undefined cover
undefined cover
Ep. 125 - Laurence FAUTRA cover
Ep. 125 - Laurence FAUTRA cover
Le Café des Lyonnes

Ep. 125 - Laurence FAUTRA

Ep. 125 - Laurence FAUTRA

22min |18/12/2024
Play
undefined cover
undefined cover
Ep. 125 - Laurence FAUTRA cover
Ep. 125 - Laurence FAUTRA cover
Le Café des Lyonnes

Ep. 125 - Laurence FAUTRA

Ep. 125 - Laurence FAUTRA

22min |18/12/2024
Play

Description

🗣️: « De fait, quand on naît femme, on sait que nous serons engagées toute notre vie durant, auprès de nos familles, de nos enfants, de notre ville, du monde associatif, dans plein de domaines on sait que l’on jouera un rôle essentiel, donc pour moi, l’engagement est quelque chose d’inné. Toutes les femmes du monde sont engagées!  »


Issue de la « société civile », elle a eu un parcours professionnel de 20 ans dans le secteur privé, avant de saisir une opportunité qui s’est présentée à elle, celle de s’engager dans la vie publique, pour devenir la Maire de la commune Décines-Charpieu au sein de la Métropole de Lyon. Et les femmes ne sont encore que 17% au niveau national à exercer le mandat de Maire. Un mandat renouvelé en 2020, et qu’elle complète aujourd’hui par une implication de vice-présidente de la Région Auvergne Rhône Alpes en charge de la santé.


Si elle a dû apprendre à faire sa place dans une fonction politique loin d’être tendre, Laurence Fautra est une personnalité attachante, directe, qui n’a pas sa langue dans sa poche.


Au micro du Café des Lyonnes, elle aborde tous les sujets qui questionnent tant les femmes : syndrome de l’imposteur, légitimité, goût des autres, façon d’aborder l’engagement dans le débat public, sens de la négociation.


🎧 Découvrez son témoignage inspirant dans ce nouvel épisode, désormais disponible sur YouTube, Spotify, Deezer, iTunes et SoundCloud.


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Bonjour et bienvenue à ce nouveau Café d'Elia. Bonjour Laurence.

  • Speaker #1

    Bonjour Alexandra.

  • Speaker #0

    Alors ce matin, j'ai le plaisir d'accueillir Laurence Ausha. Vous êtes la maire de Dessine, la belle commune de la métropole de Lyon, mais également vice-présidente de la région Auvergne-Renamp, déléguée à la santé, à la récente santé, c'est ça ?

  • Speaker #1

    Et je suis la maire de Dessine-Charpieux.

  • Speaker #0

    J'avais oublié un morceau important de la commune. Toutes mes excuses. On est accueillis dans les fabuleux locaux de l'intercontinental Hôtel-Dieu ce matin, Laurence, et on va parler d'engagement dans le débat public, on va parler de la place des femmes en politique. Vous savez que c'est un sujet qui nous tient à cœur, nous au Café des Lyonnes, cette question d'engagement dans l'espace public. Et donc vous faites partie de ces femmes qui sont engagées, qui ont choisi de prendre la parole. Donc on va vous interroger, on va échanger avec vous ce matin. Mais d'abord, première question de l'émission, Laurence, vous la connaissez ? Est-ce que vous êtes une femme engagée, justement ? Et surtout, ça veut dire quoi pour vous, cette question d'engagement ?

  • Speaker #1

    Alors, je ne sais pas si le sens engagée pour une femme est nécessaire, puisque de fait, quand on est femme, automatiquement, on sait qu'on ne se peut pas engager toute notre vie. On sera engagé auprès de nos familles, de mes enfants, de notre vie, du monde associatif, dans plein de domaines. On sait qu'on jouera un rôle essentiel. Pour moi, l'engagement, c'est quelque chose d'îlé. C'est pas quelque chose qui s'acquiert, c'est de fait.

  • Speaker #0

    Mais vous pensez que c'est inné chez les femmes particulièrement plus que chez les hommes ?

  • Speaker #1

    C'est de fait. Vous savez, quand vous prenez soin de votre famille, comme les Lyonnes, de votre tribu, vous vous engagez au quotidien auprès des gens que vous aimez. Et voilà, donc il n'y a pas besoin de signifier plus mon engagement. Toutes les femmes du monde sont engagées pour aller chercher de l'eau. ou plus loin des villages, dans des combats politiques, dans une lutte pour leur égalité, leur droit. Toutes les femmes du monde sont obligées, à mon sens.

  • Speaker #0

    À votre sens. Et alors, chez vous,

  • Speaker #1

    ça se matérialise comment, cet engagement ? Il se traduit comment ?

  • Speaker #0

    Au-delà de maîtriser ce que vous, vous avez choisi d'occuper des fonctions, d'aller chercher des membres, d'aller porter, représenter la parole des autres ?

  • Speaker #1

    Alors, pour moi, je ne sais pas si c'est un choix. J'ai plutôt saisi une opportunité qui se présentait à moi. Mais le fait de représenter, d'aider, d'aller sauver, toutes ces notions-là, je les ai eues depuis toute petite. Vous savez, dans le cadre des écoles, vous vous demandiez qui veut être délégué de classe. J'étais chaque année... Ah ok, tout à fait. J'étais partante. Donc après, j'ai eu une vie qui n'a rien à voir avec la politique. Et je dis tant mieux. Je ne fais pas partie de ce serail. Ça m'a permis d'avoir une autre existence et rencontrer... des gens d'un autre milieu. Et puis un jour, il y a un monsieur qui était député à l'École qui s'appelle Philippe Meunier, me dit, écoute, est-ce que ça t'intéresserait de partir pour des signes Ausha ? Et en disant ça, il me disait aussi, bon, ça ne sera pas gagnable, mais tu as du bagout, tu en imposes un peu, tu n'as rien à perdre, vas-y. Et j'ai trouvé, comme j'aime le challenge, je trouvais que ce challenge était intéressant et effectivement, je n'avais rien à perdre. Par contre, je ne savais pas que j'allais gagner.

  • Speaker #0

    Ça, c'est pour ce qui est votre parcours. Mais avant ça, quel est votre sentiment sur la place des femmes aujourd'hui dans la société française ? Est-ce que vous trouvez que les femmes sont assez présentes aujourd'hui dans le débat public ?

  • Speaker #1

    Mais non, et encore moins en politique. Je crois que les représentants, à peine 17% des maires sont des femmes. Et ils ne sont pas, entre guillemets, on ne les impose pas, ils ne sont pas obligatoires. Il n'y a pas de cette notion de parité. Donc, évidemment, elles ont peur de prendre ces places. Vous savez, c'est toujours le syndrome de l'imposteur. On n'est jamais à la bonne place. On n'a jamais les compétences à la tour. Mais les compétences, c'est celles, en tout cas pour Fana Politique, c'est d'avoir le goût des autres. Je crois que les femmes ont le goût des autres. Je crois. Il faut qu'elles osent. Il faut qu'elles aient prêt ce courage. Elles osent. Elles ont une façon d'aborder la vie, les problèmes, autre que ces messieurs. Je ne suis pas une grande féministe parce qu'on a besoin d'être ensemble pour avancer. Mais je leur demande, allez-y, n'ayez pas peur, faites-vous confiance. Pourquoi vous ne serez pas légitime ? Mais pourquoi vous n'allez pas porter le même regard à un autre enfant qui est le vôtre, ou à une autre mamie qui n'est peut-être pas la vôtre ?

  • Speaker #0

    Mais sur la fonction politique, elle fait souvent peur, parce que la fonction politique, elle a l'air difficile,

  • Speaker #1

    elle a l'air âpre parfois. Elle est âpre, elle est rude, elle est impitoyable. C'est un monde, par contre, d'hommes, avec un système bien organisé. Et c'est vrai que malheureusement, quand on arrive dans ce système, alors moi, pour le coup, je l'ai découvert. Moi, j'avais des grands-monsieurs devant moi. Dès le bas, j'avais Gérard Collomb, j'avais Jean-Michel Aulas, j'avais M. le préfet Caranco. J'avais M. Mercier qui était au Conseil général. Et ces hommes-là, dans l'échiquier, qu'est-ce que je posais ? Rien ! Voilà, je n'étais rien. Donc j'ai eu deux solutions. Soit je faisais preuve d'allégeance et je baissais l'échiquier. Soit je leur montrais que j'avais un petit peu de la répartie. Donc comme on dit, on y va un peu au talent. Et on force un peu le trait. Et des fois, on pousse même à la caricature. Mais ils ne comprennent que les rapports de force, ces hommes-là. Ils ne vous respectent. J'ai un recollant de respect. que ça. Il fallait lui montrer qu'on avait du tempérament, qu'on défendait nos dossiers. Et ça, je me souviens, parce que à la fin, malheureusement, de son parcours politique, et aussi un que de lui, il me disait qu'il avait apprécié le fait que, voilà, on ait pu...

  • Speaker #0

    Et pour ça, il faut avoir un peu le cuir solide, parce que, enfin, on parlait tout à l'heure, mais dans la fonction, on va les demander de vous exercer, il y a des mots durs, il y a des attaques personnelles.

  • Speaker #1

    Il y a des critiques,

  • Speaker #0

    c'est assez vachard, entre guillemets. Et ça, ça ne vous attend pas ? Non,

  • Speaker #1

    alors quand on avance un peu dans l'âge, on prend aussi un peu les choses avec un peu plus de hauteur et puis on fait du travail aussi sur soi, tout simplement en se disant, on fait partie d'une grande pièce de théâtre et des gens qui sont haineux, il y en aura toujours. Alors c'est vrai que les raisons sociaux n'aident pas, puisque maintenant je trouve que n'importe qui peut se mettre... derrière un écran et on dit ça les haters.

  • Speaker #0

    On avance masqué, oui, bien sûr.

  • Speaker #1

    Donc, pour moi, ça ne représente pas grand-chose. Je préfère le débat public et les confrontations, l'idée. Mais oui, après, on s'endurcit. Effectivement, on s'endurcit parce que moi, je pars du principe qu'on est quand même dans une grande comédie humaine, qu'on a tous notre rôle à jouer, qu'on essaye de jouer la partition avec le plus de sincérité possible. Mais voilà, c'est... Il y aura toujours un bourreau, il y aura toujours une victime, il y aura toujours un sauveur. Donc voilà, on essaye de naviguer au milieu de tout ça.

  • Speaker #0

    Elles apportent quoi, les femmes, dans cette arène politique ?

  • Speaker #1

    Un peu de douceur, le côté un peu nourricier. Et vous savez, je crois, il me semble qu'il y a peut-être un peu moins d'égo. Voilà, cette notion que je répète souvent de toute puissance. Voilà, de dire, moi je sais. Moi, j'ai. Moi, je suis plus fort. Peut-être qu'on l'a moins. Mais quand on prend le côté masculin du système, on peut devenir de redoutables guerrières aussi.

  • Speaker #0

    Vous l'avez un petit peu évoqué tout à l'heure, en parlant de quand vous étiez petite. Mais quand vous étiez petite fille, vous vouliez faire quoi plus grande ?

  • Speaker #1

    C'est quoi votre rêve d'enfant ? Les voyages. J'adorais tout ce qui était histoire et géopathie. Grotesque de l'air. Vous savez, moi, je suis des années des Trente Glorieuses. Alors, voilà. On parlait de la caravane, on parlait du concorde. Vous voyez ces jeunes femmes qui étaient toujours impeccables, qui nous accueillaient. Voilà, les voyages, les horizons lointains. Et puis j'avais un côté très créatif, j'étais dans mon monde. Et défendre, je n'étais pas une élève brillante, non. J'avais une petite faiblesse qui maintenant s'appelle la dyslexie et que j'aurais toujours. Parce que c'est un handicap. Oui,

  • Speaker #0

    on l'a compris.

  • Speaker #1

    Mais à l'époque, c'était quand même un peu de souffrance parce que ce n'était pas trop détecté. On fondait les mœux, les noeuds, les peaux. Et donc, je pense que ça aussi, ça m'a forgé. Ça m'a forgé. Et ça a été une grande blessure, mais en même temps, je me suis dit, on va y arriver. Avec du temps, on va y arriver.

  • Speaker #0

    Vous avez fait votre petite carapace déjà.

  • Speaker #1

    Oui.

  • Speaker #0

    Alors, vous avez fait quoi comme parcours ?

  • Speaker #1

    Alors, j'ai fait des études. des études secondaires à Lyon, puisque je venais de Saint-Priest et il n'y allait pas de lycée. J'en ai écumé quelques-uns, lycées, aux diverses raisons. Et puis après, je suis partie en ce qu'on appelle au BTS. J'étais au Crespal. Et voilà. Et après, j'ai eu l'opportunité de rentrer. En même temps, je faisais quelques heures dans la grande distribution, avec Carrefour, parce qu'ils cherchaient des mains pour gérer un peu leur rayon. Et... Et donc, après, je suis rentrée directement dans la grande distribution, dans le carrefour. Je ne suis pas restée longtemps parce que les fournisseurs, donc ceux qui étaient de l'autre côté de la barrière, un m'a proposé de partir à l'aventure dans le sud de la France. Et donc, j'ai commencé dans la papeterie française et j'y suis restée 20 ans.

  • Speaker #0

    Ah oui, d'accord. OK. Donc, vous avez fait une carrière professionnelle.

  • Speaker #1

    Oui, dans la papeterie, avec des belles marques, Steedpatch, Valéria, et plus de 20 ans chez UHU. Les sticks de colle, la pâte à fixe, vous voyez, et toujours en lien avec la bande de distribution, donc dans les fonctions commerciales, dans la fonction de key account manager de négociation. Et puis un jour, je me suis dit, je connais pas mal de monde dans ce milieu-là, c'est moi qui vais distribuer, donc je me suis mis une bonne compte et après, c'est enchaîné l'opportunité.

