- Fatima Ftaich
Hello et bienvenue dans le podcast La Psy des entrepreneurs. Je suis Julie Denis, je suis psychologue et la fondatrice de Nazalie. J'accompagne les entrepreneurs à prendre soin d'eux pour qu'ils puissent à leur tour prendre soin de leur business. Parce qu'un entrepreneur bien dans ses baskets, c'est un des leviers clés du succès et de la durabilité de l'entreprise. Ici, on parle bien-être et épanouissement, mais aussi... galères, challenges et santé mentale et surtout, comment on fait pour les gérer. Dans la série Sur le divan avec, j'interview des entrepreneuses inspirantes. Sur le divan comme chez la psy ou comme avec une copine, elles se livrent sur leur vécu plus que sur leurs accomplissements. Installez-vous confortablement et bonne écoute. Bonjour Fatima, merci d'avoir accepté mon invitation. Merci Julie.
- Julie Denis
Alors j'ai l'habitude de commencer par une petite bio. Bref, tu me corrigeras si j'ai fait des erreurs, si j'ai pas bien fait mes devoirs. T'as commencé tes études en faisant un an d'architecte d'intérieur. Ensuite t'as fait un master à l'ULB en sociologie et en anthropologie. T'as enchaîné avec un poste graduat et t'as fait de la recherche, toujours en sociologie, toujours à l'ULB. T'as travaillé dans le privé, dans le public. au Parlement francophone bruxellois. J'ai découvert tout ça dans des postes différents aussi, donc des secteurs différents, mais des postes différents aussi en marketing, RH, l'accompagnement à l'emploi. Si j'ai bien vu, c'est là que tu as commencé à te former en coaching aussi et tu as suivi pas mal de formations en coaching et ensuite, tu as travaillé comme assistante de direction, donc des postes et des secteurs très, très variés. J'ai vu qu'ensuite, tu avais bossé chez Job Yourself, pour ne pas les citer. où tu as continué à accompagner, toujours vers l'emploi, mais vers l'emploi qu'on se crée soi-même, l'entrepreneuriat. Et puis enfin, tu as cofondé Vidya d'abord, et puis Zenepur et Itia, où tu as créé, développé tes propres produits, vos propres produits, parce que vous l'avez fondé à trois. Dans ce que tu as fait, est-ce que ça correspond dans les grandes lignes ?
- Fatima Ftaich
Tu y es à, je dirais, 99%. J'ai été assistante du président du Parlement francophone bruxellois, mais ce n'était pas assistante de direction, on appelle ça secrétaire.
- Julie Denis
Ah oui,
- Fatima Ftaich
d'accord. C'était des petits détails. J'ai effectivement fait deux années de doctorat, et donc ce n'était pas vraiment de la recherche, c'était plus vraiment un doctorat qui n'a pas abouti, pour des raisons peut-être dont on parlera plus tard, un peu spécifiques. Oui, pour le reste, tu as bien fait tes devoirs.
- Julie Denis
Ok, alors peut-être comme première question, tu t'es lancée dans l'entrepreneuriat il y a 7 ou 8 ans. Comment est-ce que tu as décidé ou vous avez décidé, parce que ce n'était pas un projet solo, mais comment est-ce que vous avez décidé de vous lancer ? Ce n'est jamais anodin.
- Fatima Ftaich
Alors, pour ma part, moi, je suis vraiment issue d'une famille très protectionniste, très traditionnelle, il faut faire des études, il faut essayer de gravir les échelons un maximum. et puis gagner ton argent à la sueur de ton front, mais en étant salarié. Donc, je n'ai absolument pas la culture de l'entrepreneuriat. Je ne savais pas ce que c'était. Les seuls exemples que j'avais, c'était plutôt des échecs. Mon père qui décide de lancer une petite épicerie à un moment donné, out of the blue, tu vois, parce qu'il avait acheté une maison de rapport et qu'il y avait un petit espace commercial. Il s'est dit, tiens, je vais lancer une épicerie. évidemment il a décidé de ne pas vendre d'alcool et de cigarettes donc c'est un peu cassé la gueule rapidement et donc ouais c'était surtout éloigner toi de ce milieu là parce que c'est pas ce qu'il faut et donc moi j'ai absolument pas ni pendant mon adolescence ni pendant mes études ni pendant les années où je travaillais envisager d'être entrepreneur l'entrepreneuriat je suis tombé un peu dessus par accident c'est à dire que je me suis rendu compte que j'étais entrepreneur quand j'ai commencé à faire le taf d'entrepreneur je me disais putain oh Mais je suis entrepreneur, là, sérieux. En fait, ce qui s'est passé, c'est que Vidya, qui est ma boîte... Je peux dire en deux secondes ce qu'on fait ?
- Julie Denis
Bien sûr.
- Fatima Ftaich
Donc Vidya. Notre métier, c'est de sourcer, d'importer et de distribuer des produits impeccables. Ils sont sains, ils sont éthiquement sourcés, ils sont délicieux. Et je les distribue via différents canaux. J'ai commencé avec un e-commerce. Et donc, ça nous a permis aussi de nous internationaliser. On a d'ailleurs plus de... 80% de notre clientèle qui est française sur l'e-commerce. C'est marrant. On a plus tard ouvert une petite boutique, un flagship store dans le centre de Bruxelles, dans les Marolles, à la rue des Tanneurs. Et cette petite boutique c'est notre laboratoire. C'est là où on teste tous nos produits, on s'amuse, on rencontre nos clients. C'est vraiment un petit cocon hyper mignon. Moi je dis que c'est notre petite tanière de Hobbit. Les gens arrivent, ils sont super bien reçus, vraiment dans la vibe de Vidya. Et puis, le dernier canal par lequel je distribue mes produits, c'est via des partenaires B2B, d'autres magasins. Mes produits sont aussi distribués dans d'autres boutiques, des boutiques qu'on adore parce qu'elles sont toutes petites, elles sont mignonnes, et puis des plus grosses chaînes, mais toujours dans le bio. Et donc, Vidya, à la base, ce n'est pas ma création. Vidya, c'est la création de Grégory et Alain, qui étaient mon associé. Donc, on était trois au départ, nous ne sommes plus que deux. Et donc Grégory et Alain lancent Vidya Ayurveda. Vidya Ayurveda, ça veut dire en sanskrit, donc une ancienne langue indienne, la connaissance de comment vivre longtemps et en bonne santé. T'as vu, tout un programme. Tout un programme,
- Julie Denis
exactement.
- Fatima Ftaich
Et donc ils se lancent là-dedans, ils font de la cuisine ayurvédique, ils s'amusent, ils font plein de trucs et tout. Et moi je les vois, j'ai l'impression que c'est deux potes. Greg donc est ingénieur de formation, il a fait les grandes écoles parisiennes, etc. Alain, c'est un geek de dingue, il a bossé chez UPS, etc. Comme data analyst, programmeur, enfin voilà. ils font leurs petits trucs de mecs qui ont envie de changer de life tu vois et moi je suis toujours dans je suis toujours en struggle je suis toujours un peu dans dans dans dans le monde du salariat et je les vois faire leurs trucs mais ça me branche pas tu sais c'est cuisine ayurvédique j'ai l'impression que ça a un peu roulé sous les aisselles je suis là ils ont fait un site il est il est moche comme tout et moi je suis là ok et ils me demandent à plusieurs reprises viens viens viens on a besoin de toi on a besoin de ton input je suis sûr que tu vas apporter quelque chose et tout et tu sais jumper dans un truc qui existe déjà c'est un peu bizarre tu vois parce que tu te dis comment est ce que tu fais Je vais faire mon truc, montrer ma patte. Et puis, à un moment donné, je craque et j'y vais. Et c'est comme ça que s'est créée mon aventure entrepreneuriale. Le départ un peu sur un serendipity, tu vois. Genre une espèce d'accident miraculeux. Donc j'y vais, je me lance avec eux. Ça n'a pas été facile dès le départ parce que c'est quand même... Même s'ils sont hyper cool. Il y a quand même, tu sais, toujours des petits relents un peu matchistes, des petits trucs. Ils se sont faits leurs petits trucs à deux. Puis tu arrives, tu leur dis, bon, les gars, est-ce que... Et puis, personne ne t'écoute. Et tu es là, tu répètes cinq fois, bon, les gars, vous m'écoutez. Donc, voilà comment j'ai dû un peu aussi montrer de quel bois je me chauffais. Donc, voilà. Et puis, j'ai fait ma place. Et puis, je leur ai vraiment prouvé que, voilà, je pouvais faire la différence dans Vidya. Donc, on va dire Vidya, aujourd'hui, c'est vraiment Vidya 3.0, quoi. Vidya, à la base, c'était un petit peu... C'était un peu différent. Et donc, voilà comment je suis arrivée dans notre...
