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Le secret du “tube” : génie ou technique ? (La Musique et Le Reste - Episode 1)

Le secret du “tube” : génie ou technique ? (La Musique et Le Reste - Episode 1)

31min |13/11/2024
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Le secret du “tube” : génie ou technique ? (La Musique et Le Reste - Episode 1)

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31min |13/11/2024
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Description

La part de génie dans la composition musicale.
Tout le monde est-il capable d’écrire des tubes, ou faut-il faire preuve de génie ? 
D'ailleurs, le génie existe-t-il vraiment ?

N’hésitez pas à réagir en commentaire !


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Podcast Addict : https://podcastaddict.com/podcast/la-musique-et-le-reste/5503828

 

Références citées
➡️ Pythagore et les origines de la gamme
https://www.resmusica.com/2018/08/13/pythagore-ou-les-origines-de-la-gamme/
➡️ Noah Askin
https://journals.sagepub.com/doi/10.1177/00031224241246271?trk=public_post_comment-text
➡️ Pierre Lemarquis
https://www.happyneuron.fr/actualite-scientifique/mozart-et-le-miserere-d-allegri-le-billet-du-neurologue
➡️ La théorie du chaos
https://fr.wikipedia.org/wiki/Th%C3%A9orie_du_chaos 

 

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CRÉDITS :
Intervenant : Samuel Sené
Animatrice : Julie Terranti
Réalisation : Studio Bénier
Monteur : Nicolas Bénier
Rédactrice en chef : Julie Terranti
Scripts : Sylvain Chaillou  - Gwendal Audrain, avec le soutien de Bénédicte Lundy-Mombert
Régisseur : Karim Sadi-Haddad
Maquillage : Ariane Simon
Découpage capsules : Julie Terranti 
Social Media Manager : Newmask Agency – Tom Lagarrigue
Musique et habillage sonore : Samuel Sené, Guillaume Coignard et Nicolas Bénier
Production : Musidrama
 
Pour toutes demandes de renseignements et/ou partenariats ⬇️ 
lamusiqueetlereste@gmail.com


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Moi j'ai un problème avec le génie en fait. J'ai un problème avec la définition du génie. Qu'est-ce que c'est que le boléro de Ravel n'a pas du tout été composé pour être un cube planétaire ? Cha-cha ! Exactement, cha-cha ! C'est la même grille que I Got Freedom de Gershwin.

  • Speaker #1

    Bonjour à toutes, bonjour à tous et bienvenue dans La Musique et le Reste, votre nouvelle émission, nouveau rendez-vous à retrouver sur YouTube mais également en podcast sur toutes vos plateformes habituelles. Dans La Musique et le Reste, on parle de musique, c'est facile, c'est dans le titre, mais également du reste. Et le reste c'est quoi ? Eh bien ce sont des sujets qui vous intéressent, les mathématiques, les sciences, neurosciences, les arts sous toutes leurs formes. Et pour nous en parler, eh bien j'ai à mes côtés Samuel Senné. Salut Samuel !

  • Speaker #0

    Salut Julie !

  • Speaker #1

    Alors Samuel, pour ceux qui ne te connaîtraient pas encore, car tu es très actif sur les réseaux, notamment sur Instagram et sur TikTok. Tu es producteur musical du parc Disneyland Paris. Tu es compositeur, metteur en scène, entrepreneur également à la tête de cette structure. Et puis, tu apparaissais souvent sur les plateaux télé aux alentours du mois de juin, car ton nom apparaît sur la liste des plus jeunes bacheliers de France. Un bac que tu as eu à 14 ans. Tu as également eu ton agrègue de maths à 19 ans, si je ne me trompe pas. Donc beaucoup de matière grise, mise au service de la musique. Pourquoi ce choix ?

  • Speaker #0

    Parce que j'avais en effet, à l'école normale supérieure, commencé à diriger des orchestres. Et quand il a fallu faire un choix, j'ai été deux ans professeur-chercheur après l'école normale. Mais entre faire de la recherche forcément un peu solitaire et donner des cours tous les ans avec des programmes qui se répètent. Et de l'autre côté, diriger des opéras. Tous les mois dans le monde entier, en fait, la deuxième option était beaucoup plus fun.

  • Speaker #1

    Oui, on se comprend. Alors, pour ce premier épisode, on a décidé de parler de musique, bien sûr, mais aussi de génie, d'intelligence. Donc, on va mêler tout ça. Faut-il être un génie pour composer des tubes ? Question ouverte, n'hésitez pas à répondre en commentaire. Et je te laisse l'honneur d'ouvrir cette émission, mon cher Samuel.

  • Speaker #0

    Alors, mon Dieu, qu'est-ce qu'un... tube, en fait.

  • Speaker #1

    Déjà.

  • Speaker #0

    Qu'est-ce qu'un tube ? Alors, c'est quelque chose qui reste en tête et qui va avoir un succès commercial. Et c'est vrai qu'on se pose toujours la question, qu'est-ce qui fait qu'une musique fonctionne ou pas ? Déjà, une musique, c'est la résultante d'une mélodie, d'une harmonie et d'un rythme. Et donc, une chanson ou une musique qui va bien fonctionner, qui va être commercialement intéressante, il faut qu'elle plaise au plus grand nombre. Qu'elle soit un peu consensuelle, et pour ça il faut qu'elle soit facilement retenable, qu'elle plaise de manière a priori universelle, on va en reparler. Donc il faut une mélodie assez simple, que l'on peut facilement chanter ou au moins retenir. Il faut ce qu'on appelle la dansabilité. Alors c'est un néologisme, dansabilité. Mais en tout cas, il faut que le corps ait envie de s'exprimer. Alors, on a soit c'est du 120 BPM. 120 BPM, ça veut dire qu'il y a deux temps toutes les secondes. Ça, c'est ce qu'on considère être le plus dansable, parce que quand le rythme cardiaque va monter, ça colle à un rythme cardiaque de 120. Bon, mais il y a d'autres musiques qui sont dansables dans d'autres conditions. Un slow, évidemment, c'est plus bas, quoique le cœur va monter aussi. Ça dépend avec qui on danse. Mais donc, la dansabilité, c'est la capacité qu'une musique a De donner envie au corps de s'exprimer, très important, si le corps veut bouger dans une complexité rythmique, parce que pour le coup il faut que le rythme soit construit, et bien le cerveau va être content. Parce que tout vient du corps. À un moment donné, la musique a été faite à la base pour danser et s'exprimer corporellement. La mélodie, le rythme et l'harmonie. Il faut une harmonie, en tout cas donc une succession d'accords, qui soit, là encore, facilement compréhensible. Il ne faut pas que ce soit trop bête non plus. Il faut qu'il y ait une évolution, mais que tout... oreilles et donc tout cerveau auditif se disent ok je suis en sécurité je comprends la musique et j'aime ça j'ai expliqué au piano sera plus simple les harmonies simples ce sont des harmonies qui naturellement s'enchaînent et sont parfaitement compréhensible l'enchaînement de cet accord là on appelle 1 4 5 ça permet de faire la bamba

  • Speaker #1

    Est-ce que ce sont les fameux accords magiques ?

  • Speaker #0

    Alors les accords magiques, on appelle ça la progression four chords, c'est une progression à quatre accords. Là je t'en ai fait trois, mais les accords magiques ce sont ceux-là. Ces quatre accords-là, dans tous les sens, vont permettre de faire l'énorme majorité des chansons pop de la deuxième moitié du 20e siècle. Oui c'est ça. Par exemple, la petite bille. on voit cet enchaînement d'accord fait la même chose 2 que je connais un petit peu à fond de perles. Donc, ces accords-là, ils sont facilement compréhensibles. Ils ne mettent pas en danger le spectateur. L'oreille les accepte et peut se concentrer sur la mélodie, le rythme ou les paroles dans le cas d'une chanson. Donc, si j'inverse ces quatre accords-là magiques, j'ai par exemple le stand-by me. at a time, stand by me Typiquement. Bien, je vais rajouter, on appelle ça une anatole, un accord à l'intérieur. Gershwin l'avait fait par exemple I got freedom Donc cet enchaînement-là fait aussi partie de progressions très connues, très faciles. D'ailleurs, tiens, regarde quand je te fais ça Cha-cha ! Exactement, ba cha-cha ! C'est la même grille que I Got Freedom de Gershwin. Jaja, Gershwin, même combat.

  • Speaker #1

    Gershwin, Jaja, même combat, très bien. Mais alors ça me rappelle un petit peu aussi Pachelbel et les Maroon 5. Je crois qu'il y a un lien, là encore.

  • Speaker #0

    La succession d'accord de Pachelbel, ça s'appelle la succession canon, comme le canon de Pachelbel, elle a un nom. C'est cette succession-là qui va pas vers l'Anatol, mais vers un troisième degré mineur. et qui revient et qui fait un taté taté taté taté taté taté taté taté taté taté taté taté taté taté taté taté taté taté taté taté taté taté taté taté taté taté taté taté taté taté taté taté taté taté taté taté taté taté taté taté taté taté taté taté taté taté taté taté taté taté taté taté taté taté taté taté taté taté taté taté taté taté taté taté taté taté taté taté taté taté taté taté taté taté taté taté taté taté taté taté taté taté taté taté taté taté taté taté taté taté taté taté taté taté taté taté taté taté taté taté taté taté taté taté taté taté taté tat Ils ont eu du nez parce qu'en fait en prenant ces successions mélodiques, on sait fonctionner depuis des siècles, Memories est un énorme succès et je pense que ce succès est en partie dû à l'utilisation d'une grille qui fait partie de l'inconscient culturel depuis des siècles. Memories, ils sont à un milliard de vues sur YouTube. En fait, c'est en partie grâce à la progression harmonique.

  • Speaker #1

    Et donc c'est quelque chose qui est habituel en fait pour le cerveau, ce sont des enchaînements. qui sont naturelles finalement pour nous, et ce qui fait qu'on s'y accroche quelque part, et qui fait que ça fonctionne.

  • Speaker #0

    Le premier à avoir défini les règles pour écrire un tube, c'est Pythagore. Non. Parce qu'avant d'avoir fait son théorème de l'hypoténuse, il était aussi, en plus d'être philosophe et scientifique, il était musicien, et il a défini qu'une octave... Enfin, il a défini... Non, il a remarqué qu'un son qui est analysé par le cerveau comme étant le même son, si je te fais cette note-là et cette note-là, elle a la même perception. On entend que ce n'est pas la même hauteur, mais c'est la même note, on appelle ça une octave. Pourquoi ? Parce que la fréquence, donc le nombre de fois que l'air va battre par seconde, la fréquence de la note du dessus, c'est le double de la fréquence de la note du dessous. Et Pythagore a dit, quand on fait ce double de fréquence, ou quand on divise une corde par deux, ça revient au même, on a un son qui est analysé comme étant le même par le cerveau. Et si on fait x3, on arrive à un intervalle qui est stable et qui nous remplit de joie, qui nous remplit d'ordre, et que le cerveau comprend. Et toute l'harmonie est basée sur ce rapport mathématique. Pythagore a lié la beauté musicale aux mathématiques qui permettent d'enchaîner les accords magiques. Merci Pythagore.

  • Speaker #1

    Donc, si on est bon en maths, si on arrive à faire un rythme répétitif, une mélodie simple, là, tu nous as donné la recette pour écrire un tube et grâce à toi, on va devenir millionnaire. Merci, Samuel. Est-ce que ça suffit finalement ? Non,

  • Speaker #0

    si t'étais aussi simple, ça se saurait. Il faut quand même d'autres éléments. Tu peux écrire le plus grand tube de l'histoire qui va respecter toutes ces règles. Bien sûr, t'as pas besoin de connaître les règles mathématiques, mais tu connais les règles solfégiques. Tu appliques tout ce que j'ai raconté, et bien ça restera pour toujours dans un tiroir ou dans ton disque dur de ta chambre si tu n'as pas la communication et le marketing pour le faire connaître. Il y a tout un contexte autour de la sortie et de l'existence d'une musique. Déjà la communication, je dis toujours, il y a le savoir-faire. et le faire savoir. Et ça, ce n'est pas forcément du ressort de tous les artistes. Donc, il va falloir des producteurs, des diffuseurs, des médias qui vont promouvoir cette musique. Et après la communication, il y a le marketing, c'est-à-dire que la musique doit rentrer dans un contexte global. socio-culturel et aussi plaire au plus grand nombre en étant marketé. Alors, j'explique. Il y a deux manières de promouvoir une musique ou du moins de la faire vivre dans un contexte global. Il y a le storytelling et le marketing en tant que tel. Le storytelling, c'est le personnage de l'interprète, par exemple. Il y a ce que ça raconte. Il n'y a pas que la musique en tant que tel. Il y a des musiques qui peuvent être faibles musicalement, mais qui sont portées. par un interprète. Ça, c'est tout ce qui va être le storytelling.

  • Speaker #1

    Ça, ça peut être Dja Dja,

  • Speaker #0

    par exemple. Exactement. C'est-à-dire que Dja Dja, en effet, c'est toute l'histoire, toutes les valeurs véhiculées par Yannick Amoura. Je ne parle pas en France, je parle à l'international parce qu'évidemment, à l'international, il n'y a pas du tout le rapport à la polémique que l'on a, nous, sur la langue française. Mais c'est les valeurs de liberté, de féminité qui sont véhiculées par l'interprète. Outre son haut niveau de dansabilité. L'IA est très dansable et ça fonctionne. Je ne parle pas de goût, je ne dis pas qu'on doit aimer ou pas aimer, je ne fais qu'analyser. Et il y a l'arrivée d'une musique dans un contexte. Je suis passionné par les travaux de Noah Askin. Ce sont des travaux récents grâce aux plateformes comme Pandora qu'il a utilisées, qui regroupent des milliers et des milliers et des milliers de musiques depuis des décennies. Ils ont pu mettre des algorithmes, faire travailler l'IA pour déterminer. pour déterminer qu'est-ce qui fait qu'une musique va fonctionner ou pas. Et il s'est aperçu qu'il n'y a pas que mélodie, harmonie, sensibilité. Il n'y a pas que la recette. Il y a aussi le moment dans l'histoire où cette musique arrive. C'est-à-dire qu'il faut qu'une création musicale s'inscrive dans ce qui fonctionne déjà depuis quelques mois avec un... tout petit peu de différenciabilité pour qu'on reconnaisse la musique. Ça veut dire que Dja Dja, il y a 15 ans, ça n'aurait peut-être pas fonctionné. Il faut que ça s'insère dans un paysage global et qu'on vienne différencier un peu. Je vais te montrer deux exemples au piano pour que tu vois comment ça s'insère dans une musique connue avec une différence. Les travaux de Noah Askin ont déterminé qu'il y a une chanteuse qui est très très bonne pour ça en ce moment, c'est Adele. Adèle, elle va prendre des accords magiques. Alors, je vais prendre l'exemple de Skyfall. Là, on est sur les accords traditionnels. Elle aurait pu faire ça, mais elle va juste rajouter un accord qui est différenciable des autres. Je te montre l'introduction de Skyfall. Cet accord-là, qui fait que d'un coup, c'est Skyfall et pas une autre chanson. Donc, il va le refaire plusieurs fois pour bien indiquer la différenciation. Et puis il y a le pont que j'adore quand il fait... Cet accord-là, pareil, il n'est pas dans les accords magiques, et il vient modifier et rendre cette chanson un vrai tube. Et bien sûr, le storytelling qui va avec, la chanson de James Bond, etc. Et puis il y a Adele qui est une interprète formidable. C'est l'ensemble de toutes ces recettes qui fait que ça va fonctionner. Je peux donner un autre exemple que j'aime bien. Une chanson, pareil, que tu connais. Gloria Gennor I will survive jusqu'ici c'est une anatole tu te souviens de l'anatole ? I got freedom c'est cette anatole là et qu'est-ce qui va se passer ? Attention, cet accord-là, qui est un accord demi-diminué, qui fait que cette chanson n'est pas similaire à une autre. Autre accord qui vient modifier. Cette différenciabilité fait partie des ingrédients qui font un tube.

  • Speaker #1

    Donc effectivement, là, tu nous as démontré la différenciabilité pour faire de ce tube quelque chose de reconnaissable tout de suite. Trois accords, Adèle, on la reconnaît tout de suite. Mais tu parlais également de la diffusion. Il y a eu un changement quand même au niveau de la télévision, de la radio, tous ces marchés-là. Comment ça a évolué et comment ce marché, cette diffusion, fait que même quelque chose d'un peu faible peut devenir un tube ?

