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Le cimetière de l'océan

Le naufrage du "SS Ville du Havre"

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22min |13/03/2024
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Description

Le 22 Novembre 1873, au milieu d'une nuit calme sur l'atlantique. Le "Ville du Havre", transatlantique français, entre en collision avec le "Loch earn".
Découvrez avec moi cette tragédie oubliée et sa triste histoire.



Sons: 


Musiques:

  • La dernière pensée de Weber, originale de Reissiger. Version de Jean-Michel Damase (source Youtube)

  • N°7 Alone in my thoughts, Esther Abrami (Bibliothèque Youtube)

  • It is well with my soul, Horatio Spafford, Philip Bliss, Sovereign grace music (source Youtube)


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Bonjour à vous tous, les vieux loups de mer, les chercheurs de trésors. Êtes-vous en quête d'une nouvelle épave à exhumer ? Eh bien dans ce cas, je suis des vôtres. Et aujourd'hui, j'aimerais qu'ensemble, on sorte de ces profondeurs un vieux, très vieux transatlantique français complètement oublié. J'aimerais vous raconter l'histoire de la ville du Havre, c'est son nom. Enfilez votre scaphandre, passons par-dessus bord pour descendre dans les profondeurs glaciales de l'Atlantique. Là où aucune lumière ne pénètre et où le silence est assourdissant. Mettons en lumière l'épave du Ville du Havre et écoutons le récit de son triste naufrage. Le Ville du Havre voit le jour en 1865. C'est un paquebot de la compagnie générale transatlantique, alors toute jeune. L'entreprise créée en 1855 par les frères Perrer s'appelle d'abord Compagnie Générale Maritime. C'est sous l'impulsion de l'empereur Napoléon III qu'elle devient la Compagnie Générale Transatlantique et qu'elle devra à présent desservir la ligne jusqu'à New York en passant par Brest pour acheminer le courrier. Elle dispose ainsi d'un financement. Le navire qui nous intéresse donc aujourd'hui est construit en Angleterre au Tammys Ironwork and Shipbuilding Company. Sa coque d'acier mesure alors 111 mètres de long pour 14 mètres de large et une jauge brute de 3376 tonneaux. Le tout propulsé par deux roues à aube alimentées par une machine à vapeur lui permettant d'atteindre, sur le papier, la vitesse de 13 nœuds. Notons à ce moment que le paquebot s'appelle Napoléon III. Il ressemble à une grande coque, il n'y a pas de superstructure. A l'arrière, il y a ce qu'on appelle une dunette, qui est une partie surélevée où on trouve des canaux de sauvetage. Comme tout navire de cette époque, il y a deux mâts pour porter des voiles et aider à faire avancer le navire. En son milieu, deux cheminées. Les équipements sont dans l'air du temps. Une belle salle à manger et un salon de convivialité qui occupe toute la largeur de la coque. Ce ne sont pas des pièces très lumineuses puisque de parts et d'autres, seuls des petits hublots laissent passer la lumière. Au plafond, on y trouve également quelques puits de lumière pour éclairer la pièce au mieux. On habille les murs de panneaux de bois et au centre de la pièce, il y a des poteaux pour rigidifier l'ensemble, autour desquels on trouve des mains courantes pour s'agripper en cas de gros temps et pouvoir traverser la pièce sans risquer de se retrouver au sol. Le Napoléon III possède, comme les autres paquebots, des cabines exiguës, toujours, mais pratiques et confortables le temps d'une traversée. On le met à l'eau en 1866 où on termine de l'équiper et c'est le 15 avril 1866 qu'il réalise ses essais en mer. Il atteint timidement les 12 nœuds de moyenne, ce qui ne satisfait pas du tout la compagnie générale transatlantique, qui dans un premier temps refuse donc la livraison du Napoléon III. Les machines ont peut-être besoin d'être un peu rodées. On autorise alors une première traversée vers New York le 26 avril, au départ du Havre. Et cela semble porter ses fruits, puisqu'il atteint la vitesse moyenne de 13,20 nœuds, lui permettant d'arriver à New York le 10 mai, après 14 jours de traversée. C'est long, oui, surtout remis dans la perspective d'aujourd'hui avec l'aviation. Mais le trajet faisait partie du voyage. Les 13 nœuds étant atteints, la compagnie générale accepte la livraison du bateau, mais il reste toutefois le navire le moins rapide de la flotte actuelle, composé, entre autres, du France premier du nom. Bon, l'arrivée de la French Line sur la ligne transatlantique est tardive, et ses bateaux à aube sont déjà obsolètes. L'avenir, c'est l'hélice centrale. L'année 1870 est une année de bouleversements en France. La guerre franco-prussienne fait rage, la France combat l'Allemagne et l'empereur Napoléon III est capturé, débouchant en septembre sur la proclamation de la Nouvelle République. Le Napoléon III est alors renommé Invasion III. Le 16 septembre 1871, il quitte le Havre en direction des chantiers de Hepburn-on-Tyne, Angleterre, pour y subir une refonte massive. Au programme, on supprime les deux roues à aubes, on pose une hélice centrale et des nouvelles machines bien plus puissantes. Ensuite, on rallonge le bateau de 17 mètres, portant sa taille à 128 mètres et sa jauge atteint donc les 5065 tonneaux. Il peut à présent transporter 170 passagers de première classe, 100 en seconde et 50 en troisième. Pour marquer cette transformation, il ne lui manque qu'un nouveau nom. Donnons-lui alors le nom de son port d'attache. Il devient ainsi Ville du Havre. Les travaux ont été longs, et c'est donc en mars 1973 que le Ville du Havre reprend son service en direction de New York. Nous voici donc arrivés au moment fatidique qui nous intéresse. Nous sommes le 15 novembre 1873, au port de New York. Le ville du Havre est à quai et on charge dans ses cales une cargaison de coton, de blé, de cuir et de graisse ainsi que du courrier. 141 passagers embarquent à son bord avec 172 hommes de l'équipage. Parmi ces passagers, quelques non notables. Rufus Wheeler Peckham, 64 ans, avocat et juge américain, membre du Congrès, qui voyage avec sa femme Mary à destination du sud de la France où il se rende pour suivre une cure car la santé de monsieur décline ces derniers temps. Hamilton Murray, 23 ans, un jeune diplômé de l'université de Princeton qui voyage avec sa sœur Martha, âgée de 20 ans. Victor Malfais, dit Collodion, caricaturiste français, voyage avec sa jeune épouse Faustine, une artiste lyrique. Ils se sont mariés le 28 juillet et depuis, Victor honore des contrats qu'il a avec des théâtres où il se produit. Là, il rentre donc de New York après s'être produit à plusieurs reprises à l'Olympic Theatre depuis le mois de septembre. Parmi eux se trouve également Felipe Larrazabal, musicien, avocat, journaliste politique, homme politique et écrivain vénézuélien, expulsé de son pays suite à des actions menées contre le gouvernement en place. À court d'argent, il a donc rejoint New York dans le but de s'embarquer sur le ville du Havre pour se rendre en France afin d'y faire publier certaines de ses œuvres et renflouer son portefeuille. Horatio Spafford, célèbre avocat américain, devait être du voyage avec sa femme Anna et leurs quatre jeunes filles. La veille, Horatio fut retenu par ses affaires à Chicago et ne put prendre part au voyage. Seules ses filles et sa femme s'embarquent donc sur le ville du Havre en quête de leur voyage à Paris, où M. Spafford les rejoindra plus tard. Il est aux environs de 3h de l'après-midi et le Ville du Havre largue ses amarres. Aidé des remorqueurs, il s'éloigne des quais de la French Line, remonte l'Hudson et fait ses adieux à New York. Pour ce voyage, derrière la barre du Ville du Havre se trouve le capitaine surmonte. Si les premières heures après le départ se passent tranquillement, assez vite le temps se gâte et surmonte affronte une tempête pendant les premiers jours. Tandis qu'il approche des grands bancs de Terre-Neuve, le calme revient. Mais... Vous le savez maintenant ce qu'on trouve dans cette région ? Eh oui, l'histoire se répète. Le ville du Havre entre dans un brouillard intense, une véritable purée de poids où on ne voit rien de rien. Surmonte restera alors sur le pont tout le temps, faisant résonner le sifflet du navire et réduisant grandement la vitesse du bateau. Il refusa de quitter la passerelle et de laisser ses officiers opérer des manœuvres à la barre. Surmont était un capitaine consciencieux, mais il n'était pas au bout de ses peines. Sorti du brouillard, le vent se lève à nouveau, et le ville du Havre est balotté dans les creux immenses de l'océan Atlantique. Et non, messieurs-dames, le ville du Havre n'a pas coulé dans le brouillard. L'histoire est un peu différente cette fois. Je ne voudrais pas vous lasser. Enfin, le 21 novembre, six jours après le départ, le calme revint. Le ville du Havre se trouve maintenant au beau milieu de l'Atlantique. C'est une belle journée. Sur Montsouris, en voyant ses passagers venir prendre l'air sur le pont, les enfants forment une véritable tribu et ensemble, ils jouent sous l'œil amusé des parents. Certains des passagers viennent trouver le capitaine qui peut enfin souffler et se laisser aller à des conversations. Il le félicite alors d'avoir su mener son bateau à travers ce gros temps qui semble maintenant loin derrière eux. on aperçoit felipe et la razabal dans le salon en train de rédiger des lettres non loin de lui hamilton murray termine un livre en saluant d'un hochement de tête rufus willerpeckham et son épouse qui rentrent d'une promenade sur le pont la nuit tombe petit à petit surmont fait allumer les feux du bateau puis descend dans la salle à manger du navire Ce soir, elle est pleine. Tout le monde a un grand appétit après ces derniers jours de tempête. On se régale, puis les passagers se retirent dans le salon où, sur le piano, un concert s'improvise. Chacun y va de son talent pour y jouer son morceau favori. On termine alors par jouer La dernière pensée de Weber. Sur ces dernières notes, petit à petit, chacun regagne sa cabine où une douce nuit de sommeil les attend. Cette mer calme promet un bon repos. Enfin ! De son côté, le capitaine calcule leur position avec ses officiers. Puis, fatigué, il descend dans sa cabine pour se reposer lui aussi. Le ville du Havre s'enfonce dans la nuit. A partir de ce moment, on ne sait plus trop ce qu'il se passe à bord car les principaux intéressés qui auraient pu apporter leur témoignage n'ont pas survécu à ce