- Speaker #0
La campagne c'est bien mais on se dit que c'est quand même chier pour l'entendu. La campagne c'est comme on veut, quand on veut, il y en a pour tous les bouts, il y a ceux qui aiment, il y a ceux qui détestent, il y a du bon, il y a du contre, il y a... C'est une grosse différence entre même habiter un chalut et habiter dans un pays connu. C'est déjà complètement différent. C'est pas du tout la même chose, la même approche de la nature, de la campagne. Et voilà, même chalut, c'est le coup. Tu veux aller chercher ta baguette, tu vas à pied. Là, tu vas un matin, oh bah tiens, je mangerais bien un croissant. Bah ouais, bah tu vas pas parce qu'il faut que tu prennes ta bagnole, t'en as pas envie de venir ailleurs.
- Speaker #1
Bonjour à tous et bienvenue sur le plancher des vaches. Aujourd'hui, nous allons chez Christian, dans un petit village au sud de Limoges, au pays des Feuillardiers. Retraité depuis peu, Christian habite ici depuis 40 ans. Il a été agriculteur, bûcheron et dessinateur industriel. Un peu rebelle, il a toujours suivi ses envies, depuis sa période hippie jusqu'à sa vie d'aujourd'hui. Il nous reçoit chez lui, à l'heure du café, pour nous raconter sa vie à la campagne.
- Speaker #0
Nous habitons au 1450.
- Speaker #2
Un petit village, mais en pleine campagne ici.
- Speaker #0
La route s'arrête à 20 mètres après les champs de la forêt.
- Speaker #2
Ça fait combien de temps que vous habitez ici
- Speaker #0
41 ans et 6 mois.
- Speaker #2
Vous comptez avec moi
- Speaker #0
C'est facile, quand on arrive le 1er mai, c'est facile.
- Speaker #1
Là où il habite, Christian est loin de tout.
- Speaker #0
déjà vis-à-vis du bourg vous êtes à 5 km du bourg c'est une chose d'habiter dans le bourg mais vous habitez pas le bourg au même de Non, pharmacie et puis je crois que c'est à peu près tout quand on en rêvait il y avait encore des garages automobiles, il y avait une boucherie, il y avait deux ou trois cafés il y avait des marchands de pedasses, enfin il y avait une une vie complète dans le monde bon petit à petit tout ça a disparu Le bureau de tabac a fermé il y a 30 ans. Il y a eu malgré tout un certain nombre de gens qui sont venus s'installer. Mais je ne suis pas certain que ça compense le nombre de décès des personnes âgées. C'est un des gros problèmes des villages à la campagne. C'est l'âge des habitants tout au moins. Quand les campagnes sont commissibles, c'est vraiment la campagne. Les écoles ferment. Et c'est le début de la fin. À partir du moment où il y a une école ferme dans un village, le village a fermé mort.
- Speaker #2
Est-ce que vous faites d'autres trajets Jusqu'à Chalut À quel bout de canyon vous allez jusqu'à Chalut
- Speaker #0
Pour faire mes courses quand même Oui,
- Speaker #2
pour le supermarché
- Speaker #0
J'ai fait plus pour la bibliothèque, Chalut, supermarché, et puis après c'est pour le plaisir, Saint-Cyrillier, Cinéma Saint-Cyrillier, des choses comme ça. L'image, pas trop, parce que c'est grand. Ça me fait peur.
- Speaker #2
Donc pour la culture, on est obligé quand même de faire un petit peu quelques kilomètres.
- Speaker #0
C'est le gros problème de la campagne, c'est la culture. On n'a accès à rien. Même si le réseau des bibliothèques est quand même bien structuré en ville, on a besoin d'un petit angle. Comment on peut l'avoir facilement C'est de ce côté-là, c'est bien. Il y a bien des efforts au niveau du cinéma, le cinéma itinérant. Mais là, quand on est vieux comme moi, quand on a des problèmes d'oreilles dans les salles, des fêtes, les acoustiques ne sont pas faits pour. C'est un peu la catastrophe.
