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Le Curseur

Entreprendre après un AVC | Christine Pliso

Entreprendre après un AVC | Christine Pliso

38min |20/05/2025
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38min |20/05/2025
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Description

Dans cet épisode, Christine nous raconte comment un AVC à 28 ans a bouleversé sa vision de la performance et de la réussite.


De son enfance marquée par une quête d'excellence à sa carrière fulgurante en management, elle retrace son parcours jusqu'au jour où son corps a dit "stop".


Christine partage avec honnêteté comment cet événement traumatique est devenu un cadeau précieux qui l'a amenée à redéfinir ses priorités et à fonder Skillie, une entreprise qui incarne sa conviction que "l'humain transforme les organisations".


Bonne écoute !


LIENS ET RESSOURCES

- LinkedIn de Christine : https://www.linkedin.com/in/christinepliso/

- La newsletter de Christine : https://www.linkedin.com/newsletters/r%C3%A9veil-toi-7280980404063358976/


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Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    À quel moment tu as commencé à sentir qu'il y avait quelque chose qui n'allait pas forcément bien dans la façon dont tu gérais ton travail ?

  • Speaker #1

    Jamais, en fait. Jusqu'à mon AVC, je pense.

  • Speaker #0

    Dans cet épisode, Christine Pissot nous raconte comment son AVC à 28 ans a complètement redéfini sa vision de la performance et de la réussite.

  • Speaker #1

    On a commencé à me parler de promotion. C'était vraiment être bras droit du PDG. J'étais ravie à ce moment-là de la tournure que prenait ma carrière, en tout cas.

  • Speaker #0

    pété sur la route quasiment toute la journée, tu faisais des allers-retours pour t'occuper de tes équipes et en rentrant chez toi tu t'occupais de ton conjoint.

  • Speaker #1

    Oui c'est ça. C'est le moment où on dit c'est quand qu'il s'occupait de toi. Je ne faisais vraiment rien pour moi à ce moment là. C'était ça le vrai problème. A partir de là je me suis dit tu t'es complètement trompée.

  • Speaker #0

    Elle nous raconte en toute honnêteté et avec beaucoup d'humilité comment cet événement traumatisant l'a complètement transformée.

  • Speaker #1

    Mon copain, il est là à cette époque, va entendre un bruit dans la salle de bain. parce que du coup je vais tomber par terre, j'arrive à me relever, etc. Je lui dis non, non, mais c'est rien, t'inquiète. Il est en train de se passer quelque chose de grave, mais moi à ce moment-là, je ne comprends pas.

  • Speaker #0

    Donc ma question, c'est quand tu avais 28 ans, cet AVC, ça t'a un peu forcé, enfin ça t'a complètement forcé à t'arrêter. Qu'est-ce qui s'est réveillé en toi ?

  • Speaker #1

    Le fait de me rendre compte que je n'avais pas placé les curseurs de priorité là où ils devaient vraiment être. J'avais beaucoup négligé tout ce qui était bien-être personnel, aussi bien psychologique que corporel, pour totalement me dédier aux autres, que ce soit le conjoint que j'avais à l'époque, ou alors me dédier au travail et donc aux personnes que je managais à ce moment-là. En parallèle de ça, j'avais complètement abandonné ma famille et mon cercle personnel. J'avais aussi complètement abandonné mon bien-être personnel. Et du coup, quand à 28 ans, j'ai fait un AVC, à ce moment-là, je me suis dit « Oula ! » Là, tu viens de dépasser justement une limite. Ton corps t'envoie un signal. Je ne dirais pas que je l'ai accepté tout de suite au départ. C'était beaucoup de déni, mettre la faute sur les autres, notamment par rapport à mon entreprise de l'époque, puisque ça avait été diagnostiqué comme étant suite à un surmenage. Après, ça a été un surmenage assez global. Il y avait aussi des facteurs physiques qui ont fait que l'AVC a pu être possible. Donc ça a été déclenché effectivement par un surmenage. Mais au départ, il y avait beaucoup de colère par rapport à l'entreprise, par rapport aussi à mon conjoint de l'époque qui me mobilisait beaucoup par des problèmes de santé qu'il avait. Après, il a fallu que j'ai toute une phase d'acceptation de me dire que ça avait été moi aussi qui a été à l'origine de cet AVC. Je n'ai pas su écouter tous ces fameux warnings qu'il pouvait y avoir par-ci, par-là, et que j'avais vraiment trop poussé les limites. Et ça a vraiment réveillé ce côté de me dire que dans la vie, on ne réussit pas que par la vie professionnelle. Parce qu'à ce moment-là, j'avais ce sentiment que l'ambition, c'était uniquement pro et que le pro, c'était la seule chose qui pouvait me contenter réellement en termes de réussite et aussi de définition de la réussite et du bonheur. À partir de là, je me suis dit, tu t'es complètement trompée parce qu'en fait, la vie, ce n'est pas que le pro.

  • Speaker #0

    Si on fait un retour en arrière, quand tu étais étudiante, c'était quoi tes ambitions ?

  • Speaker #1

    Au départ, pendant de nombreuses années, j'ai voulu être prof. C'était cette ambition de la bonne élève, c'est-à-dire il faut avoir les meilleures notes, toujours donner le meilleur de soi-même. Mais en même temps, je n'étais pas dans la comparaison avec les autres. C'était beaucoup le meilleur de moi-même par rapport à mon propre référentiel. Donc je n'étais pas forcément la meilleure de la classe. J'étais dans le top des étudiants, mais j'avais vraiment ce référentiel personnel de me dire il faut que tu sois fière de toi, il faut que tu rendes fière les autres. J'avais cette volonté de rendre fière ma mère par rapport à mes frères, ce qui était un petit peu plus difficile. Je voulais contrebalancer là-dessus. J'avais cette volonté beaucoup d'exemplarité, de soutien. Par la suite, je me suis lancée dans une prépa à l'être. Il n'y a pas plus parcours d'excellence que ça. C'est vraiment ce genre de parcours où tu as peu d'élus et beaucoup de personnes qui veulent y aller. Mais rapidement, je me suis rendue compte que ce n'était pas du tout quelque chose qui me correspondait. Parce que trop théorique. Finalement, je me suis réorientée assez rapidement, mais j'ai eu du mal à accepter ce changement. Parce que je le vivais comme un échec. Je me suis dit, là, tu n'as pas été capable d'être au niveau, parce que c'est un niveau très élevé. Mais maintenant, avec le recul, je ne me dis pas que je n'étais pas capable. C'est que ce n'était pas quelque chose qui me donnait suffisamment envie de l'être, dans le sens où j'aurais pu plus travailler, j'aurais pu plus m'investir, j'aurais pu réussir. Mais ce n'est pas quelque chose qui me donnait à ce point envie pour me dépasser.

  • Speaker #0

    Tu parles de référentiel, c'était quoi ton référentiel ?

  • Speaker #1

    Alors, mon référentiel, c'était beaucoup ma mère aussi, parce qu'en fait, ma mère, quand elle était à l'école... Elle était très très bonne élève. Mon collège et mon lycée, et même ma primaire, je les ai faites dans le même établissement que là où était ma mère. Avec ma mère, on n'a pas tant d'écart parce qu'elle m'a eu assez jeune, elle avait 24 ans, et ça fait que j'ai eu des profs qu'elle avait aussi. Et du coup, quand j'arrivais à l'école, du coup j'étais l'aînée de la fratrie, eh bien on me comparait parfois à ma mère, parce qu'en plus physiquement on se ressemble plutôt beaucoup. Et il y avait beaucoup ce référentiel de « ta mère était superbe, donc tu vas l'être aussi » . Moi, j'ai perdu mon père en étant très jeune. Et il y avait ce côté de se dire, il faut que tu ne fasses pas du souci à ta mère et il faut que tu assures dans ton rôle de sœur, dans ton rôle tout court.

  • Speaker #0

    Oui, je connais bien ce rôle-là. C'est quelque chose qu'on te donne, mais aussi que tu te donnes de manière complètement inconsciente en étant enfant. Donc, ta vision de la performance, finalement, c'était quoi ?

  • Speaker #1

    Ma vision de la performance, je pense que c'était la fierté des autres. Les félicitations que tu peux recevoir de la part d'un conseil de classe, les félicitations que tu peux recevoir de la part d'un prof, le bravo de l'entourage qui va dire que tu as fait un super job.

  • Speaker #0

    Est-ce qu'à cette époque-là, ta mère a mis le doigt sur cette super excellence que tu voulais atteindre ou pas spécialement ?

  • Speaker #1

    Elle était fière, mais il n'y avait pas... Elle n'était pas dans une optique où elle me poussait à être excellente. Ce n'est pas comme ses parents, tu sais, qui te mettent plein de pression pour que tu sois toujours le meilleur. En réalité, c'est quelqu'un qui est très « faites ce qui vous plaît, je vous soutiendrai quoi qu'il en soit » . C'est plus moi qui m'étais mis une pression par moi-même qu'elle qui le faisait. Parce que par exemple, quand j'ai décidé d'arrêter ma prépa, moi j'avais peur de lui dire, parce que j'avais peur de la décevoir. Alors qu'en réalité, quand je lui ai dit, ce qui s'est passé, c'est qu'elle m'a juste soutenue. Elle m'a dit que si tu n'aimes pas ça, tu feras autre chose et tu y arriveras tout aussi bien.

  • Speaker #0

    Est-ce que le fait d'être la seule fille dans la fratrie t'a fait aussi un peu endosser ce rôle maternel ?

  • Speaker #1

    Oui, parce que mes deux frères sont plus jeunes que moi. J'en ai un qui a un an de moins que moi et un qui a cinq ans de moins que moi. C'est quand même un fort gap. Surtout, comme notre père est décédé quand on était très jeunes, et ma mère, juste au décès, a fait une dépression. et du coup, rapidement, je me suis dit il faut que... Toi, tu restes forte parce qu'il faut que quelqu'un le soit pour la famille.

  • Speaker #0

    Tu as quitté la prépa lettre ? Pour faire quoi ?

  • Speaker #1

    Alors, au départ, je ne savais même pas ce que j'allais faire. C'était vraiment, ça ne me plaît pas, ça ne me convient pas, il faut que j'arrête. Je me suis à ce moment-là questionnée en me disant, qu'est-ce qui te plairait vraiment ? Qu'est-ce que tu aimes faire ? Quand j'étais en prépa, j'avais aussi découvert l'univers des écoles de commerce. De là, je me suis dit, tu vas faire un BTS Management des unités commerciales parce que c'était un cursus qui allait m'ouvrir en même temps beaucoup de voies.

  • Speaker #0

    Donc tes drivers, si on reprend un peu, j'imagine que tu connais les cinq drivers. En montant la vidéo, je me suis rendue compte que je n'avais pas vraiment expliqué ce que c'était les drivers. Donc si vous savez ce que c'est, vous pouvez avancer ce passage-là. Et pour ceux qui ne le savent pas, en fait, rapidement, les drivers, ça vient de l'analyse transactionnelle. C'est des messages qui ont été répétés quand on était plus jeune et qui vont beaucoup influencer la façon dont on fonctionne aujourd'hui. Donc il y a cinq drivers. Fais plaisir. Sois parfait. Dépêche-toi. Sois fort et fais des efforts. Et en fait, on a chaque fois un dominant, voire deux dominants. Et ce qui est important ici, c'est de les conscientiser pour pouvoir les canaliser, puisqu'évidemment, ils ont des points positifs, mais aussi des points négatifs. Je vous donne l'exemple de Christine qui parle de son soi parfait, donc qui l'a amené à l'excellence, qui l'a amené à être très performante, mais qui l'a aussi amené à du surmenage. Donc ce qui est intéressant ici, c'est encore une fois de les conscientiser pour pouvoir avancer. Donc toi, tu es driver. On était plutôt à l'époque sur du soif fort et fait plaisir.

  • Speaker #1

    Oui.

  • Speaker #0

    Donc tu as fait une école de commerce et après, tu as vite monté les échelons. Tu es rentrée en entreprise et tu as rapidement monté les échelons pour être manager.

  • Speaker #1

    Je n'ai même pas fait une école de commerce. J'ai fait mon BTS du coup. Je suis celui d'une famille qui n'a pas vraiment des moyens financiers importants. Les écoles de commerce, ce n'était pas vraiment une voie qui pouvait m'être ouverte par rapport au montant que ça représentait à l'époque. Je me suis dit que je vais plutôt faire ton chemin toujours un système de mérite. En gros, si tu te donnes à fond dans ton travail, tu arriveras à grimper les échelons, à prouver que tu vaux plus et on te donnera plus. Je me suis dit qu'on va le faire plutôt comme ça.

  • Speaker #0

    Ce qui signifie que déjà à l'époque, tu avais rapidement envie de rentrer dans le monde du travail ?

  • Speaker #1

    Oui et non. Je pense que j'avais encore envie de rester un petit peu dans ce monde scolaire, continuer toujours à apprendre. Un peu aussi d'indécision parce qu'il y avait trop de choses qui m'intéressaient. C'est ça qui a fait aussi que, comme je le disais un petit peu plus tôt, je suis partie dans un cursus qui finalement était plutôt généraliste.

  • Speaker #0

    C'est intéressant parce qu'il y a une espèce de dualité entre le côté perfection et le côté cas de protection, je prends mon temps.

  • Speaker #1

    J'ai fait très dans le faire attention, toujours prendre tous les paramètres en compte pour être sûre d'aller dans la bonne voie. Dans un sens, je pense qu'à l'époque, ça me poussait à ne pas trop sortir de ma zone de confort.

  • Speaker #0

    Donc tu termines ton BTS et ensuite qu'est-ce que tu fais ?

  • Speaker #1

    Je deviens responsable de rayon, mais sans le titre de responsable. Ça, c'était beaucoup ce qui se faisait à la grande distribution. Tu étais mon employé polyvalent de commerce. Et en réalité, tu étais seule sur ton rayon, donc c'est toi qui gérait tout.

  • Speaker #0

    À quel moment tu as commencé à manager ?

  • Speaker #1

    Alors déjà, je manageais quand j'étais dans ma première expérience en BTS. Je manageais en étant stagiaire. Et ça, c'était quelque chose de très compliqué. La responsable du magasin m'avait pris vraiment comme assistante. Il y avait aussi une responsable adjoint. Et du coup, il y avait la cohabitation de dire, il y a une stagiaire qui est là pour apprendre. Mais en même temps, je devais tenir des rôles, des fonctions et des missions de manager.

  • Speaker #0

    Et avec le recul, comment est-ce que tu vois cette expérience ?

  • Speaker #1

    On ne m'a pas accompagnée sur les façons de manager. Et du coup, j'ai fait beaucoup d'erreurs. Et quand tu es jeune et que tu as 19 ans et que tu n'as jamais travaillé, à ce moment-là, tu ne te dis pas qu'il faut faire attention aux sentiments des autres ou à la perception que tes paroles, elles auront.

  • Speaker #0

    Et quel manager tu avais envie d'être ?

  • Speaker #1

    J'avais envie d'être le manager que j'ai réussi à être après mon AVC. Et avant l'AVC, j'étais plus un manager qui n'arrivait pas encore à prendre en considération les émotions des autres.

  • Speaker #0

    Si on revient sur la période de l'AVC, c'était quoi ton poste ?

  • Speaker #1

    Alors au moment de l'AVC, j'étais responsable régionale. Dans une entreprise qui faisait du commerce de métaux précieux, à ce moment-là, j'avais une vingtaine d'agences déterminées sur toute la France, qui avaient un gérant par agence. Et moi, mon rôle par rapport à eux, c'était de les accompagner dans le développement commercial de leur agence et de les amener à atteindre leurs objectifs.

  • Speaker #0

    Donc à quoi ressemblaient tes journées ?

  • Speaker #1

    Mes journées ressemblaient à, grosso modo, me lever à 6h du matin, partir, faire de la route, parfois faire jusqu'à 4h de route, arriver en agence. À ce moment-là, il pouvait y avoir plusieurs configurations. Soit le gérant avait vraiment du temps pour moi, soit il y en avait un petit peu moins. Et à ce moment-là, j'étais un peu tributaire du flux client. Et les quatre heures de route que je passais sur la route, il fallait les mettre à profit aussi. C'est là que j'ai fait l'erreur à cette époque-là, c'est que je rentrais tous les soirs chez moi. Donc parfois, je pouvais faire quatre heures de route le matin, quatre heures de route le soir. Et quand je rentrais chez moi, je voulais à tout prix leur faire un mail qui allait récapituler les performances de la journée. pour pouvoir féliciter les personnes qui avaient bien fait, pour qu'elles l'aient le lendemain matin quand eux, ils arriveraient à 9h à l'agence. Du coup, moi, je m'étais mis des contraintes supplémentaires pour donner de la présence aux gérants et qu'ils aient le sentiment qu'ils étaient bien entourés, même en étant seuls.

  • Speaker #0

    Et est-ce que ça a eu le résultat escompté ?

  • Speaker #1

    Oui, ça a eu le résultat escompté pour le coup. Cette année-là, j'ai fait plus de 250% de l'objectif demandé. J'avais un turnover quasi inexistant. Même si, pour le coup, ça a eu beaucoup d'effets négatifs sur moi, mais ça a eu l'effet positif attendu sur les personnes que j'encadrais, en tout cas.

  • Speaker #0

    Et de quoi tu étais la plus fière à ce moment-là ?

  • Speaker #1

    Que par rapport aux autres, ils me voient différemment. Dans le sens où ces mêmes gérants avaient parfois eu d'autres directeurs commerciaux avant moi. Ils me disaient « Vous êtes la première à venir me voir aussi souvent » . J'étais fière qu'ils se disent qu'ils pouvaient compter sur moi, parce qu'ils m'identifiaient comme quelqu'un de fiable.

  • Speaker #0

    Donc à ce moment-là, toutes les cases étaient cochées pour satisfaire cet enfant intérieur qui avait besoin d'excellence, qui avait besoin de performance, de fierté, de regard des autres, positif. Tout était là.

  • Speaker #1

    Tout était tellement là qu'on a commencé à me parler de promotion. Pratiquement le plus haut poste qui existait dans l'entreprise, c'était vraiment être bras droit du PDG. Et ce n'était pas la première promotion qu'on me proposait parce que je ne suis pas rentrée à ce poste-là dans l'entreprise. Je suis rentrée au poste de gérant où je faisais des remplacements. Et ensuite, on m'a proposé aussi un poste de responsable régional sur une petite région. Au bout de quatre mois, on a doublé ma zone. J'étais ravie à ce moment-là de la tournure que prenait ma carrière en tout cas.

  • Speaker #0

    Est-ce qu'à un moment donné, dans tes managers, il y a quelqu'un qui a tiré la sonnette d'alarme ou qui a vu que ça allait trop loin ?

  • Speaker #1

    J'étais vue comme cette personne vraiment instable, que rien n'atteint. Donc personne ne savait même que j'avais à ce moment-là un conjoint qui avait de gros problèmes de santé. Donc personne ne savait que j'avais une vie stressante dans ma vie personnelle. Moi je n'avais pas le sentiment que j'en faisais trop et je n'avais pas non plus le sentiment d'être dans une situation dangereuse pour moi. Moi je me disais, tu fais ton travail, tu le fais bien, ça se passe bien, tout va bien. On m'avait donné un petit conseil parce que justement on s'était rendu compte que je dormais très peu à l'hôtel. J'avais un kilométrage de voiture de fonction plus élevé que les autres. Donc ils voyaient bien que par contre, je faisais beaucoup de déplacements. Donc on m'avait recommandé davantage dormir à l'hôtel, mais il n'y avait pas de contraintes là-dessus. Personne ne m'a vraiment rien dit à ce moment-là.

  • Speaker #0

    Donc si quelqu'un t'avait dit que tu allais droit vers un AVC ou un A Burnout, comment tu l'aurais pris ?

  • Speaker #1

    En fait, personne n'aurait pu me le dire dans le sens où les gens pouvaient connaître des briques de ma vie, mais personne n'avait connaissance de l'intégralité. Et du coup, personne ne pouvait identifier ça, donc personne n'aurait pu me dire « bah, t'en fais trop » .

  • Speaker #0

    Donc si je résume, t'étais sur la route quasiment toute la journée, tu faisais des allers-retours pour t'occuper de tes équipes, et en rentrant chez toi, tu t'occupais de ton conjoint.

  • Speaker #1

    Oui, c'est ça.

  • Speaker #0

    J'ai 300 000 questions, mais je ne l'ai pas allé discuter.

  • Speaker #1

    c'est le moment où on se dit c'est quand tu t'occupais de toi c'est ça ?

  • Speaker #0

    ouais exactement c'est le moment où on se dit qu'est-ce que tu faisais pour toi bah rien en réalité je faisais vraiment rien pour moi à ce moment là c'était ça le vrai problème parce que finalement t'étais loin de tout le monde t'étais avec ton conjoint dans une ville que tu connaissais pas spécialement en tout cas nouvelle avec un seul moteur le travail ?

  • Speaker #1

    Là, au moment où je suis directrice commerciale, je suis revenue à Saint-Etienne. Ma mère et mon frère habitent à 5 minutes à pied de chez moi. C'est moi qui ai pu laisser de place à ma famille et à mes amis à ce moment-là. Mais concrètement, j'ai aucune raison de ne pas être près de ces gens-là.

  • Speaker #0

    À quel moment tu as commencé à sentir qu'il y avait quelque chose qui n'allait pas forcément bien dans la façon dont tu gérais ton travail ?

  • Speaker #1

    Jamais, en fait. Jusqu'à mon avis, c'est le temps.

  • Speaker #0

    Est-ce qu'il y avait un rapport à l'argent qui te motivait encore plus ?

  • Speaker #1

    Non.

  • Speaker #0

    Plus de performance, plus d'argent, non ?

  • Speaker #1

    Non, j'avais des commissions, mais ça n'a jamais été quelque chose de moteur pour moi, dans le sens où même dans ma progression au sein de cette entreprise, il y a parfois des postes où j'ai accepté d'être payée moins bien que le poste d'avant pour la promotion de mission.

  • Speaker #0

    Est-ce que tu peux nous raconter ce jour où tout a basculé ?

  • Speaker #1

    Donc on est le 7 octobre 2019. D'ailleurs, j'ai écrit toute une newsletter à ce sujet. Donc à ce moment-là, je suis déjà très fatiguée. Et puis, je me lève comme tous les matins pour aller me préparer. Et puis, il se passe quelque chose que je ne m'explique pas. C'est qu'une paralysie de la jambe gauche, de tout le côté gauche, souvent, c'est les premiers symptômes d'un AVC. Et à ce moment-là, je ne me rends même pas compte de ce qui se passe. Parce que du coup, mon copain, qui est là à cette époque, va entendre un bruit dans la salle de bain. Parce que du coup, je vais tomber par terre. Et à ce moment-là, j'arrive à me relever, etc. Et en fait, on pense à des choses vraiment si bêtes. En fait, j'étais en train de payer mon stationnement sur mon téléphone pour ne pas prendre d'amende. Et je me disais, il faut que tu finisses de payer ton stationnement. Je suis encore dans le déni. Je dis non, mais c'est rien. Il y a tellement une déconnexion qui se fait dans la réalité qu'on ne se rend même pas compte de ce qui se passe. Je lui dis non, non, mais c'est rien. T'inquiète. Il me dit, vas-y quand même. Moi, ce que je ne sais pas à ce moment-là, parce que je ne me suis pas regardée dans le miroir, c'est que j'ai une paralysie du visage. Donc, ça se voit concrètement sur mon visage qu'il y a quelque chose qui se passe. Lui il va appeler les pompiers, je lui dis non non, appelle pas les pompiers, appelle ma mère. Ma mère habite à ce moment-là à 5 minutes. Donc ma mère arrive et elle se rend vite compte qu'il est en train de se passer quelque chose de grave, mais moi à ce moment-là je ne comprends pas. J'ai une déconnexion du cerveau liée au fait des symptômes même de l'AVC qui font que c'est compliqué de réfléchir. Et donc on m'emmène à l'hôpital et très rapidement ils vont d'ici à diagnostiquer que c'est un AVC, je vais pouvoir être traité dans les 4 heures et du coup ça va faire... que ça va réduire considérablement les potentiels séquelles. Mais je vais quand même rester 10 jours à l'hôpital à la suite de cet AVC. Et pendant les 48 premières heures, il y avait la question de savoir si, une fois que je serai autorisée à me lever, parce qu'au début, tu n'as pas le droit de te lever, est-ce que je pourrais marcher ? Et du coup, il y a ce stress-là pendant 48 heures de savoir est-ce que tu pourras marcher. Et puis, progressivement, la volonté d'aller combattre tous les symptômes pour réussir à récupérer au plus vite possible. Et à la fin des dix jours, mon neurochirurgien qui me dit « Maintenant que vous êtes, ça va mieux. » Je vous le dis honnêtement, je ne pensais pas que vous réussiriez à vous en remettre aussi bien en dix jours. Mais à ce moment-là, j'ai bénéficié de la chance d'être jeune. Parce que du coup, quand on est jeune, notre cerveau a plus de plasticité. Et du coup, ça fait qu'il se remet plus vite. Et puis, la combativité et surtout le soutien de mes proches à ce moment-là. Puisqu'ils étaient avec moi toute la journée. Dès qu'ils pouvaient me voir à l'hôpital, ils venaient me rendre visite.

