- Speaker #0
Partout dans le monde, mais surtout loin des idées reçues, la tête dans les formules mais aussi les pieds sur terre, avec passion et ténacité, découvre l'univers d'un jeune chimiste. Tu n'auras pas fini d'être étonné. Vim à Chimie est une série de podcasts co-animés par le réseau jeune de la Société Chimique de France et la Génération Guéluissa qui regroupe 20 écoles de chimie et de génie chimique. Tu es étudiant ou étudiante en chimie ? Découvre toutes les opportunités de poursuite d'études sur le site 20écolesdechimie.com et passe de la théorie à l'action en rejoignant l'horizon jeune de la Société Chimouque de France. Développe ton leadership, élargis tes horizons et dynamise ta carrière grâce à des rencontres et des opportunités uniques.
- Speaker #1
Bonjour, je suis Audrey Paulien, élève au département de chimie de l'ENS Paris-Saclay et secrétaire au bureau national du RJSCF. Dans cet épisode, je suis heureuse d'échanger avec Sarah Dutranois. Sarah, merci de prendre le temps de répondre à nos questions. Pour commencer, est-ce que tu pourrais nous parler de... de ton parcours et notamment de ton expérience au sein de l'École supérieure de chimie organique et minérale.
- Speaker #2
Bonjour, merci pour l'invitation tout d'abord. Alors moi j'ai rejoint l'ESCAM Chimie par la prépa intégrée après un bac scientifique, donc pour faire l'école en 5 ans. Les deux premières années servent à poser les bases scientifiques pour le cycle ingénieur. On a aussi beaucoup de travaux pratiques. Et une fois en cycle ingénieur, on a trois semestres de tronc commun. et on commence nos spécialisations à partir du quatrième semestre. Ausha, on a chimie du vivant, chimie fine, matériaux et formulations ou procédés. Pour ma part, j'ai choisi chimie du vivant puisque j'avais toujours eu un certain attrait pour la biochimie. Et en dernière année, on a un très large choix d'options, c'est aussi pour ça que j'ai choisi cette école. Donc on a des options en interne, mais on a aussi des options en partenariat avec l'Université d'Amiens, l'Université de technologie de Compiègne, l'IFOCAL, l'IFP-SCOPE, les autres écoles de la Fédération Guélusac évidemment. mais aussi beaucoup d'universités partenaires à l'international. Donc ça, c'est le cursus que j'ai choisi. Et pour certains partenariats, on a la possibilité de faire un double diplôme. Et en plus de ça, on suit des stages tous les ans à réaliser, à exception de la deuxième année où c'est facultatif, mais on peut aussi valoriser cette période avec une expérience à l'international, par exemple en faisant de l'humanitaire ou un séjour linguistique.
- Speaker #1
Donc tu as également fait une année de licence en biochimie à l'Université du Québec à Trois-Rivières. Qu'est-ce qui a motivé ce choix d'aller faire une partie de tes études à l'étranger et qu'est-ce que tu en as retenu ?
- Speaker #2
J'ai toujours aimé les langues, la découverte des nouvelles cultures. Et finalement, j'ai eu ce projet de l'international dès ma première journée porte ouverte de l'école. L'idée, c'était de faire tout d'abord mon expérience internationale avec un job d'été à l'étranger après ma deuxième année et de faire un semestre d'échange en dernière année. Sauf que moi, j'ai eu le Covid-19 pendant plein de années de mes études, donc ça a été très compliqué. En 2020, j'ai fait trois tentatives pour avoir un diop d'été, mais qui se sont tous soldés par un échec. L'année suivante, j'ai essayé de faire un stage à l'étranger, mais les organismes d'accueil étaient un peu frileux à l'idée de prendre des étrangers, de peur d'avoir une fermeture des frontières. Et donc finalement, ce projet de faire un semestre d'échange était d'autant plus important, puisque c'est un critère obligatoire pour avoir son titre d'ingénieur. Donc il faut savoir qu'on choisit avant tout un cursus, et non pas un pays, puisque la priorité, c'est quand même nos études et pas forcément de faire du tourisme. Et au Canada, ils ont un... très bon système d'enseignement en biotechnologie. Et ce qui est très bien avec les études à l'étranger, c'est qu'on peut prendre nos cours à la carte. On fait son programme sur mesure. Donc, ce que ça m'a apporté, c'est une certaine ouverture d'esprit de rencontrer de nouvelles cultures, mais aussi une très grande autonomie. Donc, c'est vrai que ça peut faire un petit peu peur de partir comme ça à l'autre bout du monde. Pour ma part, je n'avais jamais vraiment voyagé. Justement, quand je pars de vacances, je reste en France. Mais on est vraiment très bien accompagnés par son établissement en France et son établissement d'accueil. tout ce qui est démarche administrative, immigration. Et puis aussi, l'école était très habituée à recevoir des étrangers, donc ils ont un très bon programme d'intégration. Et il faut savoir aussi que j'avais uniquement à payer des frais scolarités en France.