  • Speaker #0

    Avant même l'arrivée des médias, cet équilibre entre homogénéité, cohérence avec l'époque et différenciation, elle arrive au début du XXe siècle parce qu'à ce moment-là, il y a une différence majeure en Amérique. entre le mode de création musicale et le mode de consommation musicale. Avant cette époque-là, on consommait de la musique en allant au concert. On prenait un ticket et on allait voir un artiste. Et début du XXe siècle, on a ce qu'on appelle Tin Panalay. Tin Panalay, c'était une rue à New York où tous les producteurs de musique et de spectacle étaient réunis, c'était tous les hitters qui étaient là, et donc tu avais des pianistes qui jouaient sans arrêt et qui vendaient de la musique directement en forme de partition. Donc tu achetais une partition et tu n'allais plus au concert en achetant un ticket. Ça a changé complètement le rapport, parce que tous ces compositeurs étaient au même endroit et devaient coller avec l'état d'esprit du moment parce que tout était concentré, et en même temps être meilleurs que son voisin. D'ailleurs on appelle ça Tin Panalay parce que c'est le bruit d'une... poil en fer, tinpan. Tous les pianos un peu basse-tringue qui jouaient en même temps créaient un son comme si on tapait sur des poils. Ça s'appelle tinpanale, une expression qui est restée encore aujourd'hui. L'autre changement, c'est au milieu du XXe siècle, avec l'arrivée des médias, donc radio et télévision surtout. Le premier artiste dont on considère que la carrière a été profondément poussée et donc modifiée par les médias, c'est Elvis Presley. C'est grâce au passage télévision que Presley est devenu le monstre du XXe siècle, dans le bon sens. Je dis attention, c'était un très grand artiste, avec des très grandes chansons, mais ce cas spécifique d'Elvis Presley est arrivé dans l'histoire, poussé par les médias. Le mode de consommation était maintenant la télévision, la radio, l'achat des disques vinyles, puis ensuite des CD, et bon aujourd'hui ce sont les plateformes, mais donc à chaque mode de consommation, un marketing qui va être différent. Une histoire que l'on va raconter et donc la création d'un tube dépend très très fortement de son mode de diffusion et de consommation.

  • Speaker #1

    D'accord, là tu parles d'Elvis qui était quand même considéré comme un génie du rock, king of rock. Quand on parle de génie, moi tout de suite je vais penser aussi à Mozart qui est donc le petit génie de la musique classique. Là tu peux pas me dire qu'il y avait ce mode de diffusion là, il n'a pas profité de ces choses là. Donc il y a forcément quand même une... part de génie, sinon tu ne fais pas 20, 30 ans, 50 ans de carrière. Donc le génie, là, est obligé quand même d'être mis en avant sur ces faiseurs de tubes. Il en cumule quand même pas mal, notre ami Mozart.

  • Speaker #0

    Mozart cumule beaucoup de tubes, mais j'ose dire que Mozart n'est pas un génie.

  • Speaker #1

    Ça va réagir en commentaire, là encore.

  • Speaker #0

    Je t'explique pourquoi, parce qu'en fait, déjà, il faudrait définir ce que c'est que le génie d'un côté, on va y revenir, et de l'autre, dans Mozart, il y a aussi, dans le mythe Mozart, énormément de storytelling. Déjà le storytelling. Mozart, il n'est pas arrivé de nulle part, d'accord ? C'était un petit singe savant qui était poussé par son père, qui était professeur de violon. Son père avait décidé dès la naissance que Mozart et sa sœur allaient devenir... des enfants de foire et faire des tours partout, musicaux. Et donc, ils ont été baignés dans la musique depuis leur plus jeune âge. On peut quand même plutôt parler de conditionnement social dans le cas de Mozart. Ensuite, il y a énormément d'histoires qu'on raconte qui ne sont pas forcément vraies ou vérifiées. On dit que Mozart, c'est incroyable, a réécrit intégralement d'oreilles le miséréré d'allégries. Oui. D'accord ? Dans cette histoire précise, on a les travaux. de Pierre Lemarquis qui indique premièrement, il avait 14 ans, il n'était pas si jeune que ça. Le miséréré d'allégries est une musique extrêmement répétitive. Donc quand on l'écoute un soir, on l'écoute sur plusieurs fois. C'est un thème qui revient 15, 20, 30 fois. Et en fait, on a des écrits qui prouvent que Mozart est revenu le lendemain pour vérifier qu'il l'avait bien pris. Il ne l'a pas fait pour se la péter, il l'a fait parce qu'à l'époque, il était interdit. d'écrire cette musique religieuse, c'était forcément une musique orale, et donc il faisait exprès de venir noter la musique, mais on n'a aucune preuve qu'il l'a correctement fait, parce qu'on n'a pas la partition d'origine. Et celle qu'on a retrouvée il y a quelques années, n'était pas exactement le Miserere d'Allégri de l'époque, parce que c'est une partition qui était constamment évolutive. Donc oui, d'accord, évidemment, il y a du talent pour un adolescent de 14 ans, de reprendre d'oreille une musique, mais il y a surtout énormément de storytelling autour pour dire « Oh, c'est incroyable, c'est incroyable » . On n'en a pas de preuve. Moi, j'ai un problème avec le génie, en fait. J'ai un problème avec la définition du génie. Qu'est-ce que c'est ? Qu'est-ce que tu entends par là ? Si tu entends par génie des capacités exceptionnelles et un grand talent... Oui. Oui, d'accord. Mozart avait du talent et des capacités pour son époque exceptionnelle d'écrire de très belles musiques. Ce que je n'aime pas dans ce qui est implicitement déterminé dans la notion de génie, c'est la croyance qu'il y a quelque chose de plus grand que nous tous qui arrive, ou quelque chose d'inné qui serait arrivé et qui fait que des personnes ont plus de génie qu'un autre, et ça crée un jugement de valeur. J'ai beaucoup de mal avec ça.

  • Speaker #1

    C'est cette inégalité à la naissance, finalement, que tu rejettes. Oui.

  • Speaker #0

    Alors, c'est un sujet qui me concerne effectivement aussi beaucoup, parce que, comme tu l'as dit, j'ai une scolarité précoce. Alors aujourd'hui, à l'époque, on disait surdoué ou enfant précoce. Aujourd'hui, on dit HPI, haut potentiel intellectuel. Ce mot-là n'est pas mauvais, parce qu'on parle de potentiel. Ça ne veut pas dire qu'on le réalise, ce potentiel. Ça veut juste dire qu'il y a des capacités. Les tests qui sont faits scientifiques, médicaux, sur les HPI, parlent d'une vitesse neuronale plus importante ou d'une dissociation des deux hémisphères. Mais attention, ces tests-là, ils sont faits seulement sur des enfants qui ont au moins 7-8 ans ou plus. Donc, à aucun moment, on a de preuves qu'à la naissance ou dans la vie intra-utérine, il y a déjà dans la loterie génétique quelque chose qui vient faire des êtres supérieurs à d'autres. J'ai un vrai problème avec ça. Je pense que l'inné... n'est quasi pour rien dans les capacités d'un être humain par rapport à l'acquis. L'acquis est tout. Je préfère considérer qu'on a tous une forme de loterie génétique, bien sûr, mais qui n'est rien par rapport à ce qu'on en fait, par rapport aux gènes qu'on va exprimer, par rapport au travail que l'on va donner, par rapport à l'éducation, à la culture, au contexte socioculturel dans lequel on va arriver. C'est l'ensemble de tous ces éléments qui va... créer une spécificité qui fait de nous tous des êtres différents. Et certains vont effectivement développer un talent dans un domaine particulier. Mais c'est de l'acquis et pas de l'inné. Sinon, on rentre dans une forme d'eugénisme qui m'est insupportable.

  • Speaker #1

    Ce n'est pas de l'eugénisme. On peut juste accepter le fait que certaines personnes vont naître avec quelque chose. Oui, tu n'aimes pas ça, mais de le dire en plus. Là, je pense à Michael Jackson. On peut le comparer un petit peu à Mozart. C'est le king of pop. On est sur un génie aussi de la musique, de la personne, qui a un petit peu finalement le même parcours que lui, avec un père qui l'a surentraîné. Mais je pense qu'il y a énormément de parents qui ont porté leurs enfants vraiment à un niveau d'excellence. Et pourtant, ces enfants-là n'ont pas fait des génies plus tard. Tu vois ce que je veux dire ? Donc, il y a quand même quelque chose en plus, même si c'est terriblement... comment dire, terriblement injuste. Mais il y a quand même quelque chose. Que ça te plaise ou non.

  • Speaker #0

    Et puis il y a aussi des gens qui font des carrières formidables et qui n'ont pas forcément à la base un talent particulier. Je ne vais pas donner de nom parce que je vais choquer des gens en disant Mylène Farmer par exemple. Mais il y a des carrières...

  • Speaker #1

    Beaucoup d'images. Là, c'est un grand travail sur l'image,

  • Speaker #0

    Mylène Farmer. Donc, je pense que cette recette-là n'est pas possible à réellement décortiquer. Et surtout, c'est une question de... positionnement. Moi je ne veux pas défendre la notion de génie inné. Il n'y a aucune étude scientifique qui vient dire que certains naissent plus intelligents et je préfère que l'on soit responsable, nous, de ce qu'on est, de ce qu'on transmet à nos enfants, de ce qu'on décide de faire, du travail que l'on va faire. On a déjà énormément de loterie dans les... circonstances, c'est-à-dire qu'il suffit d'arriver dans telle famille, dans tel pays, être bien né, c'est déjà une énorme loterie. Si on devait rajouter la loterie génétique, alors qu'on sait depuis maintenant plusieurs années que l'épigénétique est là, c'est-à-dire que certains gènes vont s'exprimer d'autres pas, et que cela dépend de tout, donc beaucoup des névroses. Quand je parle de névrose, c'est dit avec beaucoup d'amour, c'est pas un problème psychiatrique, une névrose. C'est un réflexe neuronal, c'est-à-dire en fait une grille d'analyse du monde et de réponse du monde. C'est une sorte d'algorithme personnel. C'est ça que j'appelle névrose. Donc un réflexe de réaction et un travail, eh bien on va être dans des grilles de névrose, dans des grilles de croyance. Et c'est là qu'est la valeur de ce qu'on fait. L'important, ce n'est pas ce qu'on a, c'est ce qu'on en fait. Regarde, dans le cas de jumeaux. homozygotes, donc qui ont exactement le même bagage génétique, on va se retrouver avec des passions qui vont se révéler chez l'un et pas chez l'autre, des talents qui vont se révéler chez l'un ou pas chez l'autre. On a même vu des cas extrêmement rares, mais d'un jumeau qui avait un diabète de type 1 génétique et l'autre pas. C'est des jumeaux homozygotes. Parce qu'à un moment donné, un événement peut complètement changer l'expression de cette loterie génétique. Tu connais l'effet papillon, tu sais un battement d'aile quelque part va déclencher une tempête ailleurs. Ça c'est un nom, c'est la théorie du chaos et on a fêté les 130 ans de la théorie du chaos. C'est Henri Poincaré qui le premier a dit on ne peut pas du tout prévoir les météos, les phénomènes climatiques et qui a défini, qui a commencé à définir la théorie du chaos même si c'est depuis 1970 que cette théorie est mathématiquement reconnue. C'est quoi la théorie du chaos ? C'est qu'un micro-événement va avoir des répercussions qui vont devenir exponentielles et qui rendent tout événement non-prédictible tant qu'il n'est pas arrivé. Une fois qu'il est arrivé, on pourrait dire d'accord, c'est donc l'enchaînement de toutes ces choses qui ont créé un talent, une passion, un événement. Mais tant que ce n'est pas arrivé, n'importe quoi, même un coup de froid, même une phrase qui a été entendue à un moment donné où j'avais avalé de travers, tout ça va créer... Des grilles de croyances va créer des schémas neuronaux, va créer ce que j'appelle donc des névroses, mais des névroses pas forcément limitantes, aussi des névroses constructives. Et donc cette théorie du chaos serait une analyse mathématique permettant de définir qu'il y a des gens qui ont plus de génie que d'autres. Mais tu comprends pourquoi je n'aime pas cette notion de cadeau tombé du ciel.

  • Speaker #1

    Donc là, si on reprend ton exemple des deux jumeaux. qui grandissent dans la même famille, même culture, même code. Il va y avoir un jour de pluie où on n'aura pas mis le petit chapeau à l'un où on l'a mis avant l'autre. Et ça, ça va créer plus tard, peut-être, une autre histoire. Et donc, les deux vont prendre un chemin différent.

  • Speaker #0

    Exactement. C'est ce qui me permet de dire que même si Mozart et sa sœur, donc Wolfgang et sa sœur...

  • Speaker #1

    Oui, qui avait autant de talent que lui, rappelons-le quand même.

  • Speaker #0

    Exactement. Mais, alors, pour des raisons qui ne sont pas... pas, Mozart était un génie meilleur que sa sœur. Non, pour des raisons de storytelling, des raisons de choix personnel, de conditionnement, même s'ils ont vécu les mêmes choses les premières années de leur vie, eh bien, ils ont quand même été légèrement différents parce qu'ils étaient à plusieurs mètres l'un de l'autre. Ça suffit à rendre les gens différents.

  • Speaker #1

    Parce que le pire a souhaité ça.

  • Speaker #0

    Et puis d'un point de vue socioculturel, Mozart était un garçon, Sœur était une fille, et évidemment cela a poussé l'un plus que l'autre. Mais non, Mozart n'était pas plus génial que sa sœur et pas plus génial qu'un autre.

  • Speaker #1

    J'aimerais qu'on fasse un petit pas de côté pour revenir au tube et expliquer le tube inattendu. Il y a beaucoup d'histoires comme ça, de petits tubes qui ont été écrits sur un coin de table et qui sont devenus des monuments de la musique. Comment on peut expliquer ce tube inattendu ?

  • Speaker #0

    Par exemple, le boléro de Ravel n'a pas du tout été composé pour être un tube. planétaire. C'est un exercice d'orchestration. Maurice Ravel, il l'a écrit comme exercice pour voir comment est-ce qu'un thème pouvait se développer dans l'orchestre pendant de longues minutes et... De très longues minutes. Et c'est devenu un tube, je ne pense pas par rapport à sa simplicité, alors oui, il y a une simplicité rythmique, il y a ce côté trans dans le boléro de Ravel, mais aussi parce qu'il y a une sincérité dans le travail. Et je crois qu'il y a beaucoup de chansons qui... arrivent et deviennent des tubes planétaires parce qu'il y a un travail énorme, un talent énorme et je crois une volonté de dire quelque chose. Regarde, Bohemian Rhapsody, ça ne correspond absolument pas à une...

  • Speaker #1

    Attention à ce que tu veux dire !

  • Speaker #0

    Ah non mais j'adore Bohemian Rhapsody, je dis juste que ça n'a pas du tout les caractéristiques du tube dont j'ai parlé. En termes de structure, c'est quand même du grand n'importe quoi, dans le sens que c'est génial, mais ça ne correspond pas à une chanson traditionnelle du tout et pourtant c'est incroyable. C'est incroyable pourquoi ? Certes, parce que c'est nouveau. Mais quand on dit c'est génial, ça veut dire quoi c'est génial ? Dans ce cas précis, ça veut juste dire qu'il y avait un besoin d'expression de la part de tous les artistes de Queen pour raconter ça. Une envie, une sincérité dans le travail. Je suis convaincu que d'un côté, le marketing peut pousser des produits très très loin. Et de l'autre côté, il y a... Le besoin viscéral d'un artiste de raconter quelque chose qui va se transmettre. Cette intention, cette intention de partage, de transmission, ce besoin de décrire le monde. Les artistes sont des poètes qui doivent donner un miroir sur le monde quand ils sont dans cette forme d'engagement et de sincérité. Il y a une énergie qui va passer qui va être beaucoup plus forte. Et donc le mieux, c'est quand il y a les deux en même temps. Ça, c'est pour le coup malheureusement rare, parce que le besoin de l'artiste d'exprimer quelque chose va se heurter à ce qu'on croit être le marketing, c'est-à-dire faire plaisir aux gens. Mais parfois, on arrive à faire l'un sans l'autre, et parfois, on arrive à faire les deux en même temps, et c'est l'idéal.

  • Speaker #1

    Donc, réponse à la question, nul besoin d'être un génie pour écrire un tube. En revanche, beaucoup de travail.

  • Speaker #0

    Beaucoup de travail, beaucoup de culture, beaucoup d'écoute s'ouvrir au monde énormément. Et puis... laisser le talent se construire au fil des années et puis avoir un bon producteur très riche, ça aide aussi.

