- #Pauline NOACK
Au bout de deux ans et demi, j'étais à ramasser la petite cuillère. Je n'avais plus confiance en moi. J'avais l'impression, parce qu'elle me disait que je n'avais rien apporté, que sans moi, elle aurait mieux réussi. Elle a un peu piétiné, un peu sali tout ce que j'avais pu apporter. Et j'avais donné énormément.
- #Anne RAULOT-LAPOINTE
Peut-être que tu traverses en ce moment une période un peu difficile, où tu as même l'impression d'être balotté dans une tempête. Tu cherches des ressources, une impulsion, des lueurs de foi pour éclairer ta route vers un équilibre plein, stable, fécond. Alors reste, reste avec nous pour une traversée vers l'essentiel. On embarque sur un petit voilier en direction d'une île aux ressources. Alors c'est une image empruntée à la navigation, c'est pour te proposer d'écouter le témoignage inspirant de mon invité d'aujourd'hui qui nous transmet son expérience, ses outils de résilience. Je suis Anne Raulot-Lapointe, praticienne en santé émotionnelle. Bienvenue dans l'Essentiel, le podcast qui nous conduit vers l'équilibre après la tempête. Pauline Noack-Fraissigne bonjour.
- #Pauline NOACK
Bonjour Anne.
- #Anne RAULOT-LAPOINTE
Bienvenue à bord de notre voyage vers l'essentiel. C'est un voyage sur ce qui est profondément essentiel pour chacun de nous. Alors c'est un périple unique en compagnie de notre invitée exceptionnelle. On dit de toi que tu es une femme engagée, bienveillante, ouverte de cœur et d'esprit. Professionnellement, ton parcours est vraiment très beau et très diversifié aussi. Il en faut des compétences pour diriger une radio. Tu es actuellement directrice de RCF Rouen. Des compétences, il en faut en leadership, en communication, en animation, en stratégie de développement. Donc sans compter qu'il faut savoir aussi jongler avec toutes les responsabilités, être polyvalente. Pauline, tu es aussi une coach indépendante, tu proposes du coaching individuel et collectif et tu animes des séminaires. Le nom de ton activité de coaching est BRUKE, qui signifie ?
- #Pauline NOACK
Qui signifie pont en allemand.
- #Anne RAULOT-LAPOINTE
Pont en allemand. Donc l'Allemagne, c'est quelque chose qui résonne en toi, c'est un pays que tu aimes ?
- #Pauline NOACK
C'est un pays que j'ai découvert assez tard, j'avais presque 30 ans. Je suis allée pour finir ma thèse de recherche en biotechnologie. Et c'est un pays très important parce que j'ai rencontré mon mari. Et bon, il a fini par venir en France avec moi et on n'est pas retourné vivre en Allemagne. Mais on y va souvent. Nos enfants aiment beaucoup l'Allemagne. Et vraiment, j'ai adopté aussi cette culture qui vient se mixer dans notre famille. Et quand j'ai choisi un nom de marque pour mon activité de conseil et de coaching, j'ai pensé à prendre un mot allemand, et donc Brucke. Et Brucke parce que, enfin, pont, passerelle, et parce que c'est quelque chose qui correspond bien à une manière de faire chez moi, c'est-à-dire... faire des liens, relier, présenter des personnes entre elles quand elles ont des choses à s'apporter, mixer des idées, des choses que j'ai rencontrées pour créer des nouvelles pistes. J'ai l'impression que le pont est très présent dans ma vie.
- #Anne RAULOT-LAPOINTE
Des ponts et des liens, c'est la clé de ton activité. C'est aussi la raison pour laquelle j'ai eu envie de te demander si tu voulais bien vivre cette traversée vers l'essentiel. Et tu as dit oui. Donc pour partager avec nous l'histoire d'une épreuve que tu as vécue. Donc parler d'une épreuve, c'est un petit peu accepter de mettre à découvert les fragilités de sa vie. Donc merci d'avoir dit oui. On y va avec le souffle du vent dans nos voiles. Pauline, donc tu nous as expliqué d'où vient le nom de ton activité, Bruque. Quel est le plus grand pont que tu aies jamais construit, que ce soit dans ta vie personnelle ou professionnelle ?
