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Le Son du Désir - érotisme, sexe et fantasmes

Confession de Jessica Rispal, Photographe de l'intime et Domina

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27min |04/05/2025
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Le Son du Désir - érotisme, sexe et fantasmes

Confession de Jessica Rispal, Photographe de l'intime et Domina

Confession de Jessica Rispal, Photographe de l'intime et Domina

27min |04/05/2025
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Description

Jessica Rispal, photographe et dominatrice, explore un érotisme et un sexe cru, esthétique et politique. Entre BDSM, autoportrait et mise en scène du désir, un épisode troublant, intime et captivant.


Ici, la photographie devient un terrain de jeu charnel, artistique et politique : corps ligotés, cellophane, chambres d’hôtel et parkings deviennent des scènes intimes où la création s’empare du BDSM, du nu, de la transgression et de la pudeur.

🎯 Pourquoi écouter cet épisode ?

  • Pour découvrir une artiste qui déconstruit le male gaze

  • Pour entendre le lien entre création, sexualité et domination

  • Pour entrer dans les coulisses du BDSM et de la photo d’art, sans fard ni faux-semblant

  • Parce que chaque image, chaque posture, chaque objet devient un geste de liberté


💡 À écouter si vous aimez :

  • Le BDSM vu par une femme pudique et puissante

  • Les récits intimes, radicaux et non-conformistes

  • L’art qui dérange, questionne et libère

  • Les univers où l’érotisme rime avec introspection


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3 clics. 0 jugement. 100 % volupté. 💫

📸 Découvrez le travail de Jessica Rispal sur Instagram et jessicarispal.me
🖤 Son magazine Le Bateau revient bientôt avec un numéro spécial science-fiction.



Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Pour faire venir les gens vers des choses quasi pornographiques effectivement, des gros plans, des choses où on ose. Et donc là, je me suis éclatée. On est dans cet état d'énergie sexuelle. Et le BDSM, c'est ça, c'est du jeu.

  • Speaker #1

    Le son du désir Dans le cadre du podcast Le Son du Désir, j'ai décidé de rencontrer des personnes qui font vivre l'érotisme au quotidien, ou presque, des créateurs, des créatrices, des photographes, des personnes qui font du burlesque, des personnes qui font tout ce qu'ils peuvent pour que vous puissiez vivre vos fantasmes. Et aujourd'hui, je rencontre une photographe, Jessica Rispal. Pour devenir VIP... Le son du désir.fr Votre destination secrète vers l'érotisme audio. Bonjour photographe plasticienne, comment vous vous définiriez ?

  • Speaker #0

    Bonjour, je dirais comme artiste un peu pluridisciplinaire. Avec un tronc commun qui est la direction artistique comme métier et la photographie comme grande passion.

  • Speaker #1

    Ce qui est formidable, c'est que ce n'est pas n'importe quelle photographie. Quand on voit vos expositions, quand on regarde rien que votre compte Instagram, qui est une petite vitrine de votre travail, c'est surtout la photographie de l'intime. Un intime par le prisme du noir et blanc. Un intime. par le prisme également de votre vision, de cette volonté peut-être de vous inspirer de lieux qui vous sont chers ou d'objets, j'ai l'impression également.

  • Speaker #0

    Oui, j'ai commencé dans ma chambre chez mes parents avec deux lampes de chevet. J'ai commencé avec des copines de lycée dans ma chambre, j'ai continué avec... des amis proches, dans le cabanon, dans le jardin chez mes parents. Et ensuite, j'ai investi ma chambre à chaque fois que j'ai pu, mon salon. Et plus tard, j'ai commencé à aller dans des chambres d'hôtel pour essayer de trouver un peu de matière, un peu de texture ou de surprise aussi.

  • Speaker #1

    Comment on en vient à vouloir montrer non seulement le... corps de l'autre, mais également son propre corps, parce qu'il y a quelques autoportraits que j'ai pu dénicher.

  • Speaker #0

    Je pense que j'ai pris le corps de l'autre pour ne pas avoir à photographier le mien au départ, et parce que c'est plus facile, c'est intéressant, on a affaire à plein de types de corps différents, c'est une matière infinie, on a autant de rencontres que de possibilités. En fait, ça a commencé parce que j'ai fait un cursus d'art plastique au lycée et mon sujet de travail était la censure. Et donc, en travaillant sur la censure, c'était logique pour moi de travailler sur le corps, du coup.

  • Speaker #1

    Beaucoup de corps féminins ?

  • Speaker #0

    Oui, parce que c'est ce qui m'a inspirée et ce qui était le plus facile d'accès pour moi à 18 ans. Parce qu'à 18 ans, quand on se met sur la censure, on a... Enfin, en tout cas, moi, je n'avais pas un rapport... aux hommes de mon âge très proches. Donc, j'ai shooté mes copines. Et après, j'ai continué à faire ça pendant des années et des années. Et puis, un jour, je suis allée au musée d'Orsay. Je vois l'exposition sur le nu masculin. Et je me dis, mais qu'est-ce que je fais ? Pourquoi je ne photographie pas les hommes ? C'est quoi ma proposition pour ça ? Du coup, j'ai dit j'y vais, tant pis. Je mets une annonce sur Facebook et je vois qui veut bien poser pour moi chez les mecs de mon entourage. Et c'est parti.

  • Speaker #1

    Moi, je parlais de personnes qui font vivre l'érotisme aujourd'hui. Ce qui est intéressant dans votre travail, c'est que c'est votre propre vision de l'érotisme. Vous n'êtes pas là pour rentrer dans certains cadres que l'on pourrait penser comme ce que moi j'appelle l'érotisme à la papa, le glamour. Ça peut être presque... L'illusion d'une pornographie, en tout cas de quelque chose d'assez choc, même du gros plan, mais avec une certaine pudeur.

  • Speaker #0

    C'est vrai, mais parce que moi je suis très pudique, donc il y a une espèce de petit conflit intérieur qui se révèle dans mes images. C'est que je suis très pudique et à la fois très curieuse, c'est comme regarder par le trou de la serrure. Donc il y a de ça, moi je suis très intéressée par l'impudique parce que je suis très pudique. Donc... J'aime bien aller au-delà de ce qui me gêne, ce qui me dérange. Est-ce que moi-même, je vais oser demander ça pour une séance ? Moi, je n'osais pas. J'ai fait beaucoup de choses très glamour. Au contraire, mes références, c'était Newton, c'était Jean Lussief, c'était des gens qui faisaient des choses. Justement, C'est confortable, c'est joli. C'est un regard masculin sur la femme. Moi, je l'ai vécu comme ça. J'ai vécu... Enfin, j'ai 43 ans, donc j'ai été bercée par des images d'hommes, avec des regards d'hommes sur les femmes. Donc, voilà. Ça donne un mix entre ces références-là et mon envie de casser ces codes-là.

  • Speaker #1

    C'est ce qu'on appelle le fameux male gaze. Ouais,

  • Speaker #0

    c'est ça.

  • Speaker #1

    Dans votre redéfinition de l'érotisme, c'est un geste politique ?

  • Speaker #0

    Oui, parce qu'en fait, quand je me suis rendue compte, au bout de quand même assez longtemps, que je rentrais dans ce schéma-là, peut-être parce que la société a changé en même temps, j'ai dû m'inscrire dans une réflexion qui était actuelle. J'ai regardé mon travail et je me suis dit, mais je suis en train de faire ça. Et du coup, un jour, j'ai réfléchi à ça et je me suis dit, je vais essayer de lancer un autre projet qui s'appelait les Annales Noires à ce moment-là. et qui me permettait de sortir du glamour et qui a permis de découvrir d'autres personnes, d'autres modèles que mes amis, des gens qui osaient un peu plus. Et ce projet des annales noires a été créé pour faire venir les gens vers des choses quasi pornographiques, effectivement. Des gros plans, des choses où on peut oser tout. Et donc là, je me suis éclatée. J'ai fait venir des hommes, des femmes et on a... On explorait avec des objets, effectivement, avec tout ce qui nous tombait sous la main. Je suis allée dans mon frigo, je suis allée chercher des œufs, on a été chercher des cagoules, on a été chercher plein de choses et on a tout mélangé. Et là, ça devenait créatif. C'était plus j'ai quelqu'un en face de moi avec des belles courbes et on fait une belle lumière. Il y avait autre chose.