- Speaker #1
Aujourd'hui, tu es scientifique développement en analytique chez Sanofi, donc entreprise pharmaceutique française. En quoi consiste ton métier et quelles sont tes principales missions au quotidien ?
- Speaker #2
Alors, le cœur du développement analytique, ça va être de créer des méthodes pour identifier ou quantifier des molécules dans un mélange, donc ici en l'occurrence un médicament, et parfois on peut aussi avoir un objectif de purification. Donc l'intérêt c'est d'avoir une méthode qui va permettre de vérifier qu'on a la bonne quantité de principes actifs, donc la molécule avec l'effet thérapeutique, qu'on n'a pas d'impureté, on a aussi parfois des tests de dureté des comprimés ou aussi des tests d'efficacité in vitro. Il faut savoir que quand vous avez une autorisation mise sur le marché délivrée par une autorité de santé, vous avez toute une liste de critères. Et donc on doit vérifier justement chacun de ces critères pour pouvoir libérer un lot de commercialisation. Et une fois que ces méthodes sont développées, il faut s'assurer qu'elles fonctionnent. Donc c'est ce qu'on appelle la validation. On va vérifier que la méthode va toujours donner la valeur vraie, même si on a des petites modifications, qu'on n'atteint que 80% de la teneur théorique, que le laboratoire est à 25 degrés au lieu de 20 degrés par exemple. Et aussi ces méthodes peuvent servir parfois lorsqu'on a une modification sur le procédé. Donc on peut changer un équipement, un arôme dans le médicament ou parfois juste le fournisseur de principes actifs. Dans certains cas particuliers, on a aussi un changement de site de production, donc c'est ce qu'on appelle le transfert. Et dans tous les cas, on doit s'assurer que le médicament, lui, n'est pas impacté par ces changements. Et la dernière chose, lorsqu'on travaille sur un produit multisite, il faut éviter à tout prix la contamination croisée. Donc on va vérifier lorsqu'on réutilise un équipement pour faire un autre produit, qu'on n'a pas de trace du produit précédent, mais aussi qu'on n'a plus de trace du détergent qui a servi à nettoyer cet équipement. Donc c'est un métier qui est assez diversifié, puisqu'on travaille sur des formes solides, des formes liquides, sur des produits grand public ou des produits de pointe en biotechnologie. Et moi j'ai pu travailler à la fois en recherche et développement, mais aussi en contrôle qualité. Et il faut savoir que le service analytique, on peut le voir un petit peu comme un sous-traitant, puisque finalement On ne travaille jamais juste pour le plaisir de faire des analyses. Souvent, il y a un besoin derrière une demande émise par un autre service. Ça peut être la production, les affaires réglementaires, par exemple.
- Speaker #1
Quel a été le déclic qui t'a fait envisager une carrière professionnelle dans le domaine de la chimie ?
- Speaker #2
J'aime bien le terme de déclic parce que ça a vraiment été ça pour moi. Quand j'étais en lycée, j'ai toujours eu un attrait pour les sciences, mais je n'avais pas du tout d'idée de métier ou vraiment d'études supérieures. Et un jour, j'ai eu un examen de chimie. où il fallait déterminer la teneur d'un certain polluant dans une eau ou dans un puits en Afrique et déterminer si l'eau était potable selon des critères de l'Organisation mondiale de la santé. Et donc mon déclic, ça a été de me dire, vraiment la chimie c'est indispensable, ça contribue à la santé des gens, donc c'est vraiment quelque chose que je lui ai fait. Et j'avais aussi un attrait pour la biochimie, puisque je trouvais que la biologie n'était pas assez poussée au lycée. Mais vous savez que la chimie qu'on voit au lycée, c'est que la partie émergée de l'iceberg. Donc, une fois que j'étais en métier supérieur, j'ai vu beaucoup de différents domaines de la chimie. Donc, ça laisse aussi le temps de tout découvrir et de mûrir son projet professionnel pendant 4-5 ans.
- Speaker #1
Tu as été marraine et tu as participé à l'événement Elle bouge pour l'orientation dans un collège. Alors, qu'est-ce que ça t'a apporté à toi de témoigner devant des collégiennes et qu'est-ce que tu retiens de leur réaction ?