  • Speaker #0

    Donc vous avez fait tout le circuit finalement du secteur privé.

  • Speaker #1

    Les négociations, voilà. Donc ça vous sert ça, non ? Alors ça, ça me sert énormément. Mais ce qui me sert, c'est la relation justement avec, vous savez, on dit bien que les négociations avec ces grands groupes, Carrefour, Auchan, Casino et Leclerc, sont très dures. Je confirme, c'est très, très dur. Et vous vous dites, quand vous avez fait ça, vous vous dites, je suis à Guigui. J'ai fait plus dur. Oui, j'ai fait le plus dur, c'est terrible. Et puis non, en fin de compte, vous partez dans la politique et vous vous demandez, effectivement, le système est encore plus dur et plus court. Ah oui,

  • Speaker #0

    d'accord. Alors justement, vous arrivez un jour à devenir maire de Dessines. Comment ça s'est passé cette aventure ? Vous l'avez dit, il y a un élu qui vous a tendu la main, qui vous a dit vas-y

  • Speaker #1

    Cette ville a été longtemps et est restée longtemps à gauche, communiste et après évidemment socialiste. Et puis, normalement, ça destinait cette ville. Et puis, il y a eu le grand stade qui a un peu chamboulé un coup tout ça. Et puis moi, je suis arrivée. en proposant peut-être une vision autre de cette ville, un peu moins archaïque, peut-être plus dynamique. Puisque je venais d'autre part, donc j'étais décomplexée dans mes propositions. Pour autant, je ne connaissais pas comment ça s'organisait. Oui,

  • Speaker #0

    c'est ça. Parce que vous, là, vous étiez novice. Exactement. C'était la première campagne, c'était en quelle année ?

  • Speaker #1

    En 2014. Alors après, j'ai rassemblé autour de moi une armée mexicaine avec des gens de... de différents horizons, puisque là, on n'est pas dans le monde professionnel.

  • Speaker #0

    Oui, c'est ça, c'est un peu associatif quelque part.

  • Speaker #1

    Des universitaires, ou pas. Voilà, c'est la société ici. C'est la société civile, c'est la belle société. Et vous portez une autre image sur votre ville et vous avez envie de communiquer cet enthousiasme. C'était pas facile. Il y avait plusieurs listes et au deuxième tour, j'ai gagné. Et là, je me rappellerai toujours, le premier tour, c'est... tourné en tête de cinq mois. Déjà, moi, j'avais donné mes prologues. Le Miss Dessine, c'était incroyable, ça. Au bout de tant d'années, pratiquement 50 ans de gouvernance à gauche. Et le deuxième tour, c'est pourtant une triomphulaire. J'ai gagné. Et là, par contre, pour la première fois de m'habiller, je n'ai pas eu peur de perdre, mais j'ai vraiment eu peur de gagner. Et d'un coup, la charge de la mission qui allait m'attendre... Bien sûr ! Je me suis tombée sur les épaules. Et c'est vrai que j'ai vécu quelques mois d'où. C'est combien d'habitants des Sines-Charkiouk ?

  • Speaker #0

    30 000. Oui, donc là, ça devient costaud à assumer.

  • Speaker #1

    Et puis, il faut être à la hauteur de la charge. Il faut être à la hauteur de la charge. Je n'avais pas le code. Je ne connaissais pas le système administratif, ce qui est un peu lourd, on va dire, de commettre. Voilà, je ne savais pas comment ça s'organisait, même sur le plan financier. Vous savez, dans le privé. Il n'y a pas cette notion d'investissement, de fonctionnement. Les sections financières sont relativement pourreuses.

  • Speaker #0

    Ce ne sont pas du tout les mêmes constructions de budget.

  • Speaker #1

    Voilà, ce n'est pas du tout pareil, vous le savez Alexia. Et puis l'inertie, c'est-à-dire que quand on a une idée, déjà vous comprenez que ça ne va pas se faire dans les 24 heures qui suivent, et vous voyez tout le parcours administratif qui vous plombe. Ah non, vous ne pouvez pas, parce que là, vous comprenez. Ah non, attention. Après, les relations avec l'extérieur, donc la sphère politique, votre famille qui vous dit gentiment, moi je savais que vous n'allez pas gagner, mais bon. Pour certains, j'en doute encore. Et puis ceux qui ne vous attendaient pas et qui sont de l'autre côté, dans notre famille politique, qui vous attendent au tournant. Donc, ça a été un long parcours. En tout cas, la première année a été très, très longue. On a pu trouver des collaborateurs. Enfin, il y a eu plein de choses.

  • Speaker #0

    S'installer dans son landa, comme on dit, du coup, ça vous a été plutôt bénéfique puisque vous avez réitéré et vous avez été réélu.

  • Speaker #1

    Ce qui a été bénéfique, enfin, ce qui a été sympa, comme dans toute aventure humaine, c'est que justement, on rencontre des gens extraordinaires et bienveillants. On ne fait pas tout ça tout seul, quoi. On a à nos côtés des femmes et des hommes qui ont envie de vous accompagner parce que seuls, vous n'allez nulle part. Déjà vous avez vos élus qui étaient à grande zéro comme moi, mais on s'est soudés dans des moments difficiles. Et puis vous rencontrez des collaborateurs extraordinaires, des DGS, des DGA, des gens qui sont là pour vous aider, pour compléter aussi peut-être parfois vos lacunes, parce que vous dites moi j'ai renoncé à ma toute puissance. Et petit à petit on chemine, et on arrive à avoir des magnifiques succès au Brits.

  • Speaker #0

    Oui, et puis alors vous avez été réélu et vous avez aussi accompagné l'équipe régionale puisque vous êtes aussi également vice-présidence de la région Auvergne-Rhône-Alpes sur les questions de santé.

  • Speaker #1

    Alors ça aussi, c'était pas, Laurent a voulu absolument pour la campagne de 2021 les maires. Je me siégeais à la métropole de Lyon, parce qu'on fait partie de cette métropole de Lyon. Et Laurent insiste absolument. Donc, on a fait la campagne régionale. On avait une liste qui était menée à l'époque par Jérémy Béraud. Voilà, on a mis des bons scores en 2021 sur cette métropole. Ce n'était pas gagné. Et puis, pour moi, on avait fait le job et j'allais retourner dans la métropole. Et voilà, tout allait bien se passer. Et Laurent m'a appelé. quelques jours après son élection, en lui disant, bon, balance, relâche, je te propose la santé. Et là, le réflexe, toute femme, ah non, non, je ne suis pas médecin, je ne peux pas pouvoir me réveiller pour la santé. C'est quoi ça ? Tu plaisantes ? Il me dit, mais tu n'as pas compris, je te propose un poste de vice-présidente à la santé. Et là, c'est…

  • Speaker #0

    Donc, vous allez douter.

  • Speaker #1

    Ah oui, je passais derrière un grand docteur qui est maintenant député et qui est en charge. de commission à l'Assemblée nationale, qui est Yannick Ledeur, qui est un cardiologue, qui est quelqu'un de réputé, renommé. Et donc, moi, petite mère de Dessine Charpieux, m'occuper de la santé, pour moi, c'était un peu irréel.

  • Speaker #0

    Mais finalement, les mandats, parce que ce que les gens, je ne sais pas, mais les mandats, finalement, c'est d'avoir une vision, c'est d'impulser des idées, des projets, des initiatives. Après, vous êtes accompagné, vous le disiez tout à l'heure, vous avez référence dans votre directrice générale des services, mais vous avez aussi tout un écosystème de fonctionnaires, de gens qui vous accompagnent.

  • Speaker #1

    Oui. Donc, vous n'êtes pas tout seul dans votre mandat. Au début, quand ça vous tombe dessus, vous vous sentez tout seul. Mais effectivement, alors au départ, c'est un peu compliqué parce que cette collectivité, vous savez que les fonctionnaires sont là, ils ont la garantie de leur emploi ad vitam aeternam. Roulez pas. pour un projet qui allait être un projet plutôt, mon projet de mandat. Donc ça a été compliqué de changer aussi d'air, c'est compliqué pour certains. Donc il a fallu que certains partent sur d'autres collectivités, peut-être plus accueillantes, et d'autres arrivent dans ma collectivité où ils allaient pouvoir s'exprimer. Voilà, ça a pris un temps.

  • Speaker #0

    Qu'est-ce qui est le plus difficile à l'aune de votre expérience maintenant sur cet engagement politique ? Est-ce que... Parce que là, vous l'avez dit un petit peu, c'est difficile d'un peu partout. C'est difficile, la conquête est une étape, l'exercice du pouvoir en est autre. Est-ce que c'est difficile l'exercice du pouvoir ? On pose souvent cette question aux femmes.

  • Speaker #1

    Je ne trouve pas, c'est contraignant puisqu'il faut donner beaucoup d'énergie, beaucoup de présence, il faut être présente, il faut être là. Mais c'est passionnant. Voilà, c'est passionnant. Passionnant.

  • Speaker #0

    Ça permet de faire quoi d'être engageant politique ? C'est concret,

  • Speaker #1

    vous trouvez ? Moi, j'ai la chance de pouvoir desserrer une ville. Voilà. Ouais,

  • Speaker #0

    ça c'est fabuleux.

  • Speaker #1

    J'ai le pouvoir de mettre des fleurs. J'ai le pouvoir de rassembler les gens. J'ai le pouvoir, comme récemment, il y a quelques jours, on a fait des six nuits, on a une petite ville de 30 000 habitants, on a rassemblé 17 000 personnes. On a fait des choses magnifiques avec des chalets, avec... parade de Noël avec un moment où tout ce qui peut arriver dans notre société d'un peu plus sombre s'efface et fait place à la lumière. Ça, c'est extraordinaire. Quand vous allez, quand vous faites des événements inclusifs, quand vous faites des beaux projets structurants, en équipement, quand vous fabriquez, quand vous lancez, quand vous inaugurez une école, tous ces moments-là, ou une halle gourmande, tous ces moments-là, rien que de les revoir. m'évoque beaucoup d'émotions. Ça gomme tous les ennuis que tous les matins vous arrivez. Alors moi, j'ai la chance d'avoir un caractère relativement linéaire. On arrive toujours avec le smell. Et puis vous avez, comme dit, des ennuis qui arrivent en fil des heures qui s'avolent en patrouille. Et puis le soir, vous avez un petit plus mou, puis vous allez faire une bonne nuit de sommeil. Le lendemain, on revient avec le smell. Et parce que les gens autour de moi aussi ont cette énergie. Voilà. Parce que si on est tous, on arrive. On se dit, oh là là, on ne va pas s'en sortir. On n'a pas de premier ministre. Les dotations d'État baissent. Enfin, voilà. Et si on fait la liste des problèmes, on ne s'en sort plus. On donne les pieds de la maison. J'ai eu des moments d'abattement profond en disant, mais cette vie, il faut qu'on l'aide. Parce qu'elle avait été mal gérée financièrement. Elle n'était pas en état au niveau finance. Tout le monde le savait. Gérard Pollon le savait. Et j'ai eu des moments où j'avais franchement envie de rendre le tablier, je ne pouvais plus faire, je ne pouvais plus faire. Parce qu'en plus de ça, on a essuyé toutes les merdes, toute obédience confondue, des crises économiques, sanitaires, qui nous ont fait même fragiliser. Mais on est encore là.

  • Speaker #0

    Quel conseil vous auriez envie de donner aux femmes qui nous écoutent, qui nous regardent et qui se disent, c'est vrai, moi j'aimerais bien peut-être engager en politique, mais je ne connais personne, je ne suis pas dans un parti politique et puis ça a l'air beaucoup trop compliqué. Qu'est-ce que vous avez envie de leur dire ?

  • Speaker #1

    Qu'elles osent tout simplement, qu'elles s'imposent, qu'elles sachent saisir, c'est dur pour une discrétion, qu'elles sachent saisir l'opportunité.

  • Speaker #0

    Et on la crée comment si personne ne vous tend la main ? Il faut pousser la porte de son...

  • Speaker #1

    Pousser la porte de sa mairie,

  • Speaker #0

    il faut rencontrer les élus.

  • Speaker #1

    Oui, il faut rencontrer. On cherche nos bézalins. Et même quand on constitue une équipe municipale, où il y a la parité qui s'impose, c'est toujours pas évident de trouver des phares. On ne cherche pas obligatoirement des ingénieurs. On cherche des personnes qui ont envie de vrai prendre collectivité.

  • Speaker #0

    Et Laurence, dernière question d'émission, je ne vais pas vous dire une baguette de magie parce que vous êtes aux monnettes, mais si vous étiez dommée demain ministre, quelles mesures vous auriez envie de mettre en place pour que les femmes soient présentes dans ce débat public ?

  • Speaker #1

    Alors la parité impose déjà à ces messieurs le fait de laisser quelques places. Je pense que pour certains, ça les enchante guère, mais il faudrait peut-être plus l'imposer partout. Voilà, dans les conseils d'administration. effectivement dans les collectivités, dans toutes les assemblées. Voilà, de fait, comme ça, il faut qu'il y ait une femme, un homme, une femme, un homme, une femme. Et peut-être pareil pour un gouvernement, ce qui n'est pas souvent le cas. Pareil pour le Sénat. Bien sûr,

  • Speaker #0

    34% de femmes seulement.

  • Speaker #1

    Voilà, 34% de femmes. Alors nous avons progressé, les cieux sénateurs. À l'Assemblée nationale, on a régressé. Et d'un côté, ça progresse, de l'autre, ça reste. Donc, vous voyez, dans ces grandes assemblées, il faudrait quand même qu'il y ait une parité, que le système impose cette parité.

  • Speaker #0

    Trouver un fonctionnement pour que la parité soit tout le temps respectée.

