Speaker #0On connaît tous le roman ou le film La Liste de Schindler qui revient sur la vie d'Oscar Schindler qui a sauvé de la mort près de 1200 juifs dans un camp de concentration de Pologne. Et bien il y a un autre homme qui a eu un courage similaire, on le surnomme souvent le Schindler britannique. En 1939, Nicolas Wainton a sauvé 669 enfants tchèques des camps nazis. Et lui aussi a eu son film au cinéma, c'était il y a quelque temps. Le film s'intitule Une vie son personnage principal est incarné par Anthony Hopkins et aujourd'hui je vous propose de revenir sur la vie de Nicolas Swainton. Salut tout le monde et bienvenue dans un nouvel épisode de La Petite Histoire. Je suis Florent Mounier, c'est moi qui vous ai écrit ce nouvel épisode, mixé par Sébastien Girard, un podcast de La Fabrique Audio. Et avant de commencer, merci à vous de nous suivre. Vous êtes de plus en plus nombreux, ça nous fait plaisir. On salue toutes celles et ceux qui nous laissent des commentaires sur l'appli Spotify. Il y a Sandrine, il y a Jérôme, il y a quelques jours il y a eu également Guillaume58 et Martin. Merci à vous, vous continuez, ça se passe sur Spotify. Et puis vous nous écoutez également via l'appli Castbox. D'ailleurs, La Petite Histoire fait partie désormais des portes de l'élection. Le podcast préféré du moment pour Castbox, puisque nous sommes dans leur sélection éditoriale. Allez, aujourd'hui, on s'intéresse à un héros de l'histoire, pas de cap ou de super pouvoir pour ce monsieur tout le monde. Et pourtant, Nicolas Swinton a bel et bien sauvé 669 enfants des griffes des nazis. Alors on va déjà commencer par ce nom de famille, Wainton. C'est vrai que ça sonne bien anglais ça. Ouais ça sonne anglais mais à la base ce n'est pas son véritable nom de famille. En effet, Nicolas va naître Wersheim. Nicolas Wersheim. Nicolas naît à Londres le 19 mai 1909, mais il naît dans une famille d'origine allemande. La famille de Nicolas est juive non pratiquante. Les années passent, la Première Guerre mondiale est désormais derrière l'Europe, mais des actes et des réactions antisémites continuent à se propager de par le monde et ça fait craindre le pire à la famille Wersheim. Wersheim, c'est vrai que ça a une consonance bien trop allemande et après la Première Guerre mondiale, on ne peut pas dire que ça soit bien vu par tout le monde. Alors les parents décident de se convertir à la religion chrétienne, précisément au christianisme anglican. Ainsi, pense-t-il, la vie sera sans doute plus facile. On sera mieux intégré ici en Angleterre avec un nom bien anglais. Et puis on ne sait jamais ce qui pourrait arriver un jour. Malheureusement, les Warsheim ont bien raison de craindre le pire. Nicolas s'appelle donc désormais Winton. Les années ont passé et Winton est devenu banquier. Et pas n'importe où. A la City de Londres. Les affaires vont bien pour lui. Elles vont même très bien. Winton, en plus de sa bonne situation, a des amis qu'il voit régulièrement. Un jour de l'année 1938, alors que Winton s'apprête à partir de chez lui pour rejoindre un groupe d'amis avec lequel il a prévu d'aller skier, le téléphone sonne. Tiens, qui ça peut bien être à cette heure-ci ? Winton décroche son téléphone et au bout du fil, c'est son ami Martin Blake. Ce dernier travaille pour l'ambassade britannique de Prague. Winton est plutôt étonné de ce coup de fil qu'il n'attendait pas. Et il demande à Blake quel bon vent l'amène. Ce dernier semble triste et désemparé à l'autre bout du fil. Après un long silence, Blake commence à parler. Et ce qu'il va dire à Winton ne va plus jamais le quitter. Blake commence en fait à expliquer à Winton ce qui est en train de se passer en Europe. Oh bien sûr Winton, on n'a même pas entendu parler, mais rien n'est vraiment avéré. Et puis, faut se méfier de ce que les uns et les autres racontent. Sauf que là, c'est son ami de l'ambassade qui le lui raconte. Et le tableau qu'il brosse est atroce. Selon Blake... 250 000 réfugiés, notamment d'Allemagne mais aussi d'Autriche, sont enfermés dans des ghettos en Tchécoslovaquie. Et ils sont en train d'y périr. Blake a du mal à s'exprimer. Sa gorge est nouée, le ton est grave au téléphone. Blake confie à Winton que la situation est insoutenable sur place et qu'il a besoin de lui. Nicholas Winton a 29 ans à ce moment-là. Alors qu'il a un bon travail, des amis, bref, une vie quoi, Nicolas choisit de se rendre au plus vite dans la capitale tchèque à la rencontre de cet ami qui vient de l'appeler et qui l'attend désormais. À son arrivée, Blake ne veut pas perdre de temps, parce qu'il sait que chaque seconde compte. Alors il a tout organisé pour que son ami Winton comprenne très rapidement la situation et puisse à son tour l'appréhender. Blake a donc prévu de faire visiter des camps à Nicolas. Quand Winton entre dans le premier camp qu'il visite, La vision est horrible. Devant lui, des enfants qui meurent de faim. La peau sur les os. Sale. Dans des vêtements troués de la tête aux pieds. Certains enfants n'ont même plus la force d'ouvrir les yeux et sont mourants. Alors c'est sûr, Winton s'attendait à voir des atrocités, mais il ne pensait pas qu'elles seraient aussi