Speaker #0L'une des particularités de Marseille et de son littoral, on en a déjà parlé ici, c'est la plongée sous-marine. La plongée pour observer les poissons, mais aussi pour partir à la découverte de l'histoire de la ville, grâce aux épaves de bateaux qu'on trouve au fond de l'eau. Celle qui est certainement la plus connue, c'est l'épave du Grand Saint-Antoine. Un bateau qui, vous allez le voir, a plongé la ville de Marseille, ainsi que la Provence, dans le chaos.
Speaker #0Le Grand Saint-Antoine était un grand voilier, un trois-mats, un trois-mats hollandais qui servait pour le transport de marchandises et donc le commerce. Le Grand Saint-Antoine exerçait aux alentours des années 1700. Nous sommes le 22 juillet 1719 et le bateau quitte Marseille pour se rendre en Syrie pour y récupérer différentes marchandises. Alors le voyage se passe sans encombre et le bateau repart de Syrie avec à son bord de nombreux tissus précieux. Des tissus qui valent environ 100 000 écus, c'est pas mal d'argent à l'époque. Donc là on a un bateau chargé à fond et surtout avec de la marchandise de grande valeur, vous l'avez entendu. Donc il ne faut surtout pas traîner ni perdre la marchandise. Le 3 avril 1720, sur le chemin du retour, un passager turc qui avait embarqué à Tripoli meurt pendant le voyage. Puis plus tard, c'est le médecin du bateau ainsi que 7 matelots qui meurent à leur tour. Bon, le bateau finit par s'arrêter en Italie après la mort d'un 8ème matelot et des médecins commencent à enquêter sur ces morts étranges et d'après eux, ça va, tout le monde va bien, tout le monde peut repartir en direction de Marseille. Bon, en même temps, je vous rappelle que le chargement est attendu de pied ferme à Marseille. Ensuite, il sera envoyé à Bocquer pour être vendu. Donc il y a un enjeu économique plutôt énorme. Le bateau repart donc direction la cité phocéenne, comme si de rien n'était. Le Grand Saint-Antoine finit donc par arriver au large du Frioul. Mais il va devoir respecter une quarantaine. Une quarantaine qui est obligatoire puisque, à cette époque, je vous le rappelle, la peste fait rage dans différentes villes d'Europe. Alors pas toutes les villes, puisque jusqu'à présent, Marseille reste encore épargnée par ce fléau. On verra que par la suite, ce n'est pas le cas. Alors comme je vous l'ai dit plus tôt, la cargaison du navire a une valeur tellement élevée qu'il y a un vrai enjeu économique, notamment pour celles et ceux qui l'attendent. L'enjeu est tel qu'à force de pression et de magouilles, le bateau va réussir à éviter la quarantaine et il va pouvoir débarquer. Le stock du tissu est, contrairement aux recommandations, débarqué sur le continent et directement dans les infirmeries du port. Sauf que le problème est là, les tissus sont remplis de puces, puces qui sont toutes porteuses de la peste. Très vite, le virus se répand et court en juin, les premiers Marseillais meurent de la peste. Quand la mairie se rend compte que l'origine de la peste vient du Grand Saint-Antoine, il est évidemment trop tard. Le régent Philippe d'Orléans donne l'ordre d'isoler, puis de brûler le bateau au large de l'île du Jarre, et c'est en septembre 1720 que le bateau va être coulé. La peste, elle, va faire plus de 100 000 victimes, rien que dans les bouches du Rhône, soit un quart de la population totale de l'époque. L'épave du Grand Saint-Antoine sera identifiée par Michel Goury ainsi que son équipe de plongeurs et d'archéologues. Une épave qui gîte encore à environ 15 mètres sous l'eau au large de l'île de Jarre. Voilà pour cette petite histoire du Grand Saint-Antoine, le bateau qui a apporté la peste à Marseille et que vous pourrez croiser lors de vos plongées au large de Marseille. Et nous on se retrouve la semaine prochaine pour une nouvelle petite histoire du Sud. Salut !