  • Speaker #1

    Je vais vous laisser quand même mettre de l'eau dans votre thé, ouvrir ce petit sachet parce que nous nous retrouvons dans un café à Paris. pour cette interview. Donc en fait, de ce que j'entends, c'est l'idée de faire participer le modèle activement à l'acte de création, et de ne pas forcément rendre la photographie de nu excitante de prime abord.

  • Speaker #0

    Non, non, non, ce n'est pas du tout mon but en fait. Je ne souhaite pas exciter les gens, ce n'est pas masturbatoire comme image, loin de là, je pense. Et c'est ce qui crée un peu la dissonance entre le fait qu'on regarde un corps nu, ou on regarde, je ne sais pas... Une pénétration, un objet pénétrant ou peu importe. Et on n'est pas excité. Et moi, j'aime bien ça.

  • Speaker #1

    Ça fait partie du geste de l'artiste ?

  • Speaker #0

    Oui, oui, oui. C'est-à-dire que ça,

  • Speaker #1

    c'est mon point de vue. Mon point de vue, c'est que la nudité, elle peut être autre chose que quelque chose d'excitant.

  • Speaker #0

    Oui, et puis à l'époque, j'ai beaucoup posé la question avant le shooting au modèle de dire qu'est-ce que tu aimes et qu'est-ce que tu détestes ? À manger ou peu importe. Par exemple, il y a quelqu'un, je lui ai mis de la peau de serpent. de la mue de serpent dessus. Il se trouve qu'il avait la phobie de ça. Bon, je ne le savais pas, mais c'était un heureux moment de circonstance. Mais c'est exactement ce que je cherche. J'aime bien l'idée que la personne arrive avec quelque chose qui lui appartient. Je n'ai pas envie forcément d'imposer ma vision. C'est un petit travail à quatre mains. Donc, il y a quelqu'un qui est arrivé avec un objet qu'il a fabriqué lui-même et qu'on a utilisé pour le shooting. Il y a beaucoup de propositions faites par les modèles. Ça se joue à très peu de choses, mais c'est ça qui est intéressant. Et des fois, juste, je regarde autour de moi et je me dis, tiens, ça te dit, on utilise ça ? C'est sur mon piano, ça traîne ? Ou je ne sais pas, on fouille dans mes tiroirs, on sort des objets. Et voilà, la dernière fois que j'ai fait des photos, il y a peu, la personne m'avait apporté des fleurs. Mais parce que ça se fait. Pour juste... les mettre chez moi et en fait, je lui ai direct accroché au corps et elles ont mal fini. Donc, il n'y avait plus de fleurs à la fin de la séance, mais ce n'est pas grave, c'était très joli.

  • Speaker #1

    Ce qui est très amusant, c'est que quand je vous ai contacté, je connaissais votre travail, je ne connaissais pas la personne et j'ai eu presque un peu peur de vous, peur de vous contacter. Je me suis dit, bon... Voilà, vous êtes très proche des milieux fétichistes, en tout cas, c'est ce que j'ai l'impression. J'ai en face de moi quelqu'un qui est habillé tout en noir, qui a un crucifix en sautoir. C'est vrai, hein ? mais qui en même temps a comme une extrême pudeur, une extrême réserve quand elle s'exprime. Et c'est là également la dissonance entre ce qu'on annonce et ce qu'on est. Est-ce que justement, votre travail artistique, il n'est pas là pour exprimer tout ce que vous avez à l'intérieur, des idées les plus folles ? Est-ce que vous avez un autre personnage en fait qui s'exprime quand vous êtes derrière l'appareil ?

  • Speaker #0

    Ah non, non, je crois que c'est moi. Mais on peut être multiple et on peut être...

  • Speaker #1

    Schizophrénie ?

  • Speaker #0

    j'ai fini ma thérapie alors non je crois qu'on peut être à la fois pudique et aller chercher en soi ce qu'il y a de plus Je ne sais pas comment le nommer, mais non, ça fait partie de moi. Je ne crois pas qu'il y ait 15 personnes ni de personnages. Au contraire, parce que je parle sous mon nom, je n'ai pas de pseudo. Tout ce que je fais, c'est en mon nom propre. Il y a beaucoup de gens qui naviguent en tant qu'artiste ou peu importe, avec des pseudos. Moi, ce n'est pas le cas. Donc, j'assume complètement qui je suis et ce n'est pas un personnage. Par contre, je peux comprendre que je renvoie une image qui n'est pas forcément celle quand on est en face de moi. Mais ça, c'est tout le monde, je crois. à des niveaux différents, mais on renvoie tous une image, celle qu'on veut donner et celle qui est perçue. Mais oui, je suis une personne plutôt calme et discrète, et pour autant, ça ne m'empêche pas de faire la fête le soir et de danser sur les tables s'il faut. Et en photographie, d'explorer des choses intimes, très intimes, très crues, mais avec quand même un peu de pudeur.

  • Speaker #1

    Quel regard vous portez sur le BDSM aujourd'hui ? Je pense particulièrement à l'art dans le BDSM, la façon dont il est montré et également dont il est montré sur les réseaux. Est-ce que vous participez à cette scène ? Vous êtes aimée en tout cas par des personnes qui se réclament comme pratiquants, comme adeptes ou comme juste admirateurs de choses dites fétichistes.

  • Speaker #0

    Je ne sais pas quelle est l'image de l'art dans le BDSM. j'ai du mal à... À sectoriser l'art, je crois qu'il y a plus de ponts qu'on le pense. J'ai le pied dedans suffisamment pour savoir que ceux qui n'ont pas l'air en font partie. Je ne sais pas, je ne suis pas sûre qu'il y ait un art BDSM, que il y ait... Je ne sais pas. Je ne saurais pas répondre à cette question. Moi, je me sens très proche de ce milieu-là parce que j'aime bien la liberté qui est là-dedans. J'aime bien que les gens puissent s'exprimer, j'aime bien pouvoir m'exprimer et que du coup, les gens de ce milieu comprennent ce que je raconte. Ceux qui ne sont pas forcément dans ce milieu vont regarder ça de manière un peu bizarre, pas forcément comprendre où je veux en venir, ni la douceur que j'y trouve.

  • Speaker #1

    Paradoxalement.

  • Speaker #0

    Paradoxalement, ouais. Moi, j'y vois de la liberté, de la douceur et une forme d'expression là où on va voir peut-être quelque chose de trash, de violent ou de pornographique, ouais. Donc ça se joue à la personne qui regarde. C'est vrai que les gens qui vont bien connaître ce milieu seront peut-être plus ouverts à comprendre les subtilités.

  • Speaker #1

    C'est sexuellement jouissif de créer ce genre de photos ? Ou est-ce qu'on est juste détaché de se dire « Non, je fais ça, ce genre de création » .

  • Speaker #0

    Non, ce n'est pas détaché. Moi, je pense que la création est liée à la sexualité, mais en général, c'est une histoire d'énergie du corps. C'est quelque chose qui sort de soi. Pour moi, c'est ça, en tout cas, même si on dessine des fleurs. Oui, il y a une énergie sexuelle qui est là, c'est évident, même si c'est très intellectuel. Quand je dis ça, ça ne revient pas à dire qu'on a envie de faire du sexe avec la personne, pour être claire. C'est juste qu'on est dans cet état-là d'énergie sexuelle. C'est un peu différent, je ne sais pas si les gens peuvent le ressentir.

