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Episode 6 : Le papa que je ne pourrais jamais être cover
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La parole des hommes

Episode 6 : Le papa que je ne pourrais jamais être

Episode 6 : Le papa que je ne pourrais jamais être

42min |18/10/2024|

11

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Description

Emmanuel nous fait entrer dans l'intimité de sa vie de non père.


Ne pouvant accéder à ce rôle, il se pose tout un tas de question sans réponse sur le papa qu'il ne sera jamais jusqu'à même douter de sa réelle envie.

Un témoignage rempli d'interrogation, une vie d'attentes, d'espoirs, de renoncements... et de tendresse.


Si tu as toi aussi l'envie de témoigner, fais moi signe en m'envoyant un mail : contact@fabricehumeau.fr


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Bienvenue sur ce canal dédié à la parole des hommes. Je suis Fabrice Humeau et un jour j'ai décidé d'ouvrir l'espace à nos représentations masculines, mouvances, entre force et fragilité. Au travers mes rencontres, c'est des instants de vie ou même toute une vie qui se racontent. Je suis touché quand j'écoute au travers ces récits l'homme dans toutes ses dimensions, bien au-delà de l'histoire. Salut Emmanuel.

  • Speaker #1

    Bonjour Fabrice.

  • Speaker #0

    Merci de me recevoir.

  • Speaker #1

    Merci à toi d'être là.

  • Speaker #0

    Ça t'impressionne un petit peu peut-être d'être en registre ?

  • Speaker #1

    Oui, oui, forcément, il y a une petite appréhension, oui, un petit peu.

  • Speaker #0

    Ok, c'est la première fois. que je rencontre un homme et que je ne sais pas de quoi il va me parler.

  • Speaker #1

    Ah !

  • Speaker #0

    Donc là, tu m'as dit que tu avais un sujet.

  • Speaker #1

    Moi, c'est la première fois que j'ai une interview et je ne sais pas à quelle sauce je vais te manger. Donc, voilà, comme ça.

  • Speaker #0

    OK. OK, on part tous les deux dans l'inconnu.

  • Speaker #1

    Voilà, exactement. Un grand saut dans l'inconnu.

  • Speaker #0

    Je vais te voir ensemble. Voilà, ma première question, c'est quoi que tu as déposé là aujourd'hui ?

  • Speaker #1

    Moi, je parlais du fait que je ne suis pas père aujourd'hui.

  • Speaker #0

    Tu as quel âge ?

  • Speaker #1

    Aujourd'hui, j'ai 50 ans. J'ai 53 ans. Donc, ça fait déjà un petit moment que j'ai renoncé à être père, on va dire. Mais voilà, c'est un sujet qui est encore présent aujourd'hui, de toute façon, au quotidien. Chaque fois que je vois des enfants, chaque fois que je vois des parents, des grands-parents, c'est forcément quelque chose qui me touche. Aujourd'hui, je vis avec. Ça a toujours été présent. un peu plus douloureux au début de... quand j'ai appris que je ne pourrais pas être père, puisque en fait je ne suis pas père, non pas parce que je ne voulais pas, mais parce que je n'ai pas pu physiquement, et on parlera plus tard de tout ce parcours que j'ai pu avoir avec moi et mon épouse. Oui, je ne suis pas tout seul dans l'histoire.

  • Speaker #0

    Si beaucoup ont parlé de ça, je pense qu'il y a beaucoup d'hommes qui vont peut-être entendre ce reportage et pouvoir partager avec toi ce que tu vas nous dire, ce que tu vas nous raconter. Donc, comment tu as su que tu ne pourrais pas être père ?

  • Speaker #1

    En fait, ça s'est fait en 2001. À l'époque, j'étais avec mon épouse, qui n'était encore pas mon épouse. Et puis, j'ai eu une opération plutôt bénigne au niveau de l'intesticule. Et en faisant des analyses, l'urologue m'a annoncé que ce serait compliqué pour moi d'avoir des enfants, en tout cas mes propres enfants, enfin mes enfants biologiques. Déjà ça faut l'encaisser un petit peu quoi, mais en nous disant qu'il y avait des solutions, que c'était possible par la PMA, donc la procréation médicalement assistée, donc via des fécondations in vitro et compagnie. Donc ça voulait dire aussi que c'était... Finalement assez lourde conséquence pour mon épouse, puisqu'elle devrait prendre des traitements, etc. pour stimuler les ovaires. Voilà, parce que c'est aussi... Moi, mon rôle là-dedans, dans ces fécondations in vitro, il s'est joué à... Je fais le don de mon sperme, pour dire. Et puis tout le reste, c'est elle qui a fait, qui a beaucoup géré tout ça. Je suis très reconnaissant aujourd'hui d'ailleurs. Finalement au bout de cinq années de tentatives, dont la dernière qui a été douloureuse parce que ça a quasi marché. En tout cas on a cru à un moment que ça marchait et on commençait à se mettre dans la peau de futurs parents. Et quand ça a capoté, quand il y a eu... fait une fausse couche et ben là c'était un peu le monde qui s'effondrait autour de nous aussi tous les deux et du coup on a voulu faire une pause à ce moment là.

  • Speaker #0

    J'ai une question, j'ai une question Emmanuel, c'est quand tu as su que tu aurais des difficultés à avoir des enfants, est-ce que tu te rappelles ce que ça t'a fait à ce moment là ?

  • Speaker #1

    sur le coup en fait je dis fallait encaisser mais tout d'une nature assez certains diront un peu insouciant et optimiste à la fois En plus, comme on nous le présente, c'est-à-dire que l'urologue présente ça en disant Attendez, ce n'est pas la catastrophe, il y a des moyens. On dit Ok, ça va être plus compliqué que pour les autres couples, mais ça va pouvoir se faire. Donc, en fait, ce n'est pas quelque chose... C'est vrai que ce fait de ne pas être père... Finalement ça n'a pas été si brutal comme annonce, ça s'est instillé doucement dans notre vie, enfin de ne pas être parent du coup dans notre vie, à nous deux, parce qu'à chaque fois il y avait un espoir de l'être. Mais à chaque fois aussi, l'espoir diminuait. Et ça s'est instillé doucement comme ça, jusqu'au jour où, au bout du bout, on s'est dit, non, on ne sera pas parents. Et voilà, à un moment donné, il a fallu arrêter. je sais pas si on a vraiment arrêté ce choix en tout cas pour revenir à ta question qu'est ce que ça m'a fait ben voilà bien sûr ce recours j'étais un peu inquiet en disant bah mince J'avais quand même envie d'avoir des enfants, en tout cas, avec mon épouse, on avait décidé d'avoir, on s'était dit, on aura des enfants. Et puis là, d'un coup, une petite barrière qui se pose là devant nous, on se dit, bon, ça ne va pas être facile, mais on va le faire ensemble. On va essayer. On va essayer. Donc, il y avait quand même cet espoir derrière. Donc, ce n'est pas... Voilà, c'est pas comme si on m'annonçait d'un seul coup, ben oui, vous n'allez pas pouvoir être père du tout. Du tout, d'accord. C'est complètement différent. Oui, il y a quand même un espoir, quoi.

  • Speaker #0

    Et la deuxième question, c'est comment ça a été pour toi de vivre ces échecs successifs des cinq fois où vous avez fait cette tentative, enfin en tout cas, t'en es plus à...

  • Speaker #1

    Moi... Parce que ça a été source de discorde entre nous deux, parce qu'il faut le dire aussi, le parcours de la PMA, c'est pas un long fleuve tranquille. En fait, elle vivait les choses complètement différemment de moi. Et c'est justifié, je veux dire, elle était plus dans l'inquiétude, plus avec cette, quelque part aussi, cette responsabilité, parce que moi, j'étais juste à dire, en fait, elle s'est sentie beaucoup coupable. que ça ne se soit pas fait aujourd'hui encore je pense mais pendant longtemps ça a été aussi source de discorde entre nous parce que même si moi je disais mais non c'est pas tout toi, enfin, bien sûr que c'est sa personne, mais il y a des choses qui font que des fois, ça ne marche pas. Il ne faut pas chercher plus loin, je pense. Moi, j'étais plutôt dans quelque chose d'assez optimiste, dire, ben... on rebondira et tout, elle était pas pessimiste, mais beaucoup plus inquiète, se sentir coupable aussi, elle ne comprenait pas non plus que moi je le vive comme ça presque aussi bien, entre guillemets, mais où j'essayais aussi quelque part de me rassurer moi, je le sais bien, c'est là aussi où on voit je pense la force d'un couple, c'est qu'on est resté ensemble, parce que ça aurait pu très bien nous détruire tous les deux, tout ça, elle aurait pu dire aussi, moi je suis ferme. et à un moment donné, je l'aurais compris, on en a longtemps discuté, tous les deux, moi je lui ai toujours dit aussi, je comprendrais quoi, que ben oui parce que c'est un sacrifice qu'elle a fait, même si on a fait après d'autres tentatives, mais enfin pas d'autres tentatives, si on a tenté l'adoption d'un enfant, mais elle a fait une croix sur sa maternité à elle, et ça c'était, c'était très... très dure pour elle, bien plus que pour moi. Nous, les hommes, dans cette histoire, les hommes, nous, dans cette histoire, c'est facile, c'est 30 secondes, et puis tout le reste, c'est quand même la mère qui porte, c'est la mère qui endure ses souffrances, qui met au monde, même si le père peut être derrière, accompagné, mais c'est pas lui qui endure les souffrances, qui endure qu'il le vit, vraiment il peut le vivre autrement, je suis d'accord, mais c'est pas lui qui le vit dans son corps, et vivre quelque chose dans son corps c'est quand même quelque chose de fort. Et c'est... Même avec la plus grande empathie, on ne peut pas se mettre à la place d'une femme qui est dans cette situation-là. Ouais, ouais. Alors, je ne suis pas forcément quelqu'un de très empathique, mais j'ai malgré tout eu du mal à me mettre dans cette peau-là. Et c'est ce qui a fait que des fois, il y a eu des tensions. Bon, malgré tout, ça a tenu. On a surmonté l'épreuve aujourd'hui. c'est pas quelque chose qu'on a mis complètement de côté. De temps en temps, on en reparle ensemble. Peut-être pas assez, d'ailleurs. Peut-être qu'il y a des choses encore qui ne sont pas dites, qu'on devrait se dire encore. Mais aujourd'hui, c'est toujours présent. Dès que je vois des parents s'amuser avec leur gamin, il y a toujours ce petit pincement. C'est chouette quand même. Et à côté de ça, se posent d'autres questions. Il y a à la fois ça, dire j'aurais eu envie de ça, alors un truc qui va paraître peut-être horrible pour des gens, mais c'est bien de ne pas avoir de gosses. C'est horrible à le dire, enfin c'est horrible. Des fois on peut dire, c'est quand même, il ne faut pas bien dire ça. Si je suis désolé, c'est un confort de vie de ne pas avoir d'enfant, parce que nous on ne se pose pas de questions. le dimanche matin si on doit se lever ou pas, si on doit emmener un gosse à l'école. Alors certes, du coup, on n'a pas cette transmission. Il n'y a pas de transmission, du coup. Alors il y a cette facilité là de vie je dirais, qui nous on l'a pris en se disant, ben voilà c'est la contrepartie quoi, de ne pas avoir d'enfant, ben oh bon. S'il peut y avoir un cadeau de consolation, je dirais, ben c'est ça quoi. Même si on aurait bien aimé être embêté avec une recherche de nounou ou être réveillé la nuit quoi. On tourne aussi le truc comme ça en se disant, c'est vrai qu'on n'a pas d'enfant, on n'a pas ces contraintes-là. Je parlais de culpabilité de mon épouse tout à l'heure, mais moi aujourd'hui, j'ai toujours dans le coin de ma tête aussi une culpabilité en me disant, peut-être que je ne voulais pas vraiment être père. Peut-être que je ne suis pas fait pour être père. Est-ce qu'être une femme aujourd'hui qui n'est pas mère, et ça, on n'est plus... On a fait de nombreuses fois la triste expérience. Il y a plein de gens qui ne comprennent pas. Deux femmes qui me disent, comment ça, mais tu n'as pas voulu avoir d'enfant ? Qui creusent la question. Et moi, quelqu'un qui me dit, je ne suis pas père ou je ne suis pas mère, il a envie de me dire pourquoi. ok, tu n'as pas envie de me dire pourquoi. Moi, c'est de nombreuses fois, on me dit, on me demande, est-ce que tu as des enfants ? Je dis non. Et moi, en tant qu'homme, on ne va pas me dire, jamais on m'a dit, mais tu n'as pas voulu en avoir, alors qu'une femme, on va beaucoup plus lui poser la question.

  • Speaker #0

    La pression est beaucoup plus grande.

  • Speaker #1

    La pression sociale est vachement plus grande sur une femme que sur un homme. Moi, en tant qu'homme, d'ailleurs c'est souvent des collègues hommes qui vont poser la question plus que des collègues femmes et voilà ça se pose là t'as pas d'enfant ok point barre on va pas creuser plus loin on dit pas t'as pas voulu en avoir c'est presque un reproche de pas avoir d'enfant mais est-ce que on est tous fait pour avoir des enfants Je ne pense pas. Il y a des gens qui sont admirables, qui pourraient avoir 15 enfants et qui se débrouilleraient bien avec. Il y a des gens avec qui un enfant, c'est déjà compliqué. Du coup, j'ai toujours cette incertitude-là de me dire aujourd'hui, je suis dans quelle catégorie au Baby-Content ? Je suis dans la catégorie de finalement, j'aurais été père, mais si, ça aurait été super. Aujourd'hui, je me dis, mais est-ce qu'avec un enfant, J'aurais été capable de gérer tout ce que... Je vois les gens qui ont des enfants autour de moi, je me dis, mais... Des fois, il y a des situations complexes. C'est un sacré casse-tête, quoi. Comment ils arrivent à gérer ça ? Moi, je me trouve confortable dans ma vie, aujourd'hui. Justement, par rapport à ça.

  • Speaker #0

    Ce qui est étonnant, c'est que je trouve que t'es vachement... Tu es vachement éveillé de ce côté-là, parce qu'on peut s'imaginer en tant que père ou en tant que mère. D'ailleurs, je trouve que c'est intéressant aussi de se poser la question. entre ce que j'imaginais avant d'avoir des enfants, du père que je serais, et du père que j'ai connu ou que j'ai été, si les enfants sont grands, il y a une grande différence. Moi, je vois qu'entre mon rêve d'enfant qui est venu très très jeune chez moi, mon rêve d'enfant, mon rêve de père que je serais, et celui que j'ai été,

  • Speaker #1

    il y a un gap énorme. L'écart, il est énorme.

  • Speaker #0

    Je n'ai pas été le père dont j'ai rêvé que je serais. en même temps j'ai été le père que j'ai que tu as pu être que j'ai fait de mon vieux et toi tu ne restes pas dans quelque chose d'imaginaire mais de quelque chose de très posé de très fréquent je ne sais pas si j'aurais été un bon père ou pas ou été accueillir si bien que pas la vie avec un enfant oui alors se pose la question de de

  • Speaker #1

    Je crois beaucoup aussi à l'influence du mental sur le physique. Mon mental, notre mental à tous les deux, a influé à ce point sur le fait de dire mais finalement on n'a pas voulu être parents ou est-ce que non, de toute façon c'était comme ça physiquement ce n'était pas possible, ce n'était pas possible Un autre événement qui s'est produit derrière, c'est que de ce fait, on a fait un petit déjeuner. Quand on a appris que, sur la cinquième et dernière tentative, à un moment donné, on a dit stop. Et puis, on a fait une pause. Et puis, on s'est dit, pourquoi on n'irait pas vers l'adoption ? Parce que bon, déjà, avant de dire tout de suite, on a connu des gens, justement, dans le même parcours que nous, qui menaient les deux de front. Et nous, on s'est dit, mais comment c'est possible de se dire, mais je veux adopter un enfant, et en même temps, je fais une... Je suis dans une démarche de procréation médicalement assistée. On s'est dit, mais on ne peut pas courir deux lièvres à la fois. Enfin, ce n'est pas la même chose en plus. Bien sûr que ça accueillir un enfant dans les deux cas, mais la démarche intellectuelle, elle n'est pas la même. Et nous, il fallait déjà qu'on encaisse le fait de ne pas être parent biologique avant de dire de se lancer dans une... Bon, voilà, c'est nous. On sait qu'il y a plein d'autres couples, ce n'est pas le cas. Il y en a qui mènent les deux de front. Parce qu'effectivement, les... Les procédures d'adoption, c'est long. Alors il y a des enquêtes aussi, et puis sur cette enquête justement, à un moment donné, on a eu plusieurs entretiens avec une psychologue, donc du service d'adoption. qui nous a fait réfléchir justement sur ce sens d'être parent, est-ce qu'on est prêt à accueillir ou pas. Et je crois que ça nous a fait trop réfléchir. Quand on est parent comme ça, qu'on est parent biologique, ça se fait, on dit c'est le moment, on y va, et puis ça fait, ça y est, c'est lancé. Et puis quand on est dans une procédure d'adoption, quasi à tout moment, on peut revenir sur sa décision. Et du coup, je pense qu'à un moment donné, on a trop réfléchi. Ça, c'est un peu mon regret aujourd'hui. Si on avait poussé un peu plus, peut-être qu'on serait dit, mais si, on peut être parent et on sera allé au bout de la démarche, même si ça peut prendre 5 ans, 6 ans, 7 ans avant d'être parent. Par ce biais-là, on formulait le souhait plutôt d'avoir un enfant en bas âge. Mais ce n'est pas toujours possible. Et on se pose la question, du coup, d'accueillir un enfant. qui a 3, 4 ans, 5 ans, qui a vécu des choses pas faciles avant, sûrement. Donc voilà, c'est aussi encore autre chose. À un moment donné, on a pris la décision de dire, ben non, on fait le deuil de cette parentalité. Je me faisais la réflexion tout à l'heure, en repensant à cet entretien qu'on a, en me disant, mais se lâcher quand tu me demandais qu'est-ce que ça m'a fait tout de suite. tout à l'heure, quand tu l'as appris, mais comme je ne l'ai pas appris d'un coup, c'est venu très doucement. En fait, ça s'est fait sur dix ans, tout ça, le fait de savoir qu'on n'allait pas être parents. Au bout de dix ans, on a dit, stop, quoi. En gros, à mes 40 ans, on a dit, on arrête les frais, ça va nous détruire, on passe sur autre chose. Quatorze ans après, aujourd'hui, il y a encore des stigmates, et je me dis, la descente, elle est aussi longue que la montée. Si je dois faire un parallèle avec un décès, un décès qui est brutal, il est violent pour tout le monde, mais je pense que le rebond derrière, il est presque aussi rapide que ça a été violent. Et nous, le rebond, il s'est fait. Ça prend du temps, tout à petit, là, enfin, aujourd'hui, enfin, je pense qu'on se sent apaisé avec tout ça. Ça a mis beaucoup de temps, c'est pas à partir du moment où on a dit stop, on passe à autre chose, que ça y est, tout est effacé. Là, on l'a encore en tête, tous les deux, tout ça. C'est difficile encore aujourd'hui pour mon épouse, mais je pense beaucoup, beaucoup moins qu'avant, de voir une femme enceinte. ça l'était beaucoup plus quand elle était encore capable en gros de porter un enfant aujourd'hui ça voilà avec l'âge c'est de moins en moins possible on va dire bon ça commence à être un peu un peu plus difficile quoi mais malgré tout et je peux pas lui en vouloir quoi je le comprends enfin il y a pas de la haine mais mais c'est difficile à vivre ça a été difficile à vivre Du coup, par ricochet, c'était difficile à vivre pour moi, forcément, aussi, puisque son mal-être par rapport à ça était aussi difficile à vivre pour moi. Mais tout ça, ça se dilue un petit peu dans notre quotidien aussi. Puis on rebondit sur d'autres choses, on s'investit un petit peu dans d'autres choses aussi. Alors ça aussi, c'est un truc, c'est qu'on a peut-être aussi du mal à s'investir dans d'autres choses, finalement, parce qu'être parent, c'est aussi... aussi avoir une vie sociale, je dirais, de son âge. Parce que nous, on est passé de jeunes adultes capables d'être parents à retraités. En gros, si je fais un parallèle, c'est-à-dire qu'on est passé de ceux qui étaient potentiellement parents, qui rêvaient d'enfants, à des gens qui n'avaient plus d'enfants à la maison, en tout cas, en n'ont pas eu. Donc, tu vois, il y a un peu un ressenti comme ça aussi, des fois, où... Encore une fois, pour revenir un peu à ce regard de la société, c'est difficile de s'investir dans autre chose quand tu n'es pas parent, parce que finalement, les enfants, c'est un grand moteur aussi, je crois. Il y a plein de gens qui le diront, c'est notre raison de vivre, c'est vrai. Je crois qu'il n'y a pas plus juste comme mot de dire que c'est notre raison de vivre aussi, et de dire que c'est notre moteur aussi. Et nous, notre moteur, il a fallu le retrouver. Il faut trouver un moteur à côté. Dire, mais finalement... Alors, ok, donc, je suis humain, mais je ne peux pas me reproduire, en gros. Ok, à quoi je sers ? C'est presque ça, là. Je suis brutal dans ma question, mais ça, c'est quoi le sens de ma vie, du coup, maintenant ? Parce que plein de gens qui sont parents, et une bonne partie, tu l'as vécu, du coup... Moi, je l'ai... vécu mais on voit bien que il ya une vingtaine d'années où c'est c'est rythmé par les enfants et d'ailleurs il ya quand même un grand nombre de couples mes parents en font partie qui se séparent après le départ des enfants comme si les enfants avaient été ce seul lien ou avec on épouse c'est pas ça le lien c'est autre chose autre chose peut-être de plus fort je sais pas mais en tout cas c'est autre chose en tout cas on peut pas dire que les enfants nous aurons mangé notre vie quand

