La parole est à Yann Martineau, ingénieur auteur cover
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"La parole est à" le podcast qui fait parler

La parole est à Yann Martineau, ingénieur auteur

La parole est à Yann Martineau, ingénieur auteur

16min |30/04/2024
Play
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16min |30/04/2024
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Description

La parole est à donne la parole à Yann Martineau, Français établi à La Haye aux Pays-Bas. Ingénieur de formation, Yann a récemment publié 2 livres. Il nous explique son parcours, partage sa passion et son processus de recherche et d'écriture. Un entretien inédit qui eut lieu au centre d'Amsterdam, au café Luxembourg.


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Ce mois-ci dans la parole état, nous recevons Yann Martino, ingénieur de formation et établi aux Pays-Bas depuis de longues années. Il vient de publier son second ouvrage, l'occasion d'un entretien. Yann, peux-tu te présenter brièvement ?

  • Speaker #1

    Bonjour, Yann Martineau, j'ai 47 ans, j'habite aux Pays-Bas depuis 12 ans, et dans ma vie professionnelle j'ai fait beaucoup de choses, j'ai commencé par faire de l'écologie, ensuite je suis passé à l'urbanisme, aux interactions entre villes et transports, ce qui m'a amené à côtoyer très souvent des architectes dans ma pratique professionnelle, d'où mon intérêt qui s'est développé pour l'architecture. Depuis 3-4 ans, je consacre 80% de mon temps à des recherches dans les archives néerlandaises, à la fois sur l'architecture, l'histoire de l'architecture, et sur l'histoire des arts appliqués, l'aménagement intérieur, essentiellement autour de 1900.

  • Speaker #0

    Peux-tu nous parler de ta vie avant ton arrivée aux Pays-Bas et depuis ton arrivée aux Pays-Bas ?

  • Speaker #1

    Alors avant d'arriver aux Pays-Bas, j'habitais à Paris et je travaillais pour une entreprise d'ingénierie, le groupe CETEC. J'avais une vie assez classique pour un ingénieur, aller chez les clients ou travailler au bureau. Et ce qui s'est passé, en fait, mon installation au Pays-Bas, qui était due à des raisons familiales, amoureuses, ont complètement changé, en fait, aussi ma vie professionnelle. Le fait que je ne parlais pas ou très peu néerlandais à cette époque fait que c'était compliqué pour moi de trouver un travail équivalent à celui que j'avais à Paris. Et du coup, j'ai décidé à ce moment-là de créer mon entreprise. En fait, ça peut paraître un choix compliqué, mais pour moi, c'était une sorte de choix de continuité, parce que d'avoir ma propre entreprise, ça me permettait dans un premier temps de continuer à travailler pour des clients français que je connaissais d'avant. et j'avais l'illusion à ce moment-là que ça me permettrait de prendre le temps d'apprendre le néerlandais. Or, mon entreprise a bien fonctionné, j'ai eu beaucoup de travail, et comme c'était essentiellement avec des clients français ou francophones, je n'ai pas pris le temps dans ces années-là de perfectionner mon néerlandais. Ce qui s'est passé, c'est que je travaillais beaucoup en Haïti pendant une période. Et la situation en Haïti s'est dégradée très très fortement à partir de 2017, ce qui m'a conduit à revoir un petit peu mes activités professionnelles. J'ai mis un terme en fait à mes activités sur place en Haïti, ce qui m'a d'un coup libéré beaucoup de temps. Donc, libéré de beaucoup de temps à ce moment-là. Et du coup, j'ai réinvesti une grande partie de ce temps dans des recherches. Et c'est comme ça, en fait, qu'a débuté mon goût pour l'histoire de l'architecture.

  • Speaker #0

    Alors, justement, comment se retrouve-t-on à écrire son premier livre sur un architecte quelque peu oublié ?

  • Speaker #1

    Ça fait partie des hasards de la vie. Le premier hasard, en fait, c'est qu'il y a 21 ans, j'ai rencontré un néerlandais. J'ai créé ce lien avec les Pays-Bas, ce qui fait que dix ans plus tard à peu près, je suis venu m'installer aux Pays-Bas et qu'en 2015, je me suis installé dans une maison à La Haye. Et j'étais curieux de savoir qui était l'architecte qui avait construit cette maison. C'est une maison qui date du début du XXe siècle. Et en fait, j'ai trouvé les dessins assez rapidement aux archives de La Haye. J'ai pu décoder le nom, mais en cherchant des renseignements sur cet architecte. J'ai quasiment rien trouvé. Et de fait, l'architecte était quasiment oublié. Et piqué par ma curiosité, de fil en aiguille, en retrouvant des vieilles photos, etc., j'ai été intrigué par le fait qu'un jeune architecte ait construit un assez grand projet à seulement 29 ans. Et c'est comme ça que je me suis intéressé. Le livre ne s'est pas déclenché en une nuit, mais en tout cas la recherche s'est déclenchée en une nuit. Une nuit blanche que j'ai passé à éplucher tous les articles de journaux entre 1873 et 1905 où le nom de l'architecte apparaissait pour essayer de trouver des pistes des projets qu'il avait construits. Et ma recherche ensuite s'est développée dans les archives, etc. à compléter les informations, à trouver d'autres informations. Et au bout d'un moment, en fait, après quelques semaines, quelques mois, j'avais trouvé tellement d'informations, des informations que je jugeais intéressantes par rapport à ce personnage, cette personne, que je me suis dit qu'il méritait un ouvrage. À l'occasion, il se trouvait que c'était le centenaire de sa mort, et donc d'essayer de se fixer comme objectif, avant la fin 2022, de publier ce livre pour réhabiliter sa mémoire.

  • Speaker #0

    Alors, tu en as parlé un petit peu tout à l'heure, mais qu'est-ce qu'Horizome ?

  • Speaker #1

    Alors, Horizome, c'est le nom de la société que j'ai créée il y a 12 ans, quand je suis arrivé aux Pays-Bas. Horizome, c'est une sonorité qui peut évoquer l'horizon. Donc ça, c'est l'horizon, c'est l'air. Et en fait, il y a un mélange des quatre éléments. Eau, c'est l'eau. Ça, c'est assez simple. Le rhizome, en fait, c'est les racines dans le sol. Donc, c'est la terre. et home, c'est le foyer, donc c'est le feu. Et donc, horizon, ça évoque ces quatre éléments, et ce que j'invite mes clients à faire, c'est toujours de dépasser le cadre pour mieux comprendre et resituer les problèmes. Et en fait, par exemple, dans un de mes domaines d'activité, qui sont les transports et l'urbanisme, Une question de transport peut être résolue par des actions sur l'urbanisme. Réciproquement, des actions en urbanisme peuvent demander à des modifications ou des améliorations en termes de transport. et donc il y a des liens très forts et si on regarde les problèmes de manière isolée on les résout mal alors que si on regarde les problèmes dans le contexte dans lequel ils s'inscrivent, on peut trouver des éléments de réponse en dehors du cadre où on a posé la question et c'est ça qui m'intéresse et que j'essaie de faire et au rhizome à partir de 2021 en fait reste une société de conseil et je continue à travailler peut-être à 20-30% de mon temps pour des clients privés ou des clients publics essentiellement français encore. En fait, parallèlement à ça, j'ai créé les éditions Horizon pour soutenir mon projet de recherche éditoriale de mon livre et maintenant de mes livres.

  • Speaker #0

    Alors, nous sommes aux Pays-Bas, donc très pragmatiques. Voici une question très pragmatique elle aussi. Comment organises-tu tes journées ?