  • Speaker #1

    Il y a des personnes qui expriment ça dans certaines pratiques de yoga,

  • Speaker #0

    par exemple. Exactement, voilà. C'est une histoire d'énergie. Chez du yoga ? Oui, chez du yoga. Mais je ne suis pas dans les histoires de spiritualité très poussées. Mais oui, pour moi, il y a une connexion au corps évidente, à l'énergie sexuelle, sans perversion.

  • Speaker #1

    Comment on en vient à vouloir faire des photos de personnes qui se retrouvent dans une chambre d'hôtel ? Je précise ça parce que c'est une série que vous avez faite.

  • Speaker #0

    Alors celle du Love Hotel en particulier, c'est parce que moi j'y allais à titre personnel, au Love Hotel. J'avais des rendez-vous comme ça et j'aimais beaucoup cet endroit, notamment avant qu'il soit refait. Parce que je le trouvais un peu kitsch avec des décors à la japonaise ou vraiment décors indiens. Je ne sais pas, je trouvais ça un peu kitsch, presque de mauvais goût. Mais avec des petites lumières rouges ou des choses comme ça qui font qu'on peut y trouver un intérêt esthétique. Du coup, je n'ai pas fait de noir et blanc là-bas parce qu'il y avait un rapport à la couleur qui allait bien. Cet endroit-là m'a fait changer un peu de façon de faire. J'arrivais juste avec la personne, mon appareil dans le sac, pas de flash, rien. C'était un process hyper simple et il fallait faire avec ce qu'on avait, sous-exposé. Il y a une ambiance. J'aime bien cette ambiance-là. Et pourtant, ce n'était pas des partenaires, c'était des modèles avec qui j'ai fait ces photos. Mais ça m'a bien amusée et j'ai pu sortir du noir et blanc. J'ai fait de la couleur, j'ai fait autre chose. Et c'est ça que ça amène de sortir de ma chambre ou de mon salon. Se laisser surprendre par le lieu, les contraintes du lieu.

  • Speaker #1

    Vous avez fait une série dans un parking ? Oui.

  • Speaker #0

    C'est pareil. En fait, j'ai fait une série dans ma chambre où les gens venaient pendant deux heures et on faisait tout ce qui était possible de faire comme posture dans ma chambre. Et voilà, la personne, je la laissais faire. Et donc, il y a des gens qui se mettaient près de la fenêtre, juste de manière contemplative. Des gens qui se sentaient plus d'être sur mon lit, parfois qui s'allongeaient. Et je me suis dit, je vais faire la même chose, mais dans mon parking.

  • Speaker #1

    C'est assez fort. Les photos en question, je vais en décrire certaines. On est dans un parking avec un sol tout en béton, avec de la poussière. Il y a ce corps nu qui est tenu par des liens qui me semblent en cuir, qui est totalement à terre. Ce corps posé contre un pilier. il y a une dimension presque de je dirais comme si vous vouliez montrer je sais pas d'être quelqu'un qui est esclave de lui-même ou qui est une torture il y a quelque chose d'assez fort là-dedans et de mêler effectivement la chair à la crasse supposée d'un parking. Il y a ce côté un peu eros et thanatos qui est assez présent en général dans l'art, mais avec votre propre dimension fétichiste, si vous me permettez de mettre ce mot à nouveau.

  • Speaker #0

    En fait, quand on regarde la série de près, il y a un fil rouge qui est l'utilisation de cellophane. Et en fait, j'ai relié les corps au mur, au sol, au... Voilà, avec du cellophane, ce qui fait qu'il y a un effet un peu toile d'araignée ou un effet un peu... Moi, j'aime beaucoup la science-fiction, donc j'avais envie d'emmener le corps, oui, l'accrocher ou le faire sortir des murs. Donc j'ai essayé de trouver une matière comme ça qui relie les deux.

  • Speaker #1

    Tout en étant transparente ?

  • Speaker #0

    Tout en étant transparente, mais avec quelques reflets. J'aime pas trop l'urbex, enfin j'aime pas du tout ça d'ailleurs, donc je n'en ai pas fait peut-être une fois il y a longtemps. Ça ne m'intéresse pas tellement de mettre des corps nus dans des espaces urbains. Là, c'était un peu différent. En fait, ce qui m'amusait énormément, c'est que les gens pouvaient rentrer dans le parking à tout moment. J'avoue que ça faisait partie de mon plaisir sur ça. Et puis, cet aspect très froid. Je crois que j'aimais bien la répétition, d'évoluer dans le même endroit avec plusieurs personnes. ça crée Un peu d'étrangeté, un peu de... C'est mon côté science-fiction qui s'est projeté là-dedans. Et effectivement, avec toujours l'idée que les gens faisaient un peu ce qu'ils voulaient.

  • Speaker #1

    Ce sont des modèles ou ce sont des personnes qui n'ont jamais posé ?

  • Speaker #0

    C'est beaucoup des amis qui posent pour d'autres amis photographes. C'est parfois des modèles pour du dessin de nuit, du modèle vivant ou de la photo. Mais voilà, c'est un peu... petits milieux comme ça ?

  • Speaker #1

    Je pose cette question parce que la motivation de la personne qui va poser nue, elle est toujours très importante en fait dans une photo. Quand c'est un modèle, la personne peut se dire bon bah c'est mon job, j'ai l'habitude de faire des poses, je suis payé pour ça et puis... Et puis ça me plaît. C'est surtout les premières fois où l'inconscient de la personne va s'exprimer, mais ensuite on rentre dans une sorte d'habitude. En revanche, des personnes qui n'ont pas trop l'habitude de poser, parfois ça peut être un kink, d'aucun diront une perversion, en tout cas une volonté peut-être d'exhibitionnisme ou quelque chose comme ça, qui peut venir également perturber le travail de la photographe.

  • Speaker #0

    Ah oui, alors là, c'est des gens qui ont plutôt l'habitude. Et à la fois, je pense que ça les titille. Je pense que déjà, la plupart des gens qui viennent me voir pour être pris en photo n'en ont pas forcément l'habitude, mais aiment l'idée de voir ce qui va se passer, ce qui va leur arriver ou quels trucs ils vont finir par ingérer. Il y a toujours une notion de surprise ou d'excitation, je pense, dans le fait de venir faire des photos. Et ça a été le cas sur cette séance aussi. L'idée d'être nue dans un parking et se dire, OK, qu'est-ce qu'on va en faire ? J'ai des copines qui sont venues à deux et qui se sont pissées dessus, comme ça, dans le parking. Enfin, il y a cette personne-là, effectivement, avec le fouet suspendu au-dessus d'elle, sur le poteau, qui est restée comme ça à quatre pattes. Il y a une autre personne que j'ai couverte de l'encre de sèche. On a pris le temps de lui en recouvrir le corps, dans le parking. Il pouvait arriver n'importe qui. Enfin voilà, c'est que des expériences comme ça. Mais c'est des jeux d'enfants, avant tout. Moi, je considère que je m'amuse comme un gamin. C'est que du jeu. Et le BDSM, c'est ça, c'est du jeu.

  • Speaker #1

    J'ai vu un autoportrait de vous sur un lit. C'est difficile de se montrer soi-même quand on prend autant en photo les autres ?

  • Speaker #0

    C'est difficile pour moi parce que...

  • Speaker #1

    C'est dévoiler totalement son intimité. Vous n'étiez qu'une autre personne sur ce lit.

  • Speaker #0

    Ah oui ?