- Julie Denis
Qu'est-ce qui faisait que, parce que j'entends, ils t'ont demandé plusieurs fois de rejoindre l'aventure. Tu as hésité au départ. Qu'est-ce qui te faisait hésiter ?
- Fatima Ftaich
Premièrement, Grégory, qui est donc mon cofondateur aujourd'hui, est accessoirement mon mari. Oui. Je dis à chaque fois accessoirement, les gens pensent que c'est mon running gag, tu vois. Mais ce n'est pas mon running gag. C'est vraiment accessoirement mon mari. Parce que je me disais, putain, on est mariés depuis plus de 20 ans. Ça fait un bail, ça fait très, très, très, très long quand même. Je me suis dit, attends, on est mariés, on vit ensemble, on a des gosses ensemble, on va bosser ensemble, ça va faire long, quoi. Et puis, en fait, on est tellement différents, on est tellement complémentaires, qu'en fait, non, ça s'est super bien passé. C'était un peu une limite que je m'étais mise, mais qui n'avait pas lieu d'être. Et puis aussi, je me suis dit, tu sais, c'est toujours un peu la légitimité, mais qu'est-ce que je vais faire ? Est-ce que je suis capable ? Est-ce que je vais y arriver ? Est-ce que je vais pouvoir vraiment apporter quelque chose dans cette boîte ? Et voilà, et puis ce qui m'a poussée par... Par contre, finalement, c'est bon déjà la confiance qu'ils me montraient, les deux. Et puis, surtout, j'étais extrêmement malheureuse dans ce que je faisais.
- Julie Denis
Oui, c'est ce que j'allais te poser comme question, parce que souvent, ce qui nous freine aussi, c'est le confort du salariat et principalement le confort matériel et le salaire. À la fin du mois, est-ce que ça, ça a joué ?
- Fatima Ftaich
Écoute, j'étais la nana qui a ramené la bouffe sur la table. puisque Greg avait déjà fait son petit burn-out et tout. Il s'était dit, moi, je me lance avec mon cuisinier ayurvédique. Donc, moi, j'étais la meuf qui amenait à manger, qui travaillait. Donc, je me suis dit, bon, ça va faire deux personnes qui vont être un peu dans le grand bain de l'inconnu. On a quatre enfants. Donc, moi, je me suis beaucoup reproduite. On en reparlera,
- Julie Denis
j'avais quelques questions là-dessus.
- Fatima Ftaich
Donc, je me suis dit, putain, ça va être chaud. Comment je vais faire ? À l'époque, on en avait trois quand on s'est lancés. Et en fait, c'était toutes des petites choses qui me mettaient un peu des freins, mais voilà. L'appel de la liberté a été plus fort.
- Julie Denis
Tu l'as déjà évoqué, se lancer à trois. Je pensais que vous vous étiez lancés à trois, mais en fait, vous vous êtes lancés. Eux se sont lancés à deux et toi, tu as rejoint l'aventure par la suite. Comment est-ce que tu as vécu ça, d'avoir ce projet-là à trois, de devoir prendre des décisions à trois, de devoir, comme tu dis, accessoirement aussi de travailler en couple ? Comment ça a fonctionné ?
- Fatima Ftaich
C'était compliqué. C'était compliqué. Franchement, je ne vais pas mentir en disant que c'était hyper smooth. Ce n'est pas vrai. En fait, le problème, c'est que quand tu formes un binôme aux yeux de quelqu'un, donc aux yeux de mon troisième associé, c'était compliqué parce que peu importe la décision qu'on prenait, il pensait que c'était un peu, tu sais, une coalition. Alors que ce n'était absolument pas le cas, vu que Greg et moi, comme je te dis, on est tellement différents qu'en fait, souvent, moi, je dis A, lui, il dit B, tu vois. C'est très, très, très souvent. Et à la limite, je suis beaucoup plus en accord avec Alain, qui était mon deuxième associé. qu'avec Grégory, qui est mon associé, mon mari. Et je sentais que c'était difficile pour le troisième larron, donc pour Alain. Et donc, ce n'était pas évident, franchement. Et puis, il y avait aussi un moment, un problème de vision. Les garçons avaient créé ce projet vraiment sur une envie de changer le monde, mais presque un peu... C'était extrêmement activiste, tu vois. Et à un moment donné, moi, je suis aussi mère de famille. Greg aussi, ça commençait un petit peu à tourner dans sa tête. Il faudrait peut-être qu'on en fasse un métier de ce truc. Il faudrait peut-être qu'on gagne de l'argent parce que c'est bien de vouloir... Tu sais ce qu'on faisait ? On faisait des jus. Donc, on a commencé à acheter des machines, des extracteurs de jus. Et alors, ce qu'on faisait, c'est qu'on voulait revaloriser les fruits et légumes auprès des personnes âgées et auprès des enfants. Donc, on allait faire des ateliers jus dans les haubes et dans les écoles. Mais on gagnait rien, tu vois. Donc je disais, les gars, je vous adore, mais on ne va pas faire ça pendant des années. Venez, on fait ça le week-end. Et la semaine, on s'est trouvé de quoi nourrir nos moutards. Enfin, en tout cas, les biens. Et je sentais, tu vois, que ça coiquait un peu. Parce que l'idée, il y avait comme, tu sais, un peu une corrélation dans la tête des uns et des autres. Et je me suis dit que, en particulier d'Alain, qui disait, ça y est, on est devenu capitaliste.
- Julie Denis
Moi, je suis psychologue de formation. On a aussi un peu ça, les psychologues. On ne doit pas trop gagner parce que ce n'est pas bien de gagner trop d'argent sur le malheur ou le mal-être des gens. Et en même temps, il faut gagner sa vie. Et quand on entreprend, c'est un business aussi à faire tourner. Il faut manger, nourrir sa famille, etc.
- Fatima Ftaich
Il faut d'autant plus et mieux gagner sa vie. Je dirais que, comme tu le sais, on a des charges. Donc, ton salaire n'est pas ton salaire. Tu dois compter les charges, faire 1,5 pour pouvoir te dire, j'ai payé l'ONSS, etc. Là, tu as tout ce que tu veux. J'ai mis un peu de thunes de côté au cas où. Donc pour ça, ce n'est pas avec 2000 balles par mois que tu t'en sors. Donc oui, la question de l'argent, ça devenait, et ça l'est toujours aujourd'hui, c'était une question un peu tricky, mais en même temps, une question primordiale qu'il fallait qu'on aborde. Et donc, au fur et à mesure du temps et des années, notre troisième associé, on avait du mal à prendre des décisions. Par exemple, tu l'as évoqué tout à l'heure, on a créé notre propre marque qui s'appelle Itia. Itia, c'est les basiques du placard, mais comme je disais, en version... impeccable. Tu vires tout ce que t'as. Donc je dis, Itia, c'est la marque qui te fait oublier tes ex. Marque. Tu vois ? Donc tu déjectes tout ce que t'as dans ton placard, parce que ton sel, tu sais pas s'il y a des additifs bizarres dedans, ton miel, s'il est pas coupé avec du sucre, ton huile d'olive, s'il y a pas des petites mains qui sont faites maltraiter pendant la saison de la récolte et tout. Et hop, tu remplaces avec Itia. Quand on a créé Itia, ben voilà, on était pas forcément d'accord avec... Pas sur rien, pas sur le nom, pas sur le branding. C'est fatigant. C'était fatigant à chaque fois de voir. Et donc, finalement, avec beaucoup d'amour, parce qu'on s'aime beaucoup et qu'en fait, heureusement, quand il y a ça, même si les choses sont difficiles, ça se passe bien. Alain est sorti du décisionnaire. Il est resté dans l'actionnariat. Il est même resté employé de la boîte. Donc, il y a absolument... Tout découle, quoi, tu vois. C'est juste qu'à un moment donné, on a fait les grands, on s'est mis autour de la table et on s'est dit, bon... On est d'accord qu'il y a un truc qui cloche. Et voilà, ça s'est bien passé. On a de la chance.
