Speaker #0Alors avant de parler de l'histoire de Saint-Paul-Trois-Châteaux, on va répondre à une première question. C'est où Saint-Paul-Trois-Châteaux ? Saint-Paul, on va... raccourcir le nom pour gagner du temps avec tout le respect pour les tricastins qui nous écoutent, mais Saint-Paul se trouve dans la Drôme, à la frontière avec le Vaucluse, entre Bollène et Pierre-Latte. Pour celles et ceux qui ne sont pas du coin et qui ne connaissent pas, Saint-Paul est le long de l'autoroute A7, au sud de Montélimar, Montélimar que tous les gourmands connaissent bien puisque c'est un petit peu la capitale du Nougat. Saint-Paul-Trois-Châteaux, pourquoi ce nom alors qu'on n'y trouve aucun château ? Pour comprendre cet énigme, il faut remonter très loin dans le temps, bien avant les saints, bien avant même les églises et les clochers. Les archéologues ont retrouvé des traces d'occupation humaine datant de plus de 6000 ans, à l'époque néolithique. On y a découvert des meules en pierre, mais aussi des outils en silex, des ossements et même une fosse mystérieuse où reposaient trois individus. Dans cette fosse, il y avait donc une femme, au centre, et elle était entourée de deux autres personnes, avec un vase intact près de sa tête. Plus tard, cette terre a changé de propriété, et elle est devenue une terre gauloise, la terre qui appartenait désormais au peuple des Tricastini, un peuple discret, installé entre le Rhône et les contreforts des Baronies, dans cette région ensoleillée qu'on appelait le Tricastin. Lorsque les Romains s'y installent, De force donc, ils vont fonder une cité prospère qu'ils vont nommer Augusta Tricastinorum, en hommage à l'empereur Auguste et au peuple des Tricastini. Alors à cette époque, c'est une ville vivante, une ville commerçante, une ville qui est riche, une ville où les voies romaines croisent les marchés du sud. Au fil du temps, le christianisme va s'imposer et la cité va devenir un évêché, siège d'un pouvoir religieux et politique important. Sur la colline, qu'on appelle encore aujourd'hui... la colline du château, se dresse la résidence de l'évêque, qui est entourée d'une enceinte fortifiée du XIIe siècle. Au cœur de la ville médiévale, une église majestueuse s'élève. Il s'agit d'une cathédrale, la cathédrale Notre-Dame, construite entre la fin du XIIe et le début du XIIIe siècle. On raconte que cette cathédrale a été bâtie sur le tombeau d'un saint, un saint qui est nommé Paul, peut-être évêque, peut-être ermite, mais en tout cas figure De la ville, c'est lui qui donne son premier nom à la cité, Saint-Paul en Tricastin. Au XVIe et au XVIIe siècle, Saint-Paul va prendre son nom définitif, à savoir donc Saint-Paul-Trois-Châteaux. Sa première mention date de 1545 dans les archives de la Drôme. Le protestantisme va s'y installer à partir de 1555 et en 1561, la ville est dite réformée. Les guerres de religion divisent la population, les remparts sont démantelés sur ordre du duc de Mayenne, nous sommes en 1581, puis le temps passe et arrive la Révolution Française. Et pendant la Révolution Française, la ville de Saint-Paul va changer de nom. Entre 1793 et 1795, elle va devenir Paul-les-Fontaines. On enlève donc le Saint avant de retrouver son nom. Saint-Paul, trois châteaux. La ville va donc continuer de prospérer jusqu'à aujourd'hui. Mais alors pourquoi ce nom et la mention des Trois Châteaux alors que, comme on l'a vu précédemment, il n'y a aucun château ? Eh bien le nom Trois Châteaux n'est qu'une erreur de lecture, un malentendu linguistique si vous voulez, malentendu qui a traversé les siècles. Au départ, la ville s'appelait bien Saint-Paul-en-Tricastin, mais le mot Tricastin, hérité du peuple des Tricastini, a été lu, mal compris, puis transformé. Les scribes médiévaux, recopiant les textes latins, ont cru voir en fait dans Tricastrino Room les mots Triacastra, ce qui signifiait trois châteaux. Bon, tout ça ne nous dit pas pourquoi l'impasse des cocus dont nous parlait précédemment notre auditeur Baptiste. Alors là, ça a été très difficile de trouver des infos, on ne va pas vous mentir, Sébastien Girard a directement demandé aux archives de la ville... et ils nous ont expliqué que ce mot, en tant que nom de lieu, semblait apparaître vers 1860. On parle alors à cette époque de rue du Cocu. L'existence de cette rue semble indiquer le percement du rempart sud pour que celle-ci puisse déboucher sur la rue du Courreau. Pour le nom Cocu, il y a plusieurs pistes. La piste privilégiée serait en fait celle d'un cuisinier. Le cuisinier qu'on appelait... Coccus. Et ce cuisinier serait en fait le cuisinier de l'évêque qui, au dire de Claude Bois au XVIIe siècle, résidait chez les Dominicains de l'autre côté du coureau. Et il aurait emprunté régulièrement une brèche dans le rempart pour se rendre à son travail, à l'évêché, sans avoir constamment à faire un détour ou à se présenter devant les gardes en faction à la porte avoisinante. Et il aurait emprunté par convenance un trou déjà présent ... dans l'ancien rempart. Bon, cette incertitude, elle est maintenue par le fait que ce nom de lieu ne semble formellement apparaître qu'à partir des années 1860 et que ce percement ne semble pas apparaître sur le plan cadastral de 1810. Donc, soit il a été percé plus tard, au XIXe siècle, soit il existait déjà et il n'a pas été considéré comme assez important pour être indiqué sur un cadastre, le fameux cadastre de 1810. Donc, un petit peu comme le nom de la ville, le nom Cocus, que vous écrivez C-O-Q-U-U-S, oui, il y a deux U, qui signifiait cuisinier, est devenu Cocu. Le Cocu, qu'on connaît avec ses cornes sur la tête, et donc plus tard, la rue du Cocu. Voilà les amis pour cette petite histoire autour de la ville de Saint-Paul-Trois-Châteaux et le trou du Cocu. Un grand merci à Valentin. des archives de la ville. Valentin Godemars, il nous a fourni des informations autour de ce trou du cocu. Si vous passez par Saint-Paul-Trois-Châteaux, n'hésitez pas à prendre une photo du trou du cocu et vous nous l'envoyez. Ça fera un beau clin d'œil. On sera ravis de le partager sur nos réseaux sociaux. Si l'épisode vous a plu, n'hésitez pas à le liker, le partager, le commenter. Et quant à nous, on se retrouve très vite pour un nouvel épisode. Et puis, on vous attend sur le Patreon de La Petite Histoire sur lequel vous pouvez... nous accompagner et surtout nous soutenir pour moins de 5 euros par mois. A très vite !
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