- Speaker #0
Bienvenue dans le feu au coeur, votre podcast cul et coeur. Alors aujourd'hui je suis avec Dorian, ou plutôt devrais-je dire Bella Tomic, Bella Tomic que je reçois aujourd'hui. C'est ton toi drag queen, tu n'es plus Dorian, d'ailleurs tu es incroyable, il faut que je te le dise. Donc Bella, tu organises des soirées drag, tu performes. Tu travailles avec d'autres drag queens, mais derrière ce personnage, il y a Dorian Jolet. Et Dorian, tu es maquilleur, coiffeur de talent. Tu travailles avec des célébrités comme Bilal Hassani, Aya Nakamura, Clara Berry. Et la liste est longue. Donc les shows, la culture drag, c'est finalement un mouvement qui s'est popularisé, en France du moins, assez récemment. Et je pense qu'on est très très nombreux à avoir beaucoup, beaucoup de questions à te poser et sur le milieu drag et sur la vie. intime d'une drag queen. D'ailleurs, Bella, à la fin de cette vidéo, nous aurons une petite surprise. Combien de temps t'as mis pour faire ce look ?
- Speaker #1
Alors, aujourd'hui, je pense que j'étais proche de... J'ai pris mon temps. Je peux le faire en 1h30. Aujourd'hui, j'étais à 1h40, 1h45. Vas-y.
- Speaker #0
1h30, ouais, c'est le temps que je mets, moi, pour me maquiller. Peut-être un petit peu moins. Ouais, peut-être le matin, tous les matins, c'est 1h, mais ouais, 1h30.
- Speaker #1
Tu crois 1h30 ? Ouais.
- Speaker #0
Moi aussi, j'aime bien écouter mes podcasts.
- Speaker #1
J'aime beaucoup l'idée.
- Speaker #0
Quel pronom ? On dit il, on dit elle ? C'est à toi ?
- Speaker #1
Simplement. Si par inadvertance, on dit il, je suis un garçon, je n'ai pas de problème avec mon genre. Mais en soi, mon personnage est féminin, donc elle.
- Speaker #0
Oui, on s'adresse à toi, on dit elle. Comment et pourquoi tu as débuté le drag au départ ? C'était pour revendiquer quelque chose ou c'est vraiment le côté esthétique qui t'a plu ?
- Speaker #1
Alors, les deux. les deux, mais c'est une longue histoire. J'espère que t'as du temps. Vas-y,
- Speaker #0
on est là pour ça.
- Speaker #1
Premièrement, oui, l'esthétisme. En fait, j'ai toujours cultivé un amour pour la beauté de la femme. Toutes les choses féminines, tout ce qui est accordé à la femme, dis-je, j'aurais femme, on va dire. J'ai toujours adoré ça, la mode, le maquillage, la coiffure, c'est pour ça que j'en ai fait mon métier. Et la deuxième, partie, c'est effectivement peut-être une revanche sur qui j'étais et ce qu'on a voulu faire de moi, plutôt, on va dire.
- Speaker #0
Une revanche, c'est-à-dire qu'on a essayé de te mettre dans une case, tu veux dire ?
- Speaker #1
Exactement. Je pense que je ne suis pas le seul en France et dans ce monde en tant que personne queer LGBT. Malheureusement, on... Maintenant ça va quand même mieux, mais c'est pas inculqué dans toutes les familles. Être tout simplement de base, faire son coming out, c'est encore un truc qui... C'est nouveau.
- Speaker #0
C'était compliqué.
- Speaker #1
On dit pas, je suis hétéro.
- Speaker #0
Bien sûr.
- Speaker #1
Donc il faut outer tout ça, déjà c'était beaucoup de choses. Et puis, c'est vraiment ce truc de masculinité toxique, tu es un garçon, donc tu dois faire des choses de garçon et pas des choses dites fille.
- Speaker #0
C'est ça, en fonction de ton genre, que tu sois un garçon ou une fille, t'as des petites cases où il faut bien entrer dedans, et si t'en sors, on te punit, la société te punit. Et c'est vrai que c'est bien d'un côté, le drag, je trouve, pour revendiquer et pour parler de ces choses-là. Et ouais, je trouve que, moi, d'après moi, c'est assez politique, en fait, le tag.
- Speaker #1
Mais aujourd'hui, d'être drag, c'est clairement politique.
- Speaker #0
Tu es un homme gay. Est-ce qu'au sein de la communauté gay, dans tes rencontres, le fait que tu fasses du drague, ça pose des problèmes ? Tu as eu peut-être de la discrimination, de l'intolérance par rapport à ça ?
- Speaker #1
Dans la communauté LGBT, il y a une partie qui est aussi très dans la masculinité toxique, donc masque pour masque et tout ça. Mais non, ça a été très, très bien accueilli. Ah,
- Speaker #0
ok.
- Speaker #1
Ça a été étonnant pour mes amis les plus proches. Ah oui ? Parce que, comme je disais, je... Pendant longtemps, j'ai eu ce truc où je me disais, bah non, Dorian, tu dois être un garçon. Je faisais pas les choses vraiment dites on parce que t'es coiffeur, maquilleur, donc voilà. Mais dans mon esthétique, j'étais quand même très masculin. Je le suis toujours. Et encore même plus, je crois, depuis que je fais du drag.
- Speaker #0
C'est vrai ? Ah oui, tu prends le contre-courant quand tu es toi, quand tu es Dorian. Je vais être plus masculin.
- Speaker #1
J'ai plus besoin de... d'exacerber ma féminité, enfin de montrer ma féminité parce que je la pousse à l'extrême quand je fais du drag.
- Speaker #0
C'est ça, ok, je comprends mieux. Comme tu as ton double, tu dis, bon, maintenant, j'ai Bella pour extérioriser cette féminité et puis si je veux être Dorian, je vais être Dorian à fond. Ok, ouais, c'est plutôt intéressant. Et tu as eu des jugements extérieurs, des amis justement qui se sont dit, est-ce qu'il ne veut pas, c'est très bête, mais c'est les stéréotypes, est-ce qu'il ne veut pas changer de sexe ? Qu'est-ce qu'il nous fait ? C'est bizarre.
- Speaker #1
Non pas vraiment alors... de la part des... Pas dans la communauté LGBT, mais de la part des personnes qui ne connaissent pas trop ce milieu. Ça n'a pas été malveillant, mais oui, il y a eu des petites questions. Par exemple, ma mère ne connaît pas du tout le drag, donc j'ai dû tout lui expliquer. Mais non, ça va. J'ai pas eu de...
- Speaker #0
Ta famille a bien réagi ? Alors ?
- Speaker #1
Il y a très peu de personnes dans ma famille qui le savent, si ce n'est que même pas 10 personnes. Ça se produit sur les droits de l'homme.
- Speaker #0
Ah ouais ? en fait, t'es discret sur le sujet dans ta vie.
- Speaker #1
C'est pas discret, c'est juste des fois, j'évite des choses et des débats inutiles.
- Speaker #0
T'as pas forcément envie de dire à tout le monde, t'as des personnes plus ou moins proches dans ta famille.
- Speaker #1
C'est pas que j'ai honte, mais c'est juste au contraire, quand c'est des personnes que je ne connais pas, qui ne sont pas dans ma famille, là, je suis plus dans le truc à éduquer les gens, à expliquer, machin. Et là, dans ma famille, c'est en mode si ils savent le moins de ma vie, c'est le mieux.
- Speaker #0
Ah ouais, ça reste quand même assez tabou. Ils savent, plus ou moins, mais tu ne rentres pas dans les détails. Et peut-être qu'ils ne te posent pas trop de questions. Ils se disent peut-être que c'est ta vie perso, tu veux le garder pour toi. Ok, ils ne sont peut-être pas trop sur les réseaux aussi. Exactement. Ouais, ouais, ouais.
- Speaker #1
Quand je les vois, c'est de très courts moments. Et il faudrait longtemps pour leur développer, leur expliquer bien que ça rentre dans le crâne, tout ça. Donc je garde un peu mon énergie.
- Speaker #0
Je comprends, on a tous notre petit jardin. Surtout pendant les fameux repas de Noël, tu as toujours des gens que tu vois une fois dans l'année, juste à cette occasion. Ils sont qu'est-ce que tu fais dans la vie ? C'est bizarre. Je peux totalement comprendre que tu veuilles...
