Parce que chaque semaine qui commence est un nouveau départ, j’avais envie de vous lire une histoire. Alors je vous propose le bijou comme un bisou du dimanche soir.
il était une fois la fête des mères et les bijoux dédiés et bien sûr je souhaite une belle fêtes à toutes les mamans.
La fête des mères englobe à la fois une reconnaissance de l’état de femmes et de mères. C’est là, la complexité de cette fête qui est célébrée dans le monde entier mais pas toujours à la même date.
On trouve Les premières traces de célébration des mères dans la Grèce antique lors des cérémonies printanières en l'honneur de Rhéa. Pour mémoire Rhéa est une Titanide. Elle est la fille d'Ouranos qui incarne le Ciel et de Gaïa qui représente la Terre. Elle est à la fois la sœur et la femme du Titan Cronos et la mère des dieux et déesses : Hestia, Déméter, Héra, Hadès, Poséidon et Zeus. Mais Cronos, averti par Ouranos et Gaïa qu'un de ses enfants doit le détrôner, se met à dévorer ses enfants. Alors quand Zeus nait, Rhéa donne à Cronos une pierre enveloppée d’un lange et cache l'enfant en Crète. Rhéa incarne le courage et le dévouement maternel et est célébrée comme déesse de la fertilité, de la maternité et de la génération dans toute l’Asie mineure aux ides de mars.
Un deuxième mythe à l’origine de la célébration des mères est celui de Cybèle. Cette déesse est abandonnée à la naissance et recueillie par un léopard ou un lion qui l’éveille aux mystères du monde. Elle dispose des clés de la terre donnant accès à toutes les richesses. Elle incarne la fertilité et fait l'objet d'un culte orgiastique, avec mutilations rituelles. Elle symbolise aussi la nature sauvage et peut guérir ou envoyer des maladies.
Elle représente donc un principe maternel différent lié à la fertilité mais également à une conception féminine un peu effrayante.
Dans la mythologie romaine ces 2 déesses vont être fêtées au printemps, le mois de la fertilité lors des Matronalia pour Rhéa et des Hilaria pour Cybèle. Puis peu à peu les figures de Rhéa et Cybèle seront assimilées et se fondront même avec celle de Déméter, la déesse des cultures et des moissons.
Ces racines antiques expliquent bien la complexité de la fête des mères. Ce peut être une fête charmante où les enfants quelque soit leur âge célèbrent leur maman par des offrandes qui symbolisent leur attachement à la femme qui leur a donner le jour et les a ouvert au monde. Ces présents peuvent être des attentions comme les petits déjeuners au lit, le repas préparé par les enfants qui implicitement sont un hommage au travail de la mère de famille. Ce peut aussi être des cadeaux dédiés comme des cartes, des gâteaux ou des chants créés spécialement qui symbolisent la création et donc la fertilité implicite comprise au sens large.
Ces 2 histoires divergentes expliquent que la fête des mères est assimilée à la fête de la femme en Albanie, Bosnie-Herzégovine, Bulgarie, Moldavie, Roumanie et Serbie. En République Tchèque la femme et la mère ne sont fêtées à 2 dates différentes que depuis 1989 à la suite de la révolution de velours et en Russie c’est par décret en novembre 1998 que cette fête est créée. En Australie elle prend ses racines dans l’aide aux mères sans ressources vers 1924. Les anglais célèbraient leur mère par le Mothering Sunday
depuis le XVe siècle avec une connotation religieuse liée au Carême, la fête des mères officielle et civile date de 1914.
Aux Etats Unis, Ann Maria Reeves Jarvis s’était investit dans l’amélioration des conditions de vie des mères et des enfants suite à la guerre de Sécession. Elle imagine dès 1876 le jour de l'amitié pour les Mères. Sa fille, la publiciste Anna Jarvis reprend l’idée à la mort de sa mère. Elle démarche la plupart des Etats qui sont favorables à son idée. Par ailleurs le Président des Etats Unis cherche à rassembler le peuple américain divisé par des tensions européennes à la veille de la Première guerre mondiale et trouve que la commémoration des mères remplit cet objectif. Alors le 8 mai 1905 le Mother’s Day est acté et une tradition de carte de vœux fêtant cet événement est lancée.
En France la fête des mères est liée au problème de la fertilité. L’Allemagne impériale qui a annexé l’Alsace Lorraine en 1871 est alors considérée comme l’ennemi du moment et paraît beaucoup plus dynamique du point de vue de la natalité. Jacques Bertillon, médecin, démographe et statisticien créé en 1896 l'Alliance nationale pour l'accroissement de la population de la France chargée de créer une propagande nataliste. Il est le premier à imaginer la création d'une journée officielle pour honorer publiquement les pères et mères de familles nombreuses.
C’est le 10 juin 1906, à l'initiative de Prosper Roche, fondateur de l'Union fraternelle des pères de famille méritants d'Artas en Isère, qu’à lieu une cérémonie en l'honneur de mères de familles nombreuses. L’original du diplôme de « Haut mérite maternel " est conservé dans labibliothèque de l'Institut de France.
Mais c’est la première guerre mondiale qui va inscrire la fête des mères dans les habitudes. En mai 1918, le Général Pershing ordonne de distribuer à tous les soldats sous son commandement des cartes postales d'hommage à envoyer pour le Mother's Day et il fait aussi réaliser un film d'actualités par Gaumont. Les soldats du corps expéditionnaires sont américains mais aussi anglais, néerlandais, français et belges, aussi le Mother’s Day va pénétrer tous ces pays.
En 1918 la journée des mères de Lyon est célébrée en hommage aux mères et aux épouses qui ont perdu leur fils et leur mari à la guerre. Après une guerre le gouvernement cherche encore une fois à doper les naissances et crée en 1920 une fête des mères de familles nombreuses puis en 1926 une première cérémonie officielle nationale remet des médailles de la Famille Française aux Mères de Familles nombreuses afin de leur témoigner toute la reconnaissance de la Nation. En 1942 c’est le maréchal Pétain qui célèbre la maternité. Après la guerre le 24 mai 1950, la République française au travers du Ministère de la santé institue la Fête des mères le dernier dimanche de mai (sauf si cette date coïncide avec celle de la Pentecôte (https://fr.wikipedia.org/wiki/Pentec%C3%B4te), auquel cas elle est repoussée au premier dimanche de juin. Cette action sera à la charge du Ministère chargé de la famille à partir de 2004.
Cette histoire de la fête des mères expliquent pourquoi si on fête les mères et si il est très agréable d’offrir comme de recevoir un bijou à cette occasion, il n’y a pas à proprement parlé de bijou typique de la fête des mères. Cependant 2 sortes de bijoux peuvent historiquement s’offrir à la fête des mères pour lesquels je vous conseille de surveiller les ventes aux enchères.
Il y a le collier de servitude ou d’esclavage qui a eu son heure de gloire sous Louis XV lequel l’offre à la Comtesse du Barry et en lance ainsi la mode. Il est composé de 3 chaines d’or qui symbolisent le passé, le présent et le futur, et sont reliés par des médaillons appelés briquet. Ce collier est gage d’amour et de lien marital et s’enrichit de chaine supplémentaire à la naissance des enfants. Au XIXe les médaillons s’ornent d'émail, de camés puis de diamants et de pierres précieuses. La Bourgogne affirme que ce collier est originaire de sa région mais on en trouve également de très beau venant de Normandie.
Autre bijou symbolique de l’amour maternel, le cœur de Flandre ou Vlaamse hart. Le diamant central est le centre du bijou en forme de cœur qui représente le cœur de Marie et son amour immense pour son fils Jésus. Il est traditionnellement entouré de dix diamants plus petits qui symbolisent les dix vertus de la Vierge : l’humilité, l’amour de Marie, la charité, la foi, l’espérance, la chasteté, la pauvreté, l’obéissance, la patience et l’esprit d’oraison. Dans les plus beaux cœurs de Flandre, on trouve les trophées de
l’Amour liés au dieu Eros, en référence à la mythologie grecque : le carquois contenant deux flèches, l’arc et une torche qui brule sans cesse la flamme de l’amour maternel.
Ce bijou porté en pendant ou en broche était très en vogue au XIXe et particulièrement ancré dans la région d’Anvers dès le XVIIIe où il était porté en l’honneur de la Vierge Marie, patronne de la ville d’Anvers le 15 août qui est la fête de la Vierge Marie et également fête des mères. Aux Musées Royaux d’Art et d’Histoire à Bruxelles une salle entière est consacrée aux coeurs de Flandre. Ce bijou est plus rare à trouver que le collier esclavage et c’est la gemmologue-experte Céline Rose David qui m’a expliqué la
tradition de ce bijou représentatif de l’amour maternel.
Ainsi se termine cette histoire d’Il était une fois le bijou. Je suis Anne Desmarest de Jotemps et je donne une voix aux bijoux chaque dimanche. Et si vous aussi vous avez envie de faire parler vos bijoux et votre Maison je serai ravie de vous accompagner pour réaliser votre podcast de marque ou de vous accueillir en partenaire dans mes podcasts natifs.
La semaine prochaine je vous retrouve sur ce même podcast avant de nous retrouver pour le 5e épisode de la saison consacré aux montres et bijoux érotiques sur le seul
podcast thématique de la joaillerie : Il était une fois le bijou. Et notre rdv avecBrillante le podcast des femmes de la joaillerie sera le 19 juin.
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Je vous souhaite une belle fête des mères, une jolie semaine, à la semaine prochaine pour votre prochaine histoire de bijoux.
Musique :Allan Deschamps - 0 Le Sign, Heavenly - Aakash Gandhi