  • Speaker #0

    parler de l'adoption et de toutes ces questions qu'on te pose en tant que futur parent, sachant que tu n'y as jamais été. Commencer de parler d'être parent sans que ta femme ne soit enceinte. Donc, il y a quelque chose qui est en train de se déployer sous tes yeux. Oui,

  • Speaker #1

    oui. On te fait poser beaucoup de questions par rapport à la parentalité. qui a fait qu'on a laissé tomber, on a abandonné cette histoire d'adoption, je crois qu'on s'est trop posé de questions. Et ça nous a fait trop, trop... Après, je ne me souviens plus dans le détail de nos questions à l'époque, mais dans mon souvenir, c'est ça. Je me dis, mais après coup, punaise, on a trop réfléchi à tout. tout ça, on a lâché, ça. Ça s'est éteint, voilà, tout doucement, ce que je disais, ça n'a pas été si brutal que ça. Bien sûr qu'à un moment donné, on a pris une décision, on nous dit, bon, est-ce qu'on relance la doctrine ? ou pas et tous les deux on s'est dit mais non non on relance pas parce qu'aussi on avait vécu beaucoup de choses avant qui était douloureuse peut-être on n'avait pas envie de se rengager dans un parcours assez long ça veut dire qu'on a remettait une couche pour peut-être cinq ans avec des espoirs et du coup peut-être aussi au bout du compte 1

  • Speaker #0

    un désespoir quelque chose qu'on espère et qui vient pas voilà un désespoir pour moi c'est pour toi et ta femme tu penses que c'est quelque chose qui a joué ça le fait d'être tout le temps dans l'attente et un moment dire j'en ai marre mais oui c'est ça je

  • Speaker #1

    pense qu'il ya quelque chose de ça C'est comme, alors pour faire un parallèle, puisque j'ai connu ça aussi un peu dans ma vie, ça c'est autre chose, quand on a une maladie comme un cancer et qu'on attend des résultats d'examen, c'est un peu cette impression là, mais là c'est sur 10 ans. Il y a effectivement... C'est tout à fait juste, ta remarque. Mais c'est marrant parce que j'avais presque occulté cette partie-là de notre vie. C'est juste de dire que pendant 10 ans, on a mis notre vie entre parenthèses. On s'est empêché de faire plein de choses en disant Ah ouais, mais non, mais là, on veut faire... À un moment donné, on avait l'idée de partir en Afrique. Et finalement, ça ne s'est pas fait parce que Il y a ça qui est arrivé entre temps, on s'est dit, ça veut dire qu'il faut qu'on engage tout de suite des examens, peut-être des tentatives, parce qu'on savait que ça pouvait être long. Et puis petit à petit, c'est pas forcément des rêves, mais en tout cas, les plans qu'on avait formulés, c'est pas qu'ils s'écroulent, mais c'est qu'ils se font pas, c'est juste qu'ils se font pas parce qu'on se dit, bah oui, mais attends, là... Allez, il faut refaire une tentative, puis il faut refaire une tentative, puis très vite, 5 ans, 6 ans, c'est cool.

  • Speaker #0

    Après, on a lancé cette histoire, cette procédure d'adoption très vite. Ça nous a pris aussi pendant 2-3 ans. Et puis oui, quasiment pendant 10 ans, on a mis notre vie en parenthèse, alors pas en tant que parents, en tant que non-parents. Eh oui, c'est... C'est vrai que je le réalise aujourd'hui. Alors, on n'a pas rien fait, c'est pas ça. On a une vie heureuse, mais il y a toujours cette peine un peu derrière. Ça me fait un peu chier. J'ai celui d'un nom, par exemple. Oui, je suis un nom de parent. Oui, c'est vrai. C'est une période qui est... Oui, c'est bizarre que ça émerge aujourd'hui comme ça. J'avais presque oublié ça. Parce que tellement aujourd'hui on est on a rembrayé un peu sur autre chose, l'un comme l'autre on essaye d'avoir de plus en plus une vie sociale un peu plus épanouie et tout. Et on s'est rendu compte que pendant toute cette période... Parce qu'on attendait, on était dans cette expectative, peut-être que ça viendra un jour, et puis finalement ce n'est pas venu. Et ce n'est pas à partir du moment où on a décidé que finalement ça ne serait pas là, que d'un coup on a embrayé sur autre chose. Ce n'est pas relevé tout de suite.

  • Speaker #1

    Ça ne s'est pas fait du jour en l'heure.

  • Speaker #0

    Non, ce n'est pas relevé. Maintenant, allez. Non, non, ce n'est pas ça.

  • Speaker #1

    Ce que tu dis, c'est long et c'est presque encore présent.

  • Speaker #0

    Ah mais c'est encore présent, je veux dire au quotidien bien sûr que tous les deux on y pense toujours, mais c'est moins douloureux.

  • Speaker #1

    Je vais te poser une autre question. Il te manque cet enfant qui est pas là ?

  • Speaker #0

    Oui, oui oui il me manque. C'est ce qui me fait dire que je pense que j'aurais pu être père. Je veux dire, j'aurais pu assumer mes fonctions de père. Oui, oui, oui, il me manque aujourd'hui. Je ne sais pas pour quelles raisons. Enfin, tu dis, mais finalement, c'est quoi être parent ? Alors d'accord, c'est engendrer des enfants. Donc, tu les vois grandir, ça te procure du plaisir. Je ne sais pas, finalement, c'est quoi être parent ? Pourquoi on prend du plaisir à être parent pour dire c'est moi qui l'ai fait ? Non mais c'est vrai, des fois tu dis mais c'est moi qui l'ai fait, c'est mon fils, c'est ma fille. Ou c'est juste être fier parce qu'on a un être vivant qui grandit. En fait je pense qu'il y a plein de façons d'être parent et d'être fier d'être parent. On n'est pas heureux d'être parent pour une seule raison. Je pense qu'il y a plein de raisons différentes. et sûrement des bonnes et des mauvaises. Alors, à mon sens, mais après, je ne peux pas juger, je n'ai pas été père. Ça, c'est encore un truc aussi qu'on se dit tous les deux. Bien sûr, des fois, on est tenté de porter des jugements sur les gens qui... Mais moi, c'est ce que je dis souvent, je dis, mais comment... Et nous, comment on aurait réagi ? Si ça se trouve, on serait dans le même bouillon, on serait dans la même mouise à refuser à un enfant le portable ou je ne sais quoi. et finalement c'est des parce que parce que voilà une casse tellement les oreilles avec ça ou donc on peut moi je ne juge pas même les ce qui pourrait être considéré comme les pires des parents je peux pas me permettre de juger parce que j'ai pas été par un et bien même j'aurais été parent enfin père je veux dire Je sais pas si j'aurais jugé quand même parce que tellement plein de raisons de vouloir être père ou mère. Pour quelles raisons on est parent ? C'est quand même... La question émerge là, mais elle est encore plus présente là. Maintenant qu'on en parle, comme ça, elle fait encore plus... Quelque part, elle est encore plus énigmatique pour moi, la réponse. Oui, vraiment, pour quelles raisons on est parent ?

  • Speaker #1

    Est-ce que tu as pu, à un moment, dans ce désir d'enfant... Imaginez le père que tu serais. Tu avais envie d'être quel père ?

  • Speaker #0

    Tu t'imagines quel papa tu aurais ? Alors je m'imaginais une partie du père qui a été mon père, mais qu'une partie, parce qu'il y a une des parties qui n'était pas du tout sympa. C'est une autre histoire encore. Je ne suis pas forcément quelqu'un de très démonstratif dans mes sentiments et tout. Par contre, j'aurais aimé être le père, de faire découvrir la vie à un enfant. Je ne sais pas, de l'emmener... Moi, je suis très nature, on est tous les deux très nature d'ailleurs. De lui faire découvrir la vie et... Plutôt le père dans le sens... Faire découvrir et pas le père trop papa poule non plus. dans le sens où j'estime aussi que c'est aussi mon formateur aujourd'hui et c'est mon boulot aussi aujourd'hui dire mais c'est de rendre des gens autonomes dans leur vie et j'aurais été un père comme ça aussi je pense enfin j'aurais voulu être ce père de faire un petit être autonome et qui grandit tout seul et qui, pas tout seul, accompagné, mais je veux dire qui ne peut pas être une béquille en permanence pour lui. Ça, c'est ce dont on rêve. Puis je sais bien que la vie n'est pas un long fleuve tranquille et que des fois, ça ne se passe pas du tout comme ça que pour plein de raisons, peut-être pour l'actualité qui est un peu morose aussi aujourd'hui.

  • Speaker #1

    Toi, tu aurais souhaité Ce que tu imaginais dans ton rôle de père, c'était ce père qui fait découvrir, qui transmet.

  • Speaker #0

    Qui transmet, oui, et qui protège aussi quand même, bien sûr. Mais pas trop non plus.

  • Speaker #1

    Pas trop non plus.

  • Speaker #0

    Pas trop non plus, parce que la... Alors, je ne dis pas que la vie, il faut laver dans la vie, ça nous endurcit. Non, ce n'est pas ce que je dis. Mais, ben oui, la vie, elle n'est pas toute rose. et la vie telle qu'elle est avec ouais avec l'envie de transmettre oui voilà l'idée c'est d'amener quelqu'un enfin un enfant à se faire un moment donné bah à se forger une Un caractère, une opinion, réfléchir par soi-même surtout. Peut-être pas avoir les mêmes opinions que nous. Peut-être. Au moins, il y a quelque chose. Il y a un être vivant derrière. Il y a un être vivant qui réfléchit. Ça aurait été dur, par contre, d'être père de quelqu'un qui n'est pas bien, même adulte. Oui. Ça, je pense que c'est terrible pour les parents qui ont ça.

  • Speaker #1

    Tu disais tout à l'heure que tu étais formateur maintenant. Est-ce que... J'essaie de trouver les raisons des fois de nos choix. Est-ce que tu aimes transmettre ?

  • Speaker #0

    Est-ce que tu as l'impression que dans ce métier-là,

  • Speaker #1

    c'est une transmission de... Tu parlais de transmission, on parlait de transmission avec l'oncle.

  • Speaker #0

    Oui, oui.

  • Speaker #1

    Parce que c'est quelque chose qui...

  • Speaker #0

    Dans mon métier aussi, oui. Ah oui.

  • Speaker #1

    Cette transmission, ce partage.

  • Speaker #0

    Ah, le parallèle, alors... Je me suis fait le parallèle. parallèle. Déjà, il est tellement évident que... Bien sûr que... Alors après, moi, j'ai toujours aimé transmettre, même avant de savoir que je ne serais pas père. J'ai toujours aimé ça. Mais je pense que ça s'est encore plus renforcé. Et aujourd'hui, le fait d'avoir des élèves ou des stagiaires à qui on transmet des choses, qui réussissent des choses, on a apporté quelque chose quand même. Et puis, on n'apporte pas que de la technique. Moi, j'ai la chance. chance d'enseigner dans une école privée, donc une école où on apprend aussi aux gens à se faire confiance, où il y a de la bienveillance. Alors bien sûr, quand c'est pas bien, on le dit, mais je me sens bien dans ce rôle-là et ça aurait pu être ça mon rôle de père. D'être aussi dans cette bienveillance-là. Puis des fois aussi, dans mon rôle de formateur, des fois on pose des coups de gueule. On dit, ça va pas, c'est le bazar, vous êtes pas disciplinés. Comme des parents presque, même si on a affaire à des adultes, puisque moi je travaille dans une école où on fait de la reconversion, pour la plupart nos élèves c'est des reconversions professionnelles de gens qui sont adultes de 18 à plus de 60 ans. pour certains. Oui, mes élèves, aujourd'hui, c'est un peu mes enfants. Réellement, toutes les fins d'année, puisqu'à la fin de l'année, c'est des sessions de 10 mois, tous les ans, en juin, il y a une exposition. de leurs oeuvres on est fier de quoi parce que il ya un aboutissement bout de dix mois et on y a participé ils sont plus ou moins mais globalement autonome dans leur dans leur future vie professionnelle et ça c'est c'est énorme quoi j'ai cette compensation là aujourd'hui voilà effectivement ça m'aide beaucoup je pense dans l'acceptation de ne pas de pu être le pas de père je pense en tout cas ça me le fait oublier peut-être je sais pas si ça m'aide en tout cas voilà je suis super fier de faire de moi aussi parce que je suis content de moi aujourd'hui dire ben finalement ça partait pas si bien et puis et puis si au bout du compte j'ai trouvé ma place ouais j'ai trouvé ma place aujourd'hui Je ne suis pas père. Je n'aurai pas de petits-enfants. Quand on disparaîtra tous les deux, je ne sais pas ce qu'on en fera de cet héritage. Est-ce qu'on est que ça aux neveux-nièces ? Ou est-ce qu'on dit qu'ils se débrouillent et nous, on va plutôt faire un don à une asso ? Je n'en sais rien. Pourquoi pas à l'aide à l'enfance ? Je ne sais pas. Ça pourrait être une bonne manière de boucler la boucle.

  • Speaker #1

    C'est comme, même si ce n'est pas forcément la décision que vous prendrez, mais on parle là de l'enfant qui n'est pas là, du père que tu n'es pas, de la mère que ta femme n'est pas. Et c'est comme si c'était en souvenir de cet enfant qui n'est pas là. Il y a quelque chose, il y a un héritage de... Je donne à un enfant, je ne sais pas lequel, je donne à une association qui va être là pour les enfants, on ne sait pas lesquels, mais on donne quelque chose pour des enfants.

  • Speaker #0

    Oui, c'est ça.

  • Speaker #1

    de questions généralement en fin de mes interviews, c'est, mais tu as déjà répondu à la première question de l'homme que tu es, tu nous as parlé de ce que tu aimais faire, de la joie d'aller travailler, de transmettre, et tu as déjà parlé de toi, sauf si tu as autre chose à dire, si...

  • Speaker #0

    Non, non, non, non.

  • Speaker #1

    Si tu te rencontrais, voilà, qu'est-ce que tu penserais de cet homme qui est en face de toi ?

  • Speaker #0

    Ah ! Ça, c'est ce que je pourrais répondre. C'est justement le retour, le miroir que j'ai de mes élèves, justement. En fin d'année, et même au cours de l'année, on fait toujours un bilan avec les élèves. Il y a des choses à dire sur l'équipe pédagogique, sur le programme, sur tout ça. Enfin, moi, à chaque fois, ça me rend heureux aussi, parce qu'à la fin de l'année... Je n'ai jamais eu de mauvais retour de la part d'un élève. C'est plutôt l'inverse. J'ai plein d'élèves qui me disent mais t'es super et tout. Ça me comble. En tout cas, j'espère, je tends vers ça. J'essaye de dire, s'il y a vraiment un mot qui me plaît bien, c'est toujours cette idée de bienveillance. Il y a tellement de... On est tellement en colère de partout, entre formatants, on dit Oh, ta vie, il a encore fait ça ! Et puis après, on se dit Non, mais c'est bon !

  • Speaker #1

    Et la dernière question, c'est qu'est-ce que ça t'a fait de parler de ce sujet-là, aujourd'hui ?

  • Speaker #0

    Juste avant que tu arrives, en fait, je commençais à réfléchir un peu à ce que je pourrais dire, ou en tout cas, réfléchir un petit peu à ce sujet-là. petit à petit je me disais mais bon sang il y a une discussion qui est pas close avec mon épouse là dessus et j'ai envie de la clore aujourd'hui quoi et ça a réveillé des choses comme ça Elle dit souvent, moi aussi du coup, il n'y a pas de hasard. Cette interview, elle tombe peut-être au moment où elle doit tomber. Il y a des choses, je pense aussi, qu'il faut qu'on se dise. nous deux, qu'on a tue je crois qu'il y a un chapitre qui n'est pas complètement clos, je ne dis pas qu'on va le clore ce week-end mais peut-être ouvrir la porte à une discussion autour de ça pour peut-être apaiser les choses dans son esprit à elle et dans mon esprit à moi, dire s'enlever aussi peut-être de la culpabilité, je ne sais pas, enfin voilà. Il y a des fois des choses qui font mal quand on les réveille. Je pense qu'on est assez fort aujourd'hui pour remettre des mots sur des choses qui nous ont pesé pendant toutes ces années et se le dire aussi. Voilà,

  • Speaker #1

    super message.

  • Speaker #0

    Comme je le disais tout à l'heure, toi c'est le saut dans l'inconnu parce que tu ne savais pas sur quoi tu allais m'interviewer. Et moi c'était le saut dans l'inconnu dans le sens où je ne sais pas où ça me mène tout ça.

  • Speaker #1

    Merci beaucoup Emmanuel pour ce témoignage, super touché de t'accompagner.

  • Speaker #0

    Merci.

  • Speaker #1

    Je ne suis pas intervenu beaucoup avec mes questions, j'avais aussi, tu partais et puis... Et puis, je te laissais partir, même si des fois, j'avais envie d'intervenir. Et chaque interview est différente. Mais en tout cas, on a pu entendre une partie de tout ce que tu avais vécu et ce que tu vis encore aujourd'hui. Oui. Donc, merci. Merci énormément.

  • Speaker #0

    Merci.

  • Speaker #1

    Je te donne rendez-vous dans 15 jours pour la prochaine interview de La Parole des Hommes. Pour être tenu au courant de sa sortie, n'hésite pas à t'abonner à ce podcast, me suivre sur les réseaux sociaux sur mon compte Fabrice Humo, ou consulter mon site internet fabricehumo.fr. Si toi tu as envie de témoigner, n'hésite pas à me contacter à l'adresse contact.fabricehumo.fr. Tu peux retrouver toutes ces informations sur le descriptif de cette interview. Je te souhaite le meilleur.