- Julie Denis
Oui, c'est génial quand, malgré les difficultés, ça peut quand même se passer de manière à ce que chacun puisse trouver sa place et chacun puisse trouver son propre équilibre et puisse s'y retrouver. Tu parlais du nom de la marque. Ça me fait penser à la communication, votre communication. Et je sais que c'est ta casquette, ton rôle dans la boîte, enfin, un de tes rôles, parce que quand on est entrepreneur, on n'en a jamais qu'un. Alors, j'adore déjà votre communication, dans le choix des mots. Quand on te lit, c'est comme si on parlait à une pote, quoi. Il n'y a pas ce truc lisse, corporate, qu'on pourrait voir ailleurs. Et malgré tout, ça devient quand même une grosse marque. Vous avez gagné plusieurs... prix là, dernièrement. D'ailleurs, on a dû reporter l'interview ici parce que vous étiez à Paris pour deux prix, je pense. L'année passée aussi, vous aviez gagné un prix. Est-ce que ça a été un choix facile ? de, parce que, alors j'imagine, ça c'est mon interprétation, mais j'imagine que quand on communique comme ça, ça plaît à certaines personnes, ça ne plaît pas à d'autres, et donc il faut assumer, de l'extérieur, ça paraît très assumé, et nous on est comme ça, très authentique, j'ai l'impression que quand je lis, je te parle, enfin tu me parles plutôt, est-ce que ça a été un choix facile que de communiquer, commencer à communiquer comme ça, et s'affirmer de cette manière-là ?
- Fatima Ftaich
quand on a commencé les réseaux sociaux ça existait ça existait c'était un truc que les garçons avaient lancé ils faisaient leur truc activiste un peu caca cola tu vois des trucs vraiment des trucs d'ado et puis quand j'ai pris conscience du levier que représentaient les réseaux sociaux parce que bon moi tu as parlé de mon background, moi je suis sociologue et anthropologue mais J'ai pas forcément de connaissances en communication, j'avais pas forcément de connaissances en communication. J'étais quelqu'un, et je suis toujours quelqu'un qui est très curieux de toutes les nouveautés, et qui a besoin de connaître ces nouveautés aujourd'hui. Ça fait vraiment partie de l'essence même de mon métier. Et donc je me suis intéressée aux réseaux sociaux, j'ai regardé un peu ce que faisaient les autres, et j'ai décidé de prendre ça au sérieux. Et je me suis dit, ok, comment est-ce qu'une boîte qui a un e-commerce, une boutique... qui vend des produits bio, qui importe des containers qui viennent à travers le monde et qui veut se positionner comme une marque incontournable dans tout ce qui est healthy lifestyle, justement autour de produits qui ont fondu bien au corps et à l'esprit, comment est-ce qu'on fait ? J'ai regardé ce que faisaient les autres et je me suis dit j'aime pas, j'aime pas, j'aime pas, c'est pas nous, comment on va faire ? Comme je disais, c'est très corporate. Et en fait, les choses se sont mises, je me suis dit, écoute, si tu étais authentique, si tu étais naturelle, si tu parlais aux gens comme tu parlerais justement à tes potes. Je fais toujours attention parce que tu sais, le talent, regarde la meuf qui se sauce, tu vois. Le talent, c'est d'arriver quand même à exprimer des choses de façon très vulgarisée, simple, compréhensible, mais en gardant un certain niveau d'écriture. Et là... Je me suis fait plaisir, je me suis dit, t'écris comme tu parles, mais il faut que les gens comprennent que c'est pas une teubé qui écrit et c'est pas une ado de 16 ans. Et donc le travail a été là-dessus. Alors ta question, est-ce que c'était facile à assumer ou pas cette forme d'authenticité quand on est une boîte ? C'est pas forcément facile parce que moi je m'adresse quand même à un persona qui est assez large. J'ai envie de m'adresser à des meufs et en particulier à des meufs. mais il y a beaucoup aussi je me rends compte que j'ai quand même pas mal d'hommes qui nous suivent des meufs qui vont entre 25 et 65 elles ne parlent pas de la même chose elles ne vivent pas la même chose le jonglage il est là quand tu dis yo Habibi c'est le petit surnom gentil que j'ai donné à nos abonnés c'est Habibi et bébé Habibi ça veut dire mon chéri et en fait pour l'anecdote je crois que je ne l'ai pas raconté c'est ma mère qui dit Habibi à tout le monde donc elle va voir le boucher elle va dire Habibi tu veux mec Habibi genre des gens qu'elle connait pas et je trouvais ça super mignon à chaque fois parce qu'elle parlait à des tout petits à des vieux schnock à des mecs plus viveux qu'elle tu vois Habibi et je trouvais que c'était hyper mignon et du coup ça restait Yo Habibi et donc quand tu dis Yo Habibi à une nana de 50-50 je me dis mais qui êtes-vous madame c'est moi et en fait finalement les gens s'habituent parce que voilà c'est une façon aussi je trouve que ce monde il est très dur et Et de venir avec des petites marques d'affection qui font plaisir. Parfois, dans une journée, quelqu'un t'appelle Alhababé. Tu vois, ça fait partie du côté très nice que j'ai envie de montrer. Très care, tu vois. Très soin, très gentil. Moi, je trouve qu'on n'est pas assez gentil dans ce monde. Et que la gentillesse, c'est vraiment une valeur hyper importante. Et en particulier, quand tu veux être une boîte éthique, ça fait partie du package. Et donc, en termes de communication, ce n'est pas toujours évident. Surtout, parfois, je prends des positions qui, parfois... peuvent être préjudiciables au regard de l'actualité, etc. Mais je me dis, justement, dans cette optique d'être humain, dans cette optique d'être nice et gentil, etc., je pense qu'à un moment donné, on a aussi, en tant qu'entreprise, une responsabilité. Il y a beaucoup d'entreprises qui se disent, moi, je suis éthique ou j'ai telle ou telle valeur. Je pense qu'on a à gagner aujourd'hui aussi pour nos enfants, pour que dans le futur, dans 20 ans, 30 ans, on n'ait pas à rougir. d'avoir dit ou de ne pas avoir dit, de pouvoir réagir parfois à des situations qui sont clairement problématiques.
- Julie Denis
Si je résume un petit peu, si je comprends bien ce que tu expliques et le cheminement, c'est... Je parle beaucoup de connaissance de soi et de revenir à soi. Ce choix de communiquer de cette manière-là, d'une part, tu n'aimais pas beaucoup les manières plus lisses et corporées de faire, mais que tu t'es posé la question, qui est-ce que je suis moi et comment est-ce que moi j'ai envie de faire ? Et c'est chaque fois revenir à ça, finalement, qu'est-ce que moi j'ai envie de transmettre ? Puis, je ne t'entends pas parler, donc... j'imagine que ce n'est pas important. Le regard que d'autres peuvent avoir ou les personnes à qui ça ne plaît pas, ça ne plaît pas. Mais pour toi, c'est important de transmettre ces choses-là. Et donc, tu le fais.
- Fatima Ftaich
Exactement. Je me dis, je vais attirer les personnes qui sont touchées par cette énergie-là. Et celles qui ne le sont pas, elles vont aller acheter chez K, chez d'autres. Et c'est tant mieux. Ce dont je n'ai pas forcément parlé, c'est peut-être plus la difficulté de... Parce que quand tu as ce type de communication, ce branding-là, qui est à la limite entre un branding personnel, parce que moi, j'ai un compte personnel que je ne développe pas forcément, peut-être que je développerai à un moment donné où je parlerai plus de choses qui me concernent moi perso. Mais donc oui, il y a parfois un télescopage entre ma vie d'entrepreneur et l'entreprise que je représente. Et là où parfois ça peut être un peu difficile, c'est que je ne suis pas seule. dans cette entreprise. Donc aujourd'hui j'ai aussi mon co-fondateur, j'ai d'autres personnes qui font partie de l'équipe, etc. Et parfois, je me pose un peu de... Mais ça, c'est des questions que je me pose à moi-même. Parce que dans l'équipe, il n'y a personne qui me dit oui. Au contraire, c'est go, go, go, vas-y. C'est de me dire, voilà, est-ce que je suis assez représentative des autres ? Mais voilà, on m'a donné la casquette de maintenant tuer la représentante de Vidya. D'ailleurs, il y a des gens qui m'appellent Vidya. Je m'appelle Fatima, bonjour.
- Julie Denis
Alors, j'aimerais parler du fameux équilibre... vie privée, vie professionnelle, j'aime pas beaucoup ce terme parce que la vie, c'est comme si on avait deux vies, alors que c'est de moins en moins le cas de manière générale et en tant qu'entrepreneur, encore moins même si forcément il faut veiller à un certain équilibre et d'avoir un certain équilibre entre les différentes sphères de notre vie que tout ait sa juste place tu l'as évoqué tout à l'heure, t'as 4 enfants déjà 4 enfants tout court, même sans job c'est déjà euh... plus qu'un full-time, je pense, en soi. Comment est-ce que tu gères cet équilibre au quotidien ? Et je pense aux pratiques, aux pratiques, tu vois, de comment tu gères, c'est une chose, mais aussi comment est-ce que toi, tu vis les choses ? J'avais vu passer, j'ai retrouvé dans mes devoirs, un post que tu avais mis sur LinkedIn sur la difficulté, la culpabilité parfois d'avoir le sentiment, et j'entends beaucoup d'entrepreneurs dire ça. d'avoir l'impression de ne pas avoir assez travaillé dans sa boîte quand on a été occupé avec sa famille, ses enfants. Et quand on est occupé avec sa famille, ses enfants, avoir le sentiment de ne pas avoir assez travaillé pour la boîte. Comment est-ce que tu gères et comment est-ce que tu vis ta vie de femme, de mère, d'entrepreneuse, de femme épouse, mais de femme, femme, toi juste, toi avec toi quoi ?