  • Speaker #1

    Oui, ça ne sera pas naturel.

  • Speaker #0

    Très bien, Laurence. Écoutez, on va bien noter précieusement vos conseils dans notre livre blanc. Merci en tous les cas d'avoir pris de votre temps pour venir partager ce Café des Lyonnes avec nous ce matin. J'espère que ça vous aura plu. Et moi, je vous donne rendez-vous la semaine prochaine. Pour un prochain, je te fais des coups.

Description

🗣️: « De fait, quand on naît femme, on sait que nous serons engagées toute notre vie durant, auprès de nos familles, de nos enfants, de notre ville, du monde associatif, dans plein de domaines on sait que l’on jouera un rôle essentiel, donc pour moi, l’engagement est quelque chose d’inné. Toutes les femmes du monde sont engagées!  »


Issue de la « société civile », elle a eu un parcours professionnel de 20 ans dans le secteur privé, avant de saisir une opportunité qui s’est présentée à elle, celle de s’engager dans la vie publique, pour devenir la Maire de la commune Décines-Charpieu au sein de la Métropole de Lyon. Et les femmes ne sont encore que 17% au niveau national à exercer le mandat de Maire. Un mandat renouvelé en 2020, et qu’elle complète aujourd’hui par une implication de vice-présidente de la Région Auvergne Rhône Alpes en charge de la santé.


Si elle a dû apprendre à faire sa place dans une fonction politique loin d’être tendre, Laurence Fautra est une personnalité attachante, directe, qui n’a pas sa langue dans sa poche.


Au micro du Café des Lyonnes, elle aborde tous les sujets qui questionnent tant les femmes : syndrome de l’imposteur, légitimité, goût des autres, façon d’aborder l’engagement dans le débat public, sens de la négociation.


🎧 Découvrez son témoignage inspirant dans ce nouvel épisode, désormais disponible sur YouTube, Spotify, Deezer, iTunes et SoundCloud.


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Bonjour et bienvenue à ce nouveau Café d'Elia. Bonjour Laurence.

  • Speaker #1

    Bonjour Alexandra.

  • Speaker #0

    Alors ce matin, j'ai le plaisir d'accueillir Laurence Ausha. Vous êtes la maire de Dessine, la belle commune de la métropole de Lyon, mais également vice-présidente de la région Auvergne-Renamp, déléguée à la santé, à la récente santé, c'est ça ?

  • Speaker #1

    Et je suis la maire de Dessine-Charpieux.

  • Speaker #0

    J'avais oublié un morceau important de la commune. Toutes mes excuses. On est accueillis dans les fabuleux locaux de l'intercontinental Hôtel-Dieu ce matin, Laurence, et on va parler d'engagement dans le débat public, on va parler de la place des femmes en politique. Vous savez que c'est un sujet qui nous tient à cœur, nous au Café des Lyonnes, cette question d'engagement dans l'espace public. Et donc vous faites partie de ces femmes qui sont engagées, qui ont choisi de prendre la parole. Donc on va vous interroger, on va échanger avec vous ce matin. Mais d'abord, première question de l'émission, Laurence, vous la connaissez ? Est-ce que vous êtes une femme engagée, justement ? Et surtout, ça veut dire quoi pour vous, cette question d'engagement ?

  • Speaker #1

    Alors, je ne sais pas si le sens engagée pour une femme est nécessaire, puisque de fait, quand on est femme, automatiquement, on sait qu'on ne se peut pas engager toute notre vie. On sera engagé auprès de nos familles, de mes enfants, de notre vie, du monde associatif, dans plein de domaines. On sait qu'on jouera un rôle essentiel. Pour moi, l'engagement, c'est quelque chose d'îlé. C'est pas quelque chose qui s'acquiert, c'est de fait.

  • Speaker #0

    Mais vous pensez que c'est inné chez les femmes particulièrement plus que chez les hommes ?

  • Speaker #1

    C'est de fait. Vous savez, quand vous prenez soin de votre famille, comme les Lyonnes, de votre tribu, vous vous engagez au quotidien auprès des gens que vous aimez. Et voilà, donc il n'y a pas besoin de signifier plus mon engagement. Toutes les femmes du monde sont engagées pour aller chercher de l'eau. ou plus loin des villages, dans des combats politiques, dans une lutte pour leur égalité, leur droit. Toutes les femmes du monde sont obligées, à mon sens.

  • Speaker #0

    À votre sens. Et alors, chez vous,

  • Speaker #1

    ça se matérialise comment, cet engagement ? Il se traduit comment ?

  • Speaker #0

    Au-delà de maîtriser ce que vous, vous avez choisi d'occuper des fonctions, d'aller chercher des membres, d'aller porter, représenter la parole des autres ?

  • Speaker #1

    Alors, pour moi, je ne sais pas si c'est un choix. J'ai plutôt saisi une opportunité qui se présentait à moi. Mais le fait de représenter, d'aider, d'aller sauver, toutes ces notions-là, je les ai eues depuis toute petite. Vous savez, dans le cadre des écoles, vous vous demandiez qui veut être délégué de classe. J'étais chaque année... Ah ok, tout à fait. J'étais partante. Donc après, j'ai eu une vie qui n'a rien à voir avec la politique. Et je dis tant mieux. Je ne fais pas partie de ce serail. Ça m'a permis d'avoir une autre existence et rencontrer... des gens d'un autre milieu. Et puis un jour, il y a un monsieur qui était député à l'École qui s'appelle Philippe Meunier, me dit, écoute, est-ce que ça t'intéresserait de partir pour des signes Ausha ? Et en disant ça, il me disait aussi, bon, ça ne sera pas gagnable, mais tu as du bagout, tu en imposes un peu, tu n'as rien à perdre, vas-y. Et j'ai trouvé, comme j'aime le challenge, je trouvais que ce challenge était intéressant et effectivement, je n'avais rien à perdre. Par contre, je ne savais pas que j'allais gagner.

  • Speaker #0

    Ça, c'est pour ce qui est votre parcours. Mais avant ça, quel est votre sentiment sur la place des femmes aujourd'hui dans la société française ? Est-ce que vous trouvez que les femmes sont assez présentes aujourd'hui dans le débat public ?

  • Speaker #1

    Mais non, et encore moins en politique. Je crois que les représentants, à peine 17% des maires sont des femmes. Et ils ne sont pas, entre guillemets, on ne les impose pas, ils ne sont pas obligatoires. Il n'y a pas de cette notion de parité. Donc, évidemment, elles ont peur de prendre ces places. Vous savez, c'est toujours le syndrome de l'imposteur. On n'est jamais à la bonne place. On n'a jamais les compétences à la tour. Mais les compétences, c'est celles, en tout cas pour Fana Politique, c'est d'avoir le goût des autres. Je crois que les femmes ont le goût des autres. Je crois. Il faut qu'elles osent. Il faut qu'elles aient prêt ce courage. Elles osent. Elles ont une façon d'aborder la vie, les problèmes, autre que ces messieurs. Je ne suis pas une grande féministe parce qu'on a besoin d'être ensemble pour avancer. Mais je leur demande, allez-y, n'ayez pas peur, faites-vous confiance. Pourquoi vous ne serez pas légitime ? Mais pourquoi vous n'allez pas porter le même regard à un autre enfant qui est le vôtre, ou à une autre mamie qui n'est peut-être pas la vôtre ?

  • Speaker #0

    Mais sur la fonction politique, elle fait souvent peur, parce que la fonction politique, elle a l'air difficile,

  • Speaker #1

    elle a l'air âpre parfois. Elle est âpre, elle est rude, elle est impitoyable. C'est un monde, par contre, d'hommes, avec un système bien organisé. Et c'est vrai que malheureusement, quand on arrive dans ce système, alors moi, pour le coup, je l'ai découvert. Moi, j'avais des grands-monsieurs devant moi. Dès le bas, j'avais Gérard Collomb, j'avais Jean-Michel Aulas, j'avais M. le préfet Caranco. J'avais M. Mercier qui était au Conseil général. Et ces hommes-là, dans l'échiquier, qu'est-ce que je posais ? Rien ! Voilà, je n'étais rien. Donc j'ai eu deux solutions. Soit je faisais preuve d'allégeance et je baissais l'échiquier. Soit je leur montrais que j'avais un petit peu de la répartie. Donc comme on dit, on y va un peu au talent. Et on force un peu le trait. Et des fois, on pousse même à la caricature. Mais ils ne comprennent que les rapports de force, ces hommes-là. Ils ne vous respectent. J'ai un recollant de respect. que ça. Il fallait lui montrer qu'on avait du tempérament, qu'on défendait nos dossiers. Et ça, je me souviens, parce que à la fin, malheureusement, de son parcours politique, et aussi un que de lui, il me disait qu'il avait apprécié le fait que, voilà, on ait pu...

  • Speaker #0

    Et pour ça, il faut avoir un peu le cuir solide, parce que, enfin, on parlait tout à l'heure, mais dans la fonction, on va les demander de vous exercer, il y a des mots durs, il y a des attaques personnelles.

  • Speaker #1

    Il y a des critiques,

  • Speaker #0

    c'est assez vachard, entre guillemets. Et ça, ça ne vous attend pas ? Non,

  • Speaker #1

    alors quand on avance un peu dans l'âge, on prend aussi un peu les choses avec un peu plus de hauteur et puis on fait du travail aussi sur soi, tout simplement en se disant, on fait partie d'une grande pièce de théâtre et des gens qui sont haineux, il y en aura toujours. Alors c'est vrai que les raisons sociaux n'aident pas, puisque maintenant je trouve que n'importe qui peut se mettre... derrière un écran et on dit ça les haters.

  • Speaker #0

    On avance masqué, oui, bien sûr.

  • Speaker #1

    Donc, pour moi, ça ne représente pas grand-chose. Je préfère le débat public et les confrontations, l'idée. Mais oui, après, on s'endurcit. Effectivement, on s'endurcit parce que moi, je pars du principe qu'on est quand même dans une grande comédie humaine, qu'on a tous notre rôle à jouer, qu'on essaye de jouer la partition avec le plus de sincérité possible. Mais voilà, c'est... Il y aura toujours un bourreau, il y aura toujours une victime, il y aura toujours un sauveur. Donc voilà, on essaye de naviguer au milieu de tout ça.

  • Speaker #0

    Elles apportent quoi, les femmes, dans cette arène politique ?

  • Speaker #1

    Un peu de douceur, le côté un peu nourricier. Et vous savez, je crois, il me semble qu'il y a peut-être un peu moins d'égo. Voilà, cette notion que je répète souvent de toute puissance. Voilà, de dire, moi je sais. Moi, j'ai. Moi, je suis plus fort. Peut-être qu'on l'a moins. Mais quand on prend le côté masculin du système, on peut devenir de redoutables guerrières aussi.

  • Speaker #0

    Vous l'avez un petit peu évoqué tout à l'heure, en parlant de quand vous étiez petite. Mais quand vous étiez petite fille, vous vouliez faire quoi plus grande ?

  • Speaker #1

    C'est quoi votre rêve d'enfant ? Les voyages. J'adorais tout ce qui était histoire et géopathie. Grotesque de l'air. Vous savez, moi, je suis des années des Trente Glorieuses. Alors, voilà. On parlait de la caravane, on parlait du concorde. Vous voyez ces jeunes femmes qui étaient toujours impeccables, qui nous accueillaient. Voilà, les voyages, les horizons lointains. Et puis j'avais un côté très créatif, j'étais dans mon monde. Et défendre, je n'étais pas une élève brillante, non. J'avais une petite faiblesse qui maintenant s'appelle la dyslexie et que j'aurais toujours. Parce que c'est un handicap. Oui,

  • Speaker #0

    on l'a compris.

  • Speaker #1

    Mais à l'époque, c'était quand même un peu de souffrance parce que ce n'était pas trop détecté. On fondait les mœux, les noeuds, les peaux. Et donc, je pense que ça aussi, ça m'a forgé. Ça m'a forgé. Et ça a été une grande blessure, mais en même temps, je me suis dit, on va y arriver. Avec du temps, on va y arriver.

  • Speaker #0

    Vous avez fait votre petite carapace déjà.

  • Speaker #1

    Oui.

  • Speaker #0

    Alors, vous avez fait quoi comme parcours ?

  • Speaker #1

    Alors, j'ai fait des études. des études secondaires à Lyon, puisque je venais de Saint-Priest et il n'y allait pas de lycée. J'en ai écumé quelques-uns, lycées, aux diverses raisons. Et puis après, je suis partie en ce qu'on appelle au BTS. J'étais au Crespal. Et voilà. Et après, j'ai eu l'opportunité de rentrer. En même temps, je faisais quelques heures dans la grande distribution, avec Carrefour, parce qu'ils cherchaient des mains pour gérer un peu leur rayon. Et... Et donc, après, je suis rentrée directement dans la grande distribution, dans le carrefour. Je ne suis pas restée longtemps parce que les fournisseurs, donc ceux qui étaient de l'autre côté de la barrière, un m'a proposé de partir à l'aventure dans le sud de la France. Et donc, j'ai commencé dans la papeterie française et j'y suis restée 20 ans.

  • Speaker #0

    Ah oui, d'accord. OK. Donc, vous avez fait une carrière professionnelle.

  • Speaker #1

    Oui, dans la papeterie, avec des belles marques, Steedpatch, Valéria, et plus de 20 ans chez UHU. Les sticks de colle, la pâte à fixe, vous voyez, et toujours en lien avec la bande de distribution, donc dans les fonctions commerciales, dans la fonction de key account manager de négociation. Et puis un jour, je me suis dit, je connais pas mal de monde dans ce milieu-là, c'est moi qui vais distribuer, donc je me suis mis une bonne compte et après, c'est enchaîné l'opportunité.

  • Speaker #0

    Donc vous avez fait tout le circuit finalement du secteur privé.