Description

Emmanuel nous fait entrer dans l'intimité de sa vie de non père.


Ne pouvant accéder à ce rôle, il se pose tout un tas de question sans réponse sur le papa qu'il ne sera jamais jusqu'à même douter de sa réelle envie.

Un témoignage rempli d'interrogation, une vie d'attentes, d'espoirs, de renoncements... et de tendresse.


Si tu as toi aussi l'envie de témoigner, fais moi signe en m'envoyant un mail : contact@fabricehumeau.fr


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Bienvenue sur ce canal dédié à la parole des hommes. Je suis Fabrice Humeau et un jour j'ai décidé d'ouvrir l'espace à nos représentations masculines, mouvances, entre force et fragilité. Au travers mes rencontres, c'est des instants de vie ou même toute une vie qui se racontent. Je suis touché quand j'écoute au travers ces récits l'homme dans toutes ses dimensions, bien au-delà de l'histoire. Salut Emmanuel.

  • Speaker #1

    Bonjour Fabrice.

  • Speaker #0

    Merci de me recevoir.

  • Speaker #1

    Merci à toi d'être là.

  • Speaker #0

    Ça t'impressionne un petit peu peut-être d'être en registre ?

  • Speaker #1

    Oui, oui, forcément, il y a une petite appréhension, oui, un petit peu.

  • Speaker #0

    Ok, c'est la première fois. que je rencontre un homme et que je ne sais pas de quoi il va me parler.

  • Speaker #1

    Ah !

  • Speaker #0

    Donc là, tu m'as dit que tu avais un sujet.

  • Speaker #1

    Moi, c'est la première fois que j'ai une interview et je ne sais pas à quelle sauce je vais te manger. Donc, voilà, comme ça.

  • Speaker #0

    OK. OK, on part tous les deux dans l'inconnu.

  • Speaker #1

    Voilà, exactement. Un grand saut dans l'inconnu.

  • Speaker #0

    Je vais te voir ensemble. Voilà, ma première question, c'est quoi que tu as déposé là aujourd'hui ?

  • Speaker #1

    Moi, je parlais du fait que je ne suis pas père aujourd'hui.

  • Speaker #0

    Tu as quel âge ?

  • Speaker #1

    Aujourd'hui, j'ai 50 ans. J'ai 53 ans. Donc, ça fait déjà un petit moment que j'ai renoncé à être père, on va dire. Mais voilà, c'est un sujet qui est encore présent aujourd'hui, de toute façon, au quotidien. Chaque fois que je vois des enfants, chaque fois que je vois des parents, des grands-parents, c'est forcément quelque chose qui me touche. Aujourd'hui, je vis avec. Ça a toujours été présent. un peu plus douloureux au début de... quand j'ai appris que je ne pourrais pas être père, puisque en fait je ne suis pas père, non pas parce que je ne voulais pas, mais parce que je n'ai pas pu physiquement, et on parlera plus tard de tout ce parcours que j'ai pu avoir avec moi et mon épouse. Oui, je ne suis pas tout seul dans l'histoire.

  • Speaker #0

    Si beaucoup ont parlé de ça, je pense qu'il y a beaucoup d'hommes qui vont peut-être entendre ce reportage et pouvoir partager avec toi ce que tu vas nous dire, ce que tu vas nous raconter. Donc, comment tu as su que tu ne pourrais pas être père ?

  • Speaker #1

    En fait, ça s'est fait en 2001. À l'époque, j'étais avec mon épouse, qui n'était encore pas mon épouse. Et puis, j'ai eu une opération plutôt bénigne au niveau de l'intesticule. Et en faisant des analyses, l'urologue m'a annoncé que ce serait compliqué pour moi d'avoir des enfants, en tout cas mes propres enfants, enfin mes enfants biologiques. Déjà ça faut l'encaisser un petit peu quoi, mais en nous disant qu'il y avait des solutions, que c'était possible par la PMA, donc la procréation médicalement assistée, donc via des fécondations in vitro et compagnie. Donc ça voulait dire aussi que c'était... Finalement assez lourde conséquence pour mon épouse, puisqu'elle devrait prendre des traitements, etc. pour stimuler les ovaires. Voilà, parce que c'est aussi... Moi, mon rôle là-dedans, dans ces fécondations in vitro, il s'est joué à... Je fais le don de mon sperme, pour dire. Et puis tout le reste, c'est elle qui a fait, qui a beaucoup géré tout ça. Je suis très reconnaissant aujourd'hui d'ailleurs. Finalement au bout de cinq années de tentatives, dont la dernière qui a été douloureuse parce que ça a quasi marché. En tout cas on a cru à un moment que ça marchait et on commençait à se mettre dans la peau de futurs parents. Et quand ça a capoté, quand il y a eu... fait une fausse couche et ben là c'était un peu le monde qui s'effondrait autour de nous aussi tous les deux et du coup on a voulu faire une pause à ce moment là.

  • Speaker #0

    J'ai une question, j'ai une question Emmanuel, c'est quand tu as su que tu aurais des difficultés à avoir des enfants, est-ce que tu te rappelles ce que ça t'a fait à ce moment là ?

  • Speaker #1

    sur le coup en fait je dis fallait encaisser mais tout d'une nature assez certains diront un peu insouciant et optimiste à la fois En plus, comme on nous le présente, c'est-à-dire que l'urologue présente ça en disant Attendez, ce n'est pas la catastrophe, il y a des moyens. On dit Ok, ça va être plus compliqué que pour les autres couples, mais ça va pouvoir se faire. Donc, en fait, ce n'est pas quelque chose... C'est vrai que ce fait de ne pas être père... Finalement ça n'a pas été si brutal comme annonce, ça s'est instillé doucement dans notre vie, enfin de ne pas être parent du coup dans notre vie, à nous deux, parce qu'à chaque fois il y avait un espoir de l'être. Mais à chaque fois aussi, l'espoir diminuait. Et ça s'est instillé doucement comme ça, jusqu'au jour où, au bout du bout, on s'est dit, non, on ne sera pas parents. Et voilà, à un moment donné, il a fallu arrêter. je sais pas si on a vraiment arrêté ce choix en tout cas pour revenir à ta question qu'est ce que ça m'a fait ben voilà bien sûr ce recours j'étais un peu inquiet en disant bah mince J'avais quand même envie d'avoir des enfants, en tout cas, avec mon épouse, on avait décidé d'avoir, on s'était dit, on aura des enfants. Et puis là, d'un coup, une petite barrière qui se pose là devant nous, on se dit, bon, ça ne va pas être facile, mais on va le faire ensemble. On va essayer. On va essayer. Donc, il y avait quand même cet espoir derrière. Donc, ce n'est pas... Voilà, c'est pas comme si on m'annonçait d'un seul coup, ben oui, vous n'allez pas pouvoir être père du tout. Du tout, d'accord. C'est complètement différent. Oui, il y a quand même un espoir, quoi.

  • Speaker #0

    Et la deuxième question, c'est comment ça a été pour toi de vivre ces échecs successifs des cinq fois où vous avez fait cette tentative, enfin en tout cas, t'en es plus à...

  • Speaker #1

    Moi... Parce que ça a été source de discorde entre nous deux, parce qu'il faut le dire aussi, le parcours de la PMA, c'est pas un long fleuve tranquille. En fait, elle vivait les choses complètement différemment de moi. Et c'est justifié, je veux dire, elle était plus dans l'inquiétude, plus avec cette, quelque part aussi, cette responsabilité, parce que moi, j'étais juste à dire, en fait, elle s'est sentie beaucoup coupable. que ça ne se soit pas fait aujourd'hui encore je pense mais pendant longtemps ça a été aussi source de discorde entre nous parce que même si moi je disais mais non c'est pas tout toi, enfin, bien sûr que c'est sa personne, mais il y a des choses qui font que des fois, ça ne marche pas. Il ne faut pas chercher plus loin, je pense. Moi, j'étais plutôt dans quelque chose d'assez optimiste, dire, ben... on rebondira et tout, elle était pas pessimiste, mais beaucoup plus inquiète, se sentir coupable aussi, elle ne comprenait pas non plus que moi je le vive comme ça presque aussi bien, entre guillemets, mais où j'essayais aussi quelque part de me rassurer moi, je le sais bien, c'est là aussi où on voit je pense la force d'un couple, c'est qu'on est resté ensemble, parce que ça aurait pu très bien nous détruire tous les deux, tout ça, elle aurait pu dire aussi, moi je suis ferme. et à un moment donné, je l'aurais compris, on en a longtemps discuté, tous les deux, moi je lui ai toujours dit aussi, je comprendrais quoi, que ben oui parce que c'est un sacrifice qu'elle a fait, même si on a fait après d'autres tentatives, mais enfin pas d'autres tentatives, si on a tenté l'adoption d'un enfant, mais elle a fait une croix sur sa maternité à elle, et ça c'était, c'était très... très dure pour elle, bien plus que pour moi. Nous, les hommes, dans cette histoire, les hommes, nous, dans cette histoire, c'est facile, c'est 30 secondes, et puis tout le reste, c'est quand même la mère qui porte, c'est la mère qui endure ses souffrances, qui met au monde, même si le père peut être derrière, accompagné, mais c'est pas lui qui endure les souffrances, qui endure qu'il le vit, vraiment il peut le vivre autrement, je suis d'accord, mais c'est pas lui qui le vit dans son corps, et vivre quelque chose dans son corps c'est quand même quelque chose de fort. Et c'est... Même avec la plus grande empathie, on ne peut pas se mettre à la place d'une femme qui est dans cette situation-là. Ouais, ouais. Alors, je ne suis pas forcément quelqu'un de très empathique, mais j'ai malgré tout eu du mal à me mettre dans cette peau-là. Et c'est ce qui a fait que des fois, il y a eu des tensions. Bon, malgré tout, ça a tenu. On a surmonté l'épreuve aujourd'hui. c'est pas quelque chose qu'on a mis complètement de côté. De temps en temps, on en reparle ensemble. Peut-être pas assez, d'ailleurs. Peut-être qu'il y a des choses encore qui ne sont pas dites, qu'on devrait se dire encore. Mais aujourd'hui, c'est toujours présent. Dès que je vois des parents s'amuser avec leur gamin, il y a toujours ce petit pincement. C'est chouette quand même. Et à côté de ça, se posent d'autres questions. Il y a à la fois ça, dire j'aurais eu envie de ça, alors un truc qui va paraître peut-être horrible pour des gens, mais c'est bien de ne pas avoir de gosses. C'est horrible à le dire, enfin c'est horrible. Des fois on peut dire, c'est quand même, il ne faut pas bien dire ça. Si je suis désolé, c'est un confort de vie de ne pas avoir d'enfant, parce que nous on ne se pose pas de questions. le dimanche matin si on doit se lever ou pas, si on doit emmener un gosse à l'école. Alors certes, du coup, on n'a pas cette transmission. Il n'y a pas de transmission, du coup. Alors il y a cette facilité là de vie je dirais, qui nous on l'a pris en se disant, ben voilà c'est la contrepartie quoi, de ne pas avoir d'enfant, ben oh bon. S'il peut y avoir un cadeau de consolation, je dirais, ben c'est ça quoi. Même si on aurait bien aimé être embêté avec une recherche de nounou ou être réveillé la nuit quoi. On tourne aussi le truc comme ça en se disant, c'est vrai qu'on n'a pas d'enfant, on n'a pas ces contraintes-là. Je parlais de culpabilité de mon épouse tout à l'heure, mais moi aujourd'hui, j'ai toujours dans le coin de ma tête aussi une culpabilité en me disant, peut-être que je ne voulais pas vraiment être père. Peut-être que je ne suis pas fait pour être père. Est-ce qu'être une femme aujourd'hui qui n'est pas mère, et ça, on n'est plus... On a fait de nombreuses fois la triste expérience. Il y a plein de gens qui ne comprennent pas. Deux femmes qui me disent, comment ça, mais tu n'as pas voulu avoir d'enfant ? Qui creusent la question. Et moi, quelqu'un qui me dit, je ne suis pas père ou je ne suis pas mère, il a envie de me dire pourquoi. ok, tu n'as pas envie de me dire pourquoi. Moi, c'est de nombreuses fois, on me dit, on me demande, est-ce que tu as des enfants ? Je dis non. Et moi, en tant qu'homme, on ne va pas me dire, jamais on m'a dit, mais tu n'as pas voulu en avoir, alors qu'une femme, on va beaucoup plus lui poser la question.

  • Speaker #0

    La pression est beaucoup plus grande.

  • Speaker #1

    La pression sociale est vachement plus grande sur une femme que sur un homme. Moi, en tant qu'homme, d'ailleurs c'est souvent des collègues hommes qui vont poser la question plus que des collègues femmes et voilà ça se pose là t'as pas d'enfant ok point barre on va pas creuser plus loin on dit pas t'as pas voulu en avoir c'est presque un reproche de pas avoir d'enfant mais est-ce que on est tous fait pour avoir des enfants Je ne pense pas. Il y a des gens qui sont admirables, qui pourraient avoir 15 enfants et qui se débrouilleraient bien avec. Il y a des gens avec qui un enfant, c'est déjà compliqué. Du coup, j'ai toujours cette incertitude-là de me dire aujourd'hui, je suis dans quelle catégorie au Baby-Content ? Je suis dans la catégorie de finalement, j'aurais été père, mais si, ça aurait été super. Aujourd'hui, je me dis, mais est-ce qu'avec un enfant, J'aurais été capable de gérer tout ce que... Je vois les gens qui ont des enfants autour de moi, je me dis, mais... Des fois, il y a des situations complexes. C'est un sacré casse-tête, quoi. Comment ils arrivent à gérer ça ? Moi, je me trouve confortable dans ma vie, aujourd'hui. Justement, par rapport à ça.

  • Speaker #0

    Ce qui est étonnant, c'est que je trouve que t'es vachement... Tu es vachement éveillé de ce côté-là, parce qu'on peut s'imaginer en tant que père ou en tant que mère. D'ailleurs, je trouve que c'est intéressant aussi de se poser la question. entre ce que j'imaginais avant d'avoir des enfants, du père que je serais, et du père que j'ai connu ou que j'ai été, si les enfants sont grands, il y a une grande différence. Moi, je vois qu'entre mon rêve d'enfant qui est venu très très jeune chez moi, mon rêve d'enfant, mon rêve de père que je serais, et celui que j'ai été,

  • Speaker #1

    il y a un gap énorme. L'écart, il est énorme.

  • Speaker #0

    Je n'ai pas été le père dont j'ai rêvé que je serais. en même temps j'ai été le père que j'ai que tu as pu être que j'ai fait de mon vieux et toi tu ne restes pas dans quelque chose d'imaginaire mais de quelque chose de très posé de très fréquent je ne sais pas si j'aurais été un bon père ou pas ou été accueillir si bien que pas la vie avec un enfant oui alors se pose la question de de

  • Speaker #1

    Je crois beaucoup aussi à l'influence du mental sur le physique. Mon mental, notre mental à tous les deux, a influé à ce point sur le fait de dire mais finalement on n'a pas voulu être parents ou est-ce que non, de toute façon c'était comme ça physiquement ce n'était pas possible, ce n'était pas possible Un autre événement qui s'est produit derrière, c'est que de ce fait, on a fait un petit déjeuner. Quand on a appris que, sur la cinquième et dernière tentative, à un moment donné, on a dit stop. Et puis, on a fait une pause. Et puis, on s'est dit, pourquoi on n'irait pas vers l'adoption ? Parce que bon, déjà, avant de dire tout de suite, on a connu des gens, justement, dans le même parcours que nous, qui menaient les deux de front. Et nous, on s'est dit, mais comment c'est possible de se dire, mais je veux adopter un enfant, et en même temps, je fais une... Je suis dans une démarche de procréation médicalement assistée. On s'est dit, mais on ne peut pas courir deux lièvres à la fois. Enfin, ce n'est pas la même chose en plus. Bien sûr que ça accueillir un enfant dans les deux cas, mais la démarche intellectuelle, elle n'est pas la même. Et nous, il fallait déjà qu'on encaisse le fait de ne pas être parent biologique avant de dire de se lancer dans une... Bon, voilà, c'est nous. On sait qu'il y a plein d'autres couples, ce n'est pas le cas. Il y en a qui mènent les deux de front. Parce qu'effectivement, les... Les procédures d'adoption, c'est long. Alors il y a des enquêtes aussi, et puis sur cette enquête justement, à un moment donné, on a eu plusieurs entretiens avec une psychologue, donc du service d'adoption. qui nous a fait réfléchir justement sur ce sens d'être parent, est-ce qu'on est prêt à accueillir ou pas. Et je crois que ça nous a fait trop réfléchir. Quand on est parent comme ça, qu'on est parent biologique, ça se fait, on dit c'est le moment, on y va, et puis ça fait, ça y est, c'est lancé. Et puis quand on est dans une procédure d'adoption, quasi à tout moment, on peut revenir sur sa décision. Et du coup, je pense qu'à un moment donné, on a trop réfléchi. Ça, c'est un peu mon regret aujourd'hui. Si on avait poussé un peu plus, peut-être qu'on serait dit, mais si, on peut être parent et on sera allé au bout de la démarche, même si ça peut prendre 5 ans, 6 ans, 7 ans avant d'être parent. Par ce biais-là, on formulait le souhait plutôt d'avoir un enfant en bas âge. Mais ce n'est pas toujours possible. Et on se pose la question, du coup, d'accueillir un enfant. qui a 3, 4 ans, 5 ans, qui a vécu des choses pas faciles avant, sûrement. Donc voilà, c'est aussi encore autre chose. À un moment donné, on a pris la décision de dire, ben non, on fait le deuil de cette parentalité. Je me faisais la réflexion tout à l'heure, en repensant à cet entretien qu'on a, en me disant, mais se lâcher quand tu me demandais qu'est-ce que ça m'a fait tout de suite. tout à l'heure, quand tu l'as appris, mais comme je ne l'ai pas appris d'un coup, c'est venu très doucement. En fait, ça s'est fait sur dix ans, tout ça, le fait de savoir qu'on n'allait pas être parents. Au bout de dix ans, on a dit, stop, quoi. En gros, à mes 40 ans, on a dit, on arrête les frais, ça va nous détruire, on passe sur autre chose. Quatorze ans après, aujourd'hui, il y a encore des stigmates, et je me dis, la descente, elle est aussi longue que la montée. Si je dois faire un parallèle avec un décès, un décès qui est brutal, il est violent pour tout le monde, mais je pense que le rebond derrière, il est presque aussi rapide que ça a été violent. Et nous, le rebond, il s'est fait. Ça prend du temps, tout à petit, là, enfin, aujourd'hui, enfin, je pense qu'on se sent apaisé avec tout ça. Ça a mis beaucoup de temps, c'est pas à partir du moment où on a dit stop, on passe à autre chose, que ça y est, tout est effacé. Là, on l'a encore en tête, tous les deux, tout ça. C'est difficile encore aujourd'hui pour mon épouse, mais je pense beaucoup, beaucoup moins qu'avant, de voir une femme enceinte. ça l'était beaucoup plus quand elle était encore capable en gros de porter un enfant aujourd'hui ça voilà avec l'âge c'est de moins en moins possible on va dire bon ça commence à être un peu un peu plus difficile quoi mais malgré tout et je peux pas lui en vouloir quoi je le comprends enfin il y a pas de la haine mais mais c'est difficile à vivre ça a été difficile à vivre Du coup, par ricochet, c'était difficile à vivre pour moi, forcément, aussi, puisque son mal-être par rapport à ça était aussi difficile à vivre pour moi. Mais tout ça, ça se dilue un petit peu dans notre quotidien aussi. Puis on rebondit sur d'autres choses, on s'investit un petit peu dans d'autres choses aussi. Alors ça aussi, c'est un truc, c'est qu'on a peut-être aussi du mal à s'investir dans d'autres choses, finalement, parce qu'être parent, c'est aussi... aussi avoir une vie sociale, je dirais, de son âge. Parce que nous, on est passé de jeunes adultes capables d'être parents à retraités. En gros, si je fais un parallèle, c'est-à-dire qu'on est passé de ceux qui étaient potentiellement parents, qui rêvaient d'enfants, à des gens qui n'avaient plus d'enfants à la maison, en tout cas, en n'ont pas eu. Donc, tu vois, il y a un peu un ressenti comme ça aussi, des fois, où... Encore une fois, pour revenir un peu à ce regard de la société, c'est difficile de s'investir dans autre chose quand tu n'es pas parent, parce que finalement, les enfants, c'est un grand moteur aussi, je crois. Il y a plein de gens qui le diront, c'est notre raison de vivre, c'est vrai. Je crois qu'il n'y a pas plus juste comme mot de dire que c'est notre raison de vivre aussi, et de dire que c'est notre moteur aussi. Et nous, notre moteur, il a fallu le retrouver. Il faut trouver un moteur à côté. Dire, mais finalement... Alors, ok, donc, je suis humain, mais je ne peux pas me reproduire, en gros. Ok, à quoi je sers ? C'est presque ça, là. Je suis brutal dans ma question, mais ça, c'est quoi le sens de ma vie, du coup, maintenant ? Parce que plein de gens qui sont parents, et une bonne partie, tu l'as vécu, du coup... Moi, je l'ai... vécu mais on voit bien que il ya une vingtaine d'années où c'est c'est rythmé par les enfants et d'ailleurs il ya quand même un grand nombre de couples mes parents en font partie qui se séparent après le départ des enfants comme si les enfants avaient été ce seul lien ou avec on épouse c'est pas ça le lien c'est autre chose autre chose peut-être de plus fort je sais pas mais en tout cas c'est autre chose en tout cas on peut pas dire que les enfants nous aurons mangé notre vie quand

