- Speaker #0
Je ne serai jamais une artiste, c'est tout. Il faut se tromper, il faut être imprudent, il faut être fou. Il faut faire des trucs avec ses mains le petit bonhomme. Moi je suis une artiste, je ne suis pas une vendeuse de laitiers.
- Speaker #1
Bienvenue dans le podcast du vol. Ensemble, on plonge dans l'art de la céramie, dans le quotidien de ceux qui l'attendent, dans leurs rêves, leurs combats. Nous y parlons technique, créativité, visibilité, lâcher prise. Je suis Sarah, on a pris du vol et je te souhaite une bonne écoute. Kim Verbeke était commerciale dans une autre vie. Aujourd'hui, elle est devenue céramiste. Ici, elle nous parle de son parcours vers la céramique, comment elle a quitté le salariat pour s'implanter comme potière, quels ont été ses doutes et ses joies. Bonne écoute ! c'est une céramique que j'aime beaucoup j'aime beaucoup le travail que tu fais et tu avais participé au tout début des Café Poterie donc on avait pris le temps de discuter ensemble et c'était vraiment un grand plaisir je me souviens bien et puis entre temps le bol a bien évolué aussi petit
- Speaker #0
à petit il grossit ça se sent c'est bien c'est chouette j'aime beaucoup suivre aussi tout ce que tu fais et ton équipe c'est très chouette je parle beaucoup de toi quand les gens souhaitent apprendre j'y m'écoute Allez, on te suit, on a le bol !
- Speaker #1
Alors, aujourd'hui, on va parler de toi et on va parler de ton chemin vers la céramique. Parce que je me rappelle que toi, ton parcours, c'est une reconversion. Donc, je voulais que tu nous parles de ton boulot précédent, de ce qui t'a poussé à te lancer vers la céramique et à quel moment est-ce que tu t'es déclarée, en gros, céramiste ?
- Speaker #0
Alors d'où je viens et où je vais ? Donc en fait j'ai étudié la biologie à l'ENIF ici en Belgique et puis j'ai travaillé dans le secteur privé, dans le secteur de la consultance pendant une dizaine d'années mais avec un volet environnemental donc je faisais des petites demandes de permis au niveau environnemental. Mais en même temps, pendant mes études, il y a quand même déjà un petit moment, j'avais fait mon premier stage en céramique. Alors à ce moment-là, c'était vraiment vu que je voyais comme une passion. Je testais et la terre m'avait toujours beaucoup, beaucoup animée. J'étais une touche à tout au niveau artisanat. Donc j'adore faire des choses qu'on peut utiliser par la suite. Donc ça peut être fabriquer les paniers, faire son pain. Donc tout ce qui est fait de nos mains à partir d'une matière première, vraiment, et qu'on peut utiliser. Alors j'ai testé beaucoup de choses, mais la céramique je n'ai jamais lâchée, parce qu'une fois que j'ai compris comment ça marchait, je lâchais. Mais la céramique je n'ai pas lâchée.
- Speaker #1
C'est parce qu'il y a trop de choses à maîtriser en céramique, on ne peut jamais...