  • Speaker #1

    Merci beaucoup Samuel, j'espère que ce premier épisode de La Musique et le reste vous a plu. N'hésitez pas à nous laisser des commentaires, on prendra le temps de tout lire et même si vous avez des sujets à aborder avec Samuel, laissez-nous tout ça en bas de la vidéo. N'oubliez pas de vous abonner à la chaîne La Musique et le reste et si vous souhaitez encore plus de contenu, vous pouvez aller visiter. les comptes TikTok, Instagram, vous tapez simplement Samuel Sennet, il n'y en a qu'un et vous le trouverez. On se donne rendez-vous dans deux semaines pour un nouvel épisode de La Musique. Et le reste, à bientôt. Sous-titrage Société Radio-Can

Description

La part de génie dans la composition musicale.
Tout le monde est-il capable d’écrire des tubes, ou faut-il faire preuve de génie ? 
D'ailleurs, le génie existe-t-il vraiment ?

N’hésitez pas à réagir en commentaire !


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Références citées
➡️ Pythagore et les origines de la gamme
https://www.resmusica.com/2018/08/13/pythagore-ou-les-origines-de-la-gamme/
➡️ Noah Askin
https://journals.sagepub.com/doi/10.1177/00031224241246271?trk=public_post_comment-text
➡️ Pierre Lemarquis
https://www.happyneuron.fr/actualite-scientifique/mozart-et-le-miserere-d-allegri-le-billet-du-neurologue
➡️ La théorie du chaos
https://fr.wikipedia.org/wiki/Th%C3%A9orie_du_chaos 

 

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CRÉDITS :
Intervenant : Samuel Sené
Animatrice : Julie Terranti
Réalisation : Studio Bénier
Monteur : Nicolas Bénier
Rédactrice en chef : Julie Terranti
Scripts : Sylvain Chaillou  - Gwendal Audrain, avec le soutien de Bénédicte Lundy-Mombert
Régisseur : Karim Sadi-Haddad
Maquillage : Ariane Simon
Découpage capsules : Julie Terranti 
Social Media Manager : Newmask Agency – Tom Lagarrigue
Musique et habillage sonore : Samuel Sené, Guillaume Coignard et Nicolas Bénier
Production : Musidrama
 
Pour toutes demandes de renseignements et/ou partenariats ⬇️ 
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Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Moi j'ai un problème avec le génie en fait. J'ai un problème avec la définition du génie. Qu'est-ce que c'est que le boléro de Ravel n'a pas du tout été composé pour être un cube planétaire ? Cha-cha ! Exactement, cha-cha ! C'est la même grille que I Got Freedom de Gershwin.

  • Speaker #1

    Bonjour à toutes, bonjour à tous et bienvenue dans La Musique et le Reste, votre nouvelle émission, nouveau rendez-vous à retrouver sur YouTube mais également en podcast sur toutes vos plateformes habituelles. Dans La Musique et le Reste, on parle de musique, c'est facile, c'est dans le titre, mais également du reste. Et le reste c'est quoi ? Eh bien ce sont des sujets qui vous intéressent, les mathématiques, les sciences, neurosciences, les arts sous toutes leurs formes. Et pour nous en parler, eh bien j'ai à mes côtés Samuel Senné. Salut Samuel !

  • Speaker #0

    Salut Julie !

  • Speaker #1

    Alors Samuel, pour ceux qui ne te connaîtraient pas encore, car tu es très actif sur les réseaux, notamment sur Instagram et sur TikTok. Tu es producteur musical du parc Disneyland Paris. Tu es compositeur, metteur en scène, entrepreneur également à la tête de cette structure. Et puis, tu apparaissais souvent sur les plateaux télé aux alentours du mois de juin, car ton nom apparaît sur la liste des plus jeunes bacheliers de France. Un bac que tu as eu à 14 ans. Tu as également eu ton agrègue de maths à 19 ans, si je ne me trompe pas. Donc beaucoup de matière grise, mise au service de la musique. Pourquoi ce choix ?

  • Speaker #0

    Parce que j'avais en effet, à l'école normale supérieure, commencé à diriger des orchestres. Et quand il a fallu faire un choix, j'ai été deux ans professeur-chercheur après l'école normale. Mais entre faire de la recherche forcément un peu solitaire et donner des cours tous les ans avec des programmes qui se répètent. Et de l'autre côté, diriger des opéras. Tous les mois dans le monde entier, en fait, la deuxième option était beaucoup plus fun.

  • Speaker #1

    Oui, on se comprend. Alors, pour ce premier épisode, on a décidé de parler de musique, bien sûr, mais aussi de génie, d'intelligence. Donc, on va mêler tout ça. Faut-il être un génie pour composer des tubes ? Question ouverte, n'hésitez pas à répondre en commentaire. Et je te laisse l'honneur d'ouvrir cette émission, mon cher Samuel.

  • Speaker #0

    Alors, mon Dieu, qu'est-ce qu'un... tube, en fait.

  • Speaker #1

    Déjà.

  • Speaker #0

    Qu'est-ce qu'un tube ? Alors, c'est quelque chose qui reste en tête et qui va avoir un succès commercial. Et c'est vrai qu'on se pose toujours la question, qu'est-ce qui fait qu'une musique fonctionne ou pas ? Déjà, une musique, c'est la résultante d'une mélodie, d'une harmonie et d'un rythme. Et donc, une chanson ou une musique qui va bien fonctionner, qui va être commercialement intéressante, il faut qu'elle plaise au plus grand nombre. Qu'elle soit un peu consensuelle, et pour ça il faut qu'elle soit facilement retenable, qu'elle plaise de manière a priori universelle, on va en reparler. Donc il faut une mélodie assez simple, que l'on peut facilement chanter ou au moins retenir. Il faut ce qu'on appelle la dansabilité. Alors c'est un néologisme, dansabilité. Mais en tout cas, il faut que le corps ait envie de s'exprimer. Alors, on a soit c'est du 120 BPM. 120 BPM, ça veut dire qu'il y a deux temps toutes les secondes. Ça, c'est ce qu'on considère être le plus dansable, parce que quand le rythme cardiaque va monter, ça colle à un rythme cardiaque de 120. Bon, mais il y a d'autres musiques qui sont dansables dans d'autres conditions. Un slow, évidemment, c'est plus bas, quoique le cœur va monter aussi. Ça dépend avec qui on danse. Mais donc, la dansabilité, c'est la capacité qu'une musique a De donner envie au corps de s'exprimer, très important, si le corps veut bouger dans une complexité rythmique, parce que pour le coup il faut que le rythme soit construit, et bien le cerveau va être content. Parce que tout vient du corps. À un moment donné, la musique a été faite à la base pour danser et s'exprimer corporellement. La mélodie, le rythme et l'harmonie. Il faut une harmonie, en tout cas donc une succession d'accords, qui soit, là encore, facilement compréhensible. Il ne faut pas que ce soit trop bête non plus. Il faut qu'il y ait une évolution, mais que tout... oreilles et donc tout cerveau auditif se disent ok je suis en sécurité je comprends la musique et j'aime ça j'ai expliqué au piano sera plus simple les harmonies simples ce sont des harmonies qui naturellement s'enchaînent et sont parfaitement compréhensible l'enchaînement de cet accord là on appelle 1 4 5 ça permet de faire la bamba

  • Speaker #1

    Est-ce que ce sont les fameux accords magiques ?

  • Speaker #0

    Alors les accords magiques, on appelle ça la progression four chords, c'est une progression à quatre accords. Là je t'en ai fait trois, mais les accords magiques ce sont ceux-là. Ces quatre accords-là, dans tous les sens, vont permettre de faire l'énorme majorité des chansons pop de la deuxième moitié du 20e siècle. Oui c'est ça. Par exemple, la petite bille. on voit cet enchaînement d'accord fait la même chose 2 que je connais un petit peu à fond de perles. Donc, ces accords-là, ils sont facilement compréhensibles. Ils ne mettent pas en danger le spectateur. L'oreille les accepte et peut se concentrer sur la mélodie, le rythme ou les paroles dans le cas d'une chanson. Donc, si j'inverse ces quatre accords-là magiques, j'ai par exemple le stand-by me. at a time, stand by me Typiquement. Bien, je vais rajouter, on appelle ça une anatole, un accord à l'intérieur. Gershwin l'avait fait par exemple I got freedom Donc cet enchaînement-là fait aussi partie de progressions très connues, très faciles. D'ailleurs, tiens, regarde quand je te fais ça Cha-cha ! Exactement, ba cha-cha ! C'est la même grille que I Got Freedom de Gershwin. Jaja, Gershwin, même combat.

  • Speaker #1

    Gershwin, Jaja, même combat, très bien. Mais alors ça me rappelle un petit peu aussi Pachelbel et les Maroon 5. Je crois qu'il y a un lien, là encore.

  • Speaker #0

    La succession d'accord de Pachelbel, ça s'appelle la succession canon, comme le canon de Pachelbel, elle a un nom. C'est cette succession-là qui va pas vers l'Anatol, mais vers un troisième degré mineur. et qui revient et qui fait un taté taté taté taté taté taté taté taté taté taté taté taté taté taté taté taté taté taté taté taté taté taté taté taté taté taté taté taté taté taté taté taté taté taté taté taté taté taté taté taté taté taté taté taté taté taté taté taté taté taté taté taté taté taté taté taté taté taté taté taté taté taté taté taté taté taté taté taté taté taté taté taté taté taté taté taté taté taté taté taté taté taté taté taté taté taté taté taté taté taté taté taté taté taté taté taté taté taté taté taté taté taté taté taté taté taté taté tat Ils ont eu du nez parce qu'en fait en prenant ces successions mélodiques, on sait fonctionner depuis des siècles, Memories est un énorme succès et je pense que ce succès est en partie dû à l'utilisation d'une grille qui fait partie de l'inconscient culturel depuis des siècles. Memories, ils sont à un milliard de vues sur YouTube. En fait, c'est en partie grâce à la progression harmonique.

  • Speaker #1

    Et donc c'est quelque chose qui est habituel en fait pour le cerveau, ce sont des enchaînements. qui sont naturelles finalement pour nous, et ce qui fait qu'on s'y accroche quelque part, et qui fait que ça fonctionne.

  • Speaker #0

    Le premier à avoir défini les règles pour écrire un tube, c'est Pythagore. Non. Parce qu'avant d'avoir fait son théorème de l'hypoténuse, il était aussi, en plus d'être philosophe et scientifique, il était musicien, et il a défini qu'une octave... Enfin, il a défini... Non, il a remarqué qu'un son qui est analysé par le cerveau comme étant le même son, si je te fais cette note-là et cette note-là, elle a la même perception. On entend que ce n'est pas la même hauteur, mais c'est la même note, on appelle ça une octave. Pourquoi ? Parce que la fréquence, donc le nombre de fois que l'air va battre par seconde, la fréquence de la note du dessus, c'est le double de la fréquence de la note du dessous. Et Pythagore a dit, quand on fait ce double de fréquence, ou quand on divise une corde par deux, ça revient au même, on a un son qui est analysé comme étant le même par le cerveau. Et si on fait x3, on arrive à un intervalle qui est stable et qui nous remplit de joie, qui nous remplit d'ordre, et que le cerveau comprend. Et toute l'harmonie est basée sur ce rapport mathématique. Pythagore a lié la beauté musicale aux mathématiques qui permettent d'enchaîner les accords magiques. Merci Pythagore.

  • Speaker #1

    Donc, si on est bon en maths, si on arrive à faire un rythme répétitif, une mélodie simple, là, tu nous as donné la recette pour écrire un tube et grâce à toi, on va devenir millionnaire. Merci, Samuel. Est-ce que ça suffit finalement ? Non,

  • Speaker #0

    si t'étais aussi simple, ça se saurait. Il faut quand même d'autres éléments. Tu peux écrire le plus grand tube de l'histoire qui va respecter toutes ces règles. Bien sûr, t'as pas besoin de connaître les règles mathématiques, mais tu connais les règles solfégiques. Tu appliques tout ce que j'ai raconté, et bien ça restera pour toujours dans un tiroir ou dans ton disque dur de ta chambre si tu n'as pas la communication et le marketing pour le faire connaître. Il y a tout un contexte autour de la sortie et de l'existence d'une musique. Déjà la communication, je dis toujours, il y a le savoir-faire. et le faire savoir. Et ça, ce n'est pas forcément du ressort de tous les artistes. Donc, il va falloir des producteurs, des diffuseurs, des médias qui vont promouvoir cette musique. Et après la communication, il y a le marketing, c'est-à-dire que la musique doit rentrer dans un contexte global. socio-culturel et aussi plaire au plus grand nombre en étant marketé. Alors, j'explique. Il y a deux manières de promouvoir une musique ou du moins de la faire vivre dans un contexte global. Il y a le storytelling et le marketing en tant que tel. Le storytelling, c'est le personnage de l'interprète, par exemple. Il y a ce que ça raconte. Il n'y a pas que la musique en tant que tel. Il y a des musiques qui peuvent être faibles musicalement, mais qui sont portées. par un interprète. Ça, c'est tout ce qui va être le storytelling.

  • Speaker #1

    Ça, ça peut être Dja Dja,

  • Speaker #0

    par exemple. Exactement. C'est-à-dire que Dja Dja, en effet, c'est toute l'histoire, toutes les valeurs véhiculées par Yannick Amoura. Je ne parle pas en France, je parle à l'international parce qu'évidemment, à l'international, il n'y a pas du tout le rapport à la polémique que l'on a, nous, sur la langue française. Mais c'est les valeurs de liberté, de féminité qui sont véhiculées par l'interprète. Outre son haut niveau de dansabilité. L'IA est très dansable et ça fonctionne. Je ne parle pas de goût, je ne dis pas qu'on doit aimer ou pas aimer, je ne fais qu'analyser. Et il y a l'arrivée d'une musique dans un contexte. Je suis passionné par les travaux de Noah Askin. Ce sont des travaux récents grâce aux plateformes comme Pandora qu'il a utilisées, qui regroupent des milliers et des milliers et des milliers de musiques depuis des décennies. Ils ont pu mettre des algorithmes, faire travailler l'IA pour déterminer. pour déterminer qu'est-ce qui fait qu'une musique va fonctionner ou pas. Et il s'est aperçu qu'il n'y a pas que mélodie, harmonie, sensibilité. Il n'y a pas que la recette. Il y a aussi le moment dans l'histoire où cette musique arrive. C'est-à-dire qu'il faut qu'une création musicale s'inscrive dans ce qui fonctionne déjà depuis quelques mois avec un... tout petit peu de différenciabilité pour qu'on reconnaisse la musique. Ça veut dire que Dja Dja, il y a 15 ans, ça n'aurait peut-être pas fonctionné. Il faut que ça s'insère dans un paysage global et qu'on vienne différencier un peu. Je vais te montrer deux exemples au piano pour que tu vois comment ça s'insère dans une musique connue avec une différence. Les travaux de Noah Askin ont déterminé qu'il y a une chanteuse qui est très très bonne pour ça en ce moment, c'est Adele. Adèle, elle va prendre des accords magiques. Alors, je vais prendre l'exemple de Skyfall. Là, on est sur les accords traditionnels. Elle aurait pu faire ça, mais elle va juste rajouter un accord qui est différenciable des autres. Je te montre l'introduction de Skyfall. Cet accord-là, qui fait que d'un coup, c'est Skyfall et pas une autre chanson. Donc, il va le refaire plusieurs fois pour bien indiquer la différenciation. Et puis il y a le pont que j'adore quand il fait... Cet accord-là, pareil, il n'est pas dans les accords magiques, et il vient modifier et rendre cette chanson un vrai tube. Et bien sûr, le storytelling qui va avec, la chanson de James Bond, etc. Et puis il y a Adele qui est une interprète formidable. C'est l'ensemble de toutes ces recettes qui fait que ça va fonctionner. Je peux donner un autre exemple que j'aime bien. Une chanson, pareil, que tu connais. Gloria Gennor I will survive jusqu'ici c'est une anatole tu te souviens de l'anatole ? I got freedom c'est cette anatole là et qu'est-ce qui va se passer ? Attention, cet accord-là, qui est un accord demi-diminué, qui fait que cette chanson n'est pas similaire à une autre. Autre accord qui vient modifier. Cette différenciabilité fait partie des ingrédients qui font un tube.

  • Speaker #1

    Donc effectivement, là, tu nous as démontré la différenciabilité pour faire de ce tube quelque chose de reconnaissable tout de suite. Trois accords, Adèle, on la reconnaît tout de suite. Mais tu parlais également de la diffusion. Il y a eu un changement quand même au niveau de la télévision, de la radio, tous ces marchés-là. Comment ça a évolué et comment ce marché, cette diffusion, fait que même quelque chose d'un peu faible peut devenir un tube ?