  • Speaker #0

    parler de l'adoption et de toutes ces questions qu'on te pose en tant que futur parent, sachant que tu n'y as jamais été. Commencer de parler d'être parent sans que ta femme ne soit enceinte. Donc, il y a quelque chose qui est en train de se déployer sous tes yeux. Oui,

  • Speaker #1

    oui. On te fait poser beaucoup de questions par rapport à la parentalité. qui a fait qu'on a laissé tomber, on a abandonné cette histoire d'adoption, je crois qu'on s'est trop posé de questions. Et ça nous a fait trop, trop... Après, je ne me souviens plus dans le détail de nos questions à l'époque, mais dans mon souvenir, c'est ça. Je me dis, mais après coup, punaise, on a trop réfléchi à tout. tout ça, on a lâché, ça. Ça s'est éteint, voilà, tout doucement, ce que je disais, ça n'a pas été si brutal que ça. Bien sûr qu'à un moment donné, on a pris une décision, on nous dit, bon, est-ce qu'on relance la doctrine ? ou pas et tous les deux on s'est dit mais non non on relance pas parce qu'aussi on avait vécu beaucoup de choses avant qui était douloureuse peut-être on n'avait pas envie de se rengager dans un parcours assez long ça veut dire qu'on a remettait une couche pour peut-être cinq ans avec des espoirs et du coup peut-être aussi au bout du compte 1

  • Speaker #0

    un désespoir quelque chose qu'on espère et qui vient pas voilà un désespoir pour moi c'est pour toi et ta femme tu penses que c'est quelque chose qui a joué ça le fait d'être tout le temps dans l'attente et un moment dire j'en ai marre mais oui c'est ça je

  • Speaker #1

    pense qu'il ya quelque chose de ça C'est comme, alors pour faire un parallèle, puisque j'ai connu ça aussi un peu dans ma vie, ça c'est autre chose, quand on a une maladie comme un cancer et qu'on attend des résultats d'examen, c'est un peu cette impression là, mais là c'est sur 10 ans. Il y a effectivement... C'est tout à fait juste, ta remarque. Mais c'est marrant parce que j'avais presque occulté cette partie-là de notre vie. C'est juste de dire que pendant 10 ans, on a mis notre vie entre parenthèses. On s'est empêché de faire plein de choses en disant Ah ouais, mais non, mais là, on veut faire... À un moment donné, on avait l'idée de partir en Afrique. Et finalement, ça ne s'est pas fait parce que Il y a ça qui est arrivé entre temps, on s'est dit, ça veut dire qu'il faut qu'on engage tout de suite des examens, peut-être des tentatives, parce qu'on savait que ça pouvait être long. Et puis petit à petit, c'est pas forcément des rêves, mais en tout cas, les plans qu'on avait formulés, c'est pas qu'ils s'écroulent, mais c'est qu'ils se font pas, c'est juste qu'ils se font pas parce qu'on se dit, bah oui, mais attends, là... Allez, il faut refaire une tentative, puis il faut refaire une tentative, puis très vite, 5 ans, 6 ans, c'est cool.

  • Speaker #0

    Après, on a lancé cette histoire, cette procédure d'adoption très vite. Ça nous a pris aussi pendant 2-3 ans. Et puis oui, quasiment pendant 10 ans, on a mis notre vie en parenthèse, alors pas en tant que parents, en tant que non-parents. Eh oui, c'est... C'est vrai que je le réalise aujourd'hui. Alors, on n'a pas rien fait, c'est pas ça. On a une vie heureuse, mais il y a toujours cette peine un peu derrière. Ça me fait un peu chier. J'ai celui d'un nom, par exemple. Oui, je suis un nom de parent. Oui, c'est vrai. C'est une période qui est... Oui, c'est bizarre que ça émerge aujourd'hui comme ça. J'avais presque oublié ça. Parce que tellement aujourd'hui on est on a rembrayé un peu sur autre chose, l'un comme l'autre on essaye d'avoir de plus en plus une vie sociale un peu plus épanouie et tout. Et on s'est rendu compte que pendant toute cette période... Parce qu'on attendait, on était dans cette expectative, peut-être que ça viendra un jour, et puis finalement ce n'est pas venu. Et ce n'est pas à partir du moment où on a décidé que finalement ça ne serait pas là, que d'un coup on a embrayé sur autre chose. Ce n'est pas relevé tout de suite.

  • Speaker #1

    Ça ne s'est pas fait du jour en l'heure.

  • Speaker #0

    Non, ce n'est pas relevé. Maintenant, allez. Non, non, ce n'est pas ça.

  • Speaker #1

    Ce que tu dis, c'est long et c'est presque encore présent.

  • Speaker #0

    Ah mais c'est encore présent, je veux dire au quotidien bien sûr que tous les deux on y pense toujours, mais c'est moins douloureux.

  • Speaker #1

    Je vais te poser une autre question. Il te manque cet enfant qui est pas là ?

  • Speaker #0

    Oui, oui oui il me manque. C'est ce qui me fait dire que je pense que j'aurais pu être père. Je veux dire, j'aurais pu assumer mes fonctions de père. Oui, oui, oui, il me manque aujourd'hui. Je ne sais pas pour quelles raisons. Enfin, tu dis, mais finalement, c'est quoi être parent ? Alors d'accord, c'est engendrer des enfants. Donc, tu les vois grandir, ça te procure du plaisir. Je ne sais pas, finalement, c'est quoi être parent ? Pourquoi on prend du plaisir à être parent pour dire c'est moi qui l'ai fait ? Non mais c'est vrai, des fois tu dis mais c'est moi qui l'ai fait, c'est mon fils, c'est ma fille. Ou c'est juste être fier parce qu'on a un être vivant qui grandit. En fait je pense qu'il y a plein de façons d'être parent et d'être fier d'être parent. On n'est pas heureux d'être parent pour une seule raison. Je pense qu'il y a plein de raisons différentes. et sûrement des bonnes et des mauvaises. Alors, à mon sens, mais après, je ne peux pas juger, je n'ai pas été père. Ça, c'est encore un truc aussi qu'on se dit tous les deux. Bien sûr, des fois, on est tenté de porter des jugements sur les gens qui... Mais moi, c'est ce que je dis souvent, je dis, mais comment... Et nous, comment on aurait réagi ? Si ça se trouve, on serait dans le même bouillon, on serait dans la même mouise à refuser à un enfant le portable ou je ne sais quoi. et finalement c'est des parce que parce que voilà une casse tellement les oreilles avec ça ou donc on peut moi je ne juge pas même les ce qui pourrait être considéré comme les pires des parents je peux pas me permettre de juger parce que j'ai pas été par un et bien même j'aurais été parent enfin père je veux dire Je sais pas si j'aurais jugé quand même parce que tellement plein de raisons de vouloir être père ou mère. Pour quelles raisons on est parent ? C'est quand même... La question émerge là, mais elle est encore plus présente là. Maintenant qu'on en parle, comme ça, elle fait encore plus... Quelque part, elle est encore plus énigmatique pour moi, la réponse. Oui, vraiment, pour quelles raisons on est parent ?

  • Speaker #1

    Est-ce que tu as pu, à un moment, dans ce désir d'enfant... Imaginez le père que tu serais. Tu avais envie d'être quel père ?

  • Speaker #0

    Tu t'imagines quel papa tu aurais ? Alors je m'imaginais une partie du père qui a été mon père, mais qu'une partie, parce qu'il y a une des parties qui n'était pas du tout sympa. C'est une autre histoire encore. Je ne suis pas forcément quelqu'un de très démonstratif dans mes sentiments et tout. Par contre, j'aurais aimé être le père, de faire découvrir la vie à un enfant. Je ne sais pas, de l'emmener... Moi, je suis très nature, on est tous les deux très nature d'ailleurs. De lui faire découvrir la vie et... Plutôt le père dans le sens... Faire découvrir et pas le père trop papa poule non plus. dans le sens où j'estime aussi que c'est aussi mon formateur aujourd'hui et c'est mon boulot aussi aujourd'hui dire mais c'est de rendre des gens autonomes dans leur vie et j'aurais été un père comme ça aussi je pense enfin j'aurais voulu être ce père de faire un petit être autonome et qui grandit tout seul et qui, pas tout seul, accompagné, mais je veux dire qui ne peut pas être une béquille en permanence pour lui. Ça, c'est ce dont on rêve. Puis je sais bien que la vie n'est pas un long fleuve tranquille et que des fois, ça ne se passe pas du tout comme ça que pour plein de raisons, peut-être pour l'actualité qui est un peu morose aussi aujourd'hui.

  • Speaker #1

    Toi, tu aurais souhaité Ce que tu imaginais dans ton rôle de père, c'était ce père qui fait découvrir, qui transmet.

  • Speaker #0

    Qui transmet, oui, et qui protège aussi quand même, bien sûr. Mais pas trop non plus.

  • Speaker #1

    Pas trop non plus.

  • Speaker #0

    Pas trop non plus, parce que la... Alors, je ne dis pas que la vie, il faut laver dans la vie, ça nous endurcit. Non, ce n'est pas ce que je dis. Mais, ben oui, la vie, elle n'est pas toute rose. et la vie telle qu'elle est avec ouais avec l'envie de transmettre oui voilà l'idée c'est d'amener quelqu'un enfin un enfant à se faire un moment donné bah à se forger une Un caractère, une opinion, réfléchir par soi-même surtout. Peut-être pas avoir les mêmes opinions que nous. Peut-être. Au moins, il y a quelque chose. Il y a un être vivant derrière. Il y a un être vivant qui réfléchit. Ça aurait été dur, par contre, d'être père de quelqu'un qui n'est pas bien, même adulte. Oui. Ça, je pense que c'est terrible pour les parents qui ont ça.

  • Speaker #1

    Tu disais tout à l'heure que tu étais formateur maintenant. Est-ce que... J'essaie de trouver les raisons des fois de nos choix. Est-ce que tu aimes transmettre ?

  • Speaker #0

    Est-ce que tu as l'impression que dans ce métier-là,

  • Speaker #1

    c'est une transmission de... Tu parlais de transmission, on parlait de transmission avec l'oncle.

  • Speaker #0

    Oui, oui.

  • Speaker #1

    Parce que c'est quelque chose qui...

  • Speaker #0

    Dans mon métier aussi, oui. Ah oui.

  • Speaker #1

    Cette transmission, ce partage.

  • Speaker #0

    Ah, le parallèle, alors... Je me suis fait le parallèle. parallèle. Déjà, il est tellement évident que... Bien sûr que... Alors après, moi, j'ai toujours aimé transmettre, même avant de savoir que je ne serais pas père. J'ai toujours aimé ça. Mais je pense que ça s'est encore plus renforcé. Et aujourd'hui, le fait d'avoir des élèves ou des stagiaires à qui on transmet des choses, qui réussissent des choses, on a apporté quelque chose quand même. Et puis, on n'apporte pas que de la technique. Moi, j'ai la chance. chance d'enseigner dans une école privée, donc une école où on apprend aussi aux gens à se faire confiance, où il y a de la bienveillance. Alors bien sûr, quand c'est pas bien, on le dit, mais je me sens bien dans ce rôle-là et ça aurait pu être ça mon rôle de père. D'être aussi dans cette bienveillance-là. Puis des fois aussi, dans mon rôle de formateur, des fois on pose des coups de gueule. On dit, ça va pas, c'est le bazar, vous êtes pas disciplinés. Comme des parents presque, même si on a affaire à des adultes, puisque moi je travaille dans une école où on fait de la reconversion, pour la plupart nos élèves c'est des reconversions professionnelles de gens qui sont adultes de 18 à plus de 60 ans. pour certains. Oui, mes élèves, aujourd'hui, c'est un peu mes enfants. Réellement, toutes les fins d'année, puisqu'à la fin de l'année, c'est des sessions de 10 mois, tous les ans, en juin, il y a une exposition. de leurs oeuvres on est fier de quoi parce que il ya un aboutissement bout de dix mois et on y a participé ils sont plus ou moins mais globalement autonome dans leur dans leur future vie professionnelle et ça c'est c'est énorme quoi j'ai cette compensation là aujourd'hui voilà effectivement ça m'aide beaucoup je pense dans l'acceptation de ne pas de pu être le pas de père je pense en tout cas ça me le fait oublier peut-être je sais pas si ça m'aide en tout cas voilà je suis super fier de faire de moi aussi parce que je suis content de moi aujourd'hui dire ben finalement ça partait pas si bien et puis et puis si au bout du compte j'ai trouvé ma place ouais j'ai trouvé ma place aujourd'hui Je ne suis pas père. Je n'aurai pas de petits-enfants. Quand on disparaîtra tous les deux, je ne sais pas ce qu'on en fera de cet héritage. Est-ce qu'on est que ça aux neveux-nièces ? Ou est-ce qu'on dit qu'ils se débrouillent et nous, on va plutôt faire un don à une asso ? Je n'en sais rien. Pourquoi pas à l'aide à l'enfance ? Je ne sais pas. Ça pourrait être une bonne manière de boucler la boucle.

  • Speaker #1

    C'est comme, même si ce n'est pas forcément la décision que vous prendrez, mais on parle là de l'enfant qui n'est pas là, du père que tu n'es pas, de la mère que ta femme n'est pas. Et c'est comme si c'était en souvenir de cet enfant qui n'est pas là. Il y a quelque chose, il y a un héritage de... Je donne à un enfant, je ne sais pas lequel, je donne à une association qui va être là pour les enfants, on ne sait pas lesquels, mais on donne quelque chose pour des enfants.

  • Speaker #0

    Oui, c'est ça.

  • Speaker #1

    de questions généralement en fin de mes interviews, c'est, mais tu as déjà répondu à la première question de l'homme que tu es, tu nous as parlé de ce que tu aimais faire, de la joie d'aller travailler, de transmettre, et tu as déjà parlé de toi, sauf si tu as autre chose à dire, si...

  • Speaker #0

    Non, non, non, non.

  • Speaker #1

    Si tu te rencontrais, voilà, qu'est-ce que tu penserais de cet homme qui est en face de toi ?

  • Speaker #0

    Ah ! Ça, c'est ce que je pourrais répondre. C'est justement le retour, le miroir que j'ai de mes élèves, justement. En fin d'année, et même au cours de l'année, on fait toujours un bilan avec les élèves. Il y a des choses à dire sur l'équipe pédagogique, sur le programme, sur tout ça. Enfin, moi, à chaque fois, ça me rend heureux aussi, parce qu'à la fin de l'année... Je n'ai jamais eu de mauvais retour de la part d'un élève. C'est plutôt l'inverse. J'ai plein d'élèves qui me disent mais t'es super et tout. Ça me comble. En tout cas, j'espère, je tends vers ça. J'essaye de dire, s'il y a vraiment un mot qui me plaît bien, c'est toujours cette idée de bienveillance. Il y a tellement de... On est tellement en colère de partout, entre formatants, on dit Oh, ta vie, il a encore fait ça ! Et puis après, on se dit Non, mais c'est bon !

  • Speaker #1

    Et la dernière question, c'est qu'est-ce que ça t'a fait de parler de ce sujet-là, aujourd'hui ?

  • Speaker #0

    Juste avant que tu arrives, en fait, je commençais à réfléchir un peu à ce que je pourrais dire, ou en tout cas, réfléchir un petit peu à ce sujet-là. petit à petit je me disais mais bon sang il y a une discussion qui est pas close avec mon épouse là dessus et j'ai envie de la clore aujourd'hui quoi et ça a réveillé des choses comme ça Elle dit souvent, moi aussi du coup, il n'y a pas de hasard. Cette interview, elle tombe peut-être au moment où elle doit tomber. Il y a des choses, je pense aussi, qu'il faut qu'on se dise. nous deux, qu'on a tue je crois qu'il y a un chapitre qui n'est pas complètement clos, je ne dis pas qu'on va le clore ce week-end mais peut-être ouvrir la porte à une discussion autour de ça pour peut-être apaiser les choses dans son esprit à elle et dans mon esprit à moi, dire s'enlever aussi peut-être de la culpabilité, je ne sais pas, enfin voilà. Il y a des fois des choses qui font mal quand on les réveille. Je pense qu'on est assez fort aujourd'hui pour remettre des mots sur des choses qui nous ont pesé pendant toutes ces années et se le dire aussi. Voilà,

  • Speaker #1

    super message.

  • Speaker #0

    Comme je le disais tout à l'heure, toi c'est le saut dans l'inconnu parce que tu ne savais pas sur quoi tu allais m'interviewer. Et moi c'était le saut dans l'inconnu dans le sens où je ne sais pas où ça me mène tout ça.

  • Speaker #1

    Merci beaucoup Emmanuel pour ce témoignage, super touché de t'accompagner.

  • Speaker #0

    Merci.

  • Speaker #1

    Je ne suis pas intervenu beaucoup avec mes questions, j'avais aussi, tu partais et puis... Et puis, je te laissais partir, même si des fois, j'avais envie d'intervenir. Et chaque interview est différente. Mais en tout cas, on a pu entendre une partie de tout ce que tu avais vécu et ce que tu vis encore aujourd'hui. Oui. Donc, merci. Merci énormément.

  • Speaker #0

    Merci.

  • Speaker #1

    Je te donne rendez-vous dans 15 jours pour la prochaine interview de La Parole des Hommes. Pour être tenu au courant de sa sortie, n'hésite pas à t'abonner à ce podcast, me suivre sur les réseaux sociaux sur mon compte Fabrice Humo, ou consulter mon site internet fabricehumo.fr. Si toi tu as envie de témoigner, n'hésite pas à me contacter à l'adresse contact.fabricehumo.fr. Tu peux retrouver toutes ces informations sur le descriptif de cette interview. Je te souhaite le meilleur.