- Fatima Ftaich
Je ne gère pas. C'est une question qui est très difficile parce qu'effectivement, moi, les dernières années, Elles ont été difficiles. Donc, comme tu disais, j'ai quatre enfants. J'ai deux adolescentes de 17 et 16 ans. J'ai un petit garçon de 12 ans, qui va avoir 12 ans dans quelques semaines, et une petite de 5. Donc, je les adore. C'est la prunelle de mes yeux. C'est mes grandes dudus, mes petits loulous. Mais effectivement, cet équilibre, pour moi, aujourd'hui, je ne l'ai pas trouvé. Je te dirais que c'est aussi très fluctuant, tu vois. Aujourd'hui, là... j'ai zéro équilibre. Je commence à bosser. Je quitte chez moi, il est 7h du mat, je rentre chez moi, mes enfants sont déjà à la maison parce que j'ai de la chance d'avoir des adolescentes donc elles ramènent les petits à la maison. Nous sommes quasiment dans les mêmes écoles, pas très loin. Et je rentre, il est 20h, 20h30. J'ai à peine le temps de faire un petit bisou à la petite qui est dans son lit d'ailleurs déjà. Je parle aux ados, en général c'est pour faire un micro-topo de ce qui s'est passé dans la journée. Mon fils, il est déjà un peu au lit. Franchement, je vais pas te faire le... topo glamour, ouais non t'inquiète j'ai la nounou, j'ai le truc, je m'occupe, c'est pas vrai pour l'instant pour moi c'est ok parce que dans la vie d'entrepreneur la vie elle est très fluctuante il y a des moments où c'est très très chargé pour plein de raisons, voilà parce que c'est saisonnier ou parce que il y a des challenges particuliers etc ce qui est notre cas pour l'instant et puis il y a des moments où c'est un peu plus cool et effectivement tu peux commencer à justement te dire est-ce que, tu vois le post que t'as lu sur LinkedIn c'était un moment où j'étais un peu plus cool quand même tu vois Donc vous pouvez même encore me poser cette question-là. C'est une question qui, moi, me travaille beaucoup parce que j'ai à cœur de trouver cet équilibre-là que je ne trouverai pas maintenant parce que j'en suis persuadée qu'il est impossible de trouver un équilibre professionnel et familial, en particulier quand on est entrepreneur. C'est une constatation que j'ai faite il y a quelques années, il y a un an et demi environ.
- Julie Denis
Par rapport à quoi ? Tu dis à ce moment-là spécifiquement ?
- Fatima Ftaich
Il s'est passé un truc dans ma vie. que je n'avais jamais vécu de mon existence. C'est suite à pas mal d'éléments, j'en parlerai probablement, mais j'ai fait une opération des gencives. En fait, j'ai hérité des gencives de mon père, des choses, des trucs vraiment pas glamour, bien chiants. Et on m'avait recommandé un super stomatologue, je pense, qui devait m'opérer pour me faire une greffe. On va dans ton palais, on prend un morceau de truc. Franchement, c'est pas... Mais bon, t'es sous anesthésie, tu sens rien, voilà. Tu ne sens absolument rien. Et ce jour-là, sur la chaise d'opération, donc j'étais en anesthésie locale, tout allait bien, je sentais rien. Et à un moment donné, j'ai pris une conscience vertigineuse qu'on était en train d'ouvrir le palais. Et j'ai fait une crise d'angoisse. La première de mon existence. Et c'était absolument pas le moment, c'était un très bizarre moment, donc j'étais là, mon corps s'est mis à dérailler. Et je me suis dit, what the fuck ? Meuf, tu peux pas bouger là. Tu vas pas te lever, tu vas rien faire. Et c'était... tellement déstabilisant, surtout quand t'as une vie entre guillemets que tu estimes assez contrôlée, bien cadrée, etc. Tu te dis, là il m'arrive un truc qui m'est jamais arrivé, je sais pas ce que c'est, je sais pas comment nommer, je savais même pas que c'était une crise d'angoisse. Je savais pas ce que c'était, j'avais juste une espèce de chaleur qui me montait, le cœur qui baladait plus vite, l'envie de partir. Et puis bon, l'infirmière s'en est rendue compte, pas le praticien, elle m'a serré le bras, elle m'a dit Madame, vous ne bougez pas. Vous ne pouvez pas partir. Et puis, ne vous inquiétez pas, je suis là. Et donc, petit à petit, je me suis concentrée. C'est très naturellement. Un peu comme un animal, tu te concentres sur ta respiration parce que tu ne sais pas quoi faire. Donc, voilà. Malheureusement.
- Julie Denis
Bon réflexe, la respiration.
- Fatima Ftaich
Oui, parce que tu... Mais oui, c'est un réflexe. C'est littéralement un réflexe. Malheureusement, depuis ce jour-là, c'était la première d'une longue, longue série de crises d'angoisse. Et en fait, d'une période... En fait, c'était une période de crises d'angoisse. C'est-à-dire, comment dire ? J'étais comme dans un... moment où j'étais toujours, toujours, toujours, toujours sous adrénaline. Genre, tu te lèves le matin, t'es sous adrénaline. Tu ouvres tes yeux.
- Julie Denis
À cause de ces crises d'angoisse, ou bien c'était une période chargée qui te demandait d'être tout le temps au taquet ?
- Fatima Ftaich
Je ne le savais pas. Je ne savais pas pourquoi. Ce n'est qu'un an et demi après que j'ai compris ce qui s'était passé. J'avais juste envie de me sauver de ce truc-là et de faire en sorte que ça s'arrête. Donc, ça a complètement reshaped, reformulé, reformaté ma vie. parce que je n'arrivais plus à rien faire. Je n'arrivais plus à rien faire. Je n'arrivais plus à aller travailler. Je n'arrivais plus à m'occuper de mes enfants. Ma petite, elle avait genre trois ans et demi. Elle a pris une aile de tes yeux. Le petit bichon qui vient sur tes genoux, dès que tu le mets, c'est ta mascotte. Elle vient sur tes genoux, hop, elle tape. C'est comme... Ça ne marchait pas. Je ne pouvais plus l'avoir sur moi. Je disais, non, non, les gars. Putain, j'ai des ados. Donc, elles se disputaient tout le temps. Mais pour des conneries, elles disaient, t'as pris mon chouchou. Non, c'est toi. Je disais, les filles. Je suis pas bien, là vous êtes en train de me provoquer une crise d'angoisse rien que de vous voir vous chamailler. J'entendais un klaxon un peu trop fort, j'avais des triggers mais pour tout et n'importe quoi. Le plus dur ça a été que je faisais des crises d'angoisse la nuit. Dès que j'arrivais dans mon lit, donc à la limite à un moment donné j'arrivais un peu à gérer en journée, dès que j'arrivais il était 19h, 20h, 20h30 je me disais ok là j'arrive au lit, je vais aller me coucher et ça y est. Mais le problème c'est que c'était en vague, donc j'avais des crises d'angoisse. littéralement de 9h du matin à 6h du matin. Donc je ne dormais pas. Je ne dormais pas du tout, du tout, du tout. Ces nuits blanches ont duré deux semaines et demie. Donc pour moi, enfin, je disais, vous savez c'est une torture qu'on infligeait à des gens en prison, de les empêcher de dormir. Oui, tout à fait. Mes journées étaient nulles, je faisais rien, j'étais à fleur de peau, etc. Donc je me suis dit je vais m'en sortir. Je veux m'en sortir. Je veux pas que ce truc, que j'ai pas encore identifié, pourquoi, comment, d'où ça vient, ce qui s'est passé, etc. Je veux juste que ça s'arrête et je veux retourner à ce qui se passait avant. Donc j'ai mis en place plein plein plein de trucs que j'avais un petit peu glané de ci de là. Je me suis intéressée à la question du cortisol. Je me suis intéressée au fait que je faisais du sport, mais je faisais du sport avant d'aller dormir. Je me suis dit tiens, c'est peut-être pas la bonne idée. Je me suis un peu renseignée. Non, faire du sport avant d'aller dormir, c'est quand on a des crises d'anchois. C'est pas la meilleure idée, en particulier des sports où tu vas faire augmenter ton rythme cardiaque. J'ai commencé à marcher, j'ai commencé à mettre en place des marches longues tous les jours, tous les jours, tous les jours, tous les jours. C'était pas mon truc en plus la marche, franchement. Mais je me suis dit, tu vas marcher pour ta fucking santé mentale. Tu vas marcher, mais qu'il pleuve, qu'il vent, tu vois.