- Speaker #1
Par contre, ça, j'ai arrêté. Moi, c'est encore jusqu'à l'année dernière, enfin, il y a deux ans. C'était alors, t'es une petite copine ? alors que tout le monde s'est fait… C'était pas vrai ! Et là, j'ai arrêté. Je me suis promis que cette année, si on me posait la question, ben non, j'ai un copain, même si ce n'est pas le cas. Je dirais, enfin, au bout d'un moment, enfin,
- Speaker #0
stop. C'est un peu de la provocation, tu vois. C'est un peu comme quand une femme est trans, on la met genre exprès, tu vois. C'est un peu pour provoquer. Ça, c'est dramatique. Il faut que les esprits s'ouvrent. Ça, c'est un cliché qui est assez répandu. Mais tu veux me dire si c'est vrai. En général, toutes les dragues sont gays.
- Speaker #1
Je n'aime pas dire ça parce que non. Effectivement, on l'a vu dans des saisons de drag race à l'international. Que non, ce n'est pas obligé. Mais on ne va pas se cacher que c'est quand même la majorité. Oui, c'est la majorité. Mais je pense que si c'était peut-être plus... Si c'était plus dans la culture entière de tous les pays, peut-être qu'il y aurait des hétéros qui feraient plus de drague, qui assumeraient cette part de féminité. Parce que je pense qu'on l'a tous plus ou moins en nous, elle est plus ou moins grande. Et comme beaucoup, et comme je le disais moi-même, en étant même gay et queer, je ne savais pas comment gérer cette partie. et de par la société,
- Speaker #0
tout ça. C'est vrai que quand tu es une femme, te dire que tu as un petit côté masculin, ça peut devenir un compliment. Mais par contre, un homme, il peut se braquer, lui dire Ah, c'est ton côté féminin qui a ça Là, il y a tout de suite quelque chose qui se braque comme si c'était négatif. Et ça, ça m'a toujours fait halluciner. Alors que je pense qu'il y a plein d'hétéros qui, au fond d'eux, rêvent de faire comme toi, de faire du drag, ou... de se maquiller, pourquoi pas, et qui n'osent pas, en fait.
- Speaker #1
Je suis persuadé, parce qu'on a tous fait des réunions de famille, où on s'amusait à se déguiser, à foutre les perruques, et ils prennent un malin plaisir avec un personnage. J'en suis sûr, si ça serait beaucoup plus dans la normalité, de faire ça.
- Speaker #0
Alors, mon mec le premier, tu vois, pour le nouvel an, il m'a dit, maquille-moi et je veux que tu m'habilles en fille. Alors ça, moi, je suis avec un mec qui est parfait, parce qu'il a... aucun problème avec tout ça. Ça ne le dérange pas du tout.
- Speaker #1
C'est bien choisi.
- Speaker #0
C'est ce que j'ai choisi parce que c'est quelqu'un qui n'a pas besoin de prouver absolument sa virilité.
- Speaker #1
Qui est à l'aise avec son genre.
- Speaker #0
Et mes parents, parce qu'on a fait une nouvelle heure avec mes parents, ils ont adoré. Je suis assez contente. Je suis quand même dans une famille assez ouverte d'esprit. Je peux l'applaudir. C'est clair. C'est important. C'est vrai que ce genre d'exemple, comme on disait pour Tout déconstruire, tous ces clichés, c'est essentiel. Ce n'est pas juste du maquillage et une perruque, c'est toute une société qu'il faut déconstruire. Est-ce qu'il y a des femmes qui sont drag queens ?
- Speaker #1
Ah oui !
- Speaker #0
Ah ouais ?
- Speaker #1
Bien sûr ! Dans la dernière saison allemande de Drag Race, elle a gagné.
- Speaker #0
Ouais.
- Speaker #1
Et c'est une femme.
- Speaker #0
Incroyable. Donc moi, si je veux faire du drag... Complètement. Je peux.
- Speaker #1
Complètement.
- Speaker #0
C'est vrai qu'on n'imagine pas, on se dit forcément que ce sont des hommes qui...
- Speaker #1
Et le drag n'a pas de genre, n'a pas de sexe. C'est justement le moyen de pouvoir se donner un nouveau genre et de s'approprier une nouvelle personnalité, un personnage. Et il y a des drag queens qui sont même non-genrées. Oui.
- Speaker #0
Tu vois ? Oui, oui, totalement.
- Speaker #1
Il y a des club kids. Et puis dans le drag, il y a des club kids, des kings.
- Speaker #0
Oui,
- Speaker #1
les drag queens. Des queens,
- Speaker #0
des club kids. Oui, c'est exactement. Oui, oui, oui. Donc,
- Speaker #1
voilà.
- Speaker #0
Oui, il y a une palette, en fait.
- Speaker #1
Il y a une palette. Ce qui est dommage, c'est que, bon, on va y arriver à force, mais ce qui est plus connu, c'est les drag queens, nous, les dites féminines, machin. Oui. Mais il y a une grande palette.
- Speaker #0
Tu vois, même moi, je suis assez informée, mais je regarde les saisons de drag race et je vois que... que des hommes... Cette année,
- Speaker #1
il y avait Magnetica,
- Speaker #0
qui est un peu plus créatif.
- Speaker #1
Et je trouvais ça bien.
- Speaker #0
Ça allantait. J'aime beaucoup ce qu'elle fait.
- Speaker #1
Très, très beau.
- Speaker #0
Tu es en couple, toi ?
- Speaker #1
Non.
- Speaker #0
Est-ce que dans tes rencontres, je ne sais pas comment tu rencontres des hommes, mais est-ce que tu le dis spontanément, que tu fais du drag ?
- Speaker #1
Est-ce que tu en parles ? De premier abord, si ça s'y prête, mais c'est pas la chose que je vais mettre en avant parce que Dorian et Bellatomic c'est vraiment deux choses que je diffère complètement mais oui je vais être amené à l'Eldia forcément parce que Bellatomic prend quand même de plus en plus une grande part dans ma vie et puis même quand je suis Dorian je pense souvent à mon personnage et tout mais pourquoi j'en parle peut-être pas tout de suite parce que comme je dis c'est Dorian qu'il a dans son lit et pas bellatomique.
- Speaker #0
C'est ça. Tu as déjà eu des réactions quand on t'annonce que tu flirtes avec un garçon où tu lui dis, écoute, moi je fais du drague, qui a été complètement braqué, qui s'est dit, ah, ouais, non, ça va pas.
- Speaker #1
Alors, figure-toi que ça ne m'est pas arrivé dans un date, mais ça m'est arrivé à l'époque où j'étais en couple, parce que j'ai décidé de faire du drague il y a bientôt deux ans. Ok. Et en gros, à ce moment-là, j'étais en couple.
- Speaker #0
Ok.
- Speaker #1
Et pourtant, c'était quelqu'un de très ouvert dans la communauté. Même, il aimait beaucoup le drag. Mais justement, comme je disais, il y a des fois ce truc de tu es un homme, donc tu dois avoir ta place d'homme, même dans la communauté LGBT. Et donc, mon ex, au début, il a un peu grincé des dents quand je lui ai annoncé que je... Parce qu'au début, ça a été pour rire. Enfin, pas pour rire, mais j'ai voulu tester. Bon, je l'ai fait une fois. C'est très bien passé. Je l'ai fait à Halloween. Et après, il a vu que j'en faisais de plus en plus. Et je lui ai dit, écoute, je pense que je vais me lancer dans le rire et tout. Et au début, il n'a rien dit. Mais je sentais que quand il me voyait me préparer ou quand il me voyait, il n'avait pas du tout le même comportement. Et ça a créé une espèce de froid entre nous. Et puis après, un jour, je lui ai dit, mais tu as un problème avec ça et tout. Et il me dit, c'est que ça me fait bizarre, je ne te reconnais pas et tout. Et de là, je lui ai dit, oui, mais tu sais, c'est Dorian qui a entendu et pas Bella. C'était ça. Voilà. bon après il l'a accepté mais bon enfin 6 mois après ah oui c'était fini quoi ah ouais ouais je pense qu'il il pas comme il y avait plusieurs choses évidemment mais je pense que ça n'a vraiment pas aidé et pourtant c'est quelqu'un qui adore le drag mais je pense dans sa vie privée amoureuse il veut le
- Speaker #0
rôle d'un d'un ah ouais mais pourtant il comprenait bien que c'était de la scène que tu performais oui oui oui mais Ouais, comme tu disais, c'est le moment où...
- Speaker #1
Je n'ai pas raison de deux, trois fois par semaine. Parfois, quand on est dans une période intense, je peux l'être encore plus. En vrai, je peux le comprendre, mais en même temps, c'est débile. Parce que quand je rentre chez moi, je me démaquille.
- Speaker #0
C'est ça.
