- Speaker #0
Le podcast Nos Années Vintage vous propose un nouvel épisode consacré à la chasse aux gaspilles et autres faits marquants de l'année 1975. Bonne écoute à tous !
- Speaker #1
Bienvenue ! Aujourd'hui, on fait une petite plongée dans une année particulière en France, 1975. C'est, oui, un vrai moment charnière. On sort à peine des 30 glorieuses, cette grande période de croissance, et paf ! On est en plein dans la crise énergétique.
- Speaker #2
Oui, le choc pétrolier de 73 est passé par là.
- Speaker #1
Exactement. Et pour explorer ça, on s'appuie sur un article intéressant du blog Nos années vintage. L'idée, c'est de voir un peu comment les Français de l'époque ont vécu ça. Ce mélange de contraintes nouvelles et puis cette envie de modernité qui était toujours là.
- Speaker #2
C'est vraiment ça, une année de bascule. On sent qu'on quitte une certaine insouciance pour entrer dans quelque chose de plus sobre. De plus réfléchi, peut-être. Le choc pétrolier a vraiment forcé une prise de conscience collective.
- Speaker #1
Ça, ça a eu des effets très, très concrets, j'imagine. On parle souvent de la fameuse chasse au gaspillage. C'était quoi exactement ? Ah oui,
- Speaker #2
la chasse au gaspillage. C'était une grande campagne lancée par le gouvernement Giscard d'Estaing. Il y avait même une nouvelle agence pour ça, l'Agence pour les économies d'énergie. Il fallait absolument réduire la facture. Le prix du pétrole avait quadruplé. C'était un choc... énorme pour la France, qui dépendait beaucoup du pétrole à l'époque.
- Speaker #1
Quadruplé, ah oui quand même !
- Speaker #2
Exactement. Et c'est là que naît un peu l'esprit du slogan qu'on connaîtra après. On n'a pas de pétrole, mais on a des idées. Même s'il est formalisé un peu plus tard, l'idée est là.
- Speaker #1
Et concrètement, pour les gens, au quotidien, ça se traduisait comment ?
- Speaker #2
Ben par des mesures assez visibles en fait. La vitesse sur les routes, limitée. 130 km heure sur autoroute et 90 sur les nationales.
- Speaker #1
Ça devait changer les habitudes de conduite ça.
- Speaker #2
Ah oui ! Et puis on incitait fortement à baisser le chauffage chez soi, à éteindre les lumières qui servaient à rien. Et le truc incroyable aujourd'hui...
- Speaker #1
La télé, dis-toi.
- Speaker #2
Oui, les programmes de télé qui s'arrêtaient vers
- Speaker #1
23h. Pour économiser l'électricité.
- Speaker #2
Impensable maintenant.
- Speaker #1
Ça a dû créer une ambiance un peu différente, non ?
- Speaker #2
Oui, sûrement. Au-delà des économies pures, ça a peut-être recentré un peu les choses sur la maison, sur le foyer. Les soirées étaient peut-être plus conviviales d'une certaine façon. Un peu comme un refuge contre la rigueur ambiante.
- Speaker #1
Mais alors, ce qui est vraiment étonnant, c'est le paradoxe avec l'automobile. Parce qu'en même temps, on avait l'impression que ça bouillonnait de créativité dans ce secteur.
- Speaker #2
Ah mais complètement ! C'est ça qui est fascinant avec 1975. D'un côté, on serre la ceinture, et de l'autre, on sort des voitures incroyables. C'est l'année de la Citroën CX.
- Speaker #1
Ah, la CX, mythique.
- Speaker #2
Élue voiture européenne de l'année, excusez du peu. Elle succédait à la DS, donc la barre était haute, et son design par haut-prend, c'était le futur. Cette ligne très basse, les grandes vitres, la lumette arrière concave…
- Speaker #1
Et l'intérieur, avec ce compteur à rouleaux…
- Speaker #2
Exactement. On avait l'impression d'être dans un vaisseau spatial, sans parler du confort légendaire de la suspension hydropneumatique. C'était vraiment une vitrine de l'innovation à la française.
- Speaker #1
Mais elle n'était pas la seule à représenter ce… ce luxe, ce statut ?
- Speaker #2
Non, pas du tout. En 1975, Peugeot sortait la 604, une grosse berline statutaire, et Renault lançait la R30 avec un moteur V6. Des voitures plus grandes, plus puissantes.