- Julie Denis
J'ai vu ça sur un réel dernièrement encore, c'est marcher pour la santé mentale. Ouais,
- Fatima Ftaich
tous les jours. Et c'était mignon, j'ai une anecdote avec ma grande qui a 17 ans aujourd'hui, qui avait 15 ans et demi, et qui me dit, maman, je vais marcher avec toi. et alors elle marche avec moi et puis on était sur le canal d'Under Lake tu vois elle s'arrête et puis elle me prend dans ses bras et me dit maman je t'aime je veux pas que tu restes comme ça je suis comme ton chien de compagnie et j'étais là en pleurs je me dis putain c'est trop mignon attends tu sais les gens qui sont vraiment tu sais qui ont de l'autisme qui ont des troubles des trucs ils ont leur chien là qui les rassure et en fait ça me faisait pareil je me disais putain et donc ouais pourquoi pourquoi pourquoi c'était la question tu vois pourquoi j'ai ça et en fait c'était ce côté sois fort quoi tu vois C'était ce côté girlboss.
- Julie Denis
Je suis une meuf qui tout réussit, dans la mesure de ce qu'on connaît. Mais genre, j'ai ma petite famille, j'ai ma boîte, je gère. Il n'y a rien qui tourne de travers. Je suis dans le contrôle et en fait, non, non, non, non. Il y a beaucoup de choses que j'éludais, que je ne voulais pas voir. Il y avait beaucoup de choses où je me disais, OK, on avance, on s'en fout, ce n'est pas important. OK, on avance. Ma mère, elle a eu un petit cancer juste avant. Et j'étais la meuf qui faisait, tu sais, genre, c'est bon, je suis forte. J'engueulais tous mes frères et sœurs en disant, alors il n'y a personne qui va pleurer chez elle, il n'y a personne qui va lui dire, ok, on est là. Et en fait, je n'ai pas pleuré, je n'ai pas... Et en fait, c'était l'accumulation de tout ça. Et sur cette table d'opération, ça a été le trigger, ça a été le déclencheur. Et donc, il m'a fallu petit à petit vraiment faire face à ça. Et me dire, ok, je fais des listes. Je fais, qu'est-ce qui ne va pas dans ta... Avec quelle émotion tu ne veux pas rentrer en contact ? Qu'est-ce que tu as envie de fuir ? Et donc j'ai fait mes listes, ça, ça, j'ai fait comme si ça n'existait pas, ça, j'ai pas... Ça c'est pour moi, j'ai considéré que c'était pas important, ça... Alors que pour des gens, c'est la fin du monde, tu vois. Et moi j'étais là, non, ça c'est bon, ça c'est bon, ça passe. La peur de la mort... Et puis à un moment donné, j'ai déconstruit tout ça. Je dis pas que j'en suis sortie... Enfin si, je me suis sortie de mes crises d'angoisse. J'en ai plus pour l'instant. Alors que je te dis, la situation elle est bien merdique pour l'instant. Il y a des moments où c'est pas facile. Mais je me dis, tant que j'ai pas ça, c'est bête. Mais je me dis, tant que je n'ai pas ça, c'est que je peux gérer. Et je me suis rendue compte d'un truc qui était... Tu parlais tout à l'heure du corps de femme, de comment est-ce que je me... Aussi, en tant que femme, comment je me... Et en fait, je me suis rendue compte aussi que j'avais négligé mon corps, que je ne rentrais plus en contact avec mon corps. C'était un corps qui m'amène au boulot, qui a porté des enfants, qui a... Je ne mangeais pas bien. Voilà, tu vois, si je me disais, tiens, aujourd'hui... J'ai bu un chocolat chaud et j'ai mangé un cookie, c'est bon. J'ai mangé pour la journée, tu vois. J'étais très contente parce que j'étais slim, tu vois, tout ça. Mais c'est que des troubles alimentaires, en vrai. C'est plus tard que j'y ai pensé. Et je me suis dit non, non, non. Ton corps, là, il est en train de te dire OK, tu ne veux pas m'écouter ? On va voir ce qu'il patronne.
- Fatima Ftaich
Oui, c'est souvent comme ça que ça se passe. Quand on ne veut pas écouter, c'est le corps qui parle.
- Julie Denis
Et donc, je me suis dit OK, OK. On va faire un compromis, s'il te plaît. D'accord ? À partir de maintenant. je vais essayer de faire tout ce que je peux pour comprendre mes limites. Que ce soit avec les gens, que ce soit avec moi-même, que ce soit par exemple là aujourd'hui, je me rends compte que j'ai besoin d'une pause. Et je ne vais pas te retirer parce que je te disais que j'étais très contente de ne pas faire de crise d'angoisse, mais tu ne sais pas quand ça peut revenir ou pas. Et l'idée, c'est de ne pas retourner là, parce que le message, il était loud and clear. Il était très clair pour moi. Donc, c'est un message qui a duré un an, un an et demi, parce que j'ai struggle pour m'en sortir, tu vois. Et l'idée, c'est de se dire, OK, mon corps, on va commencer à faire attention, parce que tu n'es pas qu'un véhicule, tu es aussi le réceptacle de mon âme, de tout ce que j'offre au monde, de tout ce que je représente pour mes enfants, pour mes proches, etc. Donc, j'ai commencé à faire attention à comment je mangeais, alors que, tu sais, j'étais très... Moi, mon métier, c'est aussi de prôner l'alimentation saine, etc. Merci. Je suis très contente. En fait, c'est là aussi la schizophrénie. Quand tu es entrepreneur, tu dis, ok, voilà, mais pour faire mon jus, il faut que je me pose dans ma machine, mais ça veut dire que je ne peux pas contacter les Indiens pour le container qui est le truc. Et donc, j'ai commencé à faire attention à ce que je mangeais, j'ai commencé à faire du sport adapté à ce dont j'avais besoin. Donc plutôt des sports un peu pilates, pas forcément du yoga, mais du pilates. Là, petit à petit, je suis en train de faire de la musculation, parce que ça aussi, c'est pour un peu augmenter mon métabolisme, etc. La marche, toujours. encore et toujours tous les soirs, là, même quand je finis à 8h, comme je te disais, je me fais 45 minutes de marche avant de rentrer chez moi, ne serait-ce que pour évacuer toutes mes idées. Et des massages, je commençais à me faire masser. La meuf, j'ai fait une crise d'angoisse pendant que la meuf me massait. Attends, c'était ambiance, mais tu sais, zen au possible, la petite musique, l'huile. Et je me suis dit, t'es en train de faire une crise d'angoisse sur une table de massage, t'es sérieuse ?
- Fatima Ftaich
Mais en même temps, les crises d'angoisse, elles viennent. quand il y a de l'espace, quand il y a du vide et donc tu parlais des crises d'angoisse la nuit, c'est à ce moment-là qu'il n'y a plus je fais ça, je fais à gauche, à droite, machin et tout et quand on se fait masser, typiquement c'est très zen, c'est tout ce qu'on veut mais il y a de l'espace en fait pour que ça monte.
