- Speaker #0
Émission numéro 1, Les petits fantômes de l'Olympia, ou La petite histoire d'une grande salle mythique, par Olivier Ninge et Jean-Luc Michelet, accompagnement musical Marc et Véa, produite par www.atoutboutdechant.com Les fantômes sont des créatures qui ont l'aspect d'un être réel, mais qui sont invisibles et peuvent traverser les murs. En fait, ce sont les âmes de personnes décédées qui, n'ayant pas trouvé le repos, hantent définitivement le lieu où elles sont mortes, souvent de manière violente ou tragique. Elles n'ont pas pu aller rejoindre les autres esprits et elles ne pourront seulement le faire que lorsque leur mission sera accomplie. Alors ? Qu'est-il donc arrivé à nos deux petits fantômes, Olive et P'tit Luc, qui hantent depuis des lustres la salle mythique de l'Olympia depuis plus de 130 ans ?
Imaginez, il est 3 heures du matin, au milieu de la scène de l'Olympia, deux petites silhouettes translucides sont assises, perdues dans leurs pensées. Olive sortant de sa torpeur.
- Speaker #2
« Dis donc, P'tit Luc, j'ai jamais osé te demander... » Pourquoi hantes-tu ce magnifique lieu ?
- Speaker #3
C'est tout simple, c'est à cause du catalan Joseph Oler.
- Speaker #2
Ah oui, mais c'est qui ce monsieur ?
- Speaker #3
Eh bien voilà, toi non plus tu ne le connais pas. Il fait vraiment partie de ces personnalités fécondes que l'histoire a injustement oublié.
- Speaker #2
Mais qu'est-ce qu'il a donc fait ?
- Speaker #3
C'était un espagnol qui, dans sa jeunesse, avait assisté à des combats de coqs en Espagne. Et de là, lui est venue l'idée de parier non plus sur des coqs, mais sur des chevaux. Et donc, il a inventé comme ça ce qui deviendra plus tard le PMU.
- Speaker #2
Intéressant, mais quel rapport avec le monde du spectacle ?
- Speaker #3
Voitus était un véritable entrepreneur. Et avec l'argent gagné au départ dans l'illégalité, et ensuite dans la légalité, il a créé plusieurs théâtres à Paris. Il devient propriétaire du Balmabille, de la Bombonnière et des Fantaisie Aulère. Il a même fondé le Théâtre des Nouveautés. En 1885, il réalise la piscine Rochechouart ainsi que les Jardins de Paris, un véritable précurseur des parcs de loisirs avec salles de spectacle et de danse.
- Speaker #2
Ah oui, quand même !
- Speaker #3
Et ce n'est pas tout, car cette Cet homme de cirque et de jeu, véritable génie du divertissement, va être cofondateur, tiens-toi bien, du Moulin Rouge.
- Speaker #2
Waouh, le Moulin Rouge ! C'était le symbole de la vie parisienne à l'époque. Pas de radio, pas de télévision, le bouche-oreille qui fonctionnait à plein. Je me souviens, très vite, la bourgeoisie de Boulogne et de Neuilly est venue s'encanailler.
- Speaker #3
Et pas que, le Moulin Rouge. Voyaient aussi défiler les artistes Montmartre. On pouvait y croiser Auguste Renoir, Georges Braque, Aristide Bruand, Guillaume Apollinaire ou encore Picasso. Mais le plus assidu, le plus célèbre d'entre eux, était sans doute Henri de Toulouse-Lautrec.
- Speaker #2
Ah oui, monsieur Henri de Toulouse-Lautrec. Un grand monsieur, mais d'une taille tout simplement bien au-dessous de la moyenne. D'ailleurs, madame Tristan Bernard disait de lui, il est si petit qu'il me donne le vertige.
- Speaker #3
Exactement. Et puis, il y avait les célèbres artistes du Moulin Rouge. le pétomanes, la goulue, le désossé, la môme fromage, ou encore gris d'égout.
- Speaker #2
Des sobriquets bizarres, et un peu dévalorisants, non ?
- Speaker #3
Non, pas du tout. Comme disait Jacques Pessy, c'est le langage du petit peuple à Montmartre. Gris d'égout, par exemple, était ainsi nommé à cause de ses dents écartées. La goulue... tient son petit saut briquet de son adolescence, où à l'époque, elle séchait les fonds de verre dans les cabarets.
- Speaker #2
Oui, la Goulue, parlons-en, car c'est elle qui va faire le succès de l'établissement.
- Speaker #3
Exactement, oui. Louise Weber, alias la Goulue, était passionnée de danse depuis sa prime jeunesse. Elle faisait tourner ses froufrous dans les salles de balle, jusqu'à ce que Joseph Oller décide de l'engager au Moulin Rouge. pour le grand quadrille.
- Speaker #2
Finalement, c'est elle qui a réintroduit le French Cancan. Elle l'a rendu mythique. Et puis, connue pour son audace, elle restera la figure de proue du quadrille et de la sensualité parisienne.
- Speaker #3
Ah oui, et le moulin rouge était dans l'esprit de la commedia dell'arte, avec des acteurs haut en couleur. Mais c'est toujours Joseph Oler qui tirait les ficelles.
- Speaker #2
Bah intéressant tout ça, et je comprends ton admiration pour monsieur Oler. Mais quel rapport avec l'Olympia ?