- #Pauline NOACK
Ce n'est pas du tout une question facile, mais je pense que c'est en ce moment que je suis en train de construire le plus grand pont, ou en tout cas, depuis que j'ai mis les pieds dans une radio chrétienne, donc RCF, ça veut dire Radio Chrétienne Francophone. Et le jour où on m'a proposé de prendre la direction de cette radio, qui n'allait pas très bien à l'époque, eh bien je me suis sentie complètement alignée. Je me suis dit, oh là là, mais quelle chance, quelle chance on m'offre de venir mettre mon énergie, ce que j'ai pu apprendre dans ma vie, mon envie au service d'une mission aussi belle que de porter la bonne nouvelle à travers les canaux de diffusion d'une radio. On touche des milliers de personnes. on ne sait pas à qui on parle. mais on sait que peut-être une petite lumière va s'allumer quelque part. Alors, on ne parle pas de Dieu toute la journée dans nos programmes, mais on le fait dans différentes séquences, plus ou moins subtilement. Mais j'ai l'espoir que quelque part, ça peut rejoindre quelqu'un et l'aider à cheminer spirituellement. Et le fait d'arriver dans cette fonction, dans cette mission, je me suis sentie vraiment alignée. Quand ma vie était en train de s'aligner, Et c'est quelque chose que je suis en train de revivre avec le coaching, c'est que plus j'approfondis ce métier de coach, plus j'améliore ma pratique de coach, plus je suis chrétienne, parce que le coaching ça veut dire finalement quelque part se donner à celui qui a besoin d'aide pour le faire grandir vers son objectif et pas le mien. et ça c'est je pense très profondément chrétien et donc pour moi c'est vraiment ça le pont c'est qui je suis au fond de moi et comment finalement je le mets au service dans mes pratiques professionnelles
- #Anne RAULOT-LAPOINTE
Alors tu as vécu donc une tempête qui concerne ta vie professionnelle d'avant c'était une aventure entrepreneuriale
- #Pauline NOACK
Oui en effet Anne j'ai rejoint la fondatrice d'une entreprise que j'avais moi-même accompagnée, je la connaissais bien. À l'époque, je travaillais à la Chambre de commerce et j'accompagnais des entreprises en création. Son entreprise se lance et puis à un moment, elle connaît des difficultés et elle me propose de m'associer presque à parts égales pour relancer l'entreprise. Donc on lève des fonds, on fait un plan de développement, on trouve des investisseurs, on lève des fonds et on relance l'entreprise ensemble.
- #Anne RAULOT-LAPOINTE
C'était une belle aventure qui commençait pour toi ?
- #Pauline NOACK
Oui, d'autant plus que j'étais très contente de devenir entrepreneur. parce que j'avais pendant quatre ans à la Chambre de commerce donné des conseils à d'autres entrepreneurs. J'avais très envie d'expérimenter mes propres conseils. Et donc, pour moi, c'était une opportunité, c'était une chance. Je me sens appelée à ça. Et puis, j'admire cette entrepreneuse que je rejoins. On est très complémentaires. Et donc pendant deux ans environ, on développe, on développe la marque, on rentre dans la plupart des enseignes de jouets en France, on commence à toucher l'international. Donc on fabriquait et on vendait de la pâte à modeler bio et des jouets associés. Au bout d'un an et demi, il y a une grosse société industrielle qui vient nous demander de faire la pâte à modeler pour elle en marque blanche. Alors là, on était d'accord pour dire que non, c'était trop tôt, on lançait notre propre marque, on ne pouvait pas travailler comme ça pour une autre société. Et puis, elle revient quelques mois après en disant, cette société, elle dit, non, non, mais c'est la vôtre que je veux. Et donc là, pour moi, qui connaissais bien la petite entreprise, la vie des startups, la fragilité aussi des startups, on n'était pas à l'équilibre. je dis à mon associé et à nos investisseurs c'est peut-être le moment de se faire absorber par une structure plus grosse et là tout le monde est d'accord sauf mon associé la fondatrice Comme tout le monde, en dehors de elle, pensait que c'était une bonne idée, et puis qu'elle voyait bien qu'on n'avait plus d'argent dans la caisse, elle finit par valider le fait qu'on allait vendre cet actif, donc la pâte à modeler, ses formules et les savoir-faire associés. Mais par contre, elle ne voulait absolument pas vendre l'entreprise. Et donc moi, quand je comprends ça, je lui dis, en fait, c'est une coquille vide qui reste. Et moi, je n'ai pas vocation à... Je ne savais plus quel était mon rôle puisque j'étais plutôt sur la partie gestion, mais aussi business development, marketing, etc. Là, il n'y avait plus rien à vendre presque. Et donc, ce premier désaccord sur la stratégie, puis le fait que finalement, je n'ai pas tellement envie de rester avec elle pour la suite, je m'aperçois qu'elle développe une forme de colère contre moi. et qui se traduit par des appels incessants, des écrits un peu violents, etc. Et petit à petit, je m'aperçois que ça me fait mal dans mon ventre, en fait. je me souviens très bien du moment où je réalisais qu'elle me faisait du mal. Et là, ce jour-là, je décide que je dois vraiment faire vite pour partir parce que c'est trop douloureux pour moi, physiquement.