- Speaker #0
En fait je crois qu'en effet, pour moi même dans une vie, on ne fait pas le tour, c'est impossible. C'est 360 degrés de possibilités, et en fait quand on se lance dans une possibilité, il y a de nouveau un éventail qui s'ouvre. Voilà. Donc... Donc voilà, j'ai vraiment accroché, mais je le faisais en passion pendant une dizaine d'années. Puis j'ai eu mes enfants qui sont nés, et j'ai eu ma deuxième aînée un peu trop tôt, vachement trop tôt, et ça m'a vraiment secouée. Je me suis dit, il y a un truc qui ne va pas, il y a un truc qui ne va pas, mais moi je sentais que je n'étais pas tout à fait à ma place. Et là, j'ai pris un peu une feuille blanche et je me suis dit, qu'est-ce que je fais ? Pour un peu rectifier le tir, et qu'est-ce que je veux faire moi un peu de ma vie ? Et voilà, et alors petit à petit, j'ai... J'ai décidé d'élargir un peu plus mon activité de céramiste passionnée, on va dire. Et alors, de fil en aiguille, j'ai rencontré des gens dans le secteur de l'horeca, dans les restos, ou alors des personnes qui souhaitaient me faire leur première commande. Et puis après, ça s'est fait boule de neige. Les premiers petits marchés de Noël, mais vraiment tout petits. Au début, quand on se lance et qu'on voit une petite tasse à 6-7 euros parce qu'on n'ose pas trop encore vendre et tout. Mais voilà, et qu'on se rend compte qu'on dit ma fille de la céramique. Mais voilà, et puis je suis passée à mi-temps en 2018. Donc dans mon boulot précédent, j'ai demandé un mi-temps. Et puis j'ai pris un crédit en temps plein. Je ne sais pas si ça existe en France, mais en tout cas en Belgique, c'est comme une pause carrière d'un an dans mon entreprise. Et là j'ai donc pris en 2019, j'ai fait une pause carrière pour pouvoir me lancer pleinement en céramique. Et à la fin de l'année 2019, j'ai remis ma démission dans mon ancien boulot. Je pensais que ça allait durer tout ça. En tout cas, je pensais que ce moment-là, entre mi-temps, temps plein, etc., ça allait prendre plus de temps. Mais mon mi-temps, finalement, j'ai très vite dû décider de ce que je faisais. Et en fait, c'est comme si on est dans une gare. Je dis souvent, il y a le train qui passe, soit on saute dedans, soit on le laisse filer. Mais là, je ne me sentais juste pas du tout d'attaque de le laisser filer. Il fallait que je saute dedans. et puis voilà puis j'avais un filet c'est une reconversion douce j'avais un filet au cas où vraiment au bout d'un an de temps plein ça ne marchait pas je savais qu'éventuellement je pouvais retourner là où j'étais avant et continuer à mi-temps un mi-temps déjà un mi-temps salarié un mi-temps indépendant c'est super ça te permettait d'assumer
- Speaker #1
le tout oui et avant de te lancer avant de faire cette pause dans ton salariat tu avais déjà des commandes tu avais déjà un petit réseau ou oui
- Speaker #0
Oui,
- Speaker #1
tout à fait,
- Speaker #0
parce que sinon je ne l'aurais pas fait. Donc quand je suis passée à mi-temps, je commençais déjà à avoir un petit réseau. Parce qu'en fait, quand j'ai décidé de passer à mi-temps et à temps plein, c'est parce que les commandes étaient trop importantes. Et donc j'ai dû choisir entre qu'est-ce que je fais et je deviens… Sinon j'avais un cerveau et un corps qui allaient un peu se splitter. Et donc j'ai aussi dit, qu'est-ce que je fais ? Est-ce que je réponds à ces commandes ou est-ce que je freine un peu les commandes ? Mais comme vraiment la céramique m'animait très très fort, pour moi c'était très très… Ça aurait été absurde de freiner les commandes et de ne pas pouvoir continuer là-dedans. Donc, j'ai foncé et je me suis dit, OK, je prends ces commandes et on va voir comment ça marche. On verra si ça me permet de vivre de ça et de voir si les commandes appelleront les prochaines commandes.
- Speaker #1
Et donc, toi, comment est-ce que tu as fait pour te faire connaître ? Quelle méthode est-ce que tu as utilisée ? Est-ce que tu as déjà utilisé ? Est-ce que c'était déjà Instagram ? Est-ce que tu as commencé par Instagram ? Est-ce que c'était les réseaux locaux que tu as démarché ? Comment tu as fait ?
- Speaker #0
parce que finalement ça va faire presque 5 ans ça file en janvier c'est incroyable l'autre jour je me suis fait la réaction en janvier ça va faire 5 ans que je suis à temps plein là dessus quand même c'est fou quoi même moi je suis assez impressionnée mais vraiment ce qui a très bien marché c'est Instagram je crois vraiment à ce moment là Instagram avait un autre algorithme il évolue beaucoup Mais en tout cas, quand moi je me suis lancée, c'est vraiment ce qui m'a donné une vitrine, une super belle visibilité. Et alors le réseau local, un tout petit peu également, parce que quand on fait des marchés de Noël ici localement, les gens nous voient, ou alors des restaurants ou l'Horacan nous voient, et alors on parle de nous, etc. J'ai eu quelques magazines, j'avais un ou deux magazines en effet qui avaient fait également un article sur mon travail. Et donc ça ensemble, ça avait vraiment donné une certaine pulsion. mais Instagram j'avoue je crois que je dis pas que sans Instagram j'y serais pas arrivée je sais pas je peux pas répondre à cette question là mais en tout cas ça a été un booster ça a été une très très belle vitrine et ça a permis d'aller plus vite je pense j'aurais peut-être mis beaucoup plus d'années à passer à temps plein quoi
- Speaker #1
Ok, ça t'a aidé par rapport au réseau local de Belgique ou ça t'a aidé pour toutes les commandes que tu reçois ? Et au final, ce n'est pas forcément belge, mais c'est plus francophone.