  • Speaker #0

    Avant de continuer... j'ai un cadeau pour vous. Je le répète constamment, la performance, elle commence d'abord par vous. Alors, j'ai créé un autodiagnostic qui met en lumière vos angles morts et qui va vous permettre de prendre du recul. Ce n'est pas juste une énième vidéo à regarder. L'idée, c'est vraiment de vous aider à devenir le leader que vous souhaitez être, d'abord pour vous, puis pour vos équipes. C'est offert. Vous avez juste à cliquer sur le lien en description. J'espère que ça vous plaira. À ce moment-là, c'est quoi tes premières pensées ?

  • Speaker #1

    À ce moment-là, mes premières pensées, c'est le travail. La première chose que je vais dire à ma mère quand je serai à l'hôpital et qu'elle viendra me voir, ça va être qu'il faut que tu préviennes mon manager. Je pense qu'à ce moment-là, j'essaie vraiment de ne pas me rendre compte de ce qui se passe parce que c'est plus facile pour moi de me dire « concentre-toi sur ce qu'il y a d'habitude » que de me rendre compte que là, il vient de se passer quelque chose de vraiment grave.

  • Speaker #0

    Est-ce que tu penses que le mindset que tu t'es construit, cet état d'esprit vers l'excellence, vers la performance, est-ce que ça t'a aidé à justement développer ce côté très combative ?

  • Speaker #1

    Autant ça m'a poussé à cette situation, autant c'est ça qui m'a aidé à en sortir aussi. Quand j'étais à l'hôpital, j'avais envie d'aller mieux, tout le temps. Du coup, je faisais tout ce qui était possible et imaginable. Je suivais tous les conseils qui m'étaient donnés par les médecins. Si on me donnait des choses à faire qui n'étaient même pas obligatoires. comme notamment, tu as une rééducation par un orthophoniste au moment d'un AVC par rapport au fait que ça peut toucher la déglutition. Et du coup, tu as des choses à faire pour être sûr de pouvoir manger correctement et pouvoir parler correctement. Et ça, ce n'est pas des choses obligatoires. Et d'ailleurs, elle me disait, vous êtes la seule à les faire aussi bien. Donc, il y avait toujours cette implication de se dire, il faut que tu donnes le meilleur de toi-même pour aller mieux.

  • Speaker #0

    Je trouve ça passionnant à chaque fois de voir à quel point notre... intérieur, notre psychologie, notre façon de vivre et de penser joue sur notre quotidien. On a tendance à vouloir virer tous ces drivers, toutes ces petites voies intérieures qui viennent nous gonfler, elle fait ci, fait ça, soit performante, etc. Alors qu'en fait, il y a vraiment un curseur, un équilibre à trouver entre le moment où ça devient toxique et le moment où ils sont là pour nous aider.

  • Speaker #1

    Complètement, parce que je n'aurais pas été comme ça. je ne me serais pas aussi bien rétablie et la suite n'aurait pas été aussi positive. Tu as deux possibilités. Soit tu te dis, ça y est, c'est foutu. À cause de ça, je n'aurai plus jamais tout le reste. Soit tu te dis, ah bon, il se passe ça. Qu'est-ce que j'en fais pour devenir meilleure ? Je pense que c'est à ce moment-là que j'ai pris conscience aussi à quel point j'étais résiliente. Avant ça, j'étais beaucoup plus, pas dramatique, mais j'allais peut-être plus me laisser toucher par des choses. J'ai commencé à me dire qu'il y avait bien plus grave dans la vie.

  • Speaker #0

    À quel moment tu as compris que cet événement, ça allait complètement changer ta vie ?

  • Speaker #1

    Alors déjà, au moment où j'ai demandé aux infirmières, quand j'étais à l'hôpital, pendant combien de temps je vais être arrêtée ? Encore la question du travail. Et à ce moment-là, on me dit entre six mois et un an. Et ça, ça a été quelque chose de très difficile à digérer. Puisque comme je l'ai dit, à ce moment-là, je suis en passe d'avoir une nouvelle promotion. Donc le sentiment que tout ce que j'ai construit pendant quatre ans, ça ne servait à rien. Je restais en arrêt pendant un an. J'ai été accompagnée par une psychologue et par ma famille sur cette période-là. Quand il fallait reprendre le travail, j'avais peur d'y retourner. Je ne voulais plus y aller. J'avais peur de me remettre dans une situation dans laquelle je pourrais reproduire quelque chose d'aussi grave. C'est pour ça que j'ai été beaucoup accompagnée par une psy qui m'a accompagnée comme on accompagne quelqu'un suite à un burn-out parce que c'est à peu près les mêmes conséquences psychologiques de faire un AVC. C'est à ce moment-là que j'ai compris que tout serait différent. les curseurs n'étaient plus au même endroit. Dans cette période-là, j'ai surtout beaucoup pris soin de moi parce qu'en fait, je n'avais pas le choix déjà. Je me suis rendu compte que si moi, je ne le faisais pas, on n'allait pas le faire pour moi. Il y a des personnes, quand je les rencontre aujourd'hui, ça les met un peu mal à l'aise que je leur dise que j'ai fait un AVC parce que c'est quelque chose de grave. Mais moi, je n'ai pas envie d'oublier cet épisode. Souvent, c'est ce qu'ils m'ont dit à l'hôpital, il y a des personnes qui au bout de quelques mois vont complètement zapper, retomber dans tous les travers. Et moi, j'ai cette volonté que vraiment, ce soit un vrai tournant. Donc, c'est quelques vœux dont je parle assez simplement. Ça me touche encore. Et d'ailleurs, quand j'ai écrit ma première newsletter avec ce sujet-là, ça a été très dur émotionnellement, parce que je me suis vraiment livrée. Et quand je me rends compte que peut-être je suis en train de le faire, maintenant, c'est mon corps qui se charge pour moi de me dire « Attention, là, t'es en train de refaire des choses que tu faisais avant. »

  • Speaker #0

    J'y crois tellement. C'est tellement important de partager tous ces moments de vie qu'on a et qui font que... On grandit d'une manière ou d'une autre et c'est tellement précieux. C'est des cadeaux qui sont extrêmement mal emballés, qui sont très douloureux. Mais mon Dieu, ce que ça nous fait grandir, c'est dingue.

  • Speaker #1

    C'est vrai. En fait, cet épisode, il ne m'a pas changé que moi. Il a changé ma famille et il a changé mon entreprise aussi.

  • Speaker #0

    C'est quoi les grands changements que tu as pu voir ?

  • Speaker #1

    Alors, par rapport à ma famille, plus de résilience. c'est pas si grave et qu'est-ce que je fais des événements graves qui m'arrivent dans la vie. Toujours plus de combativité, ça nous a soudés aussi énormément, même si on l'était beaucoup, mais ça a aussi remis beaucoup d'attention les uns envers les autres. Et par rapport à mon travail, je ne sais pas si c'est de la conciliation, mais en tout cas, accepter que chacun peut travailler à son rythme, mais toujours être aussi performant. Aussi, plus de temps à se dire, comment vont vraiment mes collaborateurs, est-ce qu'ils se sentent bien dans l'univers dans lequel ils sont.

  • Speaker #0

    C'est quoi aujourd'hui ta définition de la performance ?

  • Speaker #1

    C'est donner le meilleur de soi-même. C'est ok de ne pas avoir le temps de tout faire, ou alors c'est ok d'avoir besoin d'aide, alors qu'avant j'avais peut-être la tendance à faire tout toute seule, à vouloir tout faire toute seule.

  • Speaker #0

    Et à quel moment l'idée de Skilly a commencé à germer ?

  • Speaker #1

    Au moment où je décide de quitter mon entreprise, je ne suis même pas encore sûre de ce que je vais faire. Parce qu'à ce moment-là, il y a un manager qui arrive. Ça se passe très mal. Dès le premier rendez-vous qu'on a ensemble, je sors en larmes du rendez-vous. Et en fait, je me dis non, tu ne peux pas accepter ça. À l'époque où tu pouvais te mettre dans des états comme ça pour le travail, ça n'existe plus. Peut-être la semaine d'après cet événement, j'étais dans le bureau de mon PDG pour lui demander ma rupture. Je n'ai pas voulu accentuer sur le fait de cet événement avec le manager, on n'est d'ailleurs pas parlé. Je ne voulais pas que ça soit perçu comme elle s'en va à cause de quelqu'un qui a eu une mauvaise attitude envers elle. En réalité, c'était tout un tas de facteurs qui me faisaient dire qu'à ce moment-là, je n'avais plus envie de faire ça et ce n'était plus ce qui me motivait tous les jours et j'avais envie de faire quelque chose qui avait vraiment de la valeur, mais de la valeur humaine où je me disais avec fierté, tu fais ça dans ta vie.

  • Speaker #0

    Et je me suis rendu compte des difficultés que ces alternants rencontraient dans leur vie pour trouver des alternances, des comportements injustes desquels ils avaient été victimes au sein de l'entreprise. Et d'ailleurs, mon frère aussi en était un exemple, parce que ça s'est terminé au prud'homme avec son alternance. Pourtant, ces personnes-là sont l'avenir du monde du travail. Ils devraient être formés correctement et poussés à être performants d'une bonne façon. Et puis, subitement, un jour... En faisant mes courses, je me suis dit que je vais appeler le Tinder de l'alternance. J'ai fait des études de marché, j'ai fait des recherches pour voir un petit peu si ça existait, ce qui se faisait. Donc ça n'existait pas. J'ai même fait des recherches sur des sites de rencontres, pour savoir comment ça marchait en termes d'algorithme. J'ai fait des recherches sur les difficultés du marché de l'alternance et j'en ai découvert encore plus que ce qu'il était le cas dans mon esprit. Je me suis dit, là tu tiens quelque chose qui va avoir une portée humaine et qui va pouvoir permettre de former au mieux les générations qui demain travailleront au sein de l'entreprise. et ça répondait complètement à la mission de se dire que c'était l'humain qui transformait les organisations.

  • Speaker #1

    C'est quoi les fondements de ce qu'il dit ?

  • Speaker #0

    C'est que l'humain transforme les entreprises et que la collaboration harmonieuse, ça passe aussi par la compatibilité et la complémentarité entre les personnes. Moi, quand j'étais manager, je recrutais des personnes qui pouvaient être très bien pour moi, mais pas bien pour les autres, mais c'est ça qui nous permettait d'avancer ensemble. de créer de la performance, d'être épanouie, d'être heureux ensemble. On avait des modes de fonctionnement qui allaient être soit similaires, soit complémentaires. Je n'ai pas fait l'erreur de recruter que des personnes qui me ressemblaient parce qu'autant te dire qu'à mon avis, ça n'aurait pas donné quelque chose de super. Mais par contre, j'ai réussi à recruter des personnes avec lesquelles on arrivait à collaborer efficacement et à se faire grandir mutuellement. Et je pense que dans notre vie, on a tous un manager ou quelqu'un qui nous a marqués positivement et qui nous a fait grandir, au moins une personne. Et c'est vrai que c'est ça les fondements de ce qu'il dit, c'est de dire qu'une entreprise, elle peut aussi être transformée par un alternant et qu'il ne faut pas négliger ce type de recrutement au sein d'une entreprise et que c'est tout aussi stratégique, voire plus que les recrutements de collaborateurs.

  • Speaker #1

    Ce que je trouve intéressant et en même temps rigolo, si je peux le dire, c'est qu'avant ton AVC, tu faisais une énorme distinction entre le pro et le perso. Là, aujourd'hui...

  • Speaker #0

    J'ai tout mélangé.

  • Speaker #1

    Avec tout le monde, il y a ton frère, ton conjoint,

  • Speaker #0

    une amie. Oui, c'est ça. En fait, effectivement, je faisais énormément la distinction entre le pro et le perso. Et là, j'ai décidé de tout mélanger. C'est tout simplement parce que je me suis rendu compte que c'est quand j'ai vraiment décidé d'être moi-même que ça s'est le mieux passé en entreprise. Quand j'avais mon équipe sur le terrain, quand je suis revenue après mon AVC, eh bien là, à ce moment-là, des fois, ils m'ont vu des jours où j'étais pas bien, comme n'importe quoi. des jours où je pouvais être triste, des jours où j'étais contente, des jours où je leur racontais un petit peu ce qui m'était arrivé dans le week-end, comme eux me racontaient déjà des choses qui leur arrivaient dans leur vie, eux ne savaient jamais rien de la mienne. J'ai commencé à mettre des morceaux de ma vie personnelle dans mon travail, au lieu d'avoir l'effet de te mettre une certaine forme de vulnérabilité. Ça créait du lien et au contraire, ça amenait même les personnes parfois à une forme de compassion ou même de se dire « elle est humaine, elle est comme nous » . Et à partir de là, quand j'ai créé Skili, j'avais plus ce côté regard des autres. J'ai envie que cette boîte me ressemble, j'ai envie de faire les choses à ma manière. Et au départ, moi j'ai commencé à travailler sur Skili toute seule. Et au fur et à mesure, c'est eux qui se sont investis d'eux-mêmes sans que je demande rien. T'as les personnes qui me demandaient dans mon entourage « ça se passe où, t'en es où dans ta boîte ? » Et puis tu avais ces quelques personnes qui venaient en disant « Au fait, j'ai pensé pour Skilly, tu pourrais faire ceci, cela, même en dehors des moments où on était ensemble. » Qui de mieux pour entreprendre avec toi que des personnes qui croient en ce que tu as envie de faire ? Ça marche très bien pour nous et on est très contents de collaborer ensemble et Skilly ne serait pas ce que c'est aujourd'hui sans eux. En fait, si moi je l'avais fait seule, ça aurait été d'une taille bien moindre et ça aurait pris beaucoup plus de temps.

  • Speaker #1

    Mais en gros, dans la dernière étude d'Harvard, ils disent qu'un leader sur plein de compétences, les deux plus importantes, c'est l'authenticité et comment naviguer dans des environnements complexes et dans le changement. Tu as l'air de cocher les deux cases.

  • Speaker #0

    Je pense, de ce qu'on vient de raconter en tout cas. Mais tu vois, pendant très longtemps, je me suis dit que justement, un manager, c'était un leader. Et petit à petit, je me suis rendu compte que je l'étais devenue sans le vouloir. J'ai un sentiment d'un côté que si tu as envie d'être un leader, tu ne seras pas aussi bien que si tu l'es devenu naturellement, dans le sens où c'est les personnes de mon entourage qui disent ça de moi. Moi, si tu me demandes sur moi, je ne vais pas forcément te dire que je suis d'accord. la personne la plus mauvaise pour s'autocomplimenter. Donc, c'est beaucoup les autres qui m'ont dit comment j'étais. Tu deviens leader quand tu ne veux pas le devenir. Parce que moi, j'ai eu des managers et des dirigeants qui avaient envie d'être leader parce qu'ils avaient des idées, etc. Sauf qu'ils pensaient que juste avec des idées, tu allais emmener les gens. Sauf qu'en fait... Pas du tout. Effectivement, l'authenticité, moi, j'ai découvert vraiment son pouvoir après l'AVC et encore plus maintenant que je suis entrepreneur. Parfois, ça peut te fermer des portes et il y a des personnes avec lesquelles ça ne va pas du tout matcher. Et en fait, c'est même la meilleure nouvelle parce que ça fait un tri naturel. Et ce qui est dans le fait de naviguer dans le changement, effectivement, je pense qu'il faut avoir une forte capacité. On ne va pas dire jamais se laisser désarçonner parce qu'en fait... on est tous humains, donc t'as forcément un moment où t'accuses le coup, c'est quelque chose qui est positif et très souvent, moi je me souviens quand j'étais plus jeune, on me disait oui t'as changé mais c'était jamais dit d'une façon positive quand on parle de changement à quelqu'un c'est perçu comme, avant c'était comme ça, maintenant c'est comme ça, par extension c'était peut-être mieux avant alors qu'en réalité, le changement ça a beaucoup de positifs et quand on arrive à accepter ça, effectivement je pense que c'est là qu'on a vraiment les clés Merci. pour être leader, mais aussi pour être un bon chef d'entreprise.

  • Speaker #1

    Complètement. On a souvent comme image le fait de voir un leader. Le leader, c'est Barack Obama, c'est Steve Jobs, c'est des personnes qui ont du charisme, qui ont de la voix. Mais en fait, ils ne sont pas forcément nés comme ça. En tout cas, ce n'est pas inné. Et ça s'apprend. Si c'est naturel, tant mieux, mais c'est rare. Et c'est vrai que sur beaucoup, c'est hyper important de... de le travailler et de voir que ça vient d'abord de soi pour pouvoir ensuite guider les autres et comprendre les autres.

  • Speaker #0

    Complètement, et moi j'ai la conviction que si je n'avais pas eu certaines épreuves de ma vie, notamment l'AVC, je ne serais pas la personne que je suis aujourd'hui. Donc moi je suis contente que ça me soit, je ne veux pas dire que je suis contente que ça me soit arrivé, mais en tout cas je suis contente de la personne que je suis aujourd'hui, et je sais que c'est aussi lié à cet événement-là.

  • Speaker #1

    Il y a un autre événement qui s'apprête à arriver dans pas très longtemps et qui va vachement changer ta vie.

  • Speaker #0

    Effectivement, d'ici septembre, je serai maman aussi. Donc effectivement, ça va considérablement changer ma vie. Mais encore une fois, c'est un changement très positif, très serein. C'est-à-dire qu'on se dit, on va faire les choses qu'il faut et tout se passera bien. Et hier, je suis venue avec une amie qui me disait que par rapport à avant, parce qu'elle me connaissait du coup quand on bossait ensemble dans la boîte d'avant. Et là, depuis que je suis enceinte, elle me dit « tu as une forme de sérénité, tu t'es installée » , alors que ça pourrait être complètement le contraire. Parce qu'il y a aussi des gens qui te diraient « elle est entrepreneur, c'est une situation incertaine en termes de finances, c'est une situation incertaine tout court, c'est une situation qui demande trop d'investissement de temps » . Et elle fait déjà la place dans sa vie à un enfant après un an et demi d'entreprise. Et là où j'ai été très agréablement surprise, c'est que finalement dans mon entourage, personne n'a réagi de cette façon. Donc c'est là que je me rends compte aussi qu'un filtre naturel s'est fait dans mon entourage à partir du moment où déjà je suis devenue entrepreneur, où toutes ces personnes qui pouvaient avoir une forme de scepticisme sur l'insécurité que ça peut représenter, se sont naturellement écartées de ma vie sans que moi je les en expulse. Et effectivement, dans quelques mois, il y a un enfant qui arrive. Et à partir déjà du moment où j'ai su que j'étais enceinte, c'est vrai que ça crée encore une fois un ajustement des curseurs, comme on le disait un petit peu plus tôt, nécessaire pour que la grossesse se passe bien, que l'entreprise se passe bien, un nouvel équilibre à trouver. Et accepter aussi peut-être d'être un peu moins présent, mais d'être présent plus efficacement.

  • Speaker #1

    Je crois qu'effectivement, tout ce que tu as traversé et la vie humaine de nombreuses personnes fait que c'est hyper intéressant de voir à quel point si tu prends le temps de te nourrir de ça de grandir de prendre du recul et de voir un peu ce qui s'est passé pour mieux te connaître toi ça a un pouvoir surestimé de qui tu es sur ton alignement et encore plus quand tu attends un enfant je trouve que pour être passé par là il ya vraiment un avant et un après l'entrepreneuriat aide parce qu'en fait tu es seul face à toi même quoi qu'il arrive même si tu es entouré de ta famille, de tes amis, et le fait de devenir maman, il y a vraiment un switch qui se passe dans ta tête et un avant et un après sur qui tu es, ce que tu veux et tes limites, et comment est-ce que tu joues justement avec ce fameux curseur entre qu'est-ce que tu es prête à faire pour toi, pour ton enfant, pour ta famille et pour ce qui compte vraiment.

  • Speaker #0

    Oui c'est complètement ça. Tu refixes totalement les priorités. Et finalement, c'est vrai que ce que j'ai vécu dans ma vie fait qu'aujourd'hui, il n'y a jamais une situation que j'accueille en me disant que je ne pourrais pas la gérer. Peu importe ce qui se passe, je me dis que je trouverai la façon de faire pour que ça se passe bien.

  • Speaker #1

    Si tu pouvais transmettre une seule chose à ton enfant sur ce que c'est que réussir sa vie, ce serait quoi ?

  • Speaker #0

    Être soi-même et faire ce qui nous plaît. Ça ne sert à rien de faire quelque chose parce que ça semble être la bonne chose. Si ce n'est pas la bonne chose pour toi, il faut changer de voie.

  • Speaker #1

    Quel challenge tu donnerais à nos auditeurs pour qu'ils puissent justement ajuster ce fameux curseur entre performance et épanouissement personnel ?

  • Speaker #0

    Moi, ce serait un challenge un peu d'introspection, c'est-à-dire se poser comme ça. tranquillement avec une feuille et faire le point sur qu'est-ce que j'ai aujourd'hui, qu'est-ce que je veux demain et qu'est-ce que je dois mettre en place pour que ça soit possible et qu'est-ce que je veux pas. Il est aujourd'hui présent dans votre vie et bien amorcer un changement quelquefois en fait. Ça veut pas forcément dire quitter son job mais ça veut peut-être dire oser dire ce qu'on veut parce qu'en fait quand on sait où on va c'est toujours plus simple et quand on sait ce qu'on veut c'est toujours plus simple aussi, ça va faire peur de changer. Mais en tout cas, ça sera pour du mieux.

  • Speaker #1

    Tu as déjà fait un vision board ?

  • Speaker #0

    Oui. Oui, j'ai déjà fait ça. Je trouve ça très sympa comme concept. C'est un peu le prolongement finalement. Une fois que tu as fait ton introspection, tu es en capacité de faire ce vision board et de se dire, qu'est-ce que je vais faire pour atteindre ces objectifs-là ? Accepter aussi que les objectifs sont évolutifs. On peut effectivement avoir des envies différentes et c'est OK, notamment avec les changements de la vie. Tout à l'heure, on parlait de la grossesse, ça peut totalement influencer ou même passer du salariat à l'entrepreneuriat, ça va faire que des choses vont changer. Savoir où on va, mais accepter que ça peut changer, mais aussi que la route, elle peut être différente, qu'il y a différentes façons d'atteindre ses objectifs. Et si ce n'est pas la route qu'on avait prévue, la prochaine sera peut-être encore mieux.

  • Speaker #1

    Merci beaucoup.

  • Speaker #0

    Merci à toi.

  • Speaker #1

    Merci beaucoup d'avoir suivi cet épisode, j'espère qu'il vous a plu. Et je suis aussi très curieuse de savoir comment vous avez géré ce challenge qui a été donné par notre invité. N'hésitez pas à le partager sur les réseaux avec le hashtag Trouve ton curseur. Et pour être au courant des prochaines sorties, n'oubliez pas de vous abonner. A bientôt !