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Description

Emmanuel nous fait entrer dans l'intimité de sa vie de non père.


Ne pouvant accéder à ce rôle, il se pose tout un tas de question sans réponse sur le papa qu'il ne sera jamais jusqu'à même douter de sa réelle envie.

Un témoignage rempli d'interrogation, une vie d'attentes, d'espoirs, de renoncements... et de tendresse.


Si tu as toi aussi l'envie de témoigner, fais moi signe en m'envoyant un mail : contact@fabricehumeau.fr


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Bienvenue sur ce canal dédié à la parole des hommes. Je suis Fabrice Humeau et un jour j'ai décidé d'ouvrir l'espace à nos représentations masculines, mouvances, entre force et fragilité. Au travers mes rencontres, c'est des instants de vie ou même toute une vie qui se racontent. Je suis touché quand j'écoute au travers ces récits l'homme dans toutes ses dimensions, bien au-delà de l'histoire. Salut Emmanuel.

  • Speaker #1

    Bonjour Fabrice.

  • Speaker #0

    Merci de me recevoir.

  • Speaker #1

    Merci à toi d'être là.

  • Speaker #0

    Ça t'impressionne un petit peu peut-être d'être en registre ?

  • Speaker #1

    Oui, oui, forcément, il y a une petite appréhension, oui, un petit peu.

  • Speaker #0

    Ok, c'est la première fois. que je rencontre un homme et que je ne sais pas de quoi il va me parler.

  • Speaker #1

    Ah !

  • Speaker #0

    Donc là, tu m'as dit que tu avais un sujet.

  • Speaker #1

    Moi, c'est la première fois que j'ai une interview et je ne sais pas à quelle sauce je vais te manger. Donc, voilà, comme ça.

  • Speaker #0

    OK. OK, on part tous les deux dans l'inconnu.

  • Speaker #1

    Voilà, exactement. Un grand saut dans l'inconnu.

  • Speaker #0

    Je vais te voir ensemble. Voilà, ma première question, c'est quoi que tu as déposé là aujourd'hui ?

  • Speaker #1

    Moi, je parlais du fait que je ne suis pas père aujourd'hui.

  • Speaker #0

    Tu as quel âge ?

  • Speaker #1

    Aujourd'hui, j'ai 50 ans. J'ai 53 ans. Donc, ça fait déjà un petit moment que j'ai renoncé à être père, on va dire. Mais voilà, c'est un sujet qui est encore présent aujourd'hui, de toute façon, au quotidien. Chaque fois que je vois des enfants, chaque fois que je vois des parents, des grands-parents, c'est forcément quelque chose qui me touche. Aujourd'hui, je vis avec. Ça a toujours été présent. un peu plus douloureux au début de... quand j'ai appris que je ne pourrais pas être père, puisque en fait je ne suis pas père, non pas parce que je ne voulais pas, mais parce que je n'ai pas pu physiquement, et on parlera plus tard de tout ce parcours que j'ai pu avoir avec moi et mon épouse. Oui, je ne suis pas tout seul dans l'histoire.

  • Speaker #0

    Si beaucoup ont parlé de ça, je pense qu'il y a beaucoup d'hommes qui vont peut-être entendre ce reportage et pouvoir partager avec toi ce que tu vas nous dire, ce que tu vas nous raconter. Donc, comment tu as su que tu ne pourrais pas être père ?

  • Speaker #1

    En fait, ça s'est fait en 2001. À l'époque, j'étais avec mon épouse, qui n'était encore pas mon épouse. Et puis, j'ai eu une opération plutôt bénigne au niveau de l'intesticule. Et en faisant des analyses, l'urologue m'a annoncé que ce serait compliqué pour moi d'avoir des enfants, en tout cas mes propres enfants, enfin mes enfants biologiques. Déjà ça faut l'encaisser un petit peu quoi, mais en nous disant qu'il y avait des solutions, que c'était possible par la PMA, donc la procréation médicalement assistée, donc via des fécondations in vitro et compagnie. Donc ça voulait dire aussi que c'était... Finalement assez lourde conséquence pour mon épouse, puisqu'elle devrait prendre des traitements, etc. pour stimuler les ovaires. Voilà, parce que c'est aussi... Moi, mon rôle là-dedans, dans ces fécondations in vitro, il s'est joué à... Je fais le don de mon sperme, pour dire. Et puis tout le reste, c'est elle qui a fait, qui a beaucoup géré tout ça. Je suis très reconnaissant aujourd'hui d'ailleurs. Finalement au bout de cinq années de tentatives, dont la dernière qui a été douloureuse parce que ça a quasi marché. En tout cas on a cru à un moment que ça marchait et on commençait à se mettre dans la peau de futurs parents. Et quand ça a capoté, quand il y a eu... fait une fausse couche et ben là c'était un peu le monde qui s'effondrait autour de nous aussi tous les deux et du coup on a voulu faire une pause à ce moment là.

  • Speaker #0

    J'ai une question, j'ai une question Emmanuel, c'est quand tu as su que tu aurais des difficultés à avoir des enfants, est-ce que tu te rappelles ce que ça t'a fait à ce moment là ?

  • Speaker #1

    sur le coup en fait je dis fallait encaisser mais tout d'une nature assez certains diront un peu insouciant et optimiste à la fois En plus, comme on nous le présente, c'est-à-dire que l'urologue présente ça en disant Attendez, ce n'est pas la catastrophe, il y a des moyens. On dit Ok, ça va être plus compliqué que pour les autres couples, mais ça va pouvoir se faire. Donc, en fait, ce n'est pas quelque chose... C'est vrai que ce fait de ne pas être père... Finalement ça n'a pas été si brutal comme annonce, ça s'est instillé doucement dans notre vie, enfin de ne pas être parent du coup dans notre vie, à nous deux, parce qu'à chaque fois il y avait un espoir de l'être. Mais à chaque fois aussi, l'espoir diminuait. Et ça s'est instillé doucement comme ça, jusqu'au jour où, au bout du bout, on s'est dit, non, on ne sera pas parents. Et voilà, à un moment donné, il a fallu arrêter. je sais pas si on a vraiment arrêté ce choix en tout cas pour revenir à ta question qu'est ce que ça m'a fait ben voilà bien sûr ce recours j'étais un peu inquiet en disant bah mince J'avais quand même envie d'avoir des enfants, en tout cas, avec mon épouse, on avait décidé d'avoir, on s'était dit, on aura des enfants. Et puis là, d'un coup, une petite barrière qui se pose là devant nous, on se dit, bon, ça ne va pas être facile, mais on va le faire ensemble. On va essayer. On va essayer. Donc, il y avait quand même cet espoir derrière. Donc, ce n'est pas... Voilà, c'est pas comme si on m'annonçait d'un seul coup, ben oui, vous n'allez pas pouvoir être père du tout. Du tout, d'accord. C'est complètement différent. Oui, il y a quand même un espoir, quoi.

  • Speaker #0

    Et la deuxième question, c'est comment ça a été pour toi de vivre ces échecs successifs des cinq fois où vous avez fait cette tentative, enfin en tout cas, t'en es plus à...

  • Speaker #1

    Moi... Parce que ça a été source de discorde entre nous deux, parce qu'il faut le dire aussi, le parcours de la PMA, c'est pas un long fleuve tranquille. En fait, elle vivait les choses complètement différemment de moi. Et c'est justifié, je veux dire, elle était plus dans l'inquiétude, plus avec cette, quelque part aussi, cette responsabilité, parce que moi, j'étais juste à dire, en fait, elle s'est sentie beaucoup coupable. que ça ne se soit pas fait aujourd'hui encore je pense mais pendant longtemps ça a été aussi source de discorde entre nous parce que même si moi je disais mais non c'est pas tout toi, enfin, bien sûr que c'est sa personne, mais il y a des choses qui font que des fois, ça ne marche pas. Il ne faut pas chercher plus loin, je pense. Moi, j'étais plutôt dans quelque chose d'assez optimiste, dire, ben... on rebondira et tout, elle était pas pessimiste, mais beaucoup plus inquiète, se sentir coupable aussi, elle ne comprenait pas non plus que moi je le vive comme ça presque aussi bien, entre guillemets, mais où j'essayais aussi quelque part de me rassurer moi, je le sais bien, c'est là aussi où on voit je pense la force d'un couple, c'est qu'on est resté ensemble, parce que ça aurait pu très bien nous détruire tous les deux, tout ça, elle aurait pu dire aussi, moi je suis ferme. et à un moment donné, je l'aurais compris, on en a longtemps discuté, tous les deux, moi je lui ai toujours dit aussi, je comprendrais quoi, que ben oui parce que c'est un sacrifice qu'elle a fait, même si on a fait après d'autres tentatives, mais enfin pas d'autres tentatives, si on a tenté l'adoption d'un enfant, mais elle a fait une croix sur sa maternité à elle, et ça c'était, c'était très... très dure pour elle, bien plus que pour moi. Nous, les hommes, dans cette histoire, les hommes, nous, dans cette histoire, c'est facile, c'est 30 secondes, et puis tout le reste, c'est quand même la mère qui porte, c'est la mère qui endure ses souffrances, qui met au monde, même si le père peut être derrière, accompagné, mais c'est pas lui qui endure les souffrances, qui endure qu'il le vit, vraiment il peut le vivre autrement, je suis d'accord, mais c'est pas lui qui le vit dans son corps, et vivre quelque chose dans son corps c'est quand même quelque chose de fort. Et c'est... Même avec la plus grande empathie, on ne peut pas se mettre à la place d'une femme qui est dans cette situation-là. Ouais, ouais. Alors, je ne suis pas forcément quelqu'un de très empathique, mais j'ai malgré tout eu du mal à me mettre dans cette peau-là. Et c'est ce qui a fait que des fois, il y a eu des tensions. Bon, malgré tout, ça a tenu. On a surmonté l'épreuve aujourd'hui. c'est pas quelque chose qu'on a mis complètement de côté. De temps en temps, on en reparle ensemble. Peut-être pas assez, d'ailleurs. Peut-être qu'il y a des choses encore qui ne sont pas dites, qu'on devrait se dire encore. Mais aujourd'hui, c'est toujours présent. Dès que je vois des parents s'amuser avec leur gamin, il y a toujours ce petit pincement. C'est chouette quand même. Et à côté de ça, se posent d'autres questions. Il y a à la fois ça, dire j'aurais eu envie de ça, alors un truc qui va paraître peut-être horrible pour des gens, mais c'est bien de ne pas avoir de gosses. C'est horrible à le dire, enfin c'est horrible. Des fois on peut dire, c'est quand même, il ne faut pas bien dire ça. Si je suis désolé, c'est un confort de vie de ne pas avoir d'enfant, parce que nous on ne se pose pas de questions. le dimanche matin si on doit se lever ou pas, si on doit emmener un gosse à l'école. Alors certes, du coup, on n'a pas cette transmission. Il n'y a pas de transmission, du coup. Alors il y a cette facilité là de vie je dirais, qui nous on l'a pris en se disant, ben voilà c'est la contrepartie quoi, de ne pas avoir d'enfant, ben oh bon. S'il peut y avoir un cadeau de consolation, je dirais, ben c'est ça quoi. Même si on aurait bien aimé être embêté avec une recherche de nounou ou être réveillé la nuit quoi. On tourne aussi le truc comme ça en se disant, c'est vrai qu'on n'a pas d'enfant, on n'a pas ces contraintes-là. Je parlais de culpabilité de mon épouse tout à l'heure, mais moi aujourd'hui, j'ai toujours dans le coin de ma tête aussi une culpabilité en me disant, peut-être que je ne voulais pas vraiment être père. Peut-être que je ne suis pas fait pour être père. Est-ce qu'être une femme aujourd'hui qui n'est pas mère, et ça, on n'est plus... On a fait de nombreuses fois la triste expérience. Il y a plein de gens qui ne comprennent pas. Deux femmes qui me disent, comment ça, mais tu n'as pas voulu avoir d'enfant ? Qui creusent la question. Et moi, quelqu'un qui me dit, je ne suis pas père ou je ne suis pas mère, il a envie de me dire pourquoi. ok, tu n'as pas envie de me dire pourquoi. Moi, c'est de nombreuses fois, on me dit, on me demande, est-ce que tu as des enfants ? Je dis non. Et moi, en tant qu'homme, on ne va pas me dire, jamais on m'a dit, mais tu n'as pas voulu en avoir, alors qu'une femme, on va beaucoup plus lui poser la question.

  • Speaker #0

    La pression est beaucoup plus grande.

  • Speaker #1

    La pression sociale est vachement plus grande sur une femme que sur un homme. Moi, en tant qu'homme, d'ailleurs c'est souvent des collègues hommes qui vont poser la question plus que des collègues femmes et voilà ça se pose là t'as pas d'enfant ok point barre on va pas creuser plus loin on dit pas t'as pas voulu en avoir c'est presque un reproche de pas avoir d'enfant mais est-ce que on est tous fait pour avoir des enfants Je ne pense pas. Il y a des gens qui sont admirables, qui pourraient avoir 15 enfants et qui se débrouilleraient bien avec. Il y a des gens avec qui un enfant, c'est déjà compliqué. Du coup, j'ai toujours cette incertitude-là de me dire aujourd'hui, je suis dans quelle catégorie au Baby-Content ? Je suis dans la catégorie de finalement, j'aurais été père, mais si, ça aurait été super. Aujourd'hui, je me dis, mais est-ce qu'avec un enfant, J'aurais été capable de gérer tout ce que... Je vois les gens qui ont des enfants autour de moi, je me dis, mais... Des fois, il y a des situations complexes. C'est un sacré casse-tête, quoi. Comment ils arrivent à gérer ça ? Moi, je me trouve confortable dans ma vie, aujourd'hui. Justement, par rapport à ça.

  • Speaker #0

    Ce qui est étonnant, c'est que je trouve que t'es vachement... Tu es vachement éveillé de ce côté-là, parce qu'on peut s'imaginer en tant que père ou en tant que mère. D'ailleurs, je trouve que c'est intéressant aussi de se poser la question. entre ce que j'imaginais avant d'avoir des enfants, du père que je serais, et du père que j'ai connu ou que j'ai été, si les enfants sont grands, il y a une grande différence. Moi, je vois qu'entre mon rêve d'enfant qui est venu très très jeune chez moi, mon rêve d'enfant, mon rêve de père que je serais, et celui que j'ai été,

  • Speaker #1

    il y a un gap énorme. L'écart, il est énorme.

  • Speaker #0

    Je n'ai pas été le père dont j'ai rêvé que je serais. en même temps j'ai été le père que j'ai que tu as pu être que j'ai fait de mon vieux et toi tu ne restes pas dans quelque chose d'imaginaire mais de quelque chose de très posé de très fréquent je ne sais pas si j'aurais été un bon père ou pas ou été accueillir si bien que pas la vie avec un enfant oui alors se pose la question de de

  • Speaker #1

    Je crois beaucoup aussi à l'influence du mental sur le physique. Mon mental, notre mental à tous les deux, a influé à ce point sur le fait de dire mais finalement on n'a pas voulu être parents ou est-ce que non, de toute façon c'était comme ça physiquement ce n'était pas possible, ce n'était pas possible Un autre événement qui s'est produit derrière, c'est que de ce fait, on a fait un petit déjeuner. Quand on a appris que, sur la cinquième et dernière tentative, à un moment donné, on a dit stop. Et puis, on a fait une pause. Et puis, on s'est dit, pourquoi on n'irait pas vers l'adoption ? Parce que bon, déjà, avant de dire tout de suite, on a connu des gens, justement, dans le même parcours que nous, qui menaient les deux de front. Et nous, on s'est dit, mais comment c'est possible de se dire, mais je veux adopter un enfant, et en même temps, je fais une... Je suis dans une démarche de procréation médicalement assistée. On s'est dit, mais on ne peut pas courir deux lièvres à la fois. Enfin, ce n'est pas la même chose en plus. Bien sûr que ça accueillir un enfant dans les deux cas, mais la démarche intellectuelle, elle n'est pas la même. Et nous, il fallait déjà qu'on encaisse le fait de ne pas être parent biologique avant de dire de se lancer dans une... Bon, voilà, c'est nous. On sait qu'il y a plein d'autres couples, ce n'est pas le cas. Il y en a qui mènent les deux de front. Parce qu'effectivement, les... Les procédures d'adoption, c'est long. Alors il y a des enquêtes aussi, et puis sur cette enquête justement, à un moment donné, on a eu plusieurs entretiens avec une psychologue, donc du service d'adoption. qui nous a fait réfléchir justement sur ce sens d'être parent, est-ce qu'on est prêt à accueillir ou pas. Et je crois que ça nous a fait trop réfléchir. Quand on est parent comme ça, qu'on est parent biologique, ça se fait, on dit c'est le moment, on y va, et puis ça fait, ça y est, c'est lancé. Et puis quand on est dans une procédure d'adoption, quasi à tout moment, on peut revenir sur sa décision. Et du coup, je pense qu'à un moment donné, on a trop réfléchi. Ça, c'est un peu mon regret aujourd'hui. Si on avait poussé un peu plus, peut-être qu'on serait dit, mais si, on peut être parent et on sera allé au bout de la démarche, même si ça peut prendre 5 ans, 6 ans, 7 ans avant d'être parent. Par ce biais-là, on formulait le souhait plutôt d'avoir un enfant en bas âge. Mais ce n'est pas toujours possible. Et on se pose la question, du coup, d'accueillir un enfant. qui a 3, 4 ans, 5 ans, qui a vécu des choses pas faciles avant, sûrement. Donc voilà, c'est aussi encore autre chose. À un moment donné, on a pris la décision de dire, ben non, on fait le deuil de cette parentalité. Je me faisais la réflexion tout à l'heure, en repensant à cet entretien qu'on a, en me disant, mais se lâcher quand tu me demandais qu'est-ce que ça m'a fait tout de suite. tout à l'heure, quand tu l'as appris, mais comme je ne l'ai pas appris d'un coup, c'est venu très doucement. En fait, ça s'est fait sur dix ans, tout ça, le fait de savoir qu'on n'allait pas être parents. Au bout de dix ans, on a dit, stop, quoi. En gros, à mes 40 ans, on a dit, on arrête les frais, ça va nous détruire, on passe sur autre chose. Quatorze ans après, aujourd'hui, il y a encore des stigmates, et je me dis, la descente, elle est aussi longue que la montée. Si je dois faire un parallèle avec un décès, un décès qui est brutal, il est violent pour tout le monde, mais je pense que le rebond derrière, il est presque aussi rapide que ça a été violent. Et nous, le rebond, il s'est fait. Ça prend du temps, tout à petit, là, enfin, aujourd'hui, enfin, je pense qu'on se sent apaisé avec tout ça. Ça a mis beaucoup de temps, c'est pas à partir du moment où on a dit stop, on passe à autre chose, que ça y est, tout est effacé. Là, on l'a encore en tête, tous les deux, tout ça. C'est difficile encore aujourd'hui pour mon épouse, mais je pense beaucoup, beaucoup moins qu'avant, de voir une femme enceinte. ça l'était beaucoup plus quand elle était encore capable en gros de porter un enfant aujourd'hui ça voilà avec l'âge c'est de moins en moins possible on va dire bon ça commence à être un peu un peu plus difficile quoi mais malgré tout et je peux pas lui en vouloir quoi je le comprends enfin il y a pas de la haine mais mais c'est difficile à vivre ça a été difficile à vivre Du coup, par ricochet, c'était difficile à vivre pour moi, forcément, aussi, puisque son mal-être par rapport à ça était aussi difficile à vivre pour moi. Mais tout ça, ça se dilue un petit peu dans notre quotidien aussi. Puis on rebondit sur d'autres choses, on s'investit un petit peu dans d'autres choses aussi. Alors ça aussi, c'est un truc, c'est qu'on a peut-être aussi du mal à s'investir dans d'autres choses, finalement, parce qu'être parent, c'est aussi... aussi avoir une vie sociale, je dirais, de son âge. Parce que nous, on est passé de jeunes adultes capables d'être parents à retraités. En gros, si je fais un parallèle, c'est-à-dire qu'on est passé de ceux qui étaient potentiellement parents, qui rêvaient d'enfants, à des gens qui n'avaient plus d'enfants à la maison, en tout cas, en n'ont pas eu. Donc, tu vois, il y a un peu un ressenti comme ça aussi, des fois, où... Encore une fois, pour revenir un peu à ce regard de la société, c'est difficile de s'investir dans autre chose quand tu n'es pas parent, parce que finalement, les enfants, c'est un grand moteur aussi, je crois. Il y a plein de gens qui le diront, c'est notre raison de vivre, c'est vrai. Je crois qu'il n'y a pas plus juste comme mot de dire que c'est notre raison de vivre aussi, et de dire que c'est notre moteur aussi. Et nous, notre moteur, il a fallu le retrouver. Il faut trouver un moteur à côté. Dire, mais finalement... Alors, ok, donc, je suis humain, mais je ne peux pas me reproduire, en gros. Ok, à quoi je sers ? C'est presque ça, là. Je suis brutal dans ma question, mais ça, c'est quoi le sens de ma vie, du coup, maintenant ? Parce que plein de gens qui sont parents, et une bonne partie, tu l'as vécu, du coup... Moi, je l'ai... vécu mais on voit bien que il ya une vingtaine d'années où c'est c'est rythmé par les enfants et d'ailleurs il ya quand même un grand nombre de couples mes parents en font partie qui se séparent après le départ des enfants comme si les enfants avaient été ce seul lien ou avec on épouse c'est pas ça le lien c'est autre chose autre chose peut-être de plus fort je sais pas mais en tout cas c'est autre chose en tout cas on peut pas dire que les enfants nous aurons mangé notre vie quand

  • Speaker #0

    parler de l'adoption et de toutes ces questions qu'on te pose en tant que futur parent, sachant que tu n'y as jamais été. Commencer de parler d'être parent sans que ta femme ne soit enceinte. Donc, il y a quelque chose qui est en train de se déployer sous tes yeux. Oui,

  • Speaker #1

    oui. On te fait poser beaucoup de questions par rapport à la parentalité. qui a fait qu'on a laissé tomber, on a abandonné cette histoire d'adoption, je crois qu'on s'est trop posé de questions. Et ça nous a fait trop, trop... Après, je ne me souviens plus dans le détail de nos questions à l'époque, mais dans mon souvenir, c'est ça. Je me dis, mais après coup, punaise, on a trop réfléchi à tout. tout ça, on a lâché, ça. Ça s'est éteint, voilà, tout doucement, ce que je disais, ça n'a pas été si brutal que ça. Bien sûr qu'à un moment donné, on a pris une décision, on nous dit, bon, est-ce qu'on relance la doctrine ? ou pas et tous les deux on s'est dit mais non non on relance pas parce qu'aussi on avait vécu beaucoup de choses avant qui était douloureuse peut-être on n'avait pas envie de se rengager dans un parcours assez long ça veut dire qu'on a remettait une couche pour peut-être cinq ans avec des espoirs et du coup peut-être aussi au bout du compte 1

  • Speaker #0

    un désespoir quelque chose qu'on espère et qui vient pas voilà un désespoir pour moi c'est pour toi et ta femme tu penses que c'est quelque chose qui a joué ça le fait d'être tout le temps dans l'attente et un moment dire j'en ai marre mais oui c'est ça je

  • Speaker #1

    pense qu'il ya quelque chose de ça C'est comme, alors pour faire un parallèle, puisque j'ai connu ça aussi un peu dans ma vie, ça c'est autre chose, quand on a une maladie comme un cancer et qu'on attend des résultats d'examen, c'est un peu cette impression là, mais là c'est sur 10 ans. Il y a effectivement... C'est tout à fait juste, ta remarque. Mais c'est marrant parce que j'avais presque occulté cette partie-là de notre vie. C'est juste de dire que pendant 10 ans, on a mis notre vie entre parenthèses. On s'est empêché de faire plein de choses en disant Ah ouais, mais non, mais là, on veut faire... À un moment donné, on avait l'idée de partir en Afrique. Et finalement, ça ne s'est pas fait parce que Il y a ça qui est arrivé entre temps, on s'est dit, ça veut dire qu'il faut qu'on engage tout de suite des examens, peut-être des tentatives, parce qu'on savait que ça pouvait être long. Et puis petit à petit, c'est pas forcément des rêves, mais en tout cas, les plans qu'on avait formulés, c'est pas qu'ils s'écroulent, mais c'est qu'ils se font pas, c'est juste qu'ils se font pas parce qu'on se dit, bah oui, mais attends, là... Allez, il faut refaire une tentative, puis il faut refaire une tentative, puis très vite, 5 ans, 6 ans, c'est cool.

  • Speaker #0

    Après, on a lancé cette histoire, cette procédure d'adoption très vite. Ça nous a pris aussi pendant 2-3 ans. Et puis oui, quasiment pendant 10 ans, on a mis notre vie en parenthèse, alors pas en tant que parents, en tant que non-parents. Eh oui, c'est... C'est vrai que je le réalise aujourd'hui. Alors, on n'a pas rien fait, c'est pas ça. On a une vie heureuse, mais il y a toujours cette peine un peu derrière. Ça me fait un peu chier. J'ai celui d'un nom, par exemple. Oui, je suis un nom de parent. Oui, c'est vrai. C'est une période qui est... Oui, c'est bizarre que ça émerge aujourd'hui comme ça. J'avais presque oublié ça. Parce que tellement aujourd'hui on est on a rembrayé un peu sur autre chose, l'un comme l'autre on essaye d'avoir de plus en plus une vie sociale un peu plus épanouie et tout. Et on s'est rendu compte que pendant toute cette période... Parce qu'on attendait, on était dans cette expectative, peut-être que ça viendra un jour, et puis finalement ce n'est pas venu. Et ce n'est pas à partir du moment où on a décidé que finalement ça ne serait pas là, que d'un coup on a embrayé sur autre chose. Ce n'est pas relevé tout de suite.

  • Speaker #1

    Ça ne s'est pas fait du jour en l'heure.

  • Speaker #0

    Non, ce n'est pas relevé. Maintenant, allez. Non, non, ce n'est pas ça.

  • Speaker #1

    Ce que tu dis, c'est long et c'est presque encore présent.

  • Speaker #0

    Ah mais c'est encore présent, je veux dire au quotidien bien sûr que tous les deux on y pense toujours, mais c'est moins douloureux.

  • Speaker #1

    Je vais te poser une autre question. Il te manque cet enfant qui est pas là ?

  • Speaker #0

    Oui, oui oui il me manque. C'est ce qui me fait dire que je pense que j'aurais pu être père. Je veux dire, j'aurais pu assumer mes fonctions de père. Oui, oui, oui, il me manque aujourd'hui. Je ne sais pas pour quelles raisons. Enfin, tu dis, mais finalement, c'est quoi être parent ? Alors d'accord, c'est engendrer des enfants. Donc, tu les vois grandir, ça te procure du plaisir. Je ne sais pas, finalement, c'est quoi être parent ? Pourquoi on prend du plaisir à être parent pour dire c'est moi qui l'ai fait ? Non mais c'est vrai, des fois tu dis mais c'est moi qui l'ai fait, c'est mon fils, c'est ma fille. Ou c'est juste être fier parce qu'on a un être vivant qui grandit. En fait je pense qu'il y a plein de façons d'être parent et d'être fier d'être parent. On n'est pas heureux d'être parent pour une seule raison. Je pense qu'il y a plein de raisons différentes. et sûrement des bonnes et des mauvaises. Alors, à mon sens, mais après, je ne peux pas juger, je n'ai pas été père. Ça, c'est encore un truc aussi qu'on se dit tous les deux. Bien sûr, des fois, on est tenté de porter des jugements sur les gens qui... Mais moi, c'est ce que je dis souvent, je dis, mais comment... Et nous, comment on aurait réagi ? Si ça se trouve, on serait dans le même bouillon, on serait dans la même mouise à refuser à un enfant le portable ou je ne sais quoi. et finalement c'est des parce que parce que voilà une casse tellement les oreilles avec ça ou donc on peut moi je ne juge pas même les ce qui pourrait être considéré comme les pires des parents je peux pas me permettre de juger parce que j'ai pas été par un et bien même j'aurais été parent enfin père je veux dire Je sais pas si j'aurais jugé quand même parce que tellement plein de raisons de vouloir être père ou mère. Pour quelles raisons on est parent ? C'est quand même... La question émerge là, mais elle est encore plus présente là. Maintenant qu'on en parle, comme ça, elle fait encore plus... Quelque part, elle est encore plus énigmatique pour moi, la réponse. Oui, vraiment, pour quelles raisons on est parent ?

  • Speaker #1

    Est-ce que tu as pu, à un moment, dans ce désir d'enfant... Imaginez le père que tu serais. Tu avais envie d'être quel père ?

  • Speaker #0

    Tu t'imagines quel papa tu aurais ? Alors je m'imaginais une partie du père qui a été mon père, mais qu'une partie, parce qu'il y a une des parties qui n'était pas du tout sympa. C'est une autre histoire encore. Je ne suis pas forcément quelqu'un de très démonstratif dans mes sentiments et tout. Par contre, j'aurais aimé être le père, de faire découvrir la vie à un enfant. Je ne sais pas, de l'emmener... Moi, je suis très nature, on est tous les deux très nature d'ailleurs. De lui faire découvrir la vie et... Plutôt le père dans le sens... Faire découvrir et pas le père trop papa poule non plus. dans le sens où j'estime aussi que c'est aussi mon formateur aujourd'hui et c'est mon boulot aussi aujourd'hui dire mais c'est de rendre des gens autonomes dans leur vie et j'aurais été un père comme ça aussi je pense enfin j'aurais voulu être ce père de faire un petit être autonome et qui grandit tout seul et qui, pas tout seul, accompagné, mais je veux dire qui ne peut pas être une béquille en permanence pour lui. Ça, c'est ce dont on rêve. Puis je sais bien que la vie n'est pas un long fleuve tranquille et que des fois, ça ne se passe pas du tout comme ça que pour plein de raisons, peut-être pour l'actualité qui est un peu morose aussi aujourd'hui.

  • Speaker #1

    Toi, tu aurais souhaité Ce que tu imaginais dans ton rôle de père, c'était ce père qui fait découvrir, qui transmet.

  • Speaker #0

    Qui transmet, oui, et qui protège aussi quand même, bien sûr. Mais pas trop non plus.

  • Speaker #1

    Pas trop non plus.

  • Speaker #0

    Pas trop non plus, parce que la... Alors, je ne dis pas que la vie, il faut laver dans la vie, ça nous endurcit. Non, ce n'est pas ce que je dis. Mais, ben oui, la vie, elle n'est pas toute rose. et la vie telle qu'elle est avec ouais avec l'envie de transmettre oui voilà l'idée c'est d'amener quelqu'un enfin un enfant à se faire un moment donné bah à se forger une Un caractère, une opinion, réfléchir par soi-même surtout. Peut-être pas avoir les mêmes opinions que nous. Peut-être. Au moins, il y a quelque chose. Il y a un être vivant derrière. Il y a un être vivant qui réfléchit. Ça aurait été dur, par contre, d'être père de quelqu'un qui n'est pas bien, même adulte. Oui. Ça, je pense que c'est terrible pour les parents qui ont ça.

  • Speaker #1

    Tu disais tout à l'heure que tu étais formateur maintenant. Est-ce que... J'essaie de trouver les raisons des fois de nos choix. Est-ce que tu aimes transmettre ?

  • Speaker #0

    Est-ce que tu as l'impression que dans ce métier-là,

  • Speaker #1

    c'est une transmission de... Tu parlais de transmission, on parlait de transmission avec l'oncle.

  • Speaker #0

    Oui, oui.

  • Speaker #1

    Parce que c'est quelque chose qui...

  • Speaker #0

    Dans mon métier aussi, oui. Ah oui.

  • Speaker #1

    Cette transmission, ce partage.

  • Speaker #0

    Ah, le parallèle, alors... Je me suis fait le parallèle. parallèle. Déjà, il est tellement évident que... Bien sûr que... Alors après, moi, j'ai toujours aimé transmettre, même avant de savoir que je ne serais pas père. J'ai toujours aimé ça. Mais je pense que ça s'est encore plus renforcé. Et aujourd'hui, le fait d'avoir des élèves ou des stagiaires à qui on transmet des choses, qui réussissent des choses, on a apporté quelque chose quand même. Et puis, on n'apporte pas que de la technique. Moi, j'ai la chance. chance d'enseigner dans une école privée, donc une école où on apprend aussi aux gens à se faire confiance, où il y a de la bienveillance. Alors bien sûr, quand c'est pas bien, on le dit, mais je me sens bien dans ce rôle-là et ça aurait pu être ça mon rôle de père. D'être aussi dans cette bienveillance-là. Puis des fois aussi, dans mon rôle de formateur, des fois on pose des coups de gueule. On dit, ça va pas, c'est le bazar, vous êtes pas disciplinés. Comme des parents presque, même si on a affaire à des adultes, puisque moi je travaille dans une école où on fait de la reconversion, pour la plupart nos élèves c'est des reconversions professionnelles de gens qui sont adultes de 18 à plus de 60 ans. pour certains. Oui, mes élèves, aujourd'hui, c'est un peu mes enfants. Réellement, toutes les fins d'année, puisqu'à la fin de l'année, c'est des sessions de 10 mois, tous les ans, en juin, il y a une exposition. de leurs oeuvres on est fier de quoi parce que il ya un aboutissement bout de dix mois et on y a participé ils sont plus ou moins mais globalement autonome dans leur dans leur future vie professionnelle et ça c'est c'est énorme quoi j'ai cette compensation là aujourd'hui voilà effectivement ça m'aide beaucoup je pense dans l'acceptation de ne pas de pu être le pas de père je pense en tout cas ça me le fait oublier peut-être je sais pas si ça m'aide en tout cas voilà je suis super fier de faire de moi aussi parce que je suis content de moi aujourd'hui dire ben finalement ça partait pas si bien et puis et puis si au bout du compte j'ai trouvé ma place ouais j'ai trouvé ma place aujourd'hui Je ne suis pas père. Je n'aurai pas de petits-enfants. Quand on disparaîtra tous les deux, je ne sais pas ce qu'on en fera de cet héritage. Est-ce qu'on est que ça aux neveux-nièces ? Ou est-ce qu'on dit qu'ils se débrouillent et nous, on va plutôt faire un don à une asso ? Je n'en sais rien. Pourquoi pas à l'aide à l'enfance ? Je ne sais pas. Ça pourrait être une bonne manière de boucler la boucle.

  • Speaker #1

    C'est comme, même si ce n'est pas forcément la décision que vous prendrez, mais on parle là de l'enfant qui n'est pas là, du père que tu n'es pas, de la mère que ta femme n'est pas. Et c'est comme si c'était en souvenir de cet enfant qui n'est pas là. Il y a quelque chose, il y a un héritage de... Je donne à un enfant, je ne sais pas lequel, je donne à une association qui va être là pour les enfants, on ne sait pas lesquels, mais on donne quelque chose pour des enfants.

  • Speaker #0

    Oui, c'est ça.

  • Speaker #1

    de questions généralement en fin de mes interviews, c'est, mais tu as déjà répondu à la première question de l'homme que tu es, tu nous as parlé de ce que tu aimais faire, de la joie d'aller travailler, de transmettre, et tu as déjà parlé de toi, sauf si tu as autre chose à dire, si...

  • Speaker #0

    Non, non, non, non.

  • Speaker #1

    Si tu te rencontrais, voilà, qu'est-ce que tu penserais de cet homme qui est en face de toi ?

  • Speaker #0

    Ah ! Ça, c'est ce que je pourrais répondre. C'est justement le retour, le miroir que j'ai de mes élèves, justement. En fin d'année, et même au cours de l'année, on fait toujours un bilan avec les élèves. Il y a des choses à dire sur l'équipe pédagogique, sur le programme, sur tout ça. Enfin, moi, à chaque fois, ça me rend heureux aussi, parce qu'à la fin de l'année... Je n'ai jamais eu de mauvais retour de la part d'un élève. C'est plutôt l'inverse. J'ai plein d'élèves qui me disent mais t'es super et tout. Ça me comble. En tout cas, j'espère, je tends vers ça. J'essaye de dire, s'il y a vraiment un mot qui me plaît bien, c'est toujours cette idée de bienveillance. Il y a tellement de... On est tellement en colère de partout, entre formatants, on dit Oh, ta vie, il a encore fait ça ! Et puis après, on se dit Non, mais c'est bon !

  • Speaker #1

    Et la dernière question, c'est qu'est-ce que ça t'a fait de parler de ce sujet-là, aujourd'hui ?

  • Speaker #0

    Juste avant que tu arrives, en fait, je commençais à réfléchir un peu à ce que je pourrais dire, ou en tout cas, réfléchir un petit peu à ce sujet-là. petit à petit je me disais mais bon sang il y a une discussion qui est pas close avec mon épouse là dessus et j'ai envie de la clore aujourd'hui quoi et ça a réveillé des choses comme ça Elle dit souvent, moi aussi du coup, il n'y a pas de hasard. Cette interview, elle tombe peut-être au moment où elle doit tomber. Il y a des choses, je pense aussi, qu'il faut qu'on se dise. nous deux, qu'on a tue je crois qu'il y a un chapitre qui n'est pas complètement clos, je ne dis pas qu'on va le clore ce week-end mais peut-être ouvrir la porte à une discussion autour de ça pour peut-être apaiser les choses dans son esprit à elle et dans mon esprit à moi, dire s'enlever aussi peut-être de la culpabilité, je ne sais pas, enfin voilà. Il y a des fois des choses qui font mal quand on les réveille. Je pense qu'on est assez fort aujourd'hui pour remettre des mots sur des choses qui nous ont pesé pendant toutes ces années et se le dire aussi. Voilà,

  • Speaker #1

    super message.

  • Speaker #0

    Comme je le disais tout à l'heure, toi c'est le saut dans l'inconnu parce que tu ne savais pas sur quoi tu allais m'interviewer. Et moi c'était le saut dans l'inconnu dans le sens où je ne sais pas où ça me mène tout ça.

  • Speaker #1

    Merci beaucoup Emmanuel pour ce témoignage, super touché de t'accompagner.

  • Speaker #0

    Merci.

  • Speaker #1

    Je ne suis pas intervenu beaucoup avec mes questions, j'avais aussi, tu partais et puis... Et puis, je te laissais partir, même si des fois, j'avais envie d'intervenir. Et chaque interview est différente. Mais en tout cas, on a pu entendre une partie de tout ce que tu avais vécu et ce que tu vis encore aujourd'hui. Oui. Donc, merci. Merci énormément.

  • Speaker #0

    Merci.

  • Speaker #1

    Je te donne rendez-vous dans 15 jours pour la prochaine interview de La Parole des Hommes. Pour être tenu au courant de sa sortie, n'hésite pas à t'abonner à ce podcast, me suivre sur les réseaux sociaux sur mon compte Fabrice Humo, ou consulter mon site internet fabricehumo.fr. Si toi tu as envie de témoigner, n'hésite pas à me contacter à l'adresse contact.fabricehumo.fr. Tu peux retrouver toutes ces informations sur le descriptif de cette interview. Je te souhaite le meilleur.

