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Le plancher des vaches

Chloé - épisode 5

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30min |03/04/2025
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Le plancher des vaches

Chloé - épisode 5

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Description

🚜✨Aujourd'hui nous allons dans l'Ouest du Limousin, chez Chloé qui habite dans un lieu de vie culturel. 

Chloé s'est installée ici pour faire la fête. Professionnelle du spectacle, elle a rejoint un collectif alternatif et créatif, qui s'est donné pour mission d'ambiancer la campagne. 

A la croisée des cultures et des générations, des ballots de foin et des paillettes, elle a trouvé un mode de vie qui lui plait

Après quelques minutes de route au milieu des champs, nous la retrouvons chez elle, dans sa maison, pour nous raconter sa vie à la campagne.


En sillonnant le Limousin, nous avons rencontré des artisans, des initiatives et des modèles inspirants qui méritent d’être partagés. 

🌿💚 Cette semaine lumière sur la Brasserie Artisanale Gemm’7, près d'Oradour-sur-Vayres en Haute-Vienne. Gemm’7 est une nano-brasserie engagée dans une démarche écologique et zéro déchet. Elle propose des bières bios aux recettes uniques. Toutes les étapes de production, de l'élaboration des recettes à l'étiquetage, sont réalisées sur place avec des matériaux écologiques. 

La brasserie est ouverte au public le samedi matin de 9h30 à 12h pour la vente à emporter, et propose aussi des visites guidées avec dégustation sur rendez-vous. 

Passez y faire un tour si vous êtes dans le coin ou rendez-vous sur leur site internet : https://brasseriegemm7.fr


Le Plancher des Vaches existe grâce à vous ! Pour soutenir Tout Va Bien Production, adhérer ou faire un don, rendez-vous sur toutvabienproduction.fr. Ensemble, faisons entendre d’autres voix ! 🚜💛


🎙️ Réalisation : Claire Rochoux
🔊 Mixage & sonorisation : Les Ateliers Lucie Fer
🎼 Musique originale : Moby
🎧 Production : Tout Va Bien Production


📻 Crédits musicaux :

🎵Peggy Gou - Starry night

🎵Hazy Summer Vibes II Hermanos Gutierrez - Esperanza

🎵Roger Miller - King of the road

🎵Nadia Rose -Skowd

🎵Super disco pirata - La Quinta sinfonia de Beethoven

🎵Latasha- Who I am

🎵Sofi Tukker - Awoo

🎵Sampa the great - Final form



Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    On est beaucoup l'été à aller bosser en Suisse pour le Montreux Jazz Festival. Pour des gens qui n'ont pas l'habitude de ces milieux-là, ça peut paraître un peu obscur, parce que déjà, moi je me souviens de la première fois qu'on m'a proposé quelque chose à prix libre, j'ai dit « Ok, ça coûte combien du coup ? » J'avais absolument pas prévu de venir dans le limousin, et même quand on m'a parlé du limousin, j'étais pas...

  • Speaker #1

    Bonjour à tous, et bienvenue sur le plancher des vaches. Aujourd'hui, nous allons chez Chloé, dans un lieu de vie culturel, dans le sud de la Haute-Vienne. Chloé s'est installée ici pour faire la fête. Professionnelle du spectacle, elle a rejoint un collectif alternatif et créatif qui s'est donné pour mission d'ambiancer la campagne. À la croisée des cultures et des générations, des ballots de foin et des paillettes... elle a trouvé un mode de vie qui lui plaît. Après quelques minutes de route au milieu des champs, nous la retrouvons chez elle, dans sa maison, pour nous raconter sa vie à la campagne.

  • Speaker #0

    On est vraiment une tranche d'âge de trentenaire. Tout le monde sait qu'on organise au moins un événement ou deux par an. Et vu que moi j'étais venue pour le FestiMeuf, ça m'allait bien aussi d'être dans ce milieu du spectacle. et de l'événementiel et du coup tous les deux ans on fait un gros festival ici sur notre lieu de vie. Moi c'est l'image que j'ai de ce lieu là, c'est que autant il y a la vie rurale, autant on a vraiment une passion pour la culture. Du coup, il y a Lise qui habitait ici avant, qui a eu mon contact par une amie en commun, parce qu'elle montait ici le FestiMeuf dans le coin, qui est un festival qui est 100% organisé par des meufs, avec 100% de meufs sur scène. Du coup, de base, j'ai fait une formation de technicien du son, et qu'on m'appelle pour faire de la technique, alors que ça fait 10 ans que je n'ai pas fait ça, j'étais un peu impressionnée, mais le fait que ce soit dans un cadre de non-mixité, c'était déjà plus facile, et donc je suis venue comme ça, en touriste, un peu la première année du FestiMeuf et la deuxième année. Donc je venais en camion et ça me permettait d'être là, d'avoir mon cocon mais de découvrir un peu le lieu. En gros ici on est une quinzaine d'habitants et habitantes. Le lieu a été acheté par le frère d'un des habitants et du coup nous on paye un loyer. Et chacun a son habitat, en gros la maison que vous avez vu c'est la maison commune où il y a salon, cuisine, salle de bain et un grand dortoir. pour les gens de passage. Et nous, on vit tous dans des petits espaces comme ça, des cabanes, des caravanes. Et on a un rythme qui fait qu'on est vachement en commun. On mange ensemble le midi et le soir. Donc ça nous lie vachement. Et même le fonctionnement, toutes les semaines, on fait une réunion d'un peu les choses à faire pour savoir qui sort les poubelles, qui nourrit les poules, mais plein d'autres choses très factuelles. Mais du coup, ça fait qu'on fait beaucoup de choses ensemble. Il y a une partie des gens qui travaillent un peu à l'extérieur, mais peu en fait. Et donc on est vachement à la maison. Donc on vit vachement ici. Après, ce qui nous rapproche, ça a été vraiment... Enfin, ça s'est fait au feeling parce qu'on avait des atomes crochus. Et puis d'utiliser les extérieurs aussi. Justement, on réfléchissait à cette grange. On va tous à Aurillac l'été pour aller découvrir des nouveaux spectacles. Il y en a qui sont jongleurs, magiciens, marionnettistes à la maison. Donc ils ont ce truc du spectacle. Il y en a certains qui sont techniciens comme moi. ou plein d'autres. On est beaucoup l'été à aller bosser en Suisse pour le Montreux Jazz Festival, où on fait de la déco. Enfin, on est quand même beaucoup à avoir un lien même professionnel avec le milieu du spectacle, sans être régisseur, technicien du son ou lumière. Dans ces murs, l'imaginaire va directement vers ça. On ne se dit pas, ben là, ça ferait un super atelier de couture. Bon, il y a un atelier de couture ici, hein. Mais la grange, c'est le plus grand des espaces, on l'imagine, pour faire du cirque, pour faire des concerts. On va dire que moi l'image que j'en ai c'est qu'il y a des lieux qui sont plus autour de la famille où il y a aussi des enfants, où ils ont des maisons à part entière les uns des autres Là ils sont vachement sur le jardin, les plantes, les fruitiers, de faire des plantes séchées On est plutôt sur la fête Musique

  • Speaker #1

    Pourquoi la campagne pour faire la fête ?

  • Speaker #0

    Je pense que la plupart ont agrandi à Paris. Et du coup, il y a quand même ce truc de sortir de la ville. Certains qui ont quitté Paris en premier, ils avaient des points d'attache avec la région. Donc ils ont commencé à venir, se confronter un peu à la réalité, je pense, de ce que c'est que la ruralité. Moi, c'est différent parce que je suis arrivée ici et ça faisait déjà dix ans que j'avais quitté la ville parce que ça faisait dix ans que j'étais nomade et que je vivais en camion. J'avais déjà quitté la ville, mais j'avais zéro ancrage dans un lieu fixe. Et c'est un peu la première fois que j'ai un lieu fixe. Et que ce soit la campagne, en fait, c'est pratique pour nous les nomades, et c'est pratique en camion, parce qu'on ne peut pas circuler en ville. Mais ouais, je pense que d'être à la campagne, ça permet d'avoir de la place, de l'espace. Et après, c'est vrai, l'idée de la fête, c'est ça aussi. Il y a une possibilité de faire la fête parce qu'il y a l'espace. Enfin, on ne peut pas monter un chapiteau en ville comme ça. Et chaque espace est approprié, privé. Là, ça nous permet d'avoir des espaces dix fois plus grands que si on était... entourée de voisins, de villes et de propriétaires.

  • Speaker #1

    C'est ça, il y a moins de contraintes du coup pour pouvoir organiser des événements ?

  • Speaker #0

    Oui et non, parce qu'on a les mêmes contraintes légales que partout en France, mais il y a moins de voisins avec qui négocier, ce qui ne veut pas dire que les voisins sont plus tolérants non plus. Donc on rentre dans des grandes négociations, et puis en plus la discussion avec un collectif, ce n'est pas pareil que la discussion d'une personne à une autre en voisin, c'est-à-dire que nous on doit prendre le temps de réfléchir, de parler ensemble, de savoir quelles idées on a envie de mettre en avant, quels mots on va choisir pour que ce soit bien compris. Night, stars, sun, moment, ocean, starlight, moment, now, us.

  • Speaker #1

    Du coup, il y a beaucoup de tensions avec les voisins ?

  • Speaker #0

    Au contraire, je pense qu'il y a plein de gens qui ont une bonne image du lieu parce que ce truc de vie commune, sans appeler à la fête complètement, mais du coup, il y a le marché nocturne l'été qui s'appelle le Mardiniac et où on s'organise pour qu'il y ait une cantine à prix libre, un bar et des artistes qui viennent, ça peut être du théâtre, de la conférence gesticulée, de la musique. Et on travaille beaucoup sur cette programmation, l'accueil de ces artistes et le fait de tenir la cantine et le bar. Et du coup, ça amène quelque chose de jovial à ce petit marché avec trois artisans dans le village. Et donc, ils ont quand même cette image-là de donner un peu de vie. Mais en vrai, on apprend tous les jours que certains ont quelque chose contre nous. Moi, je n'en avais pas du tout conscience en arrivant ici. Parce que même si on est connecté à pas mal de lieux, il n'y a pas beaucoup de lieux où croiser les gens qui ne font pas partie de notre réseau. Et du coup, on n'entend pas les médisances qu'il peut y avoir.

  • Speaker #1

    Oui, c'est ça. Vous pouvez vivre un peu tout seul ici, sans croiser trop de gens de l'extérieur, et du coup, sans connaître forcément leurs ressentis, et sans avoir l'impression que même vous les impactez d'une façon ou d'une autre.

  • Speaker #0

    Oui, c'est un peu vrai, mais il y a quand même un principe à Dubaï qui est de ne pas arriver en conquérant néo-ruraux. Du coup, on a quand même pas mal de liens qui se créent, mais ce n'est pas forcément vraiment sur les voisins, sur les gens les plus proches. Mais du coup, on a des copains qui sont couvreurs et qui font pas mal de chantier dans les fermes autour. Ils passent des semaines, voire des mois chez des gens. Et du coup, ils vont chez les gens pour travailler. Et en plus, c'est avec des métiers qui sont reconnus. Il y en a qui pensent qu'on vit d'amour et d'eau fraîche, ou alors qu'on se fait du fric sur nos événements, ce qui est faux, parce que la plupart du temps on perd plus d'argent que ce qu'on en gagne. Il y a aussi des personnes qui travaillent la terre, qui ont des légumes, et avec qui on a un lien où on va les aider, on peut arriver à 10 pendant une journée ou deux, à désherber, ramasser les patates, ou des choses comme ça. Et en échange ils nous filent des légumes qui ne vont pas au marché, ce qu'il leur reste, et du coup ça fait un échange où ils ont une main d'oeuvre, et du jour au lendemain, je pense aux légumes, mais il y a aussi tirer le fumier dans une autre ferme. où du coup on a ce lien-là avec pas mal de gens, et ça fait qu'on n'est pas déconnectés. Enfin, des travaux de la campagne, ou des générations, ça nous tient à cœur en tout cas de ne pas être déconnectés de ça.

  • Speaker #1

    Il faut travailler aussi à faire du lien avec les gens.

  • Speaker #0

    Ouais, et puis certains plus que d'autres, je pense à Marius qui fait du foot dans le village à côté, du coup il connaît tous les mecs du foot qui sont à côté, ça joue énormément. Mais après c'est vrai, pour moi ta question elle est juste parce que c'est vrai que tu peux vivre ici sans être en contact avec les gens forcément. Enfin c'est possible, mais nous on se protège. de ça, parce que justement cette autarcie des néo-ruraux ça nous paraît absurde c'est déconnecté de là où t'es on a créé une pride, on change de ville tous les ans et du coup c'est-à-dire que tous les ans on doit se confronter à un nouveau maire ou une nouvelle mairesse de pouvoir vendre cette idée-là et du coup ça fait parler de politique forcément du rapport à l'homophobie et c'est avec les gens du coin et pour les gens du coin alors moi je suis pas d'ici mais la plupart des gens avec qui on bosse sur ce projet projet-là, c'est des gens d'ici, donc ils nous racontent, moi ça me permet de comprendre, ça m'a appris de la ruralité, d'avoir ce genre de discussion, parce que quand il y a un mec qui te raconte qu'est-ce que c'est d'être PD ici, quand t'as grandi ici, pourquoi ils sont partis, et où, pourquoi ils sont revenus, et ben ça apprend énormément d'ici, du regard des autres, quelque chose que moi j'ai pas du tout vécu, donc ça me permet d'apprendre et de comprendre où j'habite maintenant. Musique Moi j'ai vu plus en ville parce que j'ai eu ce rythme de vie nomade donc c'est vraiment spécifique au mouvement plus qu'autre chose Je pense que j'aurais pas quitté la ville pour un lieu fixe en campagne J'aurais eu trop peur J'aurais eu trop peur justement d'être... Enfin je bosse dans le spectacle, d'être perdue en campagne Tous les gens que j'ai vu faire ça C'est vraiment perdu en campagne. C'est pas... Enfin, le mot, il veut dire quelque chose. Et du coup, la plupart des gens que j'ai vus autour de moi qui ont fait ça font des allers-retours, en fait, entre la ville et la campagne. Je trouve que tu t'intègres moins, justement, à ton lieu de vie. Nous, si on est intégrés, comme je disais tout à l'heure, avec les gens du coin, si on arrive à travailler, à améliorer, à retaper ces granges, cette maison... Vraiment lui donner vie, c'est parce qu'on est très présent. Je vois les intermittents du spectacle qui vont bosser à Paris et qui rentrent, ils sont exténués, ils ne sont pas du tout là à se dire je vais aller retaper ma grange. C'est juste le moment d'être dans sa bulle, mais il y a un peu moins de connexion. Enfin, on en revient à ce qu'on disait tout à l'heure, à être moins connecté à ce qui se passe autour et à pouvoir vivre en autarcie. Mais un refuge, ça peut être intéressant, je pense. Enfin, je n'ai pas de jugement sur ça, mais de dire que pour moi, c'est quelque chose qui ne me correspondrait pas. parce que j'aurais l'impression de vivre à moitié de choses au lieu de le vivre complètement. Et c'est ça que le nomadisme m'a apporté, c'est de vivre chaque étape complètement. C'est un pied-à-terre où je suis avec des gens que j'aime vraiment, avec qui je suis à l'aise, avec qui on construit quelque chose. Mais j'ai gardé ce truc de nomadisme parce que j'avais mon camion et que je bosse sur des événements dans plusieurs régions de France. Mais depuis cet été, je n'ai plus de camion donc je me suis d'autant plus posée. Ça m'a permis de réaliser que j'avais envie de m'installer beaucoup plus ici. Vu qu'on a plein de projets, ça laisse le temps d'avancer sur... Enfin, c'est un projet à part entière cette vie collective et du coup ça permet de donner du temps, autant aux animaux, aux humains, aux murs... Et pour moi, je gagne parce que je gagne en connexion, comme je disais, de vivre plus profondément ma relation avec le lieu et les habitants. Mais je suis encore nomade. Enfin, je le sais. Je sais parce que je suis trop engagée sur des événements. Enfin, j'ai trop de projets en parallèle pour ne plus bouger. Mais c'est vrai que d'être ici, ça me permet d'avoir moins l'impression d'être juste de passage. Mais c'est vrai que ça m'attache à la maison, ça ne m'attache pas forcément au département, à la région. Avec la Pride, c'est vrai que ce truc de faire des événements dans une ville différente à chaque fois, et du coup dans un département différent, et de passer de la Haute-Vienne à la Dordogne, c'est vrai que ça permet déjà de bouger, d'aller dans des villes qu'on connaît moins, et de se rendre compte que... Voilà, il y a des trucs, bon peut-être qu'il faut mettre trois quarts d'heure sur la route, mais ça permet d'explorer un peu. I ain't got no cigarettes, I've got two hours of pushing from by the... J'avais absolument pas prévu de venir dans le limousin, et même quand on m'a parlé du limousin, j'étais pas... Je pense que j'ai eu des idées de lieux où m'arrêter, mais je pense que jamais ça aurait été ici. Pourquoi pas ? Je sais pas comment dire, mais j'ai une limitation nord-sud dans ma tête qui fait qu'il faut que je sois dans le sud. Ma limite était un peu en dessous, c'était plutôt au niveau de Bordeaux, et du coup on est un peu au-dessus. J'ai vécu à Marseille et la lumière, cette image de la météo. Ici, une fausse image dans le sens où j'imaginais que c'était très plat. Et moi, c'est des paysages qui ne me plaisent pas, où j'aime bien être au pied des montagnes ou dans les collines. Et en fait, j'ai réalisé en vivant ici que ce n'était pas plat. Enfin, on n'est pas aux portes de Poitiers ou dans le Berry, où c'est de la monoculture. Là, encore moins, je pense que dans le Berry, c'est... Là, j'ai merveillé tout, au complet. Ici, en fait, j'ai découvert que c'était quand même vallonné et que du coup, je ne connaissais pas, en fait. et que j'en avais une image que je tire de fantasme en fait. Et c'est vrai qu'on s'est souvent demandé qui a envie de rester, qui a l'impression qu'il va rester pendant 10 ans, pendant 20 ans pour toujours ou juste c'est une période de quelques années. Et moi je me suis souvent demandé du coup pour pouvoir réfléchir avec les autres. Et j'avais ce truc de vraiment, j'avais fait un point de fixation sur l'Ariège, donc je me suis dit, c'est un temps de passage et je vais aller en Ariège. Et plus je vis ici, plus mon idée se rapproche d'ici en me disant, bon bah peut-être la Dordogne alors, c'est moins loin de Dubaï. Ce réseau-là, c'est une chance, c'est une richesse que vraiment, en 10 ans sur la route, je n'ai pas trouvé quoi.