- Speaker #0
C'est plutôt francophone. Bon, ça reste très belgo-belge, mais j'ai quand même un petit réseau qui se développe en France. Je communique beaucoup en français. C'est toujours une grande question. Est-ce que je passe à l'anglais ?
- Speaker #1
Il y a beaucoup de sérénistes qui françaisent. En fait, j'ai l'impression que c'est... développent leur compte peut-être plus rapidement parce qu'ils ont leur double but.
- Speaker #0
Moi, c'est une grosse question que je me pose. J'en parle avec des copines et des copains et je dis qu'est-ce que vous en pensez ? Moi, j'avoue que la communication doit rester authentique et j'aurais l'impression de perdre un peu d'authenticité si je passe à l'anglais. Mais c'est très personnel. C'est un ressenti, c'est comment on se sent dans cette place-là. Et je pense qu'on peut rester très authentique si l'anglais n'est pas notre première langue. C'est une vraie question qui se pose. C'est une façon de toucher plus de monde si on passe à l'anglais. Mais bon, on ne va pas débattre sur ça.
- Speaker #1
Donc toi, Kim, tu as un style, on va dire que toi, tu travailles beaucoup les différentes couleurs de terre. Tu as un style assez poétique avec quelques émeux qui sont assez doux. Je définirais ça comme ça. Comment est-ce que tu as travaillé ? Comment est-ce que tu as trouvé ton style ? C'est souvent ce qui est difficile quand on commence, des fois on part dans tous les sens, on aimerait faire justement travailler les termes, travailler les émots, travailler tout, travailler les décors, comment tu t'es choisie, comment tu t'es trouvée plutôt ?
- Speaker #0
Oui, c'est une bonne question. En fait je pense que quand j'ai démarré, ça fait bien déjà 6-7 ans que je suis sur les réseaux et que j'en fais plus professionnellement on va dire, et non plus par passion. Enfin j'en fais toujours par passion bien sûr, mais il faut quand même qu'ici il y ait un volet... rentabilité et entreprise, quand même, derrière. Mais donc, je n'avais pas encore, à ce moment-là, une telle... Enfin, maintenant, sur les réseaux sociaux, on voit tout, tout, tout, on voit énormément de choses, et donc, je trouve qu'on est quand même fortement influencés, si on est dessus. Moi, je n'avais pas encore cette influence-là, et dès le départ, je savais ce qui m'animait vraiment, c'était la minéralité de la terre, enfin, vraiment l'argile, et les formes. Et je me suis dit, OK, je ne vais pas pouvoir tout faire, et les émeaux, ça m'intéresse moins. Donc, de toute façon, ça se voit, je reste très, très sobre dans mes émeaux. Et donc je me suis dit je vais m'axer sur les formes et les terres. Et donc c'est ce qui joue encore aujourd'hui, c'est que j'adore mélanger les terres avec toujours des formes assez arrondies et poétiques, parce que voilà, sympa, je trouve ça très doux. Et j'aime associer ça, donc j'aime que le tout forme encore quelque chose. Donc du coup si quelqu'un souhaite acheter une vaisselle, on peut vraiment mélanger les terres, parce que les formes vont se ressembler, donc ça va faire quelque chose d'harmonieux. Et en fait ça traduit une de mes valeurs. C'est quelque chose de très ancré en moi. J'adore l'harmonie dans la diversité. C'est une de mes valeurs très importantes dans ma vie. Je trouve que c'est très beau quand les opposés s'harmonisent et mettent en valeur chacun leur particularité. Ça, c'est mon fil rouge. Je traduis ça comme ça dans mon travail. J'essaye un maximum d'explorer des argiles différentes. C'est très compliqué à l'atelier parce que ça veut dire qu'on a énormément de bacs de recyclage d'argile. t'as combien d'argile que t'en as j'ai vu de la d'argile panneau je crois que je suis sûre 1, 2, 3, 4 5, 6, 7, 8, 9 une petite dizaine
- Speaker #1
C'est énorme, c'est clair. Et comment tu fais en fait ? Tu as une courbe de cuisson pour chaque argile ou tu essaies de te trouver quand même des argiles qui peuvent se cuire ?