- #Anne RAULOT-LAPOINTE
Elle, en fait, elle aurait souhaité que tu restes avec elle dans cette coquille vide, dans le fait que l'entreprise allait couler.
- #Pauline NOACK
Pour elle, elle n'allait pas couler parce qu'elle avait plein d'idées. C'était la créative de la bande, en fait, quelque part. Elle avait une forme de vision. Elle avait développé, d'ailleurs, le premier produit était très beau. Donc, elle avait développé quelque chose de chouette. Là, on vendait le gros de ce qu'elle avait développé. Elle avait encore plein d'idées à développer, mais c'était que à l'état d'embryon. Et moi, je ne vois pas ce que je fais avec ça. Et quand elle comprend que je vais partir... elle me reproche de l'abandonner quelque part. Elle ne l'a pas forcément dit avec ses mots, parce que ça aurait été comme se mettre à nu, mais pour elle, c'est comme une trahison. Et pour moi, c'est de l'honnêteté, je n'allais pas rester à presque rien faire.
- #Anne RAULOT-LAPOINTE
Elle est devenue malveillante ?
- #Pauline NOACK
En fait, quand je relis tout ce qui s'est passé à posteriori, je m'aperçois que sur cette période-là, elle a été très violente par ses mots à l'écrit ou à l'oral, des mails avec des lettres capitales en très gros, en rouge, comme si elle me criait dessus. Je voyais bien qu'elle était en pétard contre moi. Et puis après, petit à petit, je me suis aperçue qu'il y avait des choses qui n'étaient pas normales. C'est-à-dire que pendant les deux ans et demi qu'on avait passé ensemble, elle, elle se payait. Et puis moi, je percevais mes indemnités chômage sans pouvoir compléter. Et elle me disait, oui, mais enfin, toi, t'as un mari. Vraiment, il y avait une... une sorte d'abus, en fait. D'abus de... C'était pas juste, ouais, c'était pas juste. Mais je le voyais pas parce que j'étais engagée à fond.
- #Anne RAULOT-LAPOINTE
Passionnée, peut-être, par l'aventure.
- #Pauline NOACK
Oui, parce que je me donne à fond. mais en fait, je me donne toujours à fond, mais là, sans m'en rendre compte, elle m'a, en tout cas, elle m'a entraînée dans quelque chose, qu'elle est trop loin, c'est-à-dire que je délaissais un peu ma famille, mon mari, à un moment d'ailleurs, je me souviens, il m'a dit, mais en fait, t'as plus envie de partir en vacances avec nous, t'es plus avec nous à table, tu te remets à travailler tout de suite après le dîner, finalement, est-ce que t'as besoin de nous ? On va partir, quoi. et donc non, j'ai résisté je me suis battue et on est toujours ensemble mais à postériori je me dis Mon associé m'a entraîné, ou je me suis laissée entraîner, parce que ce n'est pas de la passivité de ma part. Certaines personnes appellent ça de la manipulation, mais dans une relation, on est deux. Donc, je peux peut-être quand même reconnaître que j'étais d'accord. Mais au final, au bout de deux ans et demi, j'étais à ramasser la petite cuillère. Je n'avais plus confiance en moi. j'avais l'impression, parce qu'elle me disait que j'avais rien apporté, que sans moi, elle aurait mieux réussi, que finalement... Voilà, en fait, elle a un peu piétiné, un peu sali, tout ce que j'avais pu apporter, et j'avais donné énormément. Et donc, la manière dont ça se terminait, cette aventure, me faisait dire que non, il y avait quelque chose qui n'était pas ajusté.