Description

Dans cet épisode, Christine nous raconte comment un AVC à 28 ans a bouleversé sa vision de la performance et de la réussite.


De son enfance marquée par une quête d'excellence à sa carrière fulgurante en management, elle retrace son parcours jusqu'au jour où son corps a dit "stop".


Christine partage avec honnêteté comment cet événement traumatique est devenu un cadeau précieux qui l'a amenée à redéfinir ses priorités et à fonder Skillie, une entreprise qui incarne sa conviction que "l'humain transforme les organisations".


Bonne écoute !


LIENS ET RESSOURCES

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Transcription

  • Speaker #0

    À quel moment tu as commencé à sentir qu'il y avait quelque chose qui n'allait pas forcément bien dans la façon dont tu gérais ton travail ?

  • Speaker #1

    Jamais, en fait. Jusqu'à mon AVC, je pense.

  • Speaker #0

    Dans cet épisode, Christine Pissot nous raconte comment son AVC à 28 ans a complètement redéfini sa vision de la performance et de la réussite.

  • Speaker #1

    On a commencé à me parler de promotion. C'était vraiment être bras droit du PDG. J'étais ravie à ce moment-là de la tournure que prenait ma carrière, en tout cas.

  • Speaker #0

    pété sur la route quasiment toute la journée, tu faisais des allers-retours pour t'occuper de tes équipes et en rentrant chez toi tu t'occupais de ton conjoint.

  • Speaker #1

    Oui c'est ça. C'est le moment où on dit c'est quand qu'il s'occupait de toi. Je ne faisais vraiment rien pour moi à ce moment là. C'était ça le vrai problème. A partir de là je me suis dit tu t'es complètement trompée.

  • Speaker #0

    Elle nous raconte en toute honnêteté et avec beaucoup d'humilité comment cet événement traumatisant l'a complètement transformée.

  • Speaker #1

    Mon copain, il est là à cette époque, va entendre un bruit dans la salle de bain. parce que du coup je vais tomber par terre, j'arrive à me relever, etc. Je lui dis non, non, mais c'est rien, t'inquiète. Il est en train de se passer quelque chose de grave, mais moi à ce moment-là, je ne comprends pas.

  • Speaker #0

    Donc ma question, c'est quand tu avais 28 ans, cet AVC, ça t'a un peu forcé, enfin ça t'a complètement forcé à t'arrêter. Qu'est-ce qui s'est réveillé en toi ?

  • Speaker #1

    Le fait de me rendre compte que je n'avais pas placé les curseurs de priorité là où ils devaient vraiment être. J'avais beaucoup négligé tout ce qui était bien-être personnel, aussi bien psychologique que corporel, pour totalement me dédier aux autres, que ce soit le conjoint que j'avais à l'époque, ou alors me dédier au travail et donc aux personnes que je managais à ce moment-là. En parallèle de ça, j'avais complètement abandonné ma famille et mon cercle personnel. J'avais aussi complètement abandonné mon bien-être personnel. Et du coup, quand à 28 ans, j'ai fait un AVC, à ce moment-là, je me suis dit « Oula ! » Là, tu viens de dépasser justement une limite. Ton corps t'envoie un signal. Je ne dirais pas que je l'ai accepté tout de suite au départ. C'était beaucoup de déni, mettre la faute sur les autres, notamment par rapport à mon entreprise de l'époque, puisque ça avait été diagnostiqué comme étant suite à un surmenage. Après, ça a été un surmenage assez global. Il y avait aussi des facteurs physiques qui ont fait que l'AVC a pu être possible. Donc ça a été déclenché effectivement par un surmenage. Mais au départ, il y avait beaucoup de colère par rapport à l'entreprise, par rapport aussi à mon conjoint de l'époque qui me mobilisait beaucoup par des problèmes de santé qu'il avait. Après, il a fallu que j'ai toute une phase d'acceptation de me dire que ça avait été moi aussi qui a été à l'origine de cet AVC. Je n'ai pas su écouter tous ces fameux warnings qu'il pouvait y avoir par-ci, par-là, et que j'avais vraiment trop poussé les limites. Et ça a vraiment réveillé ce côté de me dire que dans la vie, on ne réussit pas que par la vie professionnelle. Parce qu'à ce moment-là, j'avais ce sentiment que l'ambition, c'était uniquement pro et que le pro, c'était la seule chose qui pouvait me contenter réellement en termes de réussite et aussi de définition de la réussite et du bonheur. À partir de là, je me suis dit, tu t'es complètement trompée parce qu'en fait, la vie, ce n'est pas que le pro.

  • Speaker #0

    Si on fait un retour en arrière, quand tu étais étudiante, c'était quoi tes ambitions ?

  • Speaker #1

    Au départ, pendant de nombreuses années, j'ai voulu être prof. C'était cette ambition de la bonne élève, c'est-à-dire il faut avoir les meilleures notes, toujours donner le meilleur de soi-même. Mais en même temps, je n'étais pas dans la comparaison avec les autres. C'était beaucoup le meilleur de moi-même par rapport à mon propre référentiel. Donc je n'étais pas forcément la meilleure de la classe. J'étais dans le top des étudiants, mais j'avais vraiment ce référentiel personnel de me dire il faut que tu sois fière de toi, il faut que tu rendes fière les autres. J'avais cette volonté de rendre fière ma mère par rapport à mes frères, ce qui était un petit peu plus difficile. Je voulais contrebalancer là-dessus. J'avais cette volonté beaucoup d'exemplarité, de soutien. Par la suite, je me suis lancée dans une prépa à l'être. Il n'y a pas plus parcours d'excellence que ça. C'est vraiment ce genre de parcours où tu as peu d'élus et beaucoup de personnes qui veulent y aller. Mais rapidement, je me suis rendue compte que ce n'était pas du tout quelque chose qui me correspondait. Parce que trop théorique. Finalement, je me suis réorientée assez rapidement, mais j'ai eu du mal à accepter ce changement. Parce que je le vivais comme un échec. Je me suis dit, là, tu n'as pas été capable d'être au niveau, parce que c'est un niveau très élevé. Mais maintenant, avec le recul, je ne me dis pas que je n'étais pas capable. C'est que ce n'était pas quelque chose qui me donnait suffisamment envie de l'être, dans le sens où j'aurais pu plus travailler, j'aurais pu plus m'investir, j'aurais pu réussir. Mais ce n'est pas quelque chose qui me donnait à ce point envie pour me dépasser.

  • Speaker #0

    Tu parles de référentiel, c'était quoi ton référentiel ?

  • Speaker #1

    Alors, mon référentiel, c'était beaucoup ma mère aussi, parce qu'en fait, ma mère, quand elle était à l'école... Elle était très très bonne élève. Mon collège et mon lycée, et même ma primaire, je les ai faites dans le même établissement que là où était ma mère. Avec ma mère, on n'a pas tant d'écart parce qu'elle m'a eu assez jeune, elle avait 24 ans, et ça fait que j'ai eu des profs qu'elle avait aussi. Et du coup, quand j'arrivais à l'école, du coup j'étais l'aînée de la fratrie, eh bien on me comparait parfois à ma mère, parce qu'en plus physiquement on se ressemble plutôt beaucoup. Et il y avait beaucoup ce référentiel de « ta mère était superbe, donc tu vas l'être aussi » . Moi, j'ai perdu mon père en étant très jeune. Et il y avait ce côté de se dire, il faut que tu ne fasses pas du souci à ta mère et il faut que tu assures dans ton rôle de sœur, dans ton rôle tout court.

  • Speaker #0

    Oui, je connais bien ce rôle-là. C'est quelque chose qu'on te donne, mais aussi que tu te donnes de manière complètement inconsciente en étant enfant. Donc, ta vision de la performance, finalement, c'était quoi ?

  • Speaker #1

    Ma vision de la performance, je pense que c'était la fierté des autres. Les félicitations que tu peux recevoir de la part d'un conseil de classe, les félicitations que tu peux recevoir de la part d'un prof, le bravo de l'entourage qui va dire que tu as fait un super job.

  • Speaker #0

    Est-ce qu'à cette époque-là, ta mère a mis le doigt sur cette super excellence que tu voulais atteindre ou pas spécialement ?

  • Speaker #1

    Elle était fière, mais il n'y avait pas... Elle n'était pas dans une optique où elle me poussait à être excellente. Ce n'est pas comme ses parents, tu sais, qui te mettent plein de pression pour que tu sois toujours le meilleur. En réalité, c'est quelqu'un qui est très « faites ce qui vous plaît, je vous soutiendrai quoi qu'il en soit » . C'est plus moi qui m'étais mis une pression par moi-même qu'elle qui le faisait. Parce que par exemple, quand j'ai décidé d'arrêter ma prépa, moi j'avais peur de lui dire, parce que j'avais peur de la décevoir. Alors qu'en réalité, quand je lui ai dit, ce qui s'est passé, c'est qu'elle m'a juste soutenue. Elle m'a dit que si tu n'aimes pas ça, tu feras autre chose et tu y arriveras tout aussi bien.

  • Speaker #0

    Est-ce que le fait d'être la seule fille dans la fratrie t'a fait aussi un peu endosser ce rôle maternel ?

  • Speaker #1

    Oui, parce que mes deux frères sont plus jeunes que moi. J'en ai un qui a un an de moins que moi et un qui a cinq ans de moins que moi. C'est quand même un fort gap. Surtout, comme notre père est décédé quand on était très jeunes, et ma mère, juste au décès, a fait une dépression. et du coup, rapidement, je me suis dit il faut que... Toi, tu restes forte parce qu'il faut que quelqu'un le soit pour la famille.

  • Speaker #0

    Tu as quitté la prépa lettre ? Pour faire quoi ?

  • Speaker #1

    Alors, au départ, je ne savais même pas ce que j'allais faire. C'était vraiment, ça ne me plaît pas, ça ne me convient pas, il faut que j'arrête. Je me suis à ce moment-là questionnée en me disant, qu'est-ce qui te plairait vraiment ? Qu'est-ce que tu aimes faire ? Quand j'étais en prépa, j'avais aussi découvert l'univers des écoles de commerce. De là, je me suis dit, tu vas faire un BTS Management des unités commerciales parce que c'était un cursus qui allait m'ouvrir en même temps beaucoup de voies.

  • Speaker #0

    Donc tes drivers, si on reprend un peu, j'imagine que tu connais les cinq drivers. En montant la vidéo, je me suis rendue compte que je n'avais pas vraiment expliqué ce que c'était les drivers. Donc si vous savez ce que c'est, vous pouvez avancer ce passage-là. Et pour ceux qui ne le savent pas, en fait, rapidement, les drivers, ça vient de l'analyse transactionnelle. C'est des messages qui ont été répétés quand on était plus jeune et qui vont beaucoup influencer la façon dont on fonctionne aujourd'hui. Donc il y a cinq drivers. Fais plaisir. Sois parfait. Dépêche-toi. Sois fort et fais des efforts. Et en fait, on a chaque fois un dominant, voire deux dominants. Et ce qui est important ici, c'est de les conscientiser pour pouvoir les canaliser, puisqu'évidemment, ils ont des points positifs, mais aussi des points négatifs. Je vous donne l'exemple de Christine qui parle de son soi parfait, donc qui l'a amené à l'excellence, qui l'a amené à être très performante, mais qui l'a aussi amené à du surmenage. Donc ce qui est intéressant ici, c'est encore une fois de les conscientiser pour pouvoir avancer. Donc toi, tu es driver. On était plutôt à l'époque sur du soif fort et fait plaisir.

  • Speaker #1

    Oui.

  • Speaker #0

    Donc tu as fait une école de commerce et après, tu as vite monté les échelons. Tu es rentrée en entreprise et tu as rapidement monté les échelons pour être manager.

  • Speaker #1

    Je n'ai même pas fait une école de commerce. J'ai fait mon BTS du coup. Je suis celui d'une famille qui n'a pas vraiment des moyens financiers importants. Les écoles de commerce, ce n'était pas vraiment une voie qui pouvait m'être ouverte par rapport au montant que ça représentait à l'époque. Je me suis dit que je vais plutôt faire ton chemin toujours un système de mérite. En gros, si tu te donnes à fond dans ton travail, tu arriveras à grimper les échelons, à prouver que tu vaux plus et on te donnera plus. Je me suis dit qu'on va le faire plutôt comme ça.

  • Speaker #0

    Ce qui signifie que déjà à l'époque, tu avais rapidement envie de rentrer dans le monde du travail ?

  • Speaker #1

    Oui et non. Je pense que j'avais encore envie de rester un petit peu dans ce monde scolaire, continuer toujours à apprendre. Un peu aussi d'indécision parce qu'il y avait trop de choses qui m'intéressaient. C'est ça qui a fait aussi que, comme je le disais un petit peu plus tôt, je suis partie dans un cursus qui finalement était plutôt généraliste.

  • Speaker #0

    C'est intéressant parce qu'il y a une espèce de dualité entre le côté perfection et le côté cas de protection, je prends mon temps.

  • Speaker #1

    J'ai fait très dans le faire attention, toujours prendre tous les paramètres en compte pour être sûre d'aller dans la bonne voie. Dans un sens, je pense qu'à l'époque, ça me poussait à ne pas trop sortir de ma zone de confort.

  • Speaker #0

    Donc tu termines ton BTS et ensuite qu'est-ce que tu fais ?

  • Speaker #1

    Je deviens responsable de rayon, mais sans le titre de responsable. Ça, c'était beaucoup ce qui se faisait à la grande distribution. Tu étais mon employé polyvalent de commerce. Et en réalité, tu étais seule sur ton rayon, donc c'est toi qui gérait tout.

  • Speaker #0

    À quel moment tu as commencé à manager ?

  • Speaker #1

    Alors déjà, je manageais quand j'étais dans ma première expérience en BTS. Je manageais en étant stagiaire. Et ça, c'était quelque chose de très compliqué. La responsable du magasin m'avait pris vraiment comme assistante. Il y avait aussi une responsable adjoint. Et du coup, il y avait la cohabitation de dire, il y a une stagiaire qui est là pour apprendre. Mais en même temps, je devais tenir des rôles, des fonctions et des missions de manager.

  • Speaker #0

    Et avec le recul, comment est-ce que tu vois cette expérience ?

  • Speaker #1

    On ne m'a pas accompagnée sur les façons de manager. Et du coup, j'ai fait beaucoup d'erreurs. Et quand tu es jeune et que tu as 19 ans et que tu n'as jamais travaillé, à ce moment-là, tu ne te dis pas qu'il faut faire attention aux sentiments des autres ou à la perception que tes paroles, elles auront.

  • Speaker #0

    Et quel manager tu avais envie d'être ?

  • Speaker #1

    J'avais envie d'être le manager que j'ai réussi à être après mon AVC. Et avant l'AVC, j'étais plus un manager qui n'arrivait pas encore à prendre en considération les émotions des autres.

  • Speaker #0

    Si on revient sur la période de l'AVC, c'était quoi ton poste ?

  • Speaker #1

    Alors au moment de l'AVC, j'étais responsable régionale. Dans une entreprise qui faisait du commerce de métaux précieux, à ce moment-là, j'avais une vingtaine d'agences déterminées sur toute la France, qui avaient un gérant par agence. Et moi, mon rôle par rapport à eux, c'était de les accompagner dans le développement commercial de leur agence et de les amener à atteindre leurs objectifs.

  • Speaker #0

    Donc à quoi ressemblaient tes journées ?

  • Speaker #1

    Mes journées ressemblaient à, grosso modo, me lever à 6h du matin, partir, faire de la route, parfois faire jusqu'à 4h de route, arriver en agence. À ce moment-là, il pouvait y avoir plusieurs configurations. Soit le gérant avait vraiment du temps pour moi, soit il y en avait un petit peu moins. Et à ce moment-là, j'étais un peu tributaire du flux client. Et les quatre heures de route que je passais sur la route, il fallait les mettre à profit aussi. C'est là que j'ai fait l'erreur à cette époque-là, c'est que je rentrais tous les soirs chez moi. Donc parfois, je pouvais faire quatre heures de route le matin, quatre heures de route le soir. Et quand je rentrais chez moi, je voulais à tout prix leur faire un mail qui allait récapituler les performances de la journée. pour pouvoir féliciter les personnes qui avaient bien fait, pour qu'elles l'aient le lendemain matin quand eux, ils arriveraient à 9h à l'agence. Du coup, moi, je m'étais mis des contraintes supplémentaires pour donner de la présence aux gérants et qu'ils aient le sentiment qu'ils étaient bien entourés, même en étant seuls.

  • Speaker #0

    Et est-ce que ça a eu le résultat escompté ?

  • Speaker #1

    Oui, ça a eu le résultat escompté pour le coup. Cette année-là, j'ai fait plus de 250% de l'objectif demandé. J'avais un turnover quasi inexistant. Même si, pour le coup, ça a eu beaucoup d'effets négatifs sur moi, mais ça a eu l'effet positif attendu sur les personnes que j'encadrais, en tout cas.

  • Speaker #0

    Et de quoi tu étais la plus fière à ce moment-là ?

  • Speaker #1

    Que par rapport aux autres, ils me voient différemment. Dans le sens où ces mêmes gérants avaient parfois eu d'autres directeurs commerciaux avant moi. Ils me disaient « Vous êtes la première à venir me voir aussi souvent » . J'étais fière qu'ils se disent qu'ils pouvaient compter sur moi, parce qu'ils m'identifiaient comme quelqu'un de fiable.

  • Speaker #0

    Donc à ce moment-là, toutes les cases étaient cochées pour satisfaire cet enfant intérieur qui avait besoin d'excellence, qui avait besoin de performance, de fierté, de regard des autres, positif. Tout était là.

  • Speaker #1

    Tout était tellement là qu'on a commencé à me parler de promotion. Pratiquement le plus haut poste qui existait dans l'entreprise, c'était vraiment être bras droit du PDG. Et ce n'était pas la première promotion qu'on me proposait parce que je ne suis pas rentrée à ce poste-là dans l'entreprise. Je suis rentrée au poste de gérant où je faisais des remplacements. Et ensuite, on m'a proposé aussi un poste de responsable régional sur une petite région. Au bout de quatre mois, on a doublé ma zone. J'étais ravie à ce moment-là de la tournure que prenait ma carrière en tout cas.

  • Speaker #0

    Est-ce qu'à un moment donné, dans tes managers, il y a quelqu'un qui a tiré la sonnette d'alarme ou qui a vu que ça allait trop loin ?

  • Speaker #1

    J'étais vue comme cette personne vraiment instable, que rien n'atteint. Donc personne ne savait même que j'avais à ce moment-là un conjoint qui avait de gros problèmes de santé. Donc personne ne savait que j'avais une vie stressante dans ma vie personnelle. Moi je n'avais pas le sentiment que j'en faisais trop et je n'avais pas non plus le sentiment d'être dans une situation dangereuse pour moi. Moi je me disais, tu fais ton travail, tu le fais bien, ça se passe bien, tout va bien. On m'avait donné un petit conseil parce que justement on s'était rendu compte que je dormais très peu à l'hôtel. J'avais un kilométrage de voiture de fonction plus élevé que les autres. Donc ils voyaient bien que par contre, je faisais beaucoup de déplacements. Donc on m'avait recommandé davantage dormir à l'hôtel, mais il n'y avait pas de contraintes là-dessus. Personne ne m'a vraiment rien dit à ce moment-là.

  • Speaker #0

    Donc si quelqu'un t'avait dit que tu allais droit vers un AVC ou un A Burnout, comment tu l'aurais pris ?

  • Speaker #1

    En fait, personne n'aurait pu me le dire dans le sens où les gens pouvaient connaître des briques de ma vie, mais personne n'avait connaissance de l'intégralité. Et du coup, personne ne pouvait identifier ça, donc personne n'aurait pu me dire « bah, t'en fais trop » .

  • Speaker #0

    Donc si je résume, t'étais sur la route quasiment toute la journée, tu faisais des allers-retours pour t'occuper de tes équipes, et en rentrant chez toi, tu t'occupais de ton conjoint.

  • Speaker #1

    Oui, c'est ça.

  • Speaker #0

    J'ai 300 000 questions, mais je ne l'ai pas allé discuter.

  • Speaker #1

    c'est le moment où on se dit c'est quand tu t'occupais de toi c'est ça ?

  • Speaker #0

    ouais exactement c'est le moment où on se dit qu'est-ce que tu faisais pour toi bah rien en réalité je faisais vraiment rien pour moi à ce moment là c'était ça le vrai problème parce que finalement t'étais loin de tout le monde t'étais avec ton conjoint dans une ville que tu connaissais pas spécialement en tout cas nouvelle avec un seul moteur le travail ?

  • Speaker #1

    Là, au moment où je suis directrice commerciale, je suis revenue à Saint-Etienne. Ma mère et mon frère habitent à 5 minutes à pied de chez moi. C'est moi qui ai pu laisser de place à ma famille et à mes amis à ce moment-là. Mais concrètement, j'ai aucune raison de ne pas être près de ces gens-là.

  • Speaker #0

    À quel moment tu as commencé à sentir qu'il y avait quelque chose qui n'allait pas forcément bien dans la façon dont tu gérais ton travail ?

  • Speaker #1

    Jamais, en fait. Jusqu'à mon avis, c'est le temps.

  • Speaker #0

    Est-ce qu'il y avait un rapport à l'argent qui te motivait encore plus ?

  • Speaker #1

    Non.

  • Speaker #0

    Plus de performance, plus d'argent, non ?

  • Speaker #1

    Non, j'avais des commissions, mais ça n'a jamais été quelque chose de moteur pour moi, dans le sens où même dans ma progression au sein de cette entreprise, il y a parfois des postes où j'ai accepté d'être payée moins bien que le poste d'avant pour la promotion de mission.

  • Speaker #0

    Est-ce que tu peux nous raconter ce jour où tout a basculé ?

  • Speaker #1

    Donc on est le 7 octobre 2019. D'ailleurs, j'ai écrit toute une newsletter à ce sujet. Donc à ce moment-là, je suis déjà très fatiguée. Et puis, je me lève comme tous les matins pour aller me préparer. Et puis, il se passe quelque chose que je ne m'explique pas. C'est qu'une paralysie de la jambe gauche, de tout le côté gauche, souvent, c'est les premiers symptômes d'un AVC. Et à ce moment-là, je ne me rends même pas compte de ce qui se passe. Parce que du coup, mon copain, qui est là à cette époque, va entendre un bruit dans la salle de bain. Parce que du coup, je vais tomber par terre. Et à ce moment-là, j'arrive à me relever, etc. Et en fait, on pense à des choses vraiment si bêtes. En fait, j'étais en train de payer mon stationnement sur mon téléphone pour ne pas prendre d'amende. Et je me disais, il faut que tu finisses de payer ton stationnement. Je suis encore dans le déni. Je dis non, mais c'est rien. Il y a tellement une déconnexion qui se fait dans la réalité qu'on ne se rend même pas compte de ce qui se passe. Je lui dis non, non, mais c'est rien. T'inquiète. Il me dit, vas-y quand même. Moi, ce que je ne sais pas à ce moment-là, parce que je ne me suis pas regardée dans le miroir, c'est que j'ai une paralysie du visage. Donc, ça se voit concrètement sur mon visage qu'il y a quelque chose qui se passe. Lui il va appeler les pompiers, je lui dis non non, appelle pas les pompiers, appelle ma mère. Ma mère habite à ce moment-là à 5 minutes. Donc ma mère arrive et elle se rend vite compte qu'il est en train de se passer quelque chose de grave, mais moi à ce moment-là je ne comprends pas. J'ai une déconnexion du cerveau liée au fait des symptômes même de l'AVC qui font que c'est compliqué de réfléchir. Et donc on m'emmène à l'hôpital et très rapidement ils vont d'ici à diagnostiquer que c'est un AVC, je vais pouvoir être traité dans les 4 heures et du coup ça va faire... que ça va réduire considérablement les potentiels séquelles. Mais je vais quand même rester 10 jours à l'hôpital à la suite de cet AVC. Et pendant les 48 premières heures, il y avait la question de savoir si, une fois que je serai autorisée à me lever, parce qu'au début, tu n'as pas le droit de te lever, est-ce que je pourrais marcher ? Et du coup, il y a ce stress-là pendant 48 heures de savoir est-ce que tu pourras marcher. Et puis, progressivement, la volonté d'aller combattre tous les symptômes pour réussir à récupérer au plus vite possible. Et à la fin des dix jours, mon neurochirurgien qui me dit « Maintenant que vous êtes, ça va mieux. » Je vous le dis honnêtement, je ne pensais pas que vous réussiriez à vous en remettre aussi bien en dix jours. Mais à ce moment-là, j'ai bénéficié de la chance d'être jeune. Parce que du coup, quand on est jeune, notre cerveau a plus de plasticité. Et du coup, ça fait qu'il se remet plus vite. Et puis, la combativité et surtout le soutien de mes proches à ce moment-là. Puisqu'ils étaient avec moi toute la journée. Dès qu'ils pouvaient me voir à l'hôpital, ils venaient me rendre visite.