qui va suivre. Il est peu avant 2h du matin et soudain, le calme du bateau est troublé par des pas précipités. Des ordres sont hurlés de part et d'autre et soudain, le ville du Havre est secouée par un choc net et violent qui précipite les passagers au pied de leur lit. Le capitaine accourt sur le pont et voit qu'un voilier trois mâts a enfoncé sa proue dans la coque du transatlantique jusqu'à la moitié de la salle des machines. Il observe rapidement la scène et comprend très vite qu'il n'y a plus rien à faire à part organiser l'évacuation sans plus attendre. Le ville du Havre est perdue. Surmonte observe une brèche d'environ 5 ou 6 mètres dans le flanc tribord de son navire. L'eau émet un grondement sinistre tandis qu'elle se ferait un chemin dans la coque, descendant dans les ponts inférieurs du transatlantique presque coupés en deux. Il est déjà trop tard pour fermer l'éclason étanche et dès les premières minutes, l'eau paralyse le navire en entrant dans ses chaudiers. les passagers se massent sur la dunette du ville du havre où surmontent fait débâcher rapidement les canaux et commencent à organiser l'évacuation en attribuant les taches à ses officiers les passagers sont en tenue de nuit certains sont nus personne ne prie le temps de rassembler ses affaires tous semblent résignés et peu en proie à la panique seuls les enfants pleurent surpris ou terrifiés accrochés à leur mère et grelottant écarquillant les yeux à chaque oscillation du paquebot ou chaque grondement remontant de ses entrailles laissant comprendre que la fin arrive rapidement le voilier ayant épruné le ville du havre et le lock hearn qui pleure anglais partit de londres direction de new york Long de 70 mètres, coque en fer, trois mâts, 85 passagers et membres d'équipage à son bord. La collision a sérieusement endommagé sa proue et une légère voie d'eau est détectée. Le charpentier du voilier travaille déjà à faire colmater cette brèche et s'attelle avec son équipe à fabriquer une cloison étanche. Le capitaine William Robertson ne perd pas une minute et fait immédiatement descendre ses chaloux pour venir en aide aux villes du Havre qui va couler très vite, c'est une certitude. Sur les ponts du transatlantique, on s'apprête à faire descendre deux canaux, emportant en tout une cinquantaine de passagers, femmes et enfants. Le violent choc avec le Lockhearn avait sérieusement ébranlé le grand mât arrière du paquebot et le mât d'Artimont, plus petit mât à l'arrière du navire. Ceci oscillait de plus en plus. Soudain, les cordages qui le maintiennent se roulent un à un et les deux mâts viennent s'écraser sur le dos, brisant au passage les deux embarcations qui chutent à l'eau. Certains sont tués sur le coup, d'autres se noient. Les plus chanceux parviennent à s'accrocher à des débris, tandis que ceux qui savent nager tentent de rejoindre le Lockhearn et ses chaloupes qui se dirigent vers eux. Pour autant, peu cèdent à la panique. Tous semblent résigner et comprennent que leur salut arrivera dans quelques minutes. des courageux matelots tentent de dépétrer de là les quelques malheureux coincés sous les mâts ou emmêlés dans les cordages mais cet événement n'a fait qu'accélérer la descente du paquebot vers le fond le poids des mâts tombés les fait s'incliner de plus en plus sur au centre du navire entre les deux cheminées rufus willerpeckham se soutient avec son épouse mary il assiste bouche b à la chute des mâts et leur destin laisse maintenant peu de place au doute Il se tourne alors vers sa femme, lui prend les mains, et ses dernières paroles ont alors été, avec un grand sang-froid, Ma chère, notre heure est venue. Mourons avec courage. Personne ne les revit ensuite. Passant à côté, une jeune fille soutient sa mère en disant Courage, mère. Dans quelques minutes, nous serons au ciel. Murray Hamilton et sa sœur Martha s'accrochent l'un à l'autre en marchant vers les canaux dans l'espoir d'y trouver une chaloupe. Un prêtre passe d'un groupe à l'autre dans la précipitation pour donner les dernières prières. Les femmes sont résignées, les hommes dignes, tous pris, certains à genoux. Les enfants à demi-nus contre leurs parents pleurent. Ils devinent le péril sans le comprendre. Le paquebot s'incline encore. On s'agrippe au cabestan et à tout ce qu'on peut trouver sur le pont. dans un dernier râle le ville du havre s'enfonce et disparaît sous les flots qui tourbillonnent emportant en son ventre ses passagers le tout en moins de quinze minutes après la collision les remous rejetèrent des corps à la surface dont certains encore en vie cherchent à présent à s'accrocher à des morceaux de l'épave Un canot chargé de femmes et d'enfants qui était mis à l'eau dans les derniers instants fut projeté sur le mât d'Artimon tombé quelques minutes plus tôt. Celui-ci perça l'embarcation qui prit l'eau, laissant les malheureux se débattre eux aussi au milieu de ce chaos de débris et de cadavres. Ici, en proie à la panique, un homme s'accroche aux cheveux d'une femme qu'il tire en arrière tandis qu'elle tend ses bras vers une embarcation surchargée qui passe non loin. Sur le point de chavirer, tant les malheureux tentent d'y monter. A son bord, évidemment, on repousse autant que possible ces pauvres fous avec ce qu'on peut. Coup de rame, morsure, il en va de sa propre survie maintenant. Une autre jeune fille appelle faiblement au secours, agrippée à un panneau de bois, une blessure béante à la tête. Les embarcations du Lockhearn arrivées sur place repêchèrent autant de survivants que possible. Jusqu'à ce que l'aube arrive, ils firent des allers-retours jusqu'au voilier en mauvaise posture pour transférer les naufragés. ils demeurèrent sur place jusqu'à ce que tout soit silencieux jusqu'à ce qu'on n'entendît plus une voix plus un râle plus un pleur laissant seuls au milieu des vagues les débris de ce qui fut le ville du havre et les corps inanimés de ses passagers surmonte coula avec son navire il fut rejeté par les remous tandis que son bateau descendait droit vers les abysses À la surface, il put s'accrocher à une planche et fut ramené à bord du Lockhearn. Anna Spafford fut sortie de l'eau, seule, sans ses quatre filles, restées prisonnières de l'épave. Rufus et Mary Wheeler Peckham ne seront jamais retrouvés non plus. Il en va de même pour Victor Collodion et sa jeune épouse Faustine, Hamilton et Martha Murray et Philippe Larazabal, tous morts cette nuit-là. Les 87 naufragés sortis de l'eau, 26 passagers et 61 membres d'équipage, sont recueillis démunis sur les ponts du Lockhearn. Ils sont là, à moitié nus et grelottants. Les passagers anglais font alors preuve d'une grande solidarité en apportant des vêtements et des couvertures. Anna Spafford cherche des yeux ses filles. De l'autre côté, une petite fille de 9 ans s'englotte en ne trouvant pas ses parents qui, de toute évidence, appartiennent maintenant à ce cruel océan qui cette nuit a encore fait des orphelins et nombre de malheureux en emportant avec lui plus de 226 âmes des 313 présentes à bord du ville du Havre. Pour autant, ils ne sont pas tout à fait sortis d'affaires. La brèche du Lockhearn est plus ou moins colmatée, du moins suffisamment pour leur donner le temps d'atteindre un port le plus proche poste le charpentier, mais pas avec autant de passagers entassés à son bar. Vers 10h du matin, on aperçoit les valles d'un 3 mâts et on lui fait signe de venir au plus vite. C'est le Tremontaine, voilier américain qui arrivait sur place, commence alors à transférer les rescapés sur ses ponts. Il reprend son chemin et déposera les malheureux à Cardiff, en Angleterre, le 1er décembre, soit 8 jours après le drame. Trois marins restent à bord du Lockhearn et tentent de le ramener vers un port. Mais, à nouveau, l'océan devient mauvais et le voilier déjà très endommagé prend l'eau. Ils sont forcés d'abandonner le navire et sont recueillis par un autre voilier. Le Lockhearn sombre à son tour. Un de plus au fond de l'Atlantique. Qui est alors responsable de ce drame ? Les personnes concernées reposent avec l'épave du bateau. Quoi qu'il en soit, l'incident est de la faute de l'équipage de la ville du Havre. Tandis que le Tremontaine conduisait les rescapés à Cardiff, un pasteur passait parmi eux pour prier. Il conversa pendant un moment avec Anna Spatford qui lui dit Dieu m'a donné quatre filles, quatre magnifiques filles. Maintenant, il me les a arrachées. Un jour, je comprendrai peut-être pourquoi. Arrivé à Cardiff, elle fit envoyer un télégramme à son époux Horatio. Ce message disait entre autres Je suis saine et sauve. Seul. Que puis-je faire ? Immédiatement, Horatio s'embarqua sur le premier transatlantique à quitter New York en direction de l'Angleterre. En chemin, ils passèrent sur le lieu du naufrage, 47 degrés nord, 38 ouest. Le capitaine lui fit savoir que c'est ici que reposaient ses filles. durant ce voyage horatio écrivit une lettre à sa belle-soeur disant ce jeudi nous sommes passés au-dessus de l'endroit où reposent l'épave et les filles au milieu de l'océan cinq mille mètres plus bas mais je ne pense pas à elles ici elles sont ailleurs saines et sauves mes douze agneaux Il composa également pendant cette même traversée les paroles de l'hymne protestant It is well with my soul dont Philippe Bliss fera l'instrumental qu'il nommera Ville du Havre Il y a une vieille croyance, une superstition parmi les vieux loups de mer. Il se dit dans l'époque que lorsqu'un navire a été nommé, baptisé, on ne doit jamais changer son nom, sinon il perd la protection de Dieu. Croyez-le ou non. Les coordonnées de l'épave du Ville du Havre sont connues, enfin, on note à celles du lieu du naufrage. À ma connaissance, on n'a jamais cherché à l'explorer. Il est vraiment au beau milieu de la route de l'Atlantique Nord, dans les eaux profondes, très profondes. Qu'en reste-t-il aujourd'hui ? Arrivez-vous à vous la représenter, à l'imaginer ? Fin de plongée, on remonte. Mon récit est à présent terminé. Si celui-ci vous a plu, que vous avez des remarques ou des commentaires, vous pouvez m'écrire à lesimtiardelocéantoutattaché à gmail.com. Je lirai votre message avec plaisir et je vous répondrai. Vous pouvez également rejoindre les pages Facebook et Instagram Lesimtiardelocéant. J'y poste parfois quelques photos pour illustrer mes récits. Je vous retrouve donc dans un mois pour un autre récit de naufrage ou une histoire sur un paquebot transatlantique.