  • Speaker #0

    Avant même l'arrivée des médias, cet équilibre entre homogénéité, cohérence avec l'époque et différenciation, elle arrive au début du XXe siècle parce qu'à ce moment-là, il y a une différence majeure en Amérique. entre le mode de création musicale et le mode de consommation musicale. Avant cette époque-là, on consommait de la musique en allant au concert. On prenait un ticket et on allait voir un artiste. Et début du XXe siècle, on a ce qu'on appelle Tin Panalay. Tin Panalay, c'était une rue à New York où tous les producteurs de musique et de spectacle étaient réunis, c'était tous les hitters qui étaient là, et donc tu avais des pianistes qui jouaient sans arrêt et qui vendaient de la musique directement en forme de partition. Donc tu achetais une partition et tu n'allais plus au concert en achetant un ticket. Ça a changé complètement le rapport, parce que tous ces compositeurs étaient au même endroit et devaient coller avec l'état d'esprit du moment parce que tout était concentré, et en même temps être meilleurs que son voisin. D'ailleurs on appelle ça Tin Panalay parce que c'est le bruit d'une... poil en fer, tinpan. Tous les pianos un peu basse-tringue qui jouaient en même temps créaient un son comme si on tapait sur des poils. Ça s'appelle tinpanale, une expression qui est restée encore aujourd'hui. L'autre changement, c'est au milieu du XXe siècle, avec l'arrivée des médias, donc radio et télévision surtout. Le premier artiste dont on considère que la carrière a été profondément poussée et donc modifiée par les médias, c'est Elvis Presley. C'est grâce au passage télévision que Presley est devenu le monstre du XXe siècle, dans le bon sens. Je dis attention, c'était un très grand artiste, avec des très grandes chansons, mais ce cas spécifique d'Elvis Presley est arrivé dans l'histoire, poussé par les médias. Le mode de consommation était maintenant la télévision, la radio, l'achat des disques vinyles, puis ensuite des CD, et bon aujourd'hui ce sont les plateformes, mais donc à chaque mode de consommation, un marketing qui va être différent. Une histoire que l'on va raconter et donc la création d'un tube dépend très très fortement de son mode de diffusion et de consommation.

  • Speaker #1

    D'accord, là tu parles d'Elvis qui était quand même considéré comme un génie du rock, king of rock. Quand on parle de génie, moi tout de suite je vais penser aussi à Mozart qui est donc le petit génie de la musique classique. Là tu peux pas me dire qu'il y avait ce mode de diffusion là, il n'a pas profité de ces choses là. Donc il y a forcément quand même une... part de génie, sinon tu ne fais pas 20, 30 ans, 50 ans de carrière. Donc le génie, là, est obligé quand même d'être mis en avant sur ces faiseurs de tubes. Il en cumule quand même pas mal, notre ami Mozart.

  • Speaker #0

    Mozart cumule beaucoup de tubes, mais j'ose dire que Mozart n'est pas un génie.

  • Speaker #1

    Ça va réagir en commentaire, là encore.

  • Speaker #0

    Je t'explique pourquoi, parce qu'en fait, déjà, il faudrait définir ce que c'est que le génie d'un côté, on va y revenir, et de l'autre, dans Mozart, il y a aussi, dans le mythe Mozart, énormément de storytelling. Déjà le storytelling. Mozart, il n'est pas arrivé de nulle part, d'accord ? C'était un petit singe savant qui était poussé par son père, qui était professeur de violon. Son père avait décidé dès la naissance que Mozart et sa sœur allaient devenir... des enfants de foire et faire des tours partout, musicaux. Et donc, ils ont été baignés dans la musique depuis leur plus jeune âge. On peut quand même plutôt parler de conditionnement social dans le cas de Mozart. Ensuite, il y a énormément d'histoires qu'on raconte qui ne sont pas forcément vraies ou vérifiées. On dit que Mozart, c'est incroyable, a réécrit intégralement d'oreilles le miséréré d'allégries. Oui. D'accord ? Dans cette histoire précise, on a les travaux. de Pierre Lemarquis qui indique premièrement, il avait 14 ans, il n'était pas si jeune que ça. Le miséréré d'allégries est une musique extrêmement répétitive. Donc quand on l'écoute un soir, on l'écoute sur plusieurs fois. C'est un thème qui revient 15, 20, 30 fois. Et en fait, on a des écrits qui prouvent que Mozart est revenu le lendemain pour vérifier qu'il l'avait bien pris. Il ne l'a pas fait pour se la péter, il l'a fait parce qu'à l'époque, il était interdit. d'écrire cette musique religieuse, c'était forcément une musique orale, et donc il faisait exprès de venir noter la musique, mais on n'a aucune preuve qu'il l'a correctement fait, parce qu'on n'a pas la partition d'origine. Et celle qu'on a retrouvée il y a quelques années, n'était pas exactement le Miserere d'Allégri de l'époque, parce que c'est une partition qui était constamment évolutive. Donc oui, d'accord, évidemment, il y a du talent pour un adolescent de 14 ans, de reprendre d'oreille une musique, mais il y a surtout énormément de storytelling autour pour dire « Oh, c'est incroyable, c'est incroyable » . On n'en a pas de preuve. Moi, j'ai un problème avec le génie, en fait. J'ai un problème avec la définition du génie. Qu'est-ce que c'est ? Qu'est-ce que tu entends par là ? Si tu entends par génie des capacités exceptionnelles et un grand talent... Oui. Oui, d'accord. Mozart avait du talent et des capacités pour son époque exceptionnelle d'écrire de très belles musiques. Ce que je n'aime pas dans ce qui est implicitement déterminé dans la notion de génie, c'est la croyance qu'il y a quelque chose de plus grand que nous tous qui arrive, ou quelque chose d'inné qui serait arrivé et qui fait que des personnes ont plus de génie qu'un autre, et ça crée un jugement de valeur. J'ai beaucoup de mal avec ça.

  • Speaker #1

    C'est cette inégalité à la naissance, finalement, que tu rejettes. Oui.

  • Speaker #0

    Alors, c'est un sujet qui me concerne effectivement aussi beaucoup, parce que, comme tu l'as dit, j'ai une scolarité précoce. Alors aujourd'hui, à l'époque, on disait surdoué ou enfant précoce. Aujourd'hui, on dit HPI, haut potentiel intellectuel. Ce mot-là n'est pas mauvais, parce qu'on parle de potentiel. Ça ne veut pas dire qu'on le réalise, ce potentiel. Ça veut juste dire qu'il y a des capacités. Les tests qui sont faits scientifiques, médicaux, sur les HPI, parlent d'une vitesse neuronale plus importante ou d'une dissociation des deux hémisphères. Mais attention, ces tests-là, ils sont faits seulement sur des enfants qui ont au moins 7-8 ans ou plus. Donc, à aucun moment, on a de preuves qu'à la naissance ou dans la vie intra-utérine, il y a déjà dans la loterie génétique quelque chose qui vient faire des êtres supérieurs à d'autres. J'ai un vrai problème avec ça. Je pense que l'inné... n'est quasi pour rien dans les capacités d'un être humain par rapport à l'acquis. L'acquis est tout. Je préfère considérer qu'on a tous une forme de loterie génétique, bien sûr, mais qui n'est rien par rapport à ce qu'on en fait, par rapport aux gènes qu'on va exprimer, par rapport au travail que l'on va donner, par rapport à l'éducation, à la culture, au contexte socioculturel dans lequel on va arriver. C'est l'ensemble de tous ces éléments qui va... créer une spécificité qui fait de nous tous des êtres différents. Et certains vont effectivement développer un talent dans un domaine particulier. Mais c'est de l'acquis et pas de l'inné. Sinon, on rentre dans une forme d'eugénisme qui m'est insupportable.

  • Speaker #1

    Ce n'est pas de l'eugénisme. On peut juste accepter le fait que certaines personnes vont naître avec quelque chose. Oui, tu n'aimes pas ça, mais de le dire en plus. Là, je pense à Michael Jackson. On peut le comparer un petit peu à Mozart. C'est le king of pop. On est sur un génie aussi de la musique, de la personne, qui a un petit peu finalement le même parcours que lui, avec un père qui l'a surentraîné. Mais je pense qu'il y a énormément de parents qui ont porté leurs enfants vraiment à un niveau d'excellence. Et pourtant, ces enfants-là n'ont pas fait des génies plus tard. Tu vois ce que je veux dire ? Donc, il y a quand même quelque chose en plus, même si c'est terriblement... comment dire, terriblement injuste. Mais il y a quand même quelque chose. Que ça te plaise ou non.

  • Speaker #0

    Et puis il y a aussi des gens qui font des carrières formidables et qui n'ont pas forcément à la base un talent particulier. Je ne vais pas donner de nom parce que je vais choquer des gens en disant Mylène Farmer par exemple. Mais il y a des carrières...

  • Speaker #1

    Beaucoup d'images. Là, c'est un grand travail sur l'image,

  • Speaker #0

    Mylène Farmer. Donc, je pense que cette recette-là n'est pas possible à réellement décortiquer. Et surtout, c'est une question de... positionnement. Moi je ne veux pas défendre la notion de génie inné. Il n'y a aucune étude scientifique qui vient dire que certains naissent plus intelligents et je préfère que l'on soit responsable, nous, de ce qu'on est, de ce qu'on transmet à nos enfants, de ce qu'on décide de faire, du travail que l'on va faire. On a déjà énormément de loterie dans les... circonstances, c'est-à-dire qu'il suffit d'arriver dans telle famille, dans tel pays, être bien né, c'est déjà une énorme loterie. Si on devait rajouter la loterie génétique, alors qu'on sait depuis maintenant plusieurs années que l'épigénétique est là, c'est-à-dire que certains gènes vont s'exprimer d'autres pas, et que cela dépend de tout, donc beaucoup des névroses. Quand je parle de névrose, c'est dit avec beaucoup d'amour, c'est pas un problème psychiatrique, une névrose. C'est un réflexe neuronal, c'est-à-dire en fait une grille d'analyse du monde et de réponse du monde. C'est une sorte d'algorithme personnel. C'est ça que j'appelle névrose. Donc un réflexe de réaction et un travail, eh bien on va être dans des grilles de névrose, dans des grilles de croyance. Et c'est là qu'est la valeur de ce qu'on fait. L'important, ce n'est pas ce qu'on a, c'est ce qu'on en fait. Regarde, dans le cas de jumeaux. homozygotes, donc qui ont exactement le même bagage génétique, on va se retrouver avec des passions qui vont se révéler chez l'un et pas chez l'autre, des talents qui vont se révéler chez l'un ou pas chez l'autre. On a même vu des cas extrêmement rares, mais d'un jumeau qui avait un diabète de type 1 génétique et l'autre pas. C'est des jumeaux homozygotes. Parce qu'à un moment donné, un événement peut complètement changer l'expression de cette loterie génétique. Tu connais l'effet papillon, tu sais un battement d'aile quelque part va déclencher une tempête ailleurs. Ça c'est un nom, c'est la théorie du chaos et on a fêté les 130 ans de la théorie du chaos. C'est Henri Poincaré qui le premier a dit on ne peut pas du tout prévoir les météos, les phénomènes climatiques et qui a défini, qui a commencé à définir la théorie du chaos même si c'est depuis 1970 que cette théorie est mathématiquement reconnue. C'est quoi la théorie du chaos ? C'est qu'un micro-événement va avoir des répercussions qui vont devenir exponentielles et qui rendent tout événement non-prédictible tant qu'il n'est pas arrivé. Une fois qu'il est arrivé, on pourrait dire d'accord, c'est donc l'enchaînement de toutes ces choses qui ont créé un talent, une passion, un événement. Mais tant que ce n'est pas arrivé, n'importe quoi, même un coup de froid, même une phrase qui a été entendue à un moment donné où j'avais avalé de travers, tout ça va créer... Des grilles de croyances va créer des schémas neuronaux, va créer ce que j'appelle donc des névroses, mais des névroses pas forcément limitantes, aussi des névroses constructives. Et donc cette théorie du chaos serait une analyse mathématique permettant de définir qu'il y a des gens qui ont plus de génie que d'autres. Mais tu comprends pourquoi je n'aime pas cette notion de cadeau tombé du ciel.

  • Speaker #1

    Donc là, si on reprend ton exemple des deux jumeaux. qui grandissent dans la même famille, même culture, même code. Il va y avoir un jour de pluie où on n'aura pas mis le petit chapeau à l'un où on l'a mis avant l'autre. Et ça, ça va créer plus tard, peut-être, une autre histoire. Et donc, les deux vont prendre un chemin différent.

  • Speaker #0

    Exactement. C'est ce qui me permet de dire que même si Mozart et sa sœur, donc Wolfgang et sa sœur...

  • Speaker #1

    Oui, qui avait autant de talent que lui, rappelons-le quand même.

  • Speaker #0

    Exactement. Mais, alors, pour des raisons qui ne sont pas... pas, Mozart était un génie meilleur que sa sœur. Non, pour des raisons de storytelling, des raisons de choix personnel, de conditionnement, même s'ils ont vécu les mêmes choses les premières années de leur vie, eh bien, ils ont quand même été légèrement différents parce qu'ils étaient à plusieurs mètres l'un de l'autre. Ça suffit à rendre les gens différents.

  • Speaker #1

    Parce que le pire a souhaité ça.

  • Speaker #0

    Et puis d'un point de vue socioculturel, Mozart était un garçon, Sœur était une fille, et évidemment cela a poussé l'un plus que l'autre. Mais non, Mozart n'était pas plus génial que sa sœur et pas plus génial qu'un autre.

  • Speaker #1

    J'aimerais qu'on fasse un petit pas de côté pour revenir au tube et expliquer le tube inattendu. Il y a beaucoup d'histoires comme ça, de petits tubes qui ont été écrits sur un coin de table et qui sont devenus des monuments de la musique. Comment on peut expliquer ce tube inattendu ?

  • Speaker #0

    Par exemple, le boléro de Ravel n'a pas du tout été composé pour être un tube. planétaire. C'est un exercice d'orchestration. Maurice Ravel, il l'a écrit comme exercice pour voir comment est-ce qu'un thème pouvait se développer dans l'orchestre pendant de longues minutes et... De très longues minutes. Et c'est devenu un tube, je ne pense pas par rapport à sa simplicité, alors oui, il y a une simplicité rythmique, il y a ce côté trans dans le boléro de Ravel, mais aussi parce qu'il y a une sincérité dans le travail. Et je crois qu'il y a beaucoup de chansons qui... arrivent et deviennent des tubes planétaires parce qu'il y a un travail énorme, un talent énorme et je crois une volonté de dire quelque chose. Regarde, Bohemian Rhapsody, ça ne correspond absolument pas à une...

  • Speaker #1

    Attention à ce que tu veux dire !

  • Speaker #0

    Ah non mais j'adore Bohemian Rhapsody, je dis juste que ça n'a pas du tout les caractéristiques du tube dont j'ai parlé. En termes de structure, c'est quand même du grand n'importe quoi, dans le sens que c'est génial, mais ça ne correspond pas à une chanson traditionnelle du tout et pourtant c'est incroyable. C'est incroyable pourquoi ? Certes, parce que c'est nouveau. Mais quand on dit c'est génial, ça veut dire quoi c'est génial ? Dans ce cas précis, ça veut juste dire qu'il y avait un besoin d'expression de la part de tous les artistes de Queen pour raconter ça. Une envie, une sincérité dans le travail. Je suis convaincu que d'un côté, le marketing peut pousser des produits très très loin. Et de l'autre côté, il y a... Le besoin viscéral d'un artiste de raconter quelque chose qui va se transmettre. Cette intention, cette intention de partage, de transmission, ce besoin de décrire le monde. Les artistes sont des poètes qui doivent donner un miroir sur le monde quand ils sont dans cette forme d'engagement et de sincérité. Il y a une énergie qui va passer qui va être beaucoup plus forte. Et donc le mieux, c'est quand il y a les deux en même temps. Ça, c'est pour le coup malheureusement rare, parce que le besoin de l'artiste d'exprimer quelque chose va se heurter à ce qu'on croit être le marketing, c'est-à-dire faire plaisir aux gens. Mais parfois, on arrive à faire l'un sans l'autre, et parfois, on arrive à faire les deux en même temps, et c'est l'idéal.

  • Speaker #1

    Donc, réponse à la question, nul besoin d'être un génie pour écrire un tube. En revanche, beaucoup de travail.

  • Speaker #0

    Beaucoup de travail, beaucoup de culture, beaucoup d'écoute s'ouvrir au monde énormément. Et puis... laisser le talent se construire au fil des années et puis avoir un bon producteur très riche, ça aide aussi.

  • Speaker #1

    Merci beaucoup Samuel, j'espère que ce premier épisode de La Musique et le reste vous a plu. N'hésitez pas à nous laisser des commentaires, on prendra le temps de tout lire et même si vous avez des sujets à aborder avec Samuel, laissez-nous tout ça en bas de la vidéo. N'oubliez pas de vous abonner à la chaîne La Musique et le reste et si vous souhaitez encore plus de contenu, vous pouvez aller visiter. les comptes TikTok, Instagram, vous tapez simplement Samuel Sennet, il n'y en a qu'un et vous le trouverez. On se donne rendez-vous dans deux semaines pour un nouvel épisode de La Musique. Et le reste, à bientôt. Sous-titrage Société Radio-Can

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Description

La part de génie dans la composition musicale.
Tout le monde est-il capable d’écrire des tubes, ou faut-il faire preuve de génie ? 
D'ailleurs, le génie existe-t-il vraiment ?