Description

Emmanuel nous fait entrer dans l'intimité de sa vie de non père.


Ne pouvant accéder à ce rôle, il se pose tout un tas de question sans réponse sur le papa qu'il ne sera jamais jusqu'à même douter de sa réelle envie.

Un témoignage rempli d'interrogation, une vie d'attentes, d'espoirs, de renoncements... et de tendresse.


Si tu as toi aussi l'envie de témoigner, fais moi signe en m'envoyant un mail : contact@fabricehumeau.fr


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Bienvenue sur ce canal dédié à la parole des hommes. Je suis Fabrice Humeau et un jour j'ai décidé d'ouvrir l'espace à nos représentations masculines, mouvances, entre force et fragilité. Au travers mes rencontres, c'est des instants de vie ou même toute une vie qui se racontent. Je suis touché quand j'écoute au travers ces récits l'homme dans toutes ses dimensions, bien au-delà de l'histoire. Salut Emmanuel.

  • Speaker #1

    Bonjour Fabrice.

  • Speaker #0

    Merci de me recevoir.

  • Speaker #1

    Merci à toi d'être là.

  • Speaker #0

    Ça t'impressionne un petit peu peut-être d'être en registre ?

  • Speaker #1

    Oui, oui, forcément, il y a une petite appréhension, oui, un petit peu.

  • Speaker #0

    Ok, c'est la première fois. que je rencontre un homme et que je ne sais pas de quoi il va me parler.

  • Speaker #1

    Ah !

  • Speaker #0

    Donc là, tu m'as dit que tu avais un sujet.

  • Speaker #1

    Moi, c'est la première fois que j'ai une interview et je ne sais pas à quelle sauce je vais te manger. Donc, voilà, comme ça.

  • Speaker #0

    OK. OK, on part tous les deux dans l'inconnu.

  • Speaker #1

    Voilà, exactement. Un grand saut dans l'inconnu.

  • Speaker #0

    Je vais te voir ensemble. Voilà, ma première question, c'est quoi que tu as déposé là aujourd'hui ?

  • Speaker #1

    Moi, je parlais du fait que je ne suis pas père aujourd'hui.

  • Speaker #0

    Tu as quel âge ?

  • Speaker #1

    Aujourd'hui, j'ai 50 ans. J'ai 53 ans. Donc, ça fait déjà un petit moment que j'ai renoncé à être père, on va dire. Mais voilà, c'est un sujet qui est encore présent aujourd'hui, de toute façon, au quotidien. Chaque fois que je vois des enfants, chaque fois que je vois des parents, des grands-parents, c'est forcément quelque chose qui me touche. Aujourd'hui, je vis avec. Ça a toujours été présent. un peu plus douloureux au début de... quand j'ai appris que je ne pourrais pas être père, puisque en fait je ne suis pas père, non pas parce que je ne voulais pas, mais parce que je n'ai pas pu physiquement, et on parlera plus tard de tout ce parcours que j'ai pu avoir avec moi et mon épouse. Oui, je ne suis pas tout seul dans l'histoire.

  • Speaker #0

    Si beaucoup ont parlé de ça, je pense qu'il y a beaucoup d'hommes qui vont peut-être entendre ce reportage et pouvoir partager avec toi ce que tu vas nous dire, ce que tu vas nous raconter. Donc, comment tu as su que tu ne pourrais pas être père ?

  • Speaker #1

    En fait, ça s'est fait en 2001. À l'époque, j'étais avec mon épouse, qui n'était encore pas mon épouse. Et puis, j'ai eu une opération plutôt bénigne au niveau de l'intesticule. Et en faisant des analyses, l'urologue m'a annoncé que ce serait compliqué pour moi d'avoir des enfants, en tout cas mes propres enfants, enfin mes enfants biologiques. Déjà ça faut l'encaisser un petit peu quoi, mais en nous disant qu'il y avait des solutions, que c'était possible par la PMA, donc la procréation médicalement assistée, donc via des fécondations in vitro et compagnie. Donc ça voulait dire aussi que c'était... Finalement assez lourde conséquence pour mon épouse, puisqu'elle devrait prendre des traitements, etc. pour stimuler les ovaires. Voilà, parce que c'est aussi... Moi, mon rôle là-dedans, dans ces fécondations in vitro, il s'est joué à... Je fais le don de mon sperme, pour dire. Et puis tout le reste, c'est elle qui a fait, qui a beaucoup géré tout ça. Je suis très reconnaissant aujourd'hui d'ailleurs. Finalement au bout de cinq années de tentatives, dont la dernière qui a été douloureuse parce que ça a quasi marché. En tout cas on a cru à un moment que ça marchait et on commençait à se mettre dans la peau de futurs parents. Et quand ça a capoté, quand il y a eu... fait une fausse couche et ben là c'était un peu le monde qui s'effondrait autour de nous aussi tous les deux et du coup on a voulu faire une pause à ce moment là.

  • Speaker #0

    J'ai une question, j'ai une question Emmanuel, c'est quand tu as su que tu aurais des difficultés à avoir des enfants, est-ce que tu te rappelles ce que ça t'a fait à ce moment là ?

  • Speaker #1

    sur le coup en fait je dis fallait encaisser mais tout d'une nature assez certains diront un peu insouciant et optimiste à la fois En plus, comme on nous le présente, c'est-à-dire que l'urologue présente ça en disant Attendez, ce n'est pas la catastrophe, il y a des moyens. On dit Ok, ça va être plus compliqué que pour les autres couples, mais ça va pouvoir se faire. Donc, en fait, ce n'est pas quelque chose... C'est vrai que ce fait de ne pas être père... Finalement ça n'a pas été si brutal comme annonce, ça s'est instillé doucement dans notre vie, enfin de ne pas être parent du coup dans notre vie, à nous deux, parce qu'à chaque fois il y avait un espoir de l'être. Mais à chaque fois aussi, l'espoir diminuait. Et ça s'est instillé doucement comme ça, jusqu'au jour où, au bout du bout, on s'est dit, non, on ne sera pas parents. Et voilà, à un moment donné, il a fallu arrêter. je sais pas si on a vraiment arrêté ce choix en tout cas pour revenir à ta question qu'est ce que ça m'a fait ben voilà bien sûr ce recours j'étais un peu inquiet en disant bah mince J'avais quand même envie d'avoir des enfants, en tout cas, avec mon épouse, on avait décidé d'avoir, on s'était dit, on aura des enfants. Et puis là, d'un coup, une petite barrière qui se pose là devant nous, on se dit, bon, ça ne va pas être facile, mais on va le faire ensemble. On va essayer. On va essayer. Donc, il y avait quand même cet espoir derrière. Donc, ce n'est pas... Voilà, c'est pas comme si on m'annonçait d'un seul coup, ben oui, vous n'allez pas pouvoir être père du tout. Du tout, d'accord. C'est complètement différent. Oui, il y a quand même un espoir, quoi.

  • Speaker #0

    Et la deuxième question, c'est comment ça a été pour toi de vivre ces échecs successifs des cinq fois où vous avez fait cette tentative, enfin en tout cas, t'en es plus à...

  • Speaker #1

    Moi... Parce que ça a été source de discorde entre nous deux, parce qu'il faut le dire aussi, le parcours de la PMA, c'est pas un long fleuve tranquille. En fait, elle vivait les choses complètement différemment de moi. Et c'est justifié, je veux dire, elle était plus dans l'inquiétude, plus avec cette, quelque part aussi, cette responsabilité, parce que moi, j'étais juste à dire, en fait, elle s'est sentie beaucoup coupable. que ça ne se soit pas fait aujourd'hui encore je pense mais pendant longtemps ça a été aussi source de discorde entre nous parce que même si moi je disais mais non c'est pas tout toi, enfin, bien sûr que c'est sa personne, mais il y a des choses qui font que des fois, ça ne marche pas. Il ne faut pas chercher plus loin, je pense. Moi, j'étais plutôt dans quelque chose d'assez optimiste, dire, ben... on rebondira et tout, elle était pas pessimiste, mais beaucoup plus inquiète, se sentir coupable aussi, elle ne comprenait pas non plus que moi je le vive comme ça presque aussi bien, entre guillemets, mais où j'essayais aussi quelque part de me rassurer moi, je le sais bien, c'est là aussi où on voit je pense la force d'un couple, c'est qu'on est resté ensemble, parce que ça aurait pu très bien nous détruire tous les deux, tout ça, elle aurait pu dire aussi, moi je suis ferme. et à un moment donné, je l'aurais compris, on en a longtemps discuté, tous les deux, moi je lui ai toujours dit aussi, je comprendrais quoi, que ben oui parce que c'est un sacrifice qu'elle a fait, même si on a fait après d'autres tentatives, mais enfin pas d'autres tentatives, si on a tenté l'adoption d'un enfant, mais elle a fait une croix sur sa maternité à elle, et ça c'était, c'était très... très dure pour elle, bien plus que pour moi. Nous, les hommes, dans cette histoire, les hommes, nous, dans cette histoire, c'est facile, c'est 30 secondes, et puis tout le reste, c'est quand même la mère qui porte, c'est la mère qui endure ses souffrances, qui met au monde, même si le père peut être derrière, accompagné, mais c'est pas lui qui endure les souffrances, qui endure qu'il le vit, vraiment il peut le vivre autrement, je suis d'accord, mais c'est pas lui qui le vit dans son corps, et vivre quelque chose dans son corps c'est quand même quelque chose de fort. Et c'est... Même avec la plus grande empathie, on ne peut pas se mettre à la place d'une femme qui est dans cette situation-là. Ouais, ouais. Alors, je ne suis pas forcément quelqu'un de très empathique, mais j'ai malgré tout eu du mal à me mettre dans cette peau-là. Et c'est ce qui a fait que des fois, il y a eu des tensions. Bon, malgré tout, ça a tenu. On a surmonté l'épreuve aujourd'hui. c'est pas quelque chose qu'on a mis complètement de côté. De temps en temps, on en reparle ensemble. Peut-être pas assez, d'ailleurs. Peut-être qu'il y a des choses encore qui ne sont pas dites, qu'on devrait se dire encore. Mais aujourd'hui, c'est toujours présent. Dès que je vois des parents s'amuser avec leur gamin, il y a toujours ce petit pincement. C'est chouette quand même. Et à côté de ça, se posent d'autres questions. Il y a à la fois ça, dire j'aurais eu envie de ça, alors un truc qui va paraître peut-être horrible pour des gens, mais c'est bien de ne pas avoir de gosses. C'est horrible à le dire, enfin c'est horrible. Des fois on peut dire, c'est quand même, il ne faut pas bien dire ça. Si je suis désolé, c'est un confort de vie de ne pas avoir d'enfant, parce que nous on ne se pose pas de questions. le dimanche matin si on doit se lever ou pas, si on doit emmener un gosse à l'école. Alors certes, du coup, on n'a pas cette transmission. Il n'y a pas de transmission, du coup. Alors il y a cette facilité là de vie je dirais, qui nous on l'a pris en se disant, ben voilà c'est la contrepartie quoi, de ne pas avoir d'enfant, ben oh bon. S'il peut y avoir un cadeau de consolation, je dirais, ben c'est ça quoi. Même si on aurait bien aimé être embêté avec une recherche de nounou ou être réveillé la nuit quoi. On tourne aussi le truc comme ça en se disant, c'est vrai qu'on n'a pas d'enfant, on n'a pas ces contraintes-là. Je parlais de culpabilité de mon épouse tout à l'heure, mais moi aujourd'hui, j'ai toujours dans le coin de ma tête aussi une culpabilité en me disant, peut-être que je ne voulais pas vraiment être père. Peut-être que je ne suis pas fait pour être père. Est-ce qu'être une femme aujourd'hui qui n'est pas mère, et ça, on n'est plus... On a fait de nombreuses fois la triste expérience. Il y a plein de gens qui ne comprennent pas. Deux femmes qui me disent, comment ça, mais tu n'as pas voulu avoir d'enfant ? Qui creusent la question. Et moi, quelqu'un qui me dit, je ne suis pas père ou je ne suis pas mère, il a envie de me dire pourquoi. ok, tu n'as pas envie de me dire pourquoi. Moi, c'est de nombreuses fois, on me dit, on me demande, est-ce que tu as des enfants ? Je dis non. Et moi, en tant qu'homme, on ne va pas me dire, jamais on m'a dit, mais tu n'as pas voulu en avoir, alors qu'une femme, on va beaucoup plus lui poser la question.

  • Speaker #0

    La pression est beaucoup plus grande.

  • Speaker #1

    La pression sociale est vachement plus grande sur une femme que sur un homme. Moi, en tant qu'homme, d'ailleurs c'est souvent des collègues hommes qui vont poser la question plus que des collègues femmes et voilà ça se pose là t'as pas d'enfant ok point barre on va pas creuser plus loin on dit pas t'as pas voulu en avoir c'est presque un reproche de pas avoir d'enfant mais est-ce que on est tous fait pour avoir des enfants Je ne pense pas. Il y a des gens qui sont admirables, qui pourraient avoir 15 enfants et qui se débrouilleraient bien avec. Il y a des gens avec qui un enfant, c'est déjà compliqué. Du coup, j'ai toujours cette incertitude-là de me dire aujourd'hui, je suis dans quelle catégorie au Baby-Content ? Je suis dans la catégorie de finalement, j'aurais été père, mais si, ça aurait été super. Aujourd'hui, je me dis, mais est-ce qu'avec un enfant, J'aurais été capable de gérer tout ce que... Je vois les gens qui ont des enfants autour de moi, je me dis, mais... Des fois, il y a des situations complexes. C'est un sacré casse-tête, quoi. Comment ils arrivent à gérer ça ? Moi, je me trouve confortable dans ma vie, aujourd'hui. Justement, par rapport à ça.

  • Speaker #0

    Ce qui est étonnant, c'est que je trouve que t'es vachement... Tu es vachement éveillé de ce côté-là, parce qu'on peut s'imaginer en tant que père ou en tant que mère. D'ailleurs, je trouve que c'est intéressant aussi de se poser la question. entre ce que j'imaginais avant d'avoir des enfants, du père que je serais, et du père que j'ai connu ou que j'ai été, si les enfants sont grands, il y a une grande différence. Moi, je vois qu'entre mon rêve d'enfant qui est venu très très jeune chez moi, mon rêve d'enfant, mon rêve de père que je serais, et celui que j'ai été,

  • Speaker #1

    il y a un gap énorme. L'écart, il est énorme.

  • Speaker #0

    Je n'ai pas été le père dont j'ai rêvé que je serais. en même temps j'ai été le père que j'ai que tu as pu être que j'ai fait de mon vieux et toi tu ne restes pas dans quelque chose d'imaginaire mais de quelque chose de très posé de très fréquent je ne sais pas si j'aurais été un bon père ou pas ou été accueillir si bien que pas la vie avec un enfant oui alors se pose la question de de

  • Speaker #1

    Je crois beaucoup aussi à l'influence du mental sur le physique. Mon mental, notre mental à tous les deux, a influé à ce point sur le fait de dire mais finalement on n'a pas voulu être parents ou est-ce que non, de toute façon c'était comme ça physiquement ce n'était pas possible, ce n'était pas possible Un autre événement qui s'est produit derrière, c'est que de ce fait, on a fait un petit déjeuner. Quand on a appris que, sur la cinquième et dernière tentative, à un moment donné, on a dit stop. Et puis, on a fait une pause. Et puis, on s'est dit, pourquoi on n'irait pas vers l'adoption ? Parce que bon, déjà, avant de dire tout de suite, on a connu des gens, justement, dans le même parcours que nous, qui menaient les deux de front. Et nous, on s'est dit, mais comment c'est possible de se dire, mais je veux adopter un enfant, et en même temps, je fais une... Je suis dans une démarche de procréation médicalement assistée. On s'est dit, mais on ne peut pas courir deux lièvres à la fois. Enfin, ce n'est pas la même chose en plus. Bien sûr que ça accueillir un enfant dans les deux cas, mais la démarche intellectuelle, elle n'est pas la même. Et nous, il fallait déjà qu'on encaisse le fait de ne pas être parent biologique avant de dire de se lancer dans une... Bon, voilà, c'est nous. On sait qu'il y a plein d'autres couples, ce n'est pas le cas. Il y en a qui mènent les deux de front. Parce qu'effectivement, les... Les procédures d'adoption, c'est long. Alors il y a des enquêtes aussi, et puis sur cette enquête justement, à un moment donné, on a eu plusieurs entretiens avec une psychologue, donc du service d'adoption. qui nous a fait réfléchir justement sur ce sens d'être parent, est-ce qu'on est prêt à accueillir ou pas. Et je crois que ça nous a fait trop réfléchir. Quand on est parent comme ça, qu'on est parent biologique, ça se fait, on dit c'est le moment, on y va, et puis ça fait, ça y est, c'est lancé. Et puis quand on est dans une procédure d'adoption, quasi à tout moment, on peut revenir sur sa décision. Et du coup, je pense qu'à un moment donné, on a trop réfléchi. Ça, c'est un peu mon regret aujourd'hui. Si on avait poussé un peu plus, peut-être qu'on serait dit, mais si, on peut être parent et on sera allé au bout de la démarche, même si ça peut prendre 5 ans, 6 ans, 7 ans avant d'être parent. Par ce biais-là, on formulait le souhait plutôt d'avoir un enfant en bas âge. Mais ce n'est pas toujours possible. Et on se pose la question, du coup, d'accueillir un enfant. qui a 3, 4 ans, 5 ans, qui a vécu des choses pas faciles avant, sûrement. Donc voilà, c'est aussi encore autre chose. À un moment donné, on a pris la décision de dire, ben non, on fait le deuil de cette parentalité. Je me faisais la réflexion tout à l'heure, en repensant à cet entretien qu'on a, en me disant, mais se lâcher quand tu me demandais qu'est-ce que ça m'a fait tout de suite. tout à l'heure, quand tu l'as appris, mais comme je ne l'ai pas appris d'un coup, c'est venu très doucement. En fait, ça s'est fait sur dix ans, tout ça, le fait de savoir qu'on n'allait pas être parents. Au bout de dix ans, on a dit, stop, quoi. En gros, à mes 40 ans, on a dit, on arrête les frais, ça va nous détruire, on passe sur autre chose. Quatorze ans après, aujourd'hui, il y a encore des stigmates, et je me dis, la descente, elle est aussi longue que la montée. Si je dois faire un parallèle avec un décès, un décès qui est brutal, il est violent pour tout le monde, mais je pense que le rebond derrière, il est presque aussi rapide que ça a été violent. Et nous, le rebond, il s'est fait. Ça prend du temps, tout à petit, là, enfin, aujourd'hui, enfin, je pense qu'on se sent apaisé avec tout ça. Ça a mis beaucoup de temps, c'est pas à partir du moment où on a dit stop, on passe à autre chose, que ça y est, tout est effacé. Là, on l'a encore en tête, tous les deux, tout ça. C'est difficile encore aujourd'hui pour mon épouse, mais je pense beaucoup, beaucoup moins qu'avant, de voir une femme enceinte. ça l'était beaucoup plus quand elle était encore capable en gros de porter un enfant aujourd'hui ça voilà avec l'âge c'est de moins en moins possible on va dire bon ça commence à être un peu un peu plus difficile quoi mais malgré tout et je peux pas lui en vouloir quoi je le comprends enfin il y a pas de la haine mais mais c'est difficile à vivre ça a été difficile à vivre Du coup, par ricochet, c'était difficile à vivre pour moi, forcément, aussi, puisque son mal-être par rapport à ça était aussi difficile à vivre pour moi. Mais tout ça, ça se dilue un petit peu dans notre quotidien aussi. Puis on rebondit sur d'autres choses, on s'investit un petit peu dans d'autres choses aussi. Alors ça aussi, c'est un truc, c'est qu'on a peut-être aussi du mal à s'investir dans d'autres choses, finalement, parce qu'être parent, c'est aussi... aussi avoir une vie sociale, je dirais, de son âge. Parce que nous, on est passé de jeunes adultes capables d'être parents à retraités. En gros, si je fais un parallèle, c'est-à-dire qu'on est passé de ceux qui étaient potentiellement parents, qui rêvaient d'enfants, à des gens qui n'avaient plus d'enfants à la maison, en tout cas, en n'ont pas eu. Donc, tu vois, il y a un peu un ressenti comme ça aussi, des fois, où... Encore une fois, pour revenir un peu à ce regard de la société, c'est difficile de s'investir dans autre chose quand tu n'es pas parent, parce que finalement, les enfants, c'est un grand moteur aussi, je crois. Il y a plein de gens qui le diront, c'est notre raison de vivre, c'est vrai. Je crois qu'il n'y a pas plus juste comme mot de dire que c'est notre raison de vivre aussi, et de dire que c'est notre moteur aussi. Et nous, notre moteur, il a fallu le retrouver. Il faut trouver un moteur à côté. Dire, mais finalement... Alors, ok, donc, je suis humain, mais je ne peux pas me reproduire, en gros. Ok, à quoi je sers ? C'est presque ça, là. Je suis brutal dans ma question, mais ça, c'est quoi le sens de ma vie, du coup, maintenant ? Parce que plein de gens qui sont parents, et une bonne partie, tu l'as vécu, du coup... Moi, je l'ai... vécu mais on voit bien que il ya une vingtaine d'années où c'est c'est rythmé par les enfants et d'ailleurs il ya quand même un grand nombre de couples mes parents en font partie qui se séparent après le départ des enfants comme si les enfants avaient été ce seul lien ou avec on épouse c'est pas ça le lien c'est autre chose autre chose peut-être de plus fort je sais pas mais en tout cas c'est autre chose en tout cas on peut pas dire que les enfants nous aurons mangé notre vie quand