Description

Le 22 Novembre 1873, au milieu d'une nuit calme sur l'atlantique. Le "Ville du Havre", transatlantique français, entre en collision avec le "Loch earn".
Découvrez avec moi cette tragédie oubliée et sa triste histoire.



Sons: 


Musiques:

  • La dernière pensée de Weber, originale de Reissiger. Version de Jean-Michel Damase (source Youtube)

  • N°7 Alone in my thoughts, Esther Abrami (Bibliothèque Youtube)

  • It is well with my soul, Horatio Spafford, Philip Bliss, Sovereign grace music (source Youtube)


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  • Speaker #0

    Bonjour à vous tous, les vieux loups de mer, les chercheurs de trésors. Êtes-vous en quête d'une nouvelle épave à exhumer ? Eh bien dans ce cas, je suis des vôtres. Et aujourd'hui, j'aimerais qu'ensemble, on sorte de ces profondeurs un vieux, très vieux transatlantique français complètement oublié. J'aimerais vous raconter l'histoire de la ville du Havre, c'est son nom. Enfilez votre scaphandre, passons par-dessus bord pour descendre dans les profondeurs glaciales de l'Atlantique. Là où aucune lumière ne pénètre et où le silence est assourdissant. Mettons en lumière l'épave du Ville du Havre et écoutons le récit de son triste naufrage. Le Ville du Havre voit le jour en 1865. C'est un paquebot de la compagnie générale transatlantique, alors toute jeune. L'entreprise créée en 1855 par les frères Perrer s'appelle d'abord Compagnie Générale Maritime. C'est sous l'impulsion de l'empereur Napoléon III qu'elle devient la Compagnie Générale Transatlantique et qu'elle devra à présent desservir la ligne jusqu'à New York en passant par Brest pour acheminer le courrier. Elle dispose ainsi d'un financement. Le navire qui nous intéresse donc aujourd'hui est construit en Angleterre au Tammys Ironwork and Shipbuilding Company. Sa coque d'acier mesure alors 111 mètres de long pour 14 mètres de large et une jauge brute de 3376 tonneaux. Le tout propulsé par deux roues à aube alimentées par une machine à vapeur lui permettant d'atteindre, sur le papier, la vitesse de 13 nœuds. Notons à ce moment que le paquebot s'appelle Napoléon III. Il ressemble à une grande coque, il n'y a pas de superstructure. A l'arrière, il y a ce qu'on appelle une dunette, qui est une partie surélevée où on trouve des canaux de sauvetage. Comme tout navire de cette époque, il y a deux mâts pour porter des voiles et aider à faire avancer le navire. En son milieu, deux cheminées. Les équipements sont dans l'air du temps. Une belle salle à manger et un salon de convivialité qui occupe toute la largeur de la coque. Ce ne sont pas des pièces très lumineuses puisque de parts et d'autres, seuls des petits hublots laissent passer la lumière. Au plafond, on y trouve également quelques puits de lumière pour éclairer la pièce au mieux. On habille les murs de panneaux de bois et au centre de la pièce, il y a des poteaux pour rigidifier l'ensemble, autour desquels on trouve des mains courantes pour s'agripper en cas de gros temps et pouvoir traverser la pièce sans risquer de se retrouver au sol. Le Napoléon III possède, comme les autres paquebots, des cabines exiguës, toujours, mais pratiques et confortables le temps d'une traversée. On le met à l'eau en 1866 où on termine de l'équiper et c'est le 15 avril 1866 qu'il réalise ses essais en mer. Il atteint timidement les 12 nœuds de moyenne, ce qui ne satisfait pas du tout la compagnie générale transatlantique, qui dans un premier temps refuse donc la livraison du Napoléon III. Les machines ont peut-être besoin d'être un peu rodées. On autorise alors une première traversée vers New York le 26 avril, au départ du Havre. Et cela semble porter ses fruits, puisqu'il atteint la vitesse moyenne de 13,20 nœuds, lui permettant d'arriver à New York le 10 mai, après 14 jours de traversée. C'est long, oui, surtout remis dans la perspective d'aujourd'hui avec l'aviation. Mais le trajet faisait partie du voyage. Les 13 nœuds étant atteints, la compagnie générale accepte la livraison du bateau, mais il reste toutefois le navire le moins rapide de la flotte actuelle, composé, entre autres, du France premier du nom. Bon, l'arrivée de la French Line sur la ligne transatlantique est tardive, et ses bateaux à aube sont déjà obsolètes. L'avenir, c'est l'hélice centrale. L'année 1870 est une année de bouleversements en France. La guerre franco-prussienne fait rage, la France combat l'Allemagne et l'empereur Napoléon III est capturé, débouchant en septembre sur la proclamation de la Nouvelle République. Le Napoléon III est alors renommé Invasion III. Le 16 septembre 1871, il quitte le Havre en direction des chantiers de Hepburn-on-Tyne, Angleterre, pour y subir une refonte massive. Au programme, on supprime les deux roues à aubes, on pose une hélice centrale et des nouvelles machines bien plus puissantes. Ensuite, on rallonge le bateau de 17 mètres, portant sa taille à 128 mètres et sa jauge atteint donc les 5065 tonneaux. Il peut à présent transporter 170 passagers de première classe, 100 en seconde et 50 en troisième. Pour marquer cette transformation, il ne lui manque qu'un nouveau nom. Donnons-lui alors le nom de son port d'attache. Il devient ainsi Ville du Havre. Les travaux ont été longs, et c'est donc en mars 1973 que le Ville du Havre reprend son service en direction de New York. Nous voici donc arrivés au moment fatidique qui nous intéresse. Nous sommes le 15 novembre 1873, au port de New York. Le ville du Havre est à quai et on charge dans ses cales une cargaison de coton, de blé, de cuir et de graisse ainsi que du courrier. 141 passagers embarquent à son bord avec 172 hommes de l'équipage. Parmi ces passagers, quelques non notables. Rufus Wheeler Peckham, 64 ans, avocat et juge américain, membre du Congrès, qui voyage avec sa femme Mary à destination du sud de la France où il se rende pour suivre une cure car la santé de monsieur décline ces derniers temps. Hamilton Murray, 23 ans, un jeune diplômé de l'université de Princeton qui voyage avec sa sœur Martha, âgée de 20 ans. Victor Malfais, dit Collodion, caricaturiste français, voyage avec sa jeune épouse Faustine, une artiste lyrique. Ils se sont mariés le 28 juillet et depuis, Victor honore des contrats qu'il a avec des théâtres où il se produit. Là, il rentre donc de New York après s'être produit à plusieurs reprises à l'Olympic Theatre depuis le mois de septembre. Parmi eux se trouve également Felipe Larrazabal, musicien, avocat, journaliste politique, homme politique et écrivain vénézuélien, expulsé de son pays suite à des actions menées contre le gouvernement en place. À court d'argent, il a donc rejoint New York dans le but de s'embarquer sur le ville du Havre pour se rendre en France afin d'y faire publier certaines de ses œuvres et renflouer son portefeuille. Horatio Spafford, célèbre avocat américain, devait être du voyage avec sa femme Anna et leurs quatre jeunes filles. La veille, Horatio fut retenu par ses affaires à Chicago et ne put prendre part au voyage. Seules ses filles et sa femme s'embarquent donc sur le ville du Havre en quête de leur voyage à Paris, où M. Spafford les rejoindra plus tard. Il est aux environs de 3h de l'après-midi et le Ville du Havre largue ses amarres. Aidé des remorqueurs, il s'éloigne des quais de la French Line, remonte l'Hudson et fait ses adieux à New York. Pour ce voyage, derrière la barre du Ville du Havre se trouve le capitaine surmonte. Si les premières heures après le départ se passent tranquillement, assez vite le temps se gâte et surmonte affronte une tempête pendant les premiers jours. Tandis qu'il approche des grands bancs de Terre-Neuve, le calme revient. Mais... Vous le savez maintenant ce qu'on trouve dans cette région ? Eh oui, l'histoire se répète. Le ville du Havre entre dans un brouillard intense, une véritable purée de poids où on ne voit rien de rien. Surmonte restera alors sur le pont tout le temps, faisant résonner le sifflet du navire et réduisant grandement la vitesse du bateau. Il refusa de quitter la passerelle et de laisser ses officiers opérer des manœuvres à la barre. Surmont était un capitaine consciencieux, mais il n'était pas au bout de ses peines. Sorti du brouillard, le vent se lève à nouveau, et le ville du Havre est balotté dans les creux immenses de l'océan Atlantique. Et non, messieurs-dames, le ville du Havre n'a pas coulé dans le brouillard. L'histoire est un peu différente cette fois. Je ne voudrais pas vous lasser. Enfin, le 21 novembre, six jours après le départ, le calme revint. Le ville du Havre se trouve maintenant au beau milieu de l'Atlantique. C'est une belle journée. Sur Montsouris, en voyant ses passagers venir prendre l'air sur le pont, les enfants forment une véritable tribu et ensemble, ils jouent sous l'œil amusé des parents. Certains des passagers viennent trouver le capitaine qui peut enfin souffler et se laisser aller à des conversations. Il le félicite alors d'avoir su mener son bateau à travers ce gros temps qui semble maintenant loin derrière eux. on aperçoit felipe et la razabal dans le salon en train de rédiger des lettres non loin de lui hamilton murray termine un livre en saluant d'un hochement de tête rufus willerpeckham et son épouse qui rentrent d'une promenade sur le pont la nuit tombe petit à petit surmont fait allumer les feux du bateau puis descend dans la salle à manger du navire Ce soir, elle est pleine. Tout le monde a un grand appétit après ces derniers jours de tempête. On se régale, puis les passagers se retirent dans le salon où, sur le piano, un concert s'improvise. Chacun y va de son talent pour y jouer son morceau favori. On termine alors par jouer La dernière pensée de Weber. Sur ces dernières notes, petit à petit, chacun regagne sa cabine où une douce nuit de sommeil les attend. Cette mer calme promet un bon repos. Enfin ! De son côté, le capitaine calcule leur position avec ses officiers. Puis, fatigué, il descend dans sa cabine pour se reposer lui aussi. Le ville du Havre s'enfonce dans la nuit. A partir de ce moment, on ne sait plus trop ce qu'il se passe à bord car les principaux intéressés qui auraient pu apporter leur témoignage n'ont pas survécu à ce qui va suivre. Il est peu avant 2h du matin et soudain, le calme du bateau est troublé par des pas précipités. Des