N’hésitez pas à réagir en commentaire !


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Références citées
➡️ Pythagore et les origines de la gamme
https://www.resmusica.com/2018/08/13/pythagore-ou-les-origines-de-la-gamme/
➡️ Noah Askin
https://journals.sagepub.com/doi/10.1177/00031224241246271?trk=public_post_comment-text
➡️ Pierre Lemarquis
https://www.happyneuron.fr/actualite-scientifique/mozart-et-le-miserere-d-allegri-le-billet-du-neurologue
➡️ La théorie du chaos
https://fr.wikipedia.org/wiki/Th%C3%A9orie_du_chaos 

 

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CRÉDITS :
Intervenant : Samuel Sené
Animatrice : Julie Terranti
Réalisation : Studio Bénier
Monteur : Nicolas Bénier
Rédactrice en chef : Julie Terranti
Scripts : Sylvain Chaillou  - Gwendal Audrain, avec le soutien de Bénédicte Lundy-Mombert
Régisseur : Karim Sadi-Haddad
Maquillage : Ariane Simon
Découpage capsules : Julie Terranti 
Social Media Manager : Newmask Agency – Tom Lagarrigue
Musique et habillage sonore : Samuel Sené, Guillaume Coignard et Nicolas Bénier
Production : Musidrama
 
Pour toutes demandes de renseignements et/ou partenariats ⬇️ 
lamusiqueetlereste@gmail.com


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Moi j'ai un problème avec le génie en fait. J'ai un problème avec la définition du génie. Qu'est-ce que c'est que le boléro de Ravel n'a pas du tout été composé pour être un cube planétaire ? Cha-cha ! Exactement, cha-cha ! C'est la même grille que I Got Freedom de Gershwin.

  • Speaker #1

    Bonjour à toutes, bonjour à tous et bienvenue dans La Musique et le Reste, votre nouvelle émission, nouveau rendez-vous à retrouver sur YouTube mais également en podcast sur toutes vos plateformes habituelles. Dans La Musique et le Reste, on parle de musique, c'est facile, c'est dans le titre, mais également du reste. Et le reste c'est quoi ? Eh bien ce sont des sujets qui vous intéressent, les mathématiques, les sciences, neurosciences, les arts sous toutes leurs formes. Et pour nous en parler, eh bien j'ai à mes côtés Samuel Senné. Salut Samuel !

  • Speaker #0

    Salut Julie !

  • Speaker #1

    Alors Samuel, pour ceux qui ne te connaîtraient pas encore, car tu es très actif sur les réseaux, notamment sur Instagram et sur TikTok. Tu es producteur musical du parc Disneyland Paris. Tu es compositeur, metteur en scène, entrepreneur également à la tête de cette structure. Et puis, tu apparaissais souvent sur les plateaux télé aux alentours du mois de juin, car ton nom apparaît sur la liste des plus jeunes bacheliers de France. Un bac que tu as eu à 14 ans. Tu as également eu ton agrègue de maths à 19 ans, si je ne me trompe pas. Donc beaucoup de matière grise, mise au service de la musique. Pourquoi ce choix ?

  • Speaker #0

    Parce que j'avais en effet, à l'école normale supérieure, commencé à diriger des orchestres. Et quand il a fallu faire un choix, j'ai été deux ans professeur-chercheur après l'école normale. Mais entre faire de la recherche forcément un peu solitaire et donner des cours tous les ans avec des programmes qui se répètent. Et de l'autre côté, diriger des opéras. Tous les mois dans le monde entier, en fait, la deuxième option était beaucoup plus fun.

  • Speaker #1

    Oui, on se comprend. Alors, pour ce premier épisode, on a décidé de parler de musique, bien sûr, mais aussi de génie, d'intelligence. Donc, on va mêler tout ça. Faut-il être un génie pour composer des tubes ? Question ouverte, n'hésitez pas à répondre en commentaire. Et je te laisse l'honneur d'ouvrir cette émission, mon cher Samuel.

  • Speaker #0

    Alors, mon Dieu, qu'est-ce qu'un... tube, en fait.

  • Speaker #1

    Déjà.

  • Speaker #0

    Qu'est-ce qu'un tube ? Alors, c'est quelque chose qui reste en tête et qui va avoir un succès commercial. Et c'est vrai qu'on se pose toujours la question, qu'est-ce qui fait qu'une musique fonctionne ou pas ? Déjà, une musique, c'est la résultante d'une mélodie, d'une harmonie et d'un rythme. Et donc, une chanson ou une musique qui va bien fonctionner, qui va être commercialement intéressante, il faut qu'elle plaise au plus grand nombre. Qu'elle soit un peu consensuelle, et pour ça il faut qu'elle soit facilement retenable, qu'elle plaise de manière a priori universelle, on va en reparler. Donc il faut une mélodie assez simple, que l'on peut facilement chanter ou au moins retenir. Il faut ce qu'on appelle la dansabilité. Alors c'est un néologisme, dansabilité. Mais en tout cas, il faut que le corps ait envie de s'exprimer. Alors, on a soit c'est du 120 BPM. 120 BPM, ça veut dire qu'il y a deux temps toutes les secondes. Ça, c'est ce qu'on considère être le plus dansable, parce que quand le rythme cardiaque va monter, ça colle à un rythme cardiaque de 120. Bon, mais il y a d'autres musiques qui sont dansables dans d'autres conditions. Un slow, évidemment, c'est plus bas, quoique le cœur va monter aussi. Ça dépend avec qui on danse. Mais donc, la dansabilité, c'est la capacité qu'une musique a De donner envie au corps de s'exprimer, très important, si le corps veut bouger dans une complexité rythmique, parce que pour le coup il faut que le rythme soit construit, et bien le cerveau va être content. Parce que tout vient du corps. À un moment donné, la musique a été faite à la base pour danser et s'exprimer corporellement. La mélodie, le rythme et l'harmonie. Il faut une harmonie, en tout cas donc une succession d'accords, qui soit, là encore, facilement compréhensible. Il ne faut pas que ce soit trop bête non plus. Il faut qu'il y ait une évolution, mais que tout... oreilles et donc tout cerveau auditif se disent ok je suis en sécurité je comprends la musique et j'aime ça j'ai expliqué au piano sera plus simple les harmonies simples ce sont des harmonies qui naturellement s'enchaînent et sont parfaitement compréhensible l'enchaînement de cet accord là on appelle 1 4 5 ça permet de faire la bamba

  • Speaker #1

    Est-ce que ce sont les fameux accords magiques ?

  • Speaker #0

    Alors les accords magiques, on appelle ça la progression four chords, c'est une progression à quatre accords. Là je t'en ai fait trois, mais les accords magiques ce sont ceux-là. Ces quatre accords-là, dans tous les sens, vont permettre de faire l'énorme majorité des chansons pop de la deuxième moitié du 20e siècle. Oui c'est ça. Par exemple, la petite bille. on voit cet enchaînement d'accord fait la même chose 2 que je connais un petit peu à fond de perles. Donc, ces accords-là, ils sont facilement compréhensibles. Ils ne mettent pas en danger le spectateur. L'oreille les accepte et peut se concentrer sur la mélodie, le rythme ou les paroles dans le cas d'une chanson. Donc, si j'inverse ces quatre accords-là magiques, j'ai par exemple le stand-by me. at a time, stand by me Typiquement. Bien, je vais rajouter, on appelle ça une anatole, un accord à l'intérieur. Gershwin l'avait fait par exemple I got freedom Donc cet enchaînement-là fait aussi partie de progressions très connues, très faciles. D'ailleurs, tiens, regarde quand je te fais ça Cha-cha ! Exactement, ba cha-cha ! C'est la même grille que I Got Freedom de Gershwin. Jaja, Gershwin, même combat.

  • Speaker #1

    Gershwin, Jaja, même combat, très bien. Mais alors ça me rappelle un petit peu aussi Pachelbel et les Maroon 5. Je crois qu'il y a un lien, là encore.

  • Speaker #0

    La succession d'accord de Pachelbel, ça s'appelle la succession canon, comme le canon de Pachelbel, elle a un nom. C'est cette succession-là qui va pas vers l'Anatol, mais vers un troisième degré mineur. et qui revient et qui fait un taté taté taté taté taté taté taté taté taté taté taté taté taté taté taté taté taté taté taté taté taté taté taté taté taté taté taté taté taté taté taté taté taté taté taté taté taté taté taté taté taté taté taté taté taté taté taté taté taté taté taté taté taté taté taté taté taté taté taté taté taté taté taté taté taté taté taté taté taté taté taté taté taté taté taté taté taté taté taté taté taté taté taté taté taté taté taté taté taté taté taté taté taté taté taté taté taté taté taté taté taté taté taté taté taté taté taté tat Ils ont eu du nez parce qu'en fait en prenant ces successions mélodiques, on sait fonctionner depuis des siècles, Memories est un énorme succès et je pense que ce succès est en partie dû à l'utilisation d'une grille qui fait partie de l'inconscient culturel depuis des siècles. Memories, ils sont à un milliard de vues sur YouTube. En fait, c'est en partie grâce à la progression harmonique.

  • Speaker #1

    Et donc c'est quelque chose qui est habituel en fait pour le cerveau, ce sont des enchaînements. qui sont naturelles finalement pour nous, et ce qui fait qu'on s'y accroche quelque part, et qui fait que ça fonctionne.

  • Speaker #0

    Le premier à avoir défini les règles pour écrire un tube, c'est Pythagore. Non. Parce qu'avant d'avoir fait son théorème de l'hypoténuse, il était aussi, en plus d'être philosophe et scientifique, il était musicien, et il a défini qu'une octave... Enfin, il a défini... Non, il a remarqué qu'un son qui est analysé par le cerveau comme étant le même son, si je te fais cette note-là et cette note-là, elle a la même perception. On entend que ce n'est pas la même hauteur, mais c'est la même note, on appelle ça une octave. Pourquoi ? Parce que la fréquence, donc le nombre de fois que l'air va battre par seconde, la fréquence de la note du dessus, c'est le double de la fréquence de la note du dessous. Et Pythagore a dit, quand on fait ce double de fréquence, ou quand on divise une corde par deux, ça revient au même, on a un son qui est analysé comme étant le même par le cerveau. Et si on fait x3, on arrive à un intervalle qui est stable et qui nous remplit de joie, qui nous remplit d'ordre, et que le cerveau comprend. Et toute l'harmonie est basée sur ce rapport mathématique. Pythagore a lié la beauté musicale aux mathématiques qui permettent d'enchaîner les accords magiques. Merci Pythagore.

  • Speaker #1

    Donc, si on est bon en maths, si on arrive à faire un rythme répétitif, une mélodie simple, là, tu nous as donné la recette pour écrire un tube et grâce à toi, on va devenir millionnaire. Merci, Samuel. Est-ce que ça suffit finalement ? Non,

  • Speaker #0

    si t'étais aussi simple, ça se saurait. Il faut quand même d'autres éléments. Tu peux écrire le plus grand tube de l'histoire qui va respecter toutes ces règles. Bien sûr, t'as pas besoin de connaître les règles mathématiques, mais tu connais les règles solfégiques. Tu appliques tout ce que j'ai raconté, et bien ça restera pour toujours dans un tiroir ou dans ton disque dur de ta chambre si tu n'as pas la communication et le marketing pour le faire connaître. Il y a tout un contexte autour de la sortie et de l'existence d'une musique. Déjà la communication, je dis toujours, il y a le savoir-faire. et le faire savoir. Et ça, ce n'est pas forcément du ressort de tous les artistes. Donc, il va falloir des producteurs, des diffuseurs, des médias qui vont promouvoir cette musique. Et après la communication, il y a le marketing, c'est-à-dire que la musique doit rentrer dans un contexte global. socio-culturel et aussi plaire au plus grand nombre en étant marketé. Alors, j'explique. Il y a deux manières de promouvoir une musique ou du moins de la faire vivre dans un contexte global. Il y a le storytelling et le marketing en tant que tel. Le storytelling, c'est le personnage de l'interprète, par exemple. Il y a ce que ça raconte. Il n'y a pas que la musique en tant que tel. Il y a des musiques qui peuvent être faibles musicalement, mais qui sont portées. par un interprète. Ça, c'est tout ce qui va être le storytelling.

  • Speaker #1

    Ça, ça peut être Dja Dja,

  • Speaker #0

    par exemple. Exactement. C'est-à-dire que Dja Dja, en effet, c'est toute l'histoire, toutes les valeurs véhiculées par Yannick Amoura. Je ne parle pas en France, je parle à l'international parce qu'évidemment, à l'international, il n'y a pas du tout le rapport à la polémique que l'on a, nous, sur la langue française. Mais c'est les valeurs de liberté, de féminité qui sont véhiculées par l'interprète. Outre son haut niveau de dansabilité. L'IA est très dansable et ça fonctionne. Je ne parle pas de goût, je ne dis pas qu'on doit aimer ou pas aimer, je ne fais qu'analyser. Et il y a l'arrivée d'une musique dans un contexte. Je suis passionné par les travaux de Noah Askin. Ce sont des travaux récents grâce aux plateformes comme Pandora qu'il a utilisées, qui regroupent des milliers et des milliers et des milliers de musiques depuis des décennies. Ils ont pu mettre des algorithmes, faire travailler l'IA pour déterminer. pour déterminer qu'est-ce qui fait qu'une musique va fonctionner ou pas. Et il s'est aperçu qu'il n'y a pas que mélodie, harmonie, sensibilité. Il n'y a pas que la recette. Il y a aussi le moment dans l'histoire où cette musique arrive. C'est-à-dire qu'il faut qu'une création musicale s'inscrive dans ce qui fonctionne déjà depuis quelques mois avec un... tout petit peu de différenciabilité pour qu'on reconnaisse la musique. Ça veut dire que Dja Dja, il y a 15 ans, ça n'aurait peut-être pas fonctionné. Il faut que ça s'insère dans un paysage global et qu'on vienne différencier un peu. Je vais te montrer deux exemples au piano pour que tu vois comment ça s'insère dans une musique connue avec une différence. Les travaux de Noah Askin ont déterminé qu'il y a une chanteuse qui est très très bonne pour ça en ce moment, c'est Adele. Adèle, elle va prendre des accords magiques. Alors, je vais prendre l'exemple de Skyfall. Là, on est sur les accords traditionnels. Elle aurait pu faire ça, mais elle va juste rajouter un accord qui est différenciable des autres. Je te montre l'introduction de Skyfall. Cet accord-là, qui fait que d'un coup, c'est Skyfall et pas une autre chanson. Donc, il va le refaire plusieurs fois pour bien indiquer la différenciation. Et puis il y a le pont que j'adore quand il fait... Cet accord-là, pareil, il n'est pas dans les accords magiques, et il vient modifier et rendre cette chanson un vrai tube. Et bien sûr, le storytelling qui va avec, la chanson de James Bond, etc. Et puis il y a Adele qui est une interprète formidable. C'est l'ensemble de toutes ces recettes qui fait que ça va fonctionner. Je peux donner un autre exemple que j'aime bien. Une chanson, pareil, que tu connais. Gloria Gennor I will survive jusqu'ici c'est une anatole tu te souviens de l'anatole ? I got freedom c'est cette anatole là et qu'est-ce qui va se passer ? Attention, cet accord-là, qui est un accord demi-diminué, qui fait que cette chanson n'est pas similaire à une autre. Autre accord qui vient modifier. Cette différenciabilité fait partie des ingrédients qui font un tube.

  • Speaker #1

    Donc effectivement, là, tu nous as démontré la différenciabilité pour faire de ce tube quelque chose de reconnaissable tout de suite. Trois accords, Adèle, on la reconnaît tout de suite. Mais tu parlais également de la diffusion. Il y a eu un changement quand même au niveau de la télévision, de la radio, tous ces marchés-là. Comment ça a évolué et comment ce marché, cette diffusion, fait que même quelque chose d'un peu faible peut devenir un tube ?