  • Speaker #1

    Les négociations, voilà. Donc ça vous sert ça, non ? Alors ça, ça me sert énormément. Mais ce qui me sert, c'est la relation justement avec, vous savez, on dit bien que les négociations avec ces grands groupes, Carrefour, Auchan, Casino et Leclerc, sont très dures. Je confirme, c'est très, très dur. Et vous vous dites, quand vous avez fait ça, vous vous dites, je suis à Guigui. J'ai fait plus dur. Oui, j'ai fait le plus dur, c'est terrible. Et puis non, en fin de compte, vous partez dans la politique et vous vous demandez, effectivement, le système est encore plus dur et plus court. Ah oui,

  • Speaker #0

    d'accord. Alors justement, vous arrivez un jour à devenir maire de Dessines. Comment ça s'est passé cette aventure ? Vous l'avez dit, il y a un élu qui vous a tendu la main, qui vous a dit vas-y

  • Speaker #1

    Cette ville a été longtemps et est restée longtemps à gauche, communiste et après évidemment socialiste. Et puis, normalement, ça destinait cette ville. Et puis, il y a eu le grand stade qui a un peu chamboulé un coup tout ça. Et puis moi, je suis arrivée. en proposant peut-être une vision autre de cette ville, un peu moins archaïque, peut-être plus dynamique. Puisque je venais d'autre part, donc j'étais décomplexée dans mes propositions. Pour autant, je ne connaissais pas comment ça s'organisait. Oui,

  • Speaker #0

    c'est ça. Parce que vous, là, vous étiez novice. Exactement. C'était la première campagne, c'était en quelle année ?

  • Speaker #1

    En 2014. Alors après, j'ai rassemblé autour de moi une armée mexicaine avec des gens de... de différents horizons, puisque là, on n'est pas dans le monde professionnel.

  • Speaker #0

    Oui, c'est ça, c'est un peu associatif quelque part.

  • Speaker #1

    Des universitaires, ou pas. Voilà, c'est la société ici. C'est la société civile, c'est la belle société. Et vous portez une autre image sur votre ville et vous avez envie de communiquer cet enthousiasme. C'était pas facile. Il y avait plusieurs listes et au deuxième tour, j'ai gagné. Et là, je me rappellerai toujours, le premier tour, c'est... tourné en tête de cinq mois. Déjà, moi, j'avais donné mes prologues. Le Miss Dessine, c'était incroyable, ça. Au bout de tant d'années, pratiquement 50 ans de gouvernance à gauche. Et le deuxième tour, c'est pourtant une triomphulaire. J'ai gagné. Et là, par contre, pour la première fois de m'habiller, je n'ai pas eu peur de perdre, mais j'ai vraiment eu peur de gagner. Et d'un coup, la charge de la mission qui allait m'attendre... Bien sûr ! Je me suis tombée sur les épaules. Et c'est vrai que j'ai vécu quelques mois d'où. C'est combien d'habitants des Sines-Charkiouk ?

  • Speaker #0

    30 000. Oui, donc là, ça devient costaud à assumer.

  • Speaker #1

    Et puis, il faut être à la hauteur de la charge. Il faut être à la hauteur de la charge. Je n'avais pas le code. Je ne connaissais pas le système administratif, ce qui est un peu lourd, on va dire, de commettre. Voilà, je ne savais pas comment ça s'organisait, même sur le plan financier. Vous savez, dans le privé. Il n'y a pas cette notion d'investissement, de fonctionnement. Les sections financières sont relativement pourreuses.

  • Speaker #0

    Ce ne sont pas du tout les mêmes constructions de budget.

  • Speaker #1

    Voilà, ce n'est pas du tout pareil, vous le savez Alexia. Et puis l'inertie, c'est-à-dire que quand on a une idée, déjà vous comprenez que ça ne va pas se faire dans les 24 heures qui suivent, et vous voyez tout le parcours administratif qui vous plombe. Ah non, vous ne pouvez pas, parce que là, vous comprenez. Ah non, attention. Après, les relations avec l'extérieur, donc la sphère politique, votre famille qui vous dit gentiment, moi je savais que vous n'allez pas gagner, mais bon. Pour certains, j'en doute encore. Et puis ceux qui ne vous attendaient pas et qui sont de l'autre côté, dans notre famille politique, qui vous attendent au tournant. Donc, ça a été un long parcours. En tout cas, la première année a été très, très longue. On a pu trouver des collaborateurs. Enfin, il y a eu plein de choses.

  • Speaker #0

    S'installer dans son landa, comme on dit, du coup, ça vous a été plutôt bénéfique puisque vous avez réitéré et vous avez été réélu.

  • Speaker #1

    Ce qui a été bénéfique, enfin, ce qui a été sympa, comme dans toute aventure humaine, c'est que justement, on rencontre des gens extraordinaires et bienveillants. On ne fait pas tout ça tout seul, quoi. On a à nos côtés des femmes et des hommes qui ont envie de vous accompagner parce que seuls, vous n'allez nulle part. Déjà vous avez vos élus qui étaient à grande zéro comme moi, mais on s'est soudés dans des moments difficiles. Et puis vous rencontrez des collaborateurs extraordinaires, des DGS, des DGA, des gens qui sont là pour vous aider, pour compléter aussi peut-être parfois vos lacunes, parce que vous dites moi j'ai renoncé à ma toute puissance. Et petit à petit on chemine, et on arrive à avoir des magnifiques succès au Brits.

  • Speaker #0

    Oui, et puis alors vous avez été réélu et vous avez aussi accompagné l'équipe régionale puisque vous êtes aussi également vice-présidence de la région Auvergne-Rhône-Alpes sur les questions de santé.

  • Speaker #1

    Alors ça aussi, c'était pas, Laurent a voulu absolument pour la campagne de 2021 les maires. Je me siégeais à la métropole de Lyon, parce qu'on fait partie de cette métropole de Lyon. Et Laurent insiste absolument. Donc, on a fait la campagne régionale. On avait une liste qui était menée à l'époque par Jérémy Béraud. Voilà, on a mis des bons scores en 2021 sur cette métropole. Ce n'était pas gagné. Et puis, pour moi, on avait fait le job et j'allais retourner dans la métropole. Et voilà, tout allait bien se passer. Et Laurent m'a appelé. quelques jours après son élection, en lui disant, bon, balance, relâche, je te propose la santé. Et là, le réflexe, toute femme, ah non, non, je ne suis pas médecin, je ne peux pas pouvoir me réveiller pour la santé. C'est quoi ça ? Tu plaisantes ? Il me dit, mais tu n'as pas compris, je te propose un poste de vice-présidente à la santé. Et là, c'est…

  • Speaker #0

    Donc, vous allez douter.

  • Speaker #1

    Ah oui, je passais derrière un grand docteur qui est maintenant député et qui est en charge. de commission à l'Assemblée nationale, qui est Yannick Ledeur, qui est un cardiologue, qui est quelqu'un de réputé, renommé. Et donc, moi, petite mère de Dessine Charpieux, m'occuper de la santé, pour moi, c'était un peu irréel.

  • Speaker #0

    Mais finalement, les mandats, parce que ce que les gens, je ne sais pas, mais les mandats, finalement, c'est d'avoir une vision, c'est d'impulser des idées, des projets, des initiatives. Après, vous êtes accompagné, vous le disiez tout à l'heure, vous avez référence dans votre directrice générale des services, mais vous avez aussi tout un écosystème de fonctionnaires, de gens qui vous accompagnent.

  • Speaker #1

    Oui. Donc, vous n'êtes pas tout seul dans votre mandat. Au début, quand ça vous tombe dessus, vous vous sentez tout seul. Mais effectivement, alors au départ, c'est un peu compliqué parce que cette collectivité, vous savez que les fonctionnaires sont là, ils ont la garantie de leur emploi ad vitam aeternam. Roulez pas. pour un projet qui allait être un projet plutôt, mon projet de mandat. Donc ça a été compliqué de changer aussi d'air, c'est compliqué pour certains. Donc il a fallu que certains partent sur d'autres collectivités, peut-être plus accueillantes, et d'autres arrivent dans ma collectivité où ils allaient pouvoir s'exprimer. Voilà, ça a pris un temps.

  • Speaker #0

    Qu'est-ce qui est le plus difficile à l'aune de votre expérience maintenant sur cet engagement politique ? Est-ce que... Parce que là, vous l'avez dit un petit peu, c'est difficile d'un peu partout. C'est difficile, la conquête est une étape, l'exercice du pouvoir en est autre. Est-ce que c'est difficile l'exercice du pouvoir ? On pose souvent cette question aux femmes.

  • Speaker #1

    Je ne trouve pas, c'est contraignant puisqu'il faut donner beaucoup d'énergie, beaucoup de présence, il faut être présente, il faut être là. Mais c'est passionnant. Voilà, c'est passionnant. Passionnant.

  • Speaker #0

    Ça permet de faire quoi d'être engageant politique ? C'est concret,

  • Speaker #1

    vous trouvez ? Moi, j'ai la chance de pouvoir desserrer une ville. Voilà. Ouais,

  • Speaker #0

    ça c'est fabuleux.

  • Speaker #1

    J'ai le pouvoir de mettre des fleurs. J'ai le pouvoir de rassembler les gens. J'ai le pouvoir, comme récemment, il y a quelques jours, on a fait des six nuits, on a une petite ville de 30 000 habitants, on a rassemblé 17 000 personnes. On a fait des choses magnifiques avec des chalets, avec... parade de Noël avec un moment où tout ce qui peut arriver dans notre société d'un peu plus sombre s'efface et fait place à la lumière. Ça, c'est extraordinaire. Quand vous allez, quand vous faites des événements inclusifs, quand vous faites des beaux projets structurants, en équipement, quand vous fabriquez, quand vous lancez, quand vous inaugurez une école, tous ces moments-là, ou une halle gourmande, tous ces moments-là, rien que de les revoir. m'évoque beaucoup d'émotions. Ça gomme tous les ennuis que tous les matins vous arrivez. Alors moi, j'ai la chance d'avoir un caractère relativement linéaire. On arrive toujours avec le smell. Et puis vous avez, comme dit, des ennuis qui arrivent en fil des heures qui s'avolent en patrouille. Et puis le soir, vous avez un petit plus mou, puis vous allez faire une bonne nuit de sommeil. Le lendemain, on revient avec le smell. Et parce que les gens autour de moi aussi ont cette énergie. Voilà. Parce que si on est tous, on arrive. On se dit, oh là là, on ne va pas s'en sortir. On n'a pas de premier ministre. Les dotations d'État baissent. Enfin, voilà. Et si on fait la liste des problèmes, on ne s'en sort plus. On donne les pieds de la maison. J'ai eu des moments d'abattement profond en disant, mais cette vie, il faut qu'on l'aide. Parce qu'elle avait été mal gérée financièrement. Elle n'était pas en état au niveau finance. Tout le monde le savait. Gérard Pollon le savait. Et j'ai eu des moments où j'avais franchement envie de rendre le tablier, je ne pouvais plus faire, je ne pouvais plus faire. Parce qu'en plus de ça, on a essuyé toutes les merdes, toute obédience confondue, des crises économiques, sanitaires, qui nous ont fait même fragiliser. Mais on est encore là.

  • Speaker #0

    Quel conseil vous auriez envie de donner aux femmes qui nous écoutent, qui nous regardent et qui se disent, c'est vrai, moi j'aimerais bien peut-être engager en politique, mais je ne connais personne, je ne suis pas dans un parti politique et puis ça a l'air beaucoup trop compliqué. Qu'est-ce que vous avez envie de leur dire ?

  • Speaker #1

    Qu'elles osent tout simplement, qu'elles s'imposent, qu'elles sachent saisir, c'est dur pour une discrétion, qu'elles sachent saisir l'opportunité.

  • Speaker #0

    Et on la crée comment si personne ne vous tend la main ? Il faut pousser la porte de son...

  • Speaker #1

    Pousser la porte de sa mairie,

  • Speaker #0

    il faut rencontrer les élus.

  • Speaker #1

    Oui, il faut rencontrer. On cherche nos bézalins. Et même quand on constitue une équipe municipale, où il y a la parité qui s'impose, c'est toujours pas évident de trouver des phares. On ne cherche pas obligatoirement des ingénieurs. On cherche des personnes qui ont envie de vrai prendre collectivité.

  • Speaker #0

    Et Laurence, dernière question d'émission, je ne vais pas vous dire une baguette de magie parce que vous êtes aux monnettes, mais si vous étiez dommée demain ministre, quelles mesures vous auriez envie de mettre en place pour que les femmes soient présentes dans ce débat public ?

  • Speaker #1

    Alors la parité impose déjà à ces messieurs le fait de laisser quelques places. Je pense que pour certains, ça les enchante guère, mais il faudrait peut-être plus l'imposer partout. Voilà, dans les conseils d'administration. effectivement dans les collectivités, dans toutes les assemblées. Voilà, de fait, comme ça, il faut qu'il y ait une femme, un homme, une femme, un homme, une femme. Et peut-être pareil pour un gouvernement, ce qui n'est pas souvent le cas. Pareil pour le Sénat. Bien sûr,

  • Speaker #0

    34% de femmes seulement.

  • Speaker #1

    Voilà, 34% de femmes. Alors nous avons progressé, les cieux sénateurs. À l'Assemblée nationale, on a régressé. Et d'un côté, ça progresse, de l'autre, ça reste. Donc, vous voyez, dans ces grandes assemblées, il faudrait quand même qu'il y ait une parité, que le système impose cette parité.

  • Speaker #0

    Trouver un fonctionnement pour que la parité soit tout le temps respectée.

  • Speaker #1

    Oui, ça ne sera pas naturel.

