Speaker #0Et bienvenue dans la petite histoire de la Route du Blues. Je suis Florent Mounier et je vous propose de me suivre dans un road trip, un voyage Ă travers les Etats-Unis, la mythique Route du Blues. J'ai commencĂ© ce voyage il y a quelques mois dĂ©jĂ . Mon point de dĂ©part, c'Ă©tait Chicago. Mon arrivĂ©e sera la Nouvelle-OrlĂ©ans. Et entre ces deux points lĂ©gendaires, je fais des rencontres, je ramĂšne des histoires. Histoire humaine, histoire musicale. C'est la petite histoire de la Route du Blues, mon road trip avec vous et puis avec SĂ©bastien Girard, bien sĂ»r. qui mixe chaque Ă©pisode de cette petite histoire. Et sachez que sur les rĂ©seaux sociaux de La Petite Histoire, je vous laisse Ă©galement quelques photos et vidĂ©os de ce road trip. Notamment, ça se passe sur Instagram. Allez, aujourd'hui, on continue notre road trip sur la route du blues. Et croyez-moi, cette Ă©tape est cruciale, incontournable mĂȘme, parce que nous sommes en plein cĆur du Mississippi, lĂ oĂč l'histoire du blues s'est littĂ©ralement forgĂ©e. Dans cet Ă©pisode, je vous emmĂšne Ă la rencontre de Robert Johnson, l'homme qui a Ă©crit la lĂ©gende du Delta Blues. Aujourd'hui, je me trouve donc sous un grand panneau oĂč il est indiquĂ© The Crossroads, littĂ©ralement le carrefour. En fait, c'est beaucoup plus qu'un panneau, vous le verrez sur les photos que je vais vous laisser sur les rĂ©seaux sociaux. C'est une grosse guitare. Enfin, il y en a mĂȘme deux. Deux grosses guitares. Des guitares de couleur bleu, bleu-gris. Et elles trĂŽnent Ă quelques mĂštres de hauteur, accrochĂ©es donc Ă un gros poteau. Nous sommes Ă l'intersection des routes 61 et 49. Nous sommes Ă Clarksdale. C'est ici que se trouve le berceau. du blues. Et c'est donc ici que, selon la lĂ©gende, Robert Johnson aurait vendu son Ăąme au diable en Ă©change de capacitĂ©s musicales surnaturelles. Robert Johnson naĂźt en 1911 dans le Mississippi. Et comme beaucoup Ă cette Ă©poque, il connaĂźt de la duretĂ© de la vie dans le Delta. Mais trĂšs vite, quelque chose va le distinguer des autres. C'est sa passion. Passion pour la musique. DĂšs son plus jeune Ăąge, Robert montre un talent naturel pour le chant et la guitare. Et il ne se limite pas Ă jouer puisqu'il veut maĂźtriser cet instrument, le faire parler, le faire chanter comme personne d'autre. Dans les annĂ©es 20, donc Robert est encore jeune, malheureusement pour lui, il n'est pas encore le grand musicien qu'il a rĂȘvĂ© d'ĂȘtre. Alors il est dĂ©jĂ en quĂȘte d'un son. Ce son sera son, son Ă lui, un son qu'il veut unique. Mais on ne va pas se mentir, pour l'instant, les dĂ©buts de Robert Johnson sont modestes. On parle de talent, mais des talents modestes. Il joue dans les juke joints, ce sont ces petits bars de campagne oĂč le blues rĂ©sonne tous les soirs. La lĂ©gende prend donc racine ici avec un Robert Johnson dĂ©sespĂ©rĂ© de ne pas jouer aussi bien qu'il le voudrait. Un soir, il est encore plus dĂ©primĂ© que d'habitude, Ă l'idĂ©e de penser qu'il n'est pas le grand bluesman qu'il arrivait d'ĂȘtre. Alors ce soir-lĂ , Robert Johnson erre. Il erre Ă la croisĂ©e des chemins, prĂšs de Clarksdale. Et c'est lors de cette balade qu'il va faire la rencontre avec un homme mystĂ©rieux. Cet homme, c'est le diable en personne. Tous deux, le diable et Robert, vont avoir une conversation. Robert dit au diable qu'il n'est pas heureux, parce qu'il n'est pas le musicien accompli qu'il voulait ĂȘtre, et que ses talents de bluesman sont un peu limitĂ©s. Alors, le diable... prend la guitare de Robert Johnson. Il la lui accorde et il lui fait une proposition. Une proposition que Robert ne va pas pouvoir refuser, comme dirait l'autre. Le diable propose en fait Ă Robert de lui offrir un talent inĂ©galĂ©. Mais ce talent, il ne va pas lui donner gratuitement. Il va lui donner en Ă©change de son Ăąme. Et Robert Johnson accepte. Quelques temps plus tard, Robert Johnson revient dans les Juke Joints aprĂšs une mystĂ©rieuse absence. Et lĂ , il se met Ă jouer. Les gens, prĂ©sents dans le bar ce soir-lĂ , Ă©coutent Robert avec attention. Parce que ce soir-lĂ , c'est diffĂ©rent des autres soirs. Robert ne semble plus ĂȘtre le mĂȘme qu'il y a quelques jours. Ses notes sont dĂ©sormais claires, ses gestes rapides et prĂ©cis. Sa crĂ©ativitĂ© hyper dĂ©veloppĂ©e, sa maĂźtrise du fingerpicking est... Ă©poustouflante. C'est simple, on dirait que Robert joue avec deux guitares en mĂȘme temps. Pour le public qui est prĂ©sent ce soir-lĂ , Robert Johnson est devenu un autre homme. Un homme qui semble avoir Ă©tĂ© touchĂ© quelque part par la