- Speaker #1
Et c'est fini. Mais c'est quelqu'un qui aimait bien mon esthétique quand j'avais de la barbe.
- Speaker #0
Ah oui, ok. Donc,
- Speaker #1
je l'aurais rasé souvent. Donc oui, effectivement, la barbe, ça repousse pendant une nuit.
- Speaker #0
Et là, tu ne la vois pas avec de la barbe ? Absolument pas. Ouais, ok.
- Speaker #1
Alors, pourtant, j'adore les dragues à barbe. Ouais. Mais dans mon esthétique, non. Ok. Ouais,
- Speaker #0
ouais. Non, mais je comprends. C'est vrai qu'on en voit de plus en plus des dragues qui ont de la barbe. Et moi, au départ, quand je me suis intéressée, ça m'a un peu interpellée. Je me suis dit, ah ouais, ok, c'est encore quelque chose qui existe.
- Speaker #1
Ça se trouve que justement,
- Speaker #0
il n'y a pas de règle. Oui, c'est ça exactement. Qui mélange à la fois la masculinité, à la fois la féminité.
- Speaker #1
Ça rend plus politique de le faire avec la barbe. Oui, bah oui. La barbe ou même des poils, je sais que là, dans cette saison, il y a Ruby and the Nail. Oui, c'est très poli. même piche qui a de la barbe et a toujours le torse poilu après c'est une esthétique personnelle, soit on aime, soit on n'aime pas mais c'est très politique encore plus ah c'est intéressant ça dérange encore plus, t'as encore moins fait que je crois complètement ok je comprends l'idée pas ouvert sur le sujet elle ça va, elle ressemble à une femme à peu près et le ballon et la barbe ça rappelle trop ok
- Speaker #0
L'entre-deux dérange toujours, de toute façon. Il y a quelque chose, quand tu ne fais pas de choix ou quand on n'arrive pas à te mettre dans une case, encore une fois, les gens, ils sont... Enfin, pas tout le monde, mais certaines personnes sont extrêmement dérangées, voire offensées et deviennent limite agressifs.
- Speaker #1
On a toujours appris à nous mettre dans des cases. On ne peut pas être juste pas sans case.
- Speaker #0
Mais c'est ça, c'est ça, ouais.
- Speaker #1
On met, ben non.
- Speaker #0
Exactement, ouais. D'autant que là, c'est du show. Parfois, on avait dit que c'était politique. Mais voilà, tu ne te balades pas comme ça tous les jours.
- Speaker #1
Ça fait un peu beaucoup de travail pour les puiser. Il faut l'avoir, c'est un peu inconfortable aussi parfois.
- Speaker #0
Ah ben,
- Speaker #1
qu'est-ce que tu dis ? Je me rase, mais j'ai des lentilles. Je cache les sourcils, donc beaucoup de colle. J'ai des tapes qui me tirent le regard. La perruque qui te tire encore plus, c'est qui est collée. Parfois, quand je performe, j'ai du scotch en dessous double face avec des pinces pour qu'elles ne bougent pas. Les ongles, quand on n'est pas...
- Speaker #0
Bah oui, c'est ça.
- Speaker #1
Or, c'est aujourd'hui. Et puis, parfois, je mets des fausses hanches avec trois paires de collants. Plus le tec.
- Speaker #0
Ah bah oui, tu peux expliquer ce que c'est, d'ailleurs.
- Speaker #1
Le tec, comment dire...
- Speaker #0
Oh, soit cash.
- Speaker #1
Cash, bon bah en gros, on rentre nos parties génitales à l'intérieur de nous. Et on tire le pénis vers l'arrière. Les testicules sont rentrées, on a des petites poches. Ils rentrent à l'intérieur et on tire le pénis et on met une culotte de tec ou on scotche. Mais alors, le scotch, ce n'est pas possible.
- Speaker #0
J'ai essayé d'expliquer à mon mec ce que c'était. Donc oui, tu rentres tes testicules, tu as une petite cavité.
- Speaker #1
Même moi, la première fois où je l'ai fait,
- Speaker #0
j'étais en train de me prendre. Oui, ça doit faire peur. Tu te dis, est-ce qu'elle va redescendre ? Ça fait un petit choc.
- Speaker #1
C'est pas très agréable au début. On s'y fait. Non,
- Speaker #0
mais mon mec ne me croyait pas. J'ai essayé de lui expliquer. Je lui ai montré des vidéos YouTube. Il me dit non. Je me refuse.
- Speaker #1
C'est une expérience.
- Speaker #0
C'est une expérience désagréable.
- Speaker #1
Première fois, je ne vais pas mentir. Pourtant, justement, c'est pas... C'est naturel. Même quand on nous fout le cou, ça remonte tout seul. C'est un truc de protection.
- Speaker #0
OK,
- Speaker #1
OK. Oui, ce n'est pas confortable au début.
- Speaker #0
Oui, tu m'étonnes. J'en suis fait. Oui, c'est ça.
- Speaker #1
Le corset, les lentilles, les perruques. Exact. Au début, c'est quand même une horreur. On a ce truc de... Quand on se regarde dans le mur, on se dit... Tu vois ça ? Ça passe.
- Speaker #0
Tu te trouves comment ? Attirante ? Mignonne ? Quand tu te regardes dans le miroir en Bella ?
- Speaker #1
Ça dépend du mood. Des fois, je vais me trouver très femme, très chic, très rien. Des fois, je vais me trouver très sexy, mignonne. Ça passe par les moods.
- Speaker #0
Tu t'aimes bien quand même.
- Speaker #1
J'aime bien.
- Speaker #0
Si il y a des miroirs,
- Speaker #1
je vais me regarder un chapitre. J'adore.
- Speaker #0
Est-ce que tu as déjà vu deux drag queens en couple ?
- Speaker #1
Oui.
- Speaker #0
C'est vrai ?
- Speaker #1
Plusieurs. Ok. Et je l'ai été. Il n'y a pas si longtemps.
- Speaker #0
Avec une drague ? Ouais. C'est génial.
- Speaker #1
Ça, c'est par exemple, tu vois, pour la question que tu me posais avant, ça a été cool parce que je n'ai pas du tout à lui expliquer ce que c'était. Et puis, il comprenait très bien. Donc ça, c'est très cool. C'est cool, mais bon, après, il faut que ça fonctionne. Il ne faut pas qu'il y ait de compétition. Oui,
- Speaker #0
c'est ça. Surtout, oui, bien sûr.
- Speaker #1
Moi, ça va. Sur ce côté-là, il n'y avait pas de l'entraide et puis tout ça. Et puis voilà. Le fait que je suis perruquier, coiffeur, maquilleur, je peux te dire que...
- Speaker #0
Tout le monde va m'intéresser. C'est ça, il va être content.
- Speaker #1
Mais voilà.
- Speaker #0
Et vous prêtiez les perruques, les vêtements ? Non.
- Speaker #1
Non ? Parfois, on n'a pas été assez longtemps pour.
- Speaker #0
Ah, ok. Mais tu te préparais avec lui pour performer ? Peut-être que vous avez performé ensemble même ? Non,
- Speaker #1
pas vraiment. Ok.
- Speaker #0
Ok, mais c'est quelque chose qui t'a plu d'être en couple avec une autre drague ?
- Speaker #1
Oui, c'était sympa.
- Speaker #0
Ah ouais, c'est vrai que tu peux...
- Speaker #1
On peut en parler librement, tu vois, parce que même si la personne avec qui tu l'acceptes bien, parfois elle n'a peut-être pas envie de parler tout le temps du drague.
- Speaker #0
Bien sûr, oui.
- Speaker #1
Même si je n'en parle pas forcément tout le temps, c'est beaucoup dans ma tête, mais ça change les idées, tout ça, c'est intéressant.
- Speaker #0
Et c'était un sujet important dans votre couple ? tu vois un peu comme je sais pas un couple de banquiers qui rentrent alors toi les assurances t'en as vendu beaucoup et bah moi c'était ça c'est une passion c'est pas que le travail bah ouais c'est ça passion,
- Speaker #1
travail c'est ça ça allie beaucoup de choses ouais bien sûr et donc vous aviez ce genre de conversation à table oh j'adore ça doit être génial on se regardait tiens cette tenue là je pense le clap j'adore c'est sympathique est-ce que les dragues peuvent être des fantasmes est-ce que ouais
- Speaker #0
Oh là là, t'as des choses à dire.
- Speaker #1
Oh,
- Speaker #0
c'est pas vrai.