ordres sont hurlés de part et d'autre et soudain, le ville du Havre est secouée par un choc net et violent qui précipite les passagers au pied de leur lit. Le capitaine accourt sur le pont et voit qu'un voilier trois mâts a enfoncé sa proue dans la coque du transatlantique jusqu'à la moitié de la salle des machines. Il observe rapidement la scène et comprend très vite qu'il n'y a plus rien à faire à part organiser l'évacuation sans plus attendre. Le ville du Havre est perdue. Surmonte observe une brèche d'environ 5 ou 6 mètres dans le flanc tribord de son navire. L'eau émet un grondement sinistre tandis qu'elle se ferait un chemin dans la coque, descendant dans les ponts inférieurs du transatlantique presque coupés en deux. Il est déjà trop tard pour fermer l'éclason étanche et dès les premières minutes, l'eau paralyse le navire en entrant dans ses chaudiers. les passagers se massent sur la dunette du ville du havre où surmontent fait débâcher rapidement les canaux et commencent à organiser l'évacuation en attribuant les taches à ses officiers les passagers sont en tenue de nuit certains sont nus personne ne prie le temps de rassembler ses affaires tous semblent résignés et peu en proie à la panique seuls les enfants pleurent surpris ou terrifiés accrochés à leur mère et grelottant écarquillant les yeux à chaque oscillation du paquebot ou chaque grondement remontant de ses entrailles laissant comprendre que la fin arrive rapidement le voilier ayant épruné le ville du havre et le lock hearn qui pleure anglais partit de londres direction de new york Long de 70 mètres, coque en fer, trois mâts, 85 passagers et membres d'équipage à son bord. La collision a sérieusement endommagé sa proue et une légère voie d'eau est détectée. Le charpentier du voilier travaille déjà à faire colmater cette brèche et s'attelle avec son équipe à fabriquer une cloison étanche. Le capitaine William Robertson ne perd pas une minute et fait immédiatement descendre ses chaloux pour venir en aide aux villes du Havre qui va couler très vite, c'est une certitude. Sur les ponts du transatlantique, on s'apprête à faire descendre deux canaux, emportant en tout une cinquantaine de passagers, femmes et enfants. Le violent choc avec le Lockhearn avait sérieusement ébranlé le grand mât arrière du paquebot et le mât d'Artimont, plus petit mât à l'arrière du navire. Ceci oscillait de plus en plus. Soudain, les cordages qui le maintiennent se roulent un à un et les deux mâts viennent s'écraser sur le dos, brisant au passage les deux embarcations qui chutent à l'eau. Certains sont tués sur le coup, d'autres se noient. Les plus chanceux parviennent à s'accrocher à des débris, tandis que ceux qui savent nager tentent de rejoindre le Lockhearn et ses chaloupes qui se dirigent vers eux. Pour autant, peu cèdent à la panique. Tous semblent résigner et comprennent que leur salut arrivera dans quelques minutes. des courageux matelots tentent de dépétrer de là les quelques malheureux coincés sous les mâts ou emmêlés dans les cordages mais cet événement n'a fait qu'accélérer la descente du paquebot vers le fond le poids des mâts tombés les fait s'incliner de plus en plus sur au centre du navire entre les deux cheminées rufus willerpeckham se soutient avec son épouse mary il assiste bouche b à la chute des mâts et leur destin laisse maintenant peu de place au doute Il se tourne alors vers sa femme, lui prend les mains, et ses dernières paroles ont alors été, avec un grand sang-froid, Ma chère, notre heure est venue. Mourons avec courage. Personne ne les revit ensuite. Passant à côté, une jeune fille soutient sa mère en disant Courage, mère. Dans quelques minutes, nous serons au ciel. Murray Hamilton et sa sœur Martha s'accrochent l'un à l'autre en marchant vers les canaux dans l'espoir d'y trouver une chaloupe. Un prêtre passe d'un groupe à l'autre dans la précipitation pour donner les dernières prières. Les femmes sont résignées, les hommes dignes, tous pris, certains à genoux. Les enfants à demi-nus contre leurs parents pleurent. Ils devinent le péril sans le comprendre. Le paquebot s'incline encore. On s'agrippe au cabestan et à tout ce qu'on peut trouver sur le pont. dans un dernier râle le ville du havre s'enfonce et disparaît sous les flots qui tourbillonnent emportant en son ventre ses passagers le tout en moins de quinze minutes après la collision les remous rejetèrent des corps à la surface dont certains encore en vie cherchent à présent à s'accrocher à des morceaux de l'épave Un canot chargé de femmes et d'enfants qui était mis à l'eau dans les derniers instants fut projeté sur le mât d'Artimon tombé quelques minutes plus tôt. Celui-ci perça l'embarcation qui prit l'eau, laissant les malheureux se débattre eux aussi au milieu de ce chaos de débris et de cadavres. Ici, en proie à la panique, un homme s'accroche aux cheveux d'une femme qu'il tire en arrière tandis qu'elle tend ses bras vers une embarcation surchargée qui passe non loin. Sur le point de chavirer, tant les malheureux tentent d'y monter. A son bord, évidemment, on repousse autant que possible ces pauvres fous avec ce qu'on peut. Coup de rame, morsure, il en va de sa propre survie maintenant. Une autre jeune fille appelle faiblement au secours, agrippée à un panneau de bois, une blessure béante à la tête. Les embarcations du Lockhearn arrivées sur place repêchèrent autant de survivants que possible. Jusqu'à ce que l'aube arrive, ils firent des allers-retours jusqu'au voilier en mauvaise posture pour transférer les naufragés. ils demeurèrent sur place jusqu'à ce que tout soit silencieux jusqu'à ce qu'on n'entendît plus une voix plus un râle plus un pleur laissant seuls au milieu des vagues les débris de ce qui fut le ville du havre et les corps inanimés de ses passagers surmonte coula avec son navire il fut rejeté par les remous tandis que son bateau descendait droit vers les abysses À la surface, il put s'accrocher à une planche et fut ramené à bord du Lockhearn. Anna Spafford fut sortie de l'eau, seule, sans ses quatre filles, restées prisonnières de l'épave. Rufus et Mary Wheeler Peckham ne seront jamais retrouvés non plus. Il en va de même pour Victor Collodion et sa jeune épouse Faustine, Hamilton et Martha Murray et Philippe Larazabal, tous morts cette nuit-là. Les 87 naufragés sortis de l'eau, 26 passagers et 61 membres d'équipage, sont recueillis démunis sur les ponts du Lockhearn. Ils sont là, à moitié nus et grelottants. Les passagers anglais font alors preuve d'une grande solidarité en apportant des vêtements et des couvertures. Anna Spafford cherche des yeux ses filles. De l'autre côté, une petite fille de 9 ans s'englotte en ne trouvant pas ses parents qui, de toute évidence, appartiennent maintenant à ce cruel océan qui cette nuit a encore fait des orphelins et nombre de malheureux en emportant avec lui plus de 226 âmes des 313 présentes à bord du ville du Havre. Pour autant, ils ne sont pas tout à fait sortis d'affaires. La brèche du Lockhearn est plus ou moins colmatée, du moins suffisamment pour leur donner le temps d'atteindre un port le plus proche poste le charpentier, mais pas avec autant de passagers entassés à son bar. Vers 10h du matin, on aperçoit les valles d'un 3 mâts et on lui fait signe de venir au plus vite. C'est le Tremontaine, voilier américain qui arrivait sur place, commence alors à transférer les rescapés sur ses ponts. Il reprend son chemin et déposera les malheureux à Cardiff, en Angleterre, le 1er décembre, soit 8 jours après le drame. Trois marins restent à bord du Lockhearn et tentent de le ramener vers un port. Mais, à nouveau, l'océan devient mauvais et le voilier déjà très endommagé prend l'eau. Ils sont forcés d'abandonner le navire et sont recueillis par un autre voilier. Le Lockhearn sombre à son tour. Un de plus au fond de l'Atlantique. Qui est alors responsable de ce drame ? Les personnes concernées reposent avec l'épave du bateau. Quoi qu'il en soit, l'incident est de la faute de l'équipage de la ville du Havre. Tandis que le Tremontaine conduisait les rescapés à Cardiff, un pasteur passait parmi eux pour prier. Il conversa pendant un moment avec Anna Spatford qui lui dit Dieu m'a donné quatre filles, quatre magnifiques filles. Maintenant, il me les a arrachées. Un jour, je comprendrai peut-être pourquoi. Arrivé à Cardiff, elle fit envoyer un télégramme à son époux Horatio. Ce message disait entre autres Je suis saine et sauve. Seul. Que puis-je faire ? Immédiatement, Horatio s'embarqua sur le premier transatlantique à quitter New York en direction de l'Angleterre. En chemin, ils passèrent sur le lieu du naufrage, 47 degrés nord, 38 ouest. Le capitaine lui fit savoir que c'est ici que reposaient ses filles. durant ce voyage horatio écrivit une lettre à sa belle-soeur disant ce jeudi nous sommes passés au-dessus de l'endroit où reposent l'épave et les filles au milieu de l'océan cinq mille mètres plus bas mais je ne pense pas à elles ici elles sont ailleurs saines et sauves mes douze agneaux Il composa également pendant cette même traversée les paroles de l'hymne protestant It is well with my soul dont Philippe Bliss fera l'instrumental qu'il nommera Ville du Havre Il y a une vieille croyance, une superstition parmi les vieux loups de mer. Il se dit dans l'époque que lorsqu'un navire a été nommé, baptisé, on ne doit jamais changer son nom, sinon il perd la protection de Dieu. Croyez-le ou non. Les coordonnées de l'épave du Ville du Havre sont connues, enfin, on note à celles du lieu du naufrage. À ma connaissance, on n'a jamais cherché à l'explorer. Il est vraiment au beau milieu de la route de l'Atlantique Nord, dans les eaux profondes, très profondes. Qu'en reste-t-il aujourd'hui ? Arrivez-vous à vous la représenter, à l'imaginer ? Fin de plongée, on remonte. Mon récit est à présent terminé. Si celui-ci vous a plu, que vous avez des remarques ou des commentaires, vous pouvez m'écrire à lesimtiardelocéantoutattaché à gmail.com. Je lirai votre message avec plaisir et je vous répondrai. Vous pouvez également rejoindre les pages Facebook et Instagram Lesimtiardelocéant. J'y poste parfois quelques photos pour illustrer mes récits. Je vous retrouve donc dans un mois pour un autre récit de naufrage ou une histoire sur un paquebot transatlantique.