  • Speaker #1

    Alors, quand j'ai des amis qui me disent qu'ils souffrent un peu d'une répétition, d'un quotidien, d'une banalité, alors moi je dois dire qu'en fait, quand on me pose cette question, comment s'organisent mes journées, en fait, je n'ai pas deux journées qui sont identiques. Donc, ça dépend essentiellement du programme que j'ai. Ces dernières années, avec mes recherches, j'ai passé beaucoup de temps dans des salles d'archives, aux archives de l'AE, notamment pour le premier livre. aux archives de la Maison Royale pour le deuxième livre et dans d'autres salles d'archives parce que, en fait, j'assemble des puzzles avec beaucoup de pièces et on trouve des petites pièces un peu à droite à gauche et le but du livre, c'est justement de remettre toutes ces pièces ensemble. Donc mes journées, ça peut être partir tôt le matin pour aller dans une salle d'archives qui ouvre tôt, travailler pendant 6 ou 7 heures dans la salle d'archives. Donc je consulte des archives, je photographie beaucoup de choses pour conserver les preuves, pouvoir revenir dans le texte, etc. plus tard. Et ensuite quand je rentre chez moi, je continue à travailler pour saisir tout informatiquement, sauver les photos, etc. Donc ça on va dire c'est une journée type archives. Après, quand je suis en phase d'écriture, j'essaie d'écrire, de reprendre l'ouvrage. Donc, soit c'est de l'écriture un peu à fil continu, soit c'est de la révision, de la révision, de la révision. Et ça prend beaucoup de temps. Souvent, on sous-estime le temps qu'il faut pour réussir à finaliser un ouvrage. Donc voilà, il y a une partie traduction. Alors mon premier ouvrage était écrit d'abord en français, c'est-à-dire je fais la recherche en néerlandais. Mais quand je rédige, je travaillais à ce moment-là d'abord en français. Puis une fois que j'ai tout le manuscrit en français, à procéder à une traduction en néerlandais. À ce moment-là, moi j'effectue une première traduction. très aidé par les ordinateurs et par les traducteurs automatiques, que je reprends ensuite à l'aune des versions originales des documents d'archives pour recoller au vocabulaire employé dans le contexte. Donc ça, c'est un gros travail de première révision. Puis je travaille avec mon partenaire qui est néerlandais et du coup qui, lui... recorrige tout le texte évidemment pour que ce soit du néerlandais de néerlandais et pas du néerlandais de français donc ça c'est pareil alors ça pour le coup ça a répondu à mon objectif de mieux apprendre le néerlandais parce que ça m'a fait 3 mois de cours particuliers mon compagnon était très courageux parce qu'il travaillait à l'époque donc on travaillait entre 6h et 8h du matin deux heures de révision, puis entre 6h le soir et 8h le soir. Et le reste de la journée, on travaillait chacun de notre côté. Donc voilà. Et pour le deuxième livre, qui est plus petit, j'ai effectué la première version en néerlandais. Donc dans mon néerlandais, peut-être parfois un peu approximatif. Et ensuite, quand j'avais une première version complète, on a procédé à la même révision avec mon partenaire. Et donc voilà. Et donc là, une fois que j'avais le livre en néerlandais complet, c'est à ce moment-là que j'ai fait la traduction française. Et la surprise de ma part, c'est que ça m'a pris finalement beaucoup plus de temps que je ne pensais parce que je pensais maîtriser le sujet. Et en fait, dès qu'on est sur du vocabulaire un petit peu technique, ça redemande de refaire des recherches dans le contexte de revoir quel est le mot le mieux approprié, etc. Et donc, ça prend du temps également sur les formules, en fait, sur la formulation, en fait, à écrire en néerlandais notre phrasé, notre manière de s'exprimer. prend une certaine tournure. Et quand on fait une traduction un peu systématique au départ du néerlandais au français, on va conserver les tournures, et en fait à force de relecture, on s'aperçoit que parfois c'est un peu lourd, un peu maladroit. Des fois, en néerlandais, on préfère deux phrases, mais en français, on préfère une seule phrase. Parfois, on fait une opposition A puis B, mais en français, c'est peut-être mieux de dire B puis A. Et ça, ce n'est pas que la traduction soit fausse, le sens est là, le sens est présent, mais des fois, ça manque de légèreté, des fois, c'est un petit peu trop lourd, des fois, c'est moins évident, moins fluide. et ça c'est vrai quand on est formaté dans une langue qu'on retravaille dans l'autre en fait ça redemande plus de temps que je ne pensais c'est moins spontané cette deuxième écriture et je m'efforce en fait de faire que les deux versions du livre proposent le même contenu et qu'ils soient aussi juste dans une langue que dans l'autre pour les gens qui s'intéressent au sujet. Donc parfois, ça redemande certaines contextualisations. Il y a des éléments de contexte, que ce soit dans un sens ou dans l'autre, d'ailleurs, qui doivent être spécifiés.

  • Speaker #0

    La traductrice que je suis boit du petit lait, parce qu'on dit aussi traduire, c'est trahir. Et quelque part, tu viens de nous l'expliquer. Justement, pourquoi un second livre ? Est-ce que tu peux nous expliquer ?

  • Speaker #1

    Le premier livre a été une expérience... très belle, forte aussi. En fait, ce qui s'est passé, l'écriture de ce livre a eu lieu entre 2020 et 2022. Ma mère était malade. On a appris début 2020 que ma mère avait un cancer à un stade avancé. Et je pense que la recherche, puis l'écriture, était une sorte de refuge dans lequel je me protégeais. C'était un peu confortable d'avoir des moments où je pouvais couper le téléphone, être un peu en retrait du monde, un peu dans un cocon de calme. C'était une expérience, j'avais fait de la recherche plus jeune, j'ai fait un doctorat en écologie, donc j'avais déjà produit cet effort de recherche et d'écriture. Mais... C'était presque 20 ans avant. Et j'ai retrouvé un peu cette jeunesse ou cet élan. Et ça m'a... convenu où j'ai rencontré un sujet, j'ai rencontré quelque chose qui fait que quand j'ai terminé ça, j'ai tout de suite enclenché une recherche pour rester dans cet élément qui m'allait bien. Et j'ai commencé en fait le deuxième ouvrage sur un autre architecte, Hendrik van Woort. Et pendant six mois, j'ai fait une recherche intense pour essayer de réunir le catalogue de ses œuvres. Et à la fin de ces six mois, en fait, je me suis aperçu, pendant ces recherches en tout cas, je me suis aperçu que cet architecte avait passé les dix dernières années de sa vie comme directeur d'une fabrique de meubles. Et là, j'ai ouvert une nouvelle porte. Et derrière cette porte, c'était un champ immense d'interrogations, de questions qui m'ont passionné. Et en fait, le premier ouvrage que je sors aujourd'hui, enfin le deuxième ouvrage, mais le premier ouvrage sur cet architecte, est en fait sur la manufacture de meubles. J'essaie, là j'ai fait ça pour un premier lieu, mais j'essaie pour les différents lieux remarquables où la manufacture est intervenue, de retracer l'histoire de ce lieu et de replacer le travail de la manufacture dans ce lieu, et aussi de replacer le travail de la manufacture pour ce lieu dans l'œuvre plus large de la manufacture. Si je résume, pour être bref par rapport à la question, c'est que je pense qu'en fait, à 45 ans, maintenant 47 ans, j'ai trouvé l'univers professionnel dans lequel je me sens bien et que je n'ai pas envie de quitter.

  • Speaker #0

    Ouvrons-nous te souhaiter pour ces prochains mois ?

  • Speaker #1

    Alors, pour ces prochains mois, je ne sais pas. Pour la semaine prochaine, un petit motif de fierté, c'est que mon livre sur Dammermann a été sélectionné dans le prix d'IARE. D'IARE, c'est la Société d'Histoire de la Ville de La Haye. Ils décernent tous les deux ans un prix pour ce qu'ils disent être le meilleur livre en histoire de La Haye, sur l'histoire de La Haye. et le livre a été sélectionné d'abord sur une longue liste et maintenant sur une short list, une liste courte et samedi prochain c'est le jour de la remise du prix donc même si on ne fait pas ce travail là pour la reconnaissance la reconnaissance est toujours un élément qui est agréable à recevoir

  • Speaker #0

    On va croiser les doigts pour toi samedi prochain Merci beaucoup Yann et à très bientôt

Description

La parole est à donne la parole à Yann Martineau, Français établi à La Haye aux Pays-Bas. Ingénieur de formation, Yann a récemment publié 2 livres. Il nous explique son parcours, partage sa passion et son processus de recherche et d'écriture. Un entretien inédit qui eut lieu au centre d'Amsterdam, au café Luxembourg.


