin de signifier plus mon engagement. Toutes les femmes du monde sont engagées pour aller chercher de l'eau. ou plus loin des villages, dans des combats politiques, dans une lutte pour leur égalité, leur droit. Toutes les femmes du monde sont obligées, à mon sens.

  • Speaker #0

    À votre sens. Et alors, chez vous,

  • Speaker #1

    ça se matérialise comment, cet engagement ? Il se traduit comment ?

  • Speaker #0

    Au-delà de maßtriser ce que vous, vous avez choisi d'occuper des fonctions, d'aller chercher des membres, d'aller porter, représenter la parole des autres ?

  • Speaker #1

    Alors, pour moi, je ne sais pas si c'est un choix. J'ai plutĂŽt saisi une opportunitĂ© qui se prĂ©sentait Ă  moi. Mais le fait de reprĂ©senter, d'aider, d'aller sauver, toutes ces notions-lĂ , je les ai eues depuis toute petite. Vous savez, dans le cadre des Ă©coles, vous vous demandiez qui veut ĂȘtre dĂ©lĂ©guĂ© de classe. J'Ă©tais chaque annĂ©e... Ah ok, tout Ă  fait. J'Ă©tais partante. Donc aprĂšs, j'ai eu une vie qui n'a rien Ă  voir avec la politique. Et je dis tant mieux. Je ne fais pas partie de ce serail. Ça m'a permis d'avoir une autre existence et rencontrer... des gens d'un autre milieu. Et puis un jour, il y a un monsieur qui Ă©tait dĂ©putĂ© Ă  l'École qui s'appelle Philippe Meunier, me dit, Ă©coute, est-ce que ça t'intĂ©resserait de partir pour des signes Ausha ? Et en disant ça, il me disait aussi, bon, ça ne sera pas gagnable, mais tu as du bagout, tu en imposes un peu, tu n'as rien Ă  perdre, vas-y. Et j'ai trouvĂ©, comme j'aime le challenge, je trouvais que ce challenge Ă©tait intĂ©ressant et effectivement, je n'avais rien Ă  perdre. Par contre, je ne savais pas que j'allais gagner.

  • Speaker #0

    Ça, c'est pour ce qui est votre parcours. Mais avant ça, quel est votre sentiment sur la place des femmes aujourd'hui dans la sociĂ©tĂ© française ? Est-ce que vous trouvez que les femmes sont assez prĂ©sentes aujourd'hui dans le dĂ©bat public ?

  • Speaker #1

    Mais non, et encore moins en politique. Je crois que les reprĂ©sentants, Ă  peine 17% des maires sont des femmes. Et ils ne sont pas, entre guillemets, on ne les impose pas, ils ne sont pas obligatoires. Il n'y a pas de cette notion de paritĂ©. Donc, Ă©videmment, elles ont peur de prendre ces places. Vous savez, c'est toujours le syndrome de l'imposteur. On n'est jamais Ă  la bonne place. On n'a jamais les compĂ©tences Ă  la tour. Mais les compĂ©tences, c'est celles, en tout cas pour Fana Politique, c'est d'avoir le goĂ»t des autres. Je crois que les femmes ont le goĂ»t des autres. Je crois. Il faut qu'elles osent. Il faut qu'elles aient prĂȘt ce courage. Elles osent. Elles ont une façon d'aborder la vie, les problĂšmes, autre que ces messieurs. Je ne suis pas une grande fĂ©ministe parce qu'on a besoin d'ĂȘtre ensemble pour avancer. Mais je leur demande, allez-y, n'ayez pas peur, faites-vous confiance. Pourquoi vous ne serez pas lĂ©gitime ? Mais pourquoi vous n'allez pas porter le mĂȘme regard Ă  un autre enfant qui est le vĂŽtre, ou Ă  une autre mamie qui n'est peut-ĂȘtre pas la vĂŽtre ?