  • Speaker #0

    Très bien, Laurence. Écoutez, on va bien noter précieusement vos conseils dans notre livre blanc. Merci en tous les cas d'avoir pris de votre temps pour venir partager ce Café des Lyonnes avec nous ce matin. J'espère que ça vous aura plu. Et moi, je vous donne rendez-vous la semaine prochaine. Pour un prochain, je te fais des coups.

Share

Embed

You may also like

Description

🗣️: « De fait, quand on naît femme, on sait que nous serons engagées toute notre vie durant, auprès de nos familles, de nos enfants, de notre ville, du monde associatif, dans plein de domaines on sait que l’on jouera un rôle essentiel, donc pour moi, l’engagement est quelque chose d’inné. Toutes les femmes du monde sont engagées!  »


Issue de la « société civile », elle a eu un parcours professionnel de 20 ans dans le secteur privé, avant de saisir une opportunité qui s’est présentée à elle, celle de s’engager dans la vie publique, pour devenir la Maire de la commune Décines-Charpieu au sein de la Métropole de Lyon. Et les femmes ne sont encore que 17% au niveau national à exercer le mandat de Maire. Un mandat renouvelé en 2020, et qu’elle complète aujourd’hui par une implication de vice-présidente de la Région Auvergne Rhône Alpes en charge de la santé.


Si elle a dû apprendre à faire sa place dans une fonction politique loin d’être tendre, Laurence Fautra est une personnalité attachante, directe, qui n’a pas sa langue dans sa poche.


Au micro du Café des Lyonnes, elle aborde tous les sujets qui questionnent tant les femmes : syndrome de l’imposteur, légitimité, goût des autres, façon d’aborder l’engagement dans le débat public, sens de la négociation.


🎧 Découvrez son témoignage inspirant dans ce nouvel épisode, désormais disponible sur YouTube, Spotify, Deezer, iTunes et SoundCloud.


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Bonjour et bienvenue à ce nouveau Café d'Elia. Bonjour Laurence.

  • Speaker #1

    Bonjour Alexandra.

  • Speaker #0

    Alors ce matin, j'ai le plaisir d'accueillir Laurence Ausha. Vous êtes la maire de Dessine, la belle commune de la métropole de Lyon, mais également vice-présidente de la région Auvergne-Renamp, déléguée à la santé, à la récente santé, c'est ça ?

  • Speaker #1

    Et je suis la maire de Dessine-Charpieux.

  • Speaker #0

    J'avais oublié un morceau important de la commune. Toutes mes excuses. On est accueillis dans les fabuleux locaux de l'intercontinental Hôtel-Dieu ce matin, Laurence, et on va parler d'engagement dans le débat public, on va parler de la place des femmes en politique. Vous savez que c'est un sujet qui nous tient à cœur, nous au Café des Lyonnes, cette question d'engagement dans l'espace public. Et donc vous faites partie de ces femmes qui sont engagées, qui ont choisi de prendre la parole. Donc on va vous interroger, on va échanger avec vous ce matin. Mais d'abord, première question de l'émission, Laurence, vous la connaissez ? Est-ce que vous êtes une femme engagée, justement ? Et surtout, ça veut dire quoi pour vous, cette question d'engagement ?

  • Speaker #1

    Alors, je ne sais pas si le sens engagée pour une femme est nécessaire, puisque de fait, quand on est femme, automatiquement, on sait qu'on ne se peut pas engager toute notre vie. On sera engagé auprès de nos familles, de mes enfants, de notre vie, du monde associatif, dans plein de domaines. On sait qu'on jouera un rôle essentiel. Pour moi, l'engagement, c'est quelque chose d'îlé. C'est pas quelque chose qui s'acquiert, c'est de fait.

  • Speaker #0

    Mais vous pensez que c'est inné chez les femmes particulièrement plus que chez les hommes ?

  • Speaker #1

    C'est de fait. Vous savez, quand vous prenez soin de votre famille, comme les Lyonnes, de votre tribu, vous vous engagez au quotidien auprès des gens que vous aimez. Et voilà, donc il n'y a pas besoin de signifier plus mon engagement. Toutes les femmes du monde sont engagées pour aller chercher de l'eau. ou plus loin des villages, dans des combats politiques, dans une lutte pour leur égalité, leur droit. Toutes les femmes du monde sont obligées, à mon sens.

  • Speaker #0

    À votre sens. Et alors, chez vous,

  • Speaker #1

    ça se matérialise comment, cet engagement ? Il se traduit comment ?

  • Speaker #0

    Au-delà de maîtriser ce que vous, vous avez choisi d'occuper des fonctions, d'aller chercher des membres, d'aller porter, représenter la parole des autres ?

  • Speaker #1

    Alors, pour moi, je ne sais pas si c'est un choix. J'ai plutôt saisi une opportunité qui se présentait à moi. Mais le fait de représenter, d'aider, d'aller sauver, toutes ces notions-là, je les ai eues depuis toute petite. Vous savez, dans le cadre des écoles, vous vous demandiez qui veut être délégué de classe. J'étais chaque année... Ah ok, tout à fait. J'étais partante. Donc après, j'ai eu une vie qui n'a rien à voir avec la politique. Et je dis tant mieux. Je ne fais pas partie de ce serail. Ça m'a permis d'avoir une autre existence et rencontrer... des gens d'un autre milieu. Et puis un jour, il y a un monsieur qui était député à l'École qui s'appelle Philippe Meunier, me dit, écoute, est-ce que ça t'intéresserait de partir pour des signes Ausha ? Et en disant ça, il me disait aussi, bon, ça ne sera pas gagnable, mais tu as du bagout, tu en imposes un peu, tu n'as rien à perdre, vas-y. Et j'ai trouvé, comme j'aime le challenge, je trouvais que ce challenge était intéressant et effectivement, je n'avais rien à perdre. Par contre, je ne savais pas que j'allais gagner.

  • Speaker #0

    Ça, c'est pour ce qui est votre parcours. Mais avant ça, quel est votre sentiment sur la place des femmes aujourd'hui dans la société française ? Est-ce que vous trouvez que les femmes sont assez présentes aujourd'hui dans le débat public ?

  • Speaker #1

    Mais non, et encore moins en politique. Je crois que les représentants, à peine 17% des maires sont des femmes. Et ils ne sont pas, entre guillemets, on ne les impose pas, ils ne sont pas obligatoires. Il n'y a pas de cette notion de parité. Donc, évidemment, elles ont peur de prendre ces places. Vous savez, c'est toujours le syndrome de l'imposteur. On n'est jamais à la bonne place. On n'a jamais les compétences à la tour. Mais les compétences, c'est celles, en tout cas pour Fana Politique, c'est d'avoir le goût des autres. Je crois que les femmes ont le goût des autres. Je crois. Il faut qu'elles osent. Il faut qu'elles aient prêt ce courage. Elles osent. Elles ont une façon d'aborder la vie, les problèmes, autre que ces messieurs. Je ne suis pas une grande féministe parce qu'on a besoin d'être ensemble pour avancer. Mais je leur demande, allez-y, n'ayez pas peur, faites-vous confiance. Pourquoi vous ne serez pas légitime ? Mais pourquoi vous n'allez pas porter le même regard à un autre enfant qui est le vôtre, ou à une autre mamie qui n'est peut-être pas la vôtre ?

  • Speaker #0

    Mais sur la fonction politique, elle fait souvent peur, parce que la fonction politique, elle a l'air difficile,

  • Speaker #1

    elle a l'air âpre parfois. Elle est âpre, elle est rude, elle est impitoyable. C'est un monde, par contre, d'hommes, avec un système bien organisé. Et c'est vrai que malheureusement, quand on arrive dans ce système, alors moi, pour le coup, je l'ai découvert. Moi, j'avais des grands-monsieurs devant moi. Dès le bas, j'avais Gérard Collomb, j'avais Jean-Michel Aulas, j'avais M. le préfet Caranco. J'avais M. Mercier qui était au Conseil général. Et ces hommes-là, dans l'échiquier, qu'est-ce que je posais ? Rien ! Voilà, je n'étais rien. Donc j'ai eu deux solutions. Soit je faisais preuve d'allégeance et je baissais l'échiquier. Soit je leur montrais que j'avais un petit peu de la répartie. Donc comme on dit, on y va un peu au talent. Et on force un peu le trait. Et des fois, on pousse même à la caricature. Mais ils ne comprennent que les rapports de force, ces hommes-là. Ils ne vous respectent. J'ai un recollant de respect. que ça. Il fallait lui montrer qu'on avait du tempérament, qu'on défendait nos dossiers. Et ça, je me souviens, parce que à la fin, malheureusement, de son parcours politique, et aussi un que de lui, il me disait qu'il avait apprécié le fait que, voilà, on ait pu...

  • Speaker #0

    Et pour ça, il faut avoir un peu le cuir solide, parce que, enfin, on parlait tout à l'heure, mais dans la fonction, on va les demander de vous exercer, il y a des mots durs, il y a des attaques personnelles.

  • Speaker #1

    Il y a des critiques,

  • Speaker #0

    c'est assez vachard, entre guillemets. Et ça, ça ne vous attend pas ? Non,

  • Speaker #1

    alors quand on avance un peu dans l'âge, on prend aussi un peu les choses avec un peu plus de hauteur et puis on fait du travail aussi sur soi, tout simplement en se disant, on fait partie d'une grande pièce de théâtre et des gens qui sont haineux, il y en aura toujours. Alors c'est vrai que les raisons sociaux n'aident pas, puisque maintenant je trouve que n'importe qui peut se mettre... derrière un écran et on dit ça les haters.

  • Speaker #0

    On avance masqué, oui, bien sûr.

  • Speaker #1

    Donc, pour moi, ça ne représente pas grand-chose. Je préfère le débat public et les confrontations, l'idée. Mais oui, après, on s'endurcit. Effectivement, on s'endurcit parce que moi, je pars du principe qu'on est quand même dans une grande comédie humaine, qu'on a tous notre rôle à jouer, qu'on essaye de jouer la partition avec le plus de sincérité possible. Mais voilà, c'est... Il y aura toujours un bourreau, il y aura toujours une victime, il y aura toujours un sauveur. Donc voilà, on essaye de naviguer au milieu de tout ça.

  • Speaker #0

    Elles apportent quoi, les femmes, dans cette arène politique ?

  • Speaker #1

    Un peu de douceur, le côté un peu nourricier. Et vous savez, je crois, il me semble qu'il y a peut-être un peu moins d'égo. Voilà, cette notion que je répète souvent de toute puissance. Voilà, de dire, moi je sais. Moi, j'ai. Moi, je suis plus fort. Peut-être qu'on l'a moins. Mais quand on prend le côté masculin du système, on peut devenir de redoutables guerrières aussi.

  • Speaker #0

    Vous l'avez un petit peu évoqué tout à l'heure, en parlant de quand vous étiez petite. Mais quand vous étiez petite fille, vous vouliez faire quoi plus grande ?

  • Speaker #1

    C'est quoi votre rêve d'enfant ? Les voyages. J'adorais tout ce qui était histoire et géopathie. Grotesque de l'air. Vous savez, moi, je suis des années des Trente Glorieuses. Alors, voilà. On parlait de la caravane, on parlait du concorde. Vous voyez ces jeunes femmes qui étaient toujours impeccables, qui nous accueillaient. Voilà, les voyages, les horizons lointains. Et puis j'avais un côté très créatif, j'étais dans mon monde. Et défendre, je n'étais pas une élève brillante, non. J'avais une petite faiblesse qui maintenant s'appelle la dyslexie et que j'aurais toujours. Parce que c'est un handicap. Oui,

  • Speaker #0

    on l'a compris.

  • Speaker #1

    Mais à l'époque, c'était quand même un peu de souffrance parce que ce n'était pas trop détecté. On fondait les mœux, les noeuds, les peaux. Et donc, je pense que ça aussi, ça m'a forgé. Ça m'a forgé. Et ça a été une grande blessure, mais en même temps, je me suis dit, on va y arriver. Avec du temps, on va y arriver.

  • Speaker #0

    Vous avez fait votre petite carapace déjà.

  • Speaker #1

    Oui.

  • Speaker #0

    Alors, vous avez fait quoi comme parcours ?

  • Speaker #1

    Alors, j'ai fait des études. des études secondaires à Lyon, puisque je venais de Saint-Priest et il n'y allait pas de lycée. J'en ai écumé quelques-uns, lycées, aux diverses raisons. Et puis après, je suis partie en ce qu'on appelle au BTS. J'étais au Crespal. Et voilà. Et après, j'ai eu l'opportunité de rentrer. En même temps, je faisais quelques heures dans la grande distribution, avec Carrefour, parce qu'ils cherchaient des mains pour gérer un peu leur rayon. Et... Et donc, après, je suis rentrée directement dans la grande distribution, dans le carrefour. Je ne suis pas restée longtemps parce que les fournisseurs, donc ceux qui étaient de l'autre côté de la barrière, un m'a proposé de partir à l'aventure dans le sud de la France. Et donc, j'ai commencé dans la papeterie française et j'y suis restée 20 ans.

  • Speaker #0

    Ah oui, d'accord. OK. Donc, vous avez fait une carrière professionnelle.

  • Speaker #1

    Oui, dans la papeterie, avec des belles marques, Steedpatch, Valéria, et plus de 20 ans chez UHU. Les sticks de colle, la pâte à fixe, vous voyez, et toujours en lien avec la bande de distribution, donc dans les fonctions commerciales, dans la fonction de key account manager de négociation. Et puis un jour, je me suis dit, je connais pas mal de monde dans ce milieu-là, c'est moi qui vais distribuer, donc je me suis mis une bonne compte et après, c'est enchaîné l'opportunité.

  • Speaker #0

    Donc vous avez fait tout le circuit finalement du secteur privé.