  • Speaker #0

    Avant même l'arrivée des médias, cet équilibre entre homogénéité, cohérence avec l'époque et différenciation, elle arrive au début du XXe siècle parce qu'à ce moment-là, il y a une différence majeure en Amérique. entre le mode de création musicale et le mode de consommation musicale. Avant cette époque-là, on consommait de la musique en allant au concert. On prenait un ticket et on allait voir un artiste. Et début du XXe siècle, on a ce qu'on appelle Tin Panalay. Tin Panalay, c'était une rue à New York où tous les producteurs de musique et de spectacle étaient réunis, c'était tous les hitters qui étaient là, et donc tu avais des pianistes qui jouaient sans arrêt et qui vendaient de la musique directement en forme de partition. Donc tu achetais une partition et tu n'allais plus au concert en achetant un ticket. Ça a changé complètement le rapport, parce que tous ces compositeurs étaient au même endroit et devaient coller avec l'état d'esprit du moment parce que tout était concentré, et en même temps être meilleurs que son voisin. D'ailleurs on appelle ça Tin Panalay parce que c'est le bruit d'une... poil en fer, tinpan. Tous les pianos un peu basse-tringue qui jouaient en même temps créaient un son comme si on tapait sur des poils. Ça s'appelle tinpanale, une expression qui est restée encore aujourd'hui. L'autre changement, c'est au milieu du XXe siècle, avec l'arrivée des médias, donc radio et télévision surtout. Le premier artiste dont on considère que la carrière a été profondément poussée et donc modifiée par les médias, c'est Elvis Presley. C'est grâce au passage télévision que Presley est devenu le monstre du XXe siècle, dans le bon sens. Je dis attention, c'était un très grand artiste, avec des très grandes chansons, mais ce cas spécifique d'Elvis Presley est arrivé dans l'histoire, poussé par les médias. Le mode de consommation était maintenant la télévision, la radio, l'achat des disques vinyles, puis ensuite des CD, et bon aujourd'hui ce sont les plateformes, mais donc à chaque mode de consommation, un marketing qui va être différent. Une histoire que l'on va raconter et donc la création d'un tube dépend très très fortement de son mode de diffusion et de consommation.

  • Speaker #1

    D'accord, là tu parles d'Elvis qui était quand même considéré comme un génie du rock, king of rock. Quand on parle de génie, moi tout de suite je vais penser aussi à Mozart qui est donc le petit génie de la musique classique. Là tu peux pas me dire qu'il y avait ce mode de diffusion là, il n'a pas profité de ces choses là. Donc il y a forcément quand même une... part de génie, sinon tu ne fais pas 20, 30 ans, 50 ans de carrière. Donc le génie, là, est obligé quand même d'être mis en avant sur ces faiseurs de tubes. Il en cumule quand même pas mal, notre ami Mozart.

  • Speaker #0

    Mozart cumule beaucoup de tubes, mais j'ose dire que Mozart n'est pas un génie.

  • Speaker #1

    Ça va réagir en commentaire, là encore.

  • Speaker #0

    Je t'explique pourquoi, parce qu'en fait, déjà, il faudrait définir ce que c'est que le génie d'un côté, on va y revenir, et de l'autre, dans Mozart, il y a aussi, dans le mythe Mozart, énormément de storytelling. Déjà le storytelling. Mozart, il n'est pas arrivé de nulle part, d'accord ? C'était un petit singe savant qui était poussé par son père, qui était professeur de violon. Son père avait décidé dès la naissance que Mozart et sa sœur allaient devenir... des enfants de foire et faire des tours partout, musicaux. Et donc, ils ont été baignés dans la musique depuis leur plus jeune âge. On peut quand même plutôt parler de conditionnement social dans le cas de Mozart. Ensuite, il y a énormément d'histoires qu'on raconte qui ne sont pas forcément vraies ou vérifiées. On dit que Mozart, c'est incroyable, a réécrit intégralement d'oreilles le miséréré d'allégries. Oui. D'accord ? Dans cette histoire précise, on a les travaux. de Pierre Lemarquis qui indique premièrement, il avait 14 ans, il n'était pas si jeune que ça. Le miséréré d'allégries est une musique extrêmement répétitive. Donc quand on l'écoute un soir, on l'écoute sur plusieurs fois. C'est un thème qui revient 15, 20, 30 fois. Et en fait, on a des écrits qui prouvent que Mozart est revenu le lendemain pour vérifier qu'il l'avait bien pris. Il ne l'a pas fait pour se la péter, il l'a fait parce qu'à l'époque, il était interdit. d'écrire cette musique religieuse, c'était forcément une musique orale, et donc il faisait exprès de venir noter la musique, mais on n'a aucune preuve qu'il l'a correctement fait, parce qu'on n'a pas la partition d'origine. Et celle qu'on a retrouvée il y a quelques années, n'était pas exactement le Miserere d'Allégri de l'époque, parce que c'est une partition qui était constamment évolutive. Donc oui, d'accord, évidemment, il y a du talent pour un adolescent de 14 ans, de reprendre d'oreille une musique, mais il y a surtout énormément de storytelling autour pour dire « Oh, c'est incroyable, c'est incroyable » . On n'en a pas de preuve. Moi, j'ai un problème avec le génie, en fait. J'ai un problème avec la définition du génie. Qu'est-ce que c'est ? Qu'est-ce que tu entends par là ? Si tu entends par génie des capacités exceptionnelles et un grand talent... Oui. Oui, d'accord. Mozart avait du talent et des capacités pour son époque exceptionnelle d'écrire de très belles musiques. Ce que je n'aime pas dans ce qui est implicitement déterminé dans la notion de génie, c'est la croyance qu'il y a quelque chose de plus grand que nous tous qui arrive, ou quelque chose d'inné qui serait arrivé et qui fait que des personnes ont plus de génie qu'un autre, et ça crée un jugement de valeur. J'ai beaucoup de mal avec ça.

  • Speaker #1

    C'est cette inégalité à la naissance, finalement, que tu rejettes. Oui.

  • Speaker #0

    Alors, c'est un sujet qui me concerne effectivement aussi beaucoup, parce que, comme tu l'as dit, j'ai une scolarité précoce. Alors aujourd'hui, à l'époque, on disait surdoué ou enfant précoce. Aujourd'hui, on dit HPI, haut potentiel intellectuel. Ce mot-là n'est pas mauvais, parce qu'on parle de potentiel. Ça ne veut pas dire qu'on le réalise, ce potentiel. Ça veut juste dire qu'il y a des capacités. Les tests qui sont faits scientifiques, médicaux, sur les HPI, parlent d'une vitesse neuronale plus importante ou d'une dissociation des deux hémisphères. Mais attention, ces tests-là, ils sont faits seulement sur des enfants qui ont au moins 7-8 ans ou plus. Donc, à aucun moment, on a de preuves qu'à la naissance ou dans la vie intra-utérine, il y a déjà dans la loterie génétique quelque chose qui vient faire des êtres supérieurs à d'autres. J'ai un vrai problème avec ça. Je pense que l'inné... n'est quasi pour rien dans les capacités d'un être humain par rapport à l'acquis. L'acquis est tout. Je préfère considérer qu'on a tous une forme de loterie génétique, bien sûr, mais qui n'est rien par rapport à ce qu'on en fait, par rapport aux gènes qu'on va exprimer, par rapport au travail que l'on va donner, par rapport à l'éducation, à la culture, au contexte socioculturel dans lequel on va arriver. C'est l'ensemble de tous ces éléments qui va... créer une spécificité qui fait de nous tous des êtres différents. Et certains vont effectivement développer un talent dans un domaine particulier. Mais c'est de l'acquis et pas de l'inné. Sinon, on rentre dans une forme d'eugénisme qui m'est insupportable.

  • Speaker #1

    Ce n'est pas de l'eugénisme. On peut juste accepter le fait que certaines personnes vont naître avec quelque chose. Oui, tu n'aimes pas ça, mais de le dire en plus. Là, je pense à Michael Jackson. On peut le comparer un petit peu à Mozart. C'est le king of pop. On est sur un génie aussi de la musique, de la personne, qui a un petit peu finalement le même parcours que lui, avec un père qui l'a surentraîné. Mais je pense qu'il y a énormément de parents qui ont porté leurs enfants vraiment à un niveau d'excellence. Et pourtant, ces enfants-là n'ont pas fait des génies plus tard. Tu vois ce que je veux dire ? Donc, il y a quand même quelque chose en plus, même si c'est terriblement... comment dire, terriblement injuste. Mais il y a quand même quelque chose. Que ça te plaise ou non.

  • Speaker #0

    Et puis il y a aussi des gens qui font des carrières formidables et qui n'ont pas forcément à la base un talent particulier. Je ne vais pas donner de nom parce que je vais choquer des gens en disant Mylène Farmer par exemple. Mais il y a des carrières...

  • Speaker #1

    Beaucoup d'images. Là, c'est un grand travail sur l'image,

  • Speaker #0

    Mylène Farmer. Donc, je pense que cette recette-là n'est pas possible à réellement décortiquer. Et surtout, c'est une question de... positionnement. Moi je ne veux pas défendre la notion de génie inné. Il n'y a aucune étude scientifique qui vient dire que certains naissent plus intelligents et je préfère que l'on soit responsable, nous, de ce qu'on est, de ce qu'on transmet à nos enfants, de ce qu'on décide de faire, du travail que l'on va faire. On a déjà énormément de loterie dans les... circonstances, c'est-à-dire qu'il suffit d'arriver dans telle famille, dans tel pays, être bien né, c'est déjà une énorme loterie. Si on devait rajouter la loterie génétique, alors qu'on sait depuis maintenant plusieurs années que l'épigénétique est là, c'est-à-dire que certains gènes vont s'exprimer d'autres pas, et que cela dépend de tout, donc beaucoup des névroses. Quand je parle de névrose, c'est dit avec beaucoup d'amour, c'est pas un problème psychiatrique, une névrose. C'est un réflexe neuronal, c'est-à-dire en fait une grille d'analyse du monde et de réponse du monde. C'est une sorte d'algorithme personnel. C'est ça que j'appelle névrose. Donc un réflexe de réaction et un travail, eh bien on va être dans des grilles de névrose, dans des grilles de croyance. Et c'est là qu'est la valeur de ce qu'on fait. L'important, ce n'est pas ce qu'on a, c'est ce qu'on en fait. Regarde, dans le cas de jumeaux. homozygotes, donc qui ont exactement le même bagage génétique, on va se retrouver avec des passions qui vont se révéler chez l'un et pas chez l'autre, des talents qui vont se révéler chez l'un ou pas chez l'autre. On a même vu des cas extrêmement rares, mais d'un jumeau qui avait un diabète de type 1 génétique et l'autre pas. C'est des jumeaux homozygotes. Parce qu'à un moment donné, un événement peut complètement changer l'expression de cette loterie génétique. Tu connais l'effet papillon, tu sais un battement d'aile quelque part va déclencher une tempête ailleurs. Ça c'est un nom, c'est la théorie du chaos et on a fêté les 130 ans de la théorie du chaos. C'est Henri Poincaré qui le premier a dit on ne peut pas du tout prévoir les météos, les phénomènes climatiques et qui a défini, qui a commencé à définir la théorie du chaos même si c'est depuis 1970 que cette théorie est mathématiquement reconnue. C'est quoi la théorie du chaos ? C'est qu'un micro-événement va avoir des répercussions qui vont devenir exponentielles et qui rendent tout événement non-prédictible tant qu'il n'est pas arrivé. Une fois qu'il est arrivé, on pourrait dire d'accord, c'est donc l'enchaînement de toutes ces choses qui ont créé un talent, une passion, un événement. Mais tant que ce n'est pas arrivé, n'importe quoi, même un coup de froid, même une phrase qui a été entendue à un moment donné où j'avais avalé de travers, tout ça va créer... Des grilles de croyances va créer des schémas neuronaux, va créer ce que j'appelle donc des névroses, mais des névroses pas forcément limitantes, aussi des névroses constructives. Et donc cette théorie du chaos serait une analyse mathématique permettant de définir qu'il y a des gens qui ont plus de génie que d'autres. Mais tu comprends pourquoi je n'aime pas cette notion de cadeau tombé du ciel.

  • Speaker #1

    Donc là, si on reprend ton exemple des deux jumeaux. qui grandissent dans la même famille, même culture, même code. Il va y avoir un jour de pluie où on n'aura pas mis le petit chapeau à l'un où on l'a mis avant l'autre. Et ça, ça va créer plus tard, peut-être, une autre histoire. Et donc, les deux vont prendre un chemin différent.

  • Speaker #0

    Exactement. C'est ce qui me permet de dire que même si Mozart et sa sœur, donc Wolfgang et sa sœur...

  • Speaker #1

    Oui, qui avait autant de talent que lui, rappelons-le quand même.

  • Speaker #0

    Exactement. Mais, alors, pour des raisons qui ne sont pas... pas, Mozart était un génie meilleur que sa sœur. Non, pour des raisons de storytelling, des raisons de choix personnel, de conditionnement, même s'ils ont vécu les mêmes choses les premières années de leur vie, eh bien, ils ont quand même été légèrement différents parce qu'ils étaient à plusieurs mètres l'un de l'autre. Ça suffit à rendre les gens différents.

  • Speaker #1

    Parce que le pire a souhaité ça.

  • Speaker #0

    Et puis d'un point de vue socioculturel, Mozart était un garçon, Sœur était une fille, et évidemment cela a poussé l'un plus que l'autre. Mais non, Mozart n'était pas plus génial que sa sœur et pas plus génial qu'un autre.

  • Speaker #1

    J'aimerais qu'on fasse un petit pas de côté pour revenir au tube et expliquer le tube inattendu. Il y a beaucoup d'histoires comme ça, de petits tubes qui ont été écrits sur un coin de table et qui sont devenus des monuments de la musique. Comment on peut expliquer ce tube inattendu ?

  • Speaker #0

    Par exemple, le boléro de Ravel n'a pas du tout été composé pour être un tube. planétaire. C'est un exercice d'orchestration. Maurice Ravel, il l'a écrit comme exercice pour voir comment est-ce qu'un thème pouvait se développer dans l'orchestre pendant de longues minutes et... De très longues minutes. Et c'est devenu un tube, je ne pense pas par rapport à sa simplicité, alors oui, il y a une simplicité rythmique, il y a ce côté trans dans le boléro de Ravel, mais aussi parce qu'il y a une sincérité dans le travail. Et je crois qu'il y a beaucoup de chansons qui... arrivent et deviennent des tubes planétaires parce qu'il y a un travail énorme, un talent énorme et je crois une volonté de dire quelque chose. Regarde, Bohemian Rhapsody, ça ne correspond absolument pas à une...

  • Speaker #1

    Attention à ce que tu veux dire !

  • Speaker #0

    Ah non mais j'adore Bohemian Rhapsody, je dis juste que ça n'a pas du tout les caractéristiques du tube dont j'ai parlé. En termes de structure, c'est quand même du grand n'importe quoi, dans le sens que c'est génial, mais ça ne correspond pas à une chanson traditionnelle du tout et pourtant c'est incroyable. C'est incroyable pourquoi ? Certes, parce que c'est nouveau. Mais quand on dit c'est génial, ça veut dire quoi c'est génial ? Dans ce cas précis, ça veut juste dire qu'il y avait un besoin d'expression de la part de tous les artistes de Queen pour raconter ça. Une envie, une sincérité dans le travail. Je suis convaincu que d'un côté, le marketing peut pousser des produits très très loin. Et de l'autre côté, il y a... Le besoin viscéral d'un artiste de raconter quelque chose qui va se transmettre. Cette intention, cette intention de partage, de transmission, ce besoin de décrire le monde. Les artistes sont des poètes qui doivent donner un miroir sur le monde quand ils sont dans cette forme d'engagement et de sincérité. Il y a une énergie qui va passer qui va être beaucoup plus forte. Et donc le mieux, c'est quand il y a les deux en même temps. Ça, c'est pour le coup malheureusement rare, parce que le besoin de l'artiste d'exprimer quelque chose va se heurter à ce qu'on croit être le marketing, c'est-à-dire faire plaisir aux gens. Mais parfois, on arrive à faire l'un sans l'autre, et parfois, on arrive à faire les deux en même temps, et c'est l'idéal.

  • Speaker #1

    Donc, réponse à la question, nul besoin d'être un génie pour écrire un tube. En revanche, beaucoup de travail.

  • Speaker #0

    Beaucoup de travail, beaucoup de culture, beaucoup d'écoute s'ouvrir au monde énormément. Et puis... laisser le talent se construire au fil des années et puis avoir un bon producteur très riche, ça aide aussi.

  • Speaker #1

    Merci beaucoup Samuel, j'espère que ce premier épisode de La Musique et le reste vous a plu. N'hésitez pas à nous laisser des commentaires, on prendra le temps de tout lire et même si vous avez des sujets à aborder avec Samuel, laissez-nous tout ça en bas de la vidéo. N'oubliez pas de vous abonner à la chaîne La Musique et le reste et si vous souhaitez encore plus de contenu, vous pouvez aller visiter. les comptes TikTok, Instagram, vous tapez simplement Samuel Sennet, il n'y en a qu'un et vous le trouverez. On se donne rendez-vous dans deux semaines pour un nouvel épisode de La Musique. Et le reste, à bientôt. Sous-titrage Société Radio-Can

Description

La part de génie dans la composition musicale.
Tout le monde est-il capable d’écrire des tubes, ou faut-il faire preuve de génie ? 
D'ailleurs, le génie existe-t-il vraiment ?

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Références citées
➡️ Pythagore et les origines de la gamme
https://www.resmusica.com/2018/08/13/pythagore-ou-les-origines-de-la-gamme/
➡️ Noah Askin
https://journals.sagepub.com/doi/10.1177/00031224241246271?trk=public_post_comment-text
➡️ Pierre Lemarquis
https://www.happyneuron.fr/actualite-scientifique/mozart-et-le-miserere-d-allegri-le-billet-du-neurologue
➡️ La théorie du chaos
https://fr.wikipedia.org/wiki/Th%C3%A9orie_du_chaos 

 

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CRÉDITS :
Intervenant : Samuel Sené
Animatrice : Julie Terranti
Réalisation : Studio Bénier
Monteur : Nicolas Bénier
Rédactrice en chef : Julie Terranti
Scripts : Sylvain Chaillou  - Gwendal Audrain, avec le soutien de Bénédicte Lundy-Mombert
Régisseur : Karim Sadi-Haddad
Maquillage : Ariane Simon
Découpage capsules : Julie Terranti 
Social Media Manager : Newmask Agency – Tom Lagarrigue
Musique et habillage sonore : Samuel Sené, Guillaume Coignard et Nicolas Bénier
Production : Musidrama
 
Pour toutes demandes de renseignements et/ou partenariats ⬇️ 
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Transcription

  • Speaker #0

    Moi j'ai un problème avec le génie en fait. J'ai un problème avec la définition du génie. Qu'est-ce que c'est que le boléro de Ravel n'a pas du tout été composé pour être un cube planétaire ? Cha-cha ! Exactement, cha-cha ! C'est la même grille que I Got Freedom de Gershwin.

  • Speaker #1

    Bonjour à toutes, bonjour à tous et bienvenue dans La Musique et le Reste, votre nouvelle émission, nouveau rendez-vous à retrouver sur YouTube mais également en podcast sur toutes vos plateformes habituelles. Dans La Musique et le Reste, on parle de musique, c'est facile, c'est dans le titre, mais également du reste. Et le reste c'est quoi ? Eh bien ce sont des sujets qui vous intéressent, les mathématiques, les sciences, neurosciences, les arts sous toutes leurs formes. Et pour nous en parler, eh bien j'ai à mes côtés Samuel Senné. Salut Samuel !

  • Speaker #0

    Salut Julie !

  • Speaker #1

    Alors Samuel, pour ceux qui ne te connaîtraient pas encore, car tu es très actif sur les réseaux, notamment sur Instagram et sur TikTok. Tu es producteur musical du parc Disneyland Paris. Tu es compositeur, metteur en scène, entrepreneur également à la tête de cette structure. Et puis, tu apparaissais souvent sur les plateaux télé aux alentours du mois de juin, car ton nom apparaît sur la liste des plus jeunes bacheliers de France. Un bac que tu as eu à 14 ans. Tu as également eu ton agrègue de maths à 19 ans, si je ne me trompe pas. Donc beaucoup de matière grise, mise au service de la musique. Pourquoi ce choix ?

  • Speaker #0

    Parce que j'avais en effet, à l'école normale supérieure, commencé à diriger des orchestres. Et quand il a fallu faire un choix, j'ai été deux ans professeur-chercheur après l'école normale. Mais entre faire de la recherche forcément un peu solitaire et donner des cours tous les ans avec des programmes qui se répètent. Et de l'autre côté, diriger des opéras. Tous les mois dans le monde entier, en fait, la deuxième option était beaucoup plus fun.

  • Speaker #1

    Oui, on se comprend. Alors, pour ce premier épisode, on a décidé de parler de musique, bien sûr, mais aussi de génie, d'intelligence. Donc, on va mêler tout ça. Faut-il être un génie pour composer des tubes ? Question ouverte, n'hésitez pas à répondre en commentaire. Et je te laisse l'honneur d'ouvrir cette émission, mon cher Samuel.

  • Speaker #0

    Alors, mon Dieu, qu'est-ce qu'un... tube, en fait.

  • Speaker #1

    Déjà.

  • Speaker #0

    Qu'est-ce qu'un tube ? Alors, c'est quelque chose qui reste en tête et qui va avoir un succès commercial. Et c'est vrai qu'on se pose toujours la question, qu'est-ce qui fait qu'une musique fonctionne ou pas ? Déjà, une musique, c'est la résultante d'une mélodie, d'une harmonie et d'un rythme. Et donc, une chanson ou une musique qui va bien fonctionner, qui va être commercialement intéressante, il faut qu'elle plaise au plus grand nombre. Qu'elle soit un peu consensuelle, et pour ça il faut qu'elle soit facilement retenable, qu'elle plaise de manière a priori universelle, on va en reparler. Donc il faut une mélodie assez simple, que l'on peut facilement chanter ou au moins retenir. Il faut ce qu'on appelle la dansabilité. Alors c'est un néologisme, dansabilité. Mais en tout cas, il faut que le corps ait envie de s'exprimer. Alors, on a soit c'est du 120 BPM. 120 BPM, ça veut dire qu'il y a deux temps toutes les secondes. Ça, c'est ce qu'on considère être le plus dansable, parce que quand le rythme cardiaque va monter, ça colle à un rythme cardiaque de 120. Bon, mais il y a d'autres musiques qui sont dansables dans d'autres conditions. Un slow, évidemment, c'est plus bas, quoique le cœur va monter aussi. Ça dépend avec qui on danse. Mais donc, la dansabilité, c'est la capacité qu'une musique a De donner envie au corps de s'exprimer, très important, si le corps veut bouger dans une complexité rythmique, parce que pour le coup il faut que le rythme soit construit, et bien le cerveau va être content. Parce que tout vient du corps. À un moment donné, la musique a été faite à la base pour danser et s'exprimer corporellement. La mélodie, le rythme et l'harmonie. Il faut une harmonie, en tout cas donc une succession d'accords, qui soit, là encore, facilement compréhensible. Il ne faut pas que ce soit trop bête non plus. Il faut qu'il y ait une évolution, mais que tout... oreilles et donc tout cerveau auditif se disent ok je suis en sécurité je comprends la musique et j'aime ça j'ai expliqué au piano sera plus simple les harmonies simples ce sont des harmonies qui naturellement s'enchaînent et sont parfaitement compréhensible l'enchaînement de cet accord là on appelle 1 4 5 ça permet de faire la bamba

  • Speaker #1

    Est-ce que ce sont les fameux accords magiques ?

  • Speaker #0

    Alors les accords magiques, on appelle ça la progression four chords, c'est une progression à quatre accords. Là je t'en ai fait trois, mais les accords magiques ce sont ceux-là. Ces quatre accords-là, dans tous les sens, vont permettre de faire l'énorme majorité des chansons pop de la deuxième moitié du 20e siècle. Oui c'est ça. Par exemple, la petite bille. on voit cet enchaînement d'accord fait la même chose 2 que je connais un petit peu à fond de perles. Donc, ces accords-là, ils sont facilement compréhensibles. Ils ne mettent pas en danger le spectateur. L'oreille les accepte et peut se concentrer sur la mélodie, le rythme ou les paroles dans le cas d'une chanson. Donc, si j'inverse ces quatre accords-là magiques, j'ai par exemple le stand-by me. at a time, stand by me Typiquement. Bien, je vais rajouter, on appelle ça une anatole, un accord à l'intérieur. Gershwin l'avait fait par exemple I got freedom Donc cet enchaînement-là fait aussi partie de progressions très connues, très faciles. D'ailleurs, tiens, regarde quand je te fais ça Cha-cha ! Exactement, ba cha-cha ! C'est la même grille que I Got Freedom de Gershwin. Jaja, Gershwin, même combat.

  • Speaker #1

    Gershwin, Jaja, même combat, très bien. Mais alors ça me rappelle un petit peu aussi Pachelbel et les Maroon 5. Je crois qu'il y a un lien, là encore.

  • Speaker #0

    La succession d'accord de Pachelbel, ça s'appelle la succession canon, comme le canon de Pachelbel, elle a un nom. C'est cette succession-là qui va pas vers l'Anatol, mais vers un troisième degré mineur. et qui revient et qui fait un taté taté taté taté taté taté taté taté taté taté taté taté taté taté taté taté taté taté taté taté taté taté taté taté taté taté taté taté taté taté taté taté taté taté taté taté taté taté taté taté taté taté taté taté taté taté taté taté taté taté taté taté taté taté taté taté taté taté taté taté taté taté taté taté taté taté taté taté taté taté taté taté taté taté taté taté taté taté taté taté taté taté taté taté taté taté taté taté taté taté taté taté taté taté taté taté taté taté taté taté taté taté taté taté taté taté taté tat Ils ont eu du nez parce qu'en fait en prenant ces successions mélodiques, on sait fonctionner depuis des siècles, Memories est un énorme succès et je pense que ce succès est en partie dû à l'utilisation d'une grille qui fait partie de l'inconscient culturel depuis des siècles. Memories, ils sont à un milliard de vues sur YouTube. En fait, c'est en partie grâce à la progression harmonique.

  • Speaker #1

    Et donc c'est quelque chose qui est habituel en fait pour le cerveau, ce sont des enchaînements. qui sont naturelles finalement pour nous, et ce qui fait qu'on s'y accroche quelque part, et qui fait que ça fonctionne.

  • Speaker #0

    Le premier à avoir défini les règles pour écrire un tube, c'est Pythagore. Non. Parce qu'avant d'avoir fait son théorème de l'hypoténuse, il était aussi, en plus d'être philosophe et scientifique, il était musicien, et il a défini qu'une octave... Enfin, il a défini... Non, il a remarqué qu'un son qui est analysé par le cerveau comme étant le même son, si je te fais cette note-là et cette note-là, elle a la même perception. On entend que ce n'est pas la même hauteur, mais c'est la même note, on appelle ça une octave. Pourquoi ? Parce que la fréquence, donc le nombre de fois que l'air va battre par seconde, la fréquence de la note du dessus, c'est le double de la fréquence de la note du dessous. Et Pythagore a dit, quand on fait ce double de fréquence, ou quand on divise une corde par deux, ça revient au même, on a un son qui est analysé comme étant le même par le cerveau. Et si on fait x3, on arrive à un intervalle qui est stable et qui nous remplit de joie, qui nous remplit d'ordre, et que le cerveau comprend. Et toute l'harmonie est basée sur ce rapport mathématique. Pythagore a lié la beauté musicale aux mathématiques qui permettent d'enchaîner les accords magiques. Merci Pythagore.

  • Speaker #1

    Donc, si on est bon en maths, si on arrive à faire un rythme répétitif, une mélodie simple, là, tu nous as donné la recette pour écrire un tube et grâce à toi, on va devenir millionnaire. Merci, Samuel. Est-ce que ça suffit finalement ? Non,

  • Speaker #0

    si t'étais aussi simple, ça se saurait. Il faut quand même d'autres éléments. Tu peux écrire le plus grand tube de l'histoire qui va respecter toutes ces règles. Bien sûr, t'as pas besoin de connaître les règles mathématiques, mais tu connais les règles solfégiques. Tu appliques tout ce que j'ai raconté, et bien ça restera pour toujours dans un tiroir ou dans ton disque dur de ta chambre si tu n'as pas la communication et le marketing pour le faire connaître. Il y a tout un contexte autour de la sortie et de l'existence d'une musique. Déjà la communication, je dis toujours, il y a le savoir-faire. et le faire savoir. Et ça, ce n'est pas forcément du ressort de tous les artistes. Donc, il va falloir des producteurs, des diffuseurs, des médias qui vont promouvoir cette musique. Et après la communication, il y a le marketing, c'est-à-dire que la musique doit rentrer dans un contexte global. socio-culturel et aussi plaire au plus grand nombre en étant marketé. Alors, j'explique. Il y a deux manières de promouvoir une musique ou du moins de la faire vivre dans un contexte global. Il y a le storytelling et le marketing en tant que tel. Le storytelling, c'est le personnage de l'interprète, par exemple. Il y a ce que ça raconte. Il n'y a pas que la musique en tant que tel. Il y a des musiques qui peuvent être faibles musicalement, mais qui sont portées. par un interprète. Ça, c'est tout ce qui va être le storytelling.

  • Speaker #1

    Ça, ça peut être Dja Dja,

  • Speaker #0

    par exemple. Exactement. C'est-à-dire que Dja Dja, en effet, c'est toute l'histoire, toutes les valeurs véhiculées par Yannick Amoura. Je ne parle pas en France, je parle à l'international parce qu'évidemment, à l'international, il n'y a pas du tout le rapport à la polémique que l'on a, nous, sur la langue française. Mais c'est les valeurs de liberté, de féminité qui sont véhiculées par l'interprète. Outre son haut niveau de dansabilité. L'IA est très dansable et ça fonctionne. Je ne parle pas de goût, je ne dis pas qu'on doit aimer ou pas aimer, je ne fais qu'analyser. Et il y a l'arrivée d'une musique dans un contexte. Je suis passionné par les travaux de Noah Askin. Ce sont des travaux récents grâce aux plateformes comme Pandora qu'il a utilisées, qui regroupent des milliers et des milliers et des milliers de musiques depuis des décennies. Ils ont pu mettre des algorithmes, faire travailler l'IA pour déterminer. pour déterminer qu'est-ce qui fait qu'une musique va fonctionner ou pas. Et il s'est aperçu qu'il n'y a pas que mélodie, harmonie, sensibilité. Il n'y a pas que la recette. Il y a aussi le moment dans l'histoire où cette musique arrive. C'est-à-dire qu'il faut qu'une création musicale s'inscrive dans ce qui fonctionne déjà depuis quelques mois avec un... tout petit peu de différenciabilité pour qu'on reconnaisse la musique. Ça veut dire que Dja Dja, il y a 15 ans, ça n'aurait peut-être pas fonctionné. Il faut que ça s'insère dans un paysage global et qu'on vienne différencier un peu. Je vais te montrer deux exemples au piano pour que tu vois comment ça s'insère dans une musique connue avec une différence. Les travaux de Noah Askin ont déterminé qu'il y a une chanteuse qui est très très bonne pour ça en ce moment, c'est Adele. Adèle, elle va prendre des accords magiques. Alors, je vais prendre l'exemple de Skyfall. Là, on est sur les accords traditionnels. Elle aurait pu faire ça, mais elle va juste rajouter un accord qui est différenciable des autres. Je te montre l'introduction de Skyfall. Cet accord-là, qui fait que d'un coup, c'est Skyfall et pas une autre chanson. Donc, il va le refaire plusieurs fois pour bien indiquer la différenciation. Et puis il y a le pont que j'adore quand il fait... Cet accord-là, pareil, il n'est pas dans les accords magiques, et il vient modifier et rendre cette chanson un vrai tube. Et bien sûr, le storytelling qui va avec, la chanson de James Bond, etc. Et puis il y a Adele qui est une interprète formidable. C'est l'ensemble de toutes ces recettes qui fait que ça va fonctionner. Je peux donner un autre exemple que j'aime bien. Une chanson, pareil, que tu connais. Gloria Gennor I will survive jusqu'ici c'est une anatole tu te souviens de l'anatole ? I got freedom c'est cette anatole là et qu'est-ce qui va se passer ? Attention, cet accord-là, qui est un accord demi-diminué, qui fait que cette chanson n'est pas similaire à une autre. Autre accord qui vient modifier. Cette différenciabilité fait partie des ingrédients qui font un tube.

  • Speaker #1

    Donc effectivement, là, tu nous as démontré la différenciabilité pour faire de ce tube quelque chose de reconnaissable tout de suite. Trois accords, Adèle, on la reconnaît tout de suite. Mais tu parlais également de la diffusion. Il y a eu un changement quand même au niveau de la télévision, de la radio, tous ces marchés-là. Comment ça a évolué et comment ce marché, cette diffusion, fait que même quelque chose d'un peu faible peut devenir un tube ?

  • Speaker #0

    Avant même l'arrivée des médias, cet équilibre entre homogénéité, cohérence avec l'époque et différenciation, elle arrive au début du XXe siècle parce qu'à ce moment-là, il y a une différence majeure en Amérique. entre le mode de création musicale et le mode de consommation musicale. Avant cette époque-là, on consommait de la musique en allant au concert. On prenait un ticket et on allait voir un artiste. Et début du XXe siècle, on a ce qu'on appelle Tin Panalay. Tin Panalay, c'était une rue à New York où tous les producteurs de musique et de spectacle étaient réunis, c'était tous les hitters qui étaient là, et donc tu avais des pianistes qui jouaient sans arrêt et qui vendaient de la musique directement en forme de partition. Donc tu achetais une partition et tu n'allais plus au concert en achetant un ticket. Ça a changé complètement le rapport, parce que tous ces compositeurs étaient au même endroit et devaient coller avec l'état d'esprit du moment parce que tout était concentré, et en même temps être meilleurs que son voisin. D'ailleurs on appelle ça Tin Panalay parce que c'est le bruit d'une... poil en fer, tinpan. Tous les pianos un peu basse-tringue qui jouaient en même temps créaient un son comme si on tapait sur des poils. Ça s'appelle tinpanale, une expression qui est restée encore aujourd'hui. L'autre changement, c'est au milieu du XXe siècle, avec l'arrivée des médias, donc radio et télévision surtout. Le premier artiste dont on considère que la carrière a été profondément poussée et donc modifiée par les médias, c'est Elvis Presley. C'est grâce au passage télévision que Presley est devenu le monstre du XXe siècle, dans le bon sens. Je dis attention, c'était un très grand artiste, avec des très grandes chansons, mais ce cas spécifique d'Elvis Presley est arrivé dans l'histoire, poussé par les médias. Le mode de consommation était maintenant la télévision, la radio, l'achat des disques vinyles, puis ensuite des CD, et bon aujourd'hui ce sont les plateformes, mais donc à chaque mode de consommation, un marketing qui va être différent. Une histoire que l'on va raconter et donc la création d'un tube dépend très très fortement de son mode de diffusion et de consommation.

  • Speaker #1

    D'accord, là tu parles d'Elvis qui était quand même considéré comme un génie du rock, king of rock. Quand on parle de génie, moi tout de suite je vais penser aussi à Mozart qui est donc le petit génie de la musique classique. Là tu peux pas me dire qu'il y avait ce mode de diffusion là, il n'a pas profité de ces choses là. Donc il y a forcément quand même une... part de génie, sinon tu ne fais pas 20, 30 ans, 50 ans de carrière. Donc le génie, là, est obligé quand même d'être mis en avant sur ces faiseurs de tubes. Il en cumule quand même pas mal, notre ami Mozart.

  • Speaker #0

    Mozart cumule beaucoup de tubes, mais j'ose dire que Mozart n'est pas un génie.

  • Speaker #1

    Ça va réagir en commentaire, là encore.

  • Speaker #0

    Je t'explique pourquoi, parce qu'en fait, déjà, il faudrait définir ce que c'est que le génie d'un côté, on va y revenir, et de l'autre, dans Mozart, il y a aussi, dans le mythe Mozart, énormément de storytelling. Déjà le storytelling. Mozart, il n'est pas arrivé de nulle part, d'accord ? C'était un petit singe savant qui était poussé par son père, qui était professeur de violon. Son père avait décidé dès la naissance que Mozart et sa sœur allaient devenir... des enfants de foire et faire des tours partout, musicaux. Et donc, ils ont été baignés dans la musique depuis leur plus jeune âge. On peut quand même plutôt parler de conditionnement social dans le cas de Mozart. Ensuite, il y a énormément d'histoires qu'on raconte qui ne sont pas forcément vraies ou vérifiées. On dit que Mozart, c'est incroyable, a réécrit intégralement d'oreilles le miséréré d'allégries. Oui. D'accord ? Dans cette histoire précise, on a les travaux. de Pierre Lemarquis qui indique premièrement, il avait 14 ans, il n'était pas si jeune que ça. Le miséréré d'allégries est une musique extrêmement répétitive. Donc quand on l'écoute un soir, on l'écoute sur plusieurs fois. C'est un thème qui revient 15, 20, 30 fois. Et en fait, on a des écrits qui prouvent que Mozart est revenu le lendemain pour vérifier qu'il l'avait bien pris. Il ne l'a pas fait pour se la péter, il l'a fait parce qu'à l'époque, il était interdit. d'écrire cette musique religieuse, c'était forcément une musique orale, et donc il faisait exprès de venir noter la musique, mais on n'a aucune preuve qu'il l'a correctement fait, parce qu'on n'a pas la partition d'origine. Et celle qu'on a retrouvée il y a quelques années, n'était pas exactement le Miserere d'Allégri de l'époque, parce que c'est une partition qui était constamment évolutive. Donc oui, d'accord, évidemment, il y a du talent pour un adolescent de 14 ans, de reprendre d'oreille une musique, mais il y a surtout énormément de storytelling autour pour dire « Oh, c'est incroyable, c'est incroyable » . On n'en a pas de preuve. Moi, j'ai un problème avec le génie, en fait. J'ai un problème avec la définition du génie. Qu'est-ce que c'est ? Qu'est-ce que tu entends par là ? Si tu entends par génie des capacités exceptionnelles et un grand talent... Oui. Oui, d'accord. Mozart avait du talent et des capacités pour son époque exceptionnelle d'écrire de très belles musiques. Ce que je n'aime pas dans ce qui est implicitement déterminé dans la notion de génie, c'est la croyance qu'il y a quelque chose de plus grand que nous tous qui arrive, ou quelque chose d'inné qui serait arrivé et qui fait que des personnes ont plus de génie qu'un autre, et ça crée un jugement de valeur. J'ai beaucoup de mal avec ça.

  • Speaker #1

    C'est cette inégalité à la naissance, finalement, que tu rejettes. Oui.

  • Speaker #0

    Alors, c'est un sujet qui me concerne effectivement aussi beaucoup, parce que, comme tu l'as dit, j'ai une scolarité précoce. Alors aujourd'hui, à l'époque, on disait surdoué ou enfant précoce. Aujourd'hui, on dit HPI, haut potentiel intellectuel. Ce mot-là n'est pas mauvais, parce qu'on parle de potentiel. Ça ne veut pas dire qu'on le réalise, ce potentiel. Ça veut juste dire qu'il y a des capacités. Les tests qui sont faits scientifiques, médicaux, sur les HPI, parlent d'une vitesse neuronale plus importante ou d'une dissociation des deux hémisphères. Mais attention, ces tests-là, ils sont faits seulement sur des enfants qui ont au moins 7-8 ans ou plus. Donc, à aucun moment, on a de preuves qu'à la naissance ou dans la vie intra-utérine, il y a déjà dans la loterie génétique quelque chose qui vient faire des êtres supérieurs à d'autres. J'ai un vrai problème avec ça. Je pense que l'inné... n'est quasi pour rien dans les capacités d'un être humain par rapport à l'acquis. L'acquis est tout. Je préfère considérer qu'on a tous une forme de loterie génétique, bien sûr, mais qui n'est rien par rapport à ce qu'on en fait, par rapport aux gènes qu'on va exprimer, par rapport au travail que l'on va donner, par rapport à l'éducation, à la culture, au contexte socioculturel dans lequel on va arriver. C'est l'ensemble de tous ces éléments qui va... créer une spécificité qui fait de nous tous des êtres différents. Et certains vont effectivement développer un talent dans un domaine particulier. Mais c'est de l'acquis et pas de l'inné. Sinon, on rentre dans une forme d'eugénisme qui m'est insupportable.

  • Speaker #1

    Ce n'est pas de l'eugénisme. On peut juste accepter le fait que certaines personnes vont naître avec quelque chose. Oui, tu n'aimes pas ça, mais de le dire en plus. Là, je pense à Michael Jackson. On peut le comparer un petit peu à Mozart. C'est le king of pop. On est sur un génie aussi de la musique, de la personne, qui a un petit peu finalement le même parcours que lui, avec un père qui l'a surentraîné. Mais je pense qu'il y a énormément de parents qui ont porté leurs enfants vraiment à un niveau d'excellence. Et pourtant, ces enfants-là n'ont pas fait des génies plus tard. Tu vois ce que je veux dire ? Donc, il y a quand même quelque chose en plus, même si c'est terriblement... comment dire, terriblement injuste. Mais il y a quand même quelque chose. Que ça te plaise ou non.

  • Speaker #0

    Et puis il y a aussi des gens qui font des carrières formidables et qui n'ont pas forcément à la base un talent particulier. Je ne vais pas donner de nom parce que je vais choquer des gens en disant Mylène Farmer par exemple. Mais il y a des carrières...

  • Speaker #1

    Beaucoup d'images. Là, c'est un grand travail sur l'image,

  • Speaker #0

    Mylène Farmer. Donc, je pense que cette recette-là n'est pas possible à réellement décortiquer. Et surtout, c'est une question de... positionnement. Moi je ne veux pas défendre la notion de génie inné. Il n'y a aucune étude scientifique qui vient dire que certains naissent plus intelligents et je préfère que l'on soit responsable, nous, de ce qu'on est, de ce qu'on transmet à nos enfants, de ce qu'on décide de faire, du travail que l'on va faire. On a déjà énormément de loterie dans les... circonstances, c'est-à-dire qu'il suffit d'arriver dans telle famille, dans tel pays, être bien né, c'est déjà une énorme loterie. Si on devait rajouter la loterie génétique, alors qu'on sait depuis maintenant plusieurs années que l'épigénétique est là, c'est-à-dire que certains gènes vont s'exprimer d'autres pas, et que cela dépend de tout, donc beaucoup des névroses. Quand je parle de névrose, c'est dit avec beaucoup d'amour, c'est pas un problème psychiatrique, une névrose. C'est un réflexe neuronal, c'est-à-dire en fait une grille d'analyse du monde et de réponse du monde. C'est une sorte d'algorithme personnel. C'est ça que j'appelle névrose. Donc un réflexe de réaction et un travail, eh bien on va être dans des grilles de névrose, dans des grilles de croyance. Et c'est là qu'est la valeur de ce qu'on fait. L'important, ce n'est pas ce qu'on a, c'est ce qu'on en fait. Regarde, dans le cas de jumeaux. homozygotes, donc qui ont exactement le même bagage génétique, on va se retrouver avec des passions qui vont se révéler chez l'un et pas chez l'autre, des talents qui vont se révéler chez l'un ou pas chez l'autre. On a même vu des cas extrêmement rares, mais d'un jumeau qui avait un diabète de type 1 génétique et l'autre pas. C'est des jumeaux homozygotes. Parce qu'à un moment donné, un événement peut complètement changer l'expression de cette loterie génétique. Tu connais l'effet papillon, tu sais un battement d'aile quelque part va déclencher une tempête ailleurs. Ça c'est un nom, c'est la théorie du chaos et on a fêté les 130 ans de la théorie du chaos. C'est Henri Poincaré qui le premier a dit on ne peut pas du tout prévoir les météos, les phénomènes climatiques et qui a défini, qui a commencé à définir la théorie du chaos même si c'est depuis 1970 que cette théorie est mathématiquement reconnue. C'est quoi la théorie du chaos ? C'est qu'un micro-événement va avoir des répercussions qui vont devenir exponentielles et qui rendent tout événement non-prédictible tant qu'il n'est pas arrivé. Une fois qu'il est arrivé, on pourrait dire d'accord, c'est donc l'enchaînement de toutes ces choses qui ont créé un talent, une passion, un événement. Mais tant que ce n'est pas arrivé, n'importe quoi, même un coup de froid, même une phrase qui a été entendue à un moment donné où j'avais avalé de travers, tout ça va créer... Des grilles de croyances va créer des schémas neuronaux, va créer ce que j'appelle donc des névroses, mais des névroses pas forcément limitantes, aussi des névroses constructives. Et donc cette théorie du chaos serait une analyse mathématique permettant de définir qu'il y a des gens qui ont plus de génie que d'autres. Mais tu comprends pourquoi je n'aime pas cette notion de cadeau tombé du ciel.

  • Speaker #1

    Donc là, si on reprend ton exemple des deux jumeaux. qui grandissent dans la même famille, même culture, même code. Il va y avoir un jour de pluie où on n'aura pas mis le petit chapeau à l'un où on l'a mis avant l'autre. Et ça, ça va créer plus tard, peut-être, une autre histoire. Et donc, les deux vont prendre un chemin différent.

  • Speaker #0

    Exactement. C'est ce qui me permet de dire que même si Mozart et sa sœur, donc Wolfgang et sa sœur...

  • Speaker #1

    Oui, qui avait autant de talent que lui, rappelons-le quand même.

  • Speaker #0

    Exactement. Mais, alors, pour des raisons qui ne sont pas... pas, Mozart était un génie meilleur que sa sœur. Non, pour des raisons de storytelling, des raisons de choix personnel, de conditionnement, même s'ils ont vécu les mêmes choses les premières années de leur vie, eh bien, ils ont quand même été légèrement différents parce qu'ils étaient à plusieurs mètres l'un de l'autre. Ça suffit à rendre les gens différents.

  • Speaker #1

    Parce que le pire a souhaité ça.

  • Speaker #0

    Et puis d'un point de vue socioculturel, Mozart était un garçon, Sœur était une fille, et évidemment cela a poussé l'un plus que l'autre. Mais non, Mozart n'était pas plus génial que sa sœur et pas plus génial qu'un autre.

  • Speaker #1

    J'aimerais qu'on fasse un petit pas de côté pour revenir au tube et expliquer le tube inattendu. Il y a beaucoup d'histoires comme ça, de petits tubes qui ont été écrits sur un coin de table et qui sont devenus des monuments de la musique. Comment on peut expliquer ce tube inattendu ?

  • Speaker #0

    Par exemple, le boléro de Ravel n'a pas du tout été composé pour être un tube. planétaire. C'est un exercice d'orchestration. Maurice Ravel, il l'a écrit comme exercice pour voir comment est-ce qu'un thème pouvait se développer dans l'orchestre pendant de longues minutes et... De très longues minutes. Et c'est devenu un tube, je ne pense pas par rapport à sa simplicité, alors oui, il y a une simplicité rythmique, il y a ce côté trans dans le boléro de Ravel, mais aussi parce qu'il y a une sincérité dans le travail. Et je crois qu'il y a beaucoup de chansons qui... arrivent et deviennent des tubes planétaires parce qu'il y a un travail énorme, un talent énorme et je crois une volonté de dire quelque chose. Regarde, Bohemian Rhapsody, ça ne correspond absolument pas à une...

  • Speaker #1

    Attention à ce que tu veux dire !

  • Speaker #0

    Ah non mais j'adore Bohemian Rhapsody, je dis juste que ça n'a pas du tout les caractéristiques du tube dont j'ai parlé. En termes de structure, c'est quand même du grand n'importe quoi, dans le sens que c'est génial, mais ça ne correspond pas à une chanson traditionnelle du tout et pourtant c'est incroyable. C'est incroyable pourquoi ? Certes, parce que c'est nouveau. Mais quand on dit c'est génial, ça veut dire quoi c'est génial ? Dans ce cas précis, ça veut juste dire qu'il y avait un besoin d'expression de la part de tous les artistes de Queen pour raconter ça. Une envie, une sincérité dans le travail. Je suis convaincu que d'un côté, le marketing peut pousser des produits très très loin. Et de l'autre côté, il y a... Le besoin viscéral d'un artiste de raconter quelque chose qui va se transmettre. Cette intention, cette intention de partage, de transmission, ce besoin de décrire le monde. Les artistes sont des poètes qui doivent donner un miroir sur le monde quand ils sont dans cette forme d'engagement et de sincérité. Il y a une énergie qui va passer qui va être beaucoup plus forte. Et donc le mieux, c'est quand il y a les deux en même temps. Ça, c'est pour le coup malheureusement rare, parce que le besoin de l'artiste d'exprimer quelque chose va se heurter à ce qu'on croit être le marketing, c'est-à-dire faire plaisir aux gens. Mais parfois, on arrive à faire l'un sans l'autre, et parfois, on arrive à faire les deux en même temps, et c'est l'idéal.

  • Speaker #1

    Donc, réponse à la question, nul besoin d'être un génie pour écrire un tube. En revanche, beaucoup de travail.

  • Speaker #0

    Beaucoup de travail, beaucoup de culture, beaucoup d'écoute s'ouvrir au monde énormément. Et puis... laisser le talent se construire au fil des années et puis avoir un bon producteur très riche, ça aide aussi.

  • Speaker #1

    Merci beaucoup Samuel, j'espère que ce premier épisode de La Musique et le reste vous a plu. N'hésitez pas à nous laisser des commentaires, on prendra le temps de tout lire et même si vous avez des sujets à aborder avec Samuel, laissez-nous tout ça en bas de la vidéo. N'oubliez pas de vous abonner à la chaîne La Musique et le reste et si vous souhaitez encore plus de contenu, vous pouvez aller visiter. les comptes TikTok, Instagram, vous tapez simplement Samuel Sennet, il n'y en a qu'un et vous le trouverez. On se donne rendez-vous dans deux semaines pour un nouvel épisode de La Musique. Et le reste, à bientôt. Sous-titrage Société Radio-Can

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