Speaker #0L'encou, qu'est-ce que c'est ? Est-ce que c'est la mort ? Ben non, pas tout à fait. L'Ankou serait plutôt en fait le serviteur de la mort, celui qui vient chercher les âmes des défunts pour les faire passer de l'autre côté. L'Ankou fait partie de ces créatures qui font passer dans l'au-delà. Au sens large, ces créatures ont un nom, on les appelle les psychopompes. Ce nom ne vous dit peut-être rien, pourtant vous en connaissez forcément. Pas directement, parce que sinon ça veut dire que vous seriez déjà mort, mais dans la mythologie vous en avez entendu parler. Par exemple, le personnage d'Anubis était considéré comme un psychopompe. Odin l'était aussi, Baba Yaga, Charon, Hermès. Ils étaient tous des psychopompes dans la mythologie grecque. Et chez les Romains, Mercure aussi avait ce rôle de psychopompe. La Bretagne a donc son psychopompe, l'Ancou. L'apparence de l'Ancou peut légèrement varier d'un coin à l'autre de la Bretagne. Mais de manière générale, l'Ancou est un squelette. Il arbore un grand chapeau. à large bord, un long manteau noir avec une faux qui diffère de celle de la faucheuse parce que contrairement à la faucheuse, le côté coupant est tourné vers l'extérieur histoire de projeter les corps vers l'avant. Le serviteur de la mort ne se déplace pas à pied, non. La plupart du temps, il a avec lui une charrette qu'on appelle la karananku ou karig-ananku. Et le grincement de cette charrette est bien connu, bien reconnaissable. C'est lui qu'on entend au loin et qui annonce l'arrivée de l'encou et donc la mort de quelqu'un. Pour certaines et certains, en Bretagne, je pense notamment aux habitants des bords de mer, l'encou ne viendrait pas en charrette mais en bateau. Son bateau, c'est le bagnoz, bateau de nuit. Un bateau qui permettrait d'emporter les âmes des défunts au large des côtes. Ok, bon, on a compris ce qu'était l'encoût, mais d'où il vient cet encoût ? De quand remonte cette tradition ? Alors on n'est pas vraiment sûr de son origine, puisque son histoire a très longtemps été racontée et transmise à l'oral, mais il semblerait que ce soit un héritage de la mythologie celte. Son nom viendrait de la racine celte nec, qui signifie « tuer, périr » . Il serait lié de près ou de loin au dieu gaulois de la vie et de la mort, Sucellos, qui porte un maillet, arme que possède également l'encoût. Selon la tradition, dans certaines paroisses de Bretagne, l'Ancou est la dernière personne morte durant l'année. Cette personne devient alors pour l'année suivante le serviteur de la mort. Ailleurs, on raconte que le tout premier Ancou fut un prince breton, si fier qu'il aurait défié la mort elle-même. La mort, pour lui apprendre l'humilité, l'aurait condamné à arpenter pour l'éternité les chemins, à annoncer sa venue et à ramasser les âmes. Dans certaines légendes, l'Ancou est même décrit comme une sorte d'esprit neutre. Ni bon, ni mauvais. Simplement un esprit chargé de faire respecter l'ordre naturel. La vie, puis la mort. La Bretagne regorge d'histoires transmises autour de l'encou. On raconte que lorsque l'encou passe avec sa charrette devant les maisons, le vent se lève, les volets claquent et celles et ceux qui l'entendent savent qu'il faudra bientôt allumer une bougie pour un voisin. Certains disent que si l'encou frappe trois fois à la porte, c'est qu'il vient chercher un membre de la famille. D'autres affirment qu'en croisant le regard de l'encou, on devient soi-même malade, souffrant, affaibli, comme si la mort vous avait effleuré. Alors il faut savoir qu'il existe également des légendes de marins, de marins bretons. Les pêcheurs qui racontent qu'en mer, l'encou apparaît sous la forme d'une silhouette, debout, sur la proue d'un bateau fantôme. Ce bateau, qu'on ne voit qu'à la tombée de la nuit, annonce la perte d'un équipage. Mais attention ! L'encou n'est pas là pour tuer, non non, c'est pas son rôle, vous l'avez compris. Il est là pour veiller à ce que personne ne parte seul. Il accompagne un mort vers l'au-delà. Alors aujourd'hui, évidemment, on ne craint plus l'encou, mais sa présence reste bien ancrée en Bretagne. On retrouve par exemple des statues de l'encou dans des ossuaires et des églises, comme à la chapelle Saint-Fiacre de Cocarno, ou bien au musée des Jacobins de Morlaix. Dans la culture populaire, on parle également de l'encou. C'est le cas notamment dans la série Kaamelott d'Alexandre Astier. Un épisode est consacré à l'encou. Il apparaît également l'encou dans une BD de Spirou qui, pour l'occasion, avait été traduite en breton. L'encou peut même se targuer d'apparaître dans une des séries de jeux vidéo les plus connues et appréciées des joueurs puisque dans Final Fantasy VIII, le sort de la mort porte son nom. Dans le IX, on retrouve les piments en cou. Et dans le XII, c'est un ennemi qui porte son nom. Et puis enfin, on salue l'équipe de football américain, de Rennes, les Ancoux de Rennes. Bref, vous l'avez compris, l'Ancoux a marqué non seulement la Bretagne à travers les siècles, mais aussi le monde de l'imaginaire mondial. C'est une légende profondément ancrée, un mélange de mystère, de respect de la mort et de transmission, une figure qui traverse les siècles et qui, aujourd'hui encore, fascine autant qu'à l'intrigue. Voilà les amis pour cette petite histoire autour de... l'encou, j'espère qu'elle vous a plu. Si c'est le cas, n'hésitez pas à la partager, à la liker. Dites-nous d'ailleurs en commentaire si vous connaissiez cette histoire de l'encou. Si vous êtes des Bretons, c'est peut-être le cas. Et si vous en connaissez une autre version, vous nous la racontez sur Spotify ou bien sur les réseaux sociaux de La Petite Histoire. Et en attendant, je vous dis à très vite pour un nouvel épisode de La Petite Histoire. Salut !