  • Speaker #1

    J'aimerais revenir sur la fête. Quel genre d'événement vous organisez ?

  • Speaker #0

    La Pride, le Festimuff, les Mardiniacs, c'est des choses qui sont en dehors du lieu, à 15 bornes mais qui ne sont pas chez nous. Après, le dernier événement qu'on a fait, ça s'appelait Rap ta grange. On a fait un événement 100% rap parce qu'on est quelques-uns à être fans de rap et à vouloir dédier un événement vraiment au rap. Et c'est la première fois qu'on utilisait la grange comme salle de spectacle vraiment en complet. Maintenant qu'on a fait la dalle, que ça ressemble vraiment à une salle et il nous reste des choses à faire. Mais on pouvait vraiment l'utiliser pour 12 heures de concert. On a fait venir des artistes de loin, enfin de loin, de Paris, de Marseille, de Lille. Mais on a aussi appelé les rappeurs de Limoges, de La Creuse, etc. Et en fait, le fait que ça se fasse à la maison, entre guillemets, ça a permis cette rencontre-là. où certains artistes qu'on a invités, nous on les a vus sur scène il y a 20 ans, c'est des anciens, c'est des références du rap, et qui viennent ici et qui se retrouvent à être les deux pieds dans la boue, la voiture qui s'embourbe sur le parking, et ça les met dans une ambiance tout de suite. Mais du coup il y a ce truc où ils partagent tout avec nous, le café le matin, ils ne sont pas dans un hôtel complètement déconnectés de là où ils sont, et ça a créé des interactions entre les artistes, entre eux, qui viennent de régions différentes. d'être dans une ambiance beaucoup plus détendue entre les artistes et les habitants et même avec le public. Et du coup, moi je trouve que ça crée une cohésion. Pour moi, c'est ça qui a rendu cet événement complètement mythique. Certains artistes jouaient chez nous et être au petit déjà avec nous, se permettre de sortir des jeux de société et puis se lancer un jeu de société avec un ou une habitante. On se dit waouh ! Vraiment comme à la maison Alors que c'est du rap et qu'il y a plein de gens qui sont ultra réfractaires à ce style Même des habitantes ou habitants de la maison Qui n'aiment pas spécialement le rap Et qui nous ont dit on a passé une super soirée Après tous les deux ans on organise le Dubai Y Qui est du coup l'événement de Dubaï Et là on prend vraiment toute la superficie de notre terrain Il y a un chapiteau dans le jardin derrière, il y a un labyrinthe qui est créé dans les arbres et dans chaque pièce du labyrinthe, il peut y avoir des pièces comme des jeux, des salons de thé, des DJ cachés dans le labyrinthe. Il y a du théâtre, il y a pas mal de techno, mais aussi des concerts, des cabarets. On essaye, grâce à notre réseau, de créer un truc assez complet où chacun peut y passer en fonction du moment de la journée. Il y aura des ambiances différentes. et ça c'est sur 2-3 jours au moins Alors que Raptagranche, c'était 12h, de 18h à 6h du mat. Et voilà, il fallait rentrer toute la programmation là-dedans. Alors que sur le Dubai Y, on a un temps beaucoup plus étiré. On demande à la grille de nous laisser le champ derrière pour avoir un grand parking. Et donc, il peut y avoir des centaines de personnes qui viennent à la maison. Et ça crée vraiment une ambiance de festival. Alors que pour nous, il y a nos toilettes sèches en face et on est comme à la maison comme tous les jours. Mais sauf qu'il y a des centaines de personnes dans le jardin. Quand on fait venir des gens, des artistes... Dire qu'ils ne sont pas habitués justement à la vie à la campagne, ça fait une porte aussi d'ouverture, de voir que... Enfin, c'est un peu un double enjeu, c'est aussi d'amener des gens qui ne viennent pas de la campagne jouer à la campagne et d'apporter ça à la campagne pour les gens qui sont obligés de faire des kilomètres à chaque fois pour voir un concert et déjà de payer le gasoil pour aller jusqu'à Limoges ou Périgueux et en plus de payer une place qui vaut des thunes alors que nous, 99% des événements qu'on fait sont à prix libre. Donc, sont accessibles à tous, c'est vraiment, l'idée de la culture accessible à tous, ça fait partie du centre de la chose, mais il y a différentes manières de le faire. Je bosse sur un événement qui est aussi à la campagne, qui est en Auvergne, qui est aussi à prix libre, mais c'est pas dans un lieu de vie, c'est dans un champ, et du coup, il y a beaucoup plus ce côté éphémère, et ça, ça existe, mais là, de le faire dans nos murs, c'est autre chose, et ça permet aux gens de découvrir.

  • Speaker #2

    Vous avez combien d'hectares ?

  • Speaker #0

    Mais pas tant que ça en fait, puisque il y a le champ qui est vraiment pas loin derrière, la route qui passe là. Je sais pas, je dirais deux, deux et demi. Pour organiser des événements cinq fois par an, je sais que des fois on se retrouve avec moins de personnes que prévu, comme avec le Raptagrange où du coup les gens se sont pas forcément déplacés, parce que justement faire déplacer des gens pour venir à la campagne, il y avait des gens qui venaient de Limoges, même plusieurs, qui se sont organisés pour remplir une voiture et être sûrs d'être cinq. et faire l'aller-retour et pas trop picoler. Ça, c'est une organisation. Il y en a pas mal qui l'ont fait parce qu'ils viennent du milieu du graphe et ils savent qu'il y avait du graffiti ici, il y avait des espaces dédiés à des graffeurs qu'on n'avait pas programmés et ça les amuse de venir dans des événements où ils vont pouvoir taguer un truc. Mais ça demande une organisation dans ce sens-là aussi, comme nous, ça nous demande du temps et de l'essence et de l'organisation d'aller à Limoges.

  • Speaker #1

    Je demande à Chloé si elle se fait des sorties culturelles ici.

  • Speaker #0

    On voit des choses qui sont faites à Nexon. Il y a le cirque, mais à côté il y a un petit espace qui a été réapproprié, qui s'appelle la cantine, où ils font aussi des projections cinéma avec une asso. Et nous, on est allés là-bas pour voir la projection d'un moyen-métrage d'un ami à nous. Et je n'étais jamais allée dans ce lieu. Je ne savais même pas qu'il y avait des projections cinéma là-bas. Quand on y est allé, on était au moins une dizaine, parce que c'était un pote à nous qui est réalisateur et qu'on voulait l'entendre parler de son film. Il nous a dit, je n'ai jamais vu autant de personnes dans la salle, parce qu'on était à dix. Et il y a peut-être quatre personnes du village qui sont venues. Mais du coup, il y a des choses qui prennent moins aussi. Après, moi, j'ai l'impression que ça prend plus sur ce qu'on organise. Parce qu'on fait un gros travail de com, parce qu'on est aussi dans un credo de génération, qui parle aussi à notre génération, qui a encore la mobilité, mais aussi parce qu'on a un réseau un peu national, et donc on veut venir nos potes de loin. Donc il y a ce truc-là où tu as l'impression qu'il y a du monde et que ça fonctionne, mais en fait ce n'est pas forcément que des gens du coin qui sont là. Plus j'habite ici, plus j'élargis le réseau. Moi ce qui va m'intéresser c'est quand c'est politique. Quand ça parle de féminisme, d'LGBT, donc dès que dans la Creuse il y a un événement ou quoi, je me dis bah tiens, je pourrais faire 100 bornes de plus s'il faut, parce que je sais que ça peut créer un lien justement, parce que j'ai envie d'encourager et soutenir des lieux ou des collectifs qui font des choses comme ça. Mais il y en a un peu, je sais qu'il y a un festival ariac de rock où je suis allée cette année, ça s'appelle Farmfest, et voilà, j'y étais jamais allée, j'ai vu que le public était pas le même, il y a un truc beaucoup plus local que nous. Mais pour nous c'est intéressant d'y aller aussi, bah déjà pour se faire voir. parce qu'en fait le lien se crée quand on se connaît et pour se connaître je pense qu'il faut aller à la rencontre des autres et soutenir aussi les initiatives. Je crois que c'était cet été, à Saint-Irie, il y avait un DJ, mais type DJ de mariage, enfin le truc de mon point de vue très kitsch, et en fait on avait en résidence une équipe de Batukada à Dubaï, et ils ont joué dans plusieurs lieux, dont Saint-Irie ce jour-là, du coup nous on y est allés pour soutenir la Batukada, et on s'est retrouvés à danser sur des sons des années 80 au milieu de Saint-Irie. En fait on n'y serait pas allés s'il n'y avait pas justement ces artistes qui viennent ici, qui répètent, à qui on donne des contacts dans la région, on essaye en tout cas. en tout cas avec les copains avec qui on fait pas mal de programmation, si on déplace quelqu'un jusqu'ici, on essaye... de lui proposer trois dates. Se dire, quitte à venir jusqu'ici, autant toucher plusieurs publics différents, faire jouer et gagner aussi un peu d'argent en ayant quelques dates. Vu qu'on a cette facilité de loger les gens avec tous nos espaces, on permet ça. Mais c'est vrai que je ne serais jamais allée à Saint-Thierry écouter le DJ s'il n'y avait pas les copains de la Batucada. Musique Musique On va essayer de s'immiscer un peu dans ces programmations. Très ce réseau-là, c'est aussi pour ajouter notre grain de sel.

  • Speaker #1

    Inviter des rappeurs dans une grange, j'imagine qu'ils sont plutôt habitués, je dis ils en plus parce que j'imagine que c'est un milieu plutôt masculin.

  • Speaker #0

    On a presque involontairement invité autant de femmes que d'hommes. C'est aussi en ça que je dis ajouter notre grain de sel, c'est que moi j'écoute du rap quotidiennement, la plupart des personnes que j'écoute c'est des femmes, et du coup, spontanément, si je propose quelqu'un, c'est quelqu'un qui me représente, donc une femme qui fait du rap. Pour moi, ce n'est pas original. This is who I am, this is what I do, this is who I am, I'm the living proof. This is who I am, this is what I do, this is who I am, who the fuck are you ? Pour des gens qui n'ont pas l'habitude de ces milieux-là, ça peut paraître un peu obscur, parce que déjà, moi je me souviens de la première fois qu'on m'a proposé quelque chose à prix libre, j'ai dit ok, ça coûte combien du coup ? Il n'y avait pas de réalité dans prix libre, et en fait déjà de confronter les gens dès l'accueil au prix libre... Ça pousse à une réflexion, quand t'arrives dans les toilettes et qu'il y a des messages sur les VSS ou sur si le seau il est plein, tu vas le vider et c'est des toilettes sèches, enfin il y a des gens, ce serait impossible pour eux, mais ça appelle à une réflexion sur un petit mot, sur une manière de faire. Je pense qu'il y a des gens que ça doit troubler d'arriver dans ce genre de milieu parce que nos événements nous ressemblent quand même vachement et sont quand même dans un truc très alternatif et très politique. La parité compte énormément pour nous. Ça fait partie des sujets qui, pour nous, sont à travailler, auxquels on apporte vraiment une attention sur toutes nos programmations et puis même sur nos manières de faire des événements, de s'intéresser à avoir des équipes dédiées au VSS, de mettre en place un endroit le plus safe possible. C'est un vrai travail. On apprend à chaque étape à faire encore mieux. et à s'ouvrir à des sujets où le souci du validisme, c'est vachement plus compliqué à gérer quand on est sur un terrain comme ça. Avec mon vécu, avec ma manière de voir et de penser, je sais que quand j'arrive dans un lieu comme ça, je me dis « Oh, je suis chez moi ! » Mais en fait, des gens qui n'ont pas du tout l'habitude de ça, enfin, je sais que moi, ça m'amuse beaucoup d'inviter des gens qui n'ont pas du tout l'habitude de la campagne. J'ai invité une copine à mixer, sa meuf, elle a vu les toilettes sèches, elle a dit « Oh, c'est comme dans Shrek ! » Et j'étais là « Waouh ! » Musique Mon petit frère il est arrivé avec ses potes, ils étaient six mecs de Paris qui arrivent. C'est là, ça y est on est en classe verte, enfin vraiment. Ils se sont jamais confrontés à la ruralité, ils se sont jamais confrontés à ce mode de vie. Et du coup, eux ça les confronte à ça. Et autant les gens du coin, ils vont être habitués à d'autres choses, beaucoup plus conventionnelles. Et donc je pense que ça trouble plein de gens. Mais c'est juste en leur ouvrant les portes de chez nous. qu'on les trouble et qu'on les pousse à la discussion, à la réflexion. Mais nous, en tout cas, on a juste créé un lieu où on sent comme à la maison.

  • Speaker #2

    Merci à Chloé et au collectif Dubaï de nous avoir fait découvrir leurs activités en milieu rural. En sillonnant le limousin, nous avons rencontré des artisans, des initiatives et des modèles inspirants qui méritent d'être partagés. Cette semaine, lumière sur la brasserie artisanale GEM7, près d'Oratour-sur-Vert en Haute-Dienne. GEM7 est une nanobrasserie engagée dans une démarche biologique et zéro déchet. Elle propose des bières bio aux recettes uniques. Toutes les étapes de production, de l'élaboration des recettes à l'étiquetage, sont réalisées sur place avec des matériaux écologiques. La brasserie est ouverte au public le samedi matin de 9h30 à 12h pour la vente à emporter et propose aussi des visites guidées avec dégustation sur rendez-vous. Passez y faire un tour si vous êtes dans le coin ou rendez-vous sur leur site internet brasseriegem7.fr Réalisation Claire Ausha Mixage et sonorisation Les Ateliers Lucifer Musique originale Moby Production L'association Touva Blanc Production Le plancher des vaches existe grâce à vous. Pour soutenir Tout va bien production, adhérer ou faire un don, rendez-vous sur toutvabienproduction.fr. Ensemble, faisons entendre d'autres voix.

Description

🚜✨Aujourd'hui nous allons dans l'Ouest du Limousin, chez Chloé qui habite dans un lieu de vie culturel. 

Chloé s'est installée ici pour faire la fête. Professionnelle du spectacle, elle a rejoint un collectif alternatif et créatif, qui s'est donné pour mission d'ambiancer la campagne. 

A la croisée des cultures et des générations, des ballots de foin et des paillettes, elle a trouvé un mode de vie qui lui plait

Après quelques minutes de route au milieu des champs, nous la retrouvons chez elle, dans sa maison, pour nous raconter sa vie à la campagne.


En sillonnant le Limousin, nous avons rencontré des artisans, des initiatives et des modèles inspirants qui méritent d’être partagés. 

🌿💚 Cette semaine lumière sur la Brasserie Artisanale Gemm’7, près d'Oradour-sur-Vayres en Haute-Vienne. Gemm’7 est une nano-brasserie engagée dans une démarche écologique et zéro déchet. Elle propose des bières bios aux recettes uniques. Toutes les étapes de production, de l'élaboration des recettes à l'étiquetage, sont réalisées sur place avec des matériaux écologiques. 

La brasserie est ouverte au public le samedi matin de 9h30 à 12h pour la vente à emporter, et propose aussi des visites guidées avec dégustation sur rendez-vous. 

Passez y faire un tour si vous êtes dans le coin ou rendez-vous sur leur site internet : https://brasseriegemm7.fr


Le Plancher des Vaches existe grâce à vous ! Pour soutenir Tout Va Bien Production, adhérer ou faire un don, rendez-vous sur toutvabienproduction.fr. Ensemble, faisons entendre d’autres voix ! 🚜💛


🎙️ Réalisation : Claire Rochoux
🔊 Mixage & sonorisation : Les Ateliers Lucie Fer
🎼 Musique originale : Moby
🎧 Production : Tout Va Bien Production


📻 Crédits musicaux :

🎵Peggy Gou - Starry night

🎵Hazy Summer Vibes II Hermanos Gutierrez - Esperanza

🎵Roger Miller - King of the road

🎵Nadia Rose -Skowd

🎵Super disco pirata - La Quinta sinfonia de Beethoven

🎵Latasha- Who I am

🎵Sofi Tukker - Awoo

🎵Sampa the great - Final form



Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    On est beaucoup l'été à aller bosser en Suisse pour le Montreux Jazz Festival. Pour des gens qui n'ont pas l'habitude de ces milieux-là, ça peut paraître un peu obscur, parce que déjà, moi je me souviens de la première fois qu'on m'a proposé quelque chose à prix libre, j'ai dit « Ok, ça coûte combien du coup ? » J'avais absolument pas prévu de venir dans le limousin, et même quand on m'a parlé du limousin, j'étais pas...

  • Speaker #1

    Bonjour à tous, et bienvenue sur le plancher des vaches. Aujourd'hui, nous allons chez Chloé, dans un lieu de vie culturel, dans le sud de la Haute-Vienne. Chloé s'est installée ici pour faire la fête. Professionnelle du spectacle, elle a rejoint un collectif alternatif et créatif qui s'est donné pour mission d'ambiancer la campagne. À la croisée des cultures et des générations, des ballots de foin et des paillettes... elle a trouvé un mode de vie qui lui plaît. Après quelques minutes de route au milieu des champs, nous la retrouvons chez elle, dans sa maison, pour nous raconter sa vie à la campagne.

  • Speaker #0

    On est vraiment une tranche d'âge de trentenaire. Tout le monde sait qu'on organise au moins un événement ou deux par an. Et vu que moi j'étais venue pour le FestiMeuf, ça m'allait bien aussi d'être dans ce milieu du spectacle. et de l'événementiel et du coup tous les deux ans on fait un gros festival ici sur notre lieu de vie. Moi c'est l'image que j'ai de ce lieu là, c'est que autant il y a la vie rurale, autant on a vraiment une passion pour la culture. Du coup, il y a Lise qui habitait ici avant, qui a eu mon contact par une amie en commun, parce qu'elle montait ici le FestiMeuf dans le coin, qui est un festival qui est 100% organisé par des meufs, avec 100% de meufs sur scène. Du coup, de base, j'ai fait une formation de technicien du son, et qu'on m'appelle pour faire de la technique, alors que ça fait 10 ans que je n'ai pas fait ça, j'étais un peu impressionnée, mais le fait que ce soit dans un cadre de non-mixité, c'était déjà plus facile, et donc je suis venue comme ça, en touriste, un peu la première année du FestiMeuf et la deuxième année. Donc je venais en camion et ça me permettait d'être là, d'avoir mon cocon mais de découvrir un peu le lieu. En gros ici on est une quinzaine d'habitants et habitantes. Le lieu a été acheté par le frère d'un des habitants et du coup nous on paye un loyer. Et chacun a son habitat, en gros la maison que vous avez vu c'est la maison commune où il y a salon, cuisine, salle de bain et un grand dortoir. pour les gens de passage. Et nous, on vit tous dans des petits espaces comme ça, des cabanes, des caravanes. Et on a un rythme qui fait qu'on est vachement en commun. On mange ensemble le midi et le soir. Donc ça nous lie vachement. Et même le fonctionnement, toutes les semaines, on fait une réunion d'un peu les choses à faire pour savoir qui sort les poubelles, qui nourrit les poules, mais plein d'autres choses très factuelles. Mais du coup, ça fait qu'on fait beaucoup de choses ensemble. Il y a une partie des gens qui travaillent un peu à l'extérieur, mais peu en fait. Et donc on est vachement à la maison. Donc on vit vachement ici. Après, ce qui nous rapproche, ça a été vraiment... Enfin, ça s'est fait au feeling parce qu'on avait des atomes crochus. Et puis d'utiliser les extérieurs aussi. Justement, on réfléchissait à cette grange. On va tous à Aurillac l'été pour aller découvrir des nouveaux spectacles. Il y en a qui sont jongleurs, magiciens, marionnettistes à la maison. Donc ils ont ce truc du spectacle. Il y en a certains qui sont techniciens comme moi. ou plein d'autres. On est beaucoup l'été à aller bosser en Suisse pour le Montreux Jazz Festival, où on fait de la déco. Enfin, on est quand même beaucoup à avoir un lien même professionnel avec le milieu du spectacle, sans être régisseur, technicien du son ou lumière. Dans ces murs, l'imaginaire va directement vers ça. On ne se dit pas, ben là, ça ferait un super atelier de couture. Bon, il y a un atelier de couture ici, hein. Mais la grange, c'est le plus grand des espaces, on l'imagine, pour faire du cirque, pour faire des concerts. On va dire que moi l'image que j'en ai c'est qu'il y a des lieux qui sont plus autour de la famille où il y a aussi des enfants, où ils ont des maisons à part entière les uns des autres Là ils sont vachement sur le jardin, les plantes, les fruitiers, de faire des plantes séchées On est plutôt sur la fête Musique

  • Speaker #1

    Pourquoi la campagne pour faire la fête ?

  • Speaker #0

    Je pense que la plupart ont agrandi à Paris. Et du coup, il y a quand même ce truc de sortir de la ville. Certains qui ont quitté Paris en premier, ils avaient des points d'attache avec la région. Donc ils ont commencé à venir, se confronter un peu à la réalité, je pense, de ce que c'est que la ruralité. Moi, c'est différent parce que je suis arrivée ici et ça faisait déjà dix ans que j'avais quitté la ville parce que ça faisait dix ans que j'étais nomade et que je vivais en camion. J'avais déjà quitté la ville, mais j'avais zéro ancrage dans un lieu fixe. Et c'est un peu la première fois que j'ai un lieu fixe. Et que ce soit la campagne, en fait, c'est pratique pour nous les nomades, et c'est pratique en camion, parce qu'on ne peut pas circuler en ville. Mais ouais, je pense que d'être à la campagne, ça permet d'avoir de la place, de l'espace. Et après, c'est vrai, l'idée de la fête, c'est ça aussi. Il y a une possibilité de faire la fête parce qu'il y a l'espace. Enfin, on ne peut pas monter un chapiteau en ville comme ça. Et chaque espace est approprié, privé. Là, ça nous permet d'avoir des espaces dix fois plus grands que si on était... entourée de voisins, de villes et de propriétaires.

  • Speaker #1

    C'est ça, il y a moins de contraintes du coup pour pouvoir organiser des événements ?

  • Speaker #0

    Oui et non, parce qu'on a les mêmes contraintes légales que partout en France, mais il y a moins de voisins avec qui négocier, ce qui ne veut pas dire que les voisins sont plus tolérants non plus. Donc on rentre dans des grandes négociations, et puis en plus la discussion avec un collectif, ce n'est pas pareil que la discussion d'une personne à une autre en voisin, c'est-à-dire que nous on doit prendre le temps de réfléchir, de parler ensemble, de savoir quelles idées on a envie de mettre en avant, quels mots on va choisir pour que ce soit bien compris. Night, stars, sun, moment, ocean, starlight, moment, now, us.

  • Speaker #1

    Du coup, il y a beaucoup de tensions avec les voisins ?

  • Speaker #0

    Au contraire, je pense qu'il y a plein de gens qui ont une bonne image du lieu parce que ce truc de vie commune, sans appeler à la fête complètement, mais du coup, il y a le marché nocturne l'été qui s'appelle le Mardiniac et où on s'organise pour qu'il y ait une cantine à prix libre, un bar et des artistes qui viennent, ça peut être du théâtre, de la conférence gesticulée, de la musique. Et on travaille beaucoup sur cette programmation, l'accueil de ces artistes et le fait de tenir la cantine et le bar. Et du coup, ça amène quelque chose de jovial à ce petit marché avec trois artisans dans le village. Et donc, ils ont quand même cette image-là de donner un peu de vie. Mais en vrai, on apprend tous les jours que certains ont quelque chose contre nous. Moi, je n'en avais pas du tout conscience en arrivant ici. Parce que même si on est connecté à pas mal de lieux, il n'y a pas beaucoup de lieux où croiser les gens qui ne font pas partie de notre réseau. Et du coup, on n'entend pas les médisances qu'il peut y avoir.

  • Speaker #1

    Oui, c'est ça. Vous pouvez vivre un peu tout seul ici, sans croiser trop de gens de l'extérieur, et du coup, sans connaître forcément leurs ressentis, et sans avoir l'impression que même vous les impactez d'une façon ou d'une autre.

  • Speaker #0

    Oui, c'est un peu vrai, mais il y a quand même un principe à Dubaï qui est de ne pas arriver en conquérant néo-ruraux. Du coup, on a quand même pas mal de liens qui se créent, mais ce n'est pas forcément vraiment sur les voisins, sur les gens les plus proches. Mais du coup, on a des copains qui sont couvreurs et qui font pas mal de chantier dans les fermes autour. Ils passent des semaines, voire des mois chez des gens. Et du coup, ils vont chez les gens pour travailler. Et en plus, c'est avec des métiers qui sont reconnus. Il y en a qui pensent qu'on vit d'amour et d'eau fraîche, ou alors qu'on se fait du fric sur nos événements, ce qui est faux, parce que la plupart du temps on perd plus d'argent que ce qu'on en gagne. Il y a aussi des personnes qui travaillent la terre, qui ont des légumes, et avec qui on a un lien où on va les aider, on peut arriver à 10 pendant une journée ou deux, à désherber, ramasser les patates, ou des choses comme ça. Et en échange ils nous filent des légumes qui ne vont pas au marché, ce qu'il leur reste, et du coup ça fait un échange où ils ont une main d'oeuvre, et du jour au lendemain, je pense aux légumes, mais il y a aussi tirer le fumier dans une autre ferme. où du coup on a ce lien-là avec pas mal de gens, et ça fait qu'on n'est pas déconnectés. Enfin, des travaux de la campagne, ou des générations, ça nous tient à cœur en tout cas de ne pas être déconnectés de ça.

  • Speaker #1

    Il faut travailler aussi à faire du lien avec les gens.

  • Speaker #0

    Ouais, et puis certains plus que d'autres, je pense à Marius qui fait du foot dans le village à côté, du coup il connaît tous les mecs du foot qui sont à côté, ça joue énormément. Mais après c'est vrai, pour moi ta question elle est juste parce que c'est vrai que tu peux vivre ici sans être en contact avec les gens forcément. Enfin c'est possible, mais nous on se protège. de ça, parce que justement cette autarcie des néo-ruraux ça nous paraît absurde c'est déconnecté de là où t'es on a créé une pride, on change de ville tous les ans et du coup c'est-à-dire que tous les ans on doit se confronter à un nouveau maire ou une nouvelle mairesse de pouvoir vendre cette idée-là et du coup ça fait parler de politique forcément du rapport à l'homophobie et c'est avec les gens du coin et pour les gens du coin alors moi je suis pas d'ici mais la plupart des gens avec qui on bosse sur ce projet projet-là, c'est des gens d'ici, donc ils nous racontent, moi ça me permet de comprendre, ça m'a appris de la ruralité, d'avoir ce genre de discussion, parce que quand il y a un mec qui te raconte qu'est-ce que c'est d'être PD ici, quand t'as grandi ici, pourquoi ils sont partis, et où, pourquoi ils sont revenus, et ben ça apprend énormément d'ici, du regard des autres, quelque chose que moi j'ai pas du tout vécu, donc ça me permet d'apprendre et de comprendre où j'habite maintenant. Musique Moi j'ai vu plus en ville parce que j'ai eu ce rythme de vie nomade donc c'est vraiment spécifique au mouvement plus qu'autre chose Je pense que j'aurais pas quitté la ville pour un lieu fixe en campagne J'aurais eu trop peur J'aurais eu trop peur justement d'être... Enfin je bosse dans le spectacle, d'être perdue en campagne Tous les gens que j'ai vu faire ça C'est vraiment perdu en campagne. C'est pas... Enfin, le mot, il veut dire quelque chose. Et du coup, la plupart des gens que j'ai vus autour de moi qui ont fait ça font des allers-retours, en fait, entre la ville et la campagne. Je trouve que tu t'intègres moins, justement, à ton lieu de vie. Nous, si on est intégrés, comme je disais tout à l'heure, avec les gens du coin, si on arrive à travailler, à améliorer, à retaper ces granges, cette maison... Vraiment lui donner vie, c'est parce qu'on est très présent. Je vois les intermittents du spectacle qui vont bosser à Paris et qui rentrent, ils sont exténués, ils ne sont pas du tout là à se dire je vais aller retaper ma grange. C'est juste le moment d'être dans sa bulle, mais il y a un peu moins de connexion. Enfin, on en revient à ce qu'on disait tout à l'heure, à être moins connecté à ce qui se passe autour et à pouvoir vivre en autarcie. Mais un refuge, ça peut être intéressant, je pense. Enfin, je n'ai pas de jugement sur ça, mais de dire que pour moi, c'est quelque chose qui ne me correspondrait pas. parce que j'aurais l'impression de vivre à moitié de choses au lieu de le vivre complètement. Et c'est ça que le nomadisme m'a apporté, c'est de vivre chaque étape complètement. C'est un pied-à-terre où je suis avec des gens que j'aime vraiment, avec qui je suis à l'aise, avec qui on construit quelque chose. Mais j'ai gardé ce truc de nomadisme parce que j'avais mon camion et que je bosse sur des événements dans plusieurs régions de France. Mais depuis cet été, je n'ai plus de camion donc je me suis d'autant plus posée. Ça m'a permis de réaliser que j'avais envie de m'installer beaucoup plus ici. Vu qu'on a plein de projets, ça laisse le temps d'avancer sur... Enfin, c'est un projet à part entière cette vie collective et du coup ça permet de donner du temps, autant aux animaux, aux humains, aux murs... Et pour moi, je gagne parce que je gagne en connexion, comme je disais, de vivre plus profondément ma relation avec le lieu et les habitants. Mais je suis encore nomade. Enfin, je le sais. Je sais parce que je suis trop engagée sur des événements. Enfin, j'ai trop de projets en parallèle pour ne plus bouger. Mais c'est vrai que d'être ici, ça me permet d'avoir moins l'impression d'être juste de passage. Mais c'est vrai que ça m'attache à la maison, ça ne m'attache pas forcément au département, à la région. Avec la Pride, c'est vrai que ce truc de faire des événements dans une ville différente à chaque fois, et du coup dans un département différent, et de passer de la Haute-Vienne à la Dordogne, c'est vrai que ça permet déjà de bouger, d'aller dans des villes qu'on connaît moins, et de se rendre compte que... Voilà, il y a des trucs, bon peut-être qu'il faut mettre trois quarts d'heure sur la route, mais ça permet d'explorer un peu. I ain't got no cigarettes, I've got two hours of pushing from by the... J'avais absolument pas prévu de venir dans le limousin, et même quand on m'a parlé du limousin, j'étais pas... Je pense que j'ai eu des idées de lieux où m'arrêter, mais je pense que jamais ça aurait été ici. Pourquoi pas ? Je sais pas comment dire, mais j'ai une limitation nord-sud dans ma tête qui fait qu'il faut que je sois dans le sud. Ma limite était un peu en dessous, c'était plutôt au niveau de Bordeaux, et du coup on est un peu au-dessus. J'ai vécu à Marseille et la lumière, cette image de la météo. Ici, une fausse image dans le sens où j'imaginais que c'était très plat. Et moi, c'est des paysages qui ne me plaisent pas, où j'aime bien être au pied des montagnes ou dans les collines. Et en fait, j'ai réalisé en vivant ici que ce n'était pas plat. Enfin, on n'est pas aux portes de Poitiers ou dans le Berry, où c'est de la monoculture. Là, encore moins, je pense que dans le Berry, c'est... Là, j'ai merveillé tout, au complet. Ici, en fait, j'ai découvert que c'était quand même vallonné et que du coup, je ne connaissais pas, en fait. et que j'en avais une image que je tire de fantasme en fait. Et c'est vrai qu'on s'est souvent demandé qui a envie de rester, qui a l'impression qu'il va rester pendant 10 ans, pendant 20 ans pour toujours ou juste c'est une période de quelques années. Et moi je me suis souvent demandé du coup pour pouvoir réfléchir avec les autres. Et j'avais ce truc de vraiment, j'avais fait un point de fixation sur l'Ariège, donc je me suis dit, c'est un temps de passage et je vais aller en Ariège. Et plus je vis ici, plus mon idée se rapproche d'ici en me disant, bon bah peut-être la Dordogne alors, c'est moins loin de Dubaï. Ce réseau-là, c'est une chance, c'est une richesse que vraiment, en 10 ans sur la route, je n'ai pas trouvé quoi.

  • Speaker #1

    J'aimerais revenir sur la fête. Quel genre d'événement vous organisez ?

  • Speaker #0

    La Pride, le Festimuff, les Mardiniacs, c'est des choses qui sont en dehors du lieu, à 15 bornes mais qui ne sont pas chez nous. Après, le dernier événement qu'on a fait, ça s'appelait Rap ta grange. On a fait un événement 100% rap parce qu'on est quelques-uns à être fans de rap et à vouloir dédier un événement vraiment au rap. Et c'est la première fois qu'on utilisait la grange comme salle de spectacle vraiment en complet. Maintenant qu'on a fait la dalle, que ça ressemble vraiment à une salle et il nous reste des choses à faire. Mais on pouvait vraiment l'utiliser pour 12 heures de concert. On a fait venir des artistes de loin, enfin de loin, de Paris, de Marseille, de Lille. Mais on a aussi appelé les rappeurs de Limoges, de La Creuse, etc. Et en fait, le fait que ça se fasse à la maison, entre guillemets, ça a permis cette rencontre-là. où certains artistes qu'on a invités, nous on les a vus sur scène il y a 20 ans, c'est des anciens, c'est des références du rap, et qui viennent ici et qui se retrouvent à être les deux pieds dans la boue, la voiture qui s'embourbe sur le parking, et ça les met dans une ambiance tout de suite. Mais du coup il y a ce truc où ils partagent tout avec nous, le café le matin, ils ne sont pas dans un hôtel complètement déconnectés de là où ils sont, et ça a créé des interactions entre les artistes, entre eux, qui viennent de régions différentes. d'être dans une ambiance beaucoup plus détendue entre les artistes et les habitants et même avec le public. Et du coup, moi je trouve que ça crée une cohésion. Pour moi, c'est ça qui a rendu cet événement complètement mythique. Certains artistes jouaient chez nous et être au petit déjà avec nous, se permettre de sortir des jeux de société et puis se lancer un jeu de société avec un ou une habitante. On se dit waouh ! Vraiment comme à la maison Alors que c'est du rap et qu'il y a plein de gens qui sont ultra réfractaires à ce style Même des habitantes ou habitants de la maison Qui n'aiment pas spécialement le rap Et qui nous ont dit on a passé une super soirée Après tous les deux ans on organise le Dubai Y Qui est du coup l'événement de Dubaï Et là on prend vraiment toute la superficie de notre terrain Il y a un chapiteau dans le jardin derrière, il y a un labyrinthe qui est créé dans les arbres et dans chaque pièce du labyrinthe, il peut y avoir des pièces comme des jeux, des salons de thé, des DJ cachés dans le labyrinthe. Il y a du théâtre, il y a pas mal de techno, mais aussi des concerts, des cabarets. On essaye, grâce à notre réseau, de créer un truc assez complet où chacun peut y passer en fonction du moment de la journée. Il y aura des ambiances différentes. et ça c'est sur 2-3 jours au moins Alors que Raptagranche, c'était 12h, de 18h à 6h du mat. Et voilà, il fallait rentrer toute la programmation là-dedans. Alors que sur le Dubai Y, on a un temps beaucoup plus étiré. On demande à la grille de nous laisser le champ derrière pour avoir un grand parking. Et donc, il peut y avoir des centaines de personnes qui viennent à la maison. Et ça crée vraiment une ambiance de festival. Alors que pour nous, il y a nos toilettes sèches en face et on est comme à la maison comme tous les jours. Mais sauf qu'il y a des centaines de personnes dans le jardin. Quand on fait venir des gens, des artistes... Dire qu'ils ne sont pas habitués justement à la vie à la campagne, ça fait une porte aussi d'ouverture, de voir que... Enfin, c'est un peu un double enjeu, c'est aussi d'amener des gens qui ne viennent pas de la campagne jouer à la campagne et d'apporter ça à la campagne pour les gens qui sont obligés de faire des kilomètres à chaque fois pour voir un concert et déjà de payer le gasoil pour aller jusqu'à Limoges ou Périgueux et en plus de payer une place qui vaut des thunes alors que nous, 99% des événements qu'on fait sont à prix libre. Donc, sont accessibles à tous, c'est vraiment, l'idée de la culture accessible à tous, ça fait partie du centre de la chose, mais il y a différentes manières de le faire. Je bosse sur un événement qui est aussi à la campagne, qui est en Auvergne, qui est aussi à prix libre, mais c'est pas dans un lieu de vie, c'est dans un champ, et du coup, il y a beaucoup plus ce côté éphémère, et ça, ça existe, mais là, de le faire dans nos murs, c'est autre chose, et ça permet aux gens de découvrir.

  • Speaker #2

    Vous avez combien d'hectares ?

  • Speaker #0

    Mais pas tant que ça en fait, puisque il y a le champ qui est vraiment pas loin derrière, la route qui passe là. Je sais pas, je dirais deux, deux et demi. Pour organiser des événements cinq fois par an, je sais que des fois on se retrouve avec moins de personnes que prévu, comme avec le Raptagrange où du coup les gens se sont pas forcément déplacés, parce que justement faire déplacer des gens pour venir à la campagne, il y avait des gens qui venaient de Limoges, même plusieurs, qui se sont organisés pour remplir une voiture et être sûrs d'être cinq. et faire l'aller-retour et pas trop picoler. Ça, c'est une organisation. Il y en a pas mal qui l'ont fait parce qu'ils viennent du milieu du graphe et ils savent qu'il y avait du graffiti ici, il y avait des espaces dédiés à des graffeurs qu'on n'avait pas programmés et ça les amuse de venir dans des événements où ils vont pouvoir taguer un truc. Mais ça demande une organisation dans ce sens-là aussi, comme nous, ça nous demande du temps et de l'essence et de l'organisation d'aller à Limoges.

  • Speaker #1

    Je demande à Chloé si elle se fait des sorties culturelles ici.

  • Speaker #0

    On voit des choses qui sont faites à Nexon. Il y a le cirque, mais à côté il y a un petit espace qui a été réapproprié, qui s'appelle la cantine, où ils font aussi des projections cinéma avec une asso. Et nous, on est allés là-bas pour voir la projection d'un moyen-métrage d'un ami à nous. Et je n'étais jamais allée dans ce lieu. Je ne savais même pas qu'il y avait des projections cinéma là-bas. Quand on y est allé, on était au moins une dizaine, parce que c'était un pote à nous qui est réalisateur et qu'on voulait l'entendre parler de son film. Il nous a dit, je n'ai jamais vu autant de personnes dans la salle, parce qu'on était à dix. Et il y a peut-être quatre personnes du village qui sont venues. Mais du coup, il y a des choses qui prennent moins aussi. Après, moi, j'ai l'impression que ça prend plus sur ce qu'on organise. Parce qu'on fait un gros travail de com, parce qu'on est aussi dans un credo de génération, qui parle aussi à notre génération, qui a encore la mobilité, mais aussi parce qu'on a un réseau un peu national, et donc on veut venir nos potes de loin. Donc il y a ce truc-là où tu as l'impression qu'il y a du monde et que ça fonctionne, mais en fait ce n'est pas forcément que des gens du coin qui sont là. Plus j'habite ici, plus j'élargis le réseau. Moi ce qui va m'intéresser c'est quand c'est politique. Quand ça parle de féminisme, d'LGBT, donc dès que dans la Creuse il y a un événement ou quoi, je me dis bah tiens, je pourrais faire 100 bornes de plus s'il faut, parce que je sais que ça peut créer un lien justement, parce que j'ai envie d'encourager et soutenir des lieux ou des collectifs qui font des choses comme ça. Mais il y en a un peu, je sais qu'il y a un festival ariac de rock où je suis allée cette année, ça s'appelle Farmfest, et voilà, j'y étais jamais allée, j'ai vu que le public était pas le même, il y a un truc beaucoup plus local que nous. Mais pour nous c'est intéressant d'y aller aussi, bah déjà pour se faire voir. parce qu'en fait le lien se crée quand on se connaît et pour se connaître je pense qu'il faut aller à la rencontre des autres et soutenir aussi les initiatives. Je crois que c'était cet été, à Saint-Irie, il y avait un DJ, mais type DJ de mariage, enfin le truc de mon point de vue très kitsch, et en fait on avait en résidence une équipe de Batukada à Dubaï, et ils ont joué dans plusieurs lieux, dont Saint-Irie ce jour-là, du coup nous on y est allés pour soutenir la Batukada, et on s'est retrouvés à danser sur des sons des années 80 au milieu de Saint-Irie. En fait on n'y serait pas allés s'il n'y avait pas justement ces artistes qui viennent ici, qui répètent, à qui on donne des contacts dans la région, on essaye en tout cas. en tout cas avec les copains avec qui on fait pas mal de programmation, si on déplace quelqu'un jusqu'ici, on essaye... de lui proposer trois dates. Se dire, quitte à venir jusqu'ici, autant toucher plusieurs publics différents, faire jouer et gagner aussi un peu d'argent en ayant quelques dates. Vu qu'on a cette facilité de loger les gens avec tous nos espaces, on permet ça. Mais c'est vrai que je ne serais jamais allée à Saint-Thierry écouter le DJ s'il n'y avait pas les copains de la Batucada. Musique Musique On va essayer de s'immiscer un peu dans ces programmations. Très ce réseau-là, c'est aussi pour ajouter notre grain de sel.

  • Speaker #1

    Inviter des rappeurs dans une grange, j'imagine qu'ils sont plutôt habitués, je dis ils en plus parce que j'imagine que c'est un milieu plutôt masculin.

  • Speaker #0

    On a presque involontairement invité autant de femmes que d'hommes. C'est aussi en ça que je dis ajouter notre grain de sel, c'est que moi j'écoute du rap quotidiennement, la plupart des personnes que j'écoute c'est des femmes, et du coup, spontanément, si je propose quelqu'un, c'est quelqu'un qui me représente, donc une femme qui fait du rap. Pour moi, ce n'est pas original. This is who I am, this is what I do, this is who I am, I'm the living proof. This is who I am, this is what I do, this is who I am, who the fuck are you ? Pour des gens qui n'ont pas l'habitude de ces milieux-là, ça peut paraître un peu obscur, parce que déjà, moi je me souviens de la première fois qu'on m'a proposé quelque chose à prix libre, j'ai dit ok, ça coûte combien du coup ? Il n'y avait pas de réalité dans prix libre, et en fait déjà de confronter les gens dès l'accueil au prix libre... Ça pousse à une réflexion, quand t'arrives dans les toilettes et qu'il y a des messages sur les VSS ou sur si le seau il est plein, tu vas le vider et c'est des toilettes sèches, enfin il y a des gens, ce serait impossible pour eux, mais ça appelle à une réflexion sur un petit mot, sur une manière de faire. Je pense qu'il y a des gens que ça doit troubler d'arriver dans ce genre de milieu parce que nos événements nous ressemblent quand même vachement et sont quand même dans un truc très alternatif et très politique. La parité compte énormément pour nous. Ça fait partie des sujets qui, pour nous, sont à travailler, auxquels on apporte vraiment une attention sur toutes nos programmations et puis même sur nos manières de faire des événements, de s'intéresser à avoir des équipes dédiées au VSS, de mettre en place un endroit le plus safe possible. C'est un vrai travail. On apprend à chaque étape à faire encore mieux. et à s'ouvrir à des sujets où le souci du validisme, c'est vachement plus compliqué à gérer quand on est sur un terrain comme ça. Avec mon vécu, avec ma manière de voir et de penser, je sais que quand j'arrive dans un lieu comme ça, je me dis « Oh, je suis chez moi ! » Mais en fait, des gens qui n'ont pas du tout l'habitude de ça, enfin, je sais que moi, ça m'amuse beaucoup d'inviter des gens qui n'ont pas du tout l'habitude de la campagne. J'ai invité une copine à mixer, sa meuf, elle a vu les toilettes sèches, elle a dit « Oh, c'est comme dans Shrek ! » Et j'étais là « Waouh ! » Musique Mon petit frère il est arrivé avec ses potes, ils étaient six mecs de Paris qui arrivent. C'est là, ça y est on est en classe verte, enfin vraiment. Ils se sont jamais confrontés à la ruralité, ils se sont jamais confrontés à ce mode de vie. Et du coup, eux ça les confronte à ça. Et autant les gens du coin, ils vont être habitués à d'autres choses, beaucoup plus conventionnelles. Et donc je pense que ça trouble plein de gens. Mais c'est juste en leur ouvrant les portes de chez nous. qu'on les trouble et qu'on les pousse à la discussion, à la réflexion. Mais nous, en tout cas, on a juste créé un lieu où on sent comme à la maison.

  • Speaker #2

    Merci à Chloé et au collectif Dubaï de nous avoir fait découvrir leurs activités en milieu rural. En sillonnant le limousin, nous avons rencontré des artisans, des initiatives et des modèles inspirants qui méritent d'être partagés. Cette semaine, lumière sur la brasserie artisanale GEM7, près d'Oratour-sur-Vert en Haute-Dienne. GEM7 est une nanobrasserie engagée dans une démarche biologique et zéro déchet. Elle propose des bières bio aux recettes uniques. Toutes les étapes de production, de l'élaboration des recettes à l'étiquetage, sont réalisées sur place avec des matériaux écologiques. La brasserie est ouverte au public le samedi matin de 9h30 à 12h pour la vente à emporter et propose aussi des visites guidées avec dégustation sur rendez-vous. Passez y faire un tour si vous êtes dans le coin ou rendez-vous sur leur site internet brasseriegem7.fr Réalisation Claire Ausha Mixage et sonorisation Les Ateliers Lucifer Musique originale Moby Production L'association Touva Blanc Production Le plancher des vaches existe grâce à vous. Pour soutenir Tout va bien production, adhérer ou faire un don, rendez-vous sur toutvabienproduction.fr. Ensemble, faisons entendre d'autres voix.

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Description

🚜✨Aujourd'hui nous allons dans l'Ouest du Limousin, chez Chloé qui habite dans un lieu de vie culturel. 

Chloé s'est installée ici pour faire la fête. Professionnelle du spectacle, elle a rejoint un collectif alternatif et créatif, qui s'est donné pour mission d'ambiancer la campagne. 

A la croisée des cultures et des générations, des ballots de foin et des paillettes, elle a trouvé un mode de vie qui lui plait

Après quelques minutes de route au milieu des champs, nous la retrouvons chez elle, dans sa maison, pour nous raconter sa vie à la campagne.


En sillonnant le Limousin, nous avons rencontré des artisans, des initiatives et des modèles inspirants qui méritent d’être partagés. 

🌿💚 Cette semaine lumière sur la Brasserie Artisanale Gemm’7, près d'Oradour-sur-Vayres en Haute-Vienne. Gemm’7 est une nano-brasserie engagée dans une démarche écologique et zéro déchet. Elle propose des bières bios aux recettes uniques. Toutes les étapes de production, de l'élaboration des recettes à l'étiquetage, sont réalisées sur place avec des matériaux écologiques. 

La brasserie est ouverte au public le samedi matin de 9h30 à 12h pour la vente à emporter, et propose aussi des visites guidées avec dégustation sur rendez-vous. 

Passez y faire un tour si vous êtes dans le coin ou rendez-vous sur leur site internet : https://brasseriegemm7.fr


Le Plancher des Vaches existe grâce à vous ! Pour soutenir Tout Va Bien Production, adhérer ou faire un don, rendez-vous sur toutvabienproduction.fr. Ensemble, faisons entendre d’autres voix ! 🚜💛


🎙️ Réalisation : Claire Rochoux
🔊 Mixage & sonorisation : Les Ateliers Lucie Fer
🎼 Musique originale : Moby
🎧 Production : Tout Va Bien Production


📻 Crédits musicaux :

🎵Peggy Gou - Starry night

🎵Hazy Summer Vibes II Hermanos Gutierrez - Esperanza

🎵Roger Miller - King of the road

🎵Nadia Rose -Skowd

🎵Super disco pirata - La Quinta sinfonia de Beethoven

🎵Latasha- Who I am

🎵Sofi Tukker - Awoo

🎵Sampa the great - Final form



Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    On est beaucoup l'été à aller bosser en Suisse pour le Montreux Jazz Festival. Pour des gens qui n'ont pas l'habitude de ces milieux-là, ça peut paraître un peu obscur, parce que déjà, moi je me souviens de la première fois qu'on m'a proposé quelque chose à prix libre, j'ai dit « Ok, ça coûte combien du coup ? » J'avais absolument pas prévu de venir dans le limousin, et même quand on m'a parlé du limousin, j'étais pas...

  • Speaker #1

    Bonjour à tous, et bienvenue sur le plancher des vaches. Aujourd'hui, nous allons chez Chloé, dans un lieu de vie culturel, dans le sud de la Haute-Vienne. Chloé s'est installée ici pour faire la fête. Professionnelle du spectacle, elle a rejoint un collectif alternatif et créatif qui s'est donné pour mission d'ambiancer la campagne. À la croisée des cultures et des générations, des ballots de foin et des paillettes... elle a trouvé un mode de vie qui lui plaît. Après quelques minutes de route au milieu des champs, nous la retrouvons chez elle, dans sa maison, pour nous raconter sa vie à la campagne.

  • Speaker #0

    On est vraiment une tranche d'âge de trentenaire. Tout le monde sait qu'on organise au moins un événement ou deux par an. Et vu que moi j'étais venue pour le FestiMeuf, ça m'allait bien aussi d'être dans ce milieu du spectacle. et de l'événementiel et du coup tous les deux ans on fait un gros festival ici sur notre lieu de vie. Moi c'est l'image que j'ai de ce lieu là, c'est que autant il y a la vie rurale, autant on a vraiment une passion pour la culture. Du coup, il y a Lise qui habitait ici avant, qui a eu mon contact par une amie en commun, parce qu'elle montait ici le FestiMeuf dans le coin, qui est un festival qui est 100% organisé par des meufs, avec 100% de meufs sur scène. Du coup, de base, j'ai fait une formation de technicien du son, et qu'on m'appelle pour faire de la technique, alors que ça fait 10 ans que je n'ai pas fait ça, j'étais un peu impressionnée, mais le fait que ce soit dans un cadre de non-mixité, c'était déjà plus facile, et donc je suis venue comme ça, en touriste, un peu la première année du FestiMeuf et la deuxième année. Donc je venais en camion et ça me permettait d'être là, d'avoir mon cocon mais de découvrir un peu le lieu. En gros ici on est une quinzaine d'habitants et habitantes. Le lieu a été acheté par le frère d'un des habitants et du coup nous on paye un loyer. Et chacun a son habitat, en gros la maison que vous avez vu c'est la maison commune où il y a salon, cuisine, salle de bain et un grand dortoir. pour les gens de passage. Et nous, on vit tous dans des petits espaces comme ça, des cabanes, des caravanes. Et on a un rythme qui fait qu'on est vachement en commun. On mange ensemble le midi et le soir. Donc ça nous lie vachement. Et même le fonctionnement, toutes les semaines, on fait une réunion d'un peu les choses à faire pour savoir qui sort les poubelles, qui nourrit les poules, mais plein d'autres choses très factuelles. Mais du coup, ça fait qu'on fait beaucoup de choses ensemble. Il y a une partie des gens qui travaillent un peu à l'extérieur, mais peu en fait. Et donc on est vachement à la maison. Donc on vit vachement ici. Après, ce qui nous rapproche, ça a été vraiment... Enfin, ça s'est fait au feeling parce qu'on avait des atomes crochus. Et puis d'utiliser les extérieurs aussi. Justement, on réfléchissait à cette grange. On va tous à Aurillac l'été pour aller découvrir des nouveaux spectacles. Il y en a qui sont jongleurs, magiciens, marionnettistes à la maison. Donc ils ont ce truc du spectacle. Il y en a certains qui sont techniciens comme moi. ou plein d'autres. On est beaucoup l'été à aller bosser en Suisse pour le Montreux Jazz Festival, où on fait de la déco. Enfin, on est quand même beaucoup à avoir un lien même professionnel avec le milieu du spectacle, sans être régisseur, technicien du son ou lumière. Dans ces murs, l'imaginaire va directement vers ça. On ne se dit pas, ben là, ça ferait un super atelier de couture. Bon, il y a un atelier de couture ici, hein. Mais la grange, c'est le plus grand des espaces, on l'imagine, pour faire du cirque, pour faire des concerts. On va dire que moi l'image que j'en ai c'est qu'il y a des lieux qui sont plus autour de la famille où il y a aussi des enfants, où ils ont des maisons à part entière les uns des autres Là ils sont vachement sur le jardin, les plantes, les fruitiers, de faire des plantes séchées On est plutôt sur la fête Musique

  • Speaker #1

    Pourquoi la campagne pour faire la fête ?

  • Speaker #0

    Je pense que la plupart ont agrandi à Paris. Et du coup, il y a quand même ce truc de sortir de la ville. Certains qui ont quitté Paris en premier, ils avaient des points d'attache avec la région. Donc ils ont commencé à venir, se confronter un peu à la réalité, je pense, de ce que c'est que la ruralité. Moi, c'est différent parce que je suis arrivée ici et ça faisait déjà dix ans que j'avais quitté la ville parce que ça faisait dix ans que j'étais nomade et que je vivais en camion. J'avais déjà quitté la ville, mais j'avais zéro ancrage dans un lieu fixe. Et c'est un peu la première fois que j'ai un lieu fixe. Et que ce soit la campagne, en fait, c'est pratique pour nous les nomades, et c'est pratique en camion, parce qu'on ne peut pas circuler en ville. Mais ouais, je pense que d'être à la campagne, ça permet d'avoir de la place, de l'espace. Et après, c'est vrai, l'idée de la fête, c'est ça aussi. Il y a une possibilité de faire la fête parce qu'il y a l'espace. Enfin, on ne peut pas monter un chapiteau en ville comme ça. Et chaque espace est approprié, privé. Là, ça nous permet d'avoir des espaces dix fois plus grands que si on était... entourée de voisins, de villes et de propriétaires.

  • Speaker #1

    C'est ça, il y a moins de contraintes du coup pour pouvoir organiser des événements ?

  • Speaker #0

    Oui et non, parce qu'on a les mêmes contraintes légales que partout en France, mais il y a moins de voisins avec qui négocier, ce qui ne veut pas dire que les voisins sont plus tolérants non plus. Donc on rentre dans des grandes négociations, et puis en plus la discussion avec un collectif, ce n'est pas pareil que la discussion d'une personne à une autre en voisin, c'est-à-dire que nous on doit prendre le temps de réfléchir, de parler ensemble, de savoir quelles idées on a envie de mettre en avant, quels mots on va choisir pour que ce soit bien compris. Night, stars, sun, moment, ocean, starlight, moment, now, us.

  • Speaker #1

    Du coup, il y a beaucoup de tensions avec les voisins ?

  • Speaker #0

    Au contraire, je pense qu'il y a plein de gens qui ont une bonne image du lieu parce que ce truc de vie commune, sans appeler à la fête complètement, mais du coup, il y a le marché nocturne l'été qui s'appelle le Mardiniac et où on s'organise pour qu'il y ait une cantine à prix libre, un bar et des artistes qui viennent, ça peut être du théâtre, de la conférence gesticulée, de la musique. Et on travaille beaucoup sur cette programmation, l'accueil de ces artistes et le fait de tenir la cantine et le bar. Et du coup, ça amène quelque chose de jovial à ce petit marché avec trois artisans dans le village. Et donc, ils ont quand même cette image-là de donner un peu de vie. Mais en vrai, on apprend tous les jours que certains ont quelque chose contre nous. Moi, je n'en avais pas du tout conscience en arrivant ici. Parce que même si on est connecté à pas mal de lieux, il n'y a pas beaucoup de lieux où croiser les gens qui ne font pas partie de notre réseau. Et du coup, on n'entend pas les médisances qu'il peut y avoir.

  • Speaker #1

    Oui, c'est ça. Vous pouvez vivre un peu tout seul ici, sans croiser trop de gens de l'extérieur, et du coup, sans connaître forcément leurs ressentis, et sans avoir l'impression que même vous les impactez d'une façon ou d'une autre.

  • Speaker #0

    Oui, c'est un peu vrai, mais il y a quand même un principe à Dubaï qui est de ne pas arriver en conquérant néo-ruraux. Du coup, on a quand même pas mal de liens qui se créent, mais ce n'est pas forcément vraiment sur les voisins, sur les gens les plus proches. Mais du coup, on a des copains qui sont couvreurs et qui font pas mal de chantier dans les fermes autour. Ils passent des semaines, voire des mois chez des gens. Et du coup, ils vont chez les gens pour travailler. Et en plus, c'est avec des métiers qui sont reconnus. Il y en a qui pensent qu'on vit d'amour et d'eau fraîche, ou alors qu'on se fait du fric sur nos événements, ce qui est faux, parce que la plupart du temps on perd plus d'argent que ce qu'on en gagne. Il y a aussi des personnes qui travaillent la terre, qui ont des légumes, et avec qui on a un lien où on va les aider, on peut arriver à 10 pendant une journée ou deux, à désherber, ramasser les patates, ou des choses comme ça. Et en échange ils nous filent des légumes qui ne vont pas au marché, ce qu'il leur reste, et du coup ça fait un échange où ils ont une main d'oeuvre, et du jour au lendemain, je pense aux légumes, mais il y a aussi tirer le fumier dans une autre ferme. où du coup on a ce lien-là avec pas mal de gens, et ça fait qu'on n'est pas déconnectés. Enfin, des travaux de la campagne, ou des générations, ça nous tient à cœur en tout cas de ne pas être déconnectés de ça.

  • Speaker #1

    Il faut travailler aussi à faire du lien avec les gens.

  • Speaker #0

    Ouais, et puis certains plus que d'autres, je pense à Marius qui fait du foot dans le village à côté, du coup il connaît tous les mecs du foot qui sont à côté, ça joue énormément. Mais après c'est vrai, pour moi ta question elle est juste parce que c'est vrai que tu peux vivre ici sans être en contact avec les gens forcément. Enfin c'est possible, mais nous on se protège. de ça, parce que justement cette autarcie des néo-ruraux ça nous paraît absurde c'est déconnecté de là où t'es on a créé une pride, on change de ville tous les ans et du coup c'est-à-dire que tous les ans on doit se confronter à un nouveau maire ou une nouvelle mairesse de pouvoir vendre cette idée-là et du coup ça fait parler de politique forcément du rapport à l'homophobie et c'est avec les gens du coin et pour les gens du coin alors moi je suis pas d'ici mais la plupart des gens avec qui on bosse sur ce projet projet-là, c'est des gens d'ici, donc ils nous racontent, moi ça me permet de comprendre, ça m'a appris de la ruralité, d'avoir ce genre de discussion, parce que quand il y a un mec qui te raconte qu'est-ce que c'est d'être PD ici, quand t'as grandi ici, pourquoi ils sont partis, et où, pourquoi ils sont revenus, et ben ça apprend énormément d'ici, du regard des autres, quelque chose que moi j'ai pas du tout vécu, donc ça me permet d'apprendre et de comprendre où j'habite maintenant. Musique Moi j'ai vu plus en ville parce que j'ai eu ce rythme de vie nomade donc c'est vraiment spécifique au mouvement plus qu'autre chose Je pense que j'aurais pas quitté la ville pour un lieu fixe en campagne J'aurais eu trop peur J'aurais eu trop peur justement d'être... Enfin je bosse dans le spectacle, d'être perdue en campagne Tous les gens que j'ai vu faire ça C'est vraiment perdu en campagne. C'est pas... Enfin, le mot, il veut dire quelque chose. Et du coup, la plupart des gens que j'ai vus autour de moi qui ont fait ça font des allers-retours, en fait, entre la ville et la campagne. Je trouve que tu t'intègres moins, justement, à ton lieu de vie. Nous, si on est intégrés, comme je disais tout à l'heure, avec les gens du coin, si on arrive à travailler, à améliorer, à retaper ces granges, cette maison... Vraiment lui donner vie, c'est parce qu'on est très présent. Je vois les intermittents du spectacle qui vont bosser à Paris et qui rentrent, ils sont exténués, ils ne sont pas du tout là à se dire je vais aller retaper ma grange. C'est juste le moment d'être dans sa bulle, mais il y a un peu moins de connexion. Enfin, on en revient à ce qu'on disait tout à l'heure, à être moins connecté à ce qui se passe autour et à pouvoir vivre en autarcie. Mais un refuge, ça peut être intéressant, je pense. Enfin, je n'ai pas de jugement sur ça, mais de dire que pour moi, c'est quelque chose qui ne me correspondrait pas. parce que j'aurais l'impression de vivre à moitié de choses au lieu de le vivre complètement. Et c'est ça que le nomadisme m'a apporté, c'est de vivre chaque étape complètement. C'est un pied-à-terre où je suis avec des gens que j'aime vraiment, avec qui je suis à l'aise, avec qui on construit quelque chose. Mais j'ai gardé ce truc de nomadisme parce que j'avais mon camion et que je bosse sur des événements dans plusieurs régions de France. Mais depuis cet été, je n'ai plus de camion donc je me suis d'autant plus posée. Ça m'a permis de réaliser que j'avais envie de m'installer beaucoup plus ici. Vu qu'on a plein de projets, ça laisse le temps d'avancer sur... Enfin, c'est un projet à part entière cette vie collective et du coup ça permet de donner du temps, autant aux animaux, aux humains, aux murs... Et pour moi, je gagne parce que je gagne en connexion, comme je disais, de vivre plus profondément ma relation avec le lieu et les habitants. Mais je suis encore nomade. Enfin, je le sais. Je sais parce que je suis trop engagée sur des événements. Enfin, j'ai trop de projets en parallèle pour ne plus bouger. Mais c'est vrai que d'être ici, ça me permet d'avoir moins l'impression d'être juste de passage. Mais c'est vrai que ça m'attache à la maison, ça ne m'attache pas forcément au département, à la région. Avec la Pride, c'est vrai que ce truc de faire des événements dans une ville différente à chaque fois, et du coup dans un département différent, et de passer de la Haute-Vienne à la Dordogne, c'est vrai que ça permet déjà de bouger, d'aller dans des villes qu'on connaît moins, et de se rendre compte que... Voilà, il y a des trucs, bon peut-être qu'il faut mettre trois quarts d'heure sur la route, mais ça permet d'explorer un peu. I ain't got no cigarettes, I've got two hours of pushing from by the... J'avais absolument pas prévu de venir dans le limousin, et même quand on m'a parlé du limousin, j'étais pas... Je pense que j'ai eu des idées de lieux où m'arrêter, mais je pense que jamais ça aurait été ici. Pourquoi pas ? Je sais pas comment dire, mais j'ai une limitation nord-sud dans ma tête qui fait qu'il faut que je sois dans le sud. Ma limite était un peu en dessous, c'était plutôt au niveau de Bordeaux, et du coup on est un peu au-dessus. J'ai vécu à Marseille et la lumière, cette image de la météo. Ici, une fausse image dans le sens où j'imaginais que c'était très plat. Et moi, c'est des paysages qui ne me plaisent pas, où j'aime bien être au pied des montagnes ou dans les collines. Et en fait, j'ai réalisé en vivant ici que ce n'était pas plat. Enfin, on n'est pas aux portes de Poitiers ou dans le Berry, où c'est de la monoculture. Là, encore moins, je pense que dans le Berry, c'est... Là, j'ai merveillé tout, au complet. Ici, en fait, j'ai découvert que c'était quand même vallonné et que du coup, je ne connaissais pas, en fait. et que j'en avais une image que je tire de fantasme en fait. Et c'est vrai qu'on s'est souvent demandé qui a envie de rester, qui a l'impression qu'il va rester pendant 10 ans, pendant 20 ans pour toujours ou juste c'est une période de quelques années. Et moi je me suis souvent demandé du coup pour pouvoir réfléchir avec les autres. Et j'avais ce truc de vraiment, j'avais fait un point de fixation sur l'Ariège, donc je me suis dit, c'est un temps de passage et je vais aller en Ariège. Et plus je vis ici, plus mon idée se rapproche d'ici en me disant, bon bah peut-être la Dordogne alors, c'est moins loin de Dubaï. Ce réseau-là, c'est une chance, c'est une richesse que vraiment, en 10 ans sur la route, je n'ai pas trouvé quoi.

  • Speaker #1

    J'aimerais revenir sur la fête. Quel genre d'événement vous organisez ?

  • Speaker #0

    La Pride, le Festimuff, les Mardiniacs, c'est des choses qui sont en dehors du lieu, à 15 bornes mais qui ne sont pas chez nous. Après, le dernier événement qu'on a fait, ça s'appelait Rap ta grange. On a fait un événement 100% rap parce qu'on est quelques-uns à être fans de rap et à vouloir dédier un événement vraiment au rap. Et c'est la première fois qu'on utilisait la grange comme salle de spectacle vraiment en complet. Maintenant qu'on a fait la dalle, que ça ressemble vraiment à une salle et il nous reste des choses à faire. Mais on pouvait vraiment l'utiliser pour 12 heures de concert. On a fait venir des artistes de loin, enfin de loin, de Paris, de Marseille, de Lille. Mais on a aussi appelé les rappeurs de Limoges, de La Creuse, etc. Et en fait, le fait que ça se fasse à la maison, entre guillemets, ça a permis cette rencontre-là. où certains artistes qu'on a invités, nous on les a vus sur scène il y a 20 ans, c'est des anciens, c'est des références du rap, et qui viennent ici et qui se retrouvent à être les deux pieds dans la boue, la voiture qui s'embourbe sur le parking, et ça les met dans une ambiance tout de suite. Mais du coup il y a ce truc où ils partagent tout avec nous, le café le matin, ils ne sont pas dans un hôtel complètement déconnectés de là où ils sont, et ça a créé des interactions entre les artistes, entre eux, qui viennent de régions différentes. d'être dans une ambiance beaucoup plus détendue entre les artistes et les habitants et même avec le public. Et du coup, moi je trouve que ça crée une cohésion. Pour moi, c'est ça qui a rendu cet événement complètement mythique. Certains artistes jouaient chez nous et être au petit déjà avec nous, se permettre de sortir des jeux de société et puis se lancer un jeu de société avec un ou une habitante. On se dit waouh ! Vraiment comme à la maison Alors que c'est du rap et qu'il y a plein de gens qui sont ultra réfractaires à ce style Même des habitantes ou habitants de la maison Qui n'aiment pas spécialement le rap Et qui nous ont dit on a passé une super soirée Après tous les deux ans on organise le Dubai Y Qui est du coup l'événement de Dubaï Et là on prend vraiment toute la superficie de notre terrain Il y a un chapiteau dans le jardin derrière, il y a un labyrinthe qui est créé dans les arbres et dans chaque pièce du labyrinthe, il peut y avoir des pièces comme des jeux, des salons de thé, des DJ cachés dans le labyrinthe. Il y a du théâtre, il y a pas mal de techno, mais aussi des concerts, des cabarets. On essaye, grâce à notre réseau, de créer un truc assez complet où chacun peut y passer en fonction du moment de la journée. Il y aura des ambiances différentes. et ça c'est sur 2-3 jours au moins Alors que Raptagranche, c'était 12h, de 18h à 6h du mat. Et voilà, il fallait rentrer toute la programmation là-dedans. Alors que sur le Dubai Y, on a un temps beaucoup plus étiré. On demande à la grille de nous laisser le champ derrière pour avoir un grand parking. Et donc, il peut y avoir des centaines de personnes qui viennent à la maison. Et ça crée vraiment une ambiance de festival. Alors que pour nous, il y a nos toilettes sèches en face et on est comme à la maison comme tous les jours. Mais sauf qu'il y a des centaines de personnes dans le jardin. Quand on fait venir des gens, des artistes... Dire qu'ils ne sont pas habitués justement à la vie à la campagne, ça fait une porte aussi d'ouverture, de voir que... Enfin, c'est un peu un double enjeu, c'est aussi d'amener des gens qui ne viennent pas de la campagne jouer à la campagne et d'apporter ça à la campagne pour les gens qui sont obligés de faire des kilomètres à chaque fois pour voir un concert et déjà de payer le gasoil pour aller jusqu'à Limoges ou Périgueux et en plus de payer une place qui vaut des thunes alors que nous, 99% des événements qu'on fait sont à prix libre. Donc, sont accessibles à tous, c'est vraiment, l'idée de la culture accessible à tous, ça fait partie du centre de la chose, mais il y a différentes manières de le faire. Je bosse sur un événement qui est aussi à la campagne, qui est en Auvergne, qui est aussi à prix libre, mais c'est pas dans un lieu de vie, c'est dans un champ, et du coup, il y a beaucoup plus ce côté éphémère, et ça, ça existe, mais là, de le faire dans nos murs, c'est autre chose, et ça permet aux gens de découvrir.

  • Speaker #2

    Vous avez combien d'hectares ?

  • Speaker #0

    Mais pas tant que ça en fait, puisque il y a le champ qui est vraiment pas loin derrière, la route qui passe là. Je sais pas, je dirais deux, deux et demi. Pour organiser des événements cinq fois par an, je sais que des fois on se retrouve avec moins de personnes que prévu, comme avec le Raptagrange où du coup les gens se sont pas forcément déplacés, parce que justement faire déplacer des gens pour venir à la campagne, il y avait des gens qui venaient de Limoges, même plusieurs, qui se sont organisés pour remplir une voiture et être sûrs d'être cinq. et faire l'aller-retour et pas trop picoler. Ça, c'est une organisation. Il y en a pas mal qui l'ont fait parce qu'ils viennent du milieu du graphe et ils savent qu'il y avait du graffiti ici, il y avait des espaces dédiés à des graffeurs qu'on n'avait pas programmés et ça les amuse de venir dans des événements où ils vont pouvoir taguer un truc. Mais ça demande une organisation dans ce sens-là aussi, comme nous, ça nous demande du temps et de l'essence et de l'organisation d'aller à Limoges.

  • Speaker #1

    Je demande à Chloé si elle se fait des sorties culturelles ici.

  • Speaker #0

    On voit des choses qui sont faites à Nexon. Il y a le cirque, mais à côté il y a un petit espace qui a été réapproprié, qui s'appelle la cantine, où ils font aussi des projections cinéma avec une asso. Et nous, on est allés là-bas pour voir la projection d'un moyen-métrage d'un ami à nous. Et je n'étais jamais allée dans ce lieu. Je ne savais même pas qu'il y avait des projections cinéma là-bas. Quand on y est allé, on était au moins une dizaine, parce que c'était un pote à nous qui est réalisateur et qu'on voulait l'entendre parler de son film. Il nous a dit, je n'ai jamais vu autant de personnes dans la salle, parce qu'on était à dix. Et il y a peut-être quatre personnes du village qui sont venues. Mais du coup, il y a des choses qui prennent moins aussi. Après, moi, j'ai l'impression que ça prend plus sur ce qu'on organise. Parce qu'on fait un gros travail de com, parce qu'on est aussi dans un credo de génération, qui parle aussi à notre génération, qui a encore la mobilité, mais aussi parce qu'on a un réseau un peu national, et donc on veut venir nos potes de loin. Donc il y a ce truc-là où tu as l'impression qu'il y a du monde et que ça fonctionne, mais en fait ce n'est pas forcément que des gens du coin qui sont là. Plus j'habite ici, plus j'élargis le réseau. Moi ce qui va m'intéresser c'est quand c'est politique. Quand ça parle de féminisme, d'LGBT, donc dès que dans la Creuse il y a un événement ou quoi, je me dis bah tiens, je pourrais faire 100 bornes de plus s'il faut, parce que je sais que ça peut créer un lien justement, parce que j'ai envie d'encourager et soutenir des lieux ou des collectifs qui font des choses comme ça. Mais il y en a un peu, je sais qu'il y a un festival ariac de rock où je suis allée cette année, ça s'appelle Farmfest, et voilà, j'y étais jamais allée, j'ai vu que le public était pas le même, il y a un truc beaucoup plus local que nous. Mais pour nous c'est intéressant d'y aller aussi, bah déjà pour se faire voir. parce qu'en fait le lien se crée quand on se connaît et pour se connaître je pense qu'il faut aller à la rencontre des autres et soutenir aussi les initiatives. Je crois que c'était cet été, à Saint-Irie, il y avait un DJ, mais type DJ de mariage, enfin le truc de mon point de vue très kitsch, et en fait on avait en résidence une équipe de Batukada à Dubaï, et ils ont joué dans plusieurs lieux, dont Saint-Irie ce jour-là, du coup nous on y est allés pour soutenir la Batukada, et on s'est retrouvés à danser sur des sons des années 80 au milieu de Saint-Irie. En fait on n'y serait pas allés s'il n'y avait pas justement ces artistes qui viennent ici, qui répètent, à qui on donne des contacts dans la région, on essaye en tout cas. en tout cas avec les copains avec qui on fait pas mal de programmation, si on déplace quelqu'un jusqu'ici, on essaye... de lui proposer trois dates. Se dire, quitte à venir jusqu'ici, autant toucher plusieurs publics différents, faire jouer et gagner aussi un peu d'argent en ayant quelques dates. Vu qu'on a cette facilité de loger les gens avec tous nos espaces, on permet ça. Mais c'est vrai que je ne serais jamais allée à Saint-Thierry écouter le DJ s'il n'y avait pas les copains de la Batucada. Musique Musique On va essayer de s'immiscer un peu dans ces programmations. Très ce réseau-là, c'est aussi pour ajouter notre grain de sel.

  • Speaker #1

    Inviter des rappeurs dans une grange, j'imagine qu'ils sont plutôt habitués, je dis ils en plus parce que j'imagine que c'est un milieu plutôt masculin.

  • Speaker #0

    On a presque involontairement invité autant de femmes que d'hommes. C'est aussi en ça que je dis ajouter notre grain de sel, c'est que moi j'écoute du rap quotidiennement, la plupart des personnes que j'écoute c'est des femmes, et du coup, spontanément, si je propose quelqu'un, c'est quelqu'un qui me représente, donc une femme qui fait du rap. Pour moi, ce n'est pas original. This is who I am, this is what I do, this is who I am, I'm the living proof. This is who I am, this is what I do, this is who I am, who the fuck are you ? Pour des gens qui n'ont pas l'habitude de ces milieux-là, ça peut paraître un peu obscur, parce que déjà, moi je me souviens de la première fois qu'on m'a proposé quelque chose à prix libre, j'ai dit ok, ça coûte combien du coup ? Il n'y avait pas de réalité dans prix libre, et en fait déjà de confronter les gens dès l'accueil au prix libre... Ça pousse à une réflexion, quand t'arrives dans les toilettes et qu'il y a des messages sur les VSS ou sur si le seau il est plein, tu vas le vider et c'est des toilettes sèches, enfin il y a des gens, ce serait impossible pour eux, mais ça appelle à une réflexion sur un petit mot, sur une manière de faire. Je pense qu'il y a des gens que ça doit troubler d'arriver dans ce genre de milieu parce que nos événements nous ressemblent quand même vachement et sont quand même dans un truc très alternatif et très politique. La parité compte énormément pour nous. Ça fait partie des sujets qui, pour nous, sont à travailler, auxquels on apporte vraiment une attention sur toutes nos programmations et puis même sur nos manières de faire des événements, de s'intéresser à avoir des équipes dédiées au VSS, de mettre en place un endroit le plus safe possible. C'est un vrai travail. On apprend à chaque étape à faire encore mieux. et à s'ouvrir à des sujets où le souci du validisme, c'est vachement plus compliqué à gérer quand on est sur un terrain comme ça. Avec mon vécu, avec ma manière de voir et de penser, je sais que quand j'arrive dans un lieu comme ça, je me dis « Oh, je suis chez moi ! » Mais en fait, des gens qui n'ont pas du tout l'habitude de ça, enfin, je sais que moi, ça m'amuse beaucoup d'inviter des gens qui n'ont pas du tout l'habitude de la campagne. J'ai invité une copine à mixer, sa meuf, elle a vu les toilettes sèches, elle a dit « Oh, c'est comme dans Shrek ! » Et j'étais là « Waouh ! » Musique Mon petit frère il est arrivé avec ses potes, ils étaient six mecs de Paris qui arrivent. C'est là, ça y est on est en classe verte, enfin vraiment. Ils se sont jamais confrontés à la ruralité, ils se sont jamais confrontés à ce mode de vie. Et du coup, eux ça les confronte à ça. Et autant les gens du coin, ils vont être habitués à d'autres choses, beaucoup plus conventionnelles. Et donc je pense que ça trouble plein de gens. Mais c'est juste en leur ouvrant les portes de chez nous. qu'on les trouble et qu'on les pousse à la discussion, à la réflexion. Mais nous, en tout cas, on a juste créé un lieu où on sent comme à la maison.

  • Speaker #2

    Merci à Chloé et au collectif Dubaï de nous avoir fait découvrir leurs activités en milieu rural. En sillonnant le limousin, nous avons rencontré des artisans, des initiatives et des modèles inspirants qui méritent d'être partagés. Cette semaine, lumière sur la brasserie artisanale GEM7, près d'Oratour-sur-Vert en Haute-Dienne. GEM7 est une nanobrasserie engagée dans une démarche biologique et zéro déchet. Elle propose des bières bio aux recettes uniques. Toutes les étapes de production, de l'élaboration des recettes à l'étiquetage, sont réalisées sur place avec des matériaux écologiques. La brasserie est ouverte au public le samedi matin de 9h30 à 12h pour la vente à emporter et propose aussi des visites guidées avec dégustation sur rendez-vous. Passez y faire un tour si vous êtes dans le coin ou rendez-vous sur leur site internet brasseriegem7.fr Réalisation Claire Ausha Mixage et sonorisation Les Ateliers Lucifer Musique originale Moby Production L'association Touva Blanc Production Le plancher des vaches existe grâce à vous. Pour soutenir Tout va bien production, adhérer ou faire un don, rendez-vous sur toutvabienproduction.fr. Ensemble, faisons entendre d'autres voix.

Description

🚜✨Aujourd'hui nous allons dans l'Ouest du Limousin, chez Chloé qui habite dans un lieu de vie culturel. 

Chloé s'est installée ici pour faire la fête. Professionnelle du spectacle, elle a rejoint un collectif alternatif et créatif, qui s'est donné pour mission d'ambiancer la campagne. 

A la croisée des cultures et des générations, des ballots de foin et des paillettes, elle a trouvé un mode de vie qui lui plait

Après quelques minutes de route au milieu des champs, nous la retrouvons chez elle, dans sa maison, pour nous raconter sa vie à la campagne.


En sillonnant le Limousin, nous avons rencontré des artisans, des initiatives et des modèles inspirants qui méritent d’être partagés. 

🌿💚 Cette semaine lumière sur la Brasserie Artisanale Gemm’7, près d'Oradour-sur-Vayres en Haute-Vienne. Gemm’7 est une nano-brasserie engagée dans une démarche écologique et zéro déchet. Elle propose des bières bios aux recettes uniques. Toutes les étapes de production, de l'élaboration des recettes à l'étiquetage, sont réalisées sur place avec des matériaux écologiques. 

La brasserie est ouverte au public le samedi matin de 9h30 à 12h pour la vente à emporter, et propose aussi des visites guidées avec dégustation sur rendez-vous. 

Passez y faire un tour si vous êtes dans le coin ou rendez-vous sur leur site internet : https://brasseriegemm7.fr


Le Plancher des Vaches existe grâce à vous ! Pour soutenir Tout Va Bien Production, adhérer ou faire un don, rendez-vous sur toutvabienproduction.fr. Ensemble, faisons entendre d’autres voix ! 🚜💛


🎙️ Réalisation : Claire Rochoux
🔊 Mixage & sonorisation : Les Ateliers Lucie Fer
🎼 Musique originale : Moby
🎧 Production : Tout Va Bien Production


📻 Crédits musicaux :

🎵Peggy Gou - Starry night

🎵Hazy Summer Vibes II Hermanos Gutierrez - Esperanza

🎵Roger Miller - King of the road

🎵Nadia Rose -Skowd

🎵Super disco pirata - La Quinta sinfonia de Beethoven

🎵Latasha- Who I am

🎵Sofi Tukker - Awoo

🎵Sampa the great - Final form



Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    On est beaucoup l'été à aller bosser en Suisse pour le Montreux Jazz Festival. Pour des gens qui n'ont pas l'habitude de ces milieux-là, ça peut paraître un peu obscur, parce que déjà, moi je me souviens de la première fois qu'on m'a proposé quelque chose à prix libre, j'ai dit « Ok, ça coûte combien du coup ? » J'avais absolument pas prévu de venir dans le limousin, et même quand on m'a parlé du limousin, j'étais pas...

  • Speaker #1

    Bonjour à tous, et bienvenue sur le plancher des vaches. Aujourd'hui, nous allons chez Chloé, dans un lieu de vie culturel, dans le sud de la Haute-Vienne. Chloé s'est installée ici pour faire la fête. Professionnelle du spectacle, elle a rejoint un collectif alternatif et créatif qui s'est donné pour mission d'ambiancer la campagne. À la croisée des cultures et des générations, des ballots de foin et des paillettes... elle a trouvé un mode de vie qui lui plaît. Après quelques minutes de route au milieu des champs, nous la retrouvons chez elle, dans sa maison, pour nous raconter sa vie à la campagne.

  • Speaker #0

    On est vraiment une tranche d'âge de trentenaire. Tout le monde sait qu'on organise au moins un événement ou deux par an. Et vu que moi j'étais venue pour le FestiMeuf, ça m'allait bien aussi d'être dans ce milieu du spectacle. et de l'événementiel et du coup tous les deux ans on fait un gros festival ici sur notre lieu de vie. Moi c'est l'image que j'ai de ce lieu là, c'est que autant il y a la vie rurale, autant on a vraiment une passion pour la culture. Du coup, il y a Lise qui habitait ici avant, qui a eu mon contact par une amie en commun, parce qu'elle montait ici le FestiMeuf dans le coin, qui est un festival qui est 100% organisé par des meufs, avec 100% de meufs sur scène. Du coup, de base, j'ai fait une formation de technicien du son, et qu'on m'appelle pour faire de la technique, alors que ça fait 10 ans que je n'ai pas fait ça, j'étais un peu impressionnée, mais le fait que ce soit dans un cadre de non-mixité, c'était déjà plus facile, et donc je suis venue comme ça, en touriste, un peu la première année du FestiMeuf et la deuxième année. Donc je venais en camion et ça me permettait d'être là, d'avoir mon cocon mais de découvrir un peu le lieu. En gros ici on est une quinzaine d'habitants et habitantes. Le lieu a été acheté par le frère d'un des habitants et du coup nous on paye un loyer. Et chacun a son habitat, en gros la maison que vous avez vu c'est la maison commune où il y a salon, cuisine, salle de bain et un grand dortoir. pour les gens de passage. Et nous, on vit tous dans des petits espaces comme ça, des cabanes, des caravanes. Et on a un rythme qui fait qu'on est vachement en commun. On mange ensemble le midi et le soir. Donc ça nous lie vachement. Et même le fonctionnement, toutes les semaines, on fait une réunion d'un peu les choses à faire pour savoir qui sort les poubelles, qui nourrit les poules, mais plein d'autres choses très factuelles. Mais du coup, ça fait qu'on fait beaucoup de choses ensemble. Il y a une partie des gens qui travaillent un peu à l'extérieur, mais peu en fait. Et donc on est vachement à la maison. Donc on vit vachement ici. Après, ce qui nous rapproche, ça a été vraiment... Enfin, ça s'est fait au feeling parce qu'on avait des atomes crochus. Et puis d'utiliser les extérieurs aussi. Justement, on réfléchissait à cette grange. On va tous à Aurillac l'été pour aller découvrir des nouveaux spectacles. Il y en a qui sont jongleurs, magiciens, marionnettistes à la maison. Donc ils ont ce truc du spectacle. Il y en a certains qui sont techniciens comme moi. ou plein d'autres. On est beaucoup l'été à aller bosser en Suisse pour le Montreux Jazz Festival, où on fait de la déco. Enfin, on est quand même beaucoup à avoir un lien même professionnel avec le milieu du spectacle, sans être régisseur, technicien du son ou lumière. Dans ces murs, l'imaginaire va directement vers ça. On ne se dit pas, ben là, ça ferait un super atelier de couture. Bon, il y a un atelier de couture ici, hein. Mais la grange, c'est le plus grand des espaces, on l'imagine, pour faire du cirque, pour faire des concerts. On va dire que moi l'image que j'en ai c'est qu'il y a des lieux qui sont plus autour de la famille où il y a aussi des enfants, où ils ont des maisons à part entière les uns des autres Là ils sont vachement sur le jardin, les plantes, les fruitiers, de faire des plantes séchées On est plutôt sur la fête Musique

  • Speaker #1

    Pourquoi la campagne pour faire la fête ?

  • Speaker #0

    Je pense que la plupart ont agrandi à Paris. Et du coup, il y a quand même ce truc de sortir de la ville. Certains qui ont quitté Paris en premier, ils avaient des points d'attache avec la région. Donc ils ont commencé à venir, se confronter un peu à la réalité, je pense, de ce que c'est que la ruralité. Moi, c'est différent parce que je suis arrivée ici et ça faisait déjà dix ans que j'avais quitté la ville parce que ça faisait dix ans que j'étais nomade et que je vivais en camion. J'avais déjà quitté la ville, mais j'avais zéro ancrage dans un lieu fixe. Et c'est un peu la première fois que j'ai un lieu fixe. Et que ce soit la campagne, en fait, c'est pratique pour nous les nomades, et c'est pratique en camion, parce qu'on ne peut pas circuler en ville. Mais ouais, je pense que d'être à la campagne, ça permet d'avoir de la place, de l'espace. Et après, c'est vrai, l'idée de la fête, c'est ça aussi. Il y a une possibilité de faire la fête parce qu'il y a l'espace. Enfin, on ne peut pas monter un chapiteau en ville comme ça. Et chaque espace est approprié, privé. Là, ça nous permet d'avoir des espaces dix fois plus grands que si on était... entourée de voisins, de villes et de propriétaires.

  • Speaker #1

    C'est ça, il y a moins de contraintes du coup pour pouvoir organiser des événements ?

  • Speaker #0

    Oui et non, parce qu'on a les mêmes contraintes légales que partout en France, mais il y a moins de voisins avec qui négocier, ce qui ne veut pas dire que les voisins sont plus tolérants non plus. Donc on rentre dans des grandes négociations, et puis en plus la discussion avec un collectif, ce n'est pas pareil que la discussion d'une personne à une autre en voisin, c'est-à-dire que nous on doit prendre le temps de réfléchir, de parler ensemble, de savoir quelles idées on a envie de mettre en avant, quels mots on va choisir pour que ce soit bien compris. Night, stars, sun, moment, ocean, starlight, moment, now, us.

  • Speaker #1

    Du coup, il y a beaucoup de tensions avec les voisins ?

  • Speaker #0

    Au contraire, je pense qu'il y a plein de gens qui ont une bonne image du lieu parce que ce truc de vie commune, sans appeler à la fête complètement, mais du coup, il y a le marché nocturne l'été qui s'appelle le Mardiniac et où on s'organise pour qu'il y ait une cantine à prix libre, un bar et des artistes qui viennent, ça peut être du théâtre, de la conférence gesticulée, de la musique. Et on travaille beaucoup sur cette programmation, l'accueil de ces artistes et le fait de tenir la cantine et le bar. Et du coup, ça amène quelque chose de jovial à ce petit marché avec trois artisans dans le village. Et donc, ils ont quand même cette image-là de donner un peu de vie. Mais en vrai, on apprend tous les jours que certains ont quelque chose contre nous. Moi, je n'en avais pas du tout conscience en arrivant ici. Parce que même si on est connecté à pas mal de lieux, il n'y a pas beaucoup de lieux où croiser les gens qui ne font pas partie de notre réseau. Et du coup, on n'entend pas les médisances qu'il peut y avoir.

  • Speaker #1

    Oui, c'est ça. Vous pouvez vivre un peu tout seul ici, sans croiser trop de gens de l'extérieur, et du coup, sans connaître forcément leurs ressentis, et sans avoir l'impression que même vous les impactez d'une façon ou d'une autre.

  • Speaker #0

    Oui, c'est un peu vrai, mais il y a quand même un principe à Dubaï qui est de ne pas arriver en conquérant néo-ruraux. Du coup, on a quand même pas mal de liens qui se créent, mais ce n'est pas forcément vraiment sur les voisins, sur les gens les plus proches. Mais du coup, on a des copains qui sont couvreurs et qui font pas mal de chantier dans les fermes autour. Ils passent des semaines, voire des mois chez des gens. Et du coup, ils vont chez les gens pour travailler. Et en plus, c'est avec des métiers qui sont reconnus. Il y en a qui pensent qu'on vit d'amour et d'eau fraîche, ou alors qu'on se fait du fric sur nos événements, ce qui est faux, parce que la plupart du temps on perd plus d'argent que ce qu'on en gagne. Il y a aussi des personnes qui travaillent la terre, qui ont des légumes, et avec qui on a un lien où on va les aider, on peut arriver à 10 pendant une journée ou deux, à désherber, ramasser les patates, ou des choses comme ça. Et en échange ils nous filent des légumes qui ne vont pas au marché, ce qu'il leur reste, et du coup ça fait un échange où ils ont une main d'oeuvre, et du jour au lendemain, je pense aux légumes, mais il y a aussi tirer le fumier dans une autre ferme. où du coup on a ce lien-là avec pas mal de gens, et ça fait qu'on n'est pas déconnectés. Enfin, des travaux de la campagne, ou des générations, ça nous tient à cœur en tout cas de ne pas être déconnectés de ça.

  • Speaker #1

    Il faut travailler aussi à faire du lien avec les gens.

  • Speaker #0

    Ouais, et puis certains plus que d'autres, je pense à Marius qui fait du foot dans le village à côté, du coup il connaît tous les mecs du foot qui sont à côté, ça joue énormément. Mais après c'est vrai, pour moi ta question elle est juste parce que c'est vrai que tu peux vivre ici sans être en contact avec les gens forcément. Enfin c'est possible, mais nous on se protège. de ça, parce que justement cette autarcie des néo-ruraux ça nous paraît absurde c'est déconnecté de là où t'es on a créé une pride, on change de ville tous les ans et du coup c'est-à-dire que tous les ans on doit se confronter à un nouveau maire ou une nouvelle mairesse de pouvoir vendre cette idée-là et du coup ça fait parler de politique forcément du rapport à l'homophobie et c'est avec les gens du coin et pour les gens du coin alors moi je suis pas d'ici mais la plupart des gens avec qui on bosse sur ce projet projet-là, c'est des gens d'ici, donc ils nous racontent, moi ça me permet de comprendre, ça m'a appris de la ruralité, d'avoir ce genre de discussion, parce que quand il y a un mec qui te raconte qu'est-ce que c'est d'être PD ici, quand t'as grandi ici, pourquoi ils sont partis, et où, pourquoi ils sont revenus, et ben ça apprend énormément d'ici, du regard des autres, quelque chose que moi j'ai pas du tout vécu, donc ça me permet d'apprendre et de comprendre où j'habite maintenant. Musique Moi j'ai vu plus en ville parce que j'ai eu ce rythme de vie nomade donc c'est vraiment spécifique au mouvement plus qu'autre chose Je pense que j'aurais pas quitté la ville pour un lieu fixe en campagne J'aurais eu trop peur J'aurais eu trop peur justement d'être... Enfin je bosse dans le spectacle, d'être perdue en campagne Tous les gens que j'ai vu faire ça C'est vraiment perdu en campagne. C'est pas... Enfin, le mot, il veut dire quelque chose. Et du coup, la plupart des gens que j'ai vus autour de moi qui ont fait ça font des allers-retours, en fait, entre la ville et la campagne. Je trouve que tu t'intègres moins, justement, à ton lieu de vie. Nous, si on est intégrés, comme je disais tout à l'heure, avec les gens du coin, si on arrive à travailler, à améliorer, à retaper ces granges, cette maison... Vraiment lui donner vie, c'est parce qu'on est très présent. Je vois les intermittents du spectacle qui vont bosser à Paris et qui rentrent, ils sont exténués, ils ne sont pas du tout là à se dire je vais aller retaper ma grange. C'est juste le moment d'être dans sa bulle, mais il y a un peu moins de connexion. Enfin, on en revient à ce qu'on disait tout à l'heure, à être moins connecté à ce qui se passe autour et à pouvoir vivre en autarcie. Mais un refuge, ça peut être intéressant, je pense. Enfin, je n'ai pas de jugement sur ça, mais de dire que pour moi, c'est quelque chose qui ne me correspondrait pas. parce que j'aurais l'impression de vivre à moitié de choses au lieu de le vivre complètement. Et c'est ça que le nomadisme m'a apporté, c'est de vivre chaque étape complètement. C'est un pied-à-terre où je suis avec des gens que j'aime vraiment, avec qui je suis à l'aise, avec qui on construit quelque chose. Mais j'ai gardé ce truc de nomadisme parce que j'avais mon camion et que je bosse sur des événements dans plusieurs régions de France. Mais depuis cet été, je n'ai plus de camion donc je me suis d'autant plus posée. Ça m'a permis de réaliser que j'avais envie de m'installer beaucoup plus ici. Vu qu'on a plein de projets, ça laisse le temps d'avancer sur... Enfin, c'est un projet à part entière cette vie collective et du coup ça permet de donner du temps, autant aux animaux, aux humains, aux murs... Et pour moi, je gagne parce que je gagne en connexion, comme je disais, de vivre plus profondément ma relation avec le lieu et les habitants. Mais je suis encore nomade. Enfin, je le sais. Je sais parce que je suis trop engagée sur des événements. Enfin, j'ai trop de projets en parallèle pour ne plus bouger. Mais c'est vrai que d'être ici, ça me permet d'avoir moins l'impression d'être juste de passage. Mais c'est vrai que ça m'attache à la maison, ça ne m'attache pas forcément au département, à la région. Avec la Pride, c'est vrai que ce truc de faire des événements dans une ville différente à chaque fois, et du coup dans un département différent, et de passer de la Haute-Vienne à la Dordogne, c'est vrai que ça permet déjà de bouger, d'aller dans des villes qu'on connaît moins, et de se rendre compte que... Voilà, il y a des trucs, bon peut-être qu'il faut mettre trois quarts d'heure sur la route, mais ça permet d'explorer un peu. I ain't got no cigarettes, I've got two hours of pushing from by the... J'avais absolument pas prévu de venir dans le limousin, et même quand on m'a parlé du limousin, j'étais pas... Je pense que j'ai eu des idées de lieux où m'arrêter, mais je pense que jamais ça aurait été ici. Pourquoi pas ? Je sais pas comment dire, mais j'ai une limitation nord-sud dans ma tête qui fait qu'il faut que je sois dans le sud. Ma limite était un peu en dessous, c'était plutôt au niveau de Bordeaux, et du coup on est un peu au-dessus. J'ai vécu à Marseille et la lumière, cette image de la météo. Ici, une fausse image dans le sens où j'imaginais que c'était très plat. Et moi, c'est des paysages qui ne me plaisent pas, où j'aime bien être au pied des montagnes ou dans les collines. Et en fait, j'ai réalisé en vivant ici que ce n'était pas plat. Enfin, on n'est pas aux portes de Poitiers ou dans le Berry, où c'est de la monoculture. Là, encore moins, je pense que dans le Berry, c'est... Là, j'ai merveillé tout, au complet. Ici, en fait, j'ai découvert que c'était quand même vallonné et que du coup, je ne connaissais pas, en fait. et que j'en avais une image que je tire de fantasme en fait. Et c'est vrai qu'on s'est souvent demandé qui a envie de rester, qui a l'impression qu'il va rester pendant 10 ans, pendant 20 ans pour toujours ou juste c'est une période de quelques années. Et moi je me suis souvent demandé du coup pour pouvoir réfléchir avec les autres. Et j'avais ce truc de vraiment, j'avais fait un point de fixation sur l'Ariège, donc je me suis dit, c'est un temps de passage et je vais aller en Ariège. Et plus je vis ici, plus mon idée se rapproche d'ici en me disant, bon bah peut-être la Dordogne alors, c'est moins loin de Dubaï. Ce réseau-là, c'est une chance, c'est une richesse que vraiment, en 10 ans sur la route, je n'ai pas trouvé quoi.