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Description

Le 22 Novembre 1873, au milieu d'une nuit calme sur l'atlantique. Le "Ville du Havre", transatlantique français, entre en collision avec le "Loch earn".
Découvrez avec moi cette tragédie oubliée et sa triste histoire.



Sons: 


Musiques:

  • La dernière pensée de Weber, originale de Reissiger. Version de Jean-Michel Damase (source Youtube)

  • N°7 Alone in my thoughts, Esther Abrami (Bibliothèque Youtube)

  • It is well with my soul, Horatio Spafford, Philip Bliss, Sovereign grace music (source Youtube)


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Bonjour à vous tous, les vieux loups de mer, les chercheurs de trésors. Êtes-vous en quête d'une nouvelle épave à exhumer ? Eh bien dans ce cas, je suis des vôtres. Et aujourd'hui, j'aimerais qu'ensemble, on sorte de ces profondeurs un vieux, très vieux transatlantique français complètement oublié. J'aimerais vous raconter l'histoire de la ville du Havre, c'est son nom. Enfilez votre scaphandre, passons par-dessus bord pour descendre dans les profondeurs glaciales de l'Atlantique. Là où aucune lumière ne pénètre et où le silence est assourdissant. Mettons en lumière l'épave du Ville du Havre et écoutons le récit de son triste naufrage. Le Ville du Havre voit le jour en 1865. C'est un paquebot de la compagnie générale transatlantique, alors toute jeune. L'entreprise créée en 1855 par les frères Perrer s'appelle d'abord Compagnie Générale Maritime. C'est sous l'impulsion de l'empereur Napoléon III qu'elle devient la Compagnie Générale Transatlantique et qu'elle devra à présent desservir la ligne jusqu'à New York en passant par Brest pour acheminer le courrier. Elle dispose ainsi d'un financement. Le navire qui nous intéresse donc aujourd'hui est construit en Angleterre au Tammys Ironwork and Shipbuilding Company. Sa coque d'acier mesure alors 111 mètres de long pour 14 mètres de large et une jauge brute de 3376 tonneaux. Le tout propulsé par deux roues à aube alimentées par une machine à vapeur lui permettant d'atteindre, sur le papier, la vitesse de 13 nœuds. Notons à ce moment que le paquebot s'appelle Napoléon III. Il ressemble à une grande coque, il n'y a pas de superstructure. A l'arrière, il y a ce qu'on appelle une dunette, qui est une partie surélevée où on trouve des canaux de sauvetage. Comme tout navire de cette époque, il y a deux mâts pour porter des voiles et aider à faire avancer le navire. En son milieu, deux cheminées. Les équipements sont dans l'air du temps. Une belle salle à manger et un salon de convivialité qui occupe toute la largeur de la coque. Ce ne sont pas des pièces très lumineuses puisque de parts et d'autres, seuls des petits hublots laissent passer la lumière. Au plafond, on y trouve également quelques puits de lumière pour éclairer la pièce au mieux. On habille les murs de panneaux de bois et au centre de la pièce, il y a des poteaux pour rigidifier l'ensemble, autour desquels on trouve des mains courantes pour s'agripper en cas de gros temps et pouvoir traverser la pièce sans risquer de se retrouver au sol. Le Napoléon III possède, comme les autres paquebots, des cabines exiguës, toujours, mais pratiques et confortables le temps d'une traversée. On le met à l'eau en 1866 où on termine de l'équiper et c'est le 15 avril 1866 qu'il réalise ses essais en mer. Il atteint timidement les 12 nœuds de moyenne, ce qui ne satisfait pas du tout la compagnie générale transatlantique, qui dans un premier temps refuse donc la livraison du Napoléon III. Les machines ont peut-être besoin d'être un peu rodées. On autorise alors une première traversée vers New York le 26 avril, au départ du Havre. Et cela semble porter ses fruits, puisqu'il atteint la vitesse moyenne de 13,20 nœuds, lui permettant d'arriver à New York le 10 mai, après 14 jours de traversée. C'est long, oui, surtout remis dans la perspective d'aujourd'hui avec l'aviation. Mais le trajet faisait partie du voyage. Les 13 nœuds étant atteints, la compagnie générale accepte la livraison du bateau, mais il reste toutefois le navire le moins rapide de la flotte actuelle, composé, entre autres, du France premier du nom. Bon, l'arrivée de la French Line sur la ligne transatlantique est tardive, et ses bateaux à aube sont déjà obsolètes. L'avenir, c'est l'hélice centrale. L'année 1870 est une année de bouleversements en France. La guerre franco-prussienne fait rage, la France combat l'Allemagne et l'empereur Napoléon III est capturé, débouchant en septembre sur la proclamation de la Nouvelle République. Le Napoléon III est alors renommé Invasion III. Le 16 septembre 1871, il quitte le Havre en direction des chantiers de Hepburn-on-Tyne, Angleterre, pour y subir une refonte massive. Au programme, on supprime les deux roues à aubes, on pose une hélice centrale et des nouvelles machines bien plus puissantes. Ensuite, on rallonge le bateau de 17 mètres, portant sa taille à 128 mètres et sa jauge atteint donc les 5065 tonneaux. Il peut à présent transporter 170 passagers de première classe, 100 en seconde et 50 en troisième. Pour marquer cette transformation, il ne lui manque qu'un nouveau nom. Donnons-lui alors le nom de son port d'attache. Il devient ainsi Ville du Havre. Les travaux ont été longs, et c'est donc en mars 1973 que le Ville du Havre reprend son service en direction de New York. Nous voici donc arrivés au moment fatidique qui nous intéresse. Nous sommes le 15 novembre 1873, au port de New York. Le ville du Havre est à quai et on charge dans ses cales une cargaison de coton, de blé, de cuir et de graisse ainsi que du courrier. 141 passagers embarquent à son bord avec 172 hommes de l'équipage. Parmi ces passagers, quelques non notables. Rufus Wheeler Peckham, 64 ans, avocat et juge américain, membre du Congrès, qui voyage avec sa femme Mary à destination du sud de la France où il se rende pour suivre une cure car la santé de monsieur décline ces derniers temps. Hamilton Murray, 23 ans, un jeune diplômé de l'université de Princeton qui voyage avec sa sœur Martha, âgée de 20 ans. Victor Malfais, dit Collodion, caricaturiste français, voyage avec sa jeune épouse Faustine, une artiste lyrique. Ils se sont mariés le 28 juillet et depuis, Victor honore des contrats qu'il a avec des théâtres où il se produit. Là, il rentre donc de New York après s'être produit à plusieurs reprises à l'Olympic Theatre depuis le mois de septembre. Parmi eux se trouve également Felipe Larrazabal, musicien, avocat, journaliste politique, homme politique et écrivain vénézuélien, expulsé de son pays suite à des actions menées contre le gouvernement en place. À court d'argent, il a donc rejoint New York dans le but de s'embarquer sur le ville du Havre pour se rendre en France afin d'y faire publier certaines de ses œuvres et renflouer son portefeuille. Horatio Spafford, célèbre avocat américain, devait être du voyage avec sa femme Anna et leurs quatre jeunes filles. La veille, Horatio fut retenu par ses affaires à Chicago et ne put prendre part au voyage. Seules ses filles et sa femme s'embarquent donc sur le ville du Havre en quête de leur voyage à Paris, où M. Spafford les rejoindra plus tard. Il est aux environs de 3h de l'après-midi et le Ville du Havre largue ses amarres. Aidé des remorqueurs, il s'éloigne des quais de la French Line, remonte l'Hudson et fait ses adieux à New York. Pour ce voyage, derrière la barre du Ville du Havre se trouve le capitaine surmonte. Si les premières heures après le départ se passent tranquillement, assez vite le temps se gâte et surmonte affronte une tempête pendant les premiers jours. Tandis qu'il approche des grands bancs de Terre-Neuve, le calme revient. Mais... Vous le savez maintenant ce qu'on trouve dans cette région ? Eh oui, l'histoire se répète. Le ville du Havre entre dans un brouillard intense, une véritable purée de poids où on ne voit rien de rien. Surmonte restera alors sur le pont tout le temps, faisant résonner le sifflet du navire et réduisant grandement la vitesse du bateau. Il refusa de quitter la passerelle et de laisser ses officiers opérer des manœuvres à la barre. Surmont était un capitaine consciencieux, mais il n'était pas au bout de ses peines. Sorti du brouillard, le vent se lève à nouveau, et le ville du Havre est balotté dans les creux immenses de l'océan Atlantique. Et non, messieurs-dames, le ville du Havre n'a pas coulé dans le brouillard. L'histoire est un peu différente cette fois. Je ne voudrais pas vous lasser. Enfin, le 21 novembre, six jours après le départ, le calme revint. Le ville du Havre se trouve maintenant au beau milieu de l'Atlantique. C'est une belle journée. Sur Montsouris, en voyant ses passagers venir prendre l'air sur le pont, les enfants forment une véritable tribu et ensemble, ils jouent sous l'œil amusé des parents. Certains des passagers viennent trouver le capitaine qui peut enfin souffler et se laisser aller à des conversations. Il le félicite alors d'avoir su mener son bateau à travers ce gros temps qui semble maintenant loin derrière eux. on aperçoit felipe et la razabal dans le salon en train de rédiger des lettres non loin de lui hamilton murray termine un livre en saluant d'un hochement de tête rufus willerpeckham et son épouse qui rentrent d'une promenade sur le pont la nuit tombe petit à petit surmont fait allumer les feux du bateau puis descend dans la salle à manger du navire Ce soir, elle est pleine. Tout le monde a un grand appétit après ces derniers jours de tempête. On se régale, puis les passagers se retirent dans le salon où, sur le piano, un concert s'improvise. Chacun y va de son talent pour y jouer son morceau favori. On termine alors par jouer La dernière pensée de Weber. Sur ces dernières notes, petit à petit, chacun regagne sa cabine où une douce nuit de sommeil les attend. Cette mer calme promet un bon repos. Enfin ! De son côté, le capitaine calcule leur position avec ses officiers. Puis, fatigué, il descend dans sa cabine pour se reposer lui aussi. Le ville du Havre s'enfonce dans la nuit. A partir de ce moment, on ne sait plus trop ce qu'il se passe à bord car les principaux intéressés qui auraient pu apporter leur témoignage n'ont pas survécu à ce qui va suivre. Il est peu avant 2h du matin et soudain, le calme du bateau est troublé par des