- Speaker #1
Pour la première fois de ma vie, quand j'ai commencé à m'afficher sur les réseaux en tant que drague, j'ai toujours eu cette conscience-là que les femmes étaient considérées comme un objet de désir. Mais je l'ai encore plus compris. Et du coup, je le vis parfois. Oui, clairement. Mais des haines... Je pense que, clairement, ils sont conscients de qui je suis. Mais ça n'empêche que j'ai une apparence féminine, donc ça les attire. Et ils ne peuvent que te sexualiser. Parce que forcément, une femme, c'est qu'un vagin ou un trou.
- Speaker #0
Oui, bah oui.
- Speaker #1
Et puis forcément, on la sexualise. On ne peut pas juste admirer la beauté. Et puis alors, des beaux commentaires.
- Speaker #0
Bah alors, je sais avoir des... Des dick pics. Il y a les dick pics. Tu découvres les dick pics,
- Speaker #1
alors. On en a.
- Speaker #0
Oh là là ! Et c'est quoi les profils des mecs...
- Speaker #1
Dégueulasses !
- Speaker #0
Hétéro, gay ?
- Speaker #1
Enfin,
- Speaker #0
hétéro-curieux du coup,
- Speaker #1
j'imagine. Ouais, ben... Je sais pas leur vie du tout, mais... Mais oui, c'est des vieux porcs.
- Speaker #0
Ah ben oui, c'est des porcs, oui, clairement, oui. Mais t'as pas de messages mignons, plutôt, qui sont...
- Speaker #1
Ça m'arrive, mais j'ai fait la connerie de répondre deux, trois fois, parce que moi, au début, je connaissais pas tout ça. Et ça a commencé par un message mignon. Et du coup, j'ai dit, merci, c'est gentil, avec un petit cœur. Et puis là, j'ai fait le truc qu'il ne fallait pas. Après, on ne s'en débarrasse pas, tu es obligé de le bloquer. Parce qu'il t'appelle. Il t'appelle. Tu ne leur réponds pas. Ouais, je vais te retrouver, je vais t'égorger. C'est sympathique. Oui,
- Speaker #0
tu dois être à sa disposition pour ses désirs sexuels. Du coup,
- Speaker #1
si tu ne leur réponds pas et si tu ne vas pas dans leur sens, tu es en gros travesti,
- Speaker #0
tu es déclasse.
- Speaker #1
Et la nature, alors que t'étais quand même bien attirée par moi, à la base.
- Speaker #0
Exactement. Tu sais, ça me rappelle un petit peu, comme nous, les femmes, quand on marche dans la rue, et quand on répond pas, ou quand on dit je suis pas intéressée de toute façon, t'es une salope t'es dégueulasse on connaît, c'est la frustration qui parle, alors qu'en fin de compte, ils sont très attirés par toi, par nous.
- Speaker #1
Et de le vivre par les réseaux, c'est une chose, mais les premières fois où je l'ai vécu en réalité, Là, vraiment, tu vis ce que vraiment une femme peut... Et c'est intéressant. Alors, ce n'est pas agréable, mais c'est intéressant. Comme je dis, le drag est une expérience sociale parce que, clairement, tu es soumis à tout ce qu'une femme peut vivre. Je me souviens, on était invités dans une boîte très chic à l'Avenue Montaigne. Et ils essayaient d'apporter cette petite partie queer à ce club qui était très hétéro et riche. Et bien sûr, il y avait tous ces daddies riches, et nous on était à une table, et que, on était assez souvent, toutes les semaines, on promotionnait cette soirée. Et en fait, là-bas, ce genre de mec-là, il se perdait tout, jusqu'à te toucher le cul, tout ça, jusqu'à un jour où je me retiens et j'en jiffle un. Je mets des insultes dans la rue, ça m'est déjà arrivé aussi dans la rue, plusieurs fois.
- Speaker #0
Est-ce que tu prends le métro, tu vas dans les rues ?
- Speaker #1
J'ai pris le métro plusieurs fois. Bon, j'évite, je le fais quand je suis avec des amis, tout ça.
- Speaker #0
D'accord.
- Speaker #1
C'est quand même assez compliqué, on va le dire.
- Speaker #0
Ouais, oui.
- Speaker #1
Sinon, c'est des hubbers.
- Speaker #0
Bien sûr, ça coûte cher.
- Speaker #1
Malgré tout ça, encore une fois, même en prenant... Des Uber et de taxi, il nous arrive parfois des choses aussi sympathiques. Alors qu'on est censé, on prend ça dans l'utilité de rentrer chez soi en sécurité. Et puis au final, on se rend compte qu'en fait, on n'est pas toujours en sécurité quand on est sur Uber ou un taxi.
- Speaker #0
Alors ce que tu me décrivais, les micro-agressions, ça me choque. Je trouve ça désolant et je trouve ça écœurant. Mais alors le fait que ça se reproduise en effet... dans un Uber où tu es censé être safe. Tu as quelque chose à raconter, une anecdote ?
- Speaker #1
Il y en a plusieurs, mais c'est du genre... C'est du genre... Ça va, il arrive, il descend la fenêtre, il te regarde, il remonte, il se casse. Bon, ça, ça va, mais c'est un peu chiant quand t'es en retard.
- Speaker #0
Surtout quand il fait froid aussi.
- Speaker #1
Oui, voilà. Je suis très pitié en général. Donc voilà, ça va à des insultes. Des fois, il baisse la vitre, il t'insulte et il se casse.
- Speaker #0
Le beurre t'insulte. Alors qu'il sait que tu as son identité.
- Speaker #1
La plupart des fois, c'est quand je suis tout seul. Ah,
- Speaker #0
ok. Ouais.
- Speaker #1
Une fois ou c'est deux fois où j'étais seul, où c'était assez compliqué. Une fois où le mec commençait à être très bizarre, à se toucher bizarrement les jambes. Enfin, les jambes de ta catéo.
- Speaker #0
Ah ouais, pendant qu'il conduisait.
- Speaker #1
A poser beaucoup de questions. Surtout quand, ça c'est le premier truc, quand il prend le rétro et qu'il fait ça.
- Speaker #0
Ah mais déjà, tant pis. T'es fatigué.
- Speaker #1
Je me suis dit, mais... t'es où ? j'ai rentré chez moi et j'ai pas envie de parler forcément, tu vois, il est 4-5h du mat et t'as pas forcément envie de sociabiliser donc tu vas me ramener chez moi et puis voilà, et puis du coup il baisse le rétro et tu vois qu'il te mate clairement bon alors si c'est ça, bon ça va aller puis après c'est des questions et puis c'est des questions de plus en plus gênantes enfin jusqu'à
- Speaker #0
clairement faire comprendre son but.
- Speaker #1
Ah ouais, comme l'autre qui se touchait. Tu as dit quelque chose quand tu as compris ?
- Speaker #0
Ah bah oui, tu pètes un câble et tout, tu sors du bar.
- Speaker #1
Tu as crié, tu lui as dit, mais vous faites quoi là ?
- Speaker #0
Ouais, ça m'est arrivé tout seul ça. Et ouais, ça fait peur. Du coup, je suis devenu folle.
- Speaker #1
Je comprends, mais quelle horreur. Encore une fois, tu performes la femme, la féminité... son apogée et tu vois c'est encore les mêmes blaireaux et je suis sûre que c'est les mêmes blaireaux qui emmerdent les femmes qui emmerdent les drags ce genre de micro-agressions quand tu performes, les marocus là ne pas être safe dans des voitures c'est juste choquant et inadmissible c'est juste les mecs que je dénonce aussi en tant que femme et du coup j'ai énormément d'empathie aussi pour toi quand tu le vis et quand tu es drague et C'est horrible. Comme tu dis, c'est une expérience sociale. C'est dur, mais ça se percute. C'est un peu frustré. Oui, c'est ça. Comme tu connais à la fois ta vie en tant que Dorian et en tant que Bella, tu sais que tu abordes la vie d'une manière différente à chaque fois, dans des lieux publics, quand c'est pas safe. C'est désolant, franchement. Encore une fois... C'est un peu pour ça aussi qu'on fait ce genre de vidéos, pour déconstruire et puis pour donner de la visibilité.
- Speaker #0
Faire attention et le conseil que je peux donner, c'est surtout essayer de sortir le moins seul possible, d'être toujours entouré. Moi, c'est ce qu'on essaie tous de faire. On essaie tous de sortir ensemble, de prendre les... Parce que forcément, ils se sentent forcément moins forts. Parce que quand t'es toute seule, forcément, ils sont en position de force. Sauf qu'ils ne savent pas, c'est qu'entre tout ça, je suis un mec quand même, je peux faire 84 et que si tu le remerques, je peux aussi te faire mal.