  • Speaker #0

    Mais sur la fonction politique, elle fait souvent peur, parce que la fonction politique, elle a l'air difficile,

  • Speaker #1

    elle a l'air Ăąpre parfois. Elle est Ăąpre, elle est rude, elle est impitoyable. C'est un monde, par contre, d'hommes, avec un systĂšme bien organisĂ©. Et c'est vrai que malheureusement, quand on arrive dans ce systĂšme, alors moi, pour le coup, je l'ai dĂ©couvert. Moi, j'avais des grands-monsieurs devant moi. DĂšs le bas, j'avais GĂ©rard Collomb, j'avais Jean-Michel Aulas, j'avais M. le prĂ©fet Caranco. J'avais M. Mercier qui Ă©tait au Conseil gĂ©nĂ©ral. Et ces hommes-lĂ , dans l'Ă©chiquier, qu'est-ce que je posais ? Rien ! VoilĂ , je n'Ă©tais rien. Donc j'ai eu deux solutions. Soit je faisais preuve d'allĂ©geance et je baissais l'Ă©chiquier. Soit je leur montrais que j'avais un petit peu de la rĂ©partie. Donc comme on dit, on y va un peu au talent. Et on force un peu le trait. Et des fois, on pousse mĂȘme Ă  la caricature. Mais ils ne comprennent que les rapports de force, ces hommes-lĂ . Ils ne vous respectent. J'ai un recollant de respect. que ça. Il fallait lui montrer qu'on avait du tempĂ©rament, qu'on dĂ©fendait nos dossiers. Et ça, je me souviens, parce que Ă  la fin, malheureusement, de son parcours politique, et aussi un que de lui, il me disait qu'il avait apprĂ©ciĂ© le fait que, voilĂ , on ait pu...

  • Speaker #0

    Et pour ça, il faut avoir un peu le cuir solide, parce que, enfin, on parlait tout à l'heure, mais dans la fonction, on va les demander de vous exercer, il y a des mots durs, il y a des attaques personnelles.

  • Speaker #1

    Il y a des critiques,

  • Speaker #0

    c'est assez vachard, entre guillemets. Et ça, ça ne vous attend pas ? Non,

  • Speaker #1

    alors quand on avance un peu dans l'ùge, on prend aussi un peu les choses avec un peu plus de hauteur et puis on fait du travail aussi sur soi, tout simplement en se disant, on fait partie d'une grande piÚce de théùtre et des gens qui sont haineux, il y en aura toujours. Alors c'est vrai que les raisons sociaux n'aident pas, puisque maintenant je trouve que n'importe qui peut se mettre... derriÚre un écran et on dit ça les haters.

  • Speaker #0

    On avance masqué, oui, bien sûr.

  • Speaker #1

    Donc, pour moi, ça ne reprĂ©sente pas grand-chose. Je prĂ©fĂšre le dĂ©bat public et les confrontations, l'idĂ©e. Mais oui, aprĂšs, on s'endurcit. Effectivement, on s'endurcit parce que moi, je pars du principe qu'on est quand mĂȘme dans une grande comĂ©die humaine, qu'on a tous notre rĂŽle Ă  jouer, qu'on essaye de jouer la partition avec le plus de sincĂ©ritĂ© possible. Mais voilĂ , c'est... Il y aura toujours un bourreau, il y aura toujours une victime, il y aura toujours un sauveur. Donc voilĂ , on essaye de naviguer au milieu de tout ça.

  • Speaker #0

    Elles apportent quoi, les femmes, dans cette arĂšne politique ?

  • Speaker #1

    Un peu de douceur, le cĂŽtĂ© un peu nourricier. Et vous savez, je crois, il me semble qu'il y a peut-ĂȘtre un peu moins d'Ă©go. VoilĂ , cette notion que je rĂ©pĂšte souvent de toute puissance. VoilĂ , de dire, moi je sais. Moi, j'ai. Moi, je suis plus fort. Peut-ĂȘtre qu'on l'a moins. Mais quand on prend le cĂŽtĂ© masculin du systĂšme, on peut devenir de redoutables guerriĂšres aussi.

  • Speaker #0

    Vous l'avez un petit peu évoqué tout à l'heure, en parlant de quand vous étiez petite. Mais quand vous étiez petite fille, vous vouliez faire quoi plus grande ?