  • Speaker #0

    Avant de continuer... j'ai un cadeau pour vous. Je le répète constamment, la performance, elle commence d'abord par vous. Alors, j'ai créé un autodiagnostic qui met en lumière vos angles morts et qui va vous permettre de prendre du recul. Ce n'est pas juste une énième vidéo à regarder. L'idée, c'est vraiment de vous aider à devenir le leader que vous souhaitez être, d'abord pour vous, puis pour vos équipes. C'est offert. Vous avez juste à cliquer sur le lien en description. J'espère que ça vous plaira. À ce moment-là, c'est quoi tes premières pensées ?

  • Speaker #1

    À ce moment-là, mes premières pensées, c'est le travail. La première chose que je vais dire à ma mère quand je serai à l'hôpital et qu'elle viendra me voir, ça va être qu'il faut que tu préviennes mon manager. Je pense qu'à ce moment-là, j'essaie vraiment de ne pas me rendre compte de ce qui se passe parce que c'est plus facile pour moi de me dire « concentre-toi sur ce qu'il y a d'habitude » que de me rendre compte que là, il vient de se passer quelque chose de vraiment grave.

  • Speaker #0

    Est-ce que tu penses que le mindset que tu t'es construit, cet état d'esprit vers l'excellence, vers la performance, est-ce que ça t'a aidé à justement développer ce côté très combative ?

  • Speaker #1

    Autant ça m'a poussé à cette situation, autant c'est ça qui m'a aidé à en sortir aussi. Quand j'étais à l'hôpital, j'avais envie d'aller mieux, tout le temps. Du coup, je faisais tout ce qui était possible et imaginable. Je suivais tous les conseils qui m'étaient donnés par les médecins. Si on me donnait des choses à faire qui n'étaient même pas obligatoires. comme notamment, tu as une rééducation par un orthophoniste au moment d'un AVC par rapport au fait que ça peut toucher la déglutition. Et du coup, tu as des choses à faire pour être sûr de pouvoir manger correctement et pouvoir parler correctement. Et ça, ce n'est pas des choses obligatoires. Et d'ailleurs, elle me disait, vous êtes la seule à les faire aussi bien. Donc, il y avait toujours cette implication de se dire, il faut que tu donnes le meilleur de toi-même pour aller mieux.

  • Speaker #0

    Je trouve ça passionnant à chaque fois de voir à quel point notre... intérieur, notre psychologie, notre façon de vivre et de penser joue sur notre quotidien. On a tendance à vouloir virer tous ces drivers, toutes ces petites voies intérieures qui viennent nous gonfler, elle fait ci, fait ça, soit performante, etc. Alors qu'en fait, il y a vraiment un curseur, un équilibre à trouver entre le moment où ça devient toxique et le moment où ils sont là pour nous aider.

  • Speaker #1

    Complètement, parce que je n'aurais pas été comme ça. je ne me serais pas aussi bien rétablie et la suite n'aurait pas été aussi positive. Tu as deux possibilités. Soit tu te dis, ça y est, c'est foutu. À cause de ça, je n'aurai plus jamais tout le reste. Soit tu te dis, ah bon, il se passe ça. Qu'est-ce que j'en fais pour devenir meilleure ? Je pense que c'est à ce moment-là que j'ai pris conscience aussi à quel point j'étais résiliente. Avant ça, j'étais beaucoup plus, pas dramatique, mais j'allais peut-être plus me laisser toucher par des choses. J'ai commencé à me dire qu'il y avait bien plus grave dans la vie.

  • Speaker #0

    À quel moment tu as compris que cet événement, ça allait complètement changer ta vie ?

  • Speaker #1

    Alors déjà, au moment où j'ai demandé aux infirmières, quand j'étais à l'hôpital, pendant combien de temps je vais être arrêtée ? Encore la question du travail. Et à ce moment-là, on me dit entre six mois et un an. Et ça, ça a été quelque chose de très difficile à digérer. Puisque comme je l'ai dit, à ce moment-là, je suis en passe d'avoir une nouvelle promotion. Donc le sentiment que tout ce que j'ai construit pendant quatre ans, ça ne servait à rien. Je restais en arrêt pendant un an. J'ai été accompagnée par une psychologue et par ma famille sur cette période-là. Quand il fallait reprendre le travail, j'avais peur d'y retourner. Je ne voulais plus y aller. J'avais peur de me remettre dans une situation dans laquelle je pourrais reproduire quelque chose d'aussi grave. C'est pour ça que j'ai été beaucoup accompagnée par une psy qui m'a accompagnée comme on accompagne quelqu'un suite à un burn-out parce que c'est à peu près les mêmes conséquences psychologiques de faire un AVC. C'est à ce moment-là que j'ai compris que tout serait différent. les curseurs n'étaient plus au même endroit. Dans cette période-là, j'ai surtout beaucoup pris soin de moi parce qu'en fait, je n'avais pas le choix déjà. Je me suis rendu compte que si moi, je ne le faisais pas, on n'allait pas le faire pour moi. Il y a des personnes, quand je les rencontre aujourd'hui, ça les met un peu mal à l'aise que je leur dise que j'ai fait un AVC parce que c'est quelque chose de grave. Mais moi, je n'ai pas envie d'oublier cet épisode. Souvent, c'est ce qu'ils m'ont dit à l'hôpital, il y a des personnes qui au bout de quelques mois vont complètement zapper, retomber dans tous les travers. Et moi, j'ai cette volonté que vraiment, ce soit un vrai tournant. Donc, c'est quelques vœux dont je parle assez simplement. Ça me touche encore. Et d'ailleurs, quand j'ai écrit ma première newsletter avec ce sujet-là, ça a été très dur émotionnellement, parce que je me suis vraiment livrée. Et quand je me rends compte que peut-être je suis en train de le faire, maintenant, c'est mon corps qui se charge pour moi de me dire « Attention, là, t'es en train de refaire des choses que tu faisais avant. »

  • Speaker #0

    J'y crois tellement. C'est tellement important de partager tous ces moments de vie qu'on a et qui font que... On grandit d'une manière ou d'une autre et c'est tellement précieux. C'est des cadeaux qui sont extrêmement mal emballés, qui sont très douloureux. Mais mon Dieu, ce que ça nous fait grandir, c'est dingue.

  • Speaker #1

    C'est vrai. En fait, cet épisode, il ne m'a pas changé que moi. Il a changé ma famille et il a changé mon entreprise aussi.

  • Speaker #0

    C'est quoi les grands changements que tu as pu voir ?

  • Speaker #1

    Alors, par rapport à ma famille, plus de résilience. c'est pas si grave et qu'est-ce que je fais des événements graves qui m'arrivent dans la vie. Toujours plus de combativité, ça nous a soudés aussi énormément, même si on l'était beaucoup, mais ça a aussi remis beaucoup d'attention les uns envers les autres. Et par rapport à mon travail, je ne sais pas si c'est de la conciliation, mais en tout cas, accepter que chacun peut travailler à son rythme, mais toujours être aussi performant. Aussi, plus de temps à se dire, comment vont vraiment mes collaborateurs, est-ce qu'ils se sentent bien dans l'univers dans lequel ils sont.

  • Speaker #0

    C'est quoi aujourd'hui ta définition de la performance ?

  • Speaker #1

    C'est donner le meilleur de soi-même. C'est ok de ne pas avoir le temps de tout faire, ou alors c'est ok d'avoir besoin d'aide, alors qu'avant j'avais peut-être la tendance à faire tout toute seule, à vouloir tout faire toute seule.

  • Speaker #0

    Et à quel moment l'idée de Skilly a commencé à germer ?

  • Speaker #1

    Au moment où je décide de quitter mon entreprise, je ne suis même pas encore sûre de ce que je vais faire. Parce qu'à ce moment-là, il y a un manager qui arrive. Ça se passe très mal. Dès le premier rendez-vous qu'on a ensemble, je sors en larmes du rendez-vous. Et en fait, je me dis non, tu ne peux pas accepter ça. À l'époque où tu pouvais te mettre dans des états comme ça pour le travail, ça n'existe plus. Peut-être la semaine d'après cet événement, j'étais dans le bureau de mon PDG pour lui demander ma rupture. Je n'ai pas voulu accentuer sur le fait de cet événement avec le manager, on n'est d'ailleurs pas parlé. Je ne voulais pas que ça soit perçu comme elle s'en va à cause de quelqu'un qui a eu une mauvaise attitude envers elle. En réalité, c'était tout un tas de facteurs qui me faisaient dire qu'à ce moment-là, je n'avais plus envie de faire ça et ce n'était plus ce qui me motivait tous les jours et j'avais envie de faire quelque chose qui avait vraiment de la valeur, mais de la valeur humaine où je me disais avec fierté, tu fais ça dans ta vie.

  • Speaker #0

    Et je me suis rendu compte des difficultés que ces alternants rencontraient dans leur vie pour trouver des alternances, des comportements injustes desquels ils avaient été victimes au sein de l'entreprise. Et d'ailleurs, mon frère aussi en était un exemple, parce que ça s'est terminé au prud'homme avec son alternance. Pourtant, ces personnes-là sont l'avenir du monde du travail. Ils devraient être formés correctement et poussés à être performants d'une bonne façon. Et puis, subitement, un jour... En faisant mes courses, je me suis dit que je vais appeler le Tinder de l'alternance. J'ai fait des études de marché, j'ai fait des recherches pour voir un petit peu si ça existait, ce qui se faisait. Donc ça n'existait pas. J'ai même fait des recherches sur des sites de rencontres, pour savoir comment ça marchait en termes d'algorithme. J'ai fait des recherches sur les difficultés du marché de l'alternance et j'en ai découvert encore plus que ce qu'il était le cas dans mon esprit. Je me suis dit, là tu tiens quelque chose qui va avoir une portée humaine et qui va pouvoir permettre de former au mieux les générations qui demain travailleront au sein de l'entreprise. et ça répondait complètement à la mission de se dire que c'était l'humain qui transformait les organisations.

  • Speaker #1

    C'est quoi les fondements de ce qu'il dit ?

  • Speaker #0

    C'est que l'humain transforme les entreprises et que la collaboration harmonieuse, ça passe aussi par la compatibilité et la complémentarité entre les personnes. Moi, quand j'étais manager, je recrutais des personnes qui pouvaient être très bien pour moi, mais pas bien pour les autres, mais c'est ça qui nous permettait d'avancer ensemble. de créer de la performance, d'être épanouie, d'être heureux ensemble. On avait des modes de fonctionnement qui allaient être soit similaires, soit complémentaires. Je n'ai pas fait l'erreur de recruter que des personnes qui me ressemblaient parce qu'autant te dire qu'à mon avis, ça n'aurait pas donné quelque chose de super. Mais par contre, j'ai réussi à recruter des personnes avec lesquelles on arrivait à collaborer efficacement et à se faire grandir mutuellement. Et je pense que dans notre vie, on a tous un manager ou quelqu'un qui nous a marqués positivement et qui nous a fait grandir, au moins une personne. Et c'est vrai que c'est ça les fondements de ce qu'il dit, c'est de dire qu'une entreprise, elle peut aussi être transformée par un alternant et qu'il ne faut pas négliger ce type de recrutement au sein d'une entreprise et que c'est tout aussi stratégique, voire plus que les recrutements de collaborateurs.

  • Speaker #1

    Ce que je trouve intéressant et en même temps rigolo, si je peux le dire, c'est qu'avant ton AVC, tu faisais une énorme distinction entre le pro et le perso. Là, aujourd'hui...

  • Speaker #0

    J'ai tout mélangé.

  • Speaker #1

    Avec tout le monde, il y a ton frère, ton conjoint,

  • Speaker #0

    une amie. Oui, c'est ça. En fait, effectivement, je faisais énormément la distinction entre le pro et le perso. Et là, j'ai décidé de tout mélanger. C'est tout simplement parce que je me suis rendu compte que c'est quand j'ai vraiment décidé d'être moi-même que ça s'est le mieux passé en entreprise. Quand j'avais mon équipe sur le terrain, quand je suis revenue après mon AVC, eh bien là, à ce moment-là, des fois, ils m'ont vu des jours où j'étais pas bien, comme n'importe quoi. des jours où je pouvais être triste, des jours où j'étais contente, des jours où je leur racontais un petit peu ce qui m'était arrivé dans le week-end, comme eux me racontaient déjà des choses qui leur arrivaient dans leur vie, eux ne savaient jamais rien de la mienne. J'ai commencé à mettre des morceaux de ma vie personnelle dans mon travail, au lieu d'avoir l'effet de te mettre une certaine forme de vulnérabilité. Ça créait du lien et au contraire, ça amenait même les personnes parfois à une forme de compassion ou même de se dire « elle est humaine, elle est comme nous » . Et à partir de là, quand j'ai créé Skili, j'avais plus ce côté regard des autres. J'ai envie que cette boîte me ressemble, j'ai envie de faire les choses à ma manière. Et au départ, moi j'ai commencé à travailler sur Skili toute seule. Et au fur et à mesure, c'est eux qui se sont investis d'eux-mêmes sans que je demande rien. T'as les personnes qui me demandaient dans mon entourage « ça se passe où, t'en es où dans ta boîte ? » Et puis tu avais ces quelques personnes qui venaient en disant « Au fait, j'ai pensé pour Skilly, tu pourrais faire ceci, cela, même en dehors des moments où on était ensemble. » Qui de mieux pour entreprendre avec toi que des personnes qui croient en ce que tu as envie de faire ? Ça marche très bien pour nous et on est très contents de collaborer ensemble et Skilly ne serait pas ce que c'est aujourd'hui sans eux. En fait, si moi je l'avais fait seule, ça aurait été d'une taille bien moindre et ça aurait pris beaucoup plus de temps.

  • Speaker #1

    Mais en gros, dans la dernière étude d'Harvard, ils disent qu'un leader sur plein de compétences, les deux plus importantes, c'est l'authenticité et comment naviguer dans des environnements complexes et dans le changement. Tu as l'air de cocher les deux cases.

  • Speaker #0

    Je pense, de ce qu'on vient de raconter en tout cas. Mais tu vois, pendant très longtemps, je me suis dit que justement, un manager, c'était un leader. Et petit à petit, je me suis rendu compte que je l'étais devenue sans le vouloir. J'ai un sentiment d'un côté que si tu as envie d'être un leader, tu ne seras pas aussi bien que si tu l'es devenu naturellement, dans le sens où c'est les personnes de mon entourage qui disent ça de moi. Moi, si tu me demandes sur moi, je ne vais pas forcément te dire que je suis d'accord. la personne la plus mauvaise pour s'autocomplimenter. Donc, c'est beaucoup les autres qui m'ont dit comment j'étais. Tu deviens leader quand tu ne veux pas le devenir. Parce que moi, j'ai eu des managers et des dirigeants qui avaient envie d'être leader parce qu'ils avaient des idées, etc. Sauf qu'ils pensaient que juste avec des idées, tu allais emmener les gens. Sauf qu'en fait... Pas du tout. Effectivement, l'authenticité, moi, j'ai découvert vraiment son pouvoir après l'AVC et encore plus maintenant que je suis entrepreneur. Parfois, ça peut te fermer des portes et il y a des personnes avec lesquelles ça ne va pas du tout matcher. Et en fait, c'est même la meilleure nouvelle parce que ça fait un tri naturel. Et ce qui est dans le fait de naviguer dans le changement, effectivement, je pense qu'il faut avoir une forte capacité. On ne va pas dire jamais se laisser désarçonner parce qu'en fait... on est tous humains, donc t'as forcément un moment où t'accuses le coup, c'est quelque chose qui est positif et très souvent, moi je me souviens quand j'étais plus jeune, on me disait oui t'as changé mais c'était jamais dit d'une façon positive quand on parle de changement à quelqu'un c'est perçu comme, avant c'était comme ça, maintenant c'est comme ça, par extension c'était peut-être mieux avant alors qu'en réalité, le changement ça a beaucoup de positifs et quand on arrive à accepter ça, effectivement je pense que c'est là qu'on a vraiment les clés Merci. pour être leader, mais aussi pour être un bon chef d'entreprise.

  • Speaker #1

    Complètement. On a souvent comme image le fait de voir un leader. Le leader, c'est Barack Obama, c'est Steve Jobs, c'est des personnes qui ont du charisme, qui ont de la voix. Mais en fait, ils ne sont pas forcément nés comme ça. En tout cas, ce n'est pas inné. Et ça s'apprend. Si c'est naturel, tant mieux, mais c'est rare. Et c'est vrai que sur beaucoup, c'est hyper important de... de le travailler et de voir que ça vient d'abord de soi pour pouvoir ensuite guider les autres et comprendre les autres.

  • Speaker #0

    Complètement, et moi j'ai la conviction que si je n'avais pas eu certaines épreuves de ma vie, notamment l'AVC, je ne serais pas la personne que je suis aujourd'hui. Donc moi je suis contente que ça me soit, je ne veux pas dire que je suis contente que ça me soit arrivé, mais en tout cas je suis contente de la personne que je suis aujourd'hui, et je sais que c'est aussi lié à cet événement-là.

  • Speaker #1

    Il y a un autre événement qui s'apprête à arriver dans pas très longtemps et qui va vachement changer ta vie.

  • Speaker #0

    Effectivement, d'ici septembre, je serai maman aussi. Donc effectivement, ça va considérablement changer ma vie. Mais encore une fois, c'est un changement très positif, très serein. C'est-à-dire qu'on se dit, on va faire les choses qu'il faut et tout se passera bien. Et hier, je suis venue avec une amie qui me disait que par rapport à avant, parce qu'elle me connaissait du coup quand on bossait ensemble dans la boîte d'avant. Et là, depuis que je suis enceinte, elle me dit « tu as une forme de sérénité, tu t'es installée » , alors que ça pourrait être complètement le contraire. Parce qu'il y a aussi des gens qui te diraient « elle est entrepreneur, c'est une situation incertaine en termes de finances, c'est une situation incertaine tout court, c'est une situation qui demande trop d'investissement de temps » . Et elle fait déjà la place dans sa vie à un enfant après un an et demi d'entreprise. Et là où j'ai été très agréablement surprise, c'est que finalement dans mon entourage, personne n'a réagi de cette façon. Donc c'est là que je me rends compte aussi qu'un filtre naturel s'est fait dans mon entourage à partir du moment où déjà je suis devenue entrepreneur, où toutes ces personnes qui pouvaient avoir une forme de scepticisme sur l'insécurité que ça peut représenter, se sont naturellement écartées de ma vie sans que moi je les en expulse. Et effectivement, dans quelques mois, il y a un enfant qui arrive. Et à partir déjà du moment où j'ai su que j'étais enceinte, c'est vrai que ça crée encore une fois un ajustement des curseurs, comme on le disait un petit peu plus tôt, nécessaire pour que la grossesse se passe bien, que l'entreprise se passe bien, un nouvel équilibre à trouver. Et accepter aussi peut-être d'être un peu moins présent, mais d'être présent plus efficacement.

  • Speaker #1

    Je crois qu'effectivement, tout ce que tu as traversé et la vie humaine de nombreuses personnes fait que c'est hyper intéressant de voir à quel point si tu prends le temps de te nourrir de ça de grandir de prendre du recul et de voir un peu ce qui s'est passé pour mieux te connaître toi ça a un pouvoir surestimé de qui tu es sur ton alignement et encore plus quand tu attends un enfant je trouve que pour être passé par là il ya vraiment un avant et un après l'entrepreneuriat aide parce qu'en fait tu es seul face à toi même quoi qu'il arrive même si tu es entouré de ta famille, de tes amis, et le fait de devenir maman, il y a vraiment un switch qui se passe dans ta tête et un avant et un après sur qui tu es, ce que tu veux et tes limites, et comment est-ce que tu joues justement avec ce fameux curseur entre qu'est-ce que tu es prête à faire pour toi, pour ton enfant, pour ta famille et pour ce qui compte vraiment.

  • Speaker #0

    Oui c'est complètement ça. Tu refixes totalement les priorités. Et finalement, c'est vrai que ce que j'ai vécu dans ma vie fait qu'aujourd'hui, il n'y a jamais une situation que j'accueille en me disant que je ne pourrais pas la gérer. Peu importe ce qui se passe, je me dis que je trouverai la façon de faire pour que ça se passe bien.

  • Speaker #1

    Si tu pouvais transmettre une seule chose à ton enfant sur ce que c'est que réussir sa vie, ce serait quoi ?

  • Speaker #0

    Être soi-même et faire ce qui nous plaît. Ça ne sert à rien de faire quelque chose parce que ça semble être la bonne chose. Si ce n'est pas la bonne chose pour toi, il faut changer de voie.

  • Speaker #1

    Quel challenge tu donnerais à nos auditeurs pour qu'ils puissent justement ajuster ce fameux curseur entre performance et épanouissement personnel ?

  • Speaker #0

    Moi, ce serait un challenge un peu d'introspection, c'est-à-dire se poser comme ça. tranquillement avec une feuille et faire le point sur qu'est-ce que j'ai aujourd'hui, qu'est-ce que je veux demain et qu'est-ce que je dois mettre en place pour que ça soit possible et qu'est-ce que je veux pas. Il est aujourd'hui présent dans votre vie et bien amorcer un changement quelquefois en fait. Ça veut pas forcément dire quitter son job mais ça veut peut-être dire oser dire ce qu'on veut parce qu'en fait quand on sait où on va c'est toujours plus simple et quand on sait ce qu'on veut c'est toujours plus simple aussi, ça va faire peur de changer. Mais en tout cas, ça sera pour du mieux.

  • Speaker #1

    Tu as déjà fait un vision board ?

  • Speaker #0

    Oui. Oui, j'ai déjà fait ça. Je trouve ça très sympa comme concept. C'est un peu le prolongement finalement. Une fois que tu as fait ton introspection, tu es en capacité de faire ce vision board et de se dire, qu'est-ce que je vais faire pour atteindre ces objectifs-là ? Accepter aussi que les objectifs sont évolutifs. On peut effectivement avoir des envies différentes et c'est OK, notamment avec les changements de la vie. Tout à l'heure, on parlait de la grossesse, ça peut totalement influencer ou même passer du salariat à l'entrepreneuriat, ça va faire que des choses vont changer. Savoir où on va, mais accepter que ça peut changer, mais aussi que la route, elle peut être différente, qu'il y a différentes façons d'atteindre ses objectifs. Et si ce n'est pas la route qu'on avait prévue, la prochaine sera peut-être encore mieux.

  • Speaker #1

    Merci beaucoup.

  • Speaker #0

    Merci à toi.

  • Speaker #1

    Merci beaucoup d'avoir suivi cet épisode, j'espère qu'il vous a plu. Et je suis aussi très curieuse de savoir comment vous avez géré ce challenge qui a été donné par notre invité. N'hésitez pas à le partager sur les réseaux avec le hashtag Trouve ton curseur. Et pour être au courant des prochaines sorties, n'oubliez pas de vous abonner. A bientôt !