- Speaker #1
Tu as la force physique. C'est bien que tu le rappelles, qu'il y ait une forme de sororité entre vous. C'est très important, c'est essentiel. Parce que vous êtes une team pour performer. De toute façon, vous le faites ensemble. Et aussi pour votre sécurité. C'est pour... plein de choses et c'est super important.
- Speaker #0
En général, on essaie de faire toujours attention à la rentrée, qu'elle rentre seule. On se voit des messages.
- Speaker #1
Oui, le petit message, est-ce que t'es bien rentrée ? Est-ce que tu vas bien ? Est-ce que ton Uber a été... Mais ça, tu les signales pas auprès de l'appli ?
- Speaker #0
Je trouve sur Uber, on peut signaler, mais il n'y a pas ce truc de urgence. La dernière fois, ça nous est arrivé. Alors pourtant, on était trois et le mec, j'ai vu directement que ça lui a pas plu. qu'on était deux dragues dans la voiture ça lui a pas plu et directement on te met genre direct je suis pas en garçon alors les garçons c'est pas grave ils faisaient des chemins ils voulaient pas nous emmener bon ça va il a pas tenté quelque chose mais ils voulaient pas nous emmener au point parce qu'il y avait beaucoup de bouchons ils faisaient exprès de nous perdre du temps ils voulaient clairement nous dégager se venger en fait il y a des rues parfois à Paris il y a des rues parce que par les travaux où t'as quand même genre 50 100 mètres à faire à pied en pleine nuit, puis en général c'est souvent le soir, je sais pas quelle heure il est mais c'est très rare où je suis comme ça dans la journée mais donc oui nous on est souvent des créatures du soir comme on dit et donc du coup une femme habillée alors Voir très peu habillé parfois dans la rue toute seule à la nuit, c'est compliqué. Selon les quartiers en plus, c'est assez compliqué. Tu sors du Uber, donc tu marches tes 100 mètres pour aller. Et même sur les 100 mètres jusqu'au club ou à la soirée où tu vas à l'événement, tu peux te faire emmerder. Par exemple, il y a le J-Bus qui est Place de la République. G-Bus, c'est une boîte LGBT depuis des années. Donc, c'est trop bien. C'est bien situé, c'est République. Mais à République, il y a toujours des petits farfelus qui sont spotés toute la soirée sur la place. Et puis, toi, quand tu sors de ta voiture, tu vas te faire emmerder jusqu'au club.
- Speaker #1
Ça craint, place de République. Et tu réagis comment quand ça t'arrive ?
- Speaker #0
T'essaies d'ignorer.
- Speaker #1
Ouais, t'ignores. Tu fais en fait les mêmes techniques. que nous, en tant que femmes,
- Speaker #0
on fait. Tu traînes pas.
- Speaker #1
Limite, est-ce que t'as pas du soulagement quand tu sors en tant que Dorian ? Tu te dis, tranquille, je peux traverser la place de la République.
- Speaker #0
Je serai prudente. Parce qu'au final, des fois, ça m'est déjà arrivé de me faire emmerder en tant que Dorian. Comme je disais avant, maintenant, en général, je ne me maquille plus trop. Parce que je fais le talent, tout ça. Mais avant, quand je faisais pas du drag, justement, j'ai expérimenté cette part de féminité que j'ai jamais su gérer. en moi avant le drag. Et avant, j'expérimentais des choses. Je faisais des petits make-up pour aller en soirée, tout ça. Et oui, ça m'est arrivé dans le métro. En plus, un homme, et je portais beaucoup... Enfin, je portais tout le temps la barbe à l'époque. Donc, un barbu qui se maquillait, c'était...
- Speaker #1
Ah oui. Là... C'est compliqué. Ah oui, genre, il n'a pas supporté, quoi. C'était trop pour lui.
- Speaker #0
Ça, ouais, et puis... Voilà. Donc, au final, même en barbe... Et puis, moi, j'ai un style... Comme je dis, je suis très masculin, mais je reste queer. C'est-à-dire, je mets souvent des crop tops. Je n'ai pas peur de mettre des hauts transparents. Des pièces un peu qui... Ce n'est pas que des basiques, tu vois, pour les gens. Donc, du coup, ça dérange parfois. Même en doréant, effectivement. Tu peux me faire emmerder. Et en parlant de République et le J-Bus, j'ai une petite anecdote. Vas-y. cette fois ci on avait pris le métro avec deux amis et on était en drague on était trois ou quatre dragues donc on s'est dit on va prendre le métro c'est à quatre stations de chez moi donc c'est pas loin tout ça on reprend le métro et tout donc déjà des réactions un peu bon mais ça on habitué et on sort donc de sur place de la république et là donc il y a tous ces fameux farfelus qu'il y a toujours on aime bien l'expression Et ça commence à dire, Eh, mademoiselle, vous êtes bonne, mais... Bon, on répond pas. On continue, on continue, jusqu'à y en a un qui nous suit vraiment, et on s'est dit, Ouais, de ton numéro, de ton numéro... Et puis, bon, on le répondait pas, et puis c'était des insultes, ouais, sale travesti, sale trans, bref, pédé, tout ça. Et on a une de nos amies, elle commençait à nous casser les couilles, et on était... Je peux... Je sais pas si... Bon, j'allais le dire en gros mots, mais ça va.
- Speaker #1
C'est pas comme... C'est les couilles, on le dit !
- Speaker #0
Et en gros...
- Speaker #1
Les auberges cassaient tout !
- Speaker #0
On était vraiment à genre 30-50 mètres, et il y avait des grilles, et on le prend, et on le plaque sur le machin, et elle le soulève comme ça ! Il avait limite les pieds en bas ! Et je sais plus ce qu'on l'a dit, mais on l'a insulté, et elle l'a bien fait comprendre qu'il fallait jamais... comment ça, parce qu'on allait... Pas parce qu'on était des traves, comme il disait, qu'on pouvait pas...
- Speaker #1
Mais Queen, il l'a.
- Speaker #0
Et puis, c'est... J'ai le nom, il est parti en soirée. C'était des anecdotes assez drôles. Et si on pouvait faire ça à chaque fois, on se faisait emmerder. Je pense qu'il y en aurait peut-être moins.
- Speaker #1
Tu sais que ça me fait du bien d'entendre ça. T'es un peu notre vengeuse, quoi. Ça fait trop du bien.
- Speaker #0
Il faut pas avoir peur, des fois. Je comprends qu'on puisse avoir peur, mais... Quand on se sent en position de force, il ne faut pas avoir peur justement d'y aller.
- Speaker #1
Oui, c'est sûr que...
- Speaker #0
C'est un peu chiant de faire deux heures de prépa, de se maintenir, de se coiffer. Et puis, pour faire ce genre de... De devoir se battre, c'est des choses qui ne sont pas normales. Mais quand c'est nécessaire, il faut le faire.
- Speaker #1
Quand tu te sens en insécurité, tu ne vas pas forcément le faire. Mais quand tu te dis, on va lui régler son compte. On était quatre,
- Speaker #0
on était seuls. Après, c'est aussi dangereux parce qu'au final, il y a le coup de liquide qui aurait pu arriver. Mais en fait, je pense que tout s'est passé ça parce qu'on était vraiment à 30 minutes du club et qu'il y avait la sécurité devant. On n'était pas loin, on aurait pu courir. Je pense qu'il y a eu tout ce truc qu'on n'a pas calculé. Mais je pense qu'on aurait été vraiment dans une rue fermée. Je ne sais pas comment ça serait... Bon, si, ça ne serait pas séparé.
- Speaker #1
De toute façon, les types qui ont autant de colère, ils ont quelque chose qui est refoul. Tu ne peux pas avoir autant de colère sans qu'il y ait quelque chose qui t'attire. Vous appelez les sœurs ? Oui, c'est ça. Sœur ou fille. ou les filles pour montrer que vous êtes une famille mais également pour un rôle de protection c'est un peu secret parce qu'on dit on choisit pas sa famille bah là on peut la choisir des
- Speaker #0
fois parce que beaucoup dans notre communauté parce qu'on est quand même une minorité en général on a tous eu des passés compliqués avec ma famille Rares sont les personnes dans mon entourage qui sont LGBT, qui n'ont pas vécu de choses compliquées en leur annonçant, tu vois. Et s'ils le savent, surtout. Et que là, du coup, ça permet de pouvoir se créer une famille, genre sa propre famille, sa safe place, comme on dit.