pas précipités. Des ordres sont hurlés de part et d'autre et soudain, le ville du Havre est secouée par un choc net et violent qui précipite les passagers au pied de leur lit. Le capitaine accourt sur le pont et voit qu'un voilier trois mâts a enfoncé sa proue dans la coque du transatlantique jusqu'à la moitié de la salle des machines. Il observe rapidement la scène et comprend très vite qu'il n'y a plus rien à faire à part organiser l'évacuation sans plus attendre. Le ville du Havre est perdue. Surmonte observe une brèche d'environ 5 ou 6 mètres dans le flanc tribord de son navire. L'eau émet un grondement sinistre tandis qu'elle se ferait un chemin dans la coque, descendant dans les ponts inférieurs du transatlantique presque coupés en deux. Il est déjà trop tard pour fermer l'éclason étanche et dès les premières minutes, l'eau paralyse le navire en entrant dans ses chaudiers. les passagers se massent sur la dunette du ville du havre où surmontent fait débâcher rapidement les canaux et commencent à organiser l'évacuation en attribuant les taches à ses officiers les passagers sont en tenue de nuit certains sont nus personne ne prie le temps de rassembler ses affaires tous semblent résignés et peu en proie à la panique seuls les enfants pleurent surpris ou terrifiés accrochés à leur mère et grelottant écarquillant les yeux à chaque oscillation du paquebot ou chaque grondement remontant de ses entrailles laissant comprendre que la fin arrive rapidement le voilier ayant épruné le ville du havre et le lock hearn qui pleure anglais partit de londres direction de new york Long de 70 mètres, coque en fer, trois mâts, 85 passagers et membres d'équipage à son bord. La collision a sérieusement endommagé sa proue et une légère voie d'eau est détectée. Le charpentier du voilier travaille déjà à faire colmater cette brèche et s'attelle avec son équipe à fabriquer une cloison étanche. Le capitaine William Robertson ne perd pas une minute et fait immédiatement descendre ses chaloux pour venir en aide aux villes du Havre qui va couler très vite, c'est une certitude. Sur les ponts du transatlantique, on s'apprête à faire descendre deux canaux, emportant en tout une cinquantaine de passagers, femmes et enfants. Le violent choc avec le Lockhearn avait sérieusement ébranlé le grand mât arrière du paquebot et le mât d'Artimont, plus petit mât à l'arrière du navire. Ceci oscillait de plus en plus. Soudain, les cordages qui le maintiennent se roulent un à un et les deux mâts viennent s'écraser sur le dos, brisant au passage les deux embarcations qui chutent à l'eau. Certains sont tués sur le coup, d'autres se noient. Les plus chanceux parviennent à s'accrocher à des débris, tandis que ceux qui savent nager tentent de rejoindre le Lockhearn et ses chaloupes qui se dirigent vers eux. Pour autant, peu cèdent à la panique. Tous semblent résigner et comprennent que leur salut arrivera dans quelques minutes. des courageux matelots tentent de dépétrer de là les quelques malheureux coincés sous les mâts ou emmêlés dans les cordages mais cet événement n'a fait qu'accélérer la descente du paquebot vers le fond le poids des mâts tombés les fait s'incliner de plus en plus sur au centre du navire entre les deux cheminées rufus willerpeckham se soutient avec son épouse mary il assiste bouche b à la chute des mâts et leur destin laisse maintenant peu de place au doute Il se tourne alors vers sa femme, lui prend les mains, et ses dernières paroles ont alors été, avec un grand sang-froid, Ma chère, notre heure est venue. Mourons avec courage. Personne ne les revit ensuite. Passant à côté, une jeune fille soutient sa mère en disant Courage, mère. Dans quelques minutes, nous serons au ciel. Murray Hamilton et sa sœur Martha s'accrochent l'un à l'autre en marchant vers les canaux dans l'espoir d'y trouver une chaloupe. Un prêtre passe d'un groupe à l'autre dans la précipitation pour donner les dernières prières. Les femmes sont résignées, les hommes dignes, tous pris, certains à genoux. Les enfants à demi-nus contre leurs parents pleurent. Ils devinent le péril sans le comprendre. Le paquebot s'incline encore. On s'agrippe au cabestan et à tout ce qu'on peut trouver sur le pont. dans un dernier râle le ville du havre s'enfonce et disparaît sous les flots qui tourbillonnent emportant en son ventre ses passagers le tout en moins de quinze minutes après la collision les remous rejetèrent des corps à la surface dont certains encore en vie cherchent à présent à s'accrocher à des morceaux de l'épave Un canot chargé de femmes et d'enfants qui était mis à l'eau dans les derniers instants fut projeté sur le mât d'Artimon tombé quelques minutes plus tôt. Celui-ci perça l'embarcation qui prit l'eau, laissant les malheureux se débattre eux aussi au milieu de ce chaos de débris et de cadavres. Ici, en proie à la panique, un homme s'accroche aux cheveux d'une femme qu'il tire en arrière tandis qu'elle tend ses bras vers une embarcation surchargée qui passe non loin. Sur le point de chavirer, tant les malheureux tentent d'y monter. A son bord, évidemment, on repousse autant que possible ces pauvres fous avec ce qu'on peut. Coup de rame, morsure, il en va de sa propre survie maintenant. Une autre jeune fille appelle faiblement au secours, agrippée à un panneau de bois, une blessure béante à la tête. Les embarcations du Lockhearn arrivées sur place repêchèrent autant de survivants que possible. Jusqu'à ce que l'aube arrive, ils firent des allers-retours jusqu'au voilier en mauvaise posture pour transférer les naufragés. ils demeurèrent sur place jusqu'à ce que tout soit silencieux jusqu'à ce qu'on n'entendît plus une voix plus un râle plus un pleur laissant seuls au milieu des vagues les débris de ce qui fut le ville du havre et les corps inanimés de ses passagers surmonte coula avec son navire il fut rejeté par les remous tandis que son bateau descendait droit vers les abysses À la surface, il put s'accrocher à une planche et fut ramené à bord du Lockhearn. Anna Spafford fut sortie de l'eau, seule, sans ses quatre filles, restées prisonnières de l'épave. Rufus et Mary Wheeler Peckham ne seront jamais retrouvés non plus. Il en va de même pour Victor Collodion et sa jeune épouse Faustine, Hamilton et Martha Murray et Philippe Larazabal, tous morts cette nuit-là. Les 87 naufragés sortis de l'eau, 26 passagers et 61 membres d'équipage, sont recueillis démunis sur les ponts du Lockhearn. Ils sont là, à moitié nus et grelottants. Les passagers anglais font alors preuve d'une grande solidarité en apportant des vêtements et des couvertures. Anna Spafford cherche des yeux ses filles. De l'autre côté, une petite fille de 9 ans s'englotte en ne trouvant pas ses parents qui, de toute évidence, appartiennent maintenant à ce cruel océan qui cette nuit a encore fait des orphelins et nombre de malheureux en emportant avec lui plus de 226 âmes des 313 présentes à bord du ville du Havre. Pour autant, ils ne sont pas tout à fait sortis d'affaires. La brèche du Lockhearn est plus ou moins colmatée, du moins suffisamment pour leur donner le temps d'atteindre un port le plus proche poste le charpentier, mais pas avec autant de passagers entassés à son bar. Vers 10h du matin, on aperçoit les valles d'un 3 mâts et on lui fait signe de venir au plus vite. C'est le Tremontaine, voilier américain qui arrivait sur place, commence alors à transférer les rescapés sur ses ponts. Il reprend son chemin et déposera les malheureux à Cardiff, en Angleterre, le 1er décembre, soit 8 jours après le drame. Trois marins restent à bord du Lockhearn et tentent de le ramener vers un port. Mais, à nouveau, l'océan devient mauvais et le voilier déjà très endommagé prend l'eau. Ils sont forcés d'abandonner le navire et sont recueillis par un autre voilier. Le Lockhearn sombre à son tour. Un de plus au fond de l'Atlantique. Qui est alors responsable de ce drame ? Les personnes concernées reposent avec l'épave du bateau. Quoi qu'il en soit, l'incident est de la faute de l'équipage de la ville du Havre. Tandis que le Tremontaine conduisait les rescapés à Cardiff, un pasteur passait parmi eux pour prier. Il conversa pendant un moment avec Anna Spatford qui lui dit Dieu m'a donné quatre filles, quatre magnifiques filles. Maintenant, il me les a arrachées. Un jour, je comprendrai peut-être pourquoi. Arrivé à Cardiff, elle fit envoyer un télégramme à son époux Horatio. Ce message disait entre autres Je suis saine et sauve. Seul. Que puis-je faire ? Immédiatement, Horatio s'embarqua sur le premier transatlantique à quitter New York en direction de l'Angleterre. En chemin, ils passèrent sur le lieu du naufrage, 47 degrés nord, 38 ouest. Le capitaine lui fit savoir que c'est ici que reposaient ses filles. durant ce voyage horatio écrivit une lettre à sa belle-soeur disant ce jeudi nous sommes passés au-dessus de l'endroit où reposent l'épave et les filles au milieu de l'océan cinq mille mètres plus bas mais je ne pense pas à elles ici elles sont ailleurs saines et sauves mes douze agneaux Il composa également pendant cette même traversée les paroles de l'hymne protestant It is well with my soul dont Philippe Bliss fera l'instrumental qu'il nommera Ville du Havre Il y a une vieille croyance, une superstition parmi les vieux loups de mer. Il se dit dans l'époque que lorsqu'un navire a été nommé, baptisé, on ne doit jamais changer son nom, sinon il perd la protection de Dieu. Croyez-le ou non. Les coordonnées de l'épave du Ville du Havre sont connues, enfin, on note à celles du lieu du naufrage. À ma connaissance, on n'a jamais cherché à l'explorer. Il est vraiment au beau milieu de la route de l'Atlantique Nord, dans les eaux profondes, très profondes. Qu'en reste-t-il aujourd'hui ? Arrivez-vous à vous la représenter, à l'imaginer ? Fin de plongée, on remonte. Mon récit est à présent terminé. Si celui-ci vous a plu, que vous avez des remarques ou des commentaires, vous pouvez m'écrire à lesimtiardelocéantoutattaché à gmail.com. Je lirai votre message avec plaisir et je vous répondrai. Vous pouvez également rejoindre les pages Facebook et Instagram Lesimtiardelocéant. J'y poste parfois quelques photos pour illustrer mes récits. Je vous retrouve donc dans un mois pour un autre récit de naufrage ou une histoire sur un paquebot transatlantique.