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Description

Dans cet épisode, Christine nous raconte comment un AVC à 28 ans a bouleversé sa vision de la performance et de la réussite.


De son enfance marquée par une quête d'excellence à sa carrière fulgurante en management, elle retrace son parcours jusqu'au jour où son corps a dit "stop".


Christine partage avec honnêteté comment cet événement traumatique est devenu un cadeau précieux qui l'a amenée à redéfinir ses priorités et à fonder Skillie, une entreprise qui incarne sa conviction que "l'humain transforme les organisations".


Bonne écoute !


LIENS ET RESSOURCES

- LinkedIn de Christine : https://www.linkedin.com/in/christinepliso/

- La newsletter de Christine : https://www.linkedin.com/newsletters/r%C3%A9veil-toi-7280980404063358976/


CHALLENGE #TrouvetonCurseur :

Instagram : https://www.instagram.com/le_curseur_podcast


AUTO-DIAGNOSTIC : www.marinevillalonfavia.com


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Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    À quel moment tu as commencé à sentir qu'il y avait quelque chose qui n'allait pas forcément bien dans la façon dont tu gérais ton travail ?

  • Speaker #1

    Jamais, en fait. Jusqu'à mon AVC, je pense.

  • Speaker #0

    Dans cet épisode, Christine Pissot nous raconte comment son AVC à 28 ans a complètement redéfini sa vision de la performance et de la réussite.

  • Speaker #1

    On a commencé à me parler de promotion. C'était vraiment être bras droit du PDG. J'étais ravie à ce moment-là de la tournure que prenait ma carrière, en tout cas.

  • Speaker #0

    pété sur la route quasiment toute la journée, tu faisais des allers-retours pour t'occuper de tes équipes et en rentrant chez toi tu t'occupais de ton conjoint.

  • Speaker #1

    Oui c'est ça. C'est le moment où on dit c'est quand qu'il s'occupait de toi. Je ne faisais vraiment rien pour moi à ce moment là. C'était ça le vrai problème. A partir de là je me suis dit tu t'es complètement trompée.

  • Speaker #0

    Elle nous raconte en toute honnêteté et avec beaucoup d'humilité comment cet événement traumatisant l'a complètement transformée.

  • Speaker #1

    Mon copain, il est là à cette époque, va entendre un bruit dans la salle de bain. parce que du coup je vais tomber par terre, j'arrive à me relever, etc. Je lui dis non, non, mais c'est rien, t'inquiète. Il est en train de se passer quelque chose de grave, mais moi à ce moment-là, je ne comprends pas.

  • Speaker #0

    Donc ma question, c'est quand tu avais 28 ans, cet AVC, ça t'a un peu forcé, enfin ça t'a complètement forcé à t'arrêter. Qu'est-ce qui s'est réveillé en toi ?

  • Speaker #1

    Le fait de me rendre compte que je n'avais pas placé les curseurs de priorité là où ils devaient vraiment être. J'avais beaucoup négligé tout ce qui était bien-être personnel, aussi bien psychologique que corporel, pour totalement me dédier aux autres, que ce soit le conjoint que j'avais à l'époque, ou alors me dédier au travail et donc aux personnes que je managais à ce moment-là. En parallèle de ça, j'avais complètement abandonné ma famille et mon cercle personnel. J'avais aussi complètement abandonné mon bien-être personnel. Et du coup, quand à 28 ans, j'ai fait un AVC, à ce moment-là, je me suis dit « Oula ! » Là, tu viens de dépasser justement une limite. Ton corps t'envoie un signal. Je ne dirais pas que je l'ai accepté tout de suite au départ. C'était beaucoup de déni, mettre la faute sur les autres, notamment par rapport à mon entreprise de l'époque, puisque ça avait été diagnostiqué comme étant suite à un surmenage. Après, ça a été un surmenage assez global. Il y avait aussi des facteurs physiques qui ont fait que l'AVC a pu être possible. Donc ça a été déclenché effectivement par un surmenage. Mais au départ, il y avait beaucoup de colère par rapport à l'entreprise, par rapport aussi à mon conjoint de l'époque qui me mobilisait beaucoup par des problèmes de santé qu'il avait. Après, il a fallu que j'ai toute une phase d'acceptation de me dire que ça avait été moi aussi qui a été à l'origine de cet AVC. Je n'ai pas su écouter tous ces fameux warnings qu'il pouvait y avoir par-ci, par-là, et que j'avais vraiment trop poussé les limites. Et ça a vraiment réveillé ce côté de me dire que dans la vie, on ne réussit pas que par la vie professionnelle. Parce qu'à ce moment-là, j'avais ce sentiment que l'ambition, c'était uniquement pro et que le pro, c'était la seule chose qui pouvait me contenter réellement en termes de réussite et aussi de définition de la réussite et du bonheur. À partir de là, je me suis dit, tu t'es complètement trompée parce qu'en fait, la vie, ce n'est pas que le pro.

  • Speaker #0

    Si on fait un retour en arrière, quand tu étais étudiante, c'était quoi tes ambitions ?

  • Speaker #1

    Au départ, pendant de nombreuses années, j'ai voulu être prof. C'était cette ambition de la bonne élève, c'est-à-dire il faut avoir les meilleures notes, toujours donner le meilleur de soi-même. Mais en même temps, je n'étais pas dans la comparaison avec les autres. C'était beaucoup le meilleur de moi-même par rapport à mon propre référentiel. Donc je n'étais pas forcément la meilleure de la classe. J'étais dans le top des étudiants, mais j'avais vraiment ce référentiel personnel de me dire il faut que tu sois fière de toi, il faut que tu rendes fière les autres. J'avais cette volonté de rendre fière ma mère par rapport à mes frères, ce qui était un petit peu plus difficile. Je voulais contrebalancer là-dessus. J'avais cette volonté beaucoup d'exemplarité, de soutien. Par la suite, je me suis lancée dans une prépa à l'être. Il n'y a pas plus parcours d'excellence que ça. C'est vraiment ce genre de parcours où tu as peu d'élus et beaucoup de personnes qui veulent y aller. Mais rapidement, je me suis rendue compte que ce n'était pas du tout quelque chose qui me correspondait. Parce que trop théorique. Finalement, je me suis réorientée assez rapidement, mais j'ai eu du mal à accepter ce changement. Parce que je le vivais comme un échec. Je me suis dit, là, tu n'as pas été capable d'être au niveau, parce que c'est un niveau très élevé. Mais maintenant, avec le recul, je ne me dis pas que je n'étais pas capable. C'est que ce n'était pas quelque chose qui me donnait suffisamment envie de l'être, dans le sens où j'aurais pu plus travailler, j'aurais pu plus m'investir, j'aurais pu réussir. Mais ce n'est pas quelque chose qui me donnait à ce point envie pour me dépasser.

  • Speaker #0

    Tu parles de référentiel, c'était quoi ton référentiel ?

  • Speaker #1

    Alors, mon référentiel, c'était beaucoup ma mère aussi, parce qu'en fait, ma mère, quand elle était à l'école... Elle était très très bonne élève. Mon collège et mon lycée, et même ma primaire, je les ai faites dans le même établissement que là où était ma mère. Avec ma mère, on n'a pas tant d'écart parce qu'elle m'a eu assez jeune, elle avait 24 ans, et ça fait que j'ai eu des profs qu'elle avait aussi. Et du coup, quand j'arrivais à l'école, du coup j'étais l'aînée de la fratrie, eh bien on me comparait parfois à ma mère, parce qu'en plus physiquement on se ressemble plutôt beaucoup. Et il y avait beaucoup ce référentiel de « ta mère était superbe, donc tu vas l'être aussi » . Moi, j'ai perdu mon père en étant très jeune. Et il y avait ce côté de se dire, il faut que tu ne fasses pas du souci à ta mère et il faut que tu assures dans ton rôle de sœur, dans ton rôle tout court.

  • Speaker #0

    Oui, je connais bien ce rôle-là. C'est quelque chose qu'on te donne, mais aussi que tu te donnes de manière complètement inconsciente en étant enfant. Donc, ta vision de la performance, finalement, c'était quoi ?

  • Speaker #1

    Ma vision de la performance, je pense que c'était la fierté des autres. Les félicitations que tu peux recevoir de la part d'un conseil de classe, les félicitations que tu peux recevoir de la part d'un prof, le bravo de l'entourage qui va dire que tu as fait un super job.

  • Speaker #0

    Est-ce qu'à cette époque-là, ta mère a mis le doigt sur cette super excellence que tu voulais atteindre ou pas spécialement ?

  • Speaker #1

    Elle était fière, mais il n'y avait pas... Elle n'était pas dans une optique où elle me poussait à être excellente. Ce n'est pas comme ses parents, tu sais, qui te mettent plein de pression pour que tu sois toujours le meilleur. En réalité, c'est quelqu'un qui est très « faites ce qui vous plaît, je vous soutiendrai quoi qu'il en soit » . C'est plus moi qui m'étais mis une pression par moi-même qu'elle qui le faisait. Parce que par exemple, quand j'ai décidé d'arrêter ma prépa, moi j'avais peur de lui dire, parce que j'avais peur de la décevoir. Alors qu'en réalité, quand je lui ai dit, ce qui s'est passé, c'est qu'elle m'a juste soutenue. Elle m'a dit que si tu n'aimes pas ça, tu feras autre chose et tu y arriveras tout aussi bien.

  • Speaker #0

    Est-ce que le fait d'être la seule fille dans la fratrie t'a fait aussi un peu endosser ce rôle maternel ?

  • Speaker #1

    Oui, parce que mes deux frères sont plus jeunes que moi. J'en ai un qui a un an de moins que moi et un qui a cinq ans de moins que moi. C'est quand même un fort gap. Surtout, comme notre père est décédé quand on était très jeunes, et ma mère, juste au décès, a fait une dépression. et du coup, rapidement, je me suis dit il faut que... Toi, tu restes forte parce qu'il faut que quelqu'un le soit pour la famille.

  • Speaker #0

    Tu as quitté la prépa lettre ? Pour faire quoi ?

  • Speaker #1

    Alors, au départ, je ne savais même pas ce que j'allais faire. C'était vraiment, ça ne me plaît pas, ça ne me convient pas, il faut que j'arrête. Je me suis à ce moment-là questionnée en me disant, qu'est-ce qui te plairait vraiment ? Qu'est-ce que tu aimes faire ? Quand j'étais en prépa, j'avais aussi découvert l'univers des écoles de commerce. De là, je me suis dit, tu vas faire un BTS Management des unités commerciales parce que c'était un cursus qui allait m'ouvrir en même temps beaucoup de voies.

  • Speaker #0

    Donc tes drivers, si on reprend un peu, j'imagine que tu connais les cinq drivers. En montant la vidéo, je me suis rendue compte que je n'avais pas vraiment expliqué ce que c'était les drivers. Donc si vous savez ce que c'est, vous pouvez avancer ce passage-là. Et pour ceux qui ne le savent pas, en fait, rapidement, les drivers, ça vient de l'analyse transactionnelle. C'est des messages qui ont été répétés quand on était plus jeune et qui vont beaucoup influencer la façon dont on fonctionne aujourd'hui. Donc il y a cinq drivers. Fais plaisir. Sois parfait. Dépêche-toi. Sois fort et fais des efforts. Et en fait, on a chaque fois un dominant, voire deux dominants. Et ce qui est important ici, c'est de les conscientiser pour pouvoir les canaliser, puisqu'évidemment, ils ont des points positifs, mais aussi des points négatifs. Je vous donne l'exemple de Christine qui parle de son soi parfait, donc qui l'a amené à l'excellence, qui l'a amené à être très performante, mais qui l'a aussi amené à du surmenage. Donc ce qui est intéressant ici, c'est encore une fois de les conscientiser pour pouvoir avancer. Donc toi, tu es driver. On était plutôt à l'époque sur du soif fort et fait plaisir.

  • Speaker #1

    Oui.

  • Speaker #0

    Donc tu as fait une école de commerce et après, tu as vite monté les échelons. Tu es rentrée en entreprise et tu as rapidement monté les échelons pour être manager.

  • Speaker #1

    Je n'ai même pas fait une école de commerce. J'ai fait mon BTS du coup. Je suis celui d'une famille qui n'a pas vraiment des moyens financiers importants. Les écoles de commerce, ce n'était pas vraiment une voie qui pouvait m'être ouverte par rapport au montant que ça représentait à l'époque. Je me suis dit que je vais plutôt faire ton chemin toujours un système de mérite. En gros, si tu te donnes à fond dans ton travail, tu arriveras à grimper les échelons, à prouver que tu vaux plus et on te donnera plus. Je me suis dit qu'on va le faire plutôt comme ça.

  • Speaker #0

    Ce qui signifie que déjà à l'époque, tu avais rapidement envie de rentrer dans le monde du travail ?

  • Speaker #1

    Oui et non. Je pense que j'avais encore envie de rester un petit peu dans ce monde scolaire, continuer toujours à apprendre. Un peu aussi d'indécision parce qu'il y avait trop de choses qui m'intéressaient. C'est ça qui a fait aussi que, comme je le disais un petit peu plus tôt, je suis partie dans un cursus qui finalement était plutôt généraliste.

  • Speaker #0

    C'est intéressant parce qu'il y a une espèce de dualité entre le côté perfection et le côté cas de protection, je prends mon temps.

  • Speaker #1

    J'ai fait très dans le faire attention, toujours prendre tous les paramètres en compte pour être sûre d'aller dans la bonne voie. Dans un sens, je pense qu'à l'époque, ça me poussait à ne pas trop sortir de ma zone de confort.

  • Speaker #0

    Donc tu termines ton BTS et ensuite qu'est-ce que tu fais ?

  • Speaker #1

    Je deviens responsable de rayon, mais sans le titre de responsable. Ça, c'était beaucoup ce qui se faisait à la grande distribution. Tu étais mon employé polyvalent de commerce. Et en réalité, tu étais seule sur ton rayon, donc c'est toi qui gérait tout.

  • Speaker #0

    À quel moment tu as commencé à manager ?

  • Speaker #1

    Alors déjà, je manageais quand j'étais dans ma première expérience en BTS. Je manageais en étant stagiaire. Et ça, c'était quelque chose de très compliqué. La responsable du magasin m'avait pris vraiment comme assistante. Il y avait aussi une responsable adjoint. Et du coup, il y avait la cohabitation de dire, il y a une stagiaire qui est là pour apprendre. Mais en même temps, je devais tenir des rôles, des fonctions et des missions de manager.

  • Speaker #0

    Et avec le recul, comment est-ce que tu vois cette expérience ?

  • Speaker #1

    On ne m'a pas accompagnée sur les façons de manager. Et du coup, j'ai fait beaucoup d'erreurs. Et quand tu es jeune et que tu as 19 ans et que tu n'as jamais travaillé, à ce moment-là, tu ne te dis pas qu'il faut faire attention aux sentiments des autres ou à la perception que tes paroles, elles auront.

  • Speaker #0

    Et quel manager tu avais envie d'être ?

  • Speaker #1

    J'avais envie d'être le manager que j'ai réussi à être après mon AVC. Et avant l'AVC, j'étais plus un manager qui n'arrivait pas encore à prendre en considération les émotions des autres.

  • Speaker #0

    Si on revient sur la période de l'AVC, c'était quoi ton poste ?

  • Speaker #1

    Alors au moment de l'AVC, j'étais responsable régionale. Dans une entreprise qui faisait du commerce de métaux précieux, à ce moment-là, j'avais une vingtaine d'agences déterminées sur toute la France, qui avaient un gérant par agence. Et moi, mon rôle par rapport à eux, c'était de les accompagner dans le développement commercial de leur agence et de les amener à atteindre leurs objectifs.

  • Speaker #0

    Donc à quoi ressemblaient tes journées ?

  • Speaker #1

    Mes journées ressemblaient à, grosso modo, me lever à 6h du matin, partir, faire de la route, parfois faire jusqu'à 4h de route, arriver en agence. À ce moment-là, il pouvait y avoir plusieurs configurations. Soit le gérant avait vraiment du temps pour moi, soit il y en avait un petit peu moins. Et à ce moment-là, j'étais un peu tributaire du flux client. Et les quatre heures de route que je passais sur la route, il fallait les mettre à profit aussi. C'est là que j'ai fait l'erreur à cette époque-là, c'est que je rentrais tous les soirs chez moi. Donc parfois, je pouvais faire quatre heures de route le matin, quatre heures de route le soir. Et quand je rentrais chez moi, je voulais à tout prix leur faire un mail qui allait récapituler les performances de la journée. pour pouvoir féliciter les personnes qui avaient bien fait, pour qu'elles l'aient le lendemain matin quand eux, ils arriveraient à 9h à l'agence. Du coup, moi, je m'étais mis des contraintes supplémentaires pour donner de la présence aux gérants et qu'ils aient le sentiment qu'ils étaient bien entourés, même en étant seuls.

  • Speaker #0

    Et est-ce que ça a eu le résultat escompté ?

  • Speaker #1

    Oui, ça a eu le résultat escompté pour le coup. Cette année-là, j'ai fait plus de 250% de l'objectif demandé. J'avais un turnover quasi inexistant. Même si, pour le coup, ça a eu beaucoup d'effets négatifs sur moi, mais ça a eu l'effet positif attendu sur les personnes que j'encadrais, en tout cas.

  • Speaker #0

    Et de quoi tu étais la plus fière à ce moment-là ?

  • Speaker #1

    Que par rapport aux autres, ils me voient différemment. Dans le sens où ces mêmes gérants avaient parfois eu d'autres directeurs commerciaux avant moi. Ils me disaient « Vous êtes la première à venir me voir aussi souvent » . J'étais fière qu'ils se disent qu'ils pouvaient compter sur moi, parce qu'ils m'identifiaient comme quelqu'un de fiable.

  • Speaker #0

    Donc à ce moment-là, toutes les cases étaient cochées pour satisfaire cet enfant intérieur qui avait besoin d'excellence, qui avait besoin de performance, de fierté, de regard des autres, positif. Tout était là.

  • Speaker #1

    Tout était tellement là qu'on a commencé à me parler de promotion. Pratiquement le plus haut poste qui existait dans l'entreprise, c'était vraiment être bras droit du PDG. Et ce n'était pas la première promotion qu'on me proposait parce que je ne suis pas rentrée à ce poste-là dans l'entreprise. Je suis rentrée au poste de gérant où je faisais des remplacements. Et ensuite, on m'a proposé aussi un poste de responsable régional sur une petite région. Au bout de quatre mois, on a doublé ma zone. J'étais ravie à ce moment-là de la tournure que prenait ma carrière en tout cas.

  • Speaker #0

    Est-ce qu'à un moment donné, dans tes managers, il y a quelqu'un qui a tiré la sonnette d'alarme ou qui a vu que ça allait trop loin ?

  • Speaker #1

    J'étais vue comme cette personne vraiment instable, que rien n'atteint. Donc personne ne savait même que j'avais à ce moment-là un conjoint qui avait de gros problèmes de santé. Donc personne ne savait que j'avais une vie stressante dans ma vie personnelle. Moi je n'avais pas le sentiment que j'en faisais trop et je n'avais pas non plus le sentiment d'être dans une situation dangereuse pour moi. Moi je me disais, tu fais ton travail, tu le fais bien, ça se passe bien, tout va bien. On m'avait donné un petit conseil parce que justement on s'était rendu compte que je dormais très peu à l'hôtel. J'avais un kilométrage de voiture de fonction plus élevé que les autres. Donc ils voyaient bien que par contre, je faisais beaucoup de déplacements. Donc on m'avait recommandé davantage dormir à l'hôtel, mais il n'y avait pas de contraintes là-dessus. Personne ne m'a vraiment rien dit à ce moment-là.

  • Speaker #0

    Donc si quelqu'un t'avait dit que tu allais droit vers un AVC ou un A Burnout, comment tu l'aurais pris ?

  • Speaker #1

    En fait, personne n'aurait pu me le dire dans le sens où les gens pouvaient connaître des briques de ma vie, mais personne n'avait connaissance de l'intégralité. Et du coup, personne ne pouvait identifier ça, donc personne n'aurait pu me dire « bah, t'en fais trop » .

  • Speaker #0

    Donc si je résume, t'étais sur la route quasiment toute la journée, tu faisais des allers-retours pour t'occuper de tes équipes, et en rentrant chez toi, tu t'occupais de ton conjoint.

  • Speaker #1

    Oui, c'est ça.

  • Speaker #0

    J'ai 300 000 questions, mais je ne l'ai pas allé discuter.

  • Speaker #1

    c'est le moment où on se dit c'est quand tu t'occupais de toi c'est ça ?

  • Speaker #0

    ouais exactement c'est le moment où on se dit qu'est-ce que tu faisais pour toi bah rien en réalité je faisais vraiment rien pour moi à ce moment là c'était ça le vrai problème parce que finalement t'étais loin de tout le monde t'étais avec ton conjoint dans une ville que tu connaissais pas spécialement en tout cas nouvelle avec un seul moteur le travail ?

  • Speaker #1

    Là, au moment où je suis directrice commerciale, je suis revenue à Saint-Etienne. Ma mère et mon frère habitent à 5 minutes à pied de chez moi. C'est moi qui ai pu laisser de place à ma famille et à mes amis à ce moment-là. Mais concrètement, j'ai aucune raison de ne pas être près de ces gens-là.

  • Speaker #0

    À quel moment tu as commencé à sentir qu'il y avait quelque chose qui n'allait pas forcément bien dans la façon dont tu gérais ton travail ?

  • Speaker #1

    Jamais, en fait. Jusqu'à mon avis, c'est le temps.

  • Speaker #0

    Est-ce qu'il y avait un rapport à l'argent qui te motivait encore plus ?

  • Speaker #1

    Non.

  • Speaker #0

    Plus de performance, plus d'argent, non ?

  • Speaker #1

    Non, j'avais des commissions, mais ça n'a jamais été quelque chose de moteur pour moi, dans le sens où même dans ma progression au sein de cette entreprise, il y a parfois des postes où j'ai accepté d'être payée moins bien que le poste d'avant pour la promotion de mission.

  • Speaker #0

    Est-ce que tu peux nous raconter ce jour où tout a basculé ?

  • Speaker #1

    Donc on est le 7 octobre 2019. D'ailleurs, j'ai écrit toute une newsletter à ce sujet. Donc à ce moment-là, je suis déjà très fatiguée. Et puis, je me lève comme tous les matins pour aller me préparer. Et puis, il se passe quelque chose que je ne m'explique pas. C'est qu'une paralysie de la jambe gauche, de tout le côté gauche, souvent, c'est les premiers symptômes d'un AVC. Et à ce moment-là, je ne me rends même pas compte de ce qui se passe. Parce que du coup, mon copain, qui est là à cette époque, va entendre un bruit dans la salle de bain. Parce que du coup, je vais tomber par terre. Et à ce moment-là, j'arrive à me relever, etc. Et en fait, on pense à des choses vraiment si bêtes. En fait, j'étais en train de payer mon stationnement sur mon téléphone pour ne pas prendre d'amende. Et je me disais, il faut que tu finisses de payer ton stationnement. Je suis encore dans le déni. Je dis non, mais c'est rien. Il y a tellement une déconnexion qui se fait dans la réalité qu'on ne se rend même pas compte de ce qui se passe. Je lui dis non, non, mais c'est rien. T'inquiète. Il me dit, vas-y quand même. Moi, ce que je ne sais pas à ce moment-là, parce que je ne me suis pas regardée dans le miroir, c'est que j'ai une paralysie du visage. Donc, ça se voit concrètement sur mon visage qu'il y a quelque chose qui se passe. Lui il va appeler les pompiers, je lui dis non non, appelle pas les pompiers, appelle ma mère. Ma mère habite à ce moment-là à 5 minutes. Donc ma mère arrive et elle se rend vite compte qu'il est en train de se passer quelque chose de grave, mais moi à ce moment-là je ne comprends pas. J'ai une déconnexion du cerveau liée au fait des symptômes même de l'AVC qui font que c'est compliqué de réfléchir. Et donc on m'emmène à l'hôpital et très rapidement ils vont d'ici à diagnostiquer que c'est un AVC, je vais pouvoir être traité dans les 4 heures et du coup ça va faire... que ça va réduire considérablement les potentiels séquelles. Mais je vais quand même rester 10 jours à l'hôpital à la suite de cet AVC. Et pendant les 48 premières heures, il y avait la question de savoir si, une fois que je serai autorisée à me lever, parce qu'au début, tu n'as pas le droit de te lever, est-ce que je pourrais marcher ? Et du coup, il y a ce stress-là pendant 48 heures de savoir est-ce que tu pourras marcher. Et puis, progressivement, la volonté d'aller combattre tous les symptômes pour réussir à récupérer au plus vite possible. Et à la fin des dix jours, mon neurochirurgien qui me dit « Maintenant que vous êtes, ça va mieux. » Je vous le dis honnêtement, je ne pensais pas que vous réussiriez à vous en remettre aussi bien en dix jours. Mais à ce moment-là, j'ai bénéficié de la chance d'être jeune. Parce que du coup, quand on est jeune, notre cerveau a plus de plasticité. Et du coup, ça fait qu'il se remet plus vite. Et puis, la combativité et surtout le soutien de mes proches à ce moment-là. Puisqu'ils étaient avec moi toute la journée. Dès qu'ils pouvaient me voir à l'hôpital, ils venaient me rendre visite.