- Speaker #0
Moi, je suis pour la simplicité des choses parce que notre vie et déjà notre travail est assez complexe comme ça. Donc, je mets tout dans le même four. Tout doit pouvoir cuire dans le même four. Je ne fais pas des courbes différentes à part pour des émeaux qui vont cuire, tu vois, s'ils n'ont pas la même cuisson au sein du four. Mon blanc et mon transpas, ils ne cuisent pas si je les mets au milieu ou en haut ou en bas, je n'ai pas les mêmes résultats. Donc là, je fais attention à ce que je mets en bas du four, au haut du four et dans le milieu du four. Et pareil pour certaines terres où je sais qu'elles n'aiment pas trop une surcuisson, donc je dois faire attention où je les mets. Mais sinon, c'est mes mêmes températures de cuisson. De nouveau, les températures de cuisson, ce n'est pas quelque chose que j'explore. Donc voilà, j'ai quand même fait une sélection.
- Speaker #1
tu ne peux pas tout faire c'est rien que le fait d'avoir trouvé 12 terres en fait que dedans tu arrives à maîtriser les mailles qui se posent dessus tu vois et donc tu as des plaques de plâtre pour chacune pour chacune ou après ?
- Speaker #0
voilà alors on a des plaques de plâtre plus ou moins pour le recyclage pour chacune des terres sinon on nettoie bien les plaques de plâtre en tout cas la porcelaine elle a son petit elle est bien bien on s'en occupe bien parce que sinon c'est vraiment horrible le recyclage il y a des petits morceaux de Tu bois tout dans la porcelaine. Ou alors, tu l'utilises autrement, cette porcelaine-là. Ça dépend vraiment. Mais pour le reste, non, oui. Ça, ça marche. Ça ne pose pas juste les terres claires et foncées qu'il ne faut pas mélanger.
- Speaker #1
ok mais bon en Belgique il pleut beaucoup donc le recyclage ça prend du temps ça prend du temps ouais mais j'imagine rien qu'avec moi l'atelier j'ai trois terres donc j'imagine pas de star différente il
- Speaker #0
faut vraiment être bien organisé oui oui voilà je travaille par type de terre je vais pas même à mon tour je dois le nettoyer à chaque changement de terre donc du coup je fais des séries par type de terre
- Speaker #1
tu disais tout à l'heure que la céramique c'est une passion mais c'est aussi un métier donc c'est des pièces qu'il faut vendre au niveau du rapport au prix de tes pièces ce que tu disais tout à l'heure tu as commencé avec un prix hyper faible quand est-ce que tu as changé cette vision du prix et comment tu as fait pour l'assumer est-ce que ça va être difficile ?
- Speaker #0
Alors le prix, c'est un grand débat, mais c'est toujours très compliqué parce que quelque part le prix traduit quand même plus que juste la pièce. Ça traduit notre travail, la valeur que nous on pense mettre dans la pièce, on souhaite rester accessible aux gens, donc moi je souhaite quand même que les gens puissent offrir une pièce. Disons que le prix traduit plus que juste un chiffre, et donc c'est toute cette subtilité-là qui est parfois compliquée. Et puis, il faut avoir une certaine confiance en soi aussi, pour mettre certains prix, dire Ok, je fais ça, ça permet ça Si on se tâtonne, qu'on démarre, qu'on n'a pas encore très confiance, qu'on a envie que ça marche, que les gens achètent.