  • Speaker #1

    Les négociations, voilà. Donc ça vous sert ça, non ? Alors ça, ça me sert énormément. Mais ce qui me sert, c'est la relation justement avec, vous savez, on dit bien que les négociations avec ces grands groupes, Carrefour, Auchan, Casino et Leclerc, sont très dures. Je confirme, c'est très, très dur. Et vous vous dites, quand vous avez fait ça, vous vous dites, je suis à Guigui. J'ai fait plus dur. Oui, j'ai fait le plus dur, c'est terrible. Et puis non, en fin de compte, vous partez dans la politique et vous vous demandez, effectivement, le système est encore plus dur et plus court. Ah oui,

  • Speaker #0

    d'accord. Alors justement, vous arrivez un jour à devenir maire de Dessines. Comment ça s'est passé cette aventure ? Vous l'avez dit, il y a un élu qui vous a tendu la main, qui vous a dit vas-y

  • Speaker #1

    Cette ville a été longtemps et est restée longtemps à gauche, communiste et après évidemment socialiste. Et puis, normalement, ça destinait cette ville. Et puis, il y a eu le grand stade qui a un peu chamboulé un coup tout ça. Et puis moi, je suis arrivée. en proposant peut-être une vision autre de cette ville, un peu moins archaïque, peut-être plus dynamique. Puisque je venais d'autre part, donc j'étais décomplexée dans mes propositions. Pour autant, je ne connaissais pas comment ça s'organisait. Oui,

  • Speaker #0

    c'est ça. Parce que vous, là, vous étiez novice. Exactement. C'était la première campagne, c'était en quelle année ?

  • Speaker #1

    En 2014. Alors après, j'ai rassemblé autour de moi une armée mexicaine avec des gens de... de différents horizons, puisque là, on n'est pas dans le monde professionnel.

  • Speaker #0

    Oui, c'est ça, c'est un peu associatif quelque part.

  • Speaker #1

    Des universitaires, ou pas. Voilà, c'est la société ici. C'est la société civile, c'est la belle société. Et vous portez une autre image sur votre ville et vous avez envie de communiquer cet enthousiasme. C'était pas facile. Il y avait plusieurs listes et au deuxième tour, j'ai gagné. Et là, je me rappellerai toujours, le premier tour, c'est... tourné en tête de cinq mois. Déjà, moi, j'avais donné mes prologues. Le Miss Dessine, c'était incroyable, ça. Au bout de tant d'années, pratiquement 50 ans de gouvernance à gauche. Et le deuxième tour, c'est pourtant une triomphulaire. J'ai gagné. Et là, par contre, pour la première fois de m'habiller, je n'ai pas eu peur de perdre, mais j'ai vraiment eu peur de gagner. Et d'un coup, la charge de la mission qui allait m'attendre... Bien sûr ! Je me suis tombée sur les épaules. Et c'est vrai que j'ai vécu quelques mois d'où. C'est combien d'habitants des Sines-Charkiouk ?

  • Speaker #0

    30 000. Oui, donc là, ça devient costaud à assumer.

  • Speaker #1

    Et puis, il faut être à la hauteur de la charge. Il faut être à la hauteur de la charge. Je n'avais pas le code. Je ne connaissais pas le système administratif, ce qui est un peu lourd, on va dire, de commettre. Voilà, je ne savais pas comment ça s'organisait, même sur le plan financier. Vous savez, dans le privé. Il n'y a pas cette notion d'investissement, de fonctionnement. Les sections financières sont relativement pourreuses.

  • Speaker #0

    Ce ne sont pas du tout les mêmes constructions de budget.

  • Speaker #1

    Voilà, ce n'est pas du tout pareil, vous le savez Alexia. Et puis l'inertie, c'est-à-dire que quand on a une idée, déjà vous comprenez que ça ne va pas se faire dans les 24 heures qui suivent, et vous voyez tout le parcours administratif qui vous plombe. Ah non, vous ne pouvez pas, parce que là, vous comprenez. Ah non, attention. Après, les relations avec l'extérieur, donc la sphère politique, votre famille qui vous dit gentiment, moi je savais que vous n'allez pas gagner, mais bon. Pour certains, j'en doute encore. Et puis ceux qui ne vous attendaient pas et qui sont de l'autre côté, dans notre famille politique, qui vous attendent au tournant. Donc, ça a été un long parcours. En tout cas, la première année a été très, très longue. On a pu trouver des collaborateurs. Enfin, il y a eu plein de choses.

  • Speaker #0

    S'installer dans son landa, comme on dit, du coup, ça vous a été plutôt bénéfique puisque vous avez réitéré et vous avez été réélu.

  • Speaker #1

    Ce qui a été bénéfique, enfin, ce qui a été sympa, comme dans toute aventure humaine, c'est que justement, on rencontre des gens extraordinaires et bienveillants. On ne fait pas tout ça tout seul, quoi. On a à nos côtés des femmes et des hommes qui ont envie de vous accompagner parce que seuls, vous n'allez nulle part. Déjà vous avez vos élus qui étaient à grande zéro comme moi, mais on s'est soudés dans des moments difficiles. Et puis vous rencontrez des collaborateurs extraordinaires, des DGS, des DGA, des gens qui sont là pour vous aider, pour compléter aussi peut-être parfois vos lacunes, parce que vous dites moi j'ai renoncé à ma toute puissance. Et petit à petit on chemine, et on arrive à avoir des magnifiques succès au Brits.

  • Speaker #0

    Oui, et puis alors vous avez été réélu et vous avez aussi accompagné l'équipe régionale puisque vous êtes aussi également vice-présidence de la région Auvergne-Rhône-Alpes sur les questions de santé.

  • Speaker #1

    Alors ça aussi, c'était pas, Laurent a voulu absolument pour la campagne de 2021 les maires. Je me siégeais à la métropole de Lyon, parce qu'on fait partie de cette métropole de Lyon. Et Laurent insiste absolument. Donc, on a fait la campagne régionale. On avait une liste qui était menée à l'époque par Jérémy Béraud. Voilà, on a mis des bons scores en 2021 sur cette métropole. Ce n'était pas gagné. Et puis, pour moi, on avait fait le job et j'allais retourner dans la métropole. Et voilà, tout allait bien se passer. Et Laurent m'a appelé. quelques jours après son élection, en lui disant, bon, balance, relâche, je te propose la santé. Et là, le réflexe, toute femme, ah non, non, je ne suis pas médecin, je ne peux pas pouvoir me réveiller pour la santé. C'est quoi ça ? Tu plaisantes ? Il me dit, mais tu n'as pas compris, je te propose un poste de vice-présidente à la santé. Et là, c'est…

  • Speaker #0

    Donc, vous allez douter.

  • Speaker #1

    Ah oui, je passais derrière un grand docteur qui est maintenant député et qui est en charge. de commission à l'Assemblée nationale, qui est Yannick Ledeur, qui est un cardiologue, qui est quelqu'un de réputé, renommé. Et donc, moi, petite mère de Dessine Charpieux, m'occuper de la santé, pour moi, c'était un peu irréel.

  • Speaker #0

    Mais finalement, les mandats, parce que ce que les gens, je ne sais pas, mais les mandats, finalement, c'est d'avoir une vision, c'est d'impulser des idées, des projets, des initiatives. Après, vous êtes accompagné, vous le disiez tout à l'heure, vous avez référence dans votre directrice générale des services, mais vous avez aussi tout un écosystème de fonctionnaires, de gens qui vous accompagnent.

  • Speaker #1

    Oui. Donc, vous n'êtes pas tout seul dans votre mandat. Au début, quand ça vous tombe dessus, vous vous sentez tout seul. Mais effectivement, alors au départ, c'est un peu compliqué parce que cette collectivité, vous savez que les fonctionnaires sont là, ils ont la garantie de leur emploi ad vitam aeternam. Roulez pas. pour un projet qui allait être un projet plutôt, mon projet de mandat. Donc ça a été compliqué de changer aussi d'air, c'est compliqué pour certains. Donc il a fallu que certains partent sur d'autres collectivités, peut-être plus accueillantes, et d'autres arrivent dans ma collectivité où ils allaient pouvoir s'exprimer. Voilà, ça a pris un temps.

  • Speaker #0

    Qu'est-ce qui est le plus difficile à l'aune de votre expérience maintenant sur cet engagement politique ? Est-ce que... Parce que là, vous l'avez dit un petit peu, c'est difficile d'un peu partout. C'est difficile, la conquête est une étape, l'exercice du pouvoir en est autre. Est-ce que c'est difficile l'exercice du pouvoir ? On pose souvent cette question aux femmes.

  • Speaker #1

    Je ne trouve pas, c'est contraignant puisqu'il faut donner beaucoup d'énergie, beaucoup de présence, il faut être présente, il faut être là. Mais c'est passionnant. Voilà, c'est passionnant. Passionnant.

  • Speaker #0

    Ça permet de faire quoi d'être engageant politique ? C'est concret,

  • Speaker #1

    vous trouvez ? Moi, j'ai la chance de pouvoir desserrer une ville. Voilà. Ouais,

  • Speaker #0

    ça c'est fabuleux.

  • Speaker #1

    J'ai le pouvoir de mettre des fleurs. J'ai le pouvoir de rassembler les gens. J'ai le pouvoir, comme récemment, il y a quelques jours, on a fait des six nuits, on a une petite ville de 30 000 habitants, on a rassemblé 17 000 personnes. On a fait des choses magnifiques avec des chalets, avec... parade de Noël avec un moment où tout ce qui peut arriver dans notre société d'un peu plus sombre s'efface et fait place à la lumière. Ça, c'est extraordinaire. Quand vous allez, quand vous faites des événements inclusifs, quand vous faites des beaux projets structurants, en équipement, quand vous fabriquez, quand vous lancez, quand vous inaugurez une école, tous ces moments-là, ou une halle gourmande, tous ces moments-là, rien que de les revoir. m'évoque beaucoup d'émotions. Ça gomme tous les ennuis que tous les matins vous arrivez. Alors moi, j'ai la chance d'avoir un caractère relativement linéaire. On arrive toujours avec le smell. Et puis vous avez, comme dit, des ennuis qui arrivent en fil des heures qui s'avolent en patrouille. Et puis le soir, vous avez un petit plus mou, puis vous allez faire une bonne nuit de sommeil. Le lendemain, on revient avec le smell. Et parce que les gens autour de moi aussi ont cette énergie. Voilà. Parce que si on est tous, on arrive. On se dit, oh là là, on ne va pas s'en sortir. On n'a pas de premier ministre. Les dotations d'État baissent. Enfin, voilà. Et si on fait la liste des problèmes, on ne s'en sort plus. On donne les pieds de la maison. J'ai eu des moments d'abattement profond en disant, mais cette vie, il faut qu'on l'aide. Parce qu'elle avait été mal gérée financièrement. Elle n'était pas en état au niveau finance. Tout le monde le savait. Gérard Pollon le savait. Et j'ai eu des moments où j'avais franchement envie de rendre le tablier, je ne pouvais plus faire, je ne pouvais plus faire. Parce qu'en plus de ça, on a essuyé toutes les merdes, toute obédience confondue, des crises économiques, sanitaires, qui nous ont fait même fragiliser. Mais on est encore là.

  • Speaker #0

    Quel conseil vous auriez envie de donner aux femmes qui nous écoutent, qui nous regardent et qui se disent, c'est vrai, moi j'aimerais bien peut-être engager en politique, mais je ne connais personne, je ne suis pas dans un parti politique et puis ça a l'air beaucoup trop compliqué. Qu'est-ce que vous avez envie de leur dire ?

  • Speaker #1

    Qu'elles osent tout simplement, qu'elles s'imposent, qu'elles sachent saisir, c'est dur pour une discrétion, qu'elles sachent saisir l'opportunité.

  • Speaker #0

    Et on la crée comment si personne ne vous tend la main ? Il faut pousser la porte de son...

  • Speaker #1

    Pousser la porte de sa mairie,

  • Speaker #0

    il faut rencontrer les élus.

  • Speaker #1

    Oui, il faut rencontrer. On cherche nos bézalins. Et même quand on constitue une équipe municipale, où il y a la parité qui s'impose, c'est toujours pas évident de trouver des phares. On ne cherche pas obligatoirement des ingénieurs. On cherche des personnes qui ont envie de vrai prendre collectivité.

  • Speaker #0

    Et Laurence, dernière question d'émission, je ne vais pas vous dire une baguette de magie parce que vous êtes aux monnettes, mais si vous étiez dommée demain ministre, quelles mesures vous auriez envie de mettre en place pour que les femmes soient présentes dans ce débat public ?

  • Speaker #1

    Alors la parité impose déjà à ces messieurs le fait de laisser quelques places. Je pense que pour certains, ça les enchante guère, mais il faudrait peut-être plus l'imposer partout. Voilà, dans les conseils d'administration. effectivement dans les collectivités, dans toutes les assemblées. Voilà, de fait, comme ça, il faut qu'il y ait une femme, un homme, une femme, un homme, une femme. Et peut-être pareil pour un gouvernement, ce qui n'est pas souvent le cas. Pareil pour le Sénat. Bien sûr,

  • Speaker #0

    34% de femmes seulement.

  • Speaker #1

    Voilà, 34% de femmes. Alors nous avons progressé, les cieux sénateurs. À l'Assemblée nationale, on a régressé. Et d'un côté, ça progresse, de l'autre, ça reste. Donc, vous voyez, dans ces grandes assemblées, il faudrait quand même qu'il y ait une parité, que le système impose cette parité.

  • Speaker #0

    Trouver un fonctionnement pour que la parité soit tout le temps respectée.

  • Speaker #1

    Oui, ça ne sera pas naturel.

  • Speaker #0

    Très bien, Laurence. Écoutez, on va bien noter précieusement vos conseils dans notre livre blanc. Merci en tous les cas d'avoir pris de votre temps pour venir partager ce Café des Lyonnes avec nous ce matin. J'espère que ça vous aura plu. Et moi, je vous donne rendez-vous la semaine prochaine. Pour un prochain, je te fais des coups.

Description

🗣️: « De fait, quand on naît femme, on sait que nous serons engagées toute notre vie durant, auprès de nos familles, de nos enfants, de notre ville, du monde associatif, dans plein de domaines on sait que l’on jouera un rôle essentiel, donc pour moi, l’engagement est quelque chose d’inné. Toutes les femmes du monde sont engagées!  »


Issue de la « société civile », elle a eu un parcours professionnel de 20 ans dans le secteur privé, avant de saisir une opportunité qui s’est présentée à elle, celle de s’engager dans la vie publique, pour devenir la Maire de la commune Décines-Charpieu au sein de la Métropole de Lyon. Et les femmes ne sont encore que 17% au niveau national à exercer le mandat de Maire. Un mandat renouvelé en 2020, et qu’elle complète aujourd’hui par une implication de vice-présidente de la Région Auvergne Rhône Alpes en charge de la santé.


Si elle a dû apprendre à faire sa place dans une fonction politique loin d’être tendre, Laurence Fautra est une personnalité attachante, directe, qui n’a pas sa langue dans sa poche.


Au micro du Café des Lyonnes, elle aborde tous les sujets qui questionnent tant les femmes : syndrome de l’imposteur, légitimité, goût des autres, façon d’aborder l’engagement dans le débat public, sens de la négociation.


🎧 Découvrez son témoignage inspirant dans ce nouvel épisode, désormais disponible sur YouTube, Spotify, Deezer, iTunes et SoundCloud.


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Bonjour et bienvenue à ce nouveau Café d'Elia. Bonjour Laurence.

  • Speaker #1

    Bonjour Alexandra.

  • Speaker #0

    Alors ce matin, j'ai le plaisir d'accueillir Laurence Ausha. Vous êtes la maire de Dessine, la belle commune de la métropole de Lyon, mais également vice-présidente de la région Auvergne-Renamp, déléguée à la santé, à la récente santé, c'est ça ?

  • Speaker #1

    Et je suis la maire de Dessine-Charpieux.

  • Speaker #0

    J'avais oublié un morceau important de la commune. Toutes mes excuses. On est accueillis dans les fabuleux locaux de l'intercontinental Hôtel-Dieu ce matin, Laurence, et on va parler d'engagement dans le débat public, on va parler de la place des femmes en politique. Vous savez que c'est un sujet qui nous tient à cœur, nous au Café des Lyonnes, cette question d'engagement dans l'espace public. Et donc vous faites partie de ces femmes qui sont engagées, qui ont choisi de prendre la parole. Donc on va vous interroger, on va échanger avec vous ce matin. Mais d'abord, première question de l'émission, Laurence, vous la connaissez ? Est-ce que vous êtes une femme engagée, justement ? Et surtout, ça veut dire quoi pour vous, cette question d'engagement ?

  • Speaker #1

    Alors, je ne sais pas si le sens engagée pour une femme est nécessaire, puisque de fait, quand on est femme, automatiquement, on sait qu'on ne se peut pas engager toute notre vie. On sera engagé auprès de nos familles, de mes enfants, de notre vie, du monde associatif, dans plein de domaines. On sait qu'on jouera un rôle essentiel. Pour moi, l'engagement, c'est quelque chose d'îlé. C'est pas quelque chose qui s'acquiert, c'est de fait.

  • Speaker #0

    Mais vous pensez que c'est inné chez les femmes particulièrement plus que chez les hommes ?

  • Speaker #1

    C'est de fait. Vous savez, quand vous prenez soin de votre famille, comme les Lyonnes, de votre tribu, vous vous engagez au quotidien auprès des gens que vous aimez. Et voilà, donc il n'y a pas besoin de signifier plus mon engagement. Toutes les femmes du monde sont engagées pour aller chercher de l'eau. ou plus loin des villages, dans des combats politiques, dans une lutte pour leur égalité, leur droit. Toutes les femmes du monde sont obligées, à mon sens.

  • Speaker #0

    À votre sens. Et alors, chez vous,

  • Speaker #1

    ça se matérialise comment, cet engagement ? Il se traduit comment ?

  • Speaker #0

    Au-delà de maîtriser ce que vous, vous avez choisi d'occuper des fonctions, d'aller chercher des membres, d'aller porter, représenter la parole des autres ?

  • Speaker #1

    Alors, pour moi, je ne sais pas si c'est un choix. J'ai plutôt saisi une opportunité qui se présentait à moi. Mais le fait de représenter, d'aider, d'aller sauver, toutes ces notions-là, je les ai eues depuis toute petite. Vous savez, dans le cadre des écoles, vous vous demandiez qui veut être délégué de classe. J'étais chaque année... Ah ok, tout à fait. J'étais partante. Donc après, j'ai eu une vie qui n'a rien à voir avec la politique. Et je dis tant mieux. Je ne fais pas partie de ce serail. Ça m'a permis d'avoir une autre existence et rencontrer... des gens d'un autre milieu. Et puis un jour, il y a un monsieur qui était député à l'École qui s'appelle Philippe Meunier, me dit, écoute, est-ce que ça t'intéresserait de partir pour des signes Ausha ? Et en disant ça, il me disait aussi, bon, ça ne sera pas gagnable, mais tu as du bagout, tu en imposes un peu, tu n'as rien à perdre, vas-y. Et j'ai trouvé, comme j'aime le challenge, je trouvais que ce challenge était intéressant et effectivement, je n'avais rien à perdre. Par contre, je ne savais pas que j'allais gagner.

  • Speaker #0

    Ça, c'est pour ce qui est votre parcours. Mais avant ça, quel est votre sentiment sur la place des femmes aujourd'hui dans la société française ? Est-ce que vous trouvez que les femmes sont assez présentes aujourd'hui dans le débat public ?

  • Speaker #1

    Mais non, et encore moins en politique. Je crois que les représentants, à peine 17% des maires sont des femmes. Et ils ne sont pas, entre guillemets, on ne les impose pas, ils ne sont pas obligatoires. Il n'y a pas de cette notion de parité. Donc, évidemment, elles ont peur de prendre ces places. Vous savez, c'est toujours le syndrome de l'imposteur. On n'est jamais à la bonne place. On n'a jamais les compétences à la tour. Mais les compétences, c'est celles, en tout cas pour Fana Politique, c'est d'avoir le goût des autres. Je crois que les femmes ont le goût des autres. Je crois. Il faut qu'elles osent. Il faut qu'elles aient prêt ce courage. Elles osent. Elles ont une façon d'aborder la vie, les problèmes, autre que ces messieurs. Je ne suis pas une grande féministe parce qu'on a besoin d'être ensemble pour avancer. Mais je leur demande, allez-y, n'ayez pas peur, faites-vous confiance. Pourquoi vous ne serez pas légitime ? Mais pourquoi vous n'allez pas porter le même regard à un autre enfant qui est le vôtre, ou à une autre mamie qui n'est peut-être pas la vôtre ?

  • Speaker #0

    Mais sur la fonction politique, elle fait souvent peur, parce que la fonction politique, elle a l'air difficile,

  • Speaker #1

    elle a l'air âpre parfois. Elle est âpre, elle est rude, elle est impitoyable. C'est un monde, par contre, d'hommes, avec un système bien organisé. Et c'est vrai que malheureusement, quand on arrive dans ce système, alors moi, pour le coup, je l'ai découvert. Moi, j'avais des grands-monsieurs devant moi. Dès le bas, j'avais Gérard Collomb, j'avais Jean-Michel Aulas, j'avais M. le préfet Caranco. J'avais M. Mercier qui était au Conseil général. Et ces hommes-là, dans l'échiquier, qu'est-ce que je posais ? Rien ! Voilà, je n'étais rien. Donc j'ai eu deux solutions. Soit je faisais preuve d'allégeance et je baissais l'échiquier. Soit je leur montrais que j'avais un petit peu de la répartie. Donc comme on dit, on y va un peu au talent. Et on force un peu le trait. Et des fois, on pousse même à la caricature. Mais ils ne comprennent que les rapports de force, ces hommes-là. Ils ne vous respectent. J'ai un recollant de respect. que ça. Il fallait lui montrer qu'on avait du tempérament, qu'on défendait nos dossiers. Et ça, je me souviens, parce que à la fin, malheureusement, de son parcours politique, et aussi un que de lui, il me disait qu'il avait apprécié le fait que, voilà, on ait pu...

  • Speaker #0

    Et pour ça, il faut avoir un peu le cuir solide, parce que, enfin, on parlait tout à l'heure, mais dans la fonction, on va les demander de vous exercer, il y a des mots durs, il y a des attaques personnelles.

  • Speaker #1

    Il y a des critiques,

  • Speaker #0

    c'est assez vachard, entre guillemets. Et ça, ça ne vous attend pas ? Non,

  • Speaker #1

    alors quand on avance un peu dans l'âge, on prend aussi un peu les choses avec un peu plus de hauteur et puis on fait du travail aussi sur soi, tout simplement en se disant, on fait partie d'une grande pièce de théâtre et des gens qui sont haineux, il y en aura toujours. Alors c'est vrai que les raisons sociaux n'aident pas, puisque maintenant je trouve que n'importe qui peut se mettre... derrière un écran et on dit ça les haters.

  • Speaker #0

    On avance masqué, oui, bien sûr.

  • Speaker #1

    Donc, pour moi, ça ne représente pas grand-chose. Je préfère le débat public et les confrontations, l'idée. Mais oui, après, on s'endurcit. Effectivement, on s'endurcit parce que moi, je pars du principe qu'on est quand même dans une grande comédie humaine, qu'on a tous notre rôle à jouer, qu'on essaye de jouer la partition avec le plus de sincérité possible. Mais voilà, c'est... Il y aura toujours un bourreau, il y aura toujours une victime, il y aura toujours un sauveur. Donc voilà, on essaye de naviguer au milieu de tout ça.

  • Speaker #0

    Elles apportent quoi, les femmes, dans cette arène politique ?

  • Speaker #1

    Un peu de douceur, le côté un peu nourricier. Et vous savez, je crois, il me semble qu'il y a peut-être un peu moins d'égo. Voilà, cette notion que je répète souvent de toute puissance. Voilà, de dire, moi je sais. Moi, j'ai. Moi, je suis plus fort. Peut-être qu'on l'a moins. Mais quand on prend le côté masculin du système, on peut devenir de redoutables guerrières aussi.

  • Speaker #0

    Vous l'avez un petit peu évoqué tout à l'heure, en parlant de quand vous étiez petite. Mais quand vous étiez petite fille, vous vouliez faire quoi plus grande ?

  • Speaker #1

    C'est quoi votre rêve d'enfant ? Les voyages. J'adorais tout ce qui était histoire et géopathie. Grotesque de l'air. Vous savez, moi, je suis des années des Trente Glorieuses. Alors, voilà. On parlait de la caravane, on parlait du concorde. Vous voyez ces jeunes femmes qui étaient toujours impeccables, qui nous accueillaient. Voilà, les voyages, les horizons lointains. Et puis j'avais un côté très créatif, j'étais dans mon monde. Et défendre, je n'étais pas une élève brillante, non. J'avais une petite faiblesse qui maintenant s'appelle la dyslexie et que j'aurais toujours. Parce que c'est un handicap. Oui,

  • Speaker #0

    on l'a compris.

  • Speaker #1

    Mais à l'époque, c'était quand même un peu de souffrance parce que ce n'était pas trop détecté. On fondait les mœux, les noeuds, les peaux. Et donc, je pense que ça aussi, ça m'a forgé. Ça m'a forgé. Et ça a été une grande blessure, mais en même temps, je me suis dit, on va y arriver. Avec du temps, on va y arriver.

  • Speaker #0

    Vous avez fait votre petite carapace déjà.

  • Speaker #1

    Oui.

  • Speaker #0

    Alors, vous avez fait quoi comme parcours ?

  • Speaker #1

    Alors, j'ai fait des études. des études secondaires à Lyon, puisque je venais de Saint-Priest et il n'y allait pas de lycée. J'en ai écumé quelques-uns, lycées, aux diverses raisons. Et puis après, je suis partie en ce qu'on appelle au BTS. J'étais au Crespal. Et voilà. Et après, j'ai eu l'opportunité de rentrer. En même temps, je faisais quelques heures dans la grande distribution, avec Carrefour, parce qu'ils cherchaient des mains pour gérer un peu leur rayon. Et... Et donc, après, je suis rentrée directement dans la grande distribution, dans le carrefour. Je ne suis pas restée longtemps parce que les fournisseurs, donc ceux qui étaient de l'autre côté de la barrière, un m'a proposé de partir à l'aventure dans le sud de la France. Et donc, j'ai commencé dans la papeterie française et j'y suis restée 20 ans.

  • Speaker #0

    Ah oui, d'accord. OK. Donc, vous avez fait une carrière professionnelle.

  • Speaker #1

    Oui, dans la papeterie, avec des belles marques, Steedpatch, Valéria, et plus de 20 ans chez UHU. Les sticks de colle, la pâte à fixe, vous voyez, et toujours en lien avec la bande de distribution, donc dans les fonctions commerciales, dans la fonction de key account manager de négociation. Et puis un jour, je me suis dit, je connais pas mal de monde dans ce milieu-là, c'est moi qui vais distribuer, donc je me suis mis une bonne compte et après, c'est enchaîné l'opportunité.

  • Speaker #0

    Donc vous avez fait tout le circuit finalement du secteur privé.