- #Anne RAULOT-LAPOINTE
Quand tu dis qu'aujourd'hui tu te sens alignée, là tu te sentais détruite un petit peu au niveau des émotions, au niveau de la confiance, au niveau de la confiance que tu pouvais avoir en cette personne et en toi-même ?
- #Pauline NOACK
Oui, la confiance en moi, elle était ébranlée parce qu'elle me disait des choses que je ne reconnaissais pas, mais que sur le fait que… j'étais pas ce que je croyais, j'avais pas donné ce que je pensais avoir donné, etc. Et puis elle, je découvrais un nouveau visage où je réalisais que peut-être elle avait abusé, trop tiré sur la corde. Peut-être aussi, à certains moments, je me suis souvenu qu'elle avait du mal à accepter que je passe du temps pour ma famille, parce qu'elle, elle n'avait pas de famille, elle n'avait pas de mari. Donc, elle trouvait ça un peu un désengagement de ma part de partir en vacances, de prendre du temps, de penser à eux. Et puis même, parce que je suis chrétienne, de temps en temps, je lui en parlais. C'est comme si ce qui était le plus cher à mon cœur, elle ne le respectait pas. Donc là, je la voyais complètement différemment au début, où finalement j'avais quand même de l'admiration pour elle.
- #Anne RAULOT-LAPOINTE
D'amie, de collaboratrice, elle est devenue un peu ennemie ?
- #Pauline NOACK
En tout cas, je voyais bien qu'elle ne me voulait pas de bien. et au contraire peut-être que c'était bien pire que ça mais je préférais pas y penser parce que c'était trop douloureux et on avait quand même été on avait quand même fait plein de choses ensemble on avait traversé des épreuves d'une entreprise qui va pas bien ensemble et là voilà je me sentais quand même trahi et peut-être qu'elle aussi de son côté, j'en sais rien.
- #Anne RAULOT-LAPOINTE
Et quand on ouvre les yeux comme ça sur une nouvelle réalité à laquelle on n'avait pas du tout pensé, pas imaginé, comment est-ce que tu le vis à ce moment-là ? De te dire, cette personne, je l'ai admirée, et là maintenant, en fait, c'est pas du tout la personne que j'ai connue au départ. Et est-ce que là, oui, justement, tu te sens toi-même trahi peut-être ?
- #Pauline NOACK
Oui, c'est ça. Finalement, je développe contre elle une aversion. Mais tout est parti des sensations physiques qui m'ont fait réaliser qu'il ne fallait pas que je reste associée à elle et que je m'éloigne et que je coupe cette aventure.
- #Anne RAULOT-LAPOINTE
C'est ton corps qui a parlé là ?
- #Pauline NOACK
Clairement. Clairement, c'est mon corps qui parle. Je me souviens très bien de cette sensation au milieu du ventre. Je me dis mais qu'est-ce que c'est que ce mal de ventre ? Je n'ai pas mal au ventre là, d'habitude. Et en fait, cette sensation-là, elle est restée pendant plusieurs années. C'est-à-dire qu'elle s'était peut-être plus diffus, mais j'avais une sensation physique à chaque fois que j'entendais parler d'elle. ou qu'elle s'adressait à moi, ou qu'il y avait un sujet en lien avec l'entreprise, parce que l'entreprise était endettée. Donc longtemps, la banque nous a tenu au courant du prêt qui me tardait à être remboursé, jusqu'à me demander d'honorer mon engagement de caution quand l'entreprise a arrêté de payer les traites. Donc plusieurs années, j'ai continué à... Avoir cette sensation physique, finalement, de rejet de cette histoire qui m'a marquée physiquement.
- #Anne RAULOT-LAPOINTE
Et qui t'a blessée très certainement profondément.