  • Speaker #1

    C'est quoi votre rĂȘve d'enfant ? Les voyages. J'adorais tout ce qui Ă©tait histoire et gĂ©opathie. Grotesque de l'air. Vous savez, moi, je suis des annĂ©es des Trente Glorieuses. Alors, voilĂ . On parlait de la caravane, on parlait du concorde. Vous voyez ces jeunes femmes qui Ă©taient toujours impeccables, qui nous accueillaient. VoilĂ , les voyages, les horizons lointains. Et puis j'avais un cĂŽtĂ© trĂšs crĂ©atif, j'Ă©tais dans mon monde. Et dĂ©fendre, je n'Ă©tais pas une Ă©lĂšve brillante, non. J'avais une petite faiblesse qui maintenant s'appelle la dyslexie et que j'aurais toujours. Parce que c'est un handicap. Oui,

  • Speaker #0

    on l'a compris.

  • Speaker #1

    Mais Ă  l'Ă©poque, c'Ă©tait quand mĂȘme un peu de souffrance parce que ce n'Ă©tait pas trop dĂ©tectĂ©. On fondait les mƓux, les noeuds, les peaux. Et donc, je pense que ça aussi, ça m'a forgĂ©. Ça m'a forgĂ©. Et ça a Ă©tĂ© une grande blessure, mais en mĂȘme temps, je me suis dit, on va y arriver. Avec du temps, on va y arriver.

  • Speaker #0

    Vous avez fait votre petite carapace déjà.

  • Speaker #1

    Oui.

  • Speaker #0

    Alors, vous avez fait quoi comme parcours ?

  • Speaker #1

    Alors, j'ai fait des Ă©tudes. des Ă©tudes secondaires Ă  Lyon, puisque je venais de Saint-Priest et il n'y allait pas de lycĂ©e. J'en ai Ă©cumĂ© quelques-uns, lycĂ©es, aux diverses raisons. Et puis aprĂšs, je suis partie en ce qu'on appelle au BTS. J'Ă©tais au Crespal. Et voilĂ . Et aprĂšs, j'ai eu l'opportunitĂ© de rentrer. En mĂȘme temps, je faisais quelques heures dans la grande distribution, avec Carrefour, parce qu'ils cherchaient des mains pour gĂ©rer un peu leur rayon. Et... Et donc, aprĂšs, je suis rentrĂ©e directement dans la grande distribution, dans le carrefour. Je ne suis pas restĂ©e longtemps parce que les fournisseurs, donc ceux qui Ă©taient de l'autre cĂŽtĂ© de la barriĂšre, un m'a proposĂ© de partir Ă  l'aventure dans le sud de la France. Et donc, j'ai commencĂ© dans la papeterie française et j'y suis restĂ©e 20 ans.

  • Speaker #0

    Ah oui, d'accord. OK. Donc, vous avez fait une carriĂšre professionnelle.

  • Speaker #1

    Oui, dans la papeterie, avec des belles marques, Steedpatch, Valéria, et plus de 20 ans chez UHU. Les sticks de colle, la pùte à fixe, vous voyez, et toujours en lien avec la bande de distribution, donc dans les fonctions commerciales, dans la fonction de key account manager de négociation. Et puis un jour, je me suis dit, je connais pas mal de monde dans ce milieu-là, c'est moi qui vais distribuer, donc je me suis mis une bonne compte et aprÚs, c'est enchaßné l'opportunité.

  • Speaker #0

    Donc vous avez fait tout le circuit finalement du secteur privé.