- Speaker #2
Qu'est-ce qui passe comme film Je suis une vieille ténérante. C'est des films qu'on trouve au cinéma en tête d'affiche ou c'est plutôt des films plus confidentiels
- Speaker #0
C'est plutôt du film vraiment grand public, c'est pas ce qui m'intéresse le plus. Je suis né à Paris, enfin à Paris, à Bobigny, dans le 9-3. Mais le problème du 9-3, c'est que quand je suis né, là où il y a la préfecture de Bobigny, la préfecture de la Seine-Saint-Denis, j'allais à la chasse avec mon grand-père. on avait chassé le lapin là-bas. C'était une autre époque quand même. même du jardin de mon grand père on tirait les mers dans les arbres et actuellement là où il y avait ces arbres c'est le commissariat de police j'imagine mal que les gens qui ont acheté la maison puisse tirer les mers dans leur jardin aujourd'hui ça m'étonnerait beaucoup donc voilà oui parce que dans la région parisienne à cette époque là c'était pas encore la ville étalée comme on la connaît aujourd'hui et donc vous avez vu la
- Speaker #2
ville vous rattraper petit à petit
- Speaker #0
Jusqu'en 70, il y avait une laiterie juste en face de l'église. J'étais en plein sens de me bénir en face de l'église. Enfin bon, tout à l'instant, il y avait la laiterie. Et là où il y a actuellement l'autoroute, l'A86, je crois, c'était uniquement des champs. L'application première de la banlieue parisienne, Alimenter Paris, là c'était uniquement des maraîchers. C'était un petit village, il n'y avait rien. Bon, ça a changé.
- Speaker #2
Et qu'est-ce que vous êtes venu chercher ici alors,
- Speaker #0
à l'agent parisien 83, ça fait déjà 6 ans ou 7 ans qu'on était partis de Paris avec mon épouse. On a voyagé un petit peu, on a traîné nos bottes sur la route des Indes, avant on s'est arrêté en Israël, enfin bon c'est encore une autre histoire. Si je ne voulais pas revenir en vie, je suis parti dans les délais. Une côte de foie, dans la haute-vallée de l'Aude, un haut pierre-tissine, 1000 mètres d'altitude. Moi, je travaillais en tant que bûcheron de mon épouse. Elle travaillait avec moi, elle allait corser les sapins. Moi, je les fais, c'était en années 20 ans, c'était bien. Quand elle est tombée enceinte, je ne pouvais plus rester parce que c'était vraiment trop galère avec un gamin. Donc c'est pour ça qu'on a décidé de se rapprocher un petit peu. Malgré tout pour rester hors de la vie et dans un environnement un peu plus serein entre guillemets.
- Speaker #2
C'est la sérénité de la campagne qui vous...
- Speaker #0
40 ans après on s'aperçoit qu'il n'y a pas de sérénité du tout.
- Speaker #3
Here comes the sun, here comes the sun,
- Speaker #0
and say it's alright Dans les années 70,
- Speaker #1
déferle en France la vague hippie de l'après-mai 68. Les jeunes veulent découvrir le monde, se reconnecter avec la nature et fuir un monde du travail tourné vers la productivité.
- Speaker #0
C'était tiré en presque un an, son nom de Mère Mouge, en stop, en bossant, arracher des bananiers en crête, des goulots à la con, arracher des bananiers en crête. Il faut y penser
- Speaker #2
C'est la route du voyage, c'est comme on peut aussi,
- Speaker #0
des fois... C'est la route du voyage, on fait ce qu'on veut Et donc on a pris goût à la nature, à être en permanence dans la nature, divergents d'Israël, de la mer Rouge. Et on voulait partir au Canada. Et au Canada, pour avoir des permis de travail, il fallait avoir une formation. Le Canada, c'est le pays des bûcherons. On est partis justement dans les Pyrénées, pour moi suivre l'école forestière de choix. Mais bon, je n'ai pas eu de diplôme, parce que je me suis pris le fou avec le directeur du centre. Bouchons en montagne, là c'était du boulot. Je ne sais pas si vous connaissez les Pyrénées, il y a des pentes qui sont comme ça. A cette époque-là, il n'y avait pas de machine. On partait le matin, une moto, une vieille 125 Peugeot, on partait avec Dominique, on montait derrière, et on montait dans la montagne avec le bilan d'essence Et la tronçonneuse La tronçonneuse, elle est restée six mois dans la montagne. Elle a la raison des portes. C'est trop lourd.
- Speaker #2
J'imaginais l'équipage sur la moto.
- Speaker #0
Non, la tronçonneuse là-haut, une écorce de sapin par-dessus, elle n'est pas civile. C'était mars-avril, elle descendait en octobre-mai. Donc, couper du bois, des sapins. Le plus gros que j'ai coupé, 32 mètres de découpe marchande. C'est-à-dire couper fin bout de 18 cm. Là, on faisait 7 mètres cubes et demi. Au quart, c'est là-bas où on pliait au quart. Pour comprendre, il faut savoir que le bois, à l'époque, on le lançait sur la pente. C'est-à-dire qu'on coupait, il fallait le faire descendre, là où l'extracteur pouvait les sortir. Donc, à la main, on les faisait descendre. C'était sportif. J'ai fait le bichon pendant... ça fait six ans dans les Psychanées, où c'était autre chose que ci. Ah le bois, quand je commence à parler du bois, ça me passionne, c'est un truc qui m'a toujours passionné, qui a toujours aimé. Je dirais qu'aujourd'hui c'est un samagas, parce qu'on voit comment les forêts sont travaillées, ça m'énerve. Comment travaillent les forêts aujourd'hui Il n'y a plus personne qui travaille dedans, c'est les machines. Ils ont des grosses machines qui coupent, le grappin qui a de l'arbre à 3 mètres du haut, une machine qui coupe, ça pivote, et ça nous défonce tout, ce qui pose aussi un autre problème. Ils sont obligés d'avoir des arbres calibrés qui vont passer aussi bien dans les abatteuses qu'à l'album. C'est un énorme problème. C'est le problème du XXIe siècle de la machine.
- Speaker #2
C'est le problème de l'industrie appliquée à la nature. C'est ça. C'est le problème du fabriquage pour les machines. Et du coup, on plante pour pouvoir produire. C'est comme si on faisait du fabriquage, mais des arbres.
- Speaker #0
C'est une moisson qu'ils font. Ils font une moisson.
- Speaker #3
Il y a quelque chose qui se passe ici. What it is ain't exactly clear There's a man with a gun over there Telling me I've got to beware I think it's time we stop Children, what's that sound ? Everybody look what's going down
- Speaker #0
J'étais agriculteur, entre autres. Vous faisiez quoi comme agriculture Au début, quand on est arrivé, Dominique, mon épouse, voulait des chèvres. Alors on a commencé avec des chèvres. Une quarantaine de chèvres au départ, à la fin on en a des 120. Et puis bon, quand les membres ont commencé à grandir... avec un quart de SMIG. Bienvenue chez moi, les mondes tout petits vont s'en foutre. Tout le monde qui commence à avoir 6-7 ans, c'est plus possible, il fallait faire autre chose.
- Speaker #2
Faire rentrer de l'argent parce que ça ne paye pas assez le chaleur.
- Speaker #0
Parce que ça ne payait pas. Il y a surtout des problèmes de nouvelles normes sanitaires. qui ont été mises en place. On faisait des fromages et des yaourts de chèvre. Pas de gros robis, mais bon, ça marchait bien. Mais des normes sanitaires qui ont été mises en place pour remettre le laboratoire entre guillemets aux normes. Ça nous coûtait une fortune. Et puis bon, on a aussi au même moment perdu Carrefour-Boisseuil à Limoges, qui nous prenait 60-65% de notre production. Quand on perd un client, on avait fait une connerie en mettant tout ça en entrou, mais bon... Il faut bien trouver des débouchés.
- Speaker #2
Il y avait Carrefour-Boisseuil, et sinon,
- Speaker #0
vous vendez vos... Sur les marchés de plomb. Est-ce que le loin,
- Speaker #2
c'était quoi votre plomb Non c'est vieux ça.
- Speaker #0
Ah il y avait un boc Ausha Limoges. C'est pas moi qui faisais la mousse chêne, donc je sais plus trop où c'était livré. Je sais qu'il y avait Limoges, il y avait Chalut. Il y avait des toits de porte à porte dans les campagnes. Bon puis ça a duré 7-8 ans maintenant, c'était plus viable, donc il a fallu faire autre chose. Mais ouais j'ai repris mes études. J'ai fini ce que j'avais commencé au lycée. Je suis devenu dessinateur industriel. j'ai plus de 36 Tout reprendre à zéro quoi. Depuis, j'ai passé un CRP de fraiseur pour passer ensuite à dessinateur, puis je suis devenu dessinateur-projeteur. Enfin, ça m'a pris trois ans, un an à faire mon fervent, enfin, c'est un truc. J'étais très bien. J'ai bossé comme dessinateur une dizaine d'années, en même temps que je m'occupais de la ferme. C'est-à-dire que là, il y avait les deux casquettes. Le matin, c'était 5h30, debout, s'occuper des vaches, parce qu'il n'y avait plus de chèvres, en plein. Aller à Limoges pour bosser, rentrer le soir, s'occuper des vaches. Ça a duré une dizaine de l'éclosion.
- Speaker #2
C'était par envie de les garder parce que vous en aviez peut-être pas besoin pour les revenus. Je veux dire, si vous aviez chacun un travail...
- Speaker #0
Oui, ça ne devait pas rapporter grand chose à faire. Il ne faut pas se faire des illusions. Oui, non, mais c'était surtout pour occuper les terres, pour occuper les propriétaires des militaires. Je ne voulais pas les lâcher. Et malgré tout, je n'avais jamais le boulot de la ferme. J'ai monté sur le tracteur, j'ai planté la charrue, j'ai laboré, semé.
- Speaker #3
Aujourd'hui, ils sont en bavière,
- Speaker #2
les gars Oui,
- Speaker #0
mais c'est quoi C'est de l'élevage de vaches aussi Oui, c'est un petit jeune qui a 2-3 km d'ici, qui s'est installé, a repris la ferme, il a pris sa retraite. Il a dû aller à la mort sans s'installer parce qu'il n'avait pas suffisamment de terrain. Au moins, là, il a eu suffisamment de terrain pour s'installer. Et c'est un petit producteur, c'est pas un rapace comme il y a beaucoup ici, qui maintenant ont 150, 200, 250 hectares. du mal. C'est aussi un truc qui me gêne ça. Les types se plaignent, ouais, putain, ça paye pas, blablabla. Ils sont 250 hectares, 300 hectares, ils ont déjà pour plus de 100 000 balles de tracteurs. Bon, le monde de l'agriculture, c'est encore un autre. C'est une discussion politique, là, c'est encore autre chose. Mais non, non, il y a des aberrations au niveau de l'agriculture aussi, c'est fabuleux.
- Speaker #2
du coup c'est important pour vous de choisir à qui vous donner vos terres en location et de pouvoir choisir quelqu'un qui ne fait pas de l'agro-business,
- Speaker #0
comme vous dites. Et c'est une chance. Un petit jeune qui veut s'installer, qui veut des mâles, autrement les autres, ils auraient tout raflé. Pas grand-chose, il y a 8 hectares de terrain. C'est ridiculement petit. Mais pour ce petit jeune, ça lui a permis de s'installer dans un petit peu en hauteur du voisin. Il a eu la surface minimale pour pouvoir s'installer. Les autres, ils n'en ont pas besoin. Il faut partager, pas tout pour les mâles quand même.
- Speaker #2
Est-ce qu'il y a des tensions justement entre voisins ou entre agriculteurs Oh là
- Speaker #0
Tensions Sur quel sujet Très souvent, il y a une haine qui est un peu grande, qui déborde, parce que c'est le voisin. C'est souvent les gars comme ça. Parce que l'agriculteur, ce qu'il a, il bande. Ben ouais, vu que les surfaces sont prises depuis les satellites, on voit bien les surfaces de haies. Et l'administration dit, oui, mais ça, il y a une haie, donc ce n'est pas productif, donc on diminue la prime.
- Speaker #2
et sur les modes de vie sinon des tensions ici gens qui n'ont pas forcément le même mode de vie tous entre le paysan les néo héros il ya beaucoup de tension pour le limousin l'autochtone ne va dire le
- Speaker #0
tolton du limousin et pas quelqu'un très ouvert en fait c'est quelqu'un qui est très renfermé sur lui-même, il a des oeillères, il ne voit rien, c'est son truc à lui, très difficile de s'intégrer. Il y a des portes sous le report, tu peux te croiser dans la rue, ça va être bonjour, et puis ça s'arrête là, pour te faire inviter dans la maison, pour aller boire un café. ce n'est pas évident. En plus, un peu moins maintenant, il y a une quatrième d'année, il y a un paquet d'Anglais qui sont arrivés. Ça a créé des tensions fabuleuses. Quoiqu'avant, c'était les Hollandais. Il y a 40 ans, c'était les Hollandais qui venaient. Ils n'avaient pas de terrain chez eux là-bas. Ils voulaient faire vivre la agriculture. Il y avait des terrains qui se libéraient. Ils venaient ici. Les Hollandais, c'était des gros méchants. Après, c'était les Anglais. En fait, on est très raciste.
- Speaker #2
C'est le cas aussi pour les gens qui ne viennent pas du coin, j'imagine. même des bretons qui s'installaient ici.
- Speaker #0
Si on arrive avec un chapeau rond, c'est sûr que les mecs ils sont faits. Voilà,
- Speaker #2
c'est pas la même forme de chapeau.
- Speaker #0
Non, non, j'ai beaucoup de mal à s'adapter. Encore une fois, si t'as 20 ans ça va, mais si t'arrives à 40 déjà, ça commence à être difficile parce que c'est comme ça.
- Speaker #2
Il y a le voisinage, la propriété.
- Speaker #0
Ah la propriété, ça c'est... Il y a une maison qui était vendue. Le type, il se clôture. Il met une clôture de 2 mètres de haut. De l'Ursus à Mouton, enfin de ce voyage, 2 mètres de haut. Il s'enferme chez lui. Pourquoi Bon, il met une clôture. C'est plus pour faire de la hique ou autre chose. Mais lui, non, c'est fait. Néo-Urane. Je limite mon territoire, je marque mon territoire. Les chiens vont pisser sur l'arbre du coin.
- Speaker #2
une fonction il s'est acheté son oeuvre de et il veut rester dans son cocon.
- Speaker #0
Ouais, bon, il passe dans la rue, il dit bonjour, ça va, on discute, mais bon... Curieusement, ici dans le village, on fait des années, on faisait des fêtes tous les ans. Les gens du village, il y a 5-6 mille ans, on veut de juillet à août, on faisait des grandes fêtes, on faisait des grandes fêtes, on s'est morts, c'est fini.
- Speaker #2
Qui était-il qui revenait à ces grandes fêtes C'était souvent mes parents.
- Speaker #0
Il y avait une cabine de la maison à côté. Ils étaient venus s'installer après. C'est souvent eux qui étaient à l'initiative de ce truc-là. C'était bien, mais bon. Puis il y a le Covid qui est passé par là. Et puis tout le monde a vieilli. C'était pareil. Tu fais la fête à 40 ans, à 50. En 70, c'est moins facile. Ici, il n'y a plus personne qui prend les siècles. C'est moins facile.
- Speaker #1
Et parfois, des événements extraordinaires viennent bouleverser les choses. Il nous raconte la grosse tempête de 1999 qui a détruit des hectares de forêt sur son passage avec des vents à 150 km heure.
- Speaker #0
Oh putain, l'horreur, c'est pire. J'entendais les... Merde, une tour. ping j'ai plus de toit, j'ai plus de toit, allez j'en vais J'ai qu'un hectare de forêt, il y avait à peu près un hectare qui a été rasé, dans une parcelle qui fait à peu près 8 000 m². Bon, celle-là, elle est en bois parce que je ne peux jamais m'en sortir. J'ai terminé de brûler le bois il y a 5 ans. Le volume de bois que j'ai récupéré en bois renversé par la tempête, 20 ans de bois. Pendant 20 ans, j'ai pratiquement brûlé que du bois de la tempête. Et en fait, j'en ai vendu 5,5 hectares. Ça a été l'horreur. Ici, on est resté 3 semaines sans courant. Là, il y avait tous la solidarité dans le village. le voisin en voulant Il avait un groupe électrogène. Il apportait son groupe électrogène dans les maisons pour les congélateurs. Donc, il les remettait en glace. Enfin, ça a été un truc de fou.
- Speaker #1
Éloignée de tout, la voiture est indispensable pour vivre à la campagne. Je demande à Christian s'il a une voiture.
- Speaker #0
Une voiture, j'ai un tracteur, j'ai une Jeep, j'ai... plus c'est tout.
- Speaker #2
C'est déjà pas mal.
- Speaker #0
C'est déjà pas mal, ouais.
- Speaker #2
Tracteur, donc pour aller au champ.
- Speaker #0
Ouais, mais plus ou moins. Et la Jeep La Jeep, c'était un rêve de gamme enceinte. En fait... Voilà. Pardon.
- Speaker #4
Allez.
- Speaker #0
Laurence Daraby. Oui, ça vous parle Oui,
- Speaker #2
j'ai vu qu'il était passé à Chalut.
- Speaker #0
Voilà, il est passé à Chalut, le 16 août, pour son anniversaire, pour ses... C'est vraiment, c'est vraiment, je ne sais plus. Il y avait le restaurant, Laurence Daraby, à Chalut. Le restaurant qui s'appelait Laurence Daraby Putain, ça avait fait du bruit. Quoi, les larabes qui arrivent Non, non, je ne déconne pas.
- Speaker #2
Ça a été fait,
- Speaker #0
les larabes. Donc, je me suis intéressé à Laurence Daraby. Oui. Et j'ai découvert que quand il est passé là, il avait fait un tour de France. Il faisait un tour de France en vélo, parce qu'il était étudiant en... étudiant en je sais plus trop quoi, et sa thèse en architecture je crois. Et sa thèse c'était l'influence des croisades sur les châteaux forts. Mais il a fait toute la France. On est reparti avec la vie, parce que bon, à pied, en train c'était un peu difficile quand même. On a suivi ses traces... France de France, là. La France d'Arabie. On n'a pas été jusqu'au bout, parce qu'il n'y a pas de rentrée. On est quand même parti d'ici, on est monté jusqu'à Saint-Malo, avec l'Algie, et dans le sens, on avait été jusqu'à Arles, dans la Spagne. Le tour du parc national Périgord, une semaine, Camping Sauvage Après on a fait le tour du Limousin Camping Sauvage Et là par contre, c'est vrai que Comme instrument d'intégration, c'est fabuleux T'arrives avec une Jeep dans un village Mais tout le monde vient te voir C'est vrai Avec une 206 ça fait pas partie C'est ce que j'allais vous demander Votre voiture elle a quel âge 21 ou 22 ans
- Speaker #2
Ça vous dit pas une voiture moderne
- Speaker #0
Surtout pas et surtout ou pas. Tu rigoles Bon, je ne sais plus rien. Je faisais la mécanique, j'ai coupé mon tracteur en deux pour refaire le moteur. Mais bon, j'en ai marre. Je suis trop vieux. Je n'ai plus. Mais aujourd'hui, une voiture, tu soulèves le capot, tu ne peux rien faire. C'est une Clio. Tu es incapable de changer le verre de la farbe. Incapable. Pourquoi Pour changer l'ampoule, il faut enlever le tuyau qui permet de remplir le lave-glace. Un dessinateur, la première chose qu'on dit. apprenait c'était tu te mets à la place de l'utilisateur quand tu crées ta machine mais aujourd'hui putain elle a l'intelligence artificielle c'est de la folie ça devient une virelande de noël ta voiture j'ai tellement de gros problèmes non faut arrêter d'y aller j'avais pris celle là parce que c'était encore un il n'y avait pas d'informatique à bord donc si il y a une panne tu peux encore te débrouiller aujourd'hui tu peux plus rien faire si t'as pas de bagnole à la campagne Mais tu fais quoi Tu fais rien. Tu manges même pas, si, si tu vas dans ton jardin. C'est tout. Pour tout, pour aller travailler. Les gens qui vont bosser, ils ont pas le même manière pour aller bosser. Et la voiture électrique L'aberration des voitures électriques. Il faut des batteries. Les batteries, c'est avec quoi Avec du lithium. Entre autres, le lithium, il est produit où Par qui Comment Pile en carbone, enfin si on parle en pile en carbone, j'ai l'impression que c'est déjà un peu du délire. C'est comme les téléphones d'ailleurs. Je hais les téléphones portables. Merci. ça Je n'ai jamais su crever parce que je faisais une déclaration comme quoi je n'avais rien vendu. Comme il y avait ces histoires de châtaignes. Je n'avais pas couturé le compte. Cette année, j'ai oublié. Je reçois bien sûr un courrier du percepteur. Je dis, je vais quand même les appeler. Impossible de... de joindre la perception de la haute vienne. Impossible au téléphone. Trésor. Trésor public. On ne peut pas. Il faut prendre rendez-vous par Internet. Ok, je fais bien. Alors, tu fais tout ton truc, tu te connectes par France Connect, d'accord, c'est déjà un peu merdine. Et là, on te dit, d'accord, nous vous envoyons un accusé de réception qui confirme le rendez-vous téléphonique. On va vous appeler à tel jour, à telle heure. On vous envoie la confirmation par Internet. Magique, le mail arrive, vous avez rendez-vous tel jour, à telle heure. Si par hasard, vous ne pouvez pas être présent au moment du rendez-vous, veuillez téléphoner à ce numéro. On se fout de la gueule de qui, là Intelligence artificielle.
- Speaker #2
Je ne voulais pas forcément vous emmener sur une technologie.
- Speaker #0
Oui,
- Speaker #2
je sais,
- Speaker #0
mais là, on est d'accord. Mais, mais, mais, carte d'identité. Au siècle dernier, voire au millénaire dernier, ce n'est pas compliqué, on avait à la mairie, que la commune. Aujourd'hui, ce n'est plus possible. C'est Limoges, Aix et Saint-Denis. Donc minimum 25 km le plus près c'est l'ex-Orgaine, ça doit faire 24 km. On prend le rendez-vous par téléphone pour aller chercher le dossier. Il faut que tu ailles le chercher, après il faut que tu le ramènes. Après il faut que tu retournes chercher ta carte. Tu fais trois voyages, ça fait 50, 60, 100, ça fait 125 km pour une carte d'identité. Et on nous dit qu'il faut faire des économies de carbone, on fout de la gueule du monde non ou pas Et mobilité voilà, si tu n'as pas de bagnole tu ne peux même pas l'avoir.
- Speaker #2
Qu'est-ce qui est important pour vous, du coup Vous parlez écologie, vous parlez services publics. C'est ça qui est important pour vous, dans la vie ici et dans la vie en général
- Speaker #0
Oui, bien sûr. Les services publics dans les campagnes, s'il n'y en a plus, ou si c'est une faute. à dématérialiser tel qu'ils le font, à éloigner les fonctionnaires des citoyens. C'est une aberration. Au 18e siècle, quand les départements ont été faits, on a mis une préfecture et des sous-préfectures à une journée de cheval. Aujourd'hui, on rallonge les distances alors qu'on est quand même au 21e siècle, on pourrait maintenir tout ce tissu. Quand on vit avec en paix, c'est agamant.
- Speaker #2
Qu'est-ce qui est difficile, du coup, ici Qu'est-ce qui vous manque à la campagne
- Speaker #0
Qu'est-ce qui me manque à la campagne La ville.
- Speaker #2
Qu'est-ce qui vous manque de la ville
- Speaker #0
La culture. Ça,
- Speaker #3
c'est chiant, mais...
- Speaker #0
Il faut aimer la campagne, il faut aimer avoir les pieds dans la boue, il faut aimer se faire chier en permanence. C'est une dure réalité que beaucoup de gens qui sont nés au Ruraux ne vont pas comprendre, ils ne pourront jamais comprendre, ils ne resteront pas. J'appartiens aussi à cette génération, née avec le rock and roll en 1954, qui a donc vécu ce qu'il a pu se passer en 1968 et au début des années 60. 60-70, un tour à la nature, des copains que j'avais au début des années 70, on suivait à peu près le même chemin que moi. Je ne dis rien, j'habitais encore à la campagne. On se rentrait en ville, certains depuis déjà 40 ans. Si tu n'es pas venu à la campagne, ce n'est pas facile. s'acclimater.
- Speaker #2
C'est ça, il y a une image un peu fantasmée de la campagne.
- Speaker #0
C'est ce que me disent souvent les gens qui veulent acheter des maisons à la campagne, il faut y aller l'hiver. Quand il pleut, il y a la moue. Là tu comprends ce que c'est que la maison que tu vois. C'est l'été, il y a les fleurs, c'est joli, mais l'hiver quand il y a la moue,
- Speaker #3
c'est une chose. Les questions en pleine musique.
- Speaker #0
L'absence de bruit. Je ne dirais pas le soleil, parce que c'est très rare, mais elle m'a beau être dans le cadre, le fait d'ouvrir la porte, de sortir, d'être à la tête de l'eau. Pendant les deux confinements, tellement de gens qui ont... découvert que vous êtes dehors que c'était bien d'être dehors c'est bien vrai c'est une grande discussion avec mon fils on habite à limoges il dit ouais je vais changer je vais aller ailleurs à paris je vais aller ailleurs Déjà tu vas rester dans un quartier, tu te cantonnes dans un quartier, et au bout de 3 mois, 6 mois, 1 an, 2 ans, t'auras fait le tour. Et t'auras plus de nouveautés, et puis tu vas te faire chier encore une fois. Alors qu'à la campagne, tu te fais chier, mais tu te fais jamais chier de la même façon. C'est tout le monde différent.