  • Speaker #0

    Avant de continuer... j'ai un cadeau pour vous. Je le répète constamment, la performance, elle commence d'abord par vous. Alors, j'ai créé un autodiagnostic qui met en lumière vos angles morts et qui va vous permettre de prendre du recul. Ce n'est pas juste une énième vidéo à regarder. L'idée, c'est vraiment de vous aider à devenir le leader que vous souhaitez être, d'abord pour vous, puis pour vos équipes. C'est offert. Vous avez juste à cliquer sur le lien en description. J'espère que ça vous plaira. À ce moment-là, c'est quoi tes premières pensées ?

  • Speaker #1

    À ce moment-là, mes premières pensées, c'est le travail. La première chose que je vais dire à ma mère quand je serai à l'hôpital et qu'elle viendra me voir, ça va être qu'il faut que tu préviennes mon manager. Je pense qu'à ce moment-là, j'essaie vraiment de ne pas me rendre compte de ce qui se passe parce que c'est plus facile pour moi de me dire « concentre-toi sur ce qu'il y a d'habitude » que de me rendre compte que là, il vient de se passer quelque chose de vraiment grave.

  • Speaker #0

    Est-ce que tu penses que le mindset que tu t'es construit, cet état d'esprit vers l'excellence, vers la performance, est-ce que ça t'a aidé à justement développer ce côté très combative ?

  • Speaker #1

    Autant ça m'a poussé à cette situation, autant c'est ça qui m'a aidé à en sortir aussi. Quand j'étais à l'hôpital, j'avais envie d'aller mieux, tout le temps. Du coup, je faisais tout ce qui était possible et imaginable. Je suivais tous les conseils qui m'étaient donnés par les médecins. Si on me donnait des choses à faire qui n'étaient même pas obligatoires. comme notamment, tu as une rééducation par un orthophoniste au moment d'un AVC par rapport au fait que ça peut toucher la déglutition. Et du coup, tu as des choses à faire pour être sûr de pouvoir manger correctement et pouvoir parler correctement. Et ça, ce n'est pas des choses obligatoires. Et d'ailleurs, elle me disait, vous êtes la seule à les faire aussi bien. Donc, il y avait toujours cette implication de se dire, il faut que tu donnes le meilleur de toi-même pour aller mieux.

  • Speaker #0

    Je trouve ça passionnant à chaque fois de voir à quel point notre... intérieur, notre psychologie, notre façon de vivre et de penser joue sur notre quotidien. On a tendance à vouloir virer tous ces drivers, toutes ces petites voies intérieures qui viennent nous gonfler, elle fait ci, fait ça, soit performante, etc. Alors qu'en fait, il y a vraiment un curseur, un équilibre à trouver entre le moment où ça devient toxique et le moment où ils sont là pour nous aider.

  • Speaker #1

    Complètement, parce que je n'aurais pas été comme ça. je ne me serais pas aussi bien rétablie et la suite n'aurait pas été aussi positive. Tu as deux possibilités. Soit tu te dis, ça y est, c'est foutu. À cause de ça, je n'aurai plus jamais tout le reste. Soit tu te dis, ah bon, il se passe ça. Qu'est-ce que j'en fais pour devenir meilleure ? Je pense que c'est à ce moment-là que j'ai pris conscience aussi à quel point j'étais résiliente. Avant ça, j'étais beaucoup plus, pas dramatique, mais j'allais peut-être plus me laisser toucher par des choses. J'ai commencé à me dire qu'il y avait bien plus grave dans la vie.

  • Speaker #0

    À quel moment tu as compris que cet événement, ça allait complètement changer ta vie ?

  • Speaker #1

    Alors déjà, au moment où j'ai demandé aux infirmières, quand j'étais à l'hôpital, pendant combien de temps je vais être arrêtée ? Encore la question du travail. Et à ce moment-là, on me dit entre six mois et un an. Et ça, ça a été quelque chose de très difficile à digérer. Puisque comme je l'ai dit, à ce moment-là, je suis en passe d'avoir une nouvelle promotion. Donc le sentiment que tout ce que j'ai construit pendant quatre ans, ça ne servait à rien. Je restais en arrêt pendant un an. J'ai été accompagnée par une psychologue et par ma famille sur cette période-là. Quand il fallait reprendre le travail, j'avais peur d'y retourner. Je ne voulais plus y aller. J'avais peur de me remettre dans une situation dans laquelle je pourrais reproduire quelque chose d'aussi grave. C'est pour ça que j'ai été beaucoup accompagnée par une psy qui m'a accompagnée comme on accompagne quelqu'un suite à un burn-out parce que c'est à peu près les mêmes conséquences psychologiques de faire un AVC. C'est à ce moment-là que j'ai compris que tout serait différent. les curseurs n'étaient plus au même endroit. Dans cette période-là, j'ai surtout beaucoup pris soin de moi parce qu'en fait, je n'avais pas le choix déjà. Je me suis rendu compte que si moi, je ne le faisais pas, on n'allait pas le faire pour moi. Il y a des personnes, quand je les rencontre aujourd'hui, ça les met un peu mal à l'aise que je leur dise que j'ai fait un AVC parce que c'est quelque chose de grave. Mais moi, je n'ai pas envie d'oublier cet épisode. Souvent, c'est ce qu'ils m'ont dit à l'hôpital, il y a des personnes qui au bout de quelques mois vont complètement zapper, retomber dans tous les travers. Et moi, j'ai cette volonté que vraiment, ce soit un vrai tournant. Donc, c'est quelques vœux dont je parle assez simplement. Ça me touche encore. Et d'ailleurs, quand j'ai écrit ma première newsletter avec ce sujet-là, ça a été très dur émotionnellement, parce que je me suis vraiment livrée. Et quand je me rends compte que peut-être je suis en train de le faire, maintenant, c'est mon corps qui se charge pour moi de me dire « Attention, là, t'es en train de refaire des choses que tu faisais avant. »

  • Speaker #0

    J'y crois tellement. C'est tellement important de partager tous ces moments de vie qu'on a et qui font que... On grandit d'une manière ou d'une autre et c'est tellement précieux. C'est des cadeaux qui sont extrêmement mal emballés, qui sont très douloureux. Mais mon Dieu, ce que ça nous fait grandir, c'est dingue.

  • Speaker #1

    C'est vrai. En fait, cet épisode, il ne m'a pas changé que moi. Il a changé ma famille et il a changé mon entreprise aussi.

  • Speaker #0

    C'est quoi les grands changements que tu as pu voir ?

  • Speaker #1

    Alors, par rapport à ma famille, plus de résilience. c'est pas si grave et qu'est-ce que je fais des événements graves qui m'arrivent dans la vie. Toujours plus de combativité, ça nous a soudés aussi énormément, même si on l'était beaucoup, mais ça a aussi remis beaucoup d'attention les uns envers les autres. Et par rapport à mon travail, je ne sais pas si c'est de la conciliation, mais en tout cas, accepter que chacun peut travailler à son rythme, mais toujours être aussi performant. Aussi, plus de temps à se dire, comment vont vraiment mes collaborateurs, est-ce qu'ils se sentent bien dans l'univers dans lequel ils sont.

  • Speaker #0

    C'est quoi aujourd'hui ta définition de la performance ?

  • Speaker #1

    C'est donner le meilleur de soi-même. C'est ok de ne pas avoir le temps de tout faire, ou alors c'est ok d'avoir besoin d'aide, alors qu'avant j'avais peut-être la tendance à faire tout toute seule, à vouloir tout faire toute seule.

  • Speaker #0

    Et à quel moment l'idée de Skilly a commencé à germer ?

  • Speaker #1

    Au moment où je décide de quitter mon entreprise, je ne suis même pas encore sûre de ce que je vais faire. Parce qu'à ce moment-là, il y a un manager qui arrive. Ça se passe très mal. Dès le premier rendez-vous qu'on a ensemble, je sors en larmes du rendez-vous. Et en fait, je me dis non, tu ne peux pas accepter ça. À l'époque où tu pouvais te mettre dans des états comme ça pour le travail, ça n'existe plus. Peut-être la semaine d'après cet événement, j'étais dans le bureau de mon PDG pour lui demander ma rupture. Je n'ai pas voulu accentuer sur le fait de cet événement avec le manager, on n'est d'ailleurs pas parlé. Je ne voulais pas que ça soit perçu comme elle s'en va à cause de quelqu'un qui a eu une mauvaise attitude envers elle. En réalité, c'était tout un tas de facteurs qui me faisaient dire qu'à ce moment-là, je n'avais plus envie de faire ça et ce n'était plus ce qui me motivait tous les jours et j'avais envie de faire quelque chose qui avait vraiment de la valeur, mais de la valeur humaine où je me disais avec fierté, tu fais ça dans ta vie.

  • Speaker #0

    Et je me suis rendu compte des difficultés que ces alternants rencontraient dans leur vie pour trouver des alternances, des comportements injustes desquels ils avaient été victimes au sein de l'entreprise. Et d'ailleurs, mon frère aussi en était un exemple, parce que ça s'est terminé au prud'homme avec son alternance. Pourtant, ces personnes-là sont l'avenir du monde du travail. Ils devraient être formés correctement et poussés à être performants d'une bonne façon. Et puis, subitement, un jour... En faisant mes courses, je me suis dit que je vais appeler le Tinder de l'alternance. J'ai fait des études de marché, j'ai fait des recherches pour voir un petit peu si ça existait, ce qui se faisait. Donc ça n'existait pas. J'ai même fait des recherches sur des sites de rencontres, pour savoir comment ça marchait en termes d'algorithme. J'ai fait des recherches sur les difficultés du marché de l'alternance et j'en ai découvert encore plus que ce qu'il était le cas dans mon esprit. Je me suis dit, là tu tiens quelque chose qui va avoir une portée humaine et qui va pouvoir permettre de former au mieux les générations qui demain travailleront au sein de l'entreprise. et ça répondait complètement à la mission de se dire que c'était l'humain qui transformait les organisations.

  • Speaker #1

    C'est quoi les fondements de ce qu'il dit ?

  • Speaker #0

    C'est que l'humain transforme les entreprises et que la collaboration harmonieuse, ça passe aussi par la compatibilité et la complémentarité entre les personnes. Moi, quand j'étais manager, je recrutais des personnes qui pouvaient être très bien pour moi, mais pas bien pour les autres, mais c'est ça qui nous permettait d'avancer ensemble. de créer de la performance, d'être épanouie, d'être heureux ensemble. On avait des modes de fonctionnement qui allaient être soit similaires, soit complémentaires. Je n'ai pas fait l'erreur de recruter que des personnes qui me ressemblaient parce qu'autant te dire qu'à mon avis, ça n'aurait pas donné quelque chose de super. Mais par contre, j'ai réussi à recruter des personnes avec lesquelles on arrivait à collaborer efficacement et à se faire grandir mutuellement. Et je pense que dans notre vie, on a tous un manager ou quelqu'un qui nous a marqués positivement et qui nous a fait grandir, au moins une personne. Et c'est vrai que c'est ça les fondements de ce qu'il dit, c'est de dire qu'une entreprise, elle peut aussi être transformée par un alternant et qu'il ne faut pas négliger ce type de recrutement au sein d'une entreprise et que c'est tout aussi stratégique, voire plus que les recrutements de collaborateurs.

  • Speaker #1

    Ce que je trouve intéressant et en même temps rigolo, si je peux le dire, c'est qu'avant ton AVC, tu faisais une énorme distinction entre le pro et le perso. Là, aujourd'hui...

  • Speaker #0

    J'ai tout mélangé.

  • Speaker #1

    Avec tout le monde, il y a ton frère, ton conjoint,

  • Speaker #0

    une amie. Oui, c'est ça. En fait, effectivement, je faisais énormément la distinction entre le pro et le perso. Et là, j'ai décidé de tout mélanger. C'est tout simplement parce que je me suis rendu compte que c'est quand j'ai vraiment décidé d'être moi-même que ça s'est le mieux passé en entreprise. Quand j'avais mon équipe sur le terrain, quand je suis revenue après mon AVC, eh bien là, à ce moment-là, des fois, ils m'ont vu des jours où j'étais pas bien, comme n'importe quoi. des jours où je pouvais être triste, des jours où j'étais contente, des jours où je leur racontais un petit peu ce qui m'était arrivé dans le week-end, comme eux me racontaient déjà des choses qui leur arrivaient dans leur vie, eux ne savaient jamais rien de la mienne. J'ai commencé à mettre des morceaux de ma vie personnelle dans mon travail, au lieu d'avoir l'effet de te mettre une certaine forme de vulnérabilité. Ça créait du lien et au contraire, ça amenait même les personnes parfois à une forme de compassion ou même de se dire « elle est humaine, elle est comme nous » . Et à partir de là, quand j'ai créé Skili, j'avais plus ce côté regard des autres. J'ai envie que cette boîte me ressemble, j'ai envie de faire les choses à ma manière. Et au départ, moi j'ai commencé à travailler sur Skili toute seule. Et au fur et à mesure, c'est eux qui se sont investis d'eux-mêmes sans que je demande rien. T'as les personnes qui me demandaient dans mon entourage « ça se passe où, t'en es où dans ta boîte ? » Et puis tu avais ces quelques personnes qui venaient en disant « Au fait, j'ai pensé pour Skilly, tu pourrais faire ceci, cela, même en dehors des moments où on était ensemble. » Qui de mieux pour entreprendre avec toi que des personnes qui croient en ce que tu as envie de faire ? Ça marche très bien pour nous et on est très contents de collaborer ensemble et Skilly ne serait pas ce que c'est aujourd'hui sans eux. En fait, si moi je l'avais fait seule, ça aurait été d'une taille bien moindre et ça aurait pris beaucoup plus de temps.

  • Speaker #1

    Mais en gros, dans la dernière étude d'Harvard, ils disent qu'un leader sur plein de compétences, les deux plus importantes, c'est l'authenticité et comment naviguer dans des environnements complexes et dans le changement. Tu as l'air de cocher les deux cases.

  • Speaker #0

    Je pense, de ce qu'on vient de raconter en tout cas. Mais tu vois, pendant très longtemps, je me suis dit que justement, un manager, c'était un leader. Et petit à petit, je me suis rendu compte que je l'étais devenue sans le vouloir. J'ai un sentiment d'un côté que si tu as envie d'être un leader, tu ne seras pas aussi bien que si tu l'es devenu naturellement, dans le sens où c'est les personnes de mon entourage qui disent ça de moi. Moi, si tu me demandes sur moi, je ne vais pas forcément te dire que je suis d'accord. la personne la plus mauvaise pour s'autocomplimenter. Donc, c'est beaucoup les autres qui m'ont dit comment j'étais. Tu deviens leader quand tu ne veux pas le devenir. Parce que moi, j'ai eu des managers et des dirigeants qui avaient envie d'être leader parce qu'ils avaient des idées, etc. Sauf qu'ils pensaient que juste avec des idées, tu allais emmener les gens. Sauf qu'en fait... Pas du tout. Effectivement, l'authenticité, moi, j'ai découvert vraiment son pouvoir après l'AVC et encore plus maintenant que je suis entrepreneur. Parfois, ça peut te fermer des portes et il y a des personnes avec lesquelles ça ne va pas du tout matcher. Et en fait, c'est même la meilleure nouvelle parce que ça fait un tri naturel. Et ce qui est dans le fait de naviguer dans le changement, effectivement, je pense qu'il faut avoir une forte capacité. On ne va pas dire jamais se laisser désarçonner parce qu'en fait... on est tous humains, donc t'as forcément un moment où t'accuses le coup, c'est quelque chose qui est positif et très souvent, moi je me souviens quand j'étais plus jeune, on me disait oui t'as changé mais c'était jamais dit d'une façon positive quand on parle de changement à quelqu'un c'est perçu comme, avant c'était comme ça, maintenant c'est comme ça, par extension c'était peut-être mieux avant alors qu'en réalité, le changement ça a beaucoup de positifs et quand on arrive à accepter ça, effectivement je pense que c'est là qu'on a vraiment les clés Merci. pour être leader, mais aussi pour être un bon chef d'entreprise.

  • Speaker #1

    Complètement. On a souvent comme image le fait de voir un leader. Le leader, c'est Barack Obama, c'est Steve Jobs, c'est des personnes qui ont du charisme, qui ont de la voix. Mais en fait, ils ne sont pas forcément nés comme ça. En tout cas, ce n'est pas inné. Et ça s'apprend. Si c'est naturel, tant mieux, mais c'est rare. Et c'est vrai que sur beaucoup, c'est hyper important de... de le travailler et de voir que ça vient d'abord de soi pour pouvoir ensuite guider les autres et comprendre les autres.

  • Speaker #0

    Complètement, et moi j'ai la conviction que si je n'avais pas eu certaines épreuves de ma vie, notamment l'AVC, je ne serais pas la personne que je suis aujourd'hui. Donc moi je suis contente que ça me soit, je ne veux pas dire que je suis contente que ça me soit arrivé, mais en tout cas je suis contente de la personne que je suis aujourd'hui, et je sais que c'est aussi lié à cet événement-là.

  • Speaker #1

    Il y a un autre événement qui s'apprête à arriver dans pas très longtemps et qui va vachement changer ta vie.

  • Speaker #0

    Effectivement, d'ici septembre, je serai maman aussi. Donc effectivement, ça va considérablement changer ma vie. Mais encore une fois, c'est un changement très positif, très serein. C'est-à-dire qu'on se dit, on va faire les choses qu'il faut et tout se passera bien. Et hier, je suis venue avec une amie qui me disait que par rapport à avant, parce qu'elle me connaissait du coup quand on bossait ensemble dans la boîte d'avant. Et là, depuis que je suis enceinte, elle me dit « tu as une forme de sérénité, tu t'es installée » , alors que ça pourrait être complètement le contraire. Parce qu'il y a aussi des gens qui te diraient « elle est entrepreneur, c'est une situation incertaine en termes de finances, c'est une situation incertaine tout court, c'est une situation qui demande trop d'investissement de temps » . Et elle fait déjà la place dans sa vie à un enfant après un an et demi d'entreprise. Et là où j'ai été très agréablement surprise, c'est que finalement dans mon entourage, personne n'a réagi de cette façon. Donc c'est là que je me rends compte aussi qu'un filtre naturel s'est fait dans mon entourage à partir du moment où déjà je suis devenue entrepreneur, où toutes ces personnes qui pouvaient avoir une forme de scepticisme sur l'insécurité que ça peut représenter, se sont naturellement écartées de ma vie sans que moi je les en expulse. Et effectivement, dans quelques mois, il y a un enfant qui arrive. Et à partir déjà du moment où j'ai su que j'étais enceinte, c'est vrai que ça crée encore une fois un ajustement des curseurs, comme on le disait un petit peu plus tôt, nécessaire pour que la grossesse se passe bien, que l'entreprise se passe bien, un nouvel équilibre à trouver. Et accepter aussi peut-être d'être un peu moins présent, mais d'être présent plus efficacement.

  • Speaker #1

    Je crois qu'effectivement, tout ce que tu as traversé et la vie humaine de nombreuses personnes fait que c'est hyper intéressant de voir à quel point si tu prends le temps de te nourrir de ça de grandir de prendre du recul et de voir un peu ce qui s'est passé pour mieux te connaître toi ça a un pouvoir surestimé de qui tu es sur ton alignement et encore plus quand tu attends un enfant je trouve que pour être passé par là il ya vraiment un avant et un après l'entrepreneuriat aide parce qu'en fait tu es seul face à toi même quoi qu'il arrive même si tu es entouré de ta famille, de tes amis, et le fait de devenir maman, il y a vraiment un switch qui se passe dans ta tête et un avant et un après sur qui tu es, ce que tu veux et tes limites, et comment est-ce que tu joues justement avec ce fameux curseur entre qu'est-ce que tu es prête à faire pour toi, pour ton enfant, pour ta famille et pour ce qui compte vraiment.

  • Speaker #0

    Oui c'est complètement ça. Tu refixes totalement les priorités. Et finalement, c'est vrai que ce que j'ai vécu dans ma vie fait qu'aujourd'hui, il n'y a jamais une situation que j'accueille en me disant que je ne pourrais pas la gérer. Peu importe ce qui se passe, je me dis que je trouverai la façon de faire pour que ça se passe bien.

  • Speaker #1

    Si tu pouvais transmettre une seule chose à ton enfant sur ce que c'est que réussir sa vie, ce serait quoi ?

  • Speaker #0

    Être soi-même et faire ce qui nous plaît. Ça ne sert à rien de faire quelque chose parce que ça semble être la bonne chose. Si ce n'est pas la bonne chose pour toi, il faut changer de voie.

  • Speaker #1

    Quel challenge tu donnerais à nos auditeurs pour qu'ils puissent justement ajuster ce fameux curseur entre performance et épanouissement personnel ?

  • Speaker #0

    Moi, ce serait un challenge un peu d'introspection, c'est-à-dire se poser comme ça. tranquillement avec une feuille et faire le point sur qu'est-ce que j'ai aujourd'hui, qu'est-ce que je veux demain et qu'est-ce que je dois mettre en place pour que ça soit possible et qu'est-ce que je veux pas. Il est aujourd'hui présent dans votre vie et bien amorcer un changement quelquefois en fait. Ça veut pas forcément dire quitter son job mais ça veut peut-être dire oser dire ce qu'on veut parce qu'en fait quand on sait où on va c'est toujours plus simple et quand on sait ce qu'on veut c'est toujours plus simple aussi, ça va faire peur de changer. Mais en tout cas, ça sera pour du mieux.

  • Speaker #1

    Tu as déjà fait un vision board ?

  • Speaker #0

    Oui. Oui, j'ai déjà fait ça. Je trouve ça très sympa comme concept. C'est un peu le prolongement finalement. Une fois que tu as fait ton introspection, tu es en capacité de faire ce vision board et de se dire, qu'est-ce que je vais faire pour atteindre ces objectifs-là ? Accepter aussi que les objectifs sont évolutifs. On peut effectivement avoir des envies différentes et c'est OK, notamment avec les changements de la vie. Tout à l'heure, on parlait de la grossesse, ça peut totalement influencer ou même passer du salariat à l'entrepreneuriat, ça va faire que des choses vont changer. Savoir où on va, mais accepter que ça peut changer, mais aussi que la route, elle peut être différente, qu'il y a différentes façons d'atteindre ses objectifs. Et si ce n'est pas la route qu'on avait prévue, la prochaine sera peut-être encore mieux.

  • Speaker #1

    Merci beaucoup.

  • Speaker #0

    Merci à toi.

  • Speaker #1

    Merci beaucoup d'avoir suivi cet épisode, j'espère qu'il vous a plu. Et je suis aussi très curieuse de savoir comment vous avez géré ce challenge qui a été donné par notre invité. N'hésitez pas à le partager sur les réseaux avec le hashtag Trouve ton curseur. Et pour être au courant des prochaines sorties, n'oubliez pas de vous abonner. A bientôt !