  • Speaker #1

    Et quand je dis dévoiler son intimité, est-ce que c'est laisser l'œil du spectateur entrer jusque soi ? où c'est... Monter sur une scène et dire je prends la parole.

  • Speaker #0

    Dans tout ce travail global, j'ai bien aimé aussi présenter une image de moi. Après, à ce stade, je pense que ça reste un peu superficiel et pas forcément très intéressant, ce que j'ai montré de moi.

  • Speaker #1

    Superficiel ? Est-ce que ça veut dire juste en surface ?

  • Speaker #0

    Oui.

  • Speaker #1

    Ou état de votre superficialité ?

  • Speaker #0

    C'est plus un travail de surface.

  • Speaker #1

    Parce qu'il y a des personnes qui se montrent et on doit trouver ça superficiel.

  • Speaker #0

    Non, je pense que c'est à l'état de surface, parce que si je voulais vraiment parler de moi, je le ferais autrement sur moi. Mais je pense que j'en suis pas prête. Voilà, donc je le fais à travers d'autres choses et à travers les autres. Mais disons que les versions que je montre de moi sont très esthétisantes et racontent sûrement un peu de pudeur dans l'histoire. Mais ça s'arrête là,

  • Speaker #1

    je pense. Vous êtes partiellement cachée par l'objectif et par votre partenaire sur ce livre.

  • Speaker #0

    Ah oui, je n'ai pas souvenir de photos de moi avec quelqu'un, mais...

  • Speaker #1

    Je vous la sortirai.

  • Speaker #0

    Ah oui, d'accord, je vois. C'est au Love Hotel ? Oui. Ah oui.

  • Speaker #1

    Un instant, je me suis dit, c'est sérieux, j'ai confondu, mais non, et pourtant, je l'ai vu tout à l'heure.

  • Speaker #0

    Non, mais parce que...

  • Speaker #1

    Tu fais attention,

  • Speaker #0

    je travaille. Non, parce que partenaire, j'entends personne avec qui je suis. Mais effectivement, c'est une amie, du coup, je ne l'ai pas... Et en fait, je l'ai fait deux fois.

  • Speaker #1

    C'est pas supposé.

  • Speaker #0

    Ah oui, oui, bah oui.

  • Speaker #1

    Ce n'est pas légendaire. Oui,

  • Speaker #0

    on peut supposer. C'est ça qui est intéressant d'ailleurs. Il se trouve que je l'ai fait avec deux personnes, dans ce même Love Hotel, avec deux femmes. Et j'ai bien aimé, justement, effectivement, laisser le doute sur la relation, qu'est-ce qu'on a pu y faire. Et effectivement, là, c'était un pas de côté sur ce que je peux raconter de moi, avec un peu de storytelling.

  • Speaker #1

    Qu'est-ce que vous allez raconter prochainement ?

  • Speaker #0

    En images ?

  • Speaker #1

    Oui. Ah oui, c'est parce que ça pourrait être en son, vous avez fait de la musique.

  • Speaker #0

    J'ai fait de la musique électronique avec mon mec de l'époque, ouais. Mais ça, c'est fini maintenant. Qu'est-ce que je vais raconter ? En fait, je voudrais travailler sur les séances de domination que je fais, à côté de tout ça. Et donc, j'aimerais rassembler du matériel visuel, audio et vidéo pour parler de ça.

  • Speaker #1

    Qu'est-ce que ça apporte au niveau créatif de faire de la domination dans votre travail ?

  • Speaker #0

    Ça apporte énormément et en fait, en ce moment, ça supplante un peu mon travail photographique parce que c'est très, très créatif. Franchement, c'est un puits sans fond d'idées. Déjà, chaque personne est très, très différente et vient chercher mes idées et avec beaucoup moins de tabous et de limites qu'un modèle photo. Et du coup, moi, ça m'éclate. Donc là, en ce moment, je ne suis excitée que par ça parce que... Parce que du coup, toute mon imagination va là-dedans.

  • Speaker #1

    Dans quelle spécialité ?

  • Speaker #0

    Je ne sais pas, j'aime bien...

  • Speaker #1

    Est-ce que vous vous êtes intéressée au chibari pour vos photos ?

  • Speaker #0

    Oui, du coup, je faisais vraiment des nœuds catastrophiques, je pense. Quand je regarde, c'est ridicule, mais c'était un pas vers ça à l'époque. Et oui, j'aime bien le chibari. Maintenant, je m'en sers un peu moins pour la photo et un peu plus pour mes séances de domination. j'aime beaucoup Tous les objets en métal et les pinces et les sondes et des choses comme ça, l'impact. Mais j'aime bien l'idée de trouver un objet du quotidien et le transformer en quelque chose d'utile pour une séance.

  • Speaker #1

    Qu'est-ce qu'ils viennent chercher chez vous, les personnes qui vous contactent, justement pour être dominées ?

  • Speaker #0

    Comme je communique sur le fait d'être dans le milieu artistique, les gens sont intéressés par ça. Ils viennent pour trouver quelque chose de créatif. parce qu'ils ont souvent vu pas mal de dominats déjà. Donc, ils connaissent bien la cravache, ils savent comment la prendre. Enfin, c'est un milieu très codifié. Une cravache, c'est une cravache. Donc, voilà, à un moment donné, il y a la personnalité derrière de chaque dominat. Donc, je suppose que ce qu'ils viennent chercher chez moi, c'est la partie artistique en plus.

  • Speaker #1

    Et donc, vous allez vous servir de cela pour créer un objet, un livre, une exposition ? vous ne savez pas encore ?

  • Speaker #0

    un peu tout je crois un peu tout ? oui j'ai envie que ce soit assez complet mais j'aimerais bien une expo quelque chose qu'on puisse parcourir qu'on puisse vivre je ne sais pas même peut-être des personnes soumises présentes je n'ai pas imaginé le produit fini mais je n'ai pas envie de faire un énième livre de Donnemina qui raconte ses expériences ça se fait pas mal en ce moment oui je trouve ça rigolo de lire ça je trouve ça passionnant mais ce n'est pas forcément ce que je veux faire mais Merci. Oui, qu'il y ait du son, que ce soit un peu immersif, qu'on sorte juste de la lecture pure. De la vidéo aussi, mais pas la vidéo formatée qu'on voit dans les milieux BDSM. C'est-à-dire, je n'ai pas envie de faire de la pub de ce que je fais. Ça ne m'intéresse pas, je ne vais pas... enregistré de manière très esthétique. Je ne vais pas me mettre en scène pour me vendre. Ce n'est pas ce type de vidéo-là.

  • Speaker #1

    C'est plus une immersion dans votre art.

  • Speaker #0

    Oui, j'ai déjà fait quelques vidéos. Je pense que ce sera un peu du même ordre.

  • Speaker #1

    On a hâte de voir ça. Quelques mots sur Le Bateau, qui est votre magazine artistique qui démontre une grande partie de vos talents d'éditrice, de directrice artistique.

  • Speaker #0

    Le bateau, c'est mon bébé. Je suis donc au numéro 19 maintenant. Le 20 va sortir cette année, après une longue pause covidienne et personnelle.

  • Speaker #1

    Mais le bateau n'a pas pris l'eau.

  • Speaker #0

    Mais le bateau n'a pas pris l'eau, promis, et ce n'est pas l'épave. Et comme ça, on le retrouvera d'ici la fin de l'année, je pense.

  • Speaker #1

    Avec des collaborations ?

  • Speaker #0

    Avec plein de monde dedans, comme d'habitude. Et ça va être un joli numéro. C'est sur la science-fiction. C'est mon thème préféré. Et c'est pour ça que j'ai du mal à le sortir aussi. C'est parce qu'il y a un petit enjeu personnel où c'est vraiment mon thème de prédilection. Donc, je veux que ce soit parfait.