- Speaker #1
Voilà,
- Speaker #0
donc il y a beaucoup de questionnements là-derrière. Mais pour, on va dire, les prix, avant que je sois vraiment professionnelle, ça, on ne va pas en parler parce que ce n'était pas pour en vivre. Une fois que c'est devenu mon métier à temps plein, j'ai toujours souhaité avoir un salaire qui pouvait me payer tous les mois. enfin que je pouvais me payer tous les mois et j'ai quand même regardé un peu ce qui se faisait sur le marché pour le même type de pièces et moi je suis assujettie depuis je crois que j'ai vécu une ou deux années sans être assujettie à la TVA et puis j'ai très vite été assujettie à la TVA Et une fois qu'on met tout ça ensemble, la télévase, c'est quand même 21%, c'est pas mal, c'est un cinquième du prix de vente. Il fallait, il faut que je trouve des pièces, il y a certaines pièces où je sais que je peux les travailler plus en série, et donc je peux un peu diminuer le prix de vente, parce qu'on va dire que ce sont des pièces que moi j'ai facile à faire, qui vont plus vite.
- Speaker #1
Tu passes moins de temps, quoi.
- Speaker #0
Je passe moins de temps dessus, et donc là j'ai un certain type de prix qui est un peu plus passe-partout, entre guillemets. Et puis il y a d'autres pièces où je trouve qu'elles demandent plus de travail, où moi j'y mets... J'ai mis quelque chose en plus, ça a été plus de recherche à la base, ou c'est un peu plus rare, ça c'est vraiment un peu en fonction de ce que je souhaite. Par exemple un vase, pour moi un vase c'est pas du tout le même travail qu'une série de tasses, c'est pas du tout la même approche, moi j'ai pas deux vases qui se ressemblent, et quand je fais des vases, je me pose même pas la question, j'y vais, et puis il faut tout ce qui soit un peu unique. pareil pour les théières, etc. mais tout ce qui est tests en série C'est différent. Mais donc, le prix, il y a deux trucs qui rentrent. C'est qu'est-ce que je dois fournir ? En gros, quels doivent être les prix de mes pièces si tous les mois, j'ai envie d'avoir un certain salaire ? Et qu'est-ce qui se passe sur le marché ? Et comment est-ce que j'aligne un peu ces deux-là ? Et jusqu'où, moi, je suis OK pour augmenter un peu. Et puis là, cette année, ça a été quand même très... Tous les prix ont vraiment flambé au niveau des frais généraux. Pour l'électricité, pour la terre, pour tout. Donc, tout est devenu beaucoup plus cher.
- Speaker #1
J'interromps rapidement notre discussion pour te rappeler que ce podcast est créé par le BOL, plateforme de formation à la céramique. Tu y trouves des cours en ligne, des stages, des formations pro, un blog de la location de matériel. Et chaque semaine, nous t'envoyons une lettre d'info pour t'aider à progresser et à nourrir ta créativité. Le lien est en description. Allez, on reprend. Et donc tu l'as répercuté ? T'es arrivé à le répercuter toi sur tes pièces ou pas ?
- Speaker #0
Moi je trouve que... C'est très difficile, je trouve ça très difficile. Je ne peux pas le récupérer, en tout cas pas de manière linéaire. Un tout petit peu, j'ai augmenté un peu mes prix. Mais moi, j'avoue que je trouve que la céramique doit rester quelque chose d'abordable. C'est quand même, il faut trouver juste le milieu entre... Parce que même moi, j'ai deux mains, puis j'ai une collègue avec qui je travaille, donc on est à deux à l'atelier. On ne sait pas faire plus que ce qu'on sait faire avec nos quatre mains. De toute façon, j'ai un plafond de production. Et je n'ai pas envie de tomber dans un barlode parce que je vais commencer à créer. Ce n'est vraiment pas le but de devenir scénariste. Ce serait un peu dommage, mais ça pourrait vite arriver, je pense, pour beaucoup de personnes. Donc, on a aussi un plafond de ce qu'on peut créer. Et on veut en vivre. Après, c'est aussi une question d'information vis-à-vis de nos clients, des gens qui achètent, expliquer tout le travail qu'il y a derrière, pourquoi il y a ces prix-là, qu'est-ce qui a changé, etc. Quitte à les rediminuer si après les matières premières changent un peu.
- Speaker #1
Donc tu parlais de ton rythme de production, c'est quoi ton rythme ?
- Speaker #0
Le rythme, comment je travaille sur une semaine type ? Par exemple, oui, sur une semaine type, on va dire que je travaille du lundi au vendredi, souvent le week-end j'ai quand même en moyenne une demi-journée, voire une demi-journée sur le week-end où je travaille aussi, mais on va dire qu'on ne va pas prendre ça en compte. Ah si, parce qu'on oublie, parce que sur le week-end, on fait aussi toute la paperasse. Donc finalement, on travaille tout le temps un peu. Mais nous-mêmes, on oublie ce qu'on fait.