Description

Dans cet épisode, Christine nous raconte comment un AVC à 28 ans a bouleversé sa vision de la performance et de la réussite.


De son enfance marquée par une quête d'excellence à sa carrière fulgurante en management, elle retrace son parcours jusqu'au jour où son corps a dit "stop".


Christine partage avec honnêteté comment cet événement traumatique est devenu un cadeau précieux qui l'a amenée à redéfinir ses priorités et à fonder Skillie, une entreprise qui incarne sa conviction que "l'humain transforme les organisations".


Bonne écoute !


LIENS ET RESSOURCES

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- La newsletter de Christine : https://www.linkedin.com/newsletters/r%C3%A9veil-toi-7280980404063358976/


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Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    À quel moment tu as commencé à sentir qu'il y avait quelque chose qui n'allait pas forcément bien dans la façon dont tu gérais ton travail ?

  • Speaker #1

    Jamais, en fait. Jusqu'à mon AVC, je pense.

  • Speaker #0

    Dans cet épisode, Christine Pissot nous raconte comment son AVC à 28 ans a complètement redéfini sa vision de la performance et de la réussite.

  • Speaker #1

    On a commencé à me parler de promotion. C'était vraiment être bras droit du PDG. J'étais ravie à ce moment-là de la tournure que prenait ma carrière, en tout cas.

  • Speaker #0

    pété sur la route quasiment toute la journée, tu faisais des allers-retours pour t'occuper de tes équipes et en rentrant chez toi tu t'occupais de ton conjoint.

  • Speaker #1

    Oui c'est ça. C'est le moment où on dit c'est quand qu'il s'occupait de toi. Je ne faisais vraiment rien pour moi à ce moment là. C'était ça le vrai problème. A partir de là je me suis dit tu t'es complètement trompée.

  • Speaker #0

    Elle nous raconte en toute honnêteté et avec beaucoup d'humilité comment cet événement traumatisant l'a complètement transformée.

  • Speaker #1

    Mon copain, il est là à cette époque, va entendre un bruit dans la salle de bain. parce que du coup je vais tomber par terre, j'arrive à me relever, etc. Je lui dis non, non, mais c'est rien, t'inquiète. Il est en train de se passer quelque chose de grave, mais moi à ce moment-là, je ne comprends pas.

  • Speaker #0

    Donc ma question, c'est quand tu avais 28 ans, cet AVC, ça t'a un peu forcé, enfin ça t'a complètement forcé à t'arrêter. Qu'est-ce qui s'est réveillé en toi ?

  • Speaker #1

    Le fait de me rendre compte que je n'avais pas placé les curseurs de priorité là où ils devaient vraiment être. J'avais beaucoup négligé tout ce qui était bien-être personnel, aussi bien psychologique que corporel, pour totalement me dédier aux autres, que ce soit le conjoint que j'avais à l'époque, ou alors me dédier au travail et donc aux personnes que je managais à ce moment-là. En parallèle de ça, j'avais complètement abandonné ma famille et mon cercle personnel. J'avais aussi complètement abandonné mon bien-être personnel. Et du coup, quand à 28 ans, j'ai fait un AVC, à ce moment-là, je me suis dit « Oula ! » Là, tu viens de dépasser justement une limite. Ton corps t'envoie un signal. Je ne dirais pas que je l'ai accepté tout de suite au départ. C'était beaucoup de déni, mettre la faute sur les autres, notamment par rapport à mon entreprise de l'époque, puisque ça avait été diagnostiqué comme étant suite à un surmenage. Après, ça a été un surmenage assez global. Il y avait aussi des facteurs physiques qui ont fait que l'AVC a pu être possible. Donc ça a été déclenché effectivement par un surmenage. Mais au départ, il y avait beaucoup de colère par rapport à l'entreprise, par rapport aussi à mon conjoint de l'époque qui me mobilisait beaucoup par des problèmes de santé qu'il avait. Après, il a fallu que j'ai toute une phase d'acceptation de me dire que ça avait été moi aussi qui a été à l'origine de cet AVC. Je n'ai pas su écouter tous ces fameux warnings qu'il pouvait y avoir par-ci, par-là, et que j'avais vraiment trop poussé les limites. Et ça a vraiment réveillé ce côté de me dire que dans la vie, on ne réussit pas que par la vie professionnelle. Parce qu'à ce moment-là, j'avais ce sentiment que l'ambition, c'était uniquement pro et que le pro, c'était la seule chose qui pouvait me contenter réellement en termes de réussite et aussi de définition de la réussite et du bonheur. À partir de là, je me suis dit, tu t'es complètement trompée parce qu'en fait, la vie, ce n'est pas que le pro.

  • Speaker #0

    Si on fait un retour en arrière, quand tu étais étudiante, c'était quoi tes ambitions ?

  • Speaker #1

    Au départ, pendant de nombreuses années, j'ai voulu être prof. C'était cette ambition de la bonne élève, c'est-à-dire il faut avoir les meilleures notes, toujours donner le meilleur de soi-même. Mais en même temps, je n'étais pas dans la comparaison avec les autres. C'était beaucoup le meilleur de moi-même par rapport à mon propre référentiel. Donc je n'étais pas forcément la meilleure de la classe. J'étais dans le top des étudiants, mais j'avais vraiment ce référentiel personnel de me dire il faut que tu sois fière de toi, il faut que tu rendes fière les autres. J'avais cette volonté de rendre fière ma mère par rapport à mes frères, ce qui était un petit peu plus difficile. Je voulais contrebalancer là-dessus. J'avais cette volonté beaucoup d'exemplarité, de soutien. Par la suite, je me suis lancée dans une prépa à l'être. Il n'y a pas plus parcours d'excellence que ça. C'est vraiment ce genre de parcours où tu as peu d'élus et beaucoup de personnes qui veulent y aller. Mais rapidement, je me suis rendue compte que ce n'était pas du tout quelque chose qui me correspondait. Parce que trop théorique. Finalement, je me suis réorientée assez rapidement, mais j'ai eu du mal à accepter ce changement. Parce que je le vivais comme un échec. Je me suis dit, là, tu n'as pas été capable d'être au niveau, parce que c'est un niveau très élevé. Mais maintenant, avec le recul, je ne me dis pas que je n'étais pas capable. C'est que ce n'était pas quelque chose qui me donnait suffisamment envie de l'être, dans le sens où j'aurais pu plus travailler, j'aurais pu plus m'investir, j'aurais pu réussir. Mais ce n'est pas quelque chose qui me donnait à ce point envie pour me dépasser.

  • Speaker #0

    Tu parles de référentiel, c'était quoi ton référentiel ?

  • Speaker #1

    Alors, mon référentiel, c'était beaucoup ma mère aussi, parce qu'en fait, ma mère, quand elle était à l'école... Elle était très très bonne élève. Mon collège et mon lycée, et même ma primaire, je les ai faites dans le même établissement que là où était ma mère. Avec ma mère, on n'a pas tant d'écart parce qu'elle m'a eu assez jeune, elle avait 24 ans, et ça fait que j'ai eu des profs qu'elle avait aussi. Et du coup, quand j'arrivais à l'école, du coup j'étais l'aînée de la fratrie, eh bien on me comparait parfois à ma mère, parce qu'en plus physiquement on se ressemble plutôt beaucoup. Et il y avait beaucoup ce référentiel de « ta mère était superbe, donc tu vas l'être aussi » . Moi, j'ai perdu mon père en étant très jeune. Et il y avait ce côté de se dire, il faut que tu ne fasses pas du souci à ta mère et il faut que tu assures dans ton rôle de sœur, dans ton rôle tout court.

  • Speaker #0

    Oui, je connais bien ce rôle-là. C'est quelque chose qu'on te donne, mais aussi que tu te donnes de manière complètement inconsciente en étant enfant. Donc, ta vision de la performance, finalement, c'était quoi ?

  • Speaker #1

    Ma vision de la performance, je pense que c'était la fierté des autres. Les félicitations que tu peux recevoir de la part d'un conseil de classe, les félicitations que tu peux recevoir de la part d'un prof, le bravo de l'entourage qui va dire que tu as fait un super job.

  • Speaker #0

    Est-ce qu'à cette époque-là, ta mère a mis le doigt sur cette super excellence que tu voulais atteindre ou pas spécialement ?

  • Speaker #1

    Elle était fière, mais il n'y avait pas... Elle n'était pas dans une optique où elle me poussait à être excellente. Ce n'est pas comme ses parents, tu sais, qui te mettent plein de pression pour que tu sois toujours le meilleur. En réalité, c'est quelqu'un qui est très « faites ce qui vous plaît, je vous soutiendrai quoi qu'il en soit » . C'est plus moi qui m'étais mis une pression par moi-même qu'elle qui le faisait. Parce que par exemple, quand j'ai décidé d'arrêter ma prépa, moi j'avais peur de lui dire, parce que j'avais peur de la décevoir. Alors qu'en réalité, quand je lui ai dit, ce qui s'est passé, c'est qu'elle m'a juste soutenue. Elle m'a dit que si tu n'aimes pas ça, tu feras autre chose et tu y arriveras tout aussi bien.

  • Speaker #0

    Est-ce que le fait d'être la seule fille dans la fratrie t'a fait aussi un peu endosser ce rôle maternel ?

  • Speaker #1

    Oui, parce que mes deux frères sont plus jeunes que moi. J'en ai un qui a un an de moins que moi et un qui a cinq ans de moins que moi. C'est quand même un fort gap. Surtout, comme notre père est décédé quand on était très jeunes, et ma mère, juste au décès, a fait une dépression. et du coup, rapidement, je me suis dit il faut que... Toi, tu restes forte parce qu'il faut que quelqu'un le soit pour la famille.

  • Speaker #0

    Tu as quitté la prépa lettre ? Pour faire quoi ?

  • Speaker #1

    Alors, au départ, je ne savais même pas ce que j'allais faire. C'était vraiment, ça ne me plaît pas, ça ne me convient pas, il faut que j'arrête. Je me suis à ce moment-là questionnée en me disant, qu'est-ce qui te plairait vraiment ? Qu'est-ce que tu aimes faire ? Quand j'étais en prépa, j'avais aussi découvert l'univers des écoles de commerce. De là, je me suis dit, tu vas faire un BTS Management des unités commerciales parce que c'était un cursus qui allait m'ouvrir en même temps beaucoup de voies.

  • Speaker #0

    Donc tes drivers, si on reprend un peu, j'imagine que tu connais les cinq drivers. En montant la vidéo, je me suis rendue compte que je n'avais pas vraiment expliqué ce que c'était les drivers. Donc si vous savez ce que c'est, vous pouvez avancer ce passage-là. Et pour ceux qui ne le savent pas, en fait, rapidement, les drivers, ça vient de l'analyse transactionnelle. C'est des messages qui ont été répétés quand on était plus jeune et qui vont beaucoup influencer la façon dont on fonctionne aujourd'hui. Donc il y a cinq drivers. Fais plaisir. Sois parfait. Dépêche-toi. Sois fort et fais des efforts. Et en fait, on a chaque fois un dominant, voire deux dominants. Et ce qui est important ici, c'est de les conscientiser pour pouvoir les canaliser, puisqu'évidemment, ils ont des points positifs, mais aussi des points négatifs. Je vous donne l'exemple de Christine qui parle de son soi parfait, donc qui l'a amené à l'excellence, qui l'a amené à être très performante, mais qui l'a aussi amené à du surmenage. Donc ce qui est intéressant ici, c'est encore une fois de les conscientiser pour pouvoir avancer. Donc toi, tu es driver. On était plutôt à l'époque sur du soif fort et fait plaisir.

  • Speaker #1

    Oui.

  • Speaker #0

    Donc tu as fait une école de commerce et après, tu as vite monté les échelons. Tu es rentrée en entreprise et tu as rapidement monté les échelons pour être manager.

  • Speaker #1

    Je n'ai même pas fait une école de commerce. J'ai fait mon BTS du coup. Je suis celui d'une famille qui n'a pas vraiment des moyens financiers importants. Les écoles de commerce, ce n'était pas vraiment une voie qui pouvait m'être ouverte par rapport au montant que ça représentait à l'époque. Je me suis dit que je vais plutôt faire ton chemin toujours un système de mérite. En gros, si tu te donnes à fond dans ton travail, tu arriveras à grimper les échelons, à prouver que tu vaux plus et on te donnera plus. Je me suis dit qu'on va le faire plutôt comme ça.

  • Speaker #0

    Ce qui signifie que déjà à l'époque, tu avais rapidement envie de rentrer dans le monde du travail ?

  • Speaker #1

    Oui et non. Je pense que j'avais encore envie de rester un petit peu dans ce monde scolaire, continuer toujours à apprendre. Un peu aussi d'indécision parce qu'il y avait trop de choses qui m'intéressaient. C'est ça qui a fait aussi que, comme je le disais un petit peu plus tôt, je suis partie dans un cursus qui finalement était plutôt généraliste.

  • Speaker #0

    C'est intéressant parce qu'il y a une espèce de dualité entre le côté perfection et le côté cas de protection, je prends mon temps.

  • Speaker #1

    J'ai fait très dans le faire attention, toujours prendre tous les paramètres en compte pour être sûre d'aller dans la bonne voie. Dans un sens, je pense qu'à l'époque, ça me poussait à ne pas trop sortir de ma zone de confort.

  • Speaker #0

    Donc tu termines ton BTS et ensuite qu'est-ce que tu fais ?

  • Speaker #1

    Je deviens responsable de rayon, mais sans le titre de responsable. Ça, c'était beaucoup ce qui se faisait à la grande distribution. Tu étais mon employé polyvalent de commerce. Et en réalité, tu étais seule sur ton rayon, donc c'est toi qui gérait tout.

  • Speaker #0

    À quel moment tu as commencé à manager ?

  • Speaker #1

    Alors déjà, je manageais quand j'étais dans ma première expérience en BTS. Je manageais en étant stagiaire. Et ça, c'était quelque chose de très compliqué. La responsable du magasin m'avait pris vraiment comme assistante. Il y avait aussi une responsable adjoint. Et du coup, il y avait la cohabitation de dire, il y a une stagiaire qui est là pour apprendre. Mais en même temps, je devais tenir des rôles, des fonctions et des missions de manager.

  • Speaker #0

    Et avec le recul, comment est-ce que tu vois cette expérience ?

  • Speaker #1

    On ne m'a pas accompagnée sur les façons de manager. Et du coup, j'ai fait beaucoup d'erreurs. Et quand tu es jeune et que tu as 19 ans et que tu n'as jamais travaillé, à ce moment-là, tu ne te dis pas qu'il faut faire attention aux sentiments des autres ou à la perception que tes paroles, elles auront.

  • Speaker #0

    Et quel manager tu avais envie d'être ?

  • Speaker #1

    J'avais envie d'être le manager que j'ai réussi à être après mon AVC. Et avant l'AVC, j'étais plus un manager qui n'arrivait pas encore à prendre en considération les émotions des autres.

  • Speaker #0

    Si on revient sur la période de l'AVC, c'était quoi ton poste ?

  • Speaker #1

    Alors au moment de l'AVC, j'étais responsable régionale. Dans une entreprise qui faisait du commerce de métaux précieux, à ce moment-là, j'avais une vingtaine d'agences déterminées sur toute la France, qui avaient un gérant par agence. Et moi, mon rôle par rapport à eux, c'était de les accompagner dans le développement commercial de leur agence et de les amener à atteindre leurs objectifs.

  • Speaker #0

    Donc à quoi ressemblaient tes journées ?

  • Speaker #1

    Mes journées ressemblaient à, grosso modo, me lever à 6h du matin, partir, faire de la route, parfois faire jusqu'à 4h de route, arriver en agence. À ce moment-là, il pouvait y avoir plusieurs configurations. Soit le gérant avait vraiment du temps pour moi, soit il y en avait un petit peu moins. Et à ce moment-là, j'étais un peu tributaire du flux client. Et les quatre heures de route que je passais sur la route, il fallait les mettre à profit aussi. C'est là que j'ai fait l'erreur à cette époque-là, c'est que je rentrais tous les soirs chez moi. Donc parfois, je pouvais faire quatre heures de route le matin, quatre heures de route le soir. Et quand je rentrais chez moi, je voulais à tout prix leur faire un mail qui allait récapituler les performances de la journée. pour pouvoir féliciter les personnes qui avaient bien fait, pour qu'elles l'aient le lendemain matin quand eux, ils arriveraient à 9h à l'agence. Du coup, moi, je m'étais mis des contraintes supplémentaires pour donner de la présence aux gérants et qu'ils aient le sentiment qu'ils étaient bien entourés, même en étant seuls.

  • Speaker #0

    Et est-ce que ça a eu le résultat escompté ?

  • Speaker #1

    Oui, ça a eu le résultat escompté pour le coup. Cette année-là, j'ai fait plus de 250% de l'objectif demandé. J'avais un turnover quasi inexistant. Même si, pour le coup, ça a eu beaucoup d'effets négatifs sur moi, mais ça a eu l'effet positif attendu sur les personnes que j'encadrais, en tout cas.

  • Speaker #0

    Et de quoi tu étais la plus fière à ce moment-là ?

  • Speaker #1

    Que par rapport aux autres, ils me voient différemment. Dans le sens où ces mêmes gérants avaient parfois eu d'autres directeurs commerciaux avant moi. Ils me disaient « Vous êtes la première à venir me voir aussi souvent » . J'étais fière qu'ils se disent qu'ils pouvaient compter sur moi, parce qu'ils m'identifiaient comme quelqu'un de fiable.

  • Speaker #0

    Donc à ce moment-là, toutes les cases étaient cochées pour satisfaire cet enfant intérieur qui avait besoin d'excellence, qui avait besoin de performance, de fierté, de regard des autres, positif. Tout était là.

  • Speaker #1

    Tout était tellement là qu'on a commencé à me parler de promotion. Pratiquement le plus haut poste qui existait dans l'entreprise, c'était vraiment être bras droit du PDG. Et ce n'était pas la première promotion qu'on me proposait parce que je ne suis pas rentrée à ce poste-là dans l'entreprise. Je suis rentrée au poste de gérant où je faisais des remplacements. Et ensuite, on m'a proposé aussi un poste de responsable régional sur une petite région. Au bout de quatre mois, on a doublé ma zone. J'étais ravie à ce moment-là de la tournure que prenait ma carrière en tout cas.

  • Speaker #0

    Est-ce qu'à un moment donné, dans tes managers, il y a quelqu'un qui a tiré la sonnette d'alarme ou qui a vu que ça allait trop loin ?

  • Speaker #1

    J'étais vue comme cette personne vraiment instable, que rien n'atteint. Donc personne ne savait même que j'avais à ce moment-là un conjoint qui avait de gros problèmes de santé. Donc personne ne savait que j'avais une vie stressante dans ma vie personnelle. Moi je n'avais pas le sentiment que j'en faisais trop et je n'avais pas non plus le sentiment d'être dans une situation dangereuse pour moi. Moi je me disais, tu fais ton travail, tu le fais bien, ça se passe bien, tout va bien. On m'avait donné un petit conseil parce que justement on s'était rendu compte que je dormais très peu à l'hôtel. J'avais un kilométrage de voiture de fonction plus élevé que les autres. Donc ils voyaient bien que par contre, je faisais beaucoup de déplacements. Donc on m'avait recommandé davantage dormir à l'hôtel, mais il n'y avait pas de contraintes là-dessus. Personne ne m'a vraiment rien dit à ce moment-là.

  • Speaker #0

    Donc si quelqu'un t'avait dit que tu allais droit vers un AVC ou un A Burnout, comment tu l'aurais pris ?

  • Speaker #1

    En fait, personne n'aurait pu me le dire dans le sens où les gens pouvaient connaître des briques de ma vie, mais personne n'avait connaissance de l'intégralité. Et du coup, personne ne pouvait identifier ça, donc personne n'aurait pu me dire « bah, t'en fais trop » .

  • Speaker #0

    Donc si je résume, t'étais sur la route quasiment toute la journée, tu faisais des allers-retours pour t'occuper de tes équipes, et en rentrant chez toi, tu t'occupais de ton conjoint.

  • Speaker #1

    Oui, c'est ça.

  • Speaker #0

    J'ai 300 000 questions, mais je ne l'ai pas allé discuter.

  • Speaker #1

    c'est le moment où on se dit c'est quand tu t'occupais de toi c'est ça ?

  • Speaker #0

    ouais exactement c'est le moment où on se dit qu'est-ce que tu faisais pour toi bah rien en réalité je faisais vraiment rien pour moi à ce moment là c'était ça le vrai problème parce que finalement t'étais loin de tout le monde t'étais avec ton conjoint dans une ville que tu connaissais pas spécialement en tout cas nouvelle avec un seul moteur le travail ?

  • Speaker #1

    Là, au moment où je suis directrice commerciale, je suis revenue à Saint-Etienne. Ma mère et mon frère habitent à 5 minutes à pied de chez moi. C'est moi qui ai pu laisser de place à ma famille et à mes amis à ce moment-là. Mais concrètement, j'ai aucune raison de ne pas être près de ces gens-là.

  • Speaker #0

    À quel moment tu as commencé à sentir qu'il y avait quelque chose qui n'allait pas forcément bien dans la façon dont tu gérais ton travail ?

  • Speaker #1

    Jamais, en fait. Jusqu'à mon avis, c'est le temps.

  • Speaker #0

    Est-ce qu'il y avait un rapport à l'argent qui te motivait encore plus ?

  • Speaker #1

    Non.

  • Speaker #0

    Plus de performance, plus d'argent, non ?

  • Speaker #1

    Non, j'avais des commissions, mais ça n'a jamais été quelque chose de moteur pour moi, dans le sens où même dans ma progression au sein de cette entreprise, il y a parfois des postes où j'ai accepté d'être payée moins bien que le poste d'avant pour la promotion de mission.

  • Speaker #0

    Est-ce que tu peux nous raconter ce jour où tout a basculé ?

  • Speaker #1

    Donc on est le 7 octobre 2019. D'ailleurs, j'ai écrit toute une newsletter à ce sujet. Donc à ce moment-là, je suis déjà très fatiguée. Et puis, je me lève comme tous les matins pour aller me préparer. Et puis, il se passe quelque chose que je ne m'explique pas. C'est qu'une paralysie de la jambe gauche, de tout le côté gauche, souvent, c'est les premiers symptômes d'un AVC. Et à ce moment-là, je ne me rends même pas compte de ce qui se passe. Parce que du coup, mon copain, qui est là à cette époque, va entendre un bruit dans la salle de bain. Parce que du coup, je vais tomber par terre. Et à ce moment-là, j'arrive à me relever, etc. Et en fait, on pense à des choses vraiment si bêtes. En fait, j'étais en train de payer mon stationnement sur mon téléphone pour ne pas prendre d'amende. Et je me disais, il faut que tu finisses de payer ton stationnement. Je suis encore dans le déni. Je dis non, mais c'est rien. Il y a tellement une déconnexion qui se fait dans la réalité qu'on ne se rend même pas compte de ce qui se passe. Je lui dis non, non, mais c'est rien. T'inquiète. Il me dit, vas-y quand même. Moi, ce que je ne sais pas à ce moment-là, parce que je ne me suis pas regardée dans le miroir, c'est que j'ai une paralysie du visage. Donc, ça se voit concrètement sur mon visage qu'il y a quelque chose qui se passe. Lui il va appeler les pompiers, je lui dis non non, appelle pas les pompiers, appelle ma mère. Ma mère habite à ce moment-là à 5 minutes. Donc ma mère arrive et elle se rend vite compte qu'il est en train de se passer quelque chose de grave, mais moi à ce moment-là je ne comprends pas. J'ai une déconnexion du cerveau liée au fait des symptômes même de l'AVC qui font que c'est compliqué de réfléchir. Et donc on m'emmène à l'hôpital et très rapidement ils vont d'ici à diagnostiquer que c'est un AVC, je vais pouvoir être traité dans les 4 heures et du coup ça va faire... que ça va réduire considérablement les potentiels séquelles. Mais je vais quand même rester 10 jours à l'hôpital à la suite de cet AVC. Et pendant les 48 premières heures, il y avait la question de savoir si, une fois que je serai autorisée à me lever, parce qu'au début, tu n'as pas le droit de te lever, est-ce que je pourrais marcher ? Et du coup, il y a ce stress-là pendant 48 heures de savoir est-ce que tu pourras marcher. Et puis, progressivement, la volonté d'aller combattre tous les symptômes pour réussir à récupérer au plus vite possible. Et à la fin des dix jours, mon neurochirurgien qui me dit « Maintenant que vous êtes, ça va mieux. » Je vous le dis honnêtement, je ne pensais pas que vous réussiriez à vous en remettre aussi bien en dix jours. Mais à ce moment-là, j'ai bénéficié de la chance d'être jeune. Parce que du coup, quand on est jeune, notre cerveau a plus de plasticité. Et du coup, ça fait qu'il se remet plus vite. Et puis, la combativité et surtout le soutien de mes proches à ce moment-là. Puisqu'ils étaient avec moi toute la journée. Dès qu'ils pouvaient me voir à l'hôpital, ils venaient me rendre visite.