Description

Le 22 Novembre 1873, au milieu d'une nuit calme sur l'atlantique. Le "Ville du Havre", transatlantique français, entre en collision avec le "Loch earn".
Découvrez avec moi cette tragédie oubliée et sa triste histoire.



Sons: 


Musiques:

  • La dernière pensée de Weber, originale de Reissiger. Version de Jean-Michel Damase (source Youtube)

  • N°7 Alone in my thoughts, Esther Abrami (Bibliothèque Youtube)

  • It is well with my soul, Horatio Spafford, Philip Bliss, Sovereign grace music (source Youtube)


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

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  • Speaker #0

    Bonjour à vous tous, les vieux loups de mer, les chercheurs de trésors. Êtes-vous en quête d'une nouvelle épave à exhumer ? Eh bien dans ce cas, je suis des vôtres. Et aujourd'hui, j'aimerais qu'ensemble, on sorte de ces profondeurs un vieux, très vieux transatlantique français complètement oublié. J'aimerais vous raconter l'histoire de la ville du Havre, c'est son nom. Enfilez votre scaphandre, passons par-dessus bord pour descendre dans les profondeurs glaciales de l'Atlantique. Là où aucune lumière ne pénètre et où le silence est assourdissant. Mettons en lumière l'épave du Ville du Havre et écoutons le récit de son triste naufrage. Le Ville du Havre voit le jour en 1865. C'est un paquebot de la compagnie générale transatlantique, alors toute jeune. L'entreprise créée en 1855 par les frères Perrer s'appelle d'abord Compagnie Générale Maritime. C'est sous l'impulsion de l'empereur Napoléon III qu'elle devient la Compagnie Générale Transatlantique et qu'elle devra à présent desservir la ligne jusqu'à New York en passant par Brest pour acheminer le courrier. Elle dispose ainsi d'un financement. Le navire qui nous intéresse donc aujourd'hui est construit en Angleterre au Tammys Ironwork and Shipbuilding Company. Sa coque d'acier mesure alors 111 mètres de long pour 14 mètres de large et une jauge brute de 3376 tonneaux. Le tout propulsé par deux roues à aube alimentées par une machine à vapeur lui permettant d'atteindre, sur le papier, la vitesse de 13 nœuds. Notons à ce moment que le paquebot s'appelle Napoléon III. Il ressemble à une grande coque, il n'y a pas de superstructure. A l'arrière, il y a ce qu'on appelle une dunette, qui est une partie surélevée où on trouve des canaux de sauvetage. Comme tout navire de cette époque, il y a deux mâts pour porter des voiles et aider à faire avancer le navire. En son milieu, deux cheminées. Les équipements sont dans l'air du temps. Une belle salle à manger et un salon de convivialité qui occupe toute la largeur de la coque. Ce ne sont pas des pièces très lumineuses puisque de parts et d'autres, seuls des petits hublots laissent passer la lumière. Au plafond, on y trouve également quelques puits de lumière pour éclairer la pièce au mieux. On habille les murs de panneaux de bois et au centre de la pièce, il y a des poteaux pour rigidifier l'ensemble, autour desquels on trouve des mains courantes pour s'agripper en cas de gros temps et pouvoir traverser la pièce sans risquer de se retrouver au sol. Le Napoléon III possède, comme les autres paquebots, des cabines exiguës, toujours, mais pratiques et confortables le temps d'une traversée. On le met à l'eau en 1866 où on termine de l'équiper et c'est le 15 avril 1866 qu'il réalise ses essais en mer. Il atteint timidement les 12 nœuds de moyenne, ce qui ne satisfait pas du tout la compagnie générale transatlantique, qui dans un premier temps refuse donc la livraison du Napoléon III. Les machines ont peut-être besoin d'être un peu rodées. On autorise alors une première traversée vers New York le 26 avril, au départ du Havre. Et cela semble porter ses fruits, puisqu'il atteint la vitesse moyenne de 13,20 nœuds, lui permettant d'arriver à New York le 10 mai, après 14 jours de traversée. C'est long, oui, surtout remis dans la perspective d'aujourd'hui avec l'aviation. Mais le trajet faisait partie du voyage. Les 13 nœuds étant atteints, la compagnie générale accepte la livraison du bateau, mais il reste toutefois le navire le moins rapide de la flotte actuelle, composé, entre autres, du France premier du nom. Bon, l'arrivée de la French Line sur la ligne transatlantique est tardive, et ses bateaux à aube sont déjà obsolètes. L'avenir, c'est l'hélice centrale. L'année 1870 est une année de bouleversements en France. La guerre franco-prussienne fait rage, la France combat l'Allemagne et l'empereur Napoléon III est capturé, débouchant en septembre sur la proclamation de la Nouvelle République. Le Napoléon III est alors renommé Invasion III. Le 16 septembre 1871, il quitte le Havre en direction des chantiers de Hepburn-on-Tyne, Angleterre, pour y subir une refonte massive. Au programme, on supprime les deux roues à aubes, on pose une hélice centrale et des nouvelles machines bien plus puissantes. Ensuite, on rallonge le bateau de 17 mètres, portant sa taille à 128 mètres et sa jauge atteint donc les 5065 tonneaux. Il peut à présent transporter 170 passagers de première classe, 100 en seconde et 50 en troisième. Pour marquer cette transformation, il ne lui manque qu'un nouveau nom. Donnons-lui alors le nom de son port d'attache. Il devient ainsi Ville du Havre. Les travaux ont été longs, et c'est donc en mars 1973 que le Ville du Havre reprend son service en direction de New York. Nous voici donc arrivés au moment fatidique qui nous intéresse. Nous sommes le 15 novembre 1873, au port de New York. Le ville du Havre est à quai et on charge dans ses cales une cargaison de coton, de blé, de cuir et de graisse ainsi que du courrier. 141 passagers embarquent à son bord avec 172 hommes de l'équipage. Parmi ces passagers, quelques non notables. Rufus Wheeler Peckham, 64 ans, avocat et juge américain, membre du Congrès, qui voyage avec sa femme Mary à destination du sud de la France où il se rende pour suivre une cure car la santé de monsieur décline ces derniers temps. Hamilton Murray, 23 ans, un jeune diplômé de l'université de Princeton qui voyage avec sa sœur Martha, âgée de 20 ans. Victor Malfais, dit Collodion, caricaturiste français, voyage avec sa jeune épouse Faustine, une artiste lyrique. Ils se sont mariés le 28 juillet et depuis, Victor honore des contrats qu'il a avec des théâtres où il se produit. Là, il rentre donc de New York après s'être produit à plusieurs reprises à l'Olympic Theatre depuis le mois de septembre. Parmi eux se trouve également Felipe Larrazabal, musicien, avocat, journaliste politique, homme politique et écrivain vénézuélien, expulsé de son pays suite à des actions menées contre le gouvernement en place. À court d'argent, il a donc rejoint New York dans le but de s'embarquer sur le ville du Havre pour se rendre en France afin d'y faire publier certaines de ses œuvres et renflouer son portefeuille. Horatio Spafford, célèbre avocat américain, devait être du voyage avec sa femme Anna et leurs quatre jeunes filles. La veille, Horatio fut retenu par ses affaires à Chicago et ne put prendre part au voyage. Seules ses filles et sa femme s'embarquent donc sur le ville du Havre en quête de leur voyage à Paris, où M. Spafford les rejoindra plus tard. Il est aux environs de 3h de l'après-midi et le Ville du Havre largue ses amarres. Aidé des remorqueurs, il s'éloigne des quais de la French Line, remonte l'Hudson et fait ses adieux à New York. Pour ce voyage, derrière la barre du Ville du Havre se trouve le capitaine surmonte. Si les premières heures après le départ se passent tranquillement, assez vite le temps se gâte et surmonte affronte une tempête pendant les premiers jours. Tandis qu'il approche des grands bancs de Terre-Neuve, le calme revient. Mais... Vous le savez maintenant ce qu'on trouve dans cette région ? Eh oui, l'histoire se répète. Le ville du Havre entre dans un brouillard intense, une véritable purée de poids où on ne voit rien de rien. Surmonte restera alors sur le pont tout le temps, faisant résonner le sifflet du navire et réduisant grandement la vitesse du bateau. Il refusa de quitter la passerelle et de laisser ses officiers opérer des manœuvres à la barre. Surmont était un capitaine consciencieux, mais il n'était pas au bout de ses peines. Sorti du brouillard, le vent se lève à nouveau, et le ville du Havre est balotté dans les creux immenses de l'océan Atlantique. Et non, messieurs-dames, le ville du Havre n'a pas coulé dans le brouillard. L'histoire est un peu différente cette fois. Je ne voudrais pas vous lasser. Enfin, le 21 novembre, six jours après le départ, le calme revint. Le ville du Havre se trouve maintenant au beau milieu de l'Atlantique. C'est une belle journée. Sur Montsouris, en voyant ses passagers venir prendre l'air sur le pont, les enfants forment une véritable tribu et ensemble, ils jouent sous l'œil amusé des parents. Certains des passagers viennent trouver le capitaine qui peut enfin souffler et se laisser aller à des conversations. Il le félicite alors d'avoir su mener son bateau à travers ce gros temps qui semble maintenant loin derrière eux. on aperçoit felipe et la razabal dans le salon en train de rédiger des lettres non loin de lui hamilton murray termine un livre en saluant d'un hochement de tête rufus willerpeckham et son épouse qui rentrent d'une promenade sur le pont la nuit tombe petit à petit surmont fait allumer les feux du bateau puis descend dans la salle à manger du navire Ce soir, elle est pleine. Tout le monde a un grand appétit après ces derniers jours de tempête. On se régale, puis les passagers se retirent dans le salon où, sur le piano, un concert s'improvise. Chacun y va de son talent pour y jouer son morceau favori. On termine alors par jouer La dernière pensée de Weber. Sur ces dernières notes, petit à petit, chacun regagne sa cabine où une douce nuit de sommeil les attend. Cette mer calme promet un bon repos. Enfin ! De son côté, le capitaine calcule leur position avec ses officiers. Puis, fatigué, il descend dans sa cabine pour se reposer lui aussi. Le ville du Havre s'enfonce dans la nuit. A partir de ce moment, on ne sait plus trop ce qu'il se passe à bord car les principaux intéressés qui auraient pu apporter leur témoignage n'ont pas survécu à ce qui va suivre. Il est peu avant 2h du matin et soudain, le calme du bateau est troublé par des pas précipités. Des