- Speaker #1
Bien sûr. Oui, c'est vrai que quand on regarde Drag Race, par exemple, on voit qu'il y a des moments où chacune d'elles raconte leur histoire. Elles ont des passés durs, elles ont vécu des choses qui les ont amenées à ce qu'elles sont. Et en fait, tu comprends qu'il y a quelque chose qui les lie par un passé difficile. Moi, il y avait une histoire qui m'avait bien marquée. C'était l'histoire de Lolita Banana, qui est séropositive et qui a fait des shows en rapport à sa séropositivité. Et qui dénonce la sérophobie, qui en parle, qui fait de la prévention sexuelle. Et je trouve que c'est un rôle pour les drag queens aussi de faire toute cette prévention sur divers sujets, mais par rapport à ce qu'elles ont vécu aussi dans le passé. Donc j'imagine que toi aussi, tu as des choses à revendiquer par rapport à un passé difficile, des choses qui te touchent et qui font aussi le personnage que tu es.
- Speaker #0
Complètement. Après, moi, je pense... C'est horrible de dire ça, mais on a toujours plus de pires que soi. Oui. Moi, en vrai, oui, j'ai vécu... C'est un peu classique, ce que j'ai vécu, mais j'ai beaucoup de personnes dont je connais qui ont vécu beaucoup plus pire que moi.
- Speaker #1
Oui, mais on peut toujours trouver pire, mais t'as aussi un passé qui fait que...
- Speaker #0
Comme je le disais, moi, je suis d'une famille qui... Du côté de mon père, c'est con, on va en revenir là, mais du côté de mon père, je suis moitié italien, moitié tunisien. Donc côté italien, très macho, du coup. Et la partie tunisienne ou la culture arabe, du moins ce qu'ils ont fait de la culture arabe, ça c'est...
- Speaker #1
Ah oui, ils ne veulent pas en entendre parler.
- Speaker #0
C'est Satan. Voilà, donc dont je n'ai pas beaucoup de... de connexion avec eux, dont ils ne savent pas du tout qui je suis, même aujourd'hui. Même pas seulement le drag, tout. Et du côté de ma mère, famille chrétienne, où l'homosexualité, c'est dans les autres foyers, mais pas dans la famille. Voilà, puis c'est des choses où on doit se cacher. Au final, j'ai vécu des discriminations dans ma famille, mais c'est des choses où moi, j'ai toujours tout gardé pour moi. j'ai la chance par exemple d'avoir une mère ouverte malgré cette famille et que j'ai jamais c'était plus des inquiétudes du coup par rapport à la famille mais moi ma mère ça va oui parce que t'as une forme de double coming out en fait entre gay et
- Speaker #1
le coming out gay et celui de drague c'est ça des familles qui sont euh parfois très croyantes, ils peuvent être complètement braqués et à tort. C'est ça que ça produit, malheureusement.
- Speaker #0
Exactement. Ce qui est marrant, c'est que du coup, j'ai mon frère qui est aussi gay. Donc moi, j'ai fait mon coming out juste après. Ton grand frère. Du coup, j'ai fait mon coming out. Et ça va que ma mère et mon père sont séparés.
- Speaker #1
D'accord.
- Speaker #0
Tous les deux sont ouverts.
- Speaker #1
D'accord.
- Speaker #0
La famille, non, pas du tout. Mais le cercle très réduit de la famille, c'est-à-dire... Ma mère et mon père, du coup, c'est tout. C'est le plus important.
- Speaker #1
Les autres, ils ont une mère.
- Speaker #0
Il n'y a pas eu de soucis. Mais du coup, ça ne se sait pas dans la famille.
- Speaker #1
D'accord, ok.
- Speaker #0
Mais quand je dis que j'ai vécu la discrimination, ça a été beaucoup plus... Forcément, dans la famille, moi, je voulais toujours jouer aux poupées. Je voulais avoir les têtes à coiffer parce que j'ai toujours voulu être coiffé. Ah bah non, t'es un garçon, et donc ma mère a eu ce rôle de protectrice où elle m'achetait tout ce que je voulais. Je jouais dans ma chambre et quand il y avait la famille qu'il fallait ranger, il fallait pas en parler. C'était mon secret.
- Speaker #1
C'était le secret entre ta mère et toi ?
- Speaker #0
Exactement. Ma mère m'a toujours suivi un peu dans mes conneries. Mais donc j'ai eu de la chance pour ça dans le petit malheur.
- Speaker #1
Oui.
- Speaker #0
Mais la chose la plus... Plus intense et plus horrible, ça a été l'école. Le parcours scolaire, ça a été... Moi, maintenant, il faut savoir que moi, je fais une crise d'angoisse quand je suis dans un collège ou proche d'un lycée. C'est un truc, ça me... J'ai tout plein de souvenirs et c'est là où mes traumas se sont construits. Là, c'est dans leur famille particulièrement. Moi, c'est pas parti en famille parce que j'avais le soutien de ma mère et de mon père, donc ça allait. Mais ça a été vraiment à l'école. L'école, et puis depuis tout petit, tu sais, quand t'es... Quand t'es une personne queer, t'as ce petit truc de sensibilité que les gens ressentent. Et moi, à l'époque, j'étais très introvertie, très timide. Déjà, moi, là, c'est un exploit que je sois comme ça aujourd'hui. Je sais pas, quelqu'un s'est appêté dans ma tête, mais j'étais tellement loin. C'était mal. Et ouais, c'est comme je disais, c'était une revanche sur la vie. Ce que je fais à l'heure actuelle, c'est une revanche parce que, ouais, depuis petit, j'ai eu le harcèlement vraiment... Verbal et physique, plus clairement. Et le collège a été les quatre années les plus horribles du mal-faire.
- Speaker #1
C'est horrible, le collège.
- Speaker #0
Jusqu'à tel point où, comme beaucoup malheureusement, où tu penses à en finir alors que tu as 12, 13, 14.
- Speaker #1
C'est tellement dur. Et tu vois, encore une fois, je pense peut-être que des adolescents nous regardent, je ne sais pas, mais ça donne de l'espoir. Je trouve quelqu'un de 15 ans... qui se reconnaîtraient en toi à ce moment-là, se dit Ok, j'ai eu les mêmes idées, des idées de suicide et c'est dur, mais je peux m'en sortir et je peux en sortir grandi. Mais c'est vrai que c'est des années très difficiles. Et je trouve que, tu vois, on en parle de plus en plus, du harcèlement, de la tolérance, et malgré tout, ça perdure. Tu vois des jeunes qui se suicident. Il y a eu un élève, je ne sais plus quel âge il avait, mais il était assez jeune qui... qui était gay, qui le savait, et qui s'est suicidé. Je trouve ça dramatique.
- Speaker #0
C'est horrible.
- Speaker #1
C'est du harcèlement.
- Speaker #0
Exactement. Et de plus en plus, j'ai l'impression, mais quand même, la preuve que non, moi, je sais que tous les... Comment dire ? Les pions ? Enfin, pas les pions, les...
- Speaker #1
Oui, les surveillants.
- Speaker #0
Les surveillants, voilà, exactement. Les surveillants, moi, à l'époque, ben non, ils ne voyaient pas. Alors que c'était devant leurs yeux, ils voyaient mes cartables, mes cahiers détruits, ils voyaient que j'étais entourée, mais pour eux, c'était un jeu. Ce n'était pas un danger. Et puis en plus, quand ça pousse au-delà des portes de l'école, c'est-à-dire, moi, tous les mercredis, j'allais chez ma grand-mère manger et je prenais le bus toute seule. Et dans le bus, combien de fois je me suis fait emmerder ? Et le pire, là où j'ai compris qu'il y avait quelque chose, que je n'étais pas normale, et je me persuadais que je n'étais pas normale, et je me suis dit, bon, c'est peut-être moi qui n'ai pas normal. Tu te remets dans le casque. Parce que personne ne réagissait dans le bus.
- Speaker #1
C'est dramatique.
- Speaker #0
C'était bondé d'adultes, je précise. Il y avait beaucoup d'élèves, mais d'adultes. Et pas un seul. Alors que j'étais en train de me faire éclater dans le bus.
- Speaker #1
C'était dramatique. Et rappelons-le, tu vois, t'as que 24 ans. Donc finalement, ça remonte à il y a 9 ans. Je trouve que c'est hyper récent. C'est fou.