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Ce mois-ci dans la parole état, nous recevons Yann Martino, ingénieur de formation et établi aux Pays-Bas depuis de longues années. Il vient de publier son second ouvrage, l'occasion d'un entretien. Yann, peux-tu te présenter brièvement ?

  • Speaker #1

    Bonjour, Yann Martineau, j'ai 47 ans, j'habite aux Pays-Bas depuis 12 ans, et dans ma vie professionnelle j'ai fait beaucoup de choses, j'ai commencé par faire de l'écologie, ensuite je suis passé à l'urbanisme, aux interactions entre villes et transports, ce qui m'a amené à côtoyer très souvent des architectes dans ma pratique professionnelle, d'où mon intérêt qui s'est développé pour l'architecture. Depuis 3-4 ans, je consacre 80% de mon temps à des recherches dans les archives néerlandaises, à la fois sur l'architecture, l'histoire de l'architecture, et sur l'histoire des arts appliqués, l'aménagement intérieur, essentiellement autour de 1900.

  • Speaker #0

    Peux-tu nous parler de ta vie avant ton arrivée aux Pays-Bas et depuis ton arrivée aux Pays-Bas ?

  • Speaker #1

    Alors avant d'arriver aux Pays-Bas, j'habitais à Paris et je travaillais pour une entreprise d'ingénierie, le groupe CETEC. J'avais une vie assez classique pour un ingénieur, aller chez les clients ou travailler au bureau. Et ce qui s'est passé, en fait, mon installation au Pays-Bas, qui était due à des raisons familiales, amoureuses, ont complètement changé, en fait, aussi ma vie professionnelle. Le fait que je ne parlais pas ou très peu néerlandais à cette époque fait que c'était compliqué pour moi de trouver un travail équivalent à celui que j'avais à Paris. Et du coup, j'ai décidé à ce moment-là de créer mon entreprise. En fait, ça peut paraître un choix compliqué, mais pour moi, c'était une sorte de choix de continuité, parce que d'avoir ma propre entreprise, ça me permettait dans un premier temps de continuer à travailler pour des clients français que je connaissais d'avant. et j'avais l'illusion à ce moment-là que ça me permettrait de prendre le temps d'apprendre le néerlandais. Or, mon entreprise a bien fonctionné, j'ai eu beaucoup de travail, et comme c'était essentiellement avec des clients français ou francophones, je n'ai pas pris le temps dans ces années-là de perfectionner mon néerlandais. Ce qui s'est passé, c'est que je travaillais beaucoup en Haïti pendant une période. Et la situation en Haïti s'est dégradée très très fortement à partir de 2017, ce qui m'a conduit à revoir un petit peu mes activités professionnelles. J'ai mis un terme en fait à mes activités sur place en Haïti, ce qui m'a d'un coup libéré beaucoup de temps. Donc, libéré de beaucoup de temps à ce moment-là. Et du coup, j'ai réinvesti une grande partie de ce temps dans des recherches. Et c'est comme ça, en fait, qu'a débuté mon goût pour l'histoire de l'architecture.

  • Speaker #0

    Alors, justement, comment se retrouve-t-on à écrire son premier livre sur un architecte quelque peu oublié ?

  • Speaker #1

    Ça fait partie des hasards de la vie. Le premier hasard, en fait, c'est qu'il y a 21 ans, j'ai rencontré un néerlandais. J'ai créé ce lien avec les Pays-Bas, ce qui fait que dix ans plus tard à peu près, je suis venu m'installer aux Pays-Bas et qu'en 2015, je me suis installé dans une maison à La Haye. Et j'étais curieux de savoir qui était l'architecte qui avait construit cette maison. C'est une maison qui date du début du XXe siècle. Et en fait, j'ai trouvé les dessins assez rapidement aux archives de La Haye. J'ai pu décoder le nom, mais en cherchant des renseignements sur cet architecte. J'ai quasiment rien trouvé. Et de fait, l'architecte était quasiment oublié. Et piqué par ma curiosité, de fil en aiguille, en retrouvant des vieilles photos, etc., j'ai été intrigué par le fait qu'un jeune architecte ait construit un assez grand projet à seulement 29 ans. Et c'est comme ça que je me suis intéressé. Le livre ne s'est pas déclenché en une nuit, mais en tout cas la recherche s'est déclenchée en une nuit. Une nuit blanche que j'ai passé à éplucher tous les articles de journaux entre 1873 et 1905 où le nom de l'architecte apparaissait pour essayer de trouver des pistes des projets qu'il avait construits. Et ma recherche ensuite s'est développée dans les archives, etc. à compléter les informations, à trouver d'autres informations. Et au bout d'un moment, en fait, après quelques semaines, quelques mois, j'avais trouvé tellement d'informations, des informations que je jugeais intéressantes par rapport à ce personnage, cette personne, que je me suis dit qu'il méritait un ouvrage. À l'occasion, il se trouvait que c'était le centenaire de sa mort, et donc d'essayer de se fixer comme objectif, avant la fin 2022, de publier ce livre pour réhabiliter sa mémoire.

  • Speaker #0

    Alors, tu en as parlé un petit peu tout à l'heure, mais qu'est-ce qu'Horizome ?

  • Speaker #1

    Alors, Horizome, c'est le nom de la société que j'ai créée il y a 12 ans, quand je suis arrivé aux Pays-Bas. Horizome, c'est une sonorité qui peut évoquer l'horizon. Donc ça, c'est l'horizon, c'est l'air. Et en fait, il y a un mélange des quatre éléments. Eau, c'est l'eau. Ça, c'est assez simple. Le rhizome, en fait, c'est les racines dans le sol. Donc, c'est la terre. et home, c'est le foyer, donc c'est le feu. Et donc, horizon, ça évoque ces quatre éléments, et ce que j'invite mes clients à faire, c'est toujours de dépasser le cadre pour mieux comprendre et resituer les problèmes. Et en fait, par exemple, dans un de mes domaines d'activité, qui sont les transports et l'urbanisme, Une question de transport peut être résolue par des actions sur l'urbanisme. Réciproquement, des actions en urbanisme peuvent demander à des modifications ou des améliorations en termes de transport. et donc il y a des liens très forts et si on regarde les problèmes de manière isolée on les résout mal alors que si on regarde les problèmes dans le contexte dans lequel ils s'inscrivent, on peut trouver des éléments de réponse en dehors du cadre où on a posé la question et c'est ça qui m'intéresse et que j'essaie de faire et au rhizome à partir de 2021 en fait reste une société de conseil et je continue à travailler peut-être à 20-30% de mon temps pour des clients privés ou des clients publics essentiellement français encore. En fait, parallèlement à ça, j'ai créé les éditions Horizon pour soutenir mon projet de recherche éditoriale de mon livre et maintenant de mes livres.

  • Speaker #0

    Alors, nous sommes aux Pays-Bas, donc très pragmatiques. Voici une question très pragmatique elle aussi. Comment organises-tu tes journées ?