- #Pauline NOACK
Oui, parce qu'au-delà de la sensation physique, en fait, quand on vit quelque chose comme ça, eh bien, on... On rejette la personne qui en est responsable. Et donc, mon associée de l'époque, qui s'est un peu déchaînée contre moi, elle m'a fait énormément de mal, au point où les gens ne me reconnaissaient pas. Pauline, mais secoue-toi. Tu as encore plein de choses à faire, à vivre, à donner. Et moi, je ne voyais plus du tout ce que j'avais à donner. Je me sentais vide. Je me sentais... inutile, je ne savais plus quoi faire, je ne savais plus à quoi j'étais bonne, etc. Et donc, qu'elle m'ait mise dans un état pareil, ça me rendait en colère contre elle.
- #Anne RAULOT-LAPOINTE
Tu as pu te faire aider ? Ou bien tu as affronté seule cette épreuve ?
- #Pauline NOACK
Je pense que l'amour de mes proches a été très puissant. Je ne me suis pas fait aider par un thérapeute ou un coach. j'ai eu la chance qu'on me propose de rejoindre la radio quelques mois après la fin de cet épisode et je me suis engagée à corps perdu dans la radio mais de manière plus modérée en fait c'est moi qui étais la jauge mais pendant plusieurs années j'ai travaillé à comment je sors de cette histoire comment je peux remettre les choses à leur place quelque part, fermer la boîte Parce que tant qu'elle était ouverte, j'avais ces sensations physiques quand j'entendais parler ou j'avais un écho de cette aventure, de cette entreprise, de cette femme. Et donc pour moi, la seule manière, c'était de pardonner. Et une fois que j'aurais pardonné, ça serait OK.
- #Anne RAULOT-LAPOINTE
Mais ce n'est pas toujours simple de pardonner.
- #Pauline NOACK
Ah ben, carrément. Et moi, ça m'a pris plusieurs années. Pour y parvenir, j'ai dû tenter de comprendre. comment elle avait pu se comporter comme ça ? Quelle était la vie qu'elle avait eue ? Comment elle s'était construite comme ça ? Pourquoi son manque d'empathie ? Tout ce qu'elle était. J'ai dû me raconter une histoire pour me dire, probablement que là, il s'est passé peut-être quelque chose. Là, elle a manqué d'amour, peut-être.
- #Anne RAULOT-LAPOINTE
Pouvoir comprendre son comportement.
- #Pauline NOACK
Oui, c'est ça. Pas pour effacer ou la dédouaner complètement de ce qu'elle avait fait, mais me dire, voilà, cette femme-là, elle en est arrivée là, elle m'a fait ça, j'ai survécu, et maintenant j'ai décidé que je n'allais pas traîner ça toute ma vie, parce que c'était trop lourd.
- #Anne RAULOT-LAPOINTE
Tu as pris la décision de la vie.
- #Pauline NOACK
Oui, clairement.
- #Anne RAULOT-LAPOINTE
Est-ce que ta foi t'a aidée dans ce processus de pardon ?
- #Pauline NOACK
Très probablement, parce que dans la prière du Notre Père, que je dis au moins une fois par jour, il y a cette phrase-là, Pardonne-nous nos offenses, comme nous pardonnons aussi à ceux qui nous ont offensés. Et elle, elle m'a offensée et il faut que je lui pardonne. J'ai travaillé là-dessus. Et aujourd'hui, je peux dire que je lui ai pardonné. Je ne sais pas si ça lui importe, mais peu importe. Moi, c'est important pour moi.
- #Anne RAULOT-LAPOINTE
Tu te sens libre quand tu as pu pardonner comme ça, vis-à-vis d'elle.
- #Pauline NOACK
Oui, je me sens libre. Et ce qui m'a aidée aussi, c'est qu'avant de refermer la boîte, j'ai fait un inventaire de ce que j'avais pu perdre et de ce que j'avais pu gagner dans cette aventure. Et j'ai appris énormément. C'est une expérience humaine et intellectuelle, technique, sur la gestion d'entreprise qui est très riche. Ça m'a appris que j'étais probablement peut-être vulnérable à certaines personnalités qui ont besoin de pomper la joie des autres. donc je fais plus attention maintenant quand je me sens super emballée par quelqu'un par une aventure etc j'écoute ce qu'on me dit ce que mon mari en particulier me dit parce que lui il voit quand il y a des gens qui sont un peu troubles et donc j'ai appris beaucoup et donc en mettant un peu tout ça à sa place ça m'a aidé à fermer l'histoire, fermer la boîte.