- Julie Denis
C'est exactement ça et en plus le pire c'est que mais tout te trigger, tu vois. Il y avait la musique, tu sais, genre détente et tout je peux pas entendre ce truc. Madame, s'il vous plaît est-ce que vous pouvez baisser le son ? ... T'as l'impression que t'es zinzin, quoi. Mais donc, j'ai forcé, j'ai tenu, j'ai tenu. Et puis, alors, autre chose importante, pendant cette période, je me suis dit, je me suis dit vraiment que j'étais en colère aussi. Et il y avait un truc avec cette colère par rapport au cancer de ma mère, par rapport au truc. Mais par rapport à d'autres choses aussi. Donc par rapport aux choses de la vie, mais par rapport à des injonctions. J'étais en colère parce que je me suis dit, putain, il y a trop de mensonges en fait. Tu sais, pour revenir, fermer la boucle avec la question de l'équilibre familial, entrepreneur, femme, etc. Et bien en fait, je me suis dit, j'ai trop de modèles autour de moi qui sont fake. Et on parle en particulier des réseaux sociaux. Et qui te font croire qu'en fait, ils arrivent à gérer leur vie de famille, qu'ils arrivent à gérer, qu'il ne leur arrive aucun couac. que c'est des entrepreneurs à succès ou pas. En tout cas, sans vague. Et toi, tu nourris un peu de ça en disant que c'est un peu tes modèles. Que tu le veuilles ou non, tu te dis que tu aimerais bien arriver à ce level-là. Et je ne te parle pas forcément des Kim Kardashian et compagnie. C'est encore un autre. Mais bon, prenons Kim Kardashian. La meuf, elle est sur tous les trucs. Elle a des entreprises à succès. Si tu t'arrêtes à ça, tu te dis que tu ne sais pas l'armada qu'il y a derrière, les nounous, les trucs, les histoires. Et tu te dis que c'est une girl boss. Non. Et t'as les minis qui me gardent à chiant, et t'as de France et de Belgique et de Suisse et d'ailleurs, et tu te dis, ah ouais, celle-là, elle a l'air de bien gérer son truc et tout. En fait, c'est pas vrai. Et à un moment donné, quand j'ai pris conscience de ça, j'ai un peu reproché à ce monde, justement, des réseaux sociaux et aussi autour de l'entrepreneuriat, de pas être assez franc et honnête. Et aussi concernant les difficultés que t'as en tant qu'entrepreneur, tu vois. Oui. Femme. Moi, je dis entrepreneur avec E, tu vois. Oui. c'est de se dire, non, ce n'est pas forcément facile. Parfois, on a même des coups de mou, on va dire, au niveau des chiffres d'affaires, des difficultés, les personnes n'en parlent pas. Donc, toi, tu te sens pure, parce que tu dis, il n'y a que moi qui ai ça. Il n'y a que moi qui vit des difficultés pour l'instant. Il n'y a que chez moi où j'ai X ou Y quacks avec des membres de mon équipe. Tu as l'impression que tu es tout seul. Et je trouve qu'il y a une forme de truc un peu malsain. Et moi, j'ai voulu, après ça, je me dis... meuf, avec Vidya, t'as aussi un message à passer sur ce sujet. Et c'est pour ça, je pense que t'as dû voir pas mal de trucs, c'est pas fini, qui partagent mon expérience sur ce sujet-là, et sur comment, par quoi je suis passée, sur le fait d'être vraiment plus dans la bienveillance par rapport à comment est-ce qu'on se met une pression énorme à être ok quand ça foire, et dire ok, il y a aussi des moments où c'est difficile, c'est marrant parce que j'ai partagé deux ou trois posts sur justement... par quoi je passais, mes galères, les crises d'angoisse, la difficulté d'être un entrepreneur, les difficultés qu'un entrepreneur peut vivre aussi. Et alors, j'ai reçu des messages en message privé de gens qui me disaient, ça va ? Fatima, j'ai l'impression que tu en dis un peu beaucoup. Il n'y a pas un truc... Mais dans les deux sens. Genre, est-ce que ça va ? Est-ce que tu ne vas pas mettre la clé sous la porte ? Un, ce qui n'est pas le cas. Et deux, est-ce que tu n'es pas un peu à la limite de ce que tu peux partager ?
- Fatima Ftaich
C'est très compliqué parce que je pense qu'effectivement, comme tu dis, c'est important de pouvoir partager ça. Moi, j'entends plein d'entrepreneuses plus grandes ou plus petites dans leur business, mais c'est compliqué en fait. Et dans l'entrepreneuriat, c'est compliqué parce que tu ne vas pas partager à longueur de temps. Mon business ne marche pas, mon business ne marche pas. Enfin, ça n'attire pas. Tu dois vendre aussi, donc ça n'attire pas. Et en même temps, tu as envie d'être authentique et trouver de nouveau cet équilibre et ce juste milieu pour... montrer un petit peu que c'est pas tout lisse, c'est pas tout rose tout le temps, et en même temps, communiquer ton message et dire, venez acheter chez moi, parce que finalement, c'est ça quand même le business, on ne comprend rien, c'est pas évident.
- Julie Denis
C'est absolument pas évident, mais je pense que si on avait... Il y a un peu cette culture... En fait, l'Amérique, c'est vraiment un pays de schizo, quoi. T'as ce côté où on te partage les faits, les échecs, etc. Et puis t'as ce côté où t'es vraiment dans le bling-bling, il n'y a rien qui te dépasse, etc. Et évidemment, moi, je m'intéresse plus à ceux qui partagent aussi les fakes parce que c'est comme ça que tu grandis. Et je me suis dit, moi, me concernant, effectivement, c'est pas sexy de dire j'ai fermé ma deuxième boutique. J'ai reçu des messages d'autres entrepreneurs. Donc, j'ai mon petit lab, ma petite boutique à la rue des Tannors. Et puis, on a ouvert à la rue Antoine Dansard une autre boutique. Cette boutique, on l'a ouverte, mais vraiment en quinconce. On l'a ouvert en précipitation, en disant putain on a un super endroit, je suis passé devant un dimanche avec les petits, mon mari, on s'est dit oh putain c'est trop génial, ça a l'air trop sympa et tout. Bim bam boum, on a ouvert, on n'a fait aucun effort, on n'avait pas de thune pour faire de vitrine, pour faire de la pub, pour faire enfin voilà. Après six mois, on s'est rendu compte que bon, c'était soit pas le bon lieu, soit clairement pas les... voilà, on n'avait pas mis ce qu'il fallait pour que ça marche. Du coup, on a décidé d'arrêter et je me suis dit c'est une belle leçon. C'est une belle leçon parce que ça parle de précipitation, ça parle du fait que, aussi, de mes limites. Parce que je me suis dit, à un moment donné... En fait, j'ai deux options. Soit je donne tout et je fais cartonner cette boutique et je peux le faire. Oui. Mais à quel prix ?
- Fatima Ftaich
Oui, oui, c'est ça.
- Julie Denis
Tu vois ?
- Fatima Ftaich
Oui, oui, bien sûr.
- Julie Denis
Je pouvais le faire. Donc, j'ai dit à Greg, moi, je peux faire cartonner cette boutique. Tu vois, la meuf encore qui se sauce. Mais c'est vrai parce que... Enfin, de la publicité, en parler, faire des événements, faire des trucs. Mais je me suis dit, je vais devoir me... des quadruplets. Je vais devoir être partout entre les achats, les trucs, la boutique, la communication. J'ai pas envie de faire ça.
- Fatima Ftaich
C'est ça, il y a une différence entre les compétences. Les compétences, tu les as. Mais après, il faut aussi prendre en compte l'énergie, le temps, les autres sphères qui sont importantes pour nous. En l'occurrence, quand on a des enfants, parce que ça je pense quand même, et surtout en tant que femme, ça fait une grosse différence être entrepreneuse avec enfants ou sans enfants. Tout ça, les compétences, c'est une chose, mais il y a plein d'autres paramètres.
- Julie Denis
Il y a les paramètres des ressources, mais pas que des ressources financières, des ressources mentales, des ressources d'énergie, des ressources que tu as autour de toi. Et je me suis dit, tu ne les as pas, tu ne vas pas te mettre en négatif par rapport à ça, donc t'arrêtes. J'ai arrêté cette boutique, j'ai partagé un post là-dessus et j'ai dit, pourquoi on a foiré notre deuxième magasin ? Il y a eu un chouette retour de la part des gens. Et puis, c'était marrant parce que ceux qui m'ont envoyé le plus de messages en DM, c'était d'autres entrepreneurs qui me disaient Waouh, t'as osé dire que t'avais foiré. Purée, nous, on a tellement foiré, on n'a jamais raconté à personne, etc. Et je n'aurais pas dit C'est pour ça que je vous en veux. Je leur ai dit Écoute, moi, je trouve que c'est en même temps un petit peu de... Comment dire ? Un petit peu... Je sentais que c'était un peu de Joji, tu vois, genre Meuf, quand même, voilà, tu t'en dis un peu trop. Mais en même temps, genre... Toast quoi Toast dans le sens de ce qu'on disait tout à l'heure Toast quand même de te mettre dans une situation Où t'es pas mise à ton avantage Mais en fait moi ma leçon Elle était pas là tu vois J'essaye d'aller chercher la leçon derrière le truc C'est pas genre dire aujourd'hui on a affamé notre boîte On est vraiment nul Non c'est de dire Il y a plein de leçons à apprendre Humaines de ça Evidemment que quand j'ai des succès Chose que toi en tant que si Tu dois probablement connaître J'en parle les très peu, j'en parlais très peu, je n'avais pas ce truc de la célébration parce que je me suis dit, encore maintenant, j'ai encore ce petit défaut-là, tu vois, de me dire ça va, c'est bon, c'est pas ouf, quoi, tu vois. Et en fait, je me dis, là, on a gagné nos deux prix, enfin trois prix finalement, mais deux cette année prix du meilleur produit bio, je me suis dit, mais là maintenant, je manque juste un peu de ressources pour m'attraquer, mais j'ai dit, j'en ai parlé, mais... J'ai célébré, j'étais hyper fière, hyper contente et j'ai dit aux gens, mais je vais vous emmerder avec ça. Mais tâchez-le quoi.