terribles. Winton est absolument bouleversé par ce qu'il a devant les yeux. Alors il décide d'écouter son ami qui lui demande de l'aide. Et tous deux, Winton et Blake, vont alors mettre un plan sur pied afin de sauver un maximum d'enfants des camps en les faisant passer en Angleterre. Winton s'installe alors dans un hôtel de Prague. Cet hôtel sera désormais son bureau. Un bureau dans lequel il va recevoir les parents des enfants juifs. Des parents désespérés de voir leurs enfants envoyés dans ces camps de la mort. Et l'affaire commence à s'organiser. Winton demande aux parents qu'il reçoit de lui transmettre le plus rapidement possible les papiers d'identité de leurs enfants. Alors il arrive souvent que les parents n'aient plus ces papiers. Et dans ce cas, Winton n'hésite pas et il en crée de faux. L'objectif est le suivant, avoir des papiers en règle ou qui semblent être en règle afin de faire un maximum de demandes de visas pour la Grande-Bretagne. Winton n'est pas le seul dans cette aventure héroïque, puisque sa mère et quelques amis sont en soutien, certains sur place et puis d'autres directement en Angleterre. Oui, car sur l'île anglaise, on a besoin de trouver des familles prêtes à accueillir les enfants juifs pour quelques temps, quelques semaines, quelques mois, peut-être quelques années, qui sait. Une fois les papiers faits et les visas pour l'Angleterre obtenus, Winton donne rendez-vous aux enfants juifs accompagnés par leurs parents à la gare de Prague. C'est ici que les familles vont devoir se séparer sans doute à jamais. Alors les au revoir sont déchirants. Et Winton est une nouvelle fois horrifié et ému par les scènes qui se déroulent sous ses yeux. Des familles déchirées et par quoi ? Et bien par la folie humaine. Au total, Winton et ses proches vont réussir à envoyer 8 trains vers l'Angleterre. 8 trains bondés, 8 trains avec à leur bord 669 enfants tchèques, sauvés donc des camps nazis. Le 3 septembre 1939, Winton a prévu un nouveau convoi. Ce sera le 9e train, avec plus de 200 enfants qui seront sauvés. Oui, mais quelques heures plus tôt, l'Allemagne vient d'envahir la Pologne. Et la Grande-Bretagne vient d'entrer en guerre. Le convoi est donc paralysé. Impossible de passer ces 250 enfants sur l'île britannique. Winton fait tout pour essayer de débloquer la situation d'une manière ou d'une autre, mais le temps est compté. Et finalement, les enfants sont rattrapés par les nazis. Alors vous l'imaginez, c'est un terrible traumatisme pour Nicholas Winton qui pensait qu'il allait pouvoir sauver ses enfants là aussi et les envoyer avec les 669 autres déjà sauvés en Angleterre. Les mois passent et Winton décide de s'engager dans la Royal Air Force pour la guerre puisque ça y est, officiellement l'Angleterre est en guerre. Quelques temps plus tard, le conflit est enfin terminé et Nicolas est de retour en Angleterre et il reprend sa vie. La vie d'avant, la vie qu'il avait laissée derrière lui, quelques années plus tôt, celle de banquier. Mais pas que, puisqu'il va de l'avant également, il se marie. Nous sommes en 1948 et il finit d'ailleurs par avoir trois enfants. Alors sachez que Winton n'a rien dit de ses actions de sauvetage d'enfants pendant 50 ans, sans doute par pudeur. Et c'est sa femme qui un jour est tombée sur son journal, un journal dans lequel il avait laissé des lettres, des listes, mais aussi des photos d'enfants. C'est la chaîne anglaise, la BBC, qui a finalement mis en lumière Winton en 1988 dans une émission intitulée That's Life. Et ce jour-là, dans le public de l'émission se trouvent des adultes. Des adultes qui, autrefois, étaient des enfants. Des enfants que Winton a sauvés par ses actes héroïques. Alors vous imaginez l'émotion qu'il y a eu ce jour-là dans l'émission That's Life. Allez le regarder, c'est bien évidemment sur Internet. C'est ainsi que Winton a reçu en Grande-Bretagne ainsi qu'en République tchèque des honneurs et médailles pour avoir sauvé tous ses enfants juifs. Et en 2003, Winton a même été... Annoblie par la reine d'Angleterre, la reine Elisabeth II, pour, je cite, service rendu à l'humanité Faut croire que le courage peut être source de jouvence, car Winton est mort vieux à l'âge de 105 ans, en 2014. La vie de Nicolas Winton a donc été racontée dans un très beau film intitulé Une Vie. Un film qu'on vous recommande de voir si vous ne l'avez pas encore vu, d'autant que le film se base sur le livre de la fille de Nicolas Winton, c'est Barbara Winton. Le livre est intitulé If It's Not Impossible. Et notez en ce qui concerne le film, pour la petite anecdote, que sur le tournage du film se trouvaient des figurants qui étaient eux-mêmes les descendants des enfants qui ont été sauvés par Nicky. Et il paraît que... Anthony Hopkins, en voyant les descendants des enfants sauvés, a été très ému le jour du tournage. Alors notez que d'autres films avaient déjà commencé à mettre en lumière Winton auparavant. Il y a eu en 1999 All My Love's Ones, The Power of Good, ça c'était en 2002, et puis La Famille de Nicky, c'était en 2011. Voilà pour cette vie héroïque racontée ici dans La Petite Histoire. On se retrouve dans quelques jours avec une nouvelle Petite Histoire.