- Speaker #0
C'est récent, mais on a eu quand même un grand, grand pas. Mais alors, on n'est vraiment qu'au début du combat, je le dis. Ouais. Mais ouais, comme je disais à l'époque, c'est un peu... Il n'y avait pas encore toute cette exposition sur le milieu LGBT. Moi, je viens d'une toute petite ville, Nevers, en Bourgogne, mais Dijon, c'est encore plus réduit. Et je n'avais pas cette vision sur l'ouverture que vous pouvez. Et je ne me disais pas, il y a quelqu'un comme moi dans le monde. Et ce qui est très important, c'est de... Et c'est pour ça qu'il faut en parler, de se dire qu'il y a toujours quelqu'un qui est comme nous, à peu près, qui vit les mêmes choses que nous. et qu'en fait, on n'est pas normal.
- Speaker #1
C'est vrai ce que tu dis. Quand on est isolé dans des petites villes, quand on est un peu différent, on a l'impression d'être seul au monde. Et c'est dur. Et puis encore plus, tu vois, toi encore, tu as grandi un peu quand même avec Internet. Donc, on n'en parlait pas tant que ça.
- Speaker #0
J'ai grandi avec Internet, mais moi, je suis avant 25 ans. Il n'y avait que Facebook, en vrai.
- Speaker #1
Oui, c'est vrai, c'est vrai, oui.
- Speaker #0
Et sur Facebook, on ne voyait pas d'émission.
- Speaker #1
On n'en parlait pas tant.
- Speaker #0
À la télé, on voyait rien.
- Speaker #1
Le drag race, en France, ça ne fait que trois ans.
- Speaker #0
Trois ans.
- Speaker #1
C'est hyper récent, quoi. Il fait très, très chaud, oui. C'est à cause de toi, Bella. Tu nous donnes chaud.
- Speaker #0
C'est le théorie qui me donne chaud. J'ai une vidéo de la dernière fois. Je suis en train de performer. Et pour ça, une vidéo, c'était une performance. C'était Easy to Crime de Sade, tu vois. Très woman. Un côté sexy, mais assez... classe et de jazzy, c'est pas je suis en train de bouger mes grosses fesses par terre. Après, c'était pas méchant parce que c'était une femme d'ailleurs, oui, une femme, qui a dit que j'avais envie de lui bouffer sa grosse...
- Speaker #1
Attends, il y a une femme qui t'a dit bouffe-moi la...
- Speaker #0
Elle parlait de sa copine, je pense, et qu'elle disait...
- Speaker #1
Et t'as suffisamment fort pour que tu entendes...
- Speaker #0
Non, je l'ai entendue dans la vidéo. Je l'ai entendue. Et je...
- Speaker #1
Dis donc.
- Speaker #0
En vrai, ça, c'était pas malveillant. Au contraire, c'est venant d'une femme, je préfère. Mais oui, comme les hommes, je disais tout à l'heure, oui.
- Speaker #1
Peut-être que les femmes, il y a peut-être quelque chose de plus bienveillant, entre guillemets, je ne sais pas.
- Speaker #0
Oui, parce que je pense que c'est...
- Speaker #1
Oui, c'est sur le ton de l'humour, tu veux dire.
- Speaker #0
Un peu, oui, entre guillemets, quoi. Mais c'est marrant de pouvoir avoir l'effet sur même des femmes lesbiennes, du coup, c'est très marrant.
- Speaker #1
Ah oui, en fait, tu touches... et les hétéros et les gays et les femmes lesbiennes et les femmes hétéros. Enfin, c'est ouf.
- Speaker #0
Après, justement, les gays, tu les attires beaucoup moins à ce moment-là.
- Speaker #1
Ah oui, bien sûr, bien sûr, oui.
- Speaker #0
Non, ça ne les attire pas trop. C'est normal, je peux le comprendre.
- Speaker #1
Oui, bien sûr, bien sûr. Que tu as des réactions positives dans la vraie vie, des hommes qui vont t'offrir des verres, par exemple, ou... Ouais ? Oui.
- Speaker #0
Il y a aussi ce bon côté, parce que depuis tout à l'heure,
- Speaker #1
je dis bonjour, on va parler de ce côté.
- Speaker #0
Mais il y a ce côté, quand tu te vêtis, que tu es maquillée, machin, forcément, tu n'as plus cette apparence dite normale. C'est-à-dire, en général, j'ai des tenues qui sont un peu poussées, comme aujourd'hui, je suis arrivée avec une robe en strass fendue, je suis en culotte dans la rue, en soutien de gorge.
- Speaker #1
On adore !
- Speaker #0
Voilà, des perruques coiffées, maquillées à outrance, des ongles. C'est comme je dis, c'est la féminité exacerbée. Donc, on dégage quelque chose d'un peu impressionnant, si je puis dire. Et donc, oui, en général, on est toujours... à peu près bien traité dans le milieu quand on arrive en soirée déjà en général on est souvent invité aux soirées oui la soirée peut nous payer les verres même des bouteilles et puis si des personnes gentilles oui vont t'offrir des verres même quand je fais des shows pour une soirée la lolita qui est une soirée très connue à paris dans le milieu parisien et lgbt j'ai eu la chance de pouvoir performer plusieurs fois pour cette soirée. Et à ce moment-là, tu hostes un peu, t'es la star de la soirée. Donc les gens, après, viennent me demander des photos, ils me parlent et tout. C'est le bon côté de la chose, parce qu'en fait, on devient un peu une star. Ah bah oui, c'est ça.
- Speaker #1
Il y a ce côté fan, je lui offre un verre parce que c'est une icône et à la fois,
- Speaker #0
je te trouve très jolie.
- Speaker #1
C'est plutôt, oui, des hommes qui t'offrent des verres. Oui.
- Speaker #0
Oui, c'est vrai que des hommes, on ne sait jamais arriver par une femme.
- Speaker #1
Tu as d'autres avantages, sinon ?
- Speaker #0
D'autres avantages ? Oui, on a accès au VIP, aux loges. On a des petits avantages parce que forcément, en général, ces soirées-là savent que ce n'est pas toujours confort comme on est. Donc, ils essayent d'optimiser au mieux notre confort.
- Speaker #1
Tu as déjà pensé à faire Drag Race ?
- Speaker #0
Oui, je pense comme toutes les drag queens.
- Speaker #1
Oui. Et c'est un projet qui te trotte dans la tête ?
- Speaker #0
C'est peut-être l'aboutissement de tout ce que je fais. Ça serait cool.
- Speaker #1
Ça serait génial de te voir dans Drag Race 4. Qui sait ? On ne sait pas. Oh la hausse ! Ah ouais, j'adorerais.
- Speaker #0
J'aimerais bien aussi.
- Speaker #1
Mais c'est un budget pour participer à Drag Race ?
- Speaker #0
Oh là oui, oui. Très gros budget. Déjà, le drag en lui-même, c'est un budget. Je sais que... Ouais. Mon budget shopping s'est multiplié par deux, du coup, maintenant, parce qu'il y a Dorian et puis il y a Bellatomic. Et oui, on sait que le drag, ça coûte très cher.
- Speaker #1
Là, il faut l'entretenir.
- Speaker #0
Et encore, j'ai l'avantage d'être maquilleur, d'être perruquier. C'est moi qui fais mes perruques, tout ça. Parce que le coût d'une perruque à acheter par un perruquier, c'est très, très cher. Et moi, j'ai la chance, l'avantage de faire ça. Mais bon, je ne fais pas encore mes tenues, tout ça. Donc, ça coûte aussi.
- Speaker #1
Par exemple, la tenue que tu as aujourd'hui avec la lace, combien tu as mis en budget ?
- Speaker #0
L'estimation ?
- Speaker #1
Oui, l'estimation, à peu près.
- Speaker #0
Si on compte le maquillage, tout ça, cette perruque-là, c'est 600 déjà. Tenue, je ne sais pas, elle coûte 150. Corset, c'est que ça coûte cher, tout ça. On est à un taux de 800, je pense. Oui. ça reste assez cher c'est pas une robe qui vient de chez Bershka ou de tous les pays c'est sûr j'avais entendu dire je crois que c'est
- Speaker #1
Cam Young qui avait mis 15 000 euros pour la saison de Drag Race il y a des queens qui ont mis
- Speaker #0
25 000 alors les budgets des States c'est Dès le jour, non. On est sur du 50 100 dollars.
- Speaker #1
Mais ça se voit qu'elles ont de l'argent. Je trouve que quand tu les vois défiler, tu te dis mais combien ça coûte pour 10 secondes de défilé ? C'est fou.
- Speaker #0
Mais c'est là aussi toute la beauté du drag.
- Speaker #1
Oui, c'est ça.
- Speaker #0
Et ça regroupe tellement de milieux. au milieu de la mode, le perruquier, le maquillage, tout ça.