  • Speaker #1

    On a hâte de découvrir ça. On retrouve votre travail sur votre page Instagram, Jessica Rispal. Et sur votre site internet également. Une exposition bientôt, pas d'exposition.

  • Speaker #0

    J'y travaille.

  • Speaker #1

    Toutes les infos sont à retrouver sur le réseau. Merci beaucoup Jessica. Merci. Et à bientôt. Pour devenir VIP du son du désir et accéder à des centaines d'histoires érotiques immersives ainsi qu'à de nombreux audios de relaxation intime, une seule adresse, lesondudésir.fr et abonnez-vous discrètement en seulement 3 clics. lesondudésir.fr Votre destination secrète vers l'érotisme audio.

Description

Jessica Rispal, photographe et dominatrice, explore un érotisme et un sexe cru, esthétique et politique. Entre BDSM, autoportrait et mise en scène du désir, un épisode troublant, intime et captivant.


Ici, la photographie devient un terrain de jeu charnel, artistique et politique : corps ligotés, cellophane, chambres d’hôtel et parkings deviennent des scènes intimes où la création s’empare du BDSM, du nu, de la transgression et de la pudeur.

🎯 Pourquoi écouter cet épisode ?

  • Pour découvrir une artiste qui déconstruit le male gaze

  • Pour entendre le lien entre création, sexualité et domination

  • Pour entrer dans les coulisses du BDSM et de la photo d’art, sans fard ni faux-semblant

  • Parce que chaque image, chaque posture, chaque objet devient un geste de liberté


💡 À écouter si vous aimez :

  • Le BDSM vu par une femme pudique et puissante

  • Les récits intimes, radicaux et non-conformistes

  • L’art qui dérange, questionne et libère

  • Les univers où l’érotisme rime avec introspection


🔐 Passez en mode VIP avec Le Son du Désir
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3 clics. 0 jugement. 100 % volupté. 💫

📸 Découvrez le travail de Jessica Rispal sur Instagram et jessicarispal.me
🖤 Son magazine Le Bateau revient bientôt avec un numéro spécial science-fiction.



Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Pour faire venir les gens vers des choses quasi pornographiques effectivement, des gros plans, des choses où on ose. Et donc là, je me suis éclatée. On est dans cet état d'énergie sexuelle. Et le BDSM, c'est ça, c'est du jeu.

  • Speaker #1

    Le son du désir Dans le cadre du podcast Le Son du Désir, j'ai décidé de rencontrer des personnes qui font vivre l'érotisme au quotidien, ou presque, des créateurs, des créatrices, des photographes, des personnes qui font du burlesque, des personnes qui font tout ce qu'ils peuvent pour que vous puissiez vivre vos fantasmes. Et aujourd'hui, je rencontre une photographe, Jessica Rispal. Pour devenir VIP... Le son du désir.fr Votre destination secrète vers l'érotisme audio. Bonjour photographe plasticienne, comment vous vous définiriez ?

  • Speaker #0

    Bonjour, je dirais comme artiste un peu pluridisciplinaire. Avec un tronc commun qui est la direction artistique comme métier et la photographie comme grande passion.

  • Speaker #1

    Ce qui est formidable, c'est que ce n'est pas n'importe quelle photographie. Quand on voit vos expositions, quand on regarde rien que votre compte Instagram, qui est une petite vitrine de votre travail, c'est surtout la photographie de l'intime. Un intime par le prisme du noir et blanc. Un intime. par le prisme également de votre vision, de cette volonté peut-être de vous inspirer de lieux qui vous sont chers ou d'objets, j'ai l'impression également.

  • Speaker #0

    Oui, j'ai commencé dans ma chambre chez mes parents avec deux lampes de chevet. J'ai commencé avec des copines de lycée dans ma chambre, j'ai continué avec... des amis proches, dans le cabanon, dans le jardin chez mes parents. Et ensuite, j'ai investi ma chambre à chaque fois que j'ai pu, mon salon. Et plus tard, j'ai commencé à aller dans des chambres d'hôtel pour essayer de trouver un peu de matière, un peu de texture ou de surprise aussi.

  • Speaker #1

    Comment on en vient à vouloir montrer non seulement le... corps de l'autre, mais également son propre corps, parce qu'il y a quelques autoportraits que j'ai pu dénicher.

  • Speaker #0

    Je pense que j'ai pris le corps de l'autre pour ne pas avoir à photographier le mien au départ, et parce que c'est plus facile, c'est intéressant, on a affaire à plein de types de corps différents, c'est une matière infinie, on a autant de rencontres que de possibilités. En fait, ça a commencé parce que j'ai fait un cursus d'art plastique au lycée et mon sujet de travail était la censure. Et donc, en travaillant sur la censure, c'était logique pour moi de travailler sur le corps, du coup.

  • Speaker #1

    Beaucoup de corps féminins ?

  • Speaker #0

    Oui, parce que c'est ce qui m'a inspirée et ce qui était le plus facile d'accès pour moi à 18 ans. Parce qu'à 18 ans, quand on se met sur la censure, on a... Enfin, en tout cas, moi, je n'avais pas un rapport... aux hommes de mon âge très proches. Donc, j'ai shooté mes copines. Et après, j'ai continué à faire ça pendant des années et des années. Et puis, un jour, je suis allée au musée d'Orsay. Je vois l'exposition sur le nu masculin. Et je me dis, mais qu'est-ce que je fais ? Pourquoi je ne photographie pas les hommes ? C'est quoi ma proposition pour ça ? Du coup, j'ai dit j'y vais, tant pis. Je mets une annonce sur Facebook et je vois qui veut bien poser pour moi chez les mecs de mon entourage. Et c'est parti.

  • Speaker #1

    Moi, je parlais de personnes qui font vivre l'érotisme aujourd'hui. Ce qui est intéressant dans votre travail, c'est que c'est votre propre vision de l'érotisme. Vous n'êtes pas là pour rentrer dans certains cadres que l'on pourrait penser comme ce que moi j'appelle l'érotisme à la papa, le glamour. Ça peut être presque... L'illusion d'une pornographie, en tout cas de quelque chose d'assez choc, même du gros plan, mais avec une certaine pudeur.

  • Speaker #0

    C'est vrai, mais parce que moi je suis très pudique, donc il y a une espèce de petit conflit intérieur qui se révèle dans mes images. C'est que je suis très pudique et à la fois très curieuse, c'est comme regarder par le trou de la serrure. Donc il y a de ça, moi je suis très intéressée par l'impudique parce que je suis très pudique. Donc... J'aime bien aller au-delà de ce qui me gêne, ce qui me dérange. Est-ce que moi-même, je vais oser demander ça pour une séance ? Moi, je n'osais pas. J'ai fait beaucoup de choses très glamour. Au contraire, mes références, c'était Newton, c'était Jean Lussief, c'était des gens qui faisaient des choses. Justement, C'est confortable, c'est joli. C'est un regard masculin sur la femme. Moi, je l'ai vécu comme ça. J'ai vécu... Enfin, j'ai 43 ans, donc j'ai été bercée par des images d'hommes, avec des regards d'hommes sur les femmes. Donc, voilà. Ça donne un mix entre ces références-là et mon envie de casser ces codes-là.

  • Speaker #1

    C'est ce qu'on appelle le fameux male gaze. Ouais,

  • Speaker #0

    c'est ça.

  • Speaker #1

    Dans votre redéfinition de l'érotisme, c'est un geste politique ?