- Fatima Ftaich
Ben,
- Julie Denis
tâchez-le. Parce que je ne vais pas juste vous parler des fails que j'ai eus, mais les fails, c'est important. Vous sachiez que la vie d'entrepreneur, parce qu'il y a les personnes qui nous suivent, mes abonnés ne sont pas tous entrepreneurs et ne sont pas toutes entrepreneurs, mais ce sont des gens qui peuvent sentir un lien avec l'un ou l'autre partage que je fais, tu vois, à ce sujet-là.
- Fatima Ftaich
Oui, bien sûr, l'échec, il peut, évidemment, dans l'entreprise. qu'on arrête, c'est une chose, mais en dehors, on peut rencontrer des échecs aussi.
- Julie Denis
Et donc, moi, je me disais, si personne n'en parle, si personne ne dit rien, moi, en fait, ça m'a manqué. Quand je ne me sentais pas bien, j'aurais eu besoin que quelqu'un me dise Hey, c'est OK, ça m'est arrivé, j'ai foiré, et franchement, voilà les leçons que j'en ai tirées, et c'est super, et t'inquiète, tu vas rebondir, et tu vas aller mieux, et ceci et cela.
- Fatima Ftaich
Est-ce que quand vous avez fermé la boutique, est-ce que... il y a quand même une phase d'abord parce que j'entends quelle est la leçon que j'ai envie d'en retirer et je pense que c'est hyper précieux d'arriver à faire ça parce que beaucoup de personnes n'y arrivent pas est-ce qu'entre les deux il y a quand même aussi une phase où c'est compliqué émotionnellement ou est-ce que directement tu te dis ça fait partie du jeu hop on avance,
- Julie Denis
on cherche les leçons et on continue quoi figure-toi qu'il y a quelques années sûrement je me serais dit putain t'es nulle t'as foiré, regarde t'es incapable et tout et en fait là c'est moi qui ai pris la décision... tu sais on est deux donc Grégory et moi en général c'est Greg qui a un petit peu le cut tu vois et là c'est moi qui lui dis Greg semaine prochaine cette boutique elle ferme c'est un peu comme quand on tisse coupe le doigt tu vois t'as plus peur du sang il n'y a pas ce j'ai peur je crois je vais défaillir si je vois non tu vois tu emballes tu truques hop et là c'est pareil tu prends des décisions très matures très sans non en fait je me suis dit on a testé ça a foiré on va pas tergiverser pendant des heures parce que tu vois on a un petit peu débriefé avec Greg on s'est dit ouais en fait tu peux tellement passé des heures et des heures à te dire, et pourquoi on a fait ça et on n'aurait pas dû ? Et c'est du temps perdu, en fait. Parce que une fois, tu comprends ce que t'as fait, de bien ou pas bien, mais ça sert à rien de refaire le scénario 50 fois. C'est comme quand tu dis, j'aurais dû lui dire ça et j'aurais pu lui faire ça. Et pourquoi j'ai pas dit ça quand elle m'a dit ça ? C'est la même chose.
- Fatima Ftaich
Je pense qu'il y a une grosse différence entre comprendre ce qui s'est passé et voir où ça a foiré pour ne plus le reproduire. Et pour apprendre, comme tu dis, apprendre de ses erreurs et ne pas le reproduire. Ou voir où ça foirait pour se donner matière à se flageller et à dire j'ai mal fait, j'ai pas bien fait, je suis nulle. Ce qu'on a quand même beaucoup tendance à faire, généralement, instinctivement, j'ai envie de dire. C'est pas vraiment instinctivement, c'est probablement plutôt appris, mais ça nous mènerait trop loin. Mais oui, c'est de comprendre pourquoi. Oui, ça dépend. avec quel objectif ? Est-ce que c'est pour se la geler ou est-ce que c'est pour apprendre ? Et puis hop, on continue et ça arrive à tout le monde, en fait. Ça ne dit rien sur qui tu es.
- Julie Denis
En fait, je dirais que ce qui est bien quand tu es très, très busy... C'est que justement, t'es tellement occupée que t'as pas forcément ce qui te sauve. Justement, par exemple, quand t'as ce trait-là, un peu comme moi, je peux l'avoir aussi, de me dire, ouais, mais pourquoi t'as fait ci, non, non ? En fait, t'as pas le time. Donc, j'ai pas le time de me dire oui, mais... Et ça aussi, on parlait du couple. Faire de la merde quand t'es en couple, c'est qui tout double, en fait. Parce que quand t'es en couple avec ton associé, ça, c'est une des grosses difficultés, tu vois. Parce que quand tu foires, on se regarde l'un l'autre. c'est qui est le coupable tu vois ? Et donc ouais mais tu n'aurais pas dû dire ça, ouais mais c'est ta faute si tu n'avais pas dit... mais c'est toi qui m'a poussé à... oui mais c'est toi qui voulais... et donc en fait aller chercher la culpabilité chez l'autre ça peut franchement ruiner ton couple. Là les trois dernières années donc nous comme... enfin moi j'avais... moi j'ai pas de manuel de l'entrepreneuriat Je n'ai pas un manuel qui me dit, alors, étape numéro une, il faut faire ça. Attention, là, ce n'est pas bien, il ne faut pas faire ça.
- Fatima Ftaich
C'est comme être parent. On découvre en le faisant, en fait.
- Julie Denis
Pardon pour mon vocabulaire. Mais tu fais aussi beaucoup de merde. Tu fais beaucoup de merde et tu te dis, OK, ça, je l'ai fait. Donc, maintenant, je sais que ça, ce n'est pas bien. Il ne faut pas le faire. Il ne faut plus le refaire. Et là, franchement, entre le début, mon lancement il y a sept ans et aujourd'hui, j'ai tout fait. Et les trois dernières années, c'était le florilège. Et franchement, pour en revenir à la notion du couple entrepreneur, je regarde Greg parfois en diagonale. Je me dis, mec, si on n'a pas divorcé ces trois dernières années, normalement, ça devrait tenir encore. Parce que c'est dur. Il y a des moments où on s'en veut parce que tu fais des boulettes entrepreneuriales qui te mettent dans des situations complexes. Et ton cerveau a envie de trouver, c'est l'envie de trouver un fautif, tu vois. T'es toi aussi fautif, mais tu veux quand même te dire, mais c'est toi.
- Fatima Ftaich
C'est jamais 100%, 0%, il y a toujours chacun sa part de responsabilité et finalement déterminer quel est le pourcentage exact de l'un, quel est le pourcentage exact de l'autre, de qui a eu tort. Ça ne changera rien à la situation, en fait.
- Julie Denis
Ce qui est très beau, je trouve, du coup, maintenant avec le recul, on est encore un peu dedans, mais avec le recul, c'est de se dire, OK, on ne va pas tergiverser là-dessus. Parce qu'on sait que mutuellement j'aurais dû faire, t'aurais dû faire, je n'aurais pas dû faire et tu n'aurais pas dû faire telle ou telle chose. Maintenant ce qu'on va faire c'est qu'on va construire et on va faire ce qu'on sait faire de mieux, c'est bosser, c'est offrir le meilleur ou rien vu que c'est notre tagline c'est vrai, c'est proposer, c'est rendre les gens heureux avec des produits de dingue, c'est de faire en sorte que les gens sont en meilleure santé, c'est que... C'est que quand ils passent sur tes réseaux sociaux, ils aient le sourire, qu'ils aient passé un bon moment, que tu leur aies proposé des chouettes produits. Voilà, on va faire ça. Et le reste, on a appris des leçons. On les a appris en accéléré. Parce qu'il y a des gens, il leur faut des années. Nous, on les a appris en accéléré. Notre boîte a vite grandi. On a fait un CA au-dessus d'un million. Et puis, c'était le moment où probablement on aurait eu besoin d'être accompagnés, tu vois, en tant qu'entrepreneurs. Greg avait... déjà un petit peu le pied dans l'entrepreneuriat parce que ses parents, son papa, étaient entrepreneurs. Donc c'était cet univers là où c'est un peu... Ils le connaissaient. Mais ils n'avaient pas les clés non plus de attention, on fait ça, on fait ça. Donc quand ça s'est super bien passé, on aurait probablement dû avoir un conseil. Des gens qui nous accompagnent dans la rétention, les équipes, c'est comme ça qu'il faut faire. Il faut pas trop grandir. Il faut ceci, il faut... Ou alors il faut lever. Enfin, tout ce genre d'infos là, on les a pas eues donc... On a essuyé toutes les bêtises possibles et imaginables. Je ne dis même pas que c'est des bêtises, c'est des apprentissages.
- Fatima Ftaich
C'est bien de pouvoir le voir comme ça.
- Julie Denis
Ouais, non, non, ouais.