- Speaker #3
Attends, j'y viens, ne sois pas si pressé. Car vu notre état d'ectoplasme longue durée, nous avons tout notre temps. En 1888, Oler eut l'idée saugrenue. d'installer ces montagnes russes dans la cour d'un bâtiment donnant sur le 28 boulevard des Capucines.
- Speaker #2
Mais pourquoi dis-tu saut grenu ?
- Speaker #3
Eh bien parce que malheureusement, ces montagnes russes étaient en bois.
- Speaker #2
Et ?
- Speaker #3
Eh bien le préfet de police de l'époque, peignant le risque d'un incendie dans ce lieu public, décida de fermer l'attraction.
- Speaker #2
« Ah, on l'a tué, là ! »
- Speaker #3
« Eh oui, mais Joseph Oler était un visionnaire. Il a su transformer l'inconvénient en avantage. » À la place des montagnes russes du boulevard des Capucines, qui n'était qu'un hangar, il fait construire une salle de spectacle qu'il baptise Olympia et qu'il dédie au musical.
- Speaker #2
Olympia, mais pourquoi ce nom ?
- Speaker #3
Tu sais, à cette époque, la mode était au néo-hélénique. Alors, Olymp, Olympia, tu m'as compris.
- Speaker #2
Oui, d'accord, mais finalement, quelle est l'origine du terme musical ?
- Speaker #3
Ah, ça c'est une autre histoire. Comme Joseph Oler parlait mal anglais, il a demandé « comment dit-on musique en anglais ? » Alors on lui a répondu « music » . Et comment dit-on « hangar hall » ? Et voilà comment il crée le terme « musical » en 1893, quatre ans après la création du Moulin Rouge.
- Speaker #2
Incroyable ce que tu racontes ! Voilà comment serait né le terme de musical si bien célébré dans la chanson de Charles Trenet.
- Speaker #3
Ah oui, le père Joseph, c'était un génie du spectacle. Il a senti que c'était le moment de créer un lieu comme ça dans Paris. Et il ne s'est jamais trompé. Et pour résumer, il transforme l'endroit en une salle de musical de 2000 places qui sera inaugurée le 12 avril 1893. Devine par qui ?
- Speaker #2
Oh ben ça ! Festoche, je parie que c'est sa vedette fétiche, la goulue. Faut dire qu'à ce moment-là, elle est au sommet de son art, celui du French Cancan. C'est la star incontestée du Moulin Rouge. On a cours de toute l'Europe pour la voir lever. Lever quoi ? Ses gambettes sur la scène.
- Speaker #1
Mon cœur a dansé sur terre et tourner, sans même y penser, mon cœur a dansé.
- Speaker #3
Maintenant, la salle commence à accueillir des artistes de variété, notamment des chanteurs, des danseurs, des gens du cirque.
- Speaker #2
Écoute, merci pour cet éclairage sur l'origine et la naissance de l'Olympia. Et puis je comprends vraiment ton admiration pour Joseph Oler, mais je ne sais toujours pas pourquoi te voilà en état de fantôme et quel lien as-tu avec cette salle ?
- Speaker #3
Souviens-toi, je t'ai dit que Joseph Oler était un homme de cirque. Et moi, j'avais 33 ans. L'âge du Christ ! J'étais trapéziste, un peu cascadeur, mais beaucoup casse-cou.
- Speaker #2
Oui ? Et alors ?
- Speaker #3
Tu n'imagines pas ma joie ! et mon enthousiasme quand j'ai été engagé au tout début de la naissance de l'Olympia.
- Speaker #2
Oh, si, j'imagine assez bien après tout ce que tu viens de me dire.
- Speaker #3
Et lors de mon premier entraînement, j'ai fait une chute mortelle au milieu de la scène. Et je n'ai toujours pas compris ce qui m'est arrivé. Mais ce qu'il y a de sûr, c'est que depuis, je n'ai pas trouvé le repos. Et je hante définitivement ce lieu.
- Speaker #2
Je sais de quoi tu parles. Mais je préfère changer de sujet. Finalement, comment va évoluer cette nouvelle salle appelée Olympia ?
- Speaker #3
Alors là, c'est une nouvelle aventure !
- Speaker #0
Nos deux spectres disparurent en un souffle, laissant la salle plonger de nouveau dans un silence mystérieux jusqu'au prochain petit matin. Imaginez ce fameux spectacle du 12 avril 1893, dans cette nouvelle salle pleine de rires, de cris et d'applaudissements. Le bruit des talons martelant la scène du French Cancan qui se mêlait aux exclamations des spectateurs, acclamant les exploits physiques de la goulue sous l'œil amusé de Joseph Oler. Alors, que va devenir cette salle mythique après son inauguration fracassante ? Voilà ce que vont nous raconter nos deux compères dans la prochaine émission. Vous pourrez retrouver nos deux petits fantômes dans leur spectacle « On a tous quelque chose en nous » de l'Olympia. Il s'agit d'un spectacle musical théâtralisé qui raconte l'histoire de cette salle mythique et de ces chanteurs qui l'ont façonnée. Pour plus d'informations, vous pouvez aller sur le site www.atoutboudechamp.com téléphone 06 21 46 75 81 Vous venez d'entendre les petits fantômes de l'Olympia ou la petite histoire de cette grande salle mythique par Olivier Ninge et Jean-Luc Michelet accompagnement musical Marc Evéa