  • Speaker #0

    Oui, parce qu'en fait, quand je me suis rendue compte, au bout de quand même assez longtemps, que je rentrais dans ce schéma-là, peut-être parce que la société a changé en même temps, j'ai dû m'inscrire dans une réflexion qui était actuelle. J'ai regardé mon travail et je me suis dit, mais je suis en train de faire ça. Et du coup, un jour, j'ai réfléchi à ça et je me suis dit, je vais essayer de lancer un autre projet qui s'appelait les Annales Noires à ce moment-là. et qui me permettait de sortir du glamour et qui a permis de découvrir d'autres personnes, d'autres modèles que mes amis, des gens qui osaient un peu plus. Et ce projet des annales noires a été créé pour faire venir les gens vers des choses quasi pornographiques, effectivement. Des gros plans, des choses où on peut oser tout. Et donc là, je me suis éclatée. J'ai fait venir des hommes, des femmes et on a... On explorait avec des objets, effectivement, avec tout ce qui nous tombait sous la main. Je suis allée dans mon frigo, je suis allée chercher des œufs, on a été chercher des cagoules, on a été chercher plein de choses et on a tout mélangé. Et là, ça devenait créatif. C'était plus j'ai quelqu'un en face de moi avec des belles courbes et on fait une belle lumière. Il y avait autre chose.

  • Speaker #1

    Je vais vous laisser quand même mettre de l'eau dans votre thé, ouvrir ce petit sachet parce que nous nous retrouvons dans un café à Paris. pour cette interview. Donc en fait, de ce que j'entends, c'est l'idée de faire participer le modèle activement à l'acte de création, et de ne pas forcément rendre la photographie de nu excitante de prime abord.

  • Speaker #0

    Non, non, non, ce n'est pas du tout mon but en fait. Je ne souhaite pas exciter les gens, ce n'est pas masturbatoire comme image, loin de là, je pense. Et c'est ce qui crée un peu la dissonance entre le fait qu'on regarde un corps nu, ou on regarde, je ne sais pas... Une pénétration, un objet pénétrant ou peu importe. Et on n'est pas excité. Et moi, j'aime bien ça.

  • Speaker #1

    Ça fait partie du geste de l'artiste ?

  • Speaker #0

    Oui, oui, oui. C'est-à-dire que ça,

  • Speaker #1

    c'est mon point de vue. Mon point de vue, c'est que la nudité, elle peut être autre chose que quelque chose d'excitant.

  • Speaker #0

    Oui, et puis à l'époque, j'ai beaucoup posé la question avant le shooting au modèle de dire qu'est-ce que tu aimes et qu'est-ce que tu détestes ? À manger ou peu importe. Par exemple, il y a quelqu'un, je lui ai mis de la peau de serpent. de la mue de serpent dessus. Il se trouve qu'il avait la phobie de ça. Bon, je ne le savais pas, mais c'était un heureux moment de circonstance. Mais c'est exactement ce que je cherche. J'aime bien l'idée que la personne arrive avec quelque chose qui lui appartient. Je n'ai pas envie forcément d'imposer ma vision. C'est un petit travail à quatre mains. Donc, il y a quelqu'un qui est arrivé avec un objet qu'il a fabriqué lui-même et qu'on a utilisé pour le shooting. Il y a beaucoup de propositions faites par les modèles. Ça se joue à très peu de choses, mais c'est ça qui est intéressant. Et des fois, juste, je regarde autour de moi et je me dis, tiens, ça te dit, on utilise ça ? C'est sur mon piano, ça traîne ? Ou je ne sais pas, on fouille dans mes tiroirs, on sort des objets. Et voilà, la dernière fois que j'ai fait des photos, il y a peu, la personne m'avait apporté des fleurs. Mais parce que ça se fait. Pour juste... les mettre chez moi et en fait, je lui ai direct accroché au corps et elles ont mal fini. Donc, il n'y avait plus de fleurs à la fin de la séance, mais ce n'est pas grave, c'était très joli.

  • Speaker #1

    Ce qui est très amusant, c'est que quand je vous ai contacté, je connaissais votre travail, je ne connaissais pas la personne et j'ai eu presque un peu peur de vous, peur de vous contacter. Je me suis dit, bon... Voilà, vous êtes très proche des milieux fétichistes, en tout cas, c'est ce que j'ai l'impression. J'ai en face de moi quelqu'un qui est habillé tout en noir, qui a un crucifix en sautoir. C'est vrai, hein ? mais qui en même temps a comme une extrême pudeur, une extrême réserve quand elle s'exprime. Et c'est là également la dissonance entre ce qu'on annonce et ce qu'on est. Est-ce que justement, votre travail artistique, il n'est pas là pour exprimer tout ce que vous avez à l'intérieur, des idées les plus folles ? Est-ce que vous avez un autre personnage en fait qui s'exprime quand vous êtes derrière l'appareil ?

  • Speaker #0

    Ah non, non, je crois que c'est moi. Mais on peut être multiple et on peut être...

  • Speaker #1

    Schizophrénie ?

  • Speaker #0

    j'ai fini ma thérapie alors non je crois qu'on peut être à la fois pudique et aller chercher en soi ce qu'il y a de plus Je ne sais pas comment le nommer, mais non, ça fait partie de moi. Je ne crois pas qu'il y ait 15 personnes ni de personnages. Au contraire, parce que je parle sous mon nom, je n'ai pas de pseudo. Tout ce que je fais, c'est en mon nom propre. Il y a beaucoup de gens qui naviguent en tant qu'artiste ou peu importe, avec des pseudos. Moi, ce n'est pas le cas. Donc, j'assume complètement qui je suis et ce n'est pas un personnage. Par contre, je peux comprendre que je renvoie une image qui n'est pas forcément celle quand on est en face de moi. Mais ça, c'est tout le monde, je crois. à des niveaux différents, mais on renvoie tous une image, celle qu'on veut donner et celle qui est perçue. Mais oui, je suis une personne plutôt calme et discrète, et pour autant, ça ne m'empêche pas de faire la fête le soir et de danser sur les tables s'il faut. Et en photographie, d'explorer des choses intimes, très intimes, très crues, mais avec quand même un peu de pudeur.

  • Speaker #1

    Quel regard vous portez sur le BDSM aujourd'hui ? Je pense particulièrement à l'art dans le BDSM, la façon dont il est montré et également dont il est montré sur les réseaux. Est-ce que vous participez à cette scène ? Vous êtes aimée en tout cas par des personnes qui se réclament comme pratiquants, comme adeptes ou comme juste admirateurs de choses dites fétichistes.

  • Speaker #0

    Je ne sais pas quelle est l'image de l'art dans le BDSM. j'ai du mal à... À sectoriser l'art, je crois qu'il y a plus de ponts qu'on le pense. J'ai le pied dedans suffisamment pour savoir que ceux qui n'ont pas l'air en font partie. Je ne sais pas, je ne suis pas sûre qu'il y ait un art BDSM, que il y ait... Je ne sais pas. Je ne saurais pas répondre à cette question. Moi, je me sens très proche de ce milieu-là parce que j'aime bien la liberté qui est là-dedans. J'aime bien que les gens puissent s'exprimer, j'aime bien pouvoir m'exprimer et que du coup, les gens de ce milieu comprennent ce que je raconte. Ceux qui ne sont pas forcément dans ce milieu vont regarder ça de manière un peu bizarre, pas forcément comprendre où je veux en venir, ni la douceur que j'y trouve.

  • Speaker #1

    Paradoxalement.

  • Speaker #0

    Paradoxalement, ouais. Moi, j'y vois de la liberté, de la douceur et une forme d'expression là où on va voir peut-être quelque chose de trash, de violent ou de pornographique, ouais. Donc ça se joue à la personne qui regarde. C'est vrai que les gens qui vont bien connaître ce milieu seront peut-être plus ouverts à comprendre les subtilités.

  • Speaker #1

    C'est sexuellement jouissif de créer ce genre de photos ? Ou est-ce qu'on est juste détaché de se dire « Non, je fais ça, ce genre de création » .