ordres sont hurlés de part et d'autre et soudain, le ville du Havre est secouée par un choc net et violent qui précipite les passagers au pied de leur lit. Le capitaine accourt sur le pont et voit qu'un voilier trois mâts a enfoncé sa proue dans la coque du transatlantique jusqu'à la moitié de la salle des machines. Il observe rapidement la scène et comprend très vite qu'il n'y a plus rien à faire à part organiser l'évacuation sans plus attendre. Le ville du Havre est perdue. Surmonte observe une brèche d'environ 5 ou 6 mètres dans le flanc tribord de son navire. L'eau émet un grondement sinistre tandis qu'elle se ferait un chemin dans la coque, descendant dans les ponts inférieurs du transatlantique presque coupés en deux. Il est déjà trop tard pour fermer l'éclason étanche et dès les premières minutes, l'eau paralyse le navire en entrant dans ses chaudiers. les passagers se massent sur la dunette du ville du havre où surmontent fait débâcher rapidement les canaux et commencent à organiser l'évacuation en attribuant les taches à ses officiers les passagers sont en tenue de nuit certains sont nus personne ne prie le temps de rassembler ses affaires tous semblent résignés et peu en proie à la panique seuls les enfants pleurent surpris ou terrifiés accrochés à leur mère et grelottant écarquillant les yeux à chaque oscillation du paquebot ou chaque grondement remontant de ses entrailles laissant comprendre que la fin arrive rapidement le voilier ayant épruné le ville du havre et le lock hearn qui pleure anglais partit de londres direction de new york Long de 70 mètres, coque en fer, trois mâts, 85 passagers et membres d'équipage à son bord. La collision a sérieusement endommagé sa proue et une légère voie d'eau est détectée. Le charpentier du voilier travaille déjà à faire colmater cette brèche et s'attelle avec son équipe à fabriquer une cloison étanche. Le capitaine William Robertson ne perd pas une minute et fait immédiatement descendre ses chaloux pour venir en aide aux villes du Havre qui va couler très vite, c'est une certitude. Sur les ponts du transatlantique, on s'apprête à faire descendre deux canaux, emportant en tout une cinquantaine de passagers, femmes et enfants. Le violent choc avec le Lockhearn avait sérieusement ébranlé le grand mât arrière du paquebot et le mât d'Artimont, plus petit mât à l'arrière du navire. Ceci oscillait de plus en plus. Soudain, les cordages qui le maintiennent se roulent un à un et les deux mâts viennent s'écraser sur le dos, brisant au passage les deux embarcations qui chutent à l'eau. Certains sont tués sur le coup, d'autres se noient. Les plus chanceux parviennent à s'accrocher à des débris, tandis que ceux qui savent nager tentent de rejoindre le Lockhearn et ses chaloupes qui se dirigent vers eux. Pour autant, peu cèdent à la panique. Tous semblent résigner et comprennent que leur salut arrivera dans quelques minutes. des courageux matelots tentent de dépétrer de là les quelques malheureux coincés sous les mâts ou emmêlés dans les cordages mais cet événement n'a fait qu'accélérer la descente du paquebot vers le fond le poids des mâts tombés les fait s'incliner de plus en plus sur au centre du navire entre les deux cheminées rufus willerpeckham se soutient avec son épouse mary il assiste bouche b à la chute des mâts et leur destin laisse maintenant peu de place au doute Il se tourne alors vers sa femme, lui prend les mains, et ses dernières paroles ont alors été, avec un grand sang-froid, Ma chère, notre heure est venue. Mourons avec courage. Personne ne les revit ensuite. Passant à côté, une jeune fille soutient sa mère en disant Courage, mère. Dans quelques minutes, nous serons au ciel. Murray Hamilton et sa sœur Martha s'accrochent l'un à l'autre en marchant vers les canaux dans l'espoir d'y trouver une chaloupe. Un prêtre passe d'un groupe à l'autre dans la précipitation pour donner les dernières prières. Les femmes sont résignées, les hommes dignes, tous pris, certains à genoux. Les enfants à demi-nus contre leurs parents pleurent. Ils devinent le péril sans le comprendre. Le paquebot s'incline encore. On s'agrippe au cabestan et à tout ce qu'on peut trouver sur le pont. dans un dernier râle le ville du havre s'enfonce et disparaît sous les flots qui tourbillonnent emportant en son ventre ses passagers le tout en moins de quinze minutes après la collision les remous rejetèrent des corps à la surface dont certains encore en vie cherchent à présent à s'accrocher à des morceaux de l'épave Un canot chargé de femmes et d'enfants qui était mis à l'eau dans les derniers instants fut projeté sur le mât d'Artimon tombé quelques minutes plus tôt. Celui-ci perça l'embarcation qui prit l'eau, laissant les malheureux se débattre eux aussi au milieu de ce chaos de débris et de cadavres. Ici, en proie à la panique, un homme s'accroche aux cheveux d'une femme qu'il tire en arrière tandis qu'elle tend ses bras vers une embarcation surchargée qui passe non loin. Sur le point de chavirer, tant les malheureux tentent d'y monter. A son bord, évidemment, on repousse autant que possible ces pauvres fous avec ce qu'on peut. Coup de rame, morsure, il en va de sa propre survie maintenant. Une autre jeune fille appelle faiblement au secours, agrippée à un panneau de bois, une blessure béante à la tête. Les embarcations du Lockhearn arrivées sur place repêchèrent autant de survivants que possible. Jusqu'à ce que l'aube arrive, ils firent des allers-retours jusqu'au voilier en mauvaise posture pour transférer les naufragés. ils demeurèrent sur place jusqu'à ce que tout soit silencieux jusqu'à ce qu'on n'entendît plus une voix plus un râle plus un pleur laissant seuls au milieu des vagues les débris de ce qui fut le ville du havre et les corps inanimés de ses passagers surmonte coula avec son navire il fut rejeté par les remous tandis que son bateau descendait droit vers les abysses À la surface, il put s'accrocher à une planche et fut ramené à bord du Lockhearn. Anna Spafford fut sortie de l'eau, seule, sans ses quatre filles, restées prisonnières de l'épave. Rufus et Mary Wheeler Peckham ne seront jamais retrouvés non plus. Il en va de même pour Victor Collodion et sa jeune épouse Faustine, Hamilton et Martha Murray et Philippe Larazabal, tous morts cette nuit-là. Les 87 naufragés sortis de l'eau, 26 passagers et 61 membres d'équipage, sont recueillis démunis sur les ponts du Lockhearn. Ils sont là, à moitié nus et grelottants. Les passagers anglais font alors preuve d'une grande solidarité en apportant des vêtements et des couvertures. Anna Spafford cherche des yeux ses filles. De l'autre côté, une petite fille de 9 ans s'englotte en ne trouvant pas ses parents qui, de toute évidence, appartiennent maintenant à ce cruel océan qui cette nuit a encore fait des orphelins et nombre de malheureux en emportant avec lui plus de 226 âmes des 313 présentes à bord du ville du Havre. Pour autant, ils ne sont pas tout à fait sortis d'affaires. La brèche du Lockhearn est plus ou moins colmatée, du moins suffisamment pour leur donner le temps d'atteindre un port le plus proche poste le charpentier, mais pas avec autant de passagers entassés à son bar. Vers 10h du matin, on aperçoit les valles d'un 3 mâts et on lui fait signe de venir au plus vite. C'est le Tremontaine, voilier américain qui arrivait sur place, commence alors à transférer les rescapés sur ses ponts. Il reprend son chemin et déposera les malheureux à Cardiff, en Angleterre, le 1er décembre, soit 8 jours après le drame. Trois marins restent à bord du Lockhearn et tentent de le ramener vers un port. Mais, à nouveau, l'océan devient mauvais et le voilier déjà très endommagé prend l'eau. Ils sont forcés d'abandonner le navire et sont recueillis par un autre voilier. Le Lockhearn sombre à son tour. Un de plus au fond de l'Atlantique. Qui est alors responsable de ce drame ? Les personnes concernées reposent avec l'épave du bateau. Quoi qu'il en soit, l'incident est de la faute de l'équipage de la ville du Havre. Tandis que le Tremontaine conduisait les rescapés à Cardiff, un pasteur passait parmi eux pour prier. Il conversa pendant un moment avec Anna Spatford qui lui dit Dieu m'a donné quatre filles, quatre magnifiques filles. Maintenant, il me les a arrachées. Un jour, je comprendrai peut-être pourquoi. Arrivé à Cardiff, elle fit envoyer un télégramme à son époux Horatio. Ce message disait entre autres Je suis saine et sauve. Seul. Que puis-je faire ? Immédiatement, Horatio s'embarqua sur le premier transatlantique à quitter New York en direction de l'Angleterre. En chemin, ils passèrent sur le lieu du naufrage, 47 degrés nord, 38 ouest. Le capitaine lui fit savoir que c'est ici que reposaient ses filles. durant ce voyage horatio écrivit une lettre à sa belle-soeur disant ce jeudi nous sommes passés au-dessus de l'endroit où reposent l'épave et les filles au milieu de l'océan cinq mille mètres plus bas mais je ne pense pas à elles ici elles sont ailleurs saines et sauves mes douze agneaux Il composa également pendant cette même traversée les paroles de l'hymne protestant It is well with my soul dont Philippe Bliss fera l'instrumental qu'il nommera Ville du Havre Il y a une vieille croyance, une superstition parmi les vieux loups de mer. Il se dit dans l'époque que lorsqu'un navire a été nommé, baptisé, on ne doit jamais changer son nom, sinon il perd la protection de Dieu. Croyez-le ou non. Les coordonnées de l'épave du Ville du Havre sont connues, enfin, on note à celles du lieu du naufrage. À ma connaissance, on n'a jamais cherché à l'explorer. Il est vraiment au beau milieu de la route de l'Atlantique Nord, dans les eaux profondes, très profondes. Qu'en reste-t-il aujourd'hui ? Arrivez-vous à vous la représenter, à l'imaginer ? Fin de plongée, on remonte. Mon récit est à présent terminé. Si celui-ci vous a plu, que vous avez des remarques ou des commentaires, vous pouvez m'écrire à lesimtiardelocéantoutattaché à gmail.com. Je lirai votre message avec plaisir et je vous répondrai. Vous pouvez également rejoindre les pages Facebook et Instagram Lesimtiardelocéant. J'y poste parfois quelques photos pour illustrer mes récits. Je vous retrouve donc dans un mois pour un autre récit de naufrage ou une histoire sur un paquebot transatlantique.

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