- Speaker #1
Carrément à contre-courant de la chasse au gaspille en fait.
- Speaker #2
Voilà, c'est ce mélange qui est intéressant. Ces voitures un peu premium, qui répondaient à une envie de confort, de réussite sociale, et qui coexistaient avec des modèles beaucoup plus sages, comme la Renault 5, qui était un énorme succès populaire. Cette dualité, c'est vraiment typique de 1975.
- Speaker #1
Et ce contraste, on le retrouvait aussi dans les maisons. J'imagine que la déco n'était pas toute grise à cause des économies d'énergie.
- Speaker #2
Ah non, loin de là. Au contraire, quand on entrait dans un intérieur de 1975, c'était souvent une explosion de couleurs. Des couleurs chaudes, surtout. L'orange omniprésent, mais aussi le marron chocolat, le vert avocat, le jaune moutarde.
- Speaker #1
Sur les murs.
- Speaker #2
Oui, souvent sur des papiers peints avec des motifs énormes. Géométriques ou floraux, très très présents.
- Speaker #1
Et les matériaux phares de l'époque ? On pense plastique, non ?
- Speaker #2
Ah oui, le plastique était partout. Il permettait des formes nouvelles, assez audacieuses, rondes. Pensez au fameux tabouret Tom Tom, par exemple. Mais il y avait aussi beaucoup de verre fumé, de chrome qui brillait, du sky sur le fauteuil et les canapés, et bien sûr, la formica dans la cuisine.
- Speaker #1
Tout un style.
- Speaker #2
Très marqué quand on y repense.
- Speaker #1
Très marqué, oui, et qui cherchait sans doute à créer une ambiance chaleureuse, une sorte de cocon face à l'extérieur un peu morose.
- Speaker #2
Et pour la convivialité, il y avait l'objet star des soirées entre amis ou en famille.
- Speaker #1
Le service a fondu.
- Speaker #2
Ça, qu'elle soit sauvoyarde avec le fromage ou bourguignonne avec la viande, ce caclon en fond émaillé, souvent orange vif ou rouge.
- Speaker #1
Orange, bien sûr.
- Speaker #2
Évidemment, posé au milieu de la table, c'était vraiment le symbole du partage, de la soirée sympa, simple et chaleureuse.
- Speaker #1
Et côté nouveauté technologique à la maison, qu'est-ce qui pointait son nez ?
- Speaker #2
La chaîne Hi-Fi commençait vraiment à se répandre. Avoir une belle platine vinyle, un ampli, de bonnes enceintes, ça devenait un signe de modernité. Et puis, il y avait une petite révolution qui démarrait tout juste. Encore très chère et rare en France, mais quand même.
- Speaker #1
Le jeu vidéo ?
- Speaker #2
C'est ça. La console Pong, Atari, deux barres, une balle carrée sur l'écran de la télé. Le tout premier jeu vidéo à domicile, ou presque. C'est fou de penser que ça commençait comme ça.
- Speaker #1
Bon alors... Si on essaie de résumer un peu cette France de 1975 vue à travers nos sources, c'est une France pleine de contrastes, finalement.
- Speaker #2
Tout à fait. Tiraillée entre, d'un côté, la nécessité de faire attention, d'économiser l'énergie, et de l'autre, une formidable envie d'aller de l'avant, d'innover, de rêver. Que ce soit à travers une voiture futuriste ou un intérieur coloré.
- Speaker #1
Une sorte de contrainte créative, comme on dit parfois.
- Speaker #2
C'est une bonne façon de le voir, oui. Les difficultés économiques ont, paradoxalement peut-être, stimuler l'ingéniosité et elles ont aussi sans doute recentré les gens sur des valeurs plus simples comme la convivialité à la maison.
- Speaker #1
Et ça nous laisse peut-être avec une question pour la route. Cette capacité qu'on a vue en 1975 à combiner débrouillardise, innovation et recherche de convivialité face aux contraintes, est-ce qu'elle ne pourrait pas nous inspirer un peu aujourd'hui face aux défis de notre propre époque ?
- Speaker #0
Vous venez d'écouter le podcast Nos années vintage consacré à la chasse aux gaspilles et autres faits marquants de l'année 1975. A bientôt pour un nouvel épisode.