  • Speaker #1

    Alors, quand j'ai des amis qui me disent qu'ils souffrent un peu d'une répétition, d'un quotidien, d'une banalité, alors moi je dois dire qu'en fait, quand on me pose cette question, comment s'organisent mes journées, en fait, je n'ai pas deux journées qui sont identiques. Donc, ça dépend essentiellement du programme que j'ai. Ces dernières années, avec mes recherches, j'ai passé beaucoup de temps dans des salles d'archives, aux archives de l'AE, notamment pour le premier livre. aux archives de la Maison Royale pour le deuxième livre et dans d'autres salles d'archives parce que, en fait, j'assemble des puzzles avec beaucoup de pièces et on trouve des petites pièces un peu à droite à gauche et le but du livre, c'est justement de remettre toutes ces pièces ensemble. Donc mes journées, ça peut être partir tôt le matin pour aller dans une salle d'archives qui ouvre tôt, travailler pendant 6 ou 7 heures dans la salle d'archives. Donc je consulte des archives, je photographie beaucoup de choses pour conserver les preuves, pouvoir revenir dans le texte, etc. plus tard. Et ensuite quand je rentre chez moi, je continue à travailler pour saisir tout informatiquement, sauver les photos, etc. Donc ça on va dire c'est une journée type archives. Après, quand je suis en phase d'écriture, j'essaie d'écrire, de reprendre l'ouvrage. Donc, soit c'est de l'écriture un peu à fil continu, soit c'est de la révision, de la révision, de la révision. Et ça prend beaucoup de temps. Souvent, on sous-estime le temps qu'il faut pour réussir à finaliser un ouvrage. Donc voilà, il y a une partie traduction. Alors mon premier ouvrage était écrit d'abord en français, c'est-à-dire je fais la recherche en néerlandais. Mais quand je rédige, je travaillais à ce moment-là d'abord en français. Puis une fois que j'ai tout le manuscrit en français, à procéder à une traduction en néerlandais. À ce moment-là, moi j'effectue une première traduction. très aidé par les ordinateurs et par les traducteurs automatiques, que je reprends ensuite à l'aune des versions originales des documents d'archives pour recoller au vocabulaire employé dans le contexte. Donc ça, c'est un gros travail de première révision. Puis je travaille avec mon partenaire qui est néerlandais et du coup qui, lui... recorrige tout le texte évidemment pour que ce soit du néerlandais de néerlandais et pas du néerlandais de français donc ça c'est pareil alors ça pour le coup ça a répondu à mon objectif de mieux apprendre le néerlandais parce que ça m'a fait 3 mois de cours particuliers mon compagnon était très courageux parce qu'il travaillait à l'époque donc on travaillait entre 6h et 8h du matin deux heures de révision, puis entre 6h le soir et 8h le soir. Et le reste de la journée, on travaillait chacun de notre côté. Donc voilà. Et pour le deuxième livre, qui est plus petit, j'ai effectué la première version en néerlandais. Donc dans mon néerlandais, peut-être parfois un peu approximatif. Et ensuite, quand j'avais une première version complète, on a procédé à la même révision avec mon partenaire. Et donc voilà. Et donc là, une fois que j'avais le livre en néerlandais complet, c'est à ce moment-là que j'ai fait la traduction française. Et la surprise de ma part, c'est que ça m'a pris finalement beaucoup plus de temps que je ne pensais parce que je pensais maîtriser le sujet. Et en fait, dès qu'on est sur du vocabulaire un petit peu technique, ça redemande de refaire des recherches dans le contexte de revoir quel est le mot le mieux approprié, etc. Et donc, ça prend du temps également sur les formules, en fait, sur la formulation, en fait, à écrire en néerlandais notre phrasé, notre manière de s'exprimer. prend une certaine tournure. Et quand on fait une traduction un peu systématique au départ du néerlandais au français, on va conserver les tournures, et en fait à force de relecture, on s'aperçoit que parfois c'est un peu lourd, un peu maladroit. Des fois, en néerlandais, on préfère deux phrases, mais en français, on préfère une seule phrase. Parfois, on fait une opposition A puis B, mais en français, c'est peut-être mieux de dire B puis A. Et ça, ce n'est pas que la traduction soit fausse, le sens est là, le sens est présent, mais des fois, ça manque de légèreté, des fois, c'est un petit peu trop lourd, des fois, c'est moins évident, moins fluide. et ça c'est vrai quand on est formaté dans une langue qu'on retravaille dans l'autre en fait ça redemande plus de temps que je ne pensais c'est moins spontané cette deuxième écriture et je m'efforce en fait de faire que les deux versions du livre proposent le même contenu et qu'ils soient aussi juste dans une langue que dans l'autre pour les gens qui s'intéressent au sujet. Donc parfois, ça redemande certaines contextualisations. Il y a des éléments de contexte, que ce soit dans un sens ou dans l'autre, d'ailleurs, qui doivent être spécifiés.

  • Speaker #0

    La traductrice que je suis boit du petit lait, parce qu'on dit aussi traduire, c'est trahir. Et quelque part, tu viens de nous l'expliquer. Justement, pourquoi un second livre ? Est-ce que tu peux nous expliquer ?

  • Speaker #1

    Le premier livre a été une expérience... très belle, forte aussi. En fait, ce qui s'est passé, l'écriture de ce livre a eu lieu entre 2020 et 2022. Ma mère était malade. On a appris début 2020 que ma mère avait un cancer à un stade avancé. Et je pense que la recherche, puis l'écriture, était une sorte de refuge dans lequel je me protégeais. C'était un peu confortable d'avoir des moments où je pouvais couper le téléphone, être un peu en retrait du monde, un peu dans un cocon de calme. C'était une expérience, j'avais fait de la recherche plus jeune, j'ai fait un doctorat en écologie, donc j'avais déjà produit cet effort de recherche et d'écriture. Mais... C'était presque 20 ans avant. Et j'ai retrouvé un peu cette jeunesse ou cet élan. Et ça m'a... convenu où j'ai rencontré un sujet, j'ai rencontré quelque chose qui fait que quand j'ai terminé ça, j'ai tout de suite enclenché une recherche pour rester dans cet élément qui m'allait bien. Et j'ai commencé en fait le deuxième ouvrage sur un autre architecte, Hendrik van Woort. Et pendant six mois, j'ai fait une recherche intense pour essayer de réunir le catalogue de ses œuvres. Et à la fin de ces six mois, en fait, je me suis aperçu, pendant ces recherches en tout cas, je me suis aperçu que cet architecte avait passé les dix dernières années de sa vie comme directeur d'une fabrique de meubles. Et là, j'ai ouvert une nouvelle porte. Et derrière cette porte, c'était un champ immense d'interrogations, de questions qui m'ont passionné. Et en fait, le premier ouvrage que je sors aujourd'hui, enfin le deuxième ouvrage, mais le premier ouvrage sur cet architecte, est en fait sur la manufacture de meubles. J'essaie, là j'ai fait ça pour un premier lieu, mais j'essaie pour les différents lieux remarquables où la manufacture est intervenue, de retracer l'histoire de ce lieu et de replacer le travail de la manufacture dans ce lieu, et aussi de replacer le travail de la manufacture pour ce lieu dans l'œuvre plus large de la manufacture. Si je résume, pour être bref par rapport à la question, c'est que je pense qu'en fait, à 45 ans, maintenant 47 ans, j'ai trouvé l'univers professionnel dans lequel je me sens bien et que je n'ai pas envie de quitter.

  • Speaker #0

    Ouvrons-nous te souhaiter pour ces prochains mois ?

  • Speaker #1

    Alors, pour ces prochains mois, je ne sais pas. Pour la semaine prochaine, un petit motif de fierté, c'est que mon livre sur Dammermann a été sélectionné dans le prix d'IARE. D'IARE, c'est la Société d'Histoire de la Ville de La Haye. Ils décernent tous les deux ans un prix pour ce qu'ils disent être le meilleur livre en histoire de La Haye, sur l'histoire de La Haye. et le livre a été sélectionné d'abord sur une longue liste et maintenant sur une short list, une liste courte et samedi prochain c'est le jour de la remise du prix donc même si on ne fait pas ce travail là pour la reconnaissance la reconnaissance est toujours un élément qui est agréable à recevoir

  • Speaker #0

    On va croiser les doigts pour toi samedi prochain Merci beaucoup Yann et à très bientôt

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Description

La parole est à donne la parole à Yann Martineau, Français établi à La Haye aux Pays-Bas. Ingénieur de formation, Yann a récemment publié 2 livres. Il nous explique son parcours, partage sa passion et son processus de recherche et d'écriture. Un entretien inédit qui eut lieu au centre d'Amsterdam, au café Luxembourg.