- Speaker #1
C'est vrai, c'est pour ça que ça devient habituel après.
- Speaker #0
Ah oui, ça fait partie de notre façon de vivre. Enfin, je veux dire, la poterie, je n'estime pas que j'ai une vie professionnelle et une vie privée. Ça se mélange un peu. D'ailleurs, c'est un peu absurde d'avoir... Je trouve l'idée d'avoir une vie professionnelle et une vie privée, c'est pas... si on aime vraiment ce qu'on fait il y a tout à fait moyen que ça se fie bien mais donc une semaine type c'est 2-3 journées de tournage et puis la fin de semaine c'est du tournassage toujours pour que le vendredi soir dans ma tête il faut que tout soit tournassé que j'ai pas plein de choses sous plastique que la semaine d'après je suis perdue parce que je sens que c'est pas du tout rentable de travailler comme ça et donc être vraiment dans un flux pour me dire tout ce que j'ai entamé début de semaine il faut que fin de semaine ça sèche pour le week-end et puis après pour pouvoir lancer le biscuit la semaine d'après mais ça c'est quand on est bon j'essaye là-dedans il faut aller chercher les matières premières il y a des cours qui se donnent parfois ça c'est vraiment quand on a une semaine avec que ça à faire tu donnes souvent des cours dans ton atelier ? oui je donne quand même régulièrement des cours je suis quasi à un tous les mois un toutes les six semaines et ce sont des cours de deux jours c'est pas des cours hebdomadaires c'est plutôt un groupe de huit personnes qui viennent deux jours d'affilée. Et ils font du modelage et du tournage. pour mon rythme de travail c'est parfait moi j'aime pas trop être entrecoupée quand je travaille parce que je sens déjà je suis vite éparpillée parce qu'on a plein de choses à faire donc on peut s'éparpiller très vite et donc si je me mets pas un minimum de voilà là je tourne et si après j'ai des petits cours à gauche à droite alors ça veut dire qu'il y a des pièces des étudiants qui traînent, qu'il faut voir, qu'il faut emballer qu'il faut se placer alors là je suis partie et comme j'aime beaucoup parce que mon métier avant tout c'est vraiment tourner ça c'est ce qui m'anime j'adore tourner, j'adore fabriquer j'adore créer donc ça c'est vraiment dans mon entreprise c'est mon métier de base et puis transmettre j'aime beaucoup aussi mais c'est plus ponctuel oui oui,
- Speaker #1
toi ce que t'aimes c'est même plus tourner comme motif ah oui,
- Speaker #0
moi j'adore tourner Tu vois les moments où tu te dis là je suis bien, je suis à ma place, c'est bon, c'est quand je suis derrière mon tour.
- Speaker #1
Tu disais que maintenant on va être deux, en fait ton atelier ça n'est pas si longtemps que ça que tu l'as créé, ça fait un an peut-être ou un peu comme ça quoi, ça t'a dit là.