- Speaker #1
De plus en plus de personnes de la mode s'intéressent aux drag queens pour que vous portiez leurs vêtements, leurs collections, les défilés. Et c'est ça qui est bien parce que la mode, ça influence sur une esthétique, mais ça influence aussi sur le mouvement drag, toutes les idées qui y sont accolées. C'est très important que la mode participe et que C'est très très important.
- Speaker #0
Oui, puis justement, ça se démocratise vraiment dans la mode. Et ça arrive que des drag queens soient invitées au défilé, ça fait du bien. Sur les runway, même sur les runway, les drag queens, ça fait du bien. Parce qu'on est grande consommatrice de la mode quand même.
- Speaker #1
Oui, c'est vrai qu'il vaut mieux qu'ils vous aient dans leur petit pape. Comment on fait du drag si on veut se lancer ? Comment ça se passe ?
- Speaker #0
Alors, il n'y a pas de manière particulière. À l'époque, il y en avait. Mais aujourd'hui, on peut se lancer tout seul. Moi, par exemple, je me suis lancé tout seul. Normalement, on est issu d'une house. D'une house où, du moins, on a une mother. C'est une maman drague. En gros, c'est un peu, comme je disais, on se crée une famille. En gros, normalement, on se trouve une personne qui est déjà expérimentée dans le drague. Et donc, ça va être notre mother, notre maman. Et qui va tout nous apprendre dans le drague. Le maquillage, comment coiffer ses perruques, l'esthétisme, nous aider à trouver notre nom, tout ça. Et en général, c'est un peu comme ça, ça fonctionne. Mais ça, c'est un peu l'ancienne école. Aujourd'hui, avec les réseaux, il y a énormément de drags qui se sont développés sans house et sans mother. Et en fait, moi, je ne pensais pas parce que moi, je suis issu à la base de aucune house et je n'ai aucune mother. Et je suis le...
- Speaker #1
Tu es orpheline.
- Speaker #0
Voilà. Et donc, en fait, la vie a fait que le drag avançait bien. Et qu'il s'est trouvé que j'ai créé ma propre house qui s'appelle House of the Muse. Donc Bellatomic the Muse et donc House of the Muse. Et j'ai une fille qui s'appelle Valéria the Muse. Et je l'ai ramenée aujourd'hui.
- Speaker #1
Valéria, tu peux venir avec nous. Donc Valéria, on est très heureuse de t'accueillir. Donc tu es la fille de Bellatomic.
- Speaker #2
That's my mother. That's my daughter. Celle qui m'a appris la... à coiffer mes perruques, à me maquiller, parce que quand j'ai commencé le drag, c'était vraiment pas ça. C'est pas fameux, souvent, les débuts en drag, à part quand on est perruquier et maquilleur. Mais oui, souvent, les débuts de drag, on n'est pas très belle. On croit qu'on est belle, mais on n'est pas vraiment. Kouma a donné son nom de famille. Elle a fait le cachet à des porcines.
- Speaker #1
Ah, ça, c'est intéressant. Il y a une certaine forme de hiérarchie où tu transmets le nom de famille.
- Speaker #0
Je ne sais pas la hiérarchie, mais oui, c'est un peu ce côté... de prendre soin, d'inculquer son savoir.
- Speaker #1
Oui, c'est plus prendre sous l'aile. Oui, prendre sous l'aile. OK. Et on peut avoir plusieurs filles ?
- Speaker #0
Complètement.
- Speaker #1
OK. Après,
- Speaker #0
pas trop, parce que je vais être trop grosse.
- Speaker #1
Tu as une grande famille recomposée. Elle adore.
- Speaker #0
Mais puis après, il faut gérer, parce qu'en vrai, c'est bête, mais le rôle d'une mother, c'est vraiment de s'occuper de ses filles. Donc, si tu en as beaucoup, tu as beaucoup de travail.
- Speaker #1
Tu drives Valéria sur... Et le côté make-up, coiffure, esthétique, et aussi sur le côté performance, la faire connaître, peut-être ?
- Speaker #0
Oui, complètement. Je l'introduis tout le temps. Après, je considère que même si je suis sa mother, il y en a, je sais, il y a des familles, des hausses, où la mother, elle décide de tout. Et moi, je considère que même si c'est ma fille, qu'elle ait sa propre esthétisme, des fois, on a des délais complètement différents. Mais ça, je trouve ça même très intéressant. Je suis pas là à dire oui, tu fais ci, tu fais ci. Oui,
- Speaker #1
c'est ça.
- Speaker #0
Je joue tout pour là, pour encadrer si elle a besoin, si elle a besoin d'aide, de conseils, machin. Et je considère pas ça utile de dire qu'il faut faire ci, il faut faire comme ça. Bien sûr. Des fois, oui. Non, mais là, je suis pas d'accord. Je me souviens d'une fois où c'était bien avant qu'elle devienne ma fille. On se préparait pour une soirée. Elle faisait son liner et ça faisait plusieurs fois où je lui disais que le liner, ça va pas. Et là, elle paniquait, machin. Et du coup, elle me demandait. Parce que moi, je ne disais rien. Je demandais. Du coup, je disais, ben non, ça ne va pas, tu recommences. Je l'ai fait recommencer à peu près 4-5 fois.
- Speaker #2
Je suis martyrique.
- Speaker #0
Je l'ai fait recommencer 4-5 fois. Je lui ai montré comment on faisait. Je lui ai dit, toi, tu ne le feras pas, tu recommences.
- Speaker #2
Et depuis ce jour-là,
- Speaker #0
tu ne m'as jamais refait un relay. Parfait.
- Speaker #1
Tu étais une mère autoritaire, mais cela dit, ça a marché, vraiment. C'est fiable. Et toi, ça fait combien de temps que tu fais ça, Valéria ?
- Speaker #2
A peu près 2 ans aussi. Un peu moins parce que j'ai commencé le drague pour m'amuser en soirée, donc ce n'était pas vraiment du drague. À proprement parler,
- Speaker #0
c'était plus du rablotage pour y aller en soirée.
- Speaker #2
Et que je fais vraiment du drague de manière, on va dire, où on fait des shootings, où on fait des performances, où vraiment... la majorité de mon argent passe là-dedans, ça va faire un an et demi, deux ans à peu près.
- Speaker #1
D'accord. Ça te plaît ? Tu es épanoui ?
- Speaker #0
Vous n'êtes pas du drague ?
- Speaker #2
Non ! Non, c'est trop bien le drague. Il faut vraiment être passionné. Parce que si vous n'êtes pas passionné, c'est complexe. Parce que ça demande beaucoup de temps, beaucoup d'argent, beaucoup d'investissement. Et ce n'est pas toujours facile à vivre tous les jours.
- Speaker #1
Est-ce que tu aurais un mot de la fin, Bella ? Bella ou Dorian ?
- Speaker #0
ou les deux Béla c'est très bien aujourd'hui je suis en Béla j'ai voulu créer une soirée tous les deux avec ma fille Valéria qui s'appelle The Muse Show qui a notre nom et qui se fait au petit bruit dans le 20ème vers Gambetta et c'est une soirée de drague où on hoste tous les deux et on a à chaque fois deux guests c'est une soirée qu'on va essayer de perpétuer tous les mois ah c'est génial c'est avec récurrent mensuel ouais ah c'est super est-ce que
- Speaker #1
aussi tu as un message pour les personnes qui nous regarderaient, pour pouvoir mieux s'assumer, pour pouvoir mieux s'accepter, comme tu as eu un parcours où je pense que pas mal de personnes peuvent s'identifier ?
- Speaker #0
Complètement. Le message que je peux livrer, c'est vous n'êtes pas bizarre si vous avez des envies. Tant que vous ne faites mal à personne, faites ce qui vous plaît. Et moi, je dirais bien aux gens à qui ça ne plaît pas de regarder chez eux et pas à la fenêtre du voisin. et de faire dans la mesure du possible comme vous pouvez, de surtout rester en sécurité de confier ces choses si vous le faites à des bonnes personnes, entourées de vous de bonnes personnes et dites-vous que vous n'êtes pas seul sur Terre, vous n'êtes pas bizarre
- Speaker #1
Amen Merci Bella et merci Valéria pour votre présence C'était super intéressant on a parlé de plein de choses super intéressantes Si vous avez envie d'être à la place de Bella de venir sur ce livre parler de Q de cœur sur ce podcast du Feu au cœur. Vous pouvez m'écrire sur l'Instagram lefeuaucœur, je vous répondrai avec plaisir. On vous fait tous de gros bisous.