- Fatima Ftaich
Quel est l'impact ? Tu t'as parlé un peu de tes crises d'angoisse et de toute cette période-là. Quel est l'impact des crises d'angoisse ou de manière générale de la santé mentale et parfois quand on a des difficultés avec la santé mentale, quel est l'impact sur le business ?
- Julie Denis
L'impact, il est excessivement important. Moi, si je n'avais pas eu mon associé, accessoire dans mon mari. Parce qu'il a été solide sur les deux plans. Je ne lui dis pas trop parce que je ne veux pas qu'il se... Tu vois, je ne veux pas qu'il s'envole trop, mais je lui dis de temps en temps.
- Fatima Ftaich
S'il écoute, merci beaucoup.
- Julie Denis
Mais franchement, il a été extrêmement solide. C'est-à-dire que si j'avais été seule dans cette boîte et que j'avais eu cette période-là, comme j'ai ma Dark Place qui a duré un an et demi, je ne sais pas comment j'aurais fait. Probablement que j'aurais été chérie encore. plus de résilience, c'est encore plus... J'aurais fait des crises d'angoisse en journée et la nuit, je me serais battue, etc. Mais là, Greg, il a géré pendant que moi, je n'allais pas bien. Donc pendant que je n'étais pas là, je n'étais pas bien, j'étais hors service. Oui,
- Fatima Ftaich
oui. Ben oui.
- Julie Denis
Je ne pouvais rien faire. J'étais incapable. Je me mettais devant mes feuilles, devant mes trucs. Je me disais, je n'arrive pas à me concentrer. Je ne suis pas là. Je suis là, mais je ne suis pas là. Donc j'ai pris trois mois. Je venais au taf, parce que je ne voulais pas rester à la maison. Mais je ne faisais rien. J'étais là, je regardais un peu. J'étais un peu dans un... En même temps, quand tu ne dors pas, je te disais, c'est une forme de torture. Donc, tu es un peu en déphasage. C'est comme si tu étais dans un... Tu vois les gens, ils bougent, ils parlent, les trucs, mais tu... Tu es déconnectée. Tu es à double vitesse. Et donc, franchement, d'avoir un associé solide, d'avoir un compagnon solide, quand je me réveillais au milieu de la nuit en disant Greg, il faut que j'aille taper un footing maintenant. Il est une heure et demie du matin. J'ai chaud et il faisait au moins 4 degrés, genre comme maintenant. Il me disait, c'est pas normal. Tu sais quoi ? Viens, mets ta veste, on y va. J'allais taper un footing à 1h30 du matin. Je me disais, mais tu vois, ça a duré longtemps quand même. Il aurait pu me dire à la fin, écoute, tu me casses les couilles. Tu vois, débrouille-toi, moi je ne me lève pas. Jamais, jamais, jamais. Essayez de vous trouver un mec bien, c'est important. Ou une meuf bien, peu importe. Quelqu'un qui soit là pour vous quand c'est compliqué.
- Fatima Ftaich
Oui, d'être entourée, ça joue énormément.
- Julie Denis
Puis aussi, il y a eu beaucoup la question des limites, tu sais. Moi, il y avait des gens qui m'appelaient pour me dire, Alors, je vais te dire, tu sais ce que... Je fais Stop, je vais t'arrêter tout de suite, tu ne vas rien me dire, ça ne m'intéresse pas, ça ne me fait pas du bien. Donc, je t'arrête. Et les gens disaient Oh, elle a changé Fatima, purée ! Tu sais, moi je suis la meuf, tu écoutes tous les histoires. Et quoi ? Ah ouais ! Et là, c'était non, quoi. Je ne pouvais plus.
- Fatima Ftaich
Et c'est bien d'avoir pu le faire. Oui. Genre simple, mais... J'ai plein de questions. Tu vois les onglets là qui coupent. Chaque fois qu'il dit un truc, on arrive déjà à la fin du temps qu'on a. Est-ce que tu aurais un dernier conseil bien-être pour les entrepreneurs qui nous écoutent ?
- Julie Denis
Mon conseil, c'est prenez soin de vous. Prenez soin de vous physiquement. Mangez bien. Prenez soin de vous mentalement. Mais les deux sont liés. Les deux sont intimement liés.
- Fatima Ftaich
Vraiment, et c'est sous-estimé.
- Julie Denis
C'est pour ça que moi, on me dit maintenant tu vends des produits bio, etc. Pourquoi tu parles de santé mentale ? Parce que c'est lié, les gars. Vous êtes sérieux, quoi. Et je l'ai vécu dans ma chair. Oui,
- Fatima Ftaich
oui.
- Julie Denis
Donc, prenez-vous des petits-dèches protéinés. Les filles, évitez de faire jeûne intermittent. C'est surtout étudié sur les corps masculins. Si vous voulez jeûner, faites des jeûnes d'une journée complète. Faites des vrais jeûnes, pas des... Mangez protéinés. N'évitez pas à tout prix le gras. Choisissez des bons gras, des huiles d'olive, de l'avocat. Mangez au moins une fois par semaine. des petits poissons gras. C'est excellent pour justement vos hormones, votre équilibre hormonal, votre stress, le cortisol, etc. Marchez, essayez de marcher tous les jours. Même des petites balades, même en ville, on s'en fout, mettez votre parka, votre truc, marchez une demi-heure, 40 minutes, ça va vous aider l'esprit. Faites un petit peu d'activité physique, même pas de sport. Faites un petit truc comme vous pouvez devant Youtube ou n'importe quoi. Faites un peu de yoga, peu importe. Vraiment, prenez soin de vos corps. Si vous n'avez pas de thunes, il y a moyen de faire des trucs. pas cher, comme je disais, justement, pas besoin d'aller à la salle, essayez de gaver vos fruits et légumes, essayez d'avoir des produits basiques, mais bons pour vous, plutôt que d'acheter des trucs transformés, ça ne fait pas du bien, et votre santé mentale ne s'en sentira que mieux.
- Fatima Ftaich
Oui, clairement, merci pour ces conseils spécifiques, et effectivement, moi, c'est quelque chose dont je parle souvent, c'est la base, en fait, c'est l'alimentation, la respiration, bouger, pas forcément faire du sport, mais bouger, et dormir et le sommeil. Et déjà, si ces quatre-là boivent suffisamment d'eau, ça rentre dans l'alimentation. Mais si déjà cette base-là est bien, il y a la majorité des problèmes de santé mentale qui partent.
- Julie Denis
Et je rajouterais un tout petit truc qu'on néglige, parce que moi je l'ai négligé et je l'ai découvert pendant que je n'allais pas bien, c'est l'importance de se complémenter. Parce que... Moi, l'une des premières choses que j'avais faites, c'est de faire une prise de sang. Et je me suis rendue compte que j'étais full carence. Et en fait, ma doc m'a dit, mais tu sais que si tu manques de fer, c'est normal que tu sois dans une espèce de truc dépressif. Je fais, quoi ? What ? Mais quel est le rapport ? Et en fait, il y a des carences en fer, en magnésium. En général, on n'est pas carencé en magnésium, mais on a tous et toutes besoin de magnésium. Allez-y, les plus grands chimistes le disent, des biologistes que je connais. Je vous conseille d'ailleurs Nutrastream, qui est un super compte, il est biologiste je pense, et il en parle tout le temps des compléments alimentaires. Donc zinc, c'est vraiment des choses, essayez d'aller voir votre doc, faites une prise de sang, et voyez ce dont vous avez besoin, parce qu'il y a aujourd'hui, dans notre alimentation moderne, il n'y a pas suffisamment de certains nutriments, donc c'est pour ça qu'on appelle ça des compléments alimentaires, et ça ne peut faire que du bien, parce qu'effectivement, comme tu dis, quand on ne dort pas... tous des rails. Et parfois, c'est aussi lié au fait de pouvoir, par exemple, prendre du magnésium avant d'aller dormir, du zinc en journée, de la vitamine D, etc. C'est vraiment des basiques. On ne va même pas chercher très, très loin. Non,
- Fatima Ftaich
non, c'est ça. Super. Écoute, merci beaucoup pour cet échange.
- Julie Denis
Merci à toi.
- Fatima Ftaich
Et à bientôt.
- Julie Denis
À bientôt.
- Fatima Ftaich
Merci d'avoir écouté l'épisode jusqu'ici. Je te mettrai les infos de Fatima et de Vidya en barre d'infos. Tu y trouveras également les coordonnées de Nazalie. Comme toujours, si tu penses que cet épisode peut inspirer quelqu'un, s'il te plaît, distribue un peu de bonheur et partage-le lui. Et enfin, je t'invite à mettre 5 étoiles pour le podcast et à t'abonner pour ne rater aucun épisode. Prends bien soin de toi et moi je te dis à bientôt.