grĂące. En l'occurrence, la grĂące du diable. En 1936 et 1937, Robert Johnson va enregistrer ses premiers et seuls titres. Il va participer Ă deux sessions lĂ©gendaires au Texas. L'une se dĂ©roule Ă San Antonio et l'autre Ă Dallas. Ces sĂ©ances d'enregistrement ont lieu pendant un Ă©tĂ©, un Ă©tĂ© trĂšs chaud au Texas. Il fait si chaud que les musiciens et techniciens enregistrent souvent pendant leur session en sous-vĂȘtements. Des enregistrements qui ne se font donc pas dans les meilleures conditions. Et Robert Johnson, il est dans une petite chambre d'hĂŽtel qui a Ă©tĂ© amĂ©nagĂ©e en studio. Et dans l'autre piĂšce qui se trouve juste Ă cĂŽtĂ©, il y a un technicien. Robert Johnson commence Ă jouer des titres comme Crossroad Blues, Love in Vain, Sweet Home Chicago ou bien encore Headhound on my Trail. Des chansons qui parlent de la vie dans le Delta. De la douleur, mais aussi de l'amour, de la peur et de la mort. Des chansons qui portent Ă©galement une ombre mystĂ©rieuse. On pourrait parler d'une prĂ©sence obsĂ©dante du surnaturel dans ces enregistrements. Certains disent d'ailleurs que lorsqu'on Ă©coute Robert Johnson, on entend la voix d'un homme qui a vu l'au-delĂ . Bon, toujours est-il que ces enregistrements texans seront les seuls enregistrements connus de Robert Johnson. C'est l'American Record Corporation qui a proposĂ© ces enregistrements Ă Robert Johnson et qu'il l'a payĂ© environ, dit-on, 300 dollars. Au total, 29 titres, avec des versions alternatives. Alors c'est assez Ă©trange d'entendre les enregistrements alternatifs parce qu'ils sont similaires note par note Ă la premiĂšre prise. Alors on se dit, pourquoi il a fait la mĂȘme chose ? Eh bien en fait, Ă ce moment-lĂ , il est courant de procĂ©der Ă des enregistrements de sĂ©curitĂ©, au cas oĂč. au cas oĂč quelque chose arriverait Ă la version originale. Et d'ailleurs, il arrive souvent des mĂ©saventures aux versions originales, des enregistrements qui sont expĂ©diĂ©s vers le nord, oĂč se trouvent les usines qui permettent de fabriquer les disques, souvent du cĂŽtĂ© de Chicago. Et alors pendant le voyage, il se peut que les enregistrements fondent, tout simplement. Bon, deux ans se passent, et c'est en 1938, Ă seulement 27 ans, que Robert Johnson va mourir dans des circonstances troubles. Robert Johnson va donc rejoindre le club des 27, Ă©galement appelĂ© le Forever 27 Club. C'est le nom donnĂ© Ă cet ensemble de musiciens que rien ne relie sinon l'Ăąge de leur mort prĂ©maturĂ©e, 27 ans. Parmi eux, Janis Joplin, Jim Morrison, Kurt Cobain, Amy Winehouse et bien d'autres. Suicide, mort accidentelle, assassinat, autant de raisons mystĂ©rieuses et parfois suspicieuses qui alimentent le mythe des 27. Et en ce qui concerne Robert Johnson, on est en effet sur une mort suspecte. Parce que certains disent que Robert aurait Ă©tĂ© empoisonnĂ© par un mari jaloux qui l'aurait vu flirter avec sa femme. D'autres disent que Robert Johnson serait dĂ©cĂ©dĂ© d'une maladie. La lĂ©gende a fini par prendre le dessus sur la rĂ©alitĂ©, et la version la plus rĂ©pandue reste celle du pacte avec le diable. Le diable serait en effet venu rĂ©clamer son dĂ». Nous sommes en 1938 et Robert Johnson est donc mort. Mais sa musique, bien que limitĂ©e Ă 29 chansons enregistrĂ©es, 29 chansons Ă peine, elle va continuer d'influencer des gĂ©nĂ©rations entiĂšres d'artistes, du blues au rock. Des musiciens comme Eric Clapton, les Rolling Stones ou bien encore Bob Dylan. C'Ă©tait donc la petite histoire de Robert Johnson, celui qui a fait un pacte avec le diable. Une vie marquĂ©e par le mystĂšre, une carriĂšre trĂšs courte mais lĂ©gendaire et une influence qui a traversĂ© les territoires et les Ăąges. Bon, je vais quand mĂȘme vous le dire, il existe une confusion autour de cette lĂ©gende du pacte avec le diable. Oui, parce que certains disent que cette lĂ©gende serait peut-ĂȘtre liĂ©e Ă un autre homme. Un homme Ă©galement nommĂ© Robert, il a aussi Johnson comme nom de famille, mais c'est un Robert Leroy Johnson. Alors, puisqu'on est sur cette route du blues, je vous propose de vous raconter trĂšs vite l'histoire de cet autre Johnson dans un prochain Ă©pisode. Je suis Florent Mounier et j'ai Ă©tĂ© ravi de vous emmener sur cette nouvelle Ă©tape de la route du blues. Si cette petite histoire vous a plu, n'hĂ©sitez pas Ă la partager. autour de vous et rendez-vous sur les rĂ©seaux sociaux de La Petite Histoire pour suivre notre road trip avec quelques photos et anecdotes de ce voyage incroyable Ă travers les Etats-Unis. A trĂšs vite pour un nouveau chapitre sur la route du blues.