- #Anne RAULOT-LAPOINTE
Fermer la boîte, et aujourd'hui, par rapport à ces émotions, par rapport à ces douleurs de ventre, tu ne les ressens plus du tout ?
- #Pauline NOACK
Non, c'est terminé. Je dirais que les trois premières années, c'était quand même encore bien là. Et puis après, ça a commencé à diminuer. Entre quatre et cinq ans, je pense que ça a disparu progressivement. Mais je pense que c'est vraiment au moment où je me suis dit, oui, c'est bon, je lui pardonne.
- #Anne RAULOT-LAPOINTE
Et dans ton accompagnement en tant que coach, est-ce que cette blessure refermée te rappelle un peu comme une cicatrice, la fragilité aussi des personnes que tu peux accompagner ?
- #Pauline NOACK
Ce qui est intéressant, c'est que quand on coach, on attire souvent des personnes. qui traversent ou qui viennent déposer pour chercher à les régler, des choses qu'on a nous-mêmes traversées ou qu'on n'a pas encore réglées. Et d'ailleurs, en ce moment, je coache quelqu'un qui doit avoir un peu la même fragilité que moi par rapport à ces personnalités-là. Et donc, ça me rend plus forte pour comprendre ce qu'ils disent et pour les amener à ouvrir les yeux. à écouter plus vite les signaux de leur corps. Mais en revanche, ça ne rallume rien chez moi. Ce qui me fait dire que c'est bien réglé.
- #Anne RAULOT-LAPOINTE
Est-ce que tu as l'impression d'avoir été, alors je pense que tu l'as déjà un petit peu dit, mais transformée par cette épreuve que tu as vécue ?
- #Pauline NOACK
Très certainement. Ça m'a fait grandir sur la notion de pardon. C'est-à-dire que, comme pour moi, c'était vital de lui pardonner pour bien continuer ma vie, et que c'était la première fois que j'avais quelque chose de si lourd à pardonner. Tu parlais de tempête, mais je pense que c'est la plus grosse tempête que j'ai vécue. Et donc oui, ça m'a fait grandir sur l'importance de comprendre ce qui nous est arrivé pour bien remettre les choses à leur place. qu'est-ce qui est de ma responsabilité et qu'est-ce qui n'est pas de ma responsabilité ? Et moi, ce qui est de ma responsabilité, c'est d'avoir volontairement rejoint cette femme dans son entreprise. On s'est associés, on a fait tout pour la relancer, cette entreprise qui n'allait pas bien à l'époque. On a vraiment développé, on y a mis beaucoup de cœur et personne ne m'a forcé à mettre toute mon énergie là-dedans. Même si je pense qu'elle a, par sa manière d'être, fait que j'ai plus donné que ce que j'aurais peut-être dû. que je ne me suis peut-être pas assez respectée à ce moment-là. Mais en tout cas, j'ai cette responsabilité d'y être allée volontairement et d'avoir donné volontairement. J'ai appris aussi comment, en écoutant son corps, on apprend à se respecter.
- #Anne RAULOT-LAPOINTE
Notre corps nous parle, c'est d'abord par le corps que l'on sait que l'on est par exemple en colère, que l'on est triste. C'est ton corps qui t'a alertée sur la problématique. Et tu l'as écoutée.
- #Pauline NOACK
Peut-être qu'il m'avait alertée avant et je ne l'avais pas écoutée. Mais en fait, je ne m'en souviens pas parce que je ne l'ai pas entendue à ce moment. Et en revanche, le jour où j'ai senti cette grosse boule dans le ventre, c'était tellement frappant. Parce que comme je ne voyais pas d'où ça venait et que c'était... juste au moment où je venais d'écouter un message et de lire un SMS de cette personne qui ne me respectait pas dans ce qu'elle me disait. Mais je me souviens très bien, je vois encore ce qu'il y avait autour de moi ce jour-là.
- #Anne RAULOT-LAPOINTE
Ça a été un choc, en fait.
- #Pauline NOACK
Un vrai choc, comme un réveil.