  • Speaker #1

    Les négociations, voilà. Donc ça vous sert ça, non ? Alors ça, ça me sert énormément. Mais ce qui me sert, c'est la relation justement avec, vous savez, on dit bien que les négociations avec ces grands groupes, Carrefour, Auchan, Casino et Leclerc, sont très dures. Je confirme, c'est très, très dur. Et vous vous dites, quand vous avez fait ça, vous vous dites, je suis à Guigui. J'ai fait plus dur. Oui, j'ai fait le plus dur, c'est terrible. Et puis non, en fin de compte, vous partez dans la politique et vous vous demandez, effectivement, le système est encore plus dur et plus court. Ah oui,

  • Speaker #0

    d'accord. Alors justement, vous arrivez un jour à devenir maire de Dessines. Comment ça s'est passé cette aventure ? Vous l'avez dit, il y a un élu qui vous a tendu la main, qui vous a dit vas-y

  • Speaker #1

    Cette ville a été longtemps et est restée longtemps à gauche, communiste et après évidemment socialiste. Et puis, normalement, ça destinait cette ville. Et puis, il y a eu le grand stade qui a un peu chamboulé un coup tout ça. Et puis moi, je suis arrivée. en proposant peut-être une vision autre de cette ville, un peu moins archaïque, peut-être plus dynamique. Puisque je venais d'autre part, donc j'étais décomplexée dans mes propositions. Pour autant, je ne connaissais pas comment ça s'organisait. Oui,

  • Speaker #0

    c'est ça. Parce que vous, là, vous étiez novice. Exactement. C'était la première campagne, c'était en quelle année ?

  • Speaker #1

    En 2014. Alors après, j'ai rassemblé autour de moi une armée mexicaine avec des gens de... de différents horizons, puisque là, on n'est pas dans le monde professionnel.

  • Speaker #0

    Oui, c'est ça, c'est un peu associatif quelque part.

  • Speaker #1

    Des universitaires, ou pas. Voilà, c'est la société ici. C'est la société civile, c'est la belle société. Et vous portez une autre image sur votre ville et vous avez envie de communiquer cet enthousiasme. C'était pas facile. Il y avait plusieurs listes et au deuxième tour, j'ai gagné. Et là, je me rappellerai toujours, le premier tour, c'est... tourné en tête de cinq mois. Déjà, moi, j'avais donné mes prologues. Le Miss Dessine, c'était incroyable, ça. Au bout de tant d'années, pratiquement 50 ans de gouvernance à gauche. Et le deuxième tour, c'est pourtant une triomphulaire. J'ai gagné. Et là, par contre, pour la première fois de m'habiller, je n'ai pas eu peur de perdre, mais j'ai vraiment eu peur de gagner. Et d'un coup, la charge de la mission qui allait m'attendre... Bien sûr ! Je me suis tombée sur les épaules. Et c'est vrai que j'ai vécu quelques mois d'où. C'est combien d'habitants des Sines-Charkiouk ?

  • Speaker #0

    30 000. Oui, donc là, ça devient costaud à assumer.

  • Speaker #1

    Et puis, il faut être à la hauteur de la charge. Il faut être à la hauteur de la charge. Je n'avais pas le code. Je ne connaissais pas le système administratif, ce qui est un peu lourd, on va dire, de commettre. Voilà, je ne savais pas comment ça s'organisait, même sur le plan financier. Vous savez, dans le privé. Il n'y a pas cette notion d'investissement, de fonctionnement. Les sections financières sont relativement pourreuses.

  • Speaker #0

    Ce ne sont pas du tout les mêmes constructions de budget.

  • Speaker #1

    Voilà, ce n'est pas du tout pareil, vous le savez Alexia. Et puis l'inertie, c'est-à-dire que quand on a une idée, déjà vous comprenez que ça ne va pas se faire dans les 24 heures qui suivent, et vous voyez tout le parcours administratif qui vous plombe. Ah non, vous ne pouvez pas, parce que là, vous comprenez. Ah non, attention. Après, les relations avec l'extérieur, donc la sphère politique, votre famille qui vous dit gentiment, moi je savais que vous n'allez pas gagner, mais bon. Pour certains, j'en doute encore. Et puis ceux qui ne vous attendaient pas et qui sont de l'autre côté, dans notre famille politique, qui vous attendent au tournant. Donc, ça a été un long parcours. En tout cas, la première année a été très, très longue. On a pu trouver des collaborateurs. Enfin, il y a eu plein de choses.

  • Speaker #0

    S'installer dans son landa, comme on dit, du coup, ça vous a été plutôt bénéfique puisque vous avez réitéré et vous avez été réélu.

  • Speaker #1

    Ce qui a été bénéfique, enfin, ce qui a été sympa, comme dans toute aventure humaine, c'est que justement, on rencontre des gens extraordinaires et bienveillants. On ne fait pas tout ça tout seul, quoi. On a à nos côtés des femmes et des hommes qui ont envie de vous accompagner parce que seuls, vous n'allez nulle part. Déjà vous avez vos élus qui étaient à grande zéro comme moi, mais on s'est soudés dans des moments difficiles. Et puis vous rencontrez des collaborateurs extraordinaires, des DGS, des DGA, des gens qui sont là pour vous aider, pour compléter aussi peut-être parfois vos lacunes, parce que vous dites moi j'ai renoncé à ma toute puissance. Et petit à petit on chemine, et on arrive à avoir des magnifiques succès au Brits.

  • Speaker #0

    Oui, et puis alors vous avez été réélu et vous avez aussi accompagné l'équipe régionale puisque vous êtes aussi également vice-présidence de la région Auvergne-Rhône-Alpes sur les questions de santé.

  • Speaker #1

    Alors ça aussi, c'était pas, Laurent a voulu absolument pour la campagne de 2021 les maires. Je me siégeais à la métropole de Lyon, parce qu'on fait partie de cette métropole de Lyon. Et Laurent insiste absolument. Donc, on a fait la campagne régionale. On avait une liste qui était menée à l'époque par Jérémy Béraud. Voilà, on a mis des bons scores en 2021 sur cette métropole. Ce n'était pas gagné. Et puis, pour moi, on avait fait le job et j'allais retourner dans la métropole. Et voilà, tout allait bien se passer. Et Laurent m'a appelé. quelques jours après son élection, en lui disant, bon, balance, relâche, je te propose la santé. Et là, le réflexe, toute femme, ah non, non, je ne suis pas médecin, je ne peux pas pouvoir me réveiller pour la santé. C'est quoi ça ? Tu plaisantes ? Il me dit, mais tu n'as pas compris, je te propose un poste de vice-présidente à la santé. Et là, c'est…

  • Speaker #0

    Donc, vous allez douter.

  • Speaker #1

    Ah oui, je passais derrière un grand docteur qui est maintenant député et qui est en charge. de commission à l'Assemblée nationale, qui est Yannick Ledeur, qui est un cardiologue, qui est quelqu'un de réputé, renommé. Et donc, moi, petite mère de Dessine Charpieux, m'occuper de la santé, pour moi, c'était un peu irréel.

  • Speaker #0

    Mais finalement, les mandats, parce que ce que les gens, je ne sais pas, mais les mandats, finalement, c'est d'avoir une vision, c'est d'impulser des idées, des projets, des initiatives. Après, vous êtes accompagné, vous le disiez tout à l'heure, vous avez référence dans votre directrice générale des services, mais vous avez aussi tout un écosystème de fonctionnaires, de gens qui vous accompagnent.

  • Speaker #1

    Oui. Donc, vous n'êtes pas tout seul dans votre mandat. Au début, quand ça vous tombe dessus, vous vous sentez tout seul. Mais effectivement, alors au départ, c'est un peu compliqué parce que cette collectivité, vous savez que les fonctionnaires sont là, ils ont la garantie de leur emploi ad vitam aeternam. Roulez pas. pour un projet qui allait être un projet plutôt, mon projet de mandat. Donc ça a été compliqué de changer aussi d'air, c'est compliqué pour certains. Donc il a fallu que certains partent sur d'autres collectivités, peut-être plus accueillantes, et d'autres arrivent dans ma collectivité où ils allaient pouvoir s'exprimer. Voilà, ça a pris un temps.

  • Speaker #0

    Qu'est-ce qui est le plus difficile à l'aune de votre expérience maintenant sur cet engagement politique ? Est-ce que... Parce que là, vous l'avez dit un petit peu, c'est difficile d'un peu partout. C'est difficile, la conquête est une étape, l'exercice du pouvoir en est autre. Est-ce que c'est difficile l'exercice du pouvoir ? On pose souvent cette question aux femmes.

  • Speaker #1

    Je ne trouve pas, c'est contraignant puisqu'il faut donner beaucoup d'énergie, beaucoup de présence, il faut être présente, il faut être là. Mais c'est passionnant. Voilà, c'est passionnant. Passionnant.

  • Speaker #0

    Ça permet de faire quoi d'être engageant politique ? C'est concret,

  • Speaker #1

    vous trouvez ? Moi, j'ai la chance de pouvoir desserrer une ville. Voilà. Ouais,

  • Speaker #0

    ça c'est fabuleux.

  • Speaker #1

    J'ai le pouvoir de mettre des fleurs. J'ai le pouvoir de rassembler les gens. J'ai le pouvoir, comme récemment, il y a quelques jours, on a fait des six nuits, on a une petite ville de 30 000 habitants, on a rassemblé 17 000 personnes. On a fait des choses magnifiques avec des chalets, avec... parade de Noël avec un moment où tout ce qui peut arriver dans notre société d'un peu plus sombre s'efface et fait place à la lumière. Ça, c'est extraordinaire. Quand vous allez, quand vous faites des événements inclusifs, quand vous faites des beaux projets structurants, en équipement, quand vous fabriquez, quand vous lancez, quand vous inaugurez une école, tous ces moments-là, ou une halle gourmande, tous ces moments-là, rien que de les revoir. m'évoque beaucoup d'émotions. Ça gomme tous les ennuis que tous les matins vous arrivez. Alors moi, j'ai la chance d'avoir un caractère relativement linéaire. On arrive toujours avec le smell. Et puis vous avez, comme dit, des ennuis qui arrivent en fil des heures qui s'avolent en patrouille. Et puis le soir, vous avez un petit plus mou, puis vous allez faire une bonne nuit de sommeil. Le lendemain, on revient avec le smell. Et parce que les gens autour de moi aussi ont cette énergie. Voilà. Parce que si on est tous, on arrive. On se dit, oh là là, on ne va pas s'en sortir. On n'a pas de premier ministre. Les dotations d'État baissent. Enfin, voilà. Et si on fait la liste des problèmes, on ne s'en sort plus. On donne les pieds de la maison. J'ai eu des moments d'abattement profond en disant, mais cette vie, il faut qu'on l'aide. Parce qu'elle avait été mal gérée financièrement. Elle n'était pas en état au niveau finance. Tout le monde le savait. Gérard Pollon le savait. Et j'ai eu des moments où j'avais franchement envie de rendre le tablier, je ne pouvais plus faire, je ne pouvais plus faire. Parce qu'en plus de ça, on a essuyé toutes les merdes, toute obédience confondue, des crises économiques, sanitaires, qui nous ont fait même fragiliser. Mais on est encore là.

  • Speaker #0

    Quel conseil vous auriez envie de donner aux femmes qui nous écoutent, qui nous regardent et qui se disent, c'est vrai, moi j'aimerais bien peut-être engager en politique, mais je ne connais personne, je ne suis pas dans un parti politique et puis ça a l'air beaucoup trop compliqué. Qu'est-ce que vous avez envie de leur dire ?

  • Speaker #1

    Qu'elles osent tout simplement, qu'elles s'imposent, qu'elles sachent saisir, c'est dur pour une discrétion, qu'elles sachent saisir l'opportunité.

  • Speaker #0

    Et on la crée comment si personne ne vous tend la main ? Il faut pousser la porte de son...

  • Speaker #1

    Pousser la porte de sa mairie,

  • Speaker #0

    il faut rencontrer les élus.

  • Speaker #1

    Oui, il faut rencontrer. On cherche nos bézalins. Et même quand on constitue une équipe municipale, où il y a la parité qui s'impose, c'est toujours pas évident de trouver des phares. On ne cherche pas obligatoirement des ingénieurs. On cherche des personnes qui ont envie de vrai prendre collectivité.

  • Speaker #0

    Et Laurence, dernière question d'émission, je ne vais pas vous dire une baguette de magie parce que vous êtes aux monnettes, mais si vous étiez dommée demain ministre, quelles mesures vous auriez envie de mettre en place pour que les femmes soient présentes dans ce débat public ?

  • Speaker #1

    Alors la parité impose déjà à ces messieurs le fait de laisser quelques places. Je pense que pour certains, ça les enchante guère, mais il faudrait peut-être plus l'imposer partout. Voilà, dans les conseils d'administration. effectivement dans les collectivités, dans toutes les assemblées. Voilà, de fait, comme ça, il faut qu'il y ait une femme, un homme, une femme, un homme, une femme. Et peut-être pareil pour un gouvernement, ce qui n'est pas souvent le cas. Pareil pour le Sénat. Bien sûr,

  • Speaker #0

    34% de femmes seulement.

  • Speaker #1

    Voilà, 34% de femmes. Alors nous avons progressé, les cieux sénateurs. À l'Assemblée nationale, on a régressé. Et d'un côté, ça progresse, de l'autre, ça reste. Donc, vous voyez, dans ces grandes assemblées, il faudrait quand même qu'il y ait une parité, que le système impose cette parité.

  • Speaker #0

    Trouver un fonctionnement pour que la parité soit tout le temps respectée.

  • Speaker #1

    Oui, ça ne sera pas naturel.

  • Speaker #0

    Très bien, Laurence. Écoutez, on va bien noter précieusement vos conseils dans notre livre blanc. Merci en tous les cas d'avoir pris de votre temps pour venir partager ce Café des Lyonnes avec nous ce matin. J'espère que ça vous aura plu. Et moi, je vous donne rendez-vous la semaine prochaine. Pour un prochain, je te fais des coups.

Share

Embed

You may also like