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Ce mois-ci dans la parole état, nous recevons Yann Martino, ingénieur de formation et établi aux Pays-Bas depuis de longues années. Il vient de publier son second ouvrage, l'occasion d'un entretien. Yann, peux-tu te présenter brièvement ?

  • Speaker #1

    Bonjour, Yann Martineau, j'ai 47 ans, j'habite aux Pays-Bas depuis 12 ans, et dans ma vie professionnelle j'ai fait beaucoup de choses, j'ai commencé par faire de l'écologie, ensuite je suis passé à l'urbanisme, aux interactions entre villes et transports, ce qui m'a amené à côtoyer très souvent des architectes dans ma pratique professionnelle, d'où mon intérêt qui s'est développé pour l'architecture. Depuis 3-4 ans, je consacre 80% de mon temps à des recherches dans les archives néerlandaises, à la fois sur l'architecture, l'histoire de l'architecture, et sur l'histoire des arts appliqués, l'aménagement intérieur, essentiellement autour de 1900.

  • Speaker #0

    Peux-tu nous parler de ta vie avant ton arrivée aux Pays-Bas et depuis ton arrivée aux Pays-Bas ?

  • Speaker #1

    Alors avant d'arriver aux Pays-Bas, j'habitais à Paris et je travaillais pour une entreprise d'ingénierie, le groupe CETEC. J'avais une vie assez classique pour un ingénieur, aller chez les clients ou travailler au bureau. Et ce qui s'est passé, en fait, mon installation au Pays-Bas, qui était due à des raisons familiales, amoureuses, ont complètement changé, en fait, aussi ma vie professionnelle. Le fait que je ne parlais pas ou très peu néerlandais à cette époque fait que c'était compliqué pour moi de trouver un travail équivalent à celui que j'avais à Paris. Et du coup, j'ai décidé à ce moment-là de créer mon entreprise. En fait, ça peut paraître un choix compliqué, mais pour moi, c'était une sorte de choix de continuité, parce que d'avoir ma propre entreprise, ça me permettait dans un premier temps de continuer à travailler pour des clients français que je connaissais d'avant. et j'avais l'illusion à ce moment-là que ça me permettrait de prendre le temps d'apprendre le néerlandais. Or, mon entreprise a bien fonctionné, j'ai eu beaucoup de travail, et comme c'était essentiellement avec des clients français ou francophones, je n'ai pas pris le temps dans ces années-là de perfectionner mon néerlandais. Ce qui s'est passé, c'est que je travaillais beaucoup en Haïti pendant une période. Et la situation en Haïti s'est dégradée très très fortement à partir de 2017, ce qui m'a conduit à revoir un petit peu mes activités professionnelles. J'ai mis un terme en fait à mes activités sur place en Haïti, ce qui m'a d'un coup libéré beaucoup de temps. Donc, libéré de beaucoup de temps à ce moment-là. Et du coup, j'ai réinvesti une grande partie de ce temps dans des recherches. Et c'est comme ça, en fait, qu'a débuté mon goût pour l'histoire de l'architecture.

  • Speaker #0

    Alors, justement, comment se retrouve-t-on à écrire son premier livre sur un architecte quelque peu oublié ?

  • Speaker #1

    Ça fait partie des hasards de la vie. Le premier hasard, en fait, c'est qu'il y a 21 ans, j'ai rencontré un néerlandais. J'ai créé ce lien avec les Pays-Bas, ce qui fait que dix ans plus tard à peu près, je suis venu m'installer aux Pays-Bas et qu'en 2015, je me suis installé dans une maison à La Haye. Et j'étais curieux de savoir qui était l'architecte qui avait construit cette maison. C'est une maison qui date du début du XXe siècle. Et en fait, j'ai trouvé les dessins assez rapidement aux archives de La Haye. J'ai pu décoder le nom, mais en cherchant des renseignements sur cet architecte. J'ai quasiment rien trouvé. Et de fait, l'architecte était quasiment oublié. Et piqué par ma curiosité, de fil en aiguille, en retrouvant des vieilles photos, etc., j'ai été intrigué par le fait qu'un jeune architecte ait construit un assez grand projet à seulement 29 ans. Et c'est comme ça que je me suis intéressé. Le livre ne s'est pas déclenché en une nuit, mais en tout cas la recherche s'est déclenchée en une nuit. Une nuit blanche que j'ai passé à éplucher tous les articles de journaux entre 1873 et 1905 où le nom de l'architecte apparaissait pour essayer de trouver des pistes des projets qu'il avait construits. Et ma recherche ensuite s'est développée dans les archives, etc. à compléter les informations, à trouver d'autres informations. Et au bout d'un moment, en fait, après quelques semaines, quelques mois, j'avais trouvé tellement d'informations, des informations que je jugeais intéressantes par rapport à ce personnage, cette personne, que je me suis dit qu'il méritait un ouvrage. À l'occasion, il se trouvait que c'était le centenaire de sa mort, et donc d'essayer de se fixer comme objectif, avant la fin 2022, de publier ce livre pour réhabiliter sa mémoire.

  • Speaker #0

    Alors, tu en as parlé un petit peu tout à l'heure, mais qu'est-ce qu'Horizome ?

  • Speaker #1

    Alors, Horizome, c'est le nom de la société que j'ai créée il y a 12 ans, quand je suis arrivé aux Pays-Bas. Horizome, c'est une sonorité qui peut évoquer l'horizon. Donc ça, c'est l'horizon, c'est l'air. Et en fait, il y a un mélange des quatre éléments. Eau, c'est l'eau. Ça, c'est assez simple. Le rhizome, en fait, c'est les racines dans le sol. Donc, c'est la terre. et home, c'est le foyer, donc c'est le feu. Et donc, horizon, ça évoque ces quatre éléments, et ce que j'invite mes clients à faire, c'est toujours de dépasser le cadre pour mieux comprendre et resituer les problèmes. Et en fait, par exemple, dans un de mes domaines d'activité, qui sont les transports et l'urbanisme, Une question de transport peut être résolue par des actions sur l'urbanisme. Réciproquement, des actions en urbanisme peuvent demander à des modifications ou des améliorations en termes de transport. et donc il y a des liens très forts et si on regarde les problèmes de manière isolée on les résout mal alors que si on regarde les problèmes dans le contexte dans lequel ils s'inscrivent, on peut trouver des éléments de réponse en dehors du cadre où on a posé la question et c'est ça qui m'intéresse et que j'essaie de faire et au rhizome à partir de 2021 en fait reste une société de conseil et je continue à travailler peut-être à 20-30% de mon temps pour des clients privés ou des clients publics essentiellement français encore. En fait, parallèlement à ça, j'ai créé les éditions Horizon pour soutenir mon projet de recherche éditoriale de mon livre et maintenant de mes livres.

  • Speaker #0

    Alors, nous sommes aux Pays-Bas, donc très pragmatiques. Voici une question très pragmatique elle aussi. Comment organises-tu tes journées ?