  • Speaker #0

    Non, ce n'est pas détaché. Moi, je pense que la création est liée à la sexualité, mais en général, c'est une histoire d'énergie du corps. C'est quelque chose qui sort de soi. Pour moi, c'est ça, en tout cas, même si on dessine des fleurs. Oui, il y a une énergie sexuelle qui est là, c'est évident, même si c'est très intellectuel. Quand je dis ça, ça ne revient pas à dire qu'on a envie de faire du sexe avec la personne, pour être claire. C'est juste qu'on est dans cet état-là d'énergie sexuelle. C'est un peu différent, je ne sais pas si les gens peuvent le ressentir.

  • Speaker #1

    Il y a des personnes qui expriment ça dans certaines pratiques de yoga,

  • Speaker #0

    par exemple. Exactement, voilà. C'est une histoire d'énergie. Chez du yoga ? Oui, chez du yoga. Mais je ne suis pas dans les histoires de spiritualité très poussées. Mais oui, pour moi, il y a une connexion au corps évidente, à l'énergie sexuelle, sans perversion.

  • Speaker #1

    Comment on en vient à vouloir faire des photos de personnes qui se retrouvent dans une chambre d'hôtel ? Je précise ça parce que c'est une série que vous avez faite.

  • Speaker #0

    Alors celle du Love Hotel en particulier, c'est parce que moi j'y allais à titre personnel, au Love Hotel. J'avais des rendez-vous comme ça et j'aimais beaucoup cet endroit, notamment avant qu'il soit refait. Parce que je le trouvais un peu kitsch avec des décors à la japonaise ou vraiment décors indiens. Je ne sais pas, je trouvais ça un peu kitsch, presque de mauvais goût. Mais avec des petites lumières rouges ou des choses comme ça qui font qu'on peut y trouver un intérêt esthétique. Du coup, je n'ai pas fait de noir et blanc là-bas parce qu'il y avait un rapport à la couleur qui allait bien. Cet endroit-là m'a fait changer un peu de façon de faire. J'arrivais juste avec la personne, mon appareil dans le sac, pas de flash, rien. C'était un process hyper simple et il fallait faire avec ce qu'on avait, sous-exposé. Il y a une ambiance. J'aime bien cette ambiance-là. Et pourtant, ce n'était pas des partenaires, c'était des modèles avec qui j'ai fait ces photos. Mais ça m'a bien amusée et j'ai pu sortir du noir et blanc. J'ai fait de la couleur, j'ai fait autre chose. Et c'est ça que ça amène de sortir de ma chambre ou de mon salon. Se laisser surprendre par le lieu, les contraintes du lieu.

  • Speaker #1

    Vous avez fait une série dans un parking ? Oui.

  • Speaker #0

    C'est pareil. En fait, j'ai fait une série dans ma chambre où les gens venaient pendant deux heures et on faisait tout ce qui était possible de faire comme posture dans ma chambre. Et voilà, la personne, je la laissais faire. Et donc, il y a des gens qui se mettaient près de la fenêtre, juste de manière contemplative. Des gens qui se sentaient plus d'être sur mon lit, parfois qui s'allongeaient. Et je me suis dit, je vais faire la même chose, mais dans mon parking.

  • Speaker #1

    C'est assez fort. Les photos en question, je vais en décrire certaines. On est dans un parking avec un sol tout en béton, avec de la poussière. Il y a ce corps nu qui est tenu par des liens qui me semblent en cuir, qui est totalement à terre. Ce corps posé contre un pilier. il y a une dimension presque de je dirais comme si vous vouliez montrer je sais pas d'être quelqu'un qui est esclave de lui-même ou qui est une torture il y a quelque chose d'assez fort là-dedans et de mêler effectivement la chair à la crasse supposée d'un parking. Il y a ce côté un peu eros et thanatos qui est assez présent en général dans l'art, mais avec votre propre dimension fétichiste, si vous me permettez de mettre ce mot à nouveau.

  • Speaker #0

    En fait, quand on regarde la série de près, il y a un fil rouge qui est l'utilisation de cellophane. Et en fait, j'ai relié les corps au mur, au sol, au... Voilà, avec du cellophane, ce qui fait qu'il y a un effet un peu toile d'araignée ou un effet un peu... Moi, j'aime beaucoup la science-fiction, donc j'avais envie d'emmener le corps, oui, l'accrocher ou le faire sortir des murs. Donc j'ai essayé de trouver une matière comme ça qui relie les deux.

  • Speaker #1

    Tout en étant transparente ?

  • Speaker #0

    Tout en étant transparente, mais avec quelques reflets. J'aime pas trop l'urbex, enfin j'aime pas du tout ça d'ailleurs, donc je n'en ai pas fait peut-être une fois il y a longtemps. Ça ne m'intéresse pas tellement de mettre des corps nus dans des espaces urbains. Là, c'était un peu différent. En fait, ce qui m'amusait énormément, c'est que les gens pouvaient rentrer dans le parking à tout moment. J'avoue que ça faisait partie de mon plaisir sur ça. Et puis, cet aspect très froid. Je crois que j'aimais bien la répétition, d'évoluer dans le même endroit avec plusieurs personnes. ça crée Un peu d'étrangeté, un peu de... C'est mon côté science-fiction qui s'est projeté là-dedans. Et effectivement, avec toujours l'idée que les gens faisaient un peu ce qu'ils voulaient.

  • Speaker #1

    Ce sont des modèles ou ce sont des personnes qui n'ont jamais posé ?

  • Speaker #0

    C'est beaucoup des amis qui posent pour d'autres amis photographes. C'est parfois des modèles pour du dessin de nuit, du modèle vivant ou de la photo. Mais voilà, c'est un peu... petits milieux comme ça ?

  • Speaker #1

    Je pose cette question parce que la motivation de la personne qui va poser nue, elle est toujours très importante en fait dans une photo. Quand c'est un modèle, la personne peut se dire bon bah c'est mon job, j'ai l'habitude de faire des poses, je suis payé pour ça et puis... Et puis ça me plaît. C'est surtout les premières fois où l'inconscient de la personne va s'exprimer, mais ensuite on rentre dans une sorte d'habitude. En revanche, des personnes qui n'ont pas trop l'habitude de poser, parfois ça peut être un kink, d'aucun diront une perversion, en tout cas une volonté peut-être d'exhibitionnisme ou quelque chose comme ça, qui peut venir également perturber le travail de la photographe.

  • Speaker #0

    Ah oui, alors là, c'est des gens qui ont plutôt l'habitude. Et à la fois, je pense que ça les titille. Je pense que déjà, la plupart des gens qui viennent me voir pour être pris en photo n'en ont pas forcément l'habitude, mais aiment l'idée de voir ce qui va se passer, ce qui va leur arriver ou quels trucs ils vont finir par ingérer. Il y a toujours une notion de surprise ou d'excitation, je pense, dans le fait de venir faire des photos. Et ça a été le cas sur cette séance aussi. L'idée d'être nue dans un parking et se dire, OK, qu'est-ce qu'on va en faire ? J'ai des copines qui sont venues à deux et qui se sont pissées dessus, comme ça, dans le parking. Enfin, il y a cette personne-là, effectivement, avec le fouet suspendu au-dessus d'elle, sur le poteau, qui est restée comme ça à quatre pattes. Il y a une autre personne que j'ai couverte de l'encre de sèche. On a pris le temps de lui en recouvrir le corps, dans le parking. Il pouvait arriver n'importe qui. Enfin voilà, c'est que des expériences comme ça. Mais c'est des jeux d'enfants, avant tout. Moi, je considère que je m'amuse comme un gamin. C'est que du jeu. Et le BDSM, c'est ça, c'est du jeu.