- Speaker #0
Tu veux dire l'atelier au chouette, non ? Oui, parce qu'en fait, j'ai vécu dans un petit studio à côté de chez moi. J'avais un petit atelier, on va dire, en effet, pendant trois ans. Oui, trois ans. Et puis, il y a Corinne qui m'a rejoint parce que je passais plus de temps à faire tout sauf du tournage. Vraiment, je passais du temps entre les mails. Il y a un moment où j'ai l'impression que le volet administratif était tellement lourd par rapport au reste que je m'étais dit qu'il était temps peut-être de travailler avec quelqu'un. Et donc là ça va faire trois ans qu'elle travaille avec moi, c'est Corinne. Et donc du coup l'atelier où j'étais devenait vraiment trop petit. Et donc là j'ai loué un nouvel atelier dans un très chouette endroit où en fait il y a un resto, une boulangerie. Donc il y a beaucoup de... Il y a l'Asie. C'est animé, il y a du passage et puis le cadre de travail reste le même. C'est assez brut, assez authentique. J'aime beaucoup parce que pour moi le lieu où on travaille est quand même assez important. j'ai besoin d'avoir un lien inspirant donc du coup ici on est bien et c'est comme ça que j'ai pu commencer les cours également parce que sinon j'avais pas assez de place pour donner les cours et donc ici en effet on est à deux et puis j'ai une stagiaire aussi qui est là et donc là ça tourne bien et une fois qu'on est à deux je trouve vraiment qu'on a trouvé un meilleur équilibre également pour moi avec Corinne qui se change d'administratif c'est ça ? Non Corinne c'est de... En fait, Corinne fait le volet modelage. Et moi, je fais le volet tournage. Corinne est vraiment sur le modelage et moi le tournage. Mais il y a tout le volet où je ne dois pas être... Ce que ça m'a aidée, c'est qu'en fait, quand on est seul, on est un peu indispensable en tout. Ça veut dire qu'on est ceux qui répondent au téléphone, on est ceux qui répondent aux mails, on est ceux qui organisent tout. Et même quand on est en vacances ou qu'on n'est pas là à l'atelier fermé, il n'y a rien qui tourne, il n'y a rien qui rentre. Il n'y a pas d'argent qui rentre, etc. et être à deux ça permet vraiment une flexibilité je trouve que ça ça aplatit un peu tout ça et il n'y a plus de pic et on se sent un peu moins indispensable et parfois ça fait du bien on se dit c'est important que tout ne repose pas sur toi si tu es fatiguée si tu as envie de couper ou de besoin de partir voilà tout
- Speaker #1
à fait mais il faut arriver à un bon équilibre entre les deux aussi
- Speaker #0
Tu veux dire entre...
- Speaker #1
Entre associés, en fait.
- Speaker #0
Oui, ça c'est très important. Après, elle est employée. Donc, je l'ai engagée et elle est employée ici de l'entreprise. Mais en effet, il faut trouver... Ce qui est plus important, c'est que... Enfin, si je peux dire ce que je pense, mais je pense qu'il vaut mieux trouver quelqu'un avec qui on s'entend vraiment super bien, professionnellement et tout, que quelqu'un qui techniquement est super doué. Enfin, si on doit choisir. Après, la technique, la personne, elle peut Elle peut vraiment se... c'est l'apprendre, etc. Mais si on vient tous les jours avec une personne qu'on n'a pas trop envie de voir, nous, on n'a plus envie de venir à l'atelier. Non, mais j'ai trouvé une perle rare. J'ai trouvé une perle rare.
- Speaker #1
Bon, ben, c'est super. Jusqu'ici, dans tout ton parcours de céramiste, quelles sont les principales difficultés auxquelles tu as dû faire face ?
- Speaker #0
Les principes à difficulté, c'est le volet financier. Vraiment, je crois que c'est peut-être le cas pour beaucoup de personnes. Mais c'est le volet le plus stressant et le plus difficile parce qu'en fait, on n'a pas une rentrée d'argent fixe. C'est un peu en dancing. Je trouve qu'avec cette année-ci, tous les frais qui ont vraiment flambé, c'est encore plus compliqué, c'est encore plus difficile. On est un peu sur le corps d'arrêt, enfin en tout cas je parle vraiment pour moi, mais c'est un petit... Je suis pas encore rentrée dans une... Tu m'entends toujours ? Je ne suis pas encore rentrée dans une zone de confort. Je n'ai pas une zone de confort où je me dis, OK, là, je suis cool. Je sens que ce qui rentre me permet de... Mais je pense que je ne l'aurai jamais. Je pense qu'un entrepreneur, en tout cas un artisan comme nous, ça m'étonnerait qu'un jour on soit sur une voie. Et puis, ce n'est peut-être pas ce qu'on recherche non plus, d'être dans une méga zone de confort. Mais c'est le volet financier le plus compliqué. J'essaye de mettre des choses en place pour qu'il y ait quelque chose de plus structuré, qui ait moins ce stress derrière. Donc voilà, à voir comment ça va évoluer. À voir comment ça va évoluer, on verra bien. Mais c'est ça que je trouve le plus compliqué.
- Speaker #1
Ok. Et on va faire le pendant. Quelles sont les plus grandes joies, les plus grands plaisirs que tu as trouvé dans ce changement de voie ?
- Speaker #0
mais créer un peu la vie une vie sur mesure pour nous une vie qui me convient complètement même si comme tu disais dans la vie il y a tout, il y a des côtés plus compliqués des moments de joie il faut que les moments de joie puissent très bien compenser les moments plus compliqués mais vraiment les moments de joie c'est quand je suis derrière mon tour les moments de joie c'est quand on a Tout un service ou toutes les pièces qui sont terminées, qu'on peut aller livrer dans un restaurant ou chez quelqu'un et voir qu'ils vont prendre vie. Les moments de joie pure, c'est aussi les retours qu'on a de nos clients. C'est de voir à quel point ils sont alignés à ce qu'on essaye de transmettre inconsciemment dans notre travail. Parce que parfois on oublie, mais finalement on met beaucoup de choses à nous, un peu de notre âme, de nos mains, de notre caractère là-dedans. Et quand on voit que ça fait écho et que l'écho qu'on reçoit est tout à fait en ligne avec ce qu'on essaye de transmettre, je trouve que là on est vraiment dans la joie. Parce qu'on a réussi un peu à toucher l'autre et nous on se sent retouchés dans l'autre sens. et alors ça nous motive vraiment pour continuer dans ce sens là c'est de voir que oui les moments de joie c'est de voir que ce qu'on partage plaît et fait écho chez les gens ça c'est vraiment très chouette aussi et puis avoir une vie je trouve quand même que c'est enfin, avoir une vie qui me plaît vraiment où je me dis je peux vivre vraiment de ma passion et je suis complètement libre. La liberté qui va avec qui peut être compliquée mais la liberté, cette liberté qui va avec.
- Speaker #1
Oui, en gros, si on reprenait, oui, les principales difficultés, ça a été toutes les difficultés financières, les principales joies, tout ce qui est tout le retour des clients et après, la marge de manœuvre et l'autonomie que te permet ce métier.
- Speaker #0
Oui. voilà quand je dis le retour des clients c'est vraiment on ne vit pas seul on se dit on sent vraiment qu'il y a un écho qui se crée avec ce qu'on crée ici à l'atelier il y a un écho qui se fait avec les gens qui achètent nos pièces et donc je trouve ça met énormément de joie de voir que ce qu'on crée puisse toucher quelqu'un en fait être dans la sensibilité et dans les émotions des gens c'est quand même super c'est top est-ce que tu pourrais pour terminer à...
- Speaker #1
Partagez deux, trois conseils à tous les céramistes qui se lancent ou à tous les céramistes débutants ou pas.
- Speaker #0
Des conseils. On va apprendre parce que les conseils, c'est très… Chacun prend un peu ce qu'il veut. Je pense qu'un des conseils que je donne souvent et que je trouve très important, c'est de rester fidèle à soi-même. Le fil rouge, c'est de jamais vouloir s'écarter de qui vous êtes parce qu'en fait, quand on fait quelque chose qui s'écarte de qui on est, on y met moins de joie, de motivation et donc au final, le travail qu'on va faire sera un peu moins bon alors que si on fait quelque chose qui est tout à fait aligné, a priori, j'ai envie de dire que ça ne... peu que marcher. C'est aussi, voilà, il y a des couacs, mais si vraiment on s'aligne et qu'on s'écoute et qu'on reste sur ce fil rouge-là et qu'on fait vraiment quelque chose qui nous est très important pour nous, ça, c'est vraiment important. Et ça, toujours, avec toujours une remise en question. Donc, ça, c'est le deuxième conseil, c'est toujours se remettre en question, même si c'est hyper inconfortable de toujours être un peu dans cette remise en question. Mais je crois que la remise en question, c'est une façon... de rester modeste par rapport à soi-même et par rapport aux autres, et à toujours se demander est-ce que je peux faire mieux, est-ce que je peux faire autrement, et du coup garder un esprit très ouvert et très libre. Et la troisième, c'est être dans la joie, être dans la passion, être un peu dans une vie qui nous fait vibrer, et sentir cette vibration. Et que quand vous sentez la vibration, c'est que vous êtes au bon endroit, et si vous créez avec ça, alors a priori de nouveau vous êtes bien parti et vous vous nourrissez énormément de l'intérieur et les gens à l'extérieur ils le sentent très vite aussi ça se voit ça se sent on entend bien merci beaucoup Kim merci ça va ?
- Speaker #1
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