  • Speaker #1

    Alors, quand j'ai des amis qui me disent qu'ils souffrent un peu d'une répétition, d'un quotidien, d'une banalité, alors moi je dois dire qu'en fait, quand on me pose cette question, comment s'organisent mes journées, en fait, je n'ai pas deux journées qui sont identiques. Donc, ça dépend essentiellement du programme que j'ai. Ces dernières années, avec mes recherches, j'ai passé beaucoup de temps dans des salles d'archives, aux archives de l'AE, notamment pour le premier livre. aux archives de la Maison Royale pour le deuxième livre et dans d'autres salles d'archives parce que, en fait, j'assemble des puzzles avec beaucoup de pièces et on trouve des petites pièces un peu à droite à gauche et le but du livre, c'est justement de remettre toutes ces pièces ensemble. Donc mes journées, ça peut être partir tôt le matin pour aller dans une salle d'archives qui ouvre tôt, travailler pendant 6 ou 7 heures dans la salle d'archives. Donc je consulte des archives, je photographie beaucoup de choses pour conserver les preuves, pouvoir revenir dans le texte, etc. plus tard. Et ensuite quand je rentre chez moi, je continue à travailler pour saisir tout informatiquement, sauver les photos, etc. Donc ça on va dire c'est une journée type archives. Après, quand je suis en phase d'écriture, j'essaie d'écrire, de reprendre l'ouvrage. Donc, soit c'est de l'écriture un peu à fil continu, soit c'est de la révision, de la révision, de la révision. Et ça prend beaucoup de temps. Souvent, on sous-estime le temps qu'il faut pour réussir à finaliser un ouvrage. Donc voilà, il y a une partie traduction. Alors mon premier ouvrage était écrit d'abord en français, c'est-à-dire je fais la recherche en néerlandais. Mais quand je rédige, je travaillais à ce moment-là d'abord en français. Puis une fois que j'ai tout le manuscrit en français, à procéder à une traduction en néerlandais. À ce moment-là, moi j'effectue une première traduction. très aidé par les ordinateurs et par les traducteurs automatiques, que je reprends ensuite à l'aune des versions originales des documents d'archives pour recoller au vocabulaire employé dans le contexte. Donc ça, c'est un gros travail de première révision. Puis je travaille avec mon partenaire qui est néerlandais et du coup qui, lui... recorrige tout le texte évidemment pour que ce soit du néerlandais de néerlandais et pas du néerlandais de français donc ça c'est pareil alors ça pour le coup ça a répondu à mon objectif de mieux apprendre le néerlandais parce que ça m'a fait 3 mois de cours particuliers mon compagnon était très courageux parce qu'il travaillait à l'époque donc on travaillait entre 6h et 8h du matin deux heures de révision, puis entre 6h le soir et 8h le soir. Et le reste de la journée, on travaillait chacun de notre côté. Donc voilà. Et pour le deuxième livre, qui est plus petit, j'ai effectué la première version en néerlandais. Donc dans mon néerlandais, peut-être parfois un peu approximatif. Et ensuite, quand j'avais une première version complète, on a procédé à la même révision avec mon partenaire. Et donc voilà. Et donc là, une fois que j'avais le livre en néerlandais complet, c'est à ce moment-là que j'ai fait la traduction française. Et la surprise de ma part, c'est que ça m'a pris finalement beaucoup plus de temps que je ne pensais parce que je pensais maîtriser le sujet. Et en fait, dès qu'on est sur du vocabulaire un petit peu technique, ça redemande de refaire des recherches dans le contexte de revoir quel est le mot le mieux approprié, etc. Et donc, ça prend du temps également sur les formules, en fait, sur la formulation, en fait, à écrire en néerlandais notre phrasé, notre manière de s'exprimer. prend une certaine tournure. Et quand on fait une traduction un peu systématique au départ du néerlandais au français, on va conserver les tournures, et en fait à force de relecture, on s'aperçoit que parfois c'est un peu lourd, un peu maladroit. Des fois, en néerlandais, on préfère deux phrases, mais en français, on préfère une seule phrase. Parfois, on fait une opposition A puis B, mais en français, c'est peut-être mieux de dire B puis A. Et ça, ce n'est pas que la traduction soit fausse, le sens est là, le sens est présent, mais des fois, ça manque de légèreté, des fois, c'est un petit peu trop lourd, des fois, c'est moins évident, moins fluide. et ça c'est vrai quand on est formaté dans une langue qu'on retravaille dans l'autre en fait ça redemande plus de temps que je ne pensais c'est moins spontané cette deuxième écriture et je m'efforce en fait de faire que les deux versions du livre proposent le même contenu et qu'ils soient aussi juste dans une langue que dans l'autre pour les gens qui s'intéressent au sujet. Donc parfois, ça redemande certaines contextualisations. Il y a des éléments de contexte, que ce soit dans un sens ou dans l'autre, d'ailleurs, qui doivent être spécifiés.

  • Speaker #0

    La traductrice que je suis boit du petit lait, parce qu'on dit aussi traduire, c'est trahir. Et quelque part, tu viens de nous l'expliquer. Justement, pourquoi un second livre ? Est-ce que tu peux nous expliquer ?

  • Speaker #1

    Le premier livre a été une expérience... très belle, forte aussi. En fait, ce qui s'est passé, l'écriture de ce livre a eu lieu entre 2020 et 2022. Ma mère était malade. On a appris début 2020 que ma mère avait un cancer à un stade avancé. Et je pense que la recherche, puis l'écriture, était une sorte de refuge dans lequel je me protégeais. C'était un peu confortable d'avoir des moments où je pouvais couper le téléphone, être un peu en retrait du monde, un peu dans un cocon de calme. C'était une expérience, j'avais fait de la recherche plus jeune, j'ai fait un doctorat en écologie, donc j'avais déjà produit cet effort de recherche et d'écriture. Mais... C'était presque 20 ans avant. Et j'ai retrouvé un peu cette jeunesse ou cet élan. Et ça m'a... convenu où j'ai rencontré un sujet, j'ai rencontré quelque chose qui fait que quand j'ai terminé ça, j'ai tout de suite enclenché une recherche pour rester dans cet élément qui m'allait bien. Et j'ai commencé en fait le deuxième ouvrage sur un autre architecte, Hendrik van Woort. Et pendant six mois, j'ai fait une recherche intense pour essayer de réunir le catalogue de ses œuvres. Et à la fin de ces six mois, en fait, je me suis aperçu, pendant ces recherches en tout cas, je me suis aperçu que cet architecte avait passé les dix dernières années de sa vie comme directeur d'une fabrique de meubles. Et là, j'ai ouvert une nouvelle porte. Et derrière cette porte, c'était un champ immense d'interrogations, de questions qui m'ont passionné. Et en fait, le premier ouvrage que je sors aujourd'hui, enfin le deuxième ouvrage, mais le premier ouvrage sur cet architecte, est en fait sur la manufacture de meubles. J'essaie, là j'ai fait ça pour un premier lieu, mais j'essaie pour les différents lieux remarquables où la manufacture est intervenue, de retracer l'histoire de ce lieu et de replacer le travail de la manufacture dans ce lieu, et aussi de replacer le travail de la manufacture pour ce lieu dans l'œuvre plus large de la manufacture. Si je résume, pour être bref par rapport à la question, c'est que je pense qu'en fait, à 45 ans, maintenant 47 ans, j'ai trouvé l'univers professionnel dans lequel je me sens bien et que je n'ai pas envie de quitter.

  • Speaker #0

    Ouvrons-nous te souhaiter pour ces prochains mois ?

  • Speaker #1

    Alors, pour ces prochains mois, je ne sais pas. Pour la semaine prochaine, un petit motif de fierté, c'est que mon livre sur Dammermann a été sélectionné dans le prix d'IARE. D'IARE, c'est la Société d'Histoire de la Ville de La Haye. Ils décernent tous les deux ans un prix pour ce qu'ils disent être le meilleur livre en histoire de La Haye, sur l'histoire de La Haye. et le livre a été sélectionné d'abord sur une longue liste et maintenant sur une short list, une liste courte et samedi prochain c'est le jour de la remise du prix donc même si on ne fait pas ce travail là pour la reconnaissance la reconnaissance est toujours un élément qui est agréable à recevoir

  • Speaker #0

    On va croiser les doigts pour toi samedi prochain Merci beaucoup Yann et à très bientôt

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La parole est à donne la parole à Yann Martineau, Français établi à La Haye aux Pays-Bas. Ingénieur de formation, Yann a récemment publié 2 livres. Il nous explique son parcours, partage sa passion et son processus de recherche et d'écriture. Un entretien inédit qui eut lieu au centre d'Amsterdam, au café Luxembourg.