  • Speaker #1

    J'aimerais revenir sur la fête. Quel genre d'événement vous organisez ?

  • Speaker #0

    La Pride, le Festimuff, les Mardiniacs, c'est des choses qui sont en dehors du lieu, à 15 bornes mais qui ne sont pas chez nous. Après, le dernier événement qu'on a fait, ça s'appelait Rap ta grange. On a fait un événement 100% rap parce qu'on est quelques-uns à être fans de rap et à vouloir dédier un événement vraiment au rap. Et c'est la première fois qu'on utilisait la grange comme salle de spectacle vraiment en complet. Maintenant qu'on a fait la dalle, que ça ressemble vraiment à une salle et il nous reste des choses à faire. Mais on pouvait vraiment l'utiliser pour 12 heures de concert. On a fait venir des artistes de loin, enfin de loin, de Paris, de Marseille, de Lille. Mais on a aussi appelé les rappeurs de Limoges, de La Creuse, etc. Et en fait, le fait que ça se fasse à la maison, entre guillemets, ça a permis cette rencontre-là. où certains artistes qu'on a invités, nous on les a vus sur scène il y a 20 ans, c'est des anciens, c'est des références du rap, et qui viennent ici et qui se retrouvent à être les deux pieds dans la boue, la voiture qui s'embourbe sur le parking, et ça les met dans une ambiance tout de suite. Mais du coup il y a ce truc où ils partagent tout avec nous, le café le matin, ils ne sont pas dans un hôtel complètement déconnectés de là où ils sont, et ça a créé des interactions entre les artistes, entre eux, qui viennent de régions différentes. d'être dans une ambiance beaucoup plus détendue entre les artistes et les habitants et même avec le public. Et du coup, moi je trouve que ça crée une cohésion. Pour moi, c'est ça qui a rendu cet événement complètement mythique. Certains artistes jouaient chez nous et être au petit déjà avec nous, se permettre de sortir des jeux de société et puis se lancer un jeu de société avec un ou une habitante. On se dit waouh ! Vraiment comme à la maison Alors que c'est du rap et qu'il y a plein de gens qui sont ultra réfractaires à ce style Même des habitantes ou habitants de la maison Qui n'aiment pas spécialement le rap Et qui nous ont dit on a passé une super soirée Après tous les deux ans on organise le Dubai Y Qui est du coup l'événement de Dubaï Et là on prend vraiment toute la superficie de notre terrain Il y a un chapiteau dans le jardin derrière, il y a un labyrinthe qui est créé dans les arbres et dans chaque pièce du labyrinthe, il peut y avoir des pièces comme des jeux, des salons de thé, des DJ cachés dans le labyrinthe. Il y a du théâtre, il y a pas mal de techno, mais aussi des concerts, des cabarets. On essaye, grâce à notre réseau, de créer un truc assez complet où chacun peut y passer en fonction du moment de la journée. Il y aura des ambiances différentes. et ça c'est sur 2-3 jours au moins Alors que Raptagranche, c'était 12h, de 18h à 6h du mat. Et voilà, il fallait rentrer toute la programmation là-dedans. Alors que sur le Dubai Y, on a un temps beaucoup plus étiré. On demande à la grille de nous laisser le champ derrière pour avoir un grand parking. Et donc, il peut y avoir des centaines de personnes qui viennent à la maison. Et ça crée vraiment une ambiance de festival. Alors que pour nous, il y a nos toilettes sèches en face et on est comme à la maison comme tous les jours. Mais sauf qu'il y a des centaines de personnes dans le jardin. Quand on fait venir des gens, des artistes... Dire qu'ils ne sont pas habitués justement à la vie à la campagne, ça fait une porte aussi d'ouverture, de voir que... Enfin, c'est un peu un double enjeu, c'est aussi d'amener des gens qui ne viennent pas de la campagne jouer à la campagne et d'apporter ça à la campagne pour les gens qui sont obligés de faire des kilomètres à chaque fois pour voir un concert et déjà de payer le gasoil pour aller jusqu'à Limoges ou Périgueux et en plus de payer une place qui vaut des thunes alors que nous, 99% des événements qu'on fait sont à prix libre. Donc, sont accessibles à tous, c'est vraiment, l'idée de la culture accessible à tous, ça fait partie du centre de la chose, mais il y a différentes manières de le faire. Je bosse sur un événement qui est aussi à la campagne, qui est en Auvergne, qui est aussi à prix libre, mais c'est pas dans un lieu de vie, c'est dans un champ, et du coup, il y a beaucoup plus ce côté éphémère, et ça, ça existe, mais là, de le faire dans nos murs, c'est autre chose, et ça permet aux gens de découvrir.

  • Speaker #2

    Vous avez combien d'hectares ?

  • Speaker #0

    Mais pas tant que ça en fait, puisque il y a le champ qui est vraiment pas loin derrière, la route qui passe là. Je sais pas, je dirais deux, deux et demi. Pour organiser des événements cinq fois par an, je sais que des fois on se retrouve avec moins de personnes que prévu, comme avec le Raptagrange où du coup les gens se sont pas forcément déplacés, parce que justement faire déplacer des gens pour venir à la campagne, il y avait des gens qui venaient de Limoges, même plusieurs, qui se sont organisés pour remplir une voiture et être sûrs d'être cinq. et faire l'aller-retour et pas trop picoler. Ça, c'est une organisation. Il y en a pas mal qui l'ont fait parce qu'ils viennent du milieu du graphe et ils savent qu'il y avait du graffiti ici, il y avait des espaces dédiés à des graffeurs qu'on n'avait pas programmés et ça les amuse de venir dans des événements où ils vont pouvoir taguer un truc. Mais ça demande une organisation dans ce sens-là aussi, comme nous, ça nous demande du temps et de l'essence et de l'organisation d'aller à Limoges.

  • Speaker #1

    Je demande à Chloé si elle se fait des sorties culturelles ici.

  • Speaker #0

    On voit des choses qui sont faites à Nexon. Il y a le cirque, mais à côté il y a un petit espace qui a été réapproprié, qui s'appelle la cantine, où ils font aussi des projections cinéma avec une asso. Et nous, on est allés là-bas pour voir la projection d'un moyen-métrage d'un ami à nous. Et je n'étais jamais allée dans ce lieu. Je ne savais même pas qu'il y avait des projections cinéma là-bas. Quand on y est allé, on était au moins une dizaine, parce que c'était un pote à nous qui est réalisateur et qu'on voulait l'entendre parler de son film. Il nous a dit, je n'ai jamais vu autant de personnes dans la salle, parce qu'on était à dix. Et il y a peut-être quatre personnes du village qui sont venues. Mais du coup, il y a des choses qui prennent moins aussi. Après, moi, j'ai l'impression que ça prend plus sur ce qu'on organise. Parce qu'on fait un gros travail de com, parce qu'on est aussi dans un credo de génération, qui parle aussi à notre génération, qui a encore la mobilité, mais aussi parce qu'on a un réseau un peu national, et donc on veut venir nos potes de loin. Donc il y a ce truc-là où tu as l'impression qu'il y a du monde et que ça fonctionne, mais en fait ce n'est pas forcément que des gens du coin qui sont là. Plus j'habite ici, plus j'élargis le réseau. Moi ce qui va m'intéresser c'est quand c'est politique. Quand ça parle de féminisme, d'LGBT, donc dès que dans la Creuse il y a un événement ou quoi, je me dis bah tiens, je pourrais faire 100 bornes de plus s'il faut, parce que je sais que ça peut créer un lien justement, parce que j'ai envie d'encourager et soutenir des lieux ou des collectifs qui font des choses comme ça. Mais il y en a un peu, je sais qu'il y a un festival ariac de rock où je suis allée cette année, ça s'appelle Farmfest, et voilà, j'y étais jamais allée, j'ai vu que le public était pas le même, il y a un truc beaucoup plus local que nous. Mais pour nous c'est intéressant d'y aller aussi, bah déjà pour se faire voir. parce qu'en fait le lien se crée quand on se connaît et pour se connaître je pense qu'il faut aller à la rencontre des autres et soutenir aussi les initiatives. Je crois que c'était cet été, à Saint-Irie, il y avait un DJ, mais type DJ de mariage, enfin le truc de mon point de vue très kitsch, et en fait on avait en résidence une équipe de Batukada à Dubaï, et ils ont joué dans plusieurs lieux, dont Saint-Irie ce jour-là, du coup nous on y est allés pour soutenir la Batukada, et on s'est retrouvés à danser sur des sons des années 80 au milieu de Saint-Irie. En fait on n'y serait pas allés s'il n'y avait pas justement ces artistes qui viennent ici, qui répètent, à qui on donne des contacts dans la région, on essaye en tout cas. en tout cas avec les copains avec qui on fait pas mal de programmation, si on déplace quelqu'un jusqu'ici, on essaye... de lui proposer trois dates. Se dire, quitte à venir jusqu'ici, autant toucher plusieurs publics différents, faire jouer et gagner aussi un peu d'argent en ayant quelques dates. Vu qu'on a cette facilité de loger les gens avec tous nos espaces, on permet ça. Mais c'est vrai que je ne serais jamais allée à Saint-Thierry écouter le DJ s'il n'y avait pas les copains de la Batucada. Musique Musique On va essayer de s'immiscer un peu dans ces programmations. Très ce réseau-là, c'est aussi pour ajouter notre grain de sel.

  • Speaker #1

    Inviter des rappeurs dans une grange, j'imagine qu'ils sont plutôt habitués, je dis ils en plus parce que j'imagine que c'est un milieu plutôt masculin.

  • Speaker #0

    On a presque involontairement invité autant de femmes que d'hommes. C'est aussi en ça que je dis ajouter notre grain de sel, c'est que moi j'écoute du rap quotidiennement, la plupart des personnes que j'écoute c'est des femmes, et du coup, spontanément, si je propose quelqu'un, c'est quelqu'un qui me représente, donc une femme qui fait du rap. Pour moi, ce n'est pas original. This is who I am, this is what I do, this is who I am, I'm the living proof. This is who I am, this is what I do, this is who I am, who the fuck are you ? Pour des gens qui n'ont pas l'habitude de ces milieux-là, ça peut paraître un peu obscur, parce que déjà, moi je me souviens de la première fois qu'on m'a proposé quelque chose à prix libre, j'ai dit ok, ça coûte combien du coup ? Il n'y avait pas de réalité dans prix libre, et en fait déjà de confronter les gens dès l'accueil au prix libre... Ça pousse à une réflexion, quand t'arrives dans les toilettes et qu'il y a des messages sur les VSS ou sur si le seau il est plein, tu vas le vider et c'est des toilettes sèches, enfin il y a des gens, ce serait impossible pour eux, mais ça appelle à une réflexion sur un petit mot, sur une manière de faire. Je pense qu'il y a des gens que ça doit troubler d'arriver dans ce genre de milieu parce que nos événements nous ressemblent quand même vachement et sont quand même dans un truc très alternatif et très politique. La parité compte énormément pour nous. Ça fait partie des sujets qui, pour nous, sont à travailler, auxquels on apporte vraiment une attention sur toutes nos programmations et puis même sur nos manières de faire des événements, de s'intéresser à avoir des équipes dédiées au VSS, de mettre en place un endroit le plus safe possible. C'est un vrai travail. On apprend à chaque étape à faire encore mieux. et à s'ouvrir à des sujets où le souci du validisme, c'est vachement plus compliqué à gérer quand on est sur un terrain comme ça. Avec mon vécu, avec ma manière de voir et de penser, je sais que quand j'arrive dans un lieu comme ça, je me dis « Oh, je suis chez moi ! » Mais en fait, des gens qui n'ont pas du tout l'habitude de ça, enfin, je sais que moi, ça m'amuse beaucoup d'inviter des gens qui n'ont pas du tout l'habitude de la campagne. J'ai invité une copine à mixer, sa meuf, elle a vu les toilettes sèches, elle a dit « Oh, c'est comme dans Shrek ! » Et j'étais là « Waouh ! » Musique Mon petit frère il est arrivé avec ses potes, ils étaient six mecs de Paris qui arrivent. C'est là, ça y est on est en classe verte, enfin vraiment. Ils se sont jamais confrontés à la ruralité, ils se sont jamais confrontés à ce mode de vie. Et du coup, eux ça les confronte à ça. Et autant les gens du coin, ils vont être habitués à d'autres choses, beaucoup plus conventionnelles. Et donc je pense que ça trouble plein de gens. Mais c'est juste en leur ouvrant les portes de chez nous. qu'on les trouble et qu'on les pousse à la discussion, à la réflexion. Mais nous, en tout cas, on a juste créé un lieu où on sent comme à la maison.

  • Speaker #2

    Merci à Chloé et au collectif Dubaï de nous avoir fait découvrir leurs activités en milieu rural. En sillonnant le limousin, nous avons rencontré des artisans, des initiatives et des modèles inspirants qui méritent d'être partagés. Cette semaine, lumière sur la brasserie artisanale GEM7, près d'Oratour-sur-Vert en Haute-Dienne. GEM7 est une nanobrasserie engagée dans une démarche biologique et zéro déchet. Elle propose des bières bio aux recettes uniques. Toutes les étapes de production, de l'élaboration des recettes à l'étiquetage, sont réalisées sur place avec des matériaux écologiques. La brasserie est ouverte au public le samedi matin de 9h30 à 12h pour la vente à emporter et propose aussi des visites guidées avec dégustation sur rendez-vous. Passez y faire un tour si vous êtes dans le coin ou rendez-vous sur leur site internet brasseriegem7.fr Réalisation Claire Ausha Mixage et sonorisation Les Ateliers Lucifer Musique originale Moby Production L'association Touva Blanc Production Le plancher des vaches existe grâce à vous. Pour soutenir Tout va bien production, adhérer ou faire un don, rendez-vous sur toutvabienproduction.fr. Ensemble, faisons entendre d'autres voix.

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