- #Anne RAULOT-LAPOINTE
Alors, avec toi qui nous écoutes, nous allons nous octroyer une petite pause en ta compagnie, Pauline, sur cette petite île aux ressources. Est-ce que la côte que tu es aurait un petit secret de pro à nous partager pour nous aider peut-être à traverser une épreuve similaire ?
- #Pauline NOACK
Moi, je pense qu'il y a une question qu'il faut toujours qu'on se pose. Et justement, en écoutant comment la question résonne en soi, c'est qu'est-ce que je veux vraiment ? On est tout le temps pollués par des tas d'injonctions. Tout le monde veut quelque chose pour nous. Donc, pour faire plaisir parfois, pour impressionner parfois. pour être conforme à une image qu'on a envie de donner, ou juste parce qu'on a reçu un cadre très rigide, eh bien on prend des décisions qui ne sont pas tout à fait nous. Et donc cette question, qu'est-ce que je veux vraiment, mais dans le sens, qu'est-ce qui me correspond pleinement ? Et en revenant à cette idée de, est-ce que je suis en train de me respecter en prenant cette décision ? Je pense que c'est très important parce que... personne ne nous la pose cette question en fait donc il faut qu'on se la pose nous-mêmes et après en complément quand on a du mal à prendre une orientation et bien peut-être demander aux gens qui nous aiment vraiment nos très proches les gens qui nous ont prouvé qu'ils nous aiment qui comptent dans notre vie leur dire mais tu me vois comment ? quelles sont mes forces ? quelles sont mes faiblesses ? parce que parfois ils vont aussi nous éclairer ils vont nous surprendre Ils ont des choses à nous dire.
- #Anne RAULOT-LAPOINTE
Oui, de se poser, de vraiment se poser cette question, qu'est-ce que je veux vraiment ? C'est important parce que la vie, elle passe. Et puis, si on ne fait pas ce que l'on veut vraiment, comme toi, tu dis maintenant, je suis alignée. Je suis alignée, mais c'est vraiment un cadeau, ça, d'être alignée, au bon moment, au bon endroit, que tu puisses déployer toutes tes capacités et tes richesses. Alors, peut-être que ça rejoint un petit peu la question que je viens de te poser, mais la question phare dans la tempête, c'est la question de la fin. Qu'est-ce que tu aurais envie de murmurer à l'oreille de la personne qui est dans ce bateau avec nous, qui nous écoute, pour lui donner un peu de souffle dans ses voiles ?
- #Pauline NOACK
Ce que j'ai envie de rajouter, c'est que plus on arrive à vivre dans le ici et maintenant comme on dit de plus en plus souvent, plus on arrive à traiter le passé et à ne pas trop anticiper. L'avenir, plus on lâche prise sur les événements en s'écoutant, plus facilement on va redresser la barre. Et en vieillissant, j'ai 52 ans, j'ai l'impression de parvenir assez souvent à être dans l'instant. Et je trouve que c'est hyper reposant. Ça fait du bien et ça permet d'accueillir mieux ce qui se passe, ce qui arrive, et ceux qui arrivent, et ceux qui ont besoin peut-être éventuellement de nous, de faire face. Essayer d'être dans l'instant, d'essayer de vivre pleinement tout de suite là, maintenant. Qu'est-ce que je suis en train de vivre ?
- #Anne RAULOT-LAPOINTE
Merci beaucoup Pauline. Est-ce qu'on peut faire appel à toi comme coach ?
- #Pauline NOACK
Ah bien sûr, Pauline, Noa, Christine, sur LinkedIn par exemple, c'est facile.
- #Anne RAULOT-LAPOINTE
Alors merci beaucoup pour ce beau partage que nous avons vécu ensemble. Au revoir Pauline.
- #Pauline NOACK
Merci à toi Anne et merci pour tes belles questions.
- #Anne RAULOT-LAPOINTE
Bon ça a été vraiment une joie de vivre ce moment. Et pour donner une suite à ce dont parle Pauline concernant notre corps qui s'exprime, qui nous alerte, qui nous informe sur les difficultés émotionnelles que nous vivons, il y aura très prochainement un épisode de L'île aux ressources qui sera spécialement consacré à ce sujet. Alors si cela t'intéresse, reste connecté à l'essentiel. A très vite.