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Ce mois-ci dans la parole état, nous recevons Yann Martino, ingénieur de formation et établi aux Pays-Bas depuis de longues années. Il vient de publier son second ouvrage, l'occasion d'un entretien. Yann, peux-tu te présenter brièvement ?

  • Speaker #1

    Bonjour, Yann Martineau, j'ai 47 ans, j'habite aux Pays-Bas depuis 12 ans, et dans ma vie professionnelle j'ai fait beaucoup de choses, j'ai commencé par faire de l'écologie, ensuite je suis passé à l'urbanisme, aux interactions entre villes et transports, ce qui m'a amené à côtoyer très souvent des architectes dans ma pratique professionnelle, d'où mon intérêt qui s'est développé pour l'architecture. Depuis 3-4 ans, je consacre 80% de mon temps à des recherches dans les archives néerlandaises, à la fois sur l'architecture, l'histoire de l'architecture, et sur l'histoire des arts appliqués, l'aménagement intérieur, essentiellement autour de 1900.

  • Speaker #0

    Peux-tu nous parler de ta vie avant ton arrivée aux Pays-Bas et depuis ton arrivée aux Pays-Bas ?

  • Speaker #1

    Alors avant d'arriver aux Pays-Bas, j'habitais à Paris et je travaillais pour une entreprise d'ingénierie, le groupe CETEC. J'avais une vie assez classique pour un ingénieur, aller chez les clients ou travailler au bureau. Et ce qui s'est passé, en fait, mon installation au Pays-Bas, qui était due à des raisons familiales, amoureuses, ont complètement changé, en fait, aussi ma vie professionnelle. Le fait que je ne parlais pas ou très peu néerlandais à cette époque fait que c'était compliqué pour moi de trouver un travail équivalent à celui que j'avais à Paris. Et du coup, j'ai décidé à ce moment-là de créer mon entreprise. En fait, ça peut paraître un choix compliqué, mais pour moi, c'était une sorte de choix de continuité, parce que d'avoir ma propre entreprise, ça me permettait dans un premier temps de continuer à travailler pour des clients français que je connaissais d'avant. et j'avais l'illusion à ce moment-là que ça me permettrait de prendre le temps d'apprendre le néerlandais. Or, mon entreprise a bien fonctionné, j'ai eu beaucoup de travail, et comme c'était essentiellement avec des clients français ou francophones, je n'ai pas pris le temps dans ces années-là de perfectionner mon néerlandais. Ce qui s'est passé, c'est que je travaillais beaucoup en Haïti pendant une période. Et la situation en Haïti s'est dégradée très très fortement à partir de 2017, ce qui m'a conduit à revoir un petit peu mes activités professionnelles. J'ai mis un terme en fait à mes activités sur place en Haïti, ce qui m'a d'un coup libéré beaucoup de temps. Donc, libéré de beaucoup de temps à ce moment-là. Et du coup, j'ai réinvesti une grande partie de ce temps dans des recherches. Et c'est comme ça, en fait, qu'a débuté mon goût pour l'histoire de l'architecture.

  • Speaker #0

    Alors, justement, comment se retrouve-t-on à écrire son premier livre sur un architecte quelque peu oublié ?

  • Speaker #1

    Ça fait partie des hasards de la vie. Le premier hasard, en fait, c'est qu'il y a 21 ans, j'ai rencontré un néerlandais. J'ai créé ce lien avec les Pays-Bas, ce qui fait que dix ans plus tard à peu près, je suis venu m'installer aux Pays-Bas et qu'en 2015, je me suis installé dans une maison à La Haye. Et j'étais curieux de savoir qui était l'architecte qui avait construit cette maison. C'est une maison qui date du début du XXe siècle. Et en fait, j'ai trouvé les dessins assez rapidement aux archives de La Haye. J'ai pu décoder le nom, mais en cherchant des renseignements sur cet architecte. J'ai quasiment rien trouvé. Et de fait, l'architecte était quasiment oublié. Et piqué par ma curiosité, de fil en aiguille, en retrouvant des vieilles photos, etc., j'ai été intrigué par le fait qu'un jeune architecte ait construit un assez grand projet à seulement 29 ans. Et c'est comme ça que je me suis intéressé. Le livre ne s'est pas déclenché en une nuit, mais en tout cas la recherche s'est déclenchée en une nuit. Une nuit blanche que j'ai passé à éplucher tous les articles de journaux entre 1873 et 1905 où le nom de l'architecte apparaissait pour essayer de trouver des pistes des projets qu'il avait construits. Et ma recherche ensuite s'est développée dans les archives, etc. à compléter les informations, à trouver d'autres informations. Et au bout d'un moment, en fait, après quelques semaines, quelques mois, j'avais trouvé tellement d'informations, des informations que je jugeais intéressantes par rapport à ce personnage, cette personne, que je me suis dit qu'il méritait un ouvrage. À l'occasion, il se trouvait que c'était le centenaire de sa mort, et donc d'essayer de se fixer comme objectif, avant la fin 2022, de publier ce livre pour réhabiliter sa mémoire.

  • Speaker #0

    Alors, tu en as parlé un petit peu tout à l'heure, mais qu'est-ce qu'Horizome ?

  • Speaker #1

    Alors, Horizome, c'est le nom de la société que j'ai créée il y a 12 ans, quand je suis arrivé aux Pays-Bas. Horizome, c'est une sonorité qui peut évoquer l'horizon. Donc ça, c'est l'horizon, c'est l'air. Et en fait, il y a un mélange des quatre éléments. Eau, c'est l'eau. Ça, c'est assez simple. Le rhizome, en fait, c'est les racines dans le sol. Donc, c'est la terre. et home, c'est le foyer, donc c'est le feu. Et donc, horizon, ça évoque ces quatre éléments, et ce que j'invite mes clients à faire, c'est toujours de dépasser le cadre pour mieux comprendre et resituer les problèmes. Et en fait, par exemple, dans un de mes domaines d'activité, qui sont les transports et l'urbanisme, Une question de transport peut être résolue par des actions sur l'urbanisme. Réciproquement, des actions en urbanisme peuvent demander à des modifications ou des améliorations en termes de transport. et donc il y a des liens très forts et si on regarde les problèmes de manière isolée on les résout mal alors que si on regarde les problèmes dans le contexte dans lequel ils s'inscrivent, on peut trouver des éléments de réponse en dehors du cadre où on a posé la question et c'est ça qui m'intéresse et que j'essaie de faire et au rhizome à partir de 2021 en fait reste une société de conseil et je continue à travailler peut-être à 20-30% de mon temps pour des clients privés ou des clients publics essentiellement français encore. En fait, parallèlement à ça, j'ai créé les éditions Horizon pour soutenir mon projet de recherche éditoriale de mon livre et maintenant de mes livres.

  • Speaker #0

    Alors, nous sommes aux Pays-Bas, donc très pragmatiques. Voici une question très pragmatique elle aussi. Comment organises-tu tes journées ?

