Speaker #0L'économie du XXIe siècle sera très différente du XXe siècle. Quelles sont les lunettes qu'on doit porter pour avoir un nouveau regard par rapport à une vieille classification entre l'agriculture, l'industrie et les services ? Bonjour, je suis Hervé Beculard, je suis entrepreneur, cofondateur du groupe KEA, consultant, passionné de stratégie et de culture, et agriculteur parce que je souhaite, à travers ce chemin difficile, conserver l'exploitation familiale. Ce que j'ai voulu traiter dans cet article, c'est l'idée que faire de la stratégie, c'est donner du sens à l'action. Et pour ça, il faut trouver de nouvelles lunettes pour éclairer l'avenir, trouver le terrain de jeu de l'entreprise, identifier le champ de force concurrentiel. Et quoi de mieux que de prendre comme exemple la France, l'économie de la France du XXIe siècle. Quelles sont les lunettes qu'on doit porter pour avoir un nouveau regard par rapport à une vieille classification entre l'agriculture, l'industrie et les services ? Et c'est pour ça qu'on a appelé cet article Vers l'économie du 4 quarts une illustration pour la France. Les nouvelles lunettes que je vous propose pour positionner les activités de notre pays se dessinent à partir de deux axes et donc quatre cases. Le premier axe, c'est celui qui parle des capitaux qu'on emploie pour une activité. Il y a des capitaux humains, les services par exemple, au particulier, et puis le capital corporel, donc des machines, des bâtiments, des infrastructures. Ça, c'est le premier axe. Le deuxième axe, c'est l'axe qui permet de donner la contribution au commun ou au contraire, une activité qui est très concurrentielle. Une activité au commun, c'est par exemple les transports publics. Une activité très concurrentielle, ça va être par exemple le cinéma, le livre, les activités culturelles. Il y a des centaines d'offres, chacun doit choisir et donc il faut se différencier. Dans un cas, on va construire pour les communs, dans l'autre cas, on va chercher la différenciation. Si on croit ces deux axes, on arrive au quatre-quart. Donc, premier quart, le CAIR. des activités de service, au particulier, mais aussi à la collectivité. Le deuxième quart, ce sont les activités d'infrastructure. On travaille pour les communs, mais il y a besoin de beaucoup d'activités, d'investissements corporels. Le troisième quart, ce sont les activités de transformation. Des activités où on cherche la différenciation, très concurrentielle, et on a encore besoin de capital corporel. Quatrième quart, ce sont les activités créatives et intellectuelles. Donc beaucoup de capital humain, beaucoup d'ingéniosité et de différenciation. Et là on va retrouver le cinéma, mais aussi la banque, mais aussi les prestations intellectuelles. Un des quarts qui me paraît le plus intéressant à décrire, ce sont les métiers d'infrastructure. Alors, c'est un gros quart, c'est à peu près 30% du PIB de la France, et il résume tous les enjeux de demain. Reconstruire nos infrastructures, parce qu'avec le changement climatique, il faut passer de la route au chemin de fer, moins d'avions, plus de transports respectueux de l'environnement, il faut adapter son habitat, l'immobilier privé, c'est une grosse partie de l'activité aussi, Il faut adapter son habitat aux changements climatiques, mais aussi au vieillissement. Et enfin, troisième type d'infrastructure, les commerces. Les infrastructures, c'est ce qu'on a au quotidien. Les commerces, c'est un ensemble extrêmement sophistiqué, de commerce à la fois online, de commerce physique. Et là aussi, il va y avoir une grande transformation, non pas pour faire de la décroissance, mais pour s'adapter à des nouveaux modes de consommation en permanence. Investir sur les infrastructures, faire les bons choix, c'est ce qui assure la compétitivité d'un pays. Et là-dessus, il y a beaucoup à faire. Un chiffre intéressant qui m'a frappé, c'est le pourcentage de personnes qui travaillent dans les métiers du CAIR. C'est 40%, c'est énorme. Ce sont des métiers de première ligne, ce sont des métiers à la fois aussi de sécurité, c'est des métiers d'éducation. Ce sont des métiers où l'enjeu va être à la fois de développer l'attractivité de ces métiers, et en particulier, un des facteurs d'attractivité, c'est l'autonomie qu'on va donner à ceux qui sont les opérateurs de base. Ce que je voudrais que l'on retienne, c'est que l'économie du XXIe siècle sera très différente du XXe siècle. elle va nécessiter à la fois de nouveaux actifs, matériels et immatériels, et il faut une nouvelle classification de notre économie. Donc j'aimerais qu'on arrête avec l'agriculture, l'industrie et les services, les services qui représentent 80% de l'activité, donc ça ne veut plus rien dire s'il y a une catégorie qui représente 80%, mais plutôt se projeter dans l'économie du 4 quarts, qui permet de mieux cerner les 4 grands secteurs dont on va avoir besoin demain, le CAIR, les métiers d'infrastructure, les activités de transformation et les activités et prestations créatives et intellectuelles. Il en est de même en entreprise, il faut être capable de changer ses lunettes, de redéfinir son terrain de jeu et les révolutions en cours nous y incitent fortement. Avoir choisi le 4 quarts pour un breton, c'est tout à fait normal. Je suis extrêmement gourmand.