- Speaker #2
Je trouve ça très important de faire des retours d'expérience sur ses études et son métier, puisque moi, je me souviens très bien de quand j'étais à leur place, des questions que je pouvais me poser. Et aussi, j'ai l'impression qu'avec les différentes réformes, il faut toujours penser plutôt aux métiers qu'on veut faire pour pouvoir faire ces bons choix d'options. Donc, c'est compliqué lorsqu'on ne connaît pas les personnes, on ne connaît pas tous les métiers qui existent, on n'a pas l'opportunité de faire tous les stages pour tout tester. Mais bon, cette expérience, en tout cas, elle a permis de voir la vision et l'exposition au sexisme que peuvent avoir les futures générations de chimistes. Et je me suis aperçue que finalement, elles étaient déjà très conscientes de ces enjeux de société. Elles ont notamment fait des retours d'expérience à travers leur mère, leur sœur, leur cousine. Mais aussi, elles ont beaucoup discuté des biais qu'il peut y avoir au niveau des métiers. Des métiers qui auraient plus une connotation féminine ou masculine. Et en tout cas, elles étaient prêtes à en découdre quand elles arriveraient sur le marché du travail. Pour ma part, je n'ai pas tellement souffert de sexisme jusqu'à présent. Je trouve qu'il y a quand même pas mal de femmes en chimie, mais forcément, ça va varier d'un secteur industriel à un autre. En tout cas, on peut compter sur la prochaine génération pour améliorer les choses. Du coup,
- Speaker #1
selon toi, comment peut-on encourager davantage de jeunes filles à s'engager dans les carrières techniques ou d'ingénierie ?
- Speaker #2
Alors, je pense qu'il faut vraiment leur donner envie le plus tôt possible de faire des sciences. Parce qu'imposer des quotas pour atteindre la parité, on ne peut pas forcer les jeunes filles à vouloir faire des sciences. Si elles n'aiment pas ça, c'est leur droit aussi. Mais je pense qu'on manque tout d'abord de modèles féminins. Moi, au cours de mes études, que ce soit collège, lycée, études supérieures, Je n'ai jamais entendu parler vraiment de femmes de science. Forcément, on connaît Marie Curie, mais que ce soit les découvertes scientifiques ou le nom des lois scientifiques, on porte le nom de scientifique masculin. Et ça donne l'impression que finalement, les femmes n'ont jamais rien fait pour l'humanité, alors qu'elles ont fait des découvertes. Donc je pense que c'est important aussi de parler de l'histoire des sciences, notamment à cause de l'effet Mathilda, où certaines femmes se sont fait voler leurs découvertes. Donc récemment, on a assez bien réhabilité Rosalind Franklin pour sa découverte. de la structure en double hélice de l'ADN, mais il y a encore beaucoup de scientifiques oubliés qu'il faut remettre sur le devant de la scène. Et deuxième chose, je pense qu'il faut vraiment faire une mise en contexte lorsqu'on fait des exercices en cours, parce que ça ne donne pas envie de juste calculer bêtement des transferts thermiques ou des dérivés. Il faut vraiment avoir une illustration de la problématique. Comme ça, lorsque l'élève résout la problématique, résout son exercice, il voit concrètement à quoi sert ce qu'il apprend et comment c'est utile au quotidien.
- Speaker #1
Y a-t-il un projet dont tu es particulièrement fière dans ta carrière jusqu'à présent ?
- Speaker #2
Alors, je n'ai pas de projet en particulier dont je suis le plus fière parce que j'ai un métier qui permet de contribuer déjà à la santé des gens. à la sécurité sanitaire. Donc en soi, mon métier au quotidien est très gratifiant.
- Speaker #1
Tu souhaites également t'engager prochainement dans le réseau jeune de la Société chimique de France. Selon toi, pourquoi est-ce important qu'un réseau comme le RGSCF existe et qu'est-ce que cela peut apporter à une génération de futurs scientifiques ?
- Speaker #2
Je pense que c'est très enrichissant personnellement et professionnellement de pouvoir échanger avec des chimistes qui viennent d'un différent secteur industriel ou tout simplement dans différents domaines de la chimie. et en général, c'est un peu plus simple de démarrer son réseau avec des personnes qui vont être de la même génération, qui vont éventuellement avoir une vécu assez similaire. Il faut prendre en confiance et pouvoir élargir son réseau.
- Speaker #1
Merci Sarah de nous avoir consacré du temps et répondu à nos questions.
- Speaker #2
Merci à vous.
- Speaker #0
Merci d'avoir écouté notre podcast.
- Speaker #2
S'il t'a plu,
- Speaker #0
pense à le partager sur ton réseau social ou celui de ton établissement et abonne-toi sur ta plateforme d'écoute préférée ou à notre chaîne YouTube. Rendez-vous sur le site bain-école-de-chimie.com pour découvrir toutes les opportunités du secteur de la chimie et les formations du bac au doctorat. Et pour rejoindre la communauté de la Société chimique de France et devenir acteur de ton avenir, c'est la rubrique « Adhérer » du site sociétéchimique-de-france.fr. A bientôt sur les ondes !