Speaker #0Le Daïus, c'est l'une des plus vieilles plaisanteries de montagne. Sa légende, elle prend racine dans les Alpes, dans les Vosges, dans le Jura, bref, partout où les sommets se perdent dans le brouillard et où les histoires se transmettent autour d'un feu de bois. Alors on raconte que le daïu ressemble un petit peu à un chamois, sauf que ses pattes, d'un côté du corps, sont plus courtes que celles qui sont situées de l'autre côté du corps. Un détail anatomique improbable, mais officiellement nécessaire pour que ce daïu puisse marcher sur les flancs vertigineux des montagnes sans tomber. Alors cette idée, absurde j'en conviens, elle aurait servi en fait à expliquer aux enfants pourquoi certains animaux semblaient si à l'aise sur les pentes. Et puis, on va pas se mentir, c'est aussi une manière subtile pour les montagnards et les gens de la région de tester la crédulité des visiteurs et de se moquer gentiment de la naïveté des citadins. Au fil du temps, le Daü est devenu une figure folklorique à part entière, nourrie par les accents régionaux, les récits de bergers et un humour montagnard très particulier. Alors si le Daü est connu, c'est aussi et surtout pour que nous puissions faire la fameuse chasse au Daü. Moi, je ne sais pas si vous avez déjà chassé le daïu. Moi, je l'ai déjà fait en colonie de vacances. Et j'en garde un souvenir ému de cette chasse au daïu. Bon, je ne l'avais pas trouvé au final, vous l'imaginez. Ça, la chasse au daïu, c'est une tradition très répandue dans les villages d'altitude. Tradition qui a piégé plus de monde qu'on ne voudrait l'admettre. Le principe est simple. On emmène un invité, souvent un touriste qui ne connaît pas trop le coin, ou alors un jeune un petit peu trop enthousiaste, sur un versant de montagne au crépuscule. Là, on lui explique que le daï, cette créature, est extrêmement timide et qu'elle ne se montre que la nuit. On lui explique aussi que pour capturer le fameux daï, il faut rester immobile, accroupi, attendre qu'il passe des heures et des heures. Et pour l'apathé, le daï, il est conseillé, si on veut le voir, d'imiter un bruit, un bruit qui va nous l'attirer ce daï. Le bruit, c'est un « hou, hou » , un peu ridicule. Je le fais très mal d'ailleurs. Bon, le Daü, il est censé entendre ce bruit, il est censé venir à ce bruit, il va se retourner forcément, et comme il a les pattes plus courtes d'un côté que de l'autre, eh bien, il va tomber, le Daü, et il ne va plus jamais se relever. Et c'est ainsi que nous allons pouvoir chasser le Daü. Alors pendant ce temps, les autres se cachent, ils essaient de ne pas rire trop fort, et ils laissent la victime attendre des heures et des heures le Daü. parfois on a Ça dure très très longtemps. Ça c'est pour une des traditions de chasse. Alors comme chaque région a sa tradition, il en existe des plus farfelues que d'autres. Vous l'imaginez. Par exemple dans les Pyrénées, il faut approcher discrètement le dahu par derrière, il faut lui mettre du sel sur sa queue, et quand le dahu voudra se retourner pour se lécher la queue, il tombera. Ouais, c'est logique. Alors vous allez peut-être me demander comment fait le dahu pour se reproduire. Eh bien, je peux vous dire que pour la reproduction, c'est toute une aventure. En effet, comme le dahu ne peut pas marcher, ou en tout cas il ne peut marcher qu'à flanc de montagne, le Daïu doit faire le tour de la montagne pour retrouver sa... compagne, sauf si celle-ci n'est pas au même niveau que le mâle. Celui-ci devra donc refaire un tour, trouver un endroit pour descendre en espérant que la femelle n'ait pas bougé, auquel cas on repart pour un tour jusqu'à l'épuisement du mâle et puis jusqu'à l'exaspération de la femelle d'Au. Bon, vous l'aurez compris, le d'Au n'existe pas. Enfin, je ne crois pas. Il est né d'une plaisanterie, il est devenu un rite initiatique, un jeu. Mais ce qui est fascinant quand même, moi c'est ce que j'adore avec cette légende, c'est la longévité de cette blague. Moi c'est un truc que j'ai écouté de la part de mes arrière-grands-parents, grands-parents, les cousins, les cousines, dans les colos quand j'étais gamin, puis c'est un truc que je continue à raconter aux générations toutes jeunes. Des générations entières de randonneurs donc, de familles, de guides, ont participé à entretenir ce mythe, parfois avec une inventivité remarquable. Il y en a certains qui ont fait des fausses traces dans la neige, d'autres qui ont fait des dessins approximatifs, des bruits étranges dans les sous-bois. Il y a certains villages qui ont même fini par organiser de fausses fêtes du Daïu, ou à vendre des cartes postales de l'animal imaginaire. Encore aujourd'hui, la légende du Daïu est présente dans le folklore. Elle fait partie des histoires qu'on aime entendre, qu'on aime transmettre de génération en génération. Et vous, est-ce que vous avez déjà fait une chasse au Daïu ? Ou mieux, est-ce que vous avez piégé des gens avec cette histoire ? Moi, j'aimerais que vous me racontiez vos histoires autour du Daü. On peut vous garantir que Sébastien ne va pas se priver d'emmener en tout cas son neveu à la chasse au Daü cet hiver parce qu'il a été vraiment emballé par cette histoire de Daü. Si cet épisode vous a plu, n'hésitez pas à le commenter, à le partager autour de vous. Si vous voyez un Daü, prenez-le en photo pendant les vacances. Ça pourra nous faire rire un petit peu. Et puis nous, on se retrouve très vite pour une nouvelle petite histoire. Allez, salut !