- Speaker #2
On a parlé de beaucoup de choses, je voulais savoir si, parce qu'on essaie de récolter la parole des habitants, de beaucoup d'habitants de la campagne aussi, pour qu'on les entende, parce que vous vous reconnaissez dans les discours médiatisés sur la campagne.
- Speaker #0
Bon là ça va être un peu compliqué. Dans un bureau, je ne regarde plus la télé, les informations... Et les gens qui parlent de la ruralité, la plupart, ils n'ont jamais mis les pieds. Un ministre de l'Agriculture, comment peut-il parler du monde rural dans la mesure où il y a passé 10 ans à Sciences Po Non, il y a passé 10 ans au cul des vaches, peut-être qu'il pourrait en parler, mais Sciences Po, non, je ne pense pas. Tout le monde complètement différent.
- Speaker #2
Sinon, on entend aussi les représentants des syndicats d'agriculteurs ou de chasseurs.
- Speaker #0
On va être clair, les syndicats des chasseurs, la plupart sont des gros fascistes. Les syndicats agricoles, la coordination rurale, c'est pareil. Un temps d'appointance avec l'extrême droite, bon, autant ne pas en parler. Ça risque d'arriver de m'énerver. La FNSEA, eux, c'est l'agro-business, bon, on met de côté. Merci. C'est quoi Le modèle Bon, ouais, mais bon, son audience est tellement faible qu'il est inondible.
- Speaker #2
Il reste la Confédération Pays-D'Âme.
- Speaker #0
Ah, c'est la Confédération Pays-D'Âme. Bon, la Confédération Pays-D'Âme.
- Speaker #2
Qui ne sont pas très médiatisées,
- Speaker #0
ni très inondables. Ah si, dans les manifs, il arrive toujours avec leur tracteur et leur vache. Non, mais si, on les voit bien.
- Speaker #2
À la télé, on ne les voit pas trop.
- Speaker #0
À la télé, non, mais bon, à la télé...
- Speaker #2
Oui, donc, c'est un peu... Ces discours sont assez éloignés de la campagne.
- Speaker #0
En réalité, premier ministre de l'agriculture stage obligatoire d'un an dans une ferme. Après, il évitera de faire des communes, il ne fera plus de communes. Et un premier ministre au fond de la mine. Je suis genre un colibère quand tu parles du monde du travail Si tu kevres le matin et que tu vas bosser en trainant les pieds comme un énorme mouvement de gens finalement, bon il y en a beaucoup qui ne se posent pas de questions de toute façon, pour eux c'est bien, mais il y en a beaucoup aussi qui se font un travail de la tête de passer leur vie à se faire chier. A Paris on disait le matin, ouais ben on va au chagrin, pour dire qu'on va au boulot. Ça dit tout hein Ça dit tout,
- Speaker #3
on va au chagrin, on fait bon au chagrin.
- Speaker #0
Dans ma vie j'ai toujours essayé de choisir, ne pas subir de choisir. Bon, ça me merdique très souvent, mais bon. Ça c'est... Quand t'es sur un chemin, t'es à droite, à gauche, tu tiens un petit bouffon, tu vas à droite, c'est bon, tu vas à gauche, tu te casses la gueule, bah tant pis,
- Speaker #2
Mais au moins vous avez suivi des voies que vous aviez envie de suivre. Oui, oui, oui,
- Speaker #0
tout à fait. J'ai toujours essayé de vivre mes rêves. C'est surtout ça, vivre ses rêves.
- Speaker #5
Un immense merci à Christian pour sa générosité et sa gentillesse. Pour lui permettre de s'exprimer librement, nous avons choisi de masquer le nom de son village. En sillonnant le limousin, nous avons rencontré des artisans, des initiatives et des modèles inspirants qui méritent d'être partagés. Aujourd'hui, lumière sur la ferme de Lobany, à Saint-Basile, en Haute-Vienne. Éleveur de vaches limousines en bio et paysan boulanger, il vous accueille les mercredis et vendredis de 16h30 à 18h30 à la ferme pour du pain frais. et de la viande locale. Si vous êtes dans la région, passez de leur prendre visite. Réalisation, Claire Ausha. Mixage et sonorisation, les Ateliers Lucifer. Musique originale, Moby. Production, l'association Tout va bien production. Le plancher des vaches existe grâce à vous. Pour soutenir Tout va bien production, adhérer ou faire un don, Ensemble, faisons entendre d'autres voix.