  • Speaker #1

    Les négociations, voilà. Donc ça vous sert ça, non ? Alors ça, ça me sert énormément. Mais ce qui me sert, c'est la relation justement avec, vous savez, on dit bien que les négociations avec ces grands groupes, Carrefour, Auchan, Casino et Leclerc, sont trÚs dures. Je confirme, c'est trÚs, trÚs dur. Et vous vous dites, quand vous avez fait ça, vous vous dites, je suis à Guigui. J'ai fait plus dur. Oui, j'ai fait le plus dur, c'est terrible. Et puis non, en fin de compte, vous partez dans la politique et vous vous demandez, effectivement, le systÚme est encore plus dur et plus court. Ah oui,

  • Speaker #0

    d'accord. Alors justement, vous arrivez un jour à devenir maire de Dessines. Comment ça s'est passé cette aventure ? Vous l'avez dit, il y a un élu qui vous a tendu la main, qui vous a dit vas-y

  • Speaker #1

    Cette ville a Ă©tĂ© longtemps et est restĂ©e longtemps Ă  gauche, communiste et aprĂšs Ă©videmment socialiste. Et puis, normalement, ça destinait cette ville. Et puis, il y a eu le grand stade qui a un peu chamboulĂ© un coup tout ça. Et puis moi, je suis arrivĂ©e. en proposant peut-ĂȘtre une vision autre de cette ville, un peu moins archaĂŻque, peut-ĂȘtre plus dynamique. Puisque je venais d'autre part, donc j'Ă©tais dĂ©complexĂ©e dans mes propositions. Pour autant, je ne connaissais pas comment ça s'organisait. Oui,

  • Speaker #0

    c'est ça. Parce que vous, là, vous étiez novice. Exactement. C'était la premiÚre campagne, c'était en quelle année ?

  • Speaker #1

    En 2014. Alors aprÚs, j'ai rassemblé autour de moi une armée mexicaine avec des gens de... de différents horizons, puisque là, on n'est pas dans le monde professionnel.

  • Speaker #0

    Oui, c'est ça, c'est un peu associatif quelque part.

  • Speaker #1

    Des universitaires, ou pas. VoilĂ , c'est la sociĂ©tĂ© ici. C'est la sociĂ©tĂ© civile, c'est la belle sociĂ©tĂ©. Et vous portez une autre image sur votre ville et vous avez envie de communiquer cet enthousiasme. C'Ă©tait pas facile. Il y avait plusieurs listes et au deuxiĂšme tour, j'ai gagnĂ©. Et lĂ , je me rappellerai toujours, le premier tour, c'est... tournĂ© en tĂȘte de cinq mois. DĂ©jĂ , moi, j'avais donnĂ© mes prologues. Le Miss Dessine, c'Ă©tait incroyable, ça. Au bout de tant d'annĂ©es, pratiquement 50 ans de gouvernance Ă  gauche. Et le deuxiĂšme tour, c'est pourtant une triomphulaire. J'ai gagnĂ©. Et lĂ , par contre, pour la premiĂšre fois de m'habiller, je n'ai pas eu peur de perdre, mais j'ai vraiment eu peur de gagner. Et d'un coup, la charge de la mission qui allait m'attendre... Bien sĂ»r ! Je me suis tombĂ©e sur les Ă©paules. Et c'est vrai que j'ai vĂ©cu quelques mois d'oĂč. C'est combien d'habitants des Sines-Charkiouk ?

  • Speaker #0

    30 000. Oui, donc là, ça devient costaud à assumer.

  • Speaker #1

    Et puis, il faut ĂȘtre Ă  la hauteur de la charge. Il faut ĂȘtre Ă  la hauteur de la charge. Je n'avais pas le code. Je ne connaissais pas le systĂšme administratif, ce qui est un peu lourd, on va dire, de commettre. VoilĂ , je ne savais pas comment ça s'organisait, mĂȘme sur le plan financier. Vous savez, dans le privĂ©. Il n'y a pas cette notion d'investissement, de fonctionnement. Les sections financiĂšres sont relativement pourreuses.

  • Speaker #0

    Ce ne sont pas du tout les mĂȘmes constructions de budget.

  • Speaker #1

    Voilà, ce n'est pas du tout pareil, vous le savez Alexia. Et puis l'inertie, c'est-à-dire que quand on a une idée, déjà vous comprenez que ça ne va pas se faire dans les 24 heures qui suivent, et vous voyez tout le parcours administratif qui vous plombe. Ah non, vous ne pouvez pas, parce que là, vous comprenez. Ah non, attention. AprÚs, les relations avec l'extérieur, donc la sphÚre politique, votre famille qui vous dit gentiment, moi je savais que vous n'allez pas gagner, mais bon. Pour certains, j'en doute encore. Et puis ceux qui ne vous attendaient pas et qui sont de l'autre cÎté, dans notre famille politique, qui vous attendent au tournant. Donc, ça a été un long parcours. En tout cas, la premiÚre année a été trÚs, trÚs longue. On a pu trouver des collaborateurs. Enfin, il y a eu plein de choses.

  • Speaker #0

    S'installer dans son landa, comme on dit, du coup, ça vous a été plutÎt bénéfique puisque vous avez réitéré et vous avez été réélu.

  • Speaker #1

    Ce qui a Ă©tĂ© bĂ©nĂ©fique, enfin, ce qui a Ă©tĂ© sympa, comme dans toute aventure humaine, c'est que justement, on rencontre des gens extraordinaires et bienveillants. On ne fait pas tout ça tout seul, quoi. On a Ă  nos cĂŽtĂ©s des femmes et des hommes qui ont envie de vous accompagner parce que seuls, vous n'allez nulle part. DĂ©jĂ  vous avez vos Ă©lus qui Ă©taient Ă  grande zĂ©ro comme moi, mais on s'est soudĂ©s dans des moments difficiles. Et puis vous rencontrez des collaborateurs extraordinaires, des DGS, des DGA, des gens qui sont lĂ  pour vous aider, pour complĂ©ter aussi peut-ĂȘtre parfois vos lacunes, parce que vous dites moi j'ai renoncĂ© Ă  ma toute puissance. Et petit Ă  petit on chemine, et on arrive Ă  avoir des magnifiques succĂšs au Brits.

  • Speaker #0

    Oui, et puis alors vous avez Ă©tĂ© réélu et vous avez aussi accompagnĂ© l'Ă©quipe rĂ©gionale puisque vous ĂȘtes aussi Ă©galement vice-prĂ©sidence de la rĂ©gion Auvergne-RhĂŽne-Alpes sur les questions de santĂ©.

  • Speaker #1

    Alors ça aussi, c'Ă©tait pas, Laurent a voulu absolument pour la campagne de 2021 les maires. Je me siĂ©geais Ă  la mĂ©tropole de Lyon, parce qu'on fait partie de cette mĂ©tropole de Lyon. Et Laurent insiste absolument. Donc, on a fait la campagne rĂ©gionale. On avait une liste qui Ă©tait menĂ©e Ă  l'Ă©poque par JĂ©rĂ©my BĂ©raud. VoilĂ , on a mis des bons scores en 2021 sur cette mĂ©tropole. Ce n'Ă©tait pas gagnĂ©. Et puis, pour moi, on avait fait le job et j'allais retourner dans la mĂ©tropole. Et voilĂ , tout allait bien se passer. Et Laurent m'a appelĂ©. quelques jours aprĂšs son Ă©lection, en lui disant, bon, balance, relĂąche, je te propose la santĂ©. Et lĂ , le rĂ©flexe, toute femme, ah non, non, je ne suis pas mĂ©decin, je ne peux pas pouvoir me rĂ©veiller pour la santĂ©. C'est quoi ça ? Tu plaisantes ? Il me dit, mais tu n'as pas compris, je te propose un poste de vice-prĂ©sidente Ă  la santĂ©. Et lĂ , c'est


  • Speaker #0

    Donc, vous allez douter.

  • Speaker #1

    Ah oui, je passais derriÚre un grand docteur qui est maintenant député et qui est en charge. de commission à l'Assemblée nationale, qui est Yannick Ledeur, qui est un cardiologue, qui est quelqu'un de réputé, renommé. Et donc, moi, petite mÚre de Dessine Charpieux, m'occuper de la santé, pour moi, c'était un peu irréel.

  • Speaker #0

    Mais finalement, les mandats, parce que ce que les gens, je ne sais pas, mais les mandats, finalement, c'est d'avoir une vision, c'est d'impulser des idĂ©es, des projets, des initiatives. AprĂšs, vous ĂȘtes accompagnĂ©, vous le disiez tout Ă  l'heure, vous avez rĂ©fĂ©rence dans votre directrice gĂ©nĂ©rale des services, mais vous avez aussi tout un Ă©cosystĂšme de fonctionnaires, de gens qui vous accompagnent.

  • Speaker #1

    Oui. Donc, vous n'ĂȘtes pas tout seul dans votre mandat. Au dĂ©but, quand ça vous tombe dessus, vous vous sentez tout seul. Mais effectivement, alors au dĂ©part, c'est un peu compliquĂ© parce que cette collectivitĂ©, vous savez que les fonctionnaires sont lĂ , ils ont la garantie de leur emploi ad vitam aeternam. Roulez pas. pour un projet qui allait ĂȘtre un projet plutĂŽt, mon projet de mandat. Donc ça a Ă©tĂ© compliquĂ© de changer aussi d'air, c'est compliquĂ© pour certains. Donc il a fallu que certains partent sur d'autres collectivitĂ©s, peut-ĂȘtre plus accueillantes, et d'autres arrivent dans ma collectivitĂ© oĂč ils allaient pouvoir s'exprimer. VoilĂ , ça a pris un temps.

  • Speaker #0

    Qu'est-ce qui est le plus difficile Ă  l'aune de votre expĂ©rience maintenant sur cet engagement politique ? Est-ce que... Parce que lĂ , vous l'avez dit un petit peu, c'est difficile d'un peu partout. C'est difficile, la conquĂȘte est une Ă©tape, l'exercice du pouvoir en est autre. Est-ce que c'est difficile l'exercice du pouvoir ? On pose souvent cette question aux femmes.

  • Speaker #1

    Je ne trouve pas, c'est contraignant puisqu'il faut donner beaucoup d'Ă©nergie, beaucoup de prĂ©sence, il faut ĂȘtre prĂ©sente, il faut ĂȘtre lĂ . Mais c'est passionnant. VoilĂ , c'est passionnant. Passionnant.

  • Speaker #0

    Ça permet de faire quoi d'ĂȘtre engageant politique ? C'est concret,

  • Speaker #1

    vous trouvez ? Moi, j'ai la chance de pouvoir desserrer une ville. VoilĂ . Ouais,

  • Speaker #0

    ça c'est fabuleux.

  • Speaker #1

    J'ai le pouvoir de mettre des fleurs. J'ai le pouvoir de rassembler les gens. J'ai le pouvoir, comme rĂ©cemment, il y a quelques jours, on a fait des six nuits, on a une petite ville de 30 000 habitants, on a rassemblĂ© 17 000 personnes. On a fait des choses magnifiques avec des chalets, avec... parade de NoĂ«l avec un moment oĂč tout ce qui peut arriver dans notre sociĂ©tĂ© d'un peu plus sombre s'efface et fait place Ă  la lumiĂšre. Ça, c'est extraordinaire. Quand vous allez, quand vous faites des Ă©vĂ©nements inclusifs, quand vous faites des beaux projets structurants, en Ă©quipement, quand vous fabriquez, quand vous lancez, quand vous inaugurez une Ă©cole, tous ces moments-lĂ , ou une halle gourmande, tous ces moments-lĂ , rien que de les revoir. m'Ă©voque beaucoup d'Ă©motions. Ça gomme tous les ennuis que tous les matins vous arrivez. Alors moi, j'ai la chance d'avoir un caractĂšre relativement linĂ©aire. On arrive toujours avec le smell. Et puis vous avez, comme dit, des ennuis qui arrivent en fil des heures qui s'avolent en patrouille. Et puis le soir, vous avez un petit plus mou, puis vous allez faire une bonne nuit de sommeil. Le lendemain, on revient avec le smell. Et parce que les gens autour de moi aussi ont cette Ă©nergie. VoilĂ . Parce que si on est tous, on arrive. On se dit, oh lĂ  lĂ , on ne va pas s'en sortir. On n'a pas de premier ministre. Les dotations d'État baissent. Enfin, voilĂ . Et si on fait la liste des problĂšmes, on ne s'en sort plus. On donne les pieds de la maison. J'ai eu des moments d'abattement profond en disant, mais cette vie, il faut qu'on l'aide. Parce qu'elle avait Ă©tĂ© mal gĂ©rĂ©e financiĂšrement. Elle n'Ă©tait pas en Ă©tat au niveau finance. Tout le monde le savait. GĂ©rard Pollon le savait. Et j'ai eu des moments oĂč j'avais franchement envie de rendre le tablier, je ne pouvais plus faire, je ne pouvais plus faire. Parce qu'en plus de ça, on a essuyĂ© toutes les merdes, toute obĂ©dience confondue, des crises Ă©conomiques, sanitaires, qui nous ont fait mĂȘme fragiliser. Mais on est encore lĂ .

  • Speaker #0

    Quel conseil vous auriez envie de donner aux femmes qui nous Ă©coutent, qui nous regardent et qui se disent, c'est vrai, moi j'aimerais bien peut-ĂȘtre engager en politique, mais je ne connais personne, je ne suis pas dans un parti politique et puis ça a l'air beaucoup trop compliquĂ©. Qu'est-ce que vous avez envie de leur dire ?

  • Speaker #1

    Qu'elles osent tout simplement, qu'elles s'imposent, qu'elles sachent saisir, c'est dur pour une discrétion, qu'elles sachent saisir l'opportunité.

  • Speaker #0

    Et on la crée comment si personne ne vous tend la main ? Il faut pousser la porte de son...

  • Speaker #1

    Pousser la porte de sa mairie,

  • Speaker #0

    il faut rencontrer les élus.

  • Speaker #1

    Oui, il faut rencontrer. On cherche nos bĂ©zalins. Et mĂȘme quand on constitue une Ă©quipe municipale, oĂč il y a la paritĂ© qui s'impose, c'est toujours pas Ă©vident de trouver des phares. On ne cherche pas obligatoirement des ingĂ©nieurs. On cherche des personnes qui ont envie de vrai prendre collectivitĂ©.

  • Speaker #0

    Et Laurence, derniĂšre question d'Ă©mission, je ne vais pas vous dire une baguette de magie parce que vous ĂȘtes aux monnettes, mais si vous Ă©tiez dommĂ©e demain ministre, quelles mesures vous auriez envie de mettre en place pour que les femmes soient prĂ©sentes dans ce dĂ©bat public ?

  • Speaker #1

    Alors la paritĂ© impose dĂ©jĂ  Ă  ces messieurs le fait de laisser quelques places. Je pense que pour certains, ça les enchante guĂšre, mais il faudrait peut-ĂȘtre plus l'imposer partout. VoilĂ , dans les conseils d'administration. effectivement dans les collectivitĂ©s, dans toutes les assemblĂ©es. VoilĂ , de fait, comme ça, il faut qu'il y ait une femme, un homme, une femme, un homme, une femme. Et peut-ĂȘtre pareil pour un gouvernement, ce qui n'est pas souvent le cas. Pareil pour le SĂ©nat. Bien sĂ»r,

  • Speaker #0

    34% de femmes seulement.

  • Speaker #1

    VoilĂ , 34% de femmes. Alors nous avons progressĂ©, les cieux sĂ©nateurs. À l'AssemblĂ©e nationale, on a rĂ©gressĂ©. Et d'un cĂŽtĂ©, ça progresse, de l'autre, ça reste. Donc, vous voyez, dans ces grandes assemblĂ©es, il faudrait quand mĂȘme qu'il y ait une paritĂ©, que le systĂšme impose cette paritĂ©.

  • Speaker #0

    Trouver un fonctionnement pour que la parité soit tout le temps respectée.

  • Speaker #1

    Oui, ça ne sera pas naturel.

  • Speaker #0

    TrĂšs bien, Laurence. Écoutez, on va bien noter prĂ©cieusement vos conseils dans notre livre blanc. Merci en tous les cas d'avoir pris de votre temps pour venir partager ce CafĂ© des Lyonnes avec nous ce matin. J'espĂšre que ça vous aura plu. Et moi, je vous donne rendez-vous la semaine prochaine. Pour un prochain, je te fais des coups.

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