  • Speaker #0

    parler de l'adoption et de toutes ces questions qu'on te pose en tant que futur parent, sachant que tu n'y as jamais été. Commencer de parler d'être parent sans que ta femme ne soit enceinte. Donc, il y a quelque chose qui est en train de se déployer sous tes yeux. Oui,

  • Speaker #1

    oui. On te fait poser beaucoup de questions par rapport à la parentalité. qui a fait qu'on a laissé tomber, on a abandonné cette histoire d'adoption, je crois qu'on s'est trop posé de questions. Et ça nous a fait trop, trop... Après, je ne me souviens plus dans le détail de nos questions à l'époque, mais dans mon souvenir, c'est ça. Je me dis, mais après coup, punaise, on a trop réfléchi à tout. tout ça, on a lâché, ça. Ça s'est éteint, voilà, tout doucement, ce que je disais, ça n'a pas été si brutal que ça. Bien sûr qu'à un moment donné, on a pris une décision, on nous dit, bon, est-ce qu'on relance la doctrine ? ou pas et tous les deux on s'est dit mais non non on relance pas parce qu'aussi on avait vécu beaucoup de choses avant qui était douloureuse peut-être on n'avait pas envie de se rengager dans un parcours assez long ça veut dire qu'on a remettait une couche pour peut-être cinq ans avec des espoirs et du coup peut-être aussi au bout du compte 1

  • Speaker #0

    un désespoir quelque chose qu'on espère et qui vient pas voilà un désespoir pour moi c'est pour toi et ta femme tu penses que c'est quelque chose qui a joué ça le fait d'être tout le temps dans l'attente et un moment dire j'en ai marre mais oui c'est ça je

  • Speaker #1

    pense qu'il ya quelque chose de ça C'est comme, alors pour faire un parallèle, puisque j'ai connu ça aussi un peu dans ma vie, ça c'est autre chose, quand on a une maladie comme un cancer et qu'on attend des résultats d'examen, c'est un peu cette impression là, mais là c'est sur 10 ans. Il y a effectivement... C'est tout à fait juste, ta remarque. Mais c'est marrant parce que j'avais presque occulté cette partie-là de notre vie. C'est juste de dire que pendant 10 ans, on a mis notre vie entre parenthèses. On s'est empêché de faire plein de choses en disant Ah ouais, mais non, mais là, on veut faire... À un moment donné, on avait l'idée de partir en Afrique. Et finalement, ça ne s'est pas fait parce que Il y a ça qui est arrivé entre temps, on s'est dit, ça veut dire qu'il faut qu'on engage tout de suite des examens, peut-être des tentatives, parce qu'on savait que ça pouvait être long. Et puis petit à petit, c'est pas forcément des rêves, mais en tout cas, les plans qu'on avait formulés, c'est pas qu'ils s'écroulent, mais c'est qu'ils se font pas, c'est juste qu'ils se font pas parce qu'on se dit, bah oui, mais attends, là... Allez, il faut refaire une tentative, puis il faut refaire une tentative, puis très vite, 5 ans, 6 ans, c'est cool.

  • Speaker #0

    Après, on a lancé cette histoire, cette procédure d'adoption très vite. Ça nous a pris aussi pendant 2-3 ans. Et puis oui, quasiment pendant 10 ans, on a mis notre vie en parenthèse, alors pas en tant que parents, en tant que non-parents. Eh oui, c'est... C'est vrai que je le réalise aujourd'hui. Alors, on n'a pas rien fait, c'est pas ça. On a une vie heureuse, mais il y a toujours cette peine un peu derrière. Ça me fait un peu chier. J'ai celui d'un nom, par exemple. Oui, je suis un nom de parent. Oui, c'est vrai. C'est une période qui est... Oui, c'est bizarre que ça émerge aujourd'hui comme ça. J'avais presque oublié ça. Parce que tellement aujourd'hui on est on a rembrayé un peu sur autre chose, l'un comme l'autre on essaye d'avoir de plus en plus une vie sociale un peu plus épanouie et tout. Et on s'est rendu compte que pendant toute cette période... Parce qu'on attendait, on était dans cette expectative, peut-être que ça viendra un jour, et puis finalement ce n'est pas venu. Et ce n'est pas à partir du moment où on a décidé que finalement ça ne serait pas là, que d'un coup on a embrayé sur autre chose. Ce n'est pas relevé tout de suite.

  • Speaker #1

    Ça ne s'est pas fait du jour en l'heure.

  • Speaker #0

    Non, ce n'est pas relevé. Maintenant, allez. Non, non, ce n'est pas ça.

  • Speaker #1

    Ce que tu dis, c'est long et c'est presque encore présent.

  • Speaker #0

    Ah mais c'est encore présent, je veux dire au quotidien bien sûr que tous les deux on y pense toujours, mais c'est moins douloureux.

  • Speaker #1

    Je vais te poser une autre question. Il te manque cet enfant qui est pas là ?

  • Speaker #0

    Oui, oui oui il me manque. C'est ce qui me fait dire que je pense que j'aurais pu être père. Je veux dire, j'aurais pu assumer mes fonctions de père. Oui, oui, oui, il me manque aujourd'hui. Je ne sais pas pour quelles raisons. Enfin, tu dis, mais finalement, c'est quoi être parent ? Alors d'accord, c'est engendrer des enfants. Donc, tu les vois grandir, ça te procure du plaisir. Je ne sais pas, finalement, c'est quoi être parent ? Pourquoi on prend du plaisir à être parent pour dire c'est moi qui l'ai fait ? Non mais c'est vrai, des fois tu dis mais c'est moi qui l'ai fait, c'est mon fils, c'est ma fille. Ou c'est juste être fier parce qu'on a un être vivant qui grandit. En fait je pense qu'il y a plein de façons d'être parent et d'être fier d'être parent. On n'est pas heureux d'être parent pour une seule raison. Je pense qu'il y a plein de raisons différentes. et sûrement des bonnes et des mauvaises. Alors, à mon sens, mais après, je ne peux pas juger, je n'ai pas été père. Ça, c'est encore un truc aussi qu'on se dit tous les deux. Bien sûr, des fois, on est tenté de porter des jugements sur les gens qui... Mais moi, c'est ce que je dis souvent, je dis, mais comment... Et nous, comment on aurait réagi ? Si ça se trouve, on serait dans le même bouillon, on serait dans la même mouise à refuser à un enfant le portable ou je ne sais quoi. et finalement c'est des parce que parce que voilà une casse tellement les oreilles avec ça ou donc on peut moi je ne juge pas même les ce qui pourrait être considéré comme les pires des parents je peux pas me permettre de juger parce que j'ai pas été par un et bien même j'aurais été parent enfin père je veux dire Je sais pas si j'aurais jugé quand même parce que tellement plein de raisons de vouloir être père ou mère. Pour quelles raisons on est parent ? C'est quand même... La question émerge là, mais elle est encore plus présente là. Maintenant qu'on en parle, comme ça, elle fait encore plus... Quelque part, elle est encore plus énigmatique pour moi, la réponse. Oui, vraiment, pour quelles raisons on est parent ?

  • Speaker #1

    Est-ce que tu as pu, à un moment, dans ce désir d'enfant... Imaginez le père que tu serais. Tu avais envie d'être quel père ?

  • Speaker #0

    Tu t'imagines quel papa tu aurais ? Alors je m'imaginais une partie du père qui a été mon père, mais qu'une partie, parce qu'il y a une des parties qui n'était pas du tout sympa. C'est une autre histoire encore. Je ne suis pas forcément quelqu'un de très démonstratif dans mes sentiments et tout. Par contre, j'aurais aimé être le père, de faire découvrir la vie à un enfant. Je ne sais pas, de l'emmener... Moi, je suis très nature, on est tous les deux très nature d'ailleurs. De lui faire découvrir la vie et... Plutôt le père dans le sens... Faire découvrir et pas le père trop papa poule non plus. dans le sens où j'estime aussi que c'est aussi mon formateur aujourd'hui et c'est mon boulot aussi aujourd'hui dire mais c'est de rendre des gens autonomes dans leur vie et j'aurais été un père comme ça aussi je pense enfin j'aurais voulu être ce père de faire un petit être autonome et qui grandit tout seul et qui, pas tout seul, accompagné, mais je veux dire qui ne peut pas être une béquille en permanence pour lui. Ça, c'est ce dont on rêve. Puis je sais bien que la vie n'est pas un long fleuve tranquille et que des fois, ça ne se passe pas du tout comme ça que pour plein de raisons, peut-être pour l'actualité qui est un peu morose aussi aujourd'hui.

  • Speaker #1

    Toi, tu aurais souhaité Ce que tu imaginais dans ton rôle de père, c'était ce père qui fait découvrir, qui transmet.

  • Speaker #0

    Qui transmet, oui, et qui protège aussi quand même, bien sûr. Mais pas trop non plus.

  • Speaker #1

    Pas trop non plus.

  • Speaker #0

    Pas trop non plus, parce que la... Alors, je ne dis pas que la vie, il faut laver dans la vie, ça nous endurcit. Non, ce n'est pas ce que je dis. Mais, ben oui, la vie, elle n'est pas toute rose. et la vie telle qu'elle est avec ouais avec l'envie de transmettre oui voilà l'idée c'est d'amener quelqu'un enfin un enfant à se faire un moment donné bah à se forger une Un caractère, une opinion, réfléchir par soi-même surtout. Peut-être pas avoir les mêmes opinions que nous. Peut-être. Au moins, il y a quelque chose. Il y a un être vivant derrière. Il y a un être vivant qui réfléchit. Ça aurait été dur, par contre, d'être père de quelqu'un qui n'est pas bien, même adulte. Oui. Ça, je pense que c'est terrible pour les parents qui ont ça.

  • Speaker #1

    Tu disais tout à l'heure que tu étais formateur maintenant. Est-ce que... J'essaie de trouver les raisons des fois de nos choix. Est-ce que tu aimes transmettre ?

  • Speaker #0

    Est-ce que tu as l'impression que dans ce métier-là,

  • Speaker #1

    c'est une transmission de... Tu parlais de transmission, on parlait de transmission avec l'oncle.

  • Speaker #0

    Oui, oui.

  • Speaker #1

    Parce que c'est quelque chose qui...

  • Speaker #0

    Dans mon métier aussi, oui. Ah oui.

  • Speaker #1

    Cette transmission, ce partage.

  • Speaker #0

    Ah, le parallèle, alors... Je me suis fait le parallèle. parallèle. Déjà, il est tellement évident que... Bien sûr que... Alors après, moi, j'ai toujours aimé transmettre, même avant de savoir que je ne serais pas père. J'ai toujours aimé ça. Mais je pense que ça s'est encore plus renforcé. Et aujourd'hui, le fait d'avoir des élèves ou des stagiaires à qui on transmet des choses, qui réussissent des choses, on a apporté quelque chose quand même. Et puis, on n'apporte pas que de la technique. Moi, j'ai la chance. chance d'enseigner dans une école privée, donc une école où on apprend aussi aux gens à se faire confiance, où il y a de la bienveillance. Alors bien sûr, quand c'est pas bien, on le dit, mais je me sens bien dans ce rôle-là et ça aurait pu être ça mon rôle de père. D'être aussi dans cette bienveillance-là. Puis des fois aussi, dans mon rôle de formateur, des fois on pose des coups de gueule. On dit, ça va pas, c'est le bazar, vous êtes pas disciplinés. Comme des parents presque, même si on a affaire à des adultes, puisque moi je travaille dans une école où on fait de la reconversion, pour la plupart nos élèves c'est des reconversions professionnelles de gens qui sont adultes de 18 à plus de 60 ans. pour certains. Oui, mes élèves, aujourd'hui, c'est un peu mes enfants. Réellement, toutes les fins d'année, puisqu'à la fin de l'année, c'est des sessions de 10 mois, tous les ans, en juin, il y a une exposition. de leurs oeuvres on est fier de quoi parce que il ya un aboutissement bout de dix mois et on y a participé ils sont plus ou moins mais globalement autonome dans leur dans leur future vie professionnelle et ça c'est c'est énorme quoi j'ai cette compensation là aujourd'hui voilà effectivement ça m'aide beaucoup je pense dans l'acceptation de ne pas de pu être le pas de père je pense en tout cas ça me le fait oublier peut-être je sais pas si ça m'aide en tout cas voilà je suis super fier de faire de moi aussi parce que je suis content de moi aujourd'hui dire ben finalement ça partait pas si bien et puis et puis si au bout du compte j'ai trouvé ma place ouais j'ai trouvé ma place aujourd'hui Je ne suis pas père. Je n'aurai pas de petits-enfants. Quand on disparaîtra tous les deux, je ne sais pas ce qu'on en fera de cet héritage. Est-ce qu'on est que ça aux neveux-nièces ? Ou est-ce qu'on dit qu'ils se débrouillent et nous, on va plutôt faire un don à une asso ? Je n'en sais rien. Pourquoi pas à l'aide à l'enfance ? Je ne sais pas. Ça pourrait être une bonne manière de boucler la boucle.

  • Speaker #1

    C'est comme, même si ce n'est pas forcément la décision que vous prendrez, mais on parle là de l'enfant qui n'est pas là, du père que tu n'es pas, de la mère que ta femme n'est pas. Et c'est comme si c'était en souvenir de cet enfant qui n'est pas là. Il y a quelque chose, il y a un héritage de... Je donne à un enfant, je ne sais pas lequel, je donne à une association qui va être là pour les enfants, on ne sait pas lesquels, mais on donne quelque chose pour des enfants.

  • Speaker #0

    Oui, c'est ça.

  • Speaker #1

    de questions généralement en fin de mes interviews, c'est, mais tu as déjà répondu à la première question de l'homme que tu es, tu nous as parlé de ce que tu aimais faire, de la joie d'aller travailler, de transmettre, et tu as déjà parlé de toi, sauf si tu as autre chose à dire, si...

  • Speaker #0

    Non, non, non, non.

  • Speaker #1

    Si tu te rencontrais, voilà, qu'est-ce que tu penserais de cet homme qui est en face de toi ?

  • Speaker #0

    Ah ! Ça, c'est ce que je pourrais répondre. C'est justement le retour, le miroir que j'ai de mes élèves, justement. En fin d'année, et même au cours de l'année, on fait toujours un bilan avec les élèves. Il y a des choses à dire sur l'équipe pédagogique, sur le programme, sur tout ça. Enfin, moi, à chaque fois, ça me rend heureux aussi, parce qu'à la fin de l'année... Je n'ai jamais eu de mauvais retour de la part d'un élève. C'est plutôt l'inverse. J'ai plein d'élèves qui me disent mais t'es super et tout. Ça me comble. En tout cas, j'espère, je tends vers ça. J'essaye de dire, s'il y a vraiment un mot qui me plaît bien, c'est toujours cette idée de bienveillance. Il y a tellement de... On est tellement en colère de partout, entre formatants, on dit Oh, ta vie, il a encore fait ça ! Et puis après, on se dit Non, mais c'est bon !

  • Speaker #1

    Et la dernière question, c'est qu'est-ce que ça t'a fait de parler de ce sujet-là, aujourd'hui ?

  • Speaker #0

    Juste avant que tu arrives, en fait, je commençais à réfléchir un peu à ce que je pourrais dire, ou en tout cas, réfléchir un petit peu à ce sujet-là. petit à petit je me disais mais bon sang il y a une discussion qui est pas close avec mon épouse là dessus et j'ai envie de la clore aujourd'hui quoi et ça a réveillé des choses comme ça Elle dit souvent, moi aussi du coup, il n'y a pas de hasard. Cette interview, elle tombe peut-être au moment où elle doit tomber. Il y a des choses, je pense aussi, qu'il faut qu'on se dise. nous deux, qu'on a tue je crois qu'il y a un chapitre qui n'est pas complètement clos, je ne dis pas qu'on va le clore ce week-end mais peut-être ouvrir la porte à une discussion autour de ça pour peut-être apaiser les choses dans son esprit à elle et dans mon esprit à moi, dire s'enlever aussi peut-être de la culpabilité, je ne sais pas, enfin voilà. Il y a des fois des choses qui font mal quand on les réveille. Je pense qu'on est assez fort aujourd'hui pour remettre des mots sur des choses qui nous ont pesé pendant toutes ces années et se le dire aussi. Voilà,

  • Speaker #1

    super message.

  • Speaker #0

    Comme je le disais tout à l'heure, toi c'est le saut dans l'inconnu parce que tu ne savais pas sur quoi tu allais m'interviewer. Et moi c'était le saut dans l'inconnu dans le sens où je ne sais pas où ça me mène tout ça.

  • Speaker #1

    Merci beaucoup Emmanuel pour ce témoignage, super touché de t'accompagner.

  • Speaker #0

    Merci.

  • Speaker #1

    Je ne suis pas intervenu beaucoup avec mes questions, j'avais aussi, tu partais et puis... Et puis, je te laissais partir, même si des fois, j'avais envie d'intervenir. Et chaque interview est différente. Mais en tout cas, on a pu entendre une partie de tout ce que tu avais vécu et ce que tu vis encore aujourd'hui. Oui. Donc, merci. Merci énormément.

  • Speaker #0

    Merci.

  • Speaker #1

    Je te donne rendez-vous dans 15 jours pour la prochaine interview de La Parole des Hommes. Pour être tenu au courant de sa sortie, n'hésite pas à t'abonner à ce podcast, me suivre sur les réseaux sociaux sur mon compte Fabrice Humo, ou consulter mon site internet fabricehumo.fr. Si toi tu as envie de témoigner, n'hésite pas à me contacter à l'adresse contact.fabricehumo.fr. Tu peux retrouver toutes ces informations sur le descriptif de cette interview. Je te souhaite le meilleur.

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