  • Speaker #0

    Avant de continuer... j'ai un cadeau pour vous. Je le répète constamment, la performance, elle commence d'abord par vous. Alors, j'ai créé un autodiagnostic qui met en lumière vos angles morts et qui va vous permettre de prendre du recul. Ce n'est pas juste une énième vidéo à regarder. L'idée, c'est vraiment de vous aider à devenir le leader que vous souhaitez être, d'abord pour vous, puis pour vos équipes. C'est offert. Vous avez juste à cliquer sur le lien en description. J'espère que ça vous plaira. À ce moment-là, c'est quoi tes premières pensées ?

  • Speaker #1

    À ce moment-là, mes premières pensées, c'est le travail. La première chose que je vais dire à ma mère quand je serai à l'hôpital et qu'elle viendra me voir, ça va être qu'il faut que tu préviennes mon manager. Je pense qu'à ce moment-là, j'essaie vraiment de ne pas me rendre compte de ce qui se passe parce que c'est plus facile pour moi de me dire « concentre-toi sur ce qu'il y a d'habitude » que de me rendre compte que là, il vient de se passer quelque chose de vraiment grave.

  • Speaker #0

    Est-ce que tu penses que le mindset que tu t'es construit, cet état d'esprit vers l'excellence, vers la performance, est-ce que ça t'a aidé à justement développer ce côté très combative ?

  • Speaker #1

    Autant ça m'a poussé à cette situation, autant c'est ça qui m'a aidé à en sortir aussi. Quand j'étais à l'hôpital, j'avais envie d'aller mieux, tout le temps. Du coup, je faisais tout ce qui était possible et imaginable. Je suivais tous les conseils qui m'étaient donnés par les médecins. Si on me donnait des choses à faire qui n'étaient même pas obligatoires. comme notamment, tu as une rééducation par un orthophoniste au moment d'un AVC par rapport au fait que ça peut toucher la déglutition. Et du coup, tu as des choses à faire pour être sûr de pouvoir manger correctement et pouvoir parler correctement. Et ça, ce n'est pas des choses obligatoires. Et d'ailleurs, elle me disait, vous êtes la seule à les faire aussi bien. Donc, il y avait toujours cette implication de se dire, il faut que tu donnes le meilleur de toi-même pour aller mieux.

  • Speaker #0

    Je trouve ça passionnant à chaque fois de voir à quel point notre... intérieur, notre psychologie, notre façon de vivre et de penser joue sur notre quotidien. On a tendance à vouloir virer tous ces drivers, toutes ces petites voies intérieures qui viennent nous gonfler, elle fait ci, fait ça, soit performante, etc. Alors qu'en fait, il y a vraiment un curseur, un équilibre à trouver entre le moment où ça devient toxique et le moment où ils sont là pour nous aider.

  • Speaker #1

    Complètement, parce que je n'aurais pas été comme ça. je ne me serais pas aussi bien rétablie et la suite n'aurait pas été aussi positive. Tu as deux possibilités. Soit tu te dis, ça y est, c'est foutu. À cause de ça, je n'aurai plus jamais tout le reste. Soit tu te dis, ah bon, il se passe ça. Qu'est-ce que j'en fais pour devenir meilleure ? Je pense que c'est à ce moment-là que j'ai pris conscience aussi à quel point j'étais résiliente. Avant ça, j'étais beaucoup plus, pas dramatique, mais j'allais peut-être plus me laisser toucher par des choses. J'ai commencé à me dire qu'il y avait bien plus grave dans la vie.

  • Speaker #0

    À quel moment tu as compris que cet événement, ça allait complètement changer ta vie ?

  • Speaker #1

    Alors déjà, au moment où j'ai demandé aux infirmières, quand j'étais à l'hôpital, pendant combien de temps je vais être arrêtée ? Encore la question du travail. Et à ce moment-là, on me dit entre six mois et un an. Et ça, ça a été quelque chose de très difficile à digérer. Puisque comme je l'ai dit, à ce moment-là, je suis en passe d'avoir une nouvelle promotion. Donc le sentiment que tout ce que j'ai construit pendant quatre ans, ça ne servait à rien. Je restais en arrêt pendant un an. J'ai été accompagnée par une psychologue et par ma famille sur cette période-là. Quand il fallait reprendre le travail, j'avais peur d'y retourner. Je ne voulais plus y aller. J'avais peur de me remettre dans une situation dans laquelle je pourrais reproduire quelque chose d'aussi grave. C'est pour ça que j'ai été beaucoup accompagnée par une psy qui m'a accompagnée comme on accompagne quelqu'un suite à un burn-out parce que c'est à peu près les mêmes conséquences psychologiques de faire un AVC. C'est à ce moment-là que j'ai compris que tout serait différent. les curseurs n'étaient plus au même endroit. Dans cette période-là, j'ai surtout beaucoup pris soin de moi parce qu'en fait, je n'avais pas le choix déjà. Je me suis rendu compte que si moi, je ne le faisais pas, on n'allait pas le faire pour moi. Il y a des personnes, quand je les rencontre aujourd'hui, ça les met un peu mal à l'aise que je leur dise que j'ai fait un AVC parce que c'est quelque chose de grave. Mais moi, je n'ai pas envie d'oublier cet épisode. Souvent, c'est ce qu'ils m'ont dit à l'hôpital, il y a des personnes qui au bout de quelques mois vont complètement zapper, retomber dans tous les travers. Et moi, j'ai cette volonté que vraiment, ce soit un vrai tournant. Donc, c'est quelques vœux dont je parle assez simplement. Ça me touche encore. Et d'ailleurs, quand j'ai écrit ma première newsletter avec ce sujet-là, ça a été très dur émotionnellement, parce que je me suis vraiment livrée. Et quand je me rends compte que peut-être je suis en train de le faire, maintenant, c'est mon corps qui se charge pour moi de me dire « Attention, là, t'es en train de refaire des choses que tu faisais avant. »

  • Speaker #0

    J'y crois tellement. C'est tellement important de partager tous ces moments de vie qu'on a et qui font que... On grandit d'une manière ou d'une autre et c'est tellement précieux. C'est des cadeaux qui sont extrêmement mal emballés, qui sont très douloureux. Mais mon Dieu, ce que ça nous fait grandir, c'est dingue.

  • Speaker #1

    C'est vrai. En fait, cet épisode, il ne m'a pas changé que moi. Il a changé ma famille et il a changé mon entreprise aussi.

  • Speaker #0

    C'est quoi les grands changements que tu as pu voir ?

  • Speaker #1

    Alors, par rapport à ma famille, plus de résilience. c'est pas si grave et qu'est-ce que je fais des événements graves qui m'arrivent dans la vie. Toujours plus de combativité, ça nous a soudés aussi énormément, même si on l'était beaucoup, mais ça a aussi remis beaucoup d'attention les uns envers les autres. Et par rapport à mon travail, je ne sais pas si c'est de la conciliation, mais en tout cas, accepter que chacun peut travailler à son rythme, mais toujours être aussi performant. Aussi, plus de temps à se dire, comment vont vraiment mes collaborateurs, est-ce qu'ils se sentent bien dans l'univers dans lequel ils sont.

  • Speaker #0

    C'est quoi aujourd'hui ta définition de la performance ?

  • Speaker #1

    C'est donner le meilleur de soi-même. C'est ok de ne pas avoir le temps de tout faire, ou alors c'est ok d'avoir besoin d'aide, alors qu'avant j'avais peut-être la tendance à faire tout toute seule, à vouloir tout faire toute seule.

  • Speaker #0

    Et à quel moment l'idée de Skilly a commencé à germer ?

  • Speaker #1

    Au moment où je décide de quitter mon entreprise, je ne suis même pas encore sûre de ce que je vais faire. Parce qu'à ce moment-là, il y a un manager qui arrive. Ça se passe très mal. Dès le premier rendez-vous qu'on a ensemble, je sors en larmes du rendez-vous. Et en fait, je me dis non, tu ne peux pas accepter ça. À l'époque où tu pouvais te mettre dans des états comme ça pour le travail, ça n'existe plus. Peut-être la semaine d'après cet événement, j'étais dans le bureau de mon PDG pour lui demander ma rupture. Je n'ai pas voulu accentuer sur le fait de cet événement avec le manager, on n'est d'ailleurs pas parlé. Je ne voulais pas que ça soit perçu comme elle s'en va à cause de quelqu'un qui a eu une mauvaise attitude envers elle. En réalité, c'était tout un tas de facteurs qui me faisaient dire qu'à ce moment-là, je n'avais plus envie de faire ça et ce n'était plus ce qui me motivait tous les jours et j'avais envie de faire quelque chose qui avait vraiment de la valeur, mais de la valeur humaine où je me disais avec fierté, tu fais ça dans ta vie.

  • Speaker #0

    Et je me suis rendu compte des difficultés que ces alternants rencontraient dans leur vie pour trouver des alternances, des comportements injustes desquels ils avaient été victimes au sein de l'entreprise. Et d'ailleurs, mon frère aussi en était un exemple, parce que ça s'est terminé au prud'homme avec son alternance. Pourtant, ces personnes-là sont l'avenir du monde du travail. Ils devraient être formés correctement et poussés à être performants d'une bonne façon. Et puis, subitement, un jour... En faisant mes courses, je me suis dit que je vais appeler le Tinder de l'alternance. J'ai fait des études de marché, j'ai fait des recherches pour voir un petit peu si ça existait, ce qui se faisait. Donc ça n'existait pas. J'ai même fait des recherches sur des sites de rencontres, pour savoir comment ça marchait en termes d'algorithme. J'ai fait des recherches sur les difficultés du marché de l'alternance et j'en ai découvert encore plus que ce qu'il était le cas dans mon esprit. Je me suis dit, là tu tiens quelque chose qui va avoir une portée humaine et qui va pouvoir permettre de former au mieux les générations qui demain travailleront au sein de l'entreprise. et ça répondait complètement à la mission de se dire que c'était l'humain qui transformait les organisations.

  • Speaker #1

    C'est quoi les fondements de ce qu'il dit ?

  • Speaker #0

    C'est que l'humain transforme les entreprises et que la collaboration harmonieuse, ça passe aussi par la compatibilité et la complémentarité entre les personnes. Moi, quand j'étais manager, je recrutais des personnes qui pouvaient être très bien pour moi, mais pas bien pour les autres, mais c'est ça qui nous permettait d'avancer ensemble. de créer de la performance, d'être épanouie, d'être heureux ensemble. On avait des modes de fonctionnement qui allaient être soit similaires, soit complémentaires. Je n'ai pas fait l'erreur de recruter que des personnes qui me ressemblaient parce qu'autant te dire qu'à mon avis, ça n'aurait pas donné quelque chose de super. Mais par contre, j'ai réussi à recruter des personnes avec lesquelles on arrivait à collaborer efficacement et à se faire grandir mutuellement. Et je pense que dans notre vie, on a tous un manager ou quelqu'un qui nous a marqués positivement et qui nous a fait grandir, au moins une personne. Et c'est vrai que c'est ça les fondements de ce qu'il dit, c'est de dire qu'une entreprise, elle peut aussi être transformée par un alternant et qu'il ne faut pas négliger ce type de recrutement au sein d'une entreprise et que c'est tout aussi stratégique, voire plus que les recrutements de collaborateurs.

  • Speaker #1

    Ce que je trouve intéressant et en même temps rigolo, si je peux le dire, c'est qu'avant ton AVC, tu faisais une énorme distinction entre le pro et le perso. Là, aujourd'hui...

  • Speaker #0

    J'ai tout mélangé.

  • Speaker #1

    Avec tout le monde, il y a ton frère, ton conjoint,

  • Speaker #0

    une amie. Oui, c'est ça. En fait, effectivement, je faisais énormément la distinction entre le pro et le perso. Et là, j'ai décidé de tout mélanger. C'est tout simplement parce que je me suis rendu compte que c'est quand j'ai vraiment décidé d'être moi-même que ça s'est le mieux passé en entreprise. Quand j'avais mon équipe sur le terrain, quand je suis revenue après mon AVC, eh bien là, à ce moment-là, des fois, ils m'ont vu des jours où j'étais pas bien, comme n'importe quoi. des jours où je pouvais être triste, des jours où j'étais contente, des jours où je leur racontais un petit peu ce qui m'était arrivé dans le week-end, comme eux me racontaient déjà des choses qui leur arrivaient dans leur vie, eux ne savaient jamais rien de la mienne. J'ai commencé à mettre des morceaux de ma vie personnelle dans mon travail, au lieu d'avoir l'effet de te mettre une certaine forme de vulnérabilité. Ça créait du lien et au contraire, ça amenait même les personnes parfois à une forme de compassion ou même de se dire « elle est humaine, elle est comme nous » . Et à partir de là, quand j'ai créé Skili, j'avais plus ce côté regard des autres. J'ai envie que cette boîte me ressemble, j'ai envie de faire les choses à ma manière. Et au départ, moi j'ai commencé à travailler sur Skili toute seule. Et au fur et à mesure, c'est eux qui se sont investis d'eux-mêmes sans que je demande rien. T'as les personnes qui me demandaient dans mon entourage « ça se passe où, t'en es où dans ta boîte ? » Et puis tu avais ces quelques personnes qui venaient en disant « Au fait, j'ai pensé pour Skilly, tu pourrais faire ceci, cela, même en dehors des moments où on était ensemble. » Qui de mieux pour entreprendre avec toi que des personnes qui croient en ce que tu as envie de faire ? Ça marche très bien pour nous et on est très contents de collaborer ensemble et Skilly ne serait pas ce que c'est aujourd'hui sans eux. En fait, si moi je l'avais fait seule, ça aurait été d'une taille bien moindre et ça aurait pris beaucoup plus de temps.

  • Speaker #1

    Mais en gros, dans la dernière étude d'Harvard, ils disent qu'un leader sur plein de compétences, les deux plus importantes, c'est l'authenticité et comment naviguer dans des environnements complexes et dans le changement. Tu as l'air de cocher les deux cases.

  • Speaker #0

    Je pense, de ce qu'on vient de raconter en tout cas. Mais tu vois, pendant très longtemps, je me suis dit que justement, un manager, c'était un leader. Et petit à petit, je me suis rendu compte que je l'étais devenue sans le vouloir. J'ai un sentiment d'un côté que si tu as envie d'être un leader, tu ne seras pas aussi bien que si tu l'es devenu naturellement, dans le sens où c'est les personnes de mon entourage qui disent ça de moi. Moi, si tu me demandes sur moi, je ne vais pas forcément te dire que je suis d'accord. la personne la plus mauvaise pour s'autocomplimenter. Donc, c'est beaucoup les autres qui m'ont dit comment j'étais. Tu deviens leader quand tu ne veux pas le devenir. Parce que moi, j'ai eu des managers et des dirigeants qui avaient envie d'être leader parce qu'ils avaient des idées, etc. Sauf qu'ils pensaient que juste avec des idées, tu allais emmener les gens. Sauf qu'en fait... Pas du tout. Effectivement, l'authenticité, moi, j'ai découvert vraiment son pouvoir après l'AVC et encore plus maintenant que je suis entrepreneur. Parfois, ça peut te fermer des portes et il y a des personnes avec lesquelles ça ne va pas du tout matcher. Et en fait, c'est même la meilleure nouvelle parce que ça fait un tri naturel. Et ce qui est dans le fait de naviguer dans le changement, effectivement, je pense qu'il faut avoir une forte capacité. On ne va pas dire jamais se laisser désarçonner parce qu'en fait... on est tous humains, donc t'as forcément un moment où t'accuses le coup, c'est quelque chose qui est positif et très souvent, moi je me souviens quand j'étais plus jeune, on me disait oui t'as changé mais c'était jamais dit d'une façon positive quand on parle de changement à quelqu'un c'est perçu comme, avant c'était comme ça, maintenant c'est comme ça, par extension c'était peut-être mieux avant alors qu'en réalité, le changement ça a beaucoup de positifs et quand on arrive à accepter ça, effectivement je pense que c'est là qu'on a vraiment les clés Merci. pour être leader, mais aussi pour être un bon chef d'entreprise.

  • Speaker #1

    Complètement. On a souvent comme image le fait de voir un leader. Le leader, c'est Barack Obama, c'est Steve Jobs, c'est des personnes qui ont du charisme, qui ont de la voix. Mais en fait, ils ne sont pas forcément nés comme ça. En tout cas, ce n'est pas inné. Et ça s'apprend. Si c'est naturel, tant mieux, mais c'est rare. Et c'est vrai que sur beaucoup, c'est hyper important de... de le travailler et de voir que ça vient d'abord de soi pour pouvoir ensuite guider les autres et comprendre les autres.

  • Speaker #0

    Complètement, et moi j'ai la conviction que si je n'avais pas eu certaines épreuves de ma vie, notamment l'AVC, je ne serais pas la personne que je suis aujourd'hui. Donc moi je suis contente que ça me soit, je ne veux pas dire que je suis contente que ça me soit arrivé, mais en tout cas je suis contente de la personne que je suis aujourd'hui, et je sais que c'est aussi lié à cet événement-là.

  • Speaker #1

    Il y a un autre événement qui s'apprête à arriver dans pas très longtemps et qui va vachement changer ta vie.

  • Speaker #0

    Effectivement, d'ici septembre, je serai maman aussi. Donc effectivement, ça va considérablement changer ma vie. Mais encore une fois, c'est un changement très positif, très serein. C'est-à-dire qu'on se dit, on va faire les choses qu'il faut et tout se passera bien. Et hier, je suis venue avec une amie qui me disait que par rapport à avant, parce qu'elle me connaissait du coup quand on bossait ensemble dans la boîte d'avant. Et là, depuis que je suis enceinte, elle me dit « tu as une forme de sérénité, tu t'es installée » , alors que ça pourrait être complètement le contraire. Parce qu'il y a aussi des gens qui te diraient « elle est entrepreneur, c'est une situation incertaine en termes de finances, c'est une situation incertaine tout court, c'est une situation qui demande trop d'investissement de temps » . Et elle fait déjà la place dans sa vie à un enfant après un an et demi d'entreprise. Et là où j'ai été très agréablement surprise, c'est que finalement dans mon entourage, personne n'a réagi de cette façon. Donc c'est là que je me rends compte aussi qu'un filtre naturel s'est fait dans mon entourage à partir du moment où déjà je suis devenue entrepreneur, où toutes ces personnes qui pouvaient avoir une forme de scepticisme sur l'insécurité que ça peut représenter, se sont naturellement écartées de ma vie sans que moi je les en expulse. Et effectivement, dans quelques mois, il y a un enfant qui arrive. Et à partir déjà du moment où j'ai su que j'étais enceinte, c'est vrai que ça crée encore une fois un ajustement des curseurs, comme on le disait un petit peu plus tôt, nécessaire pour que la grossesse se passe bien, que l'entreprise se passe bien, un nouvel équilibre à trouver. Et accepter aussi peut-être d'être un peu moins présent, mais d'être présent plus efficacement.

  • Speaker #1

    Je crois qu'effectivement, tout ce que tu as traversé et la vie humaine de nombreuses personnes fait que c'est hyper intéressant de voir à quel point si tu prends le temps de te nourrir de ça de grandir de prendre du recul et de voir un peu ce qui s'est passé pour mieux te connaître toi ça a un pouvoir surestimé de qui tu es sur ton alignement et encore plus quand tu attends un enfant je trouve que pour être passé par là il ya vraiment un avant et un après l'entrepreneuriat aide parce qu'en fait tu es seul face à toi même quoi qu'il arrive même si tu es entouré de ta famille, de tes amis, et le fait de devenir maman, il y a vraiment un switch qui se passe dans ta tête et un avant et un après sur qui tu es, ce que tu veux et tes limites, et comment est-ce que tu joues justement avec ce fameux curseur entre qu'est-ce que tu es prête à faire pour toi, pour ton enfant, pour ta famille et pour ce qui compte vraiment.

  • Speaker #0

    Oui c'est complètement ça. Tu refixes totalement les priorités. Et finalement, c'est vrai que ce que j'ai vécu dans ma vie fait qu'aujourd'hui, il n'y a jamais une situation que j'accueille en me disant que je ne pourrais pas la gérer. Peu importe ce qui se passe, je me dis que je trouverai la façon de faire pour que ça se passe bien.

  • Speaker #1

    Si tu pouvais transmettre une seule chose à ton enfant sur ce que c'est que réussir sa vie, ce serait quoi ?

  • Speaker #0

    Être soi-même et faire ce qui nous plaît. Ça ne sert à rien de faire quelque chose parce que ça semble être la bonne chose. Si ce n'est pas la bonne chose pour toi, il faut changer de voie.

  • Speaker #1

    Quel challenge tu donnerais à nos auditeurs pour qu'ils puissent justement ajuster ce fameux curseur entre performance et épanouissement personnel ?

  • Speaker #0

    Moi, ce serait un challenge un peu d'introspection, c'est-à-dire se poser comme ça. tranquillement avec une feuille et faire le point sur qu'est-ce que j'ai aujourd'hui, qu'est-ce que je veux demain et qu'est-ce que je dois mettre en place pour que ça soit possible et qu'est-ce que je veux pas. Il est aujourd'hui présent dans votre vie et bien amorcer un changement quelquefois en fait. Ça veut pas forcément dire quitter son job mais ça veut peut-être dire oser dire ce qu'on veut parce qu'en fait quand on sait où on va c'est toujours plus simple et quand on sait ce qu'on veut c'est toujours plus simple aussi, ça va faire peur de changer. Mais en tout cas, ça sera pour du mieux.

  • Speaker #1

    Tu as déjà fait un vision board ?

  • Speaker #0

    Oui. Oui, j'ai déjà fait ça. Je trouve ça très sympa comme concept. C'est un peu le prolongement finalement. Une fois que tu as fait ton introspection, tu es en capacité de faire ce vision board et de se dire, qu'est-ce que je vais faire pour atteindre ces objectifs-là ? Accepter aussi que les objectifs sont évolutifs. On peut effectivement avoir des envies différentes et c'est OK, notamment avec les changements de la vie. Tout à l'heure, on parlait de la grossesse, ça peut totalement influencer ou même passer du salariat à l'entrepreneuriat, ça va faire que des choses vont changer. Savoir où on va, mais accepter que ça peut changer, mais aussi que la route, elle peut être différente, qu'il y a différentes façons d'atteindre ses objectifs. Et si ce n'est pas la route qu'on avait prévue, la prochaine sera peut-être encore mieux.

  • Speaker #1

    Merci beaucoup.

  • Speaker #0

    Merci à toi.

  • Speaker #1

    Merci beaucoup d'avoir suivi cet épisode, j'espère qu'il vous a plu. Et je suis aussi très curieuse de savoir comment vous avez géré ce challenge qui a été donné par notre invité. N'hésitez pas à le partager sur les réseaux avec le hashtag Trouve ton curseur. Et pour être au courant des prochaines sorties, n'oubliez pas de vous abonner. A bientôt !

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