  • Speaker #1

    Alors, quand j'ai des amis qui me disent qu'ils souffrent un peu d'une répétition, d'un quotidien, d'une banalité, alors moi je dois dire qu'en fait, quand on me pose cette question, comment s'organisent mes journées, en fait, je n'ai pas deux journées qui sont identiques. Donc, ça dépend essentiellement du programme que j'ai. Ces dernières années, avec mes recherches, j'ai passé beaucoup de temps dans des salles d'archives, aux archives de l'AE, notamment pour le premier livre. aux archives de la Maison Royale pour le deuxième livre et dans d'autres salles d'archives parce que, en fait, j'assemble des puzzles avec beaucoup de pièces et on trouve des petites pièces un peu à droite à gauche et le but du livre, c'est justement de remettre toutes ces pièces ensemble. Donc mes journées, ça peut être partir tôt le matin pour aller dans une salle d'archives qui ouvre tôt, travailler pendant 6 ou 7 heures dans la salle d'archives. Donc je consulte des archives, je photographie beaucoup de choses pour conserver les preuves, pouvoir revenir dans le texte, etc. plus tard. Et ensuite quand je rentre chez moi, je continue à travailler pour saisir tout informatiquement, sauver les photos, etc. Donc ça on va dire c'est une journée type archives. Après, quand je suis en phase d'écriture, j'essaie d'écrire, de reprendre l'ouvrage. Donc, soit c'est de l'écriture un peu à fil continu, soit c'est de la révision, de la révision, de la révision. Et ça prend beaucoup de temps. Souvent, on sous-estime le temps qu'il faut pour réussir à finaliser un ouvrage. Donc voilà, il y a une partie traduction. Alors mon premier ouvrage était écrit d'abord en français, c'est-à-dire je fais la recherche en néerlandais. Mais quand je rédige, je travaillais à ce moment-là d'abord en français. Puis une fois que j'ai tout le manuscrit en français, à procéder à une traduction en néerlandais. À ce moment-là, moi j'effectue une première traduction. très aidé par les ordinateurs et par les traducteurs automatiques, que je reprends ensuite à l'aune des versions originales des documents d'archives pour recoller au vocabulaire employé dans le contexte. Donc ça, c'est un gros travail de première révision. Puis je travaille avec mon partenaire qui est néerlandais et du coup qui, lui... recorrige tout le texte évidemment pour que ce soit du néerlandais de néerlandais et pas du néerlandais de français donc ça c'est pareil alors ça pour le coup ça a répondu à mon objectif de mieux apprendre le néerlandais parce que ça m'a fait 3 mois de cours particuliers mon compagnon était très courageux parce qu'il travaillait à l'époque donc on travaillait entre 6h et 8h du matin deux heures de révision, puis entre 6h le soir et 8h le soir. Et le reste de la journée, on travaillait chacun de notre côté. Donc voilà. Et pour le deuxième livre, qui est plus petit, j'ai effectué la première version en néerlandais. Donc dans mon néerlandais, peut-être parfois un peu approximatif. Et ensuite, quand j'avais une première version complète, on a procédé à la même révision avec mon partenaire. Et donc voilà. Et donc là, une fois que j'avais le livre en néerlandais complet, c'est à ce moment-là que j'ai fait la traduction française. Et la surprise de ma part, c'est que ça m'a pris finalement beaucoup plus de temps que je ne pensais parce que je pensais maîtriser le sujet. Et en fait, dès qu'on est sur du vocabulaire un petit peu technique, ça redemande de refaire des recherches dans le contexte de revoir quel est le mot le mieux approprié, etc. Et donc, ça prend du temps également sur les formules, en fait, sur la formulation, en fait, à écrire en néerlandais notre phrasé, notre manière de s'exprimer. prend une certaine tournure. Et quand on fait une traduction un peu systématique au départ du néerlandais au français, on va conserver les tournures, et en fait à force de relecture, on s'aperçoit que parfois c'est un peu lourd, un peu maladroit. Des fois, en néerlandais, on préfère deux phrases, mais en français, on préfère une seule phrase. Parfois, on fait une opposition A puis B, mais en français, c'est peut-être mieux de dire B puis A. Et ça, ce n'est pas que la traduction soit fausse, le sens est là, le sens est présent, mais des fois, ça manque de légèreté, des fois, c'est un petit peu trop lourd, des fois, c'est moins évident, moins fluide. et ça c'est vrai quand on est formaté dans une langue qu'on retravaille dans l'autre en fait ça redemande plus de temps que je ne pensais c'est moins spontané cette deuxième écriture et je m'efforce en fait de faire que les deux versions du livre proposent le même contenu et qu'ils soient aussi juste dans une langue que dans l'autre pour les gens qui s'intéressent au sujet. Donc parfois, ça redemande certaines contextualisations. Il y a des éléments de contexte, que ce soit dans un sens ou dans l'autre, d'ailleurs, qui doivent être spécifiés.

  • Speaker #0

    La traductrice que je suis boit du petit lait, parce qu'on dit aussi traduire, c'est trahir. Et quelque part, tu viens de nous l'expliquer. Justement, pourquoi un second livre ? Est-ce que tu peux nous expliquer ?

  • Speaker #1

    Le premier livre a été une expérience... très belle, forte aussi. En fait, ce qui s'est passé, l'écriture de ce livre a eu lieu entre 2020 et 2022. Ma mère était malade. On a appris début 2020 que ma mère avait un cancer à un stade avancé. Et je pense que la recherche, puis l'écriture, était une sorte de refuge dans lequel je me protégeais. C'était un peu confortable d'avoir des moments où je pouvais couper le téléphone, être un peu en retrait du monde, un peu dans un cocon de calme. C'était une expérience, j'avais fait de la recherche plus jeune, j'ai fait un doctorat en écologie, donc j'avais déjà produit cet effort de recherche et d'écriture. Mais... C'était presque 20 ans avant. Et j'ai retrouvé un peu cette jeunesse ou cet élan. Et ça m'a... convenu où j'ai rencontré un sujet, j'ai rencontré quelque chose qui fait que quand j'ai terminé ça, j'ai tout de suite enclenché une recherche pour rester dans cet élément qui m'allait bien. Et j'ai commencé en fait le deuxième ouvrage sur un autre architecte, Hendrik van Woort. Et pendant six mois, j'ai fait une recherche intense pour essayer de réunir le catalogue de ses œuvres. Et à la fin de ces six mois, en fait, je me suis aperçu, pendant ces recherches en tout cas, je me suis aperçu que cet architecte avait passé les dix dernières années de sa vie comme directeur d'une fabrique de meubles. Et là, j'ai ouvert une nouvelle porte. Et derrière cette porte, c'était un champ immense d'interrogations, de questions qui m'ont passionné. Et en fait, le premier ouvrage que je sors aujourd'hui, enfin le deuxième ouvrage, mais le premier ouvrage sur cet architecte, est en fait sur la manufacture de meubles. J'essaie, là j'ai fait ça pour un premier lieu, mais j'essaie pour les différents lieux remarquables où la manufacture est intervenue, de retracer l'histoire de ce lieu et de replacer le travail de la manufacture dans ce lieu, et aussi de replacer le travail de la manufacture pour ce lieu dans l'œuvre plus large de la manufacture. Si je résume, pour être bref par rapport à la question, c'est que je pense qu'en fait, à 45 ans, maintenant 47 ans, j'ai trouvé l'univers professionnel dans lequel je me sens bien et que je n'ai pas envie de quitter.

  • Speaker #0

    Ouvrons-nous te souhaiter pour ces prochains mois ?

  • Speaker #1

    Alors, pour ces prochains mois, je ne sais pas. Pour la semaine prochaine, un petit motif de fierté, c'est que mon livre sur Dammermann a été sélectionné dans le prix d'IARE. D'IARE, c'est la Société d'Histoire de la Ville de La Haye. Ils décernent tous les deux ans un prix pour ce qu'ils disent être le meilleur livre en histoire de La Haye, sur l'histoire de La Haye. et le livre a été sélectionné d'abord sur une longue liste et maintenant sur une short list, une liste courte et samedi prochain c'est le jour de la remise du prix donc même si on ne fait pas ce travail là pour la reconnaissance la reconnaissance est toujours un élément qui est agréable à recevoir

  • Speaker #0

    On va croiser les doigts pour toi samedi prochain Merci beaucoup Yann et à très bientôt

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