  • Speaker #1

    J'ai vu un autoportrait de vous sur un lit. C'est difficile de se montrer soi-même quand on prend autant en photo les autres ?

  • Speaker #0

    C'est difficile pour moi parce que...

  • Speaker #1

    C'est dévoiler totalement son intimité. Vous n'étiez qu'une autre personne sur ce lit.

  • Speaker #0

    Ah oui ?

  • Speaker #1

    Et quand je dis dévoiler son intimité, est-ce que c'est laisser l'œil du spectateur entrer jusque soi ? où c'est... Monter sur une scène et dire je prends la parole.

  • Speaker #0

    Dans tout ce travail global, j'ai bien aimé aussi présenter une image de moi. Après, à ce stade, je pense que ça reste un peu superficiel et pas forcément très intéressant, ce que j'ai montré de moi.

  • Speaker #1

    Superficiel ? Est-ce que ça veut dire juste en surface ?

  • Speaker #0

    Oui.

  • Speaker #1

    Ou état de votre superficialité ?

  • Speaker #0

    C'est plus un travail de surface.

  • Speaker #1

    Parce qu'il y a des personnes qui se montrent et on doit trouver ça superficiel.

  • Speaker #0

    Non, je pense que c'est à l'état de surface, parce que si je voulais vraiment parler de moi, je le ferais autrement sur moi. Mais je pense que j'en suis pas prête. Voilà, donc je le fais à travers d'autres choses et à travers les autres. Mais disons que les versions que je montre de moi sont très esthétisantes et racontent sûrement un peu de pudeur dans l'histoire. Mais ça s'arrête là,

  • Speaker #1

    je pense. Vous êtes partiellement cachée par l'objectif et par votre partenaire sur ce livre.

  • Speaker #0

    Ah oui, je n'ai pas souvenir de photos de moi avec quelqu'un, mais...

  • Speaker #1

    Je vous la sortirai.

  • Speaker #0

    Ah oui, d'accord, je vois. C'est au Love Hotel ? Oui. Ah oui.

  • Speaker #1

    Un instant, je me suis dit, c'est sérieux, j'ai confondu, mais non, et pourtant, je l'ai vu tout à l'heure.

  • Speaker #0

    Non, mais parce que...

  • Speaker #1

    Tu fais attention,

  • Speaker #0

    je travaille. Non, parce que partenaire, j'entends personne avec qui je suis. Mais effectivement, c'est une amie, du coup, je ne l'ai pas... Et en fait, je l'ai fait deux fois.

  • Speaker #1

    C'est pas supposé.

  • Speaker #0

    Ah oui, oui, bah oui.

  • Speaker #1

    Ce n'est pas légendaire. Oui,

  • Speaker #0

    on peut supposer. C'est ça qui est intéressant d'ailleurs. Il se trouve que je l'ai fait avec deux personnes, dans ce même Love Hotel, avec deux femmes. Et j'ai bien aimé, justement, effectivement, laisser le doute sur la relation, qu'est-ce qu'on a pu y faire. Et effectivement, là, c'était un pas de côté sur ce que je peux raconter de moi, avec un peu de storytelling.

  • Speaker #1

    Qu'est-ce que vous allez raconter prochainement ?

  • Speaker #0

    En images ?

  • Speaker #1

    Oui. Ah oui, c'est parce que ça pourrait être en son, vous avez fait de la musique.

  • Speaker #0

    J'ai fait de la musique électronique avec mon mec de l'époque, ouais. Mais ça, c'est fini maintenant. Qu'est-ce que je vais raconter ? En fait, je voudrais travailler sur les séances de domination que je fais, à côté de tout ça. Et donc, j'aimerais rassembler du matériel visuel, audio et vidéo pour parler de ça.

  • Speaker #1

    Qu'est-ce que ça apporte au niveau créatif de faire de la domination dans votre travail ?

  • Speaker #0

    Ça apporte énormément et en fait, en ce moment, ça supplante un peu mon travail photographique parce que c'est très, très créatif. Franchement, c'est un puits sans fond d'idées. Déjà, chaque personne est très, très différente et vient chercher mes idées et avec beaucoup moins de tabous et de limites qu'un modèle photo. Et du coup, moi, ça m'éclate. Donc là, en ce moment, je ne suis excitée que par ça parce que... Parce que du coup, toute mon imagination va là-dedans.

  • Speaker #1

    Dans quelle spécialité ?

  • Speaker #0

    Je ne sais pas, j'aime bien...

  • Speaker #1

    Est-ce que vous vous êtes intéressée au chibari pour vos photos ?

  • Speaker #0

    Oui, du coup, je faisais vraiment des nœuds catastrophiques, je pense. Quand je regarde, c'est ridicule, mais c'était un pas vers ça à l'époque. Et oui, j'aime bien le chibari. Maintenant, je m'en sers un peu moins pour la photo et un peu plus pour mes séances de domination. j'aime beaucoup Tous les objets en métal et les pinces et les sondes et des choses comme ça, l'impact. Mais j'aime bien l'idée de trouver un objet du quotidien et le transformer en quelque chose d'utile pour une séance.

  • Speaker #1

    Qu'est-ce qu'ils viennent chercher chez vous, les personnes qui vous contactent, justement pour être dominées ?

  • Speaker #0

    Comme je communique sur le fait d'être dans le milieu artistique, les gens sont intéressés par ça. Ils viennent pour trouver quelque chose de créatif. parce qu'ils ont souvent vu pas mal de dominats déjà. Donc, ils connaissent bien la cravache, ils savent comment la prendre. Enfin, c'est un milieu très codifié. Une cravache, c'est une cravache. Donc, voilà, à un moment donné, il y a la personnalité derrière de chaque dominat. Donc, je suppose que ce qu'ils viennent chercher chez moi, c'est la partie artistique en plus.

  • Speaker #1

    Et donc, vous allez vous servir de cela pour créer un objet, un livre, une exposition ? vous ne savez pas encore ?

  • Speaker #0

    un peu tout je crois un peu tout ? oui j'ai envie que ce soit assez complet mais j'aimerais bien une expo quelque chose qu'on puisse parcourir qu'on puisse vivre je ne sais pas même peut-être des personnes soumises présentes je n'ai pas imaginé le produit fini mais je n'ai pas envie de faire un énième livre de Donnemina qui raconte ses expériences ça se fait pas mal en ce moment oui je trouve ça rigolo de lire ça je trouve ça passionnant mais ce n'est pas forcément ce que je veux faire mais Merci. Oui, qu'il y ait du son, que ce soit un peu immersif, qu'on sorte juste de la lecture pure. De la vidéo aussi, mais pas la vidéo formatée qu'on voit dans les milieux BDSM. C'est-à-dire, je n'ai pas envie de faire de la pub de ce que je fais. Ça ne m'intéresse pas, je ne vais pas... enregistré de manière très esthétique. Je ne vais pas me mettre en scène pour me vendre. Ce n'est pas ce type de vidéo-là.

  • Speaker #1

    C'est plus une immersion dans votre art.

  • Speaker #0

    Oui, j'ai déjà fait quelques vidéos. Je pense que ce sera un peu du même ordre.

  • Speaker #1

    On a hâte de voir ça. Quelques mots sur Le Bateau, qui est votre magazine artistique qui démontre une grande partie de vos talents d'éditrice, de directrice artistique.

  • Speaker #0

    Le bateau, c'est mon bébé. Je suis donc au numéro 19 maintenant. Le 20 va sortir cette année, après une longue pause covidienne et personnelle.

  • Speaker #1

    Mais le bateau n'a pas pris l'eau.

  • Speaker #0

    Mais le bateau n'a pas pris l'eau, promis, et ce n'est pas l'épave. Et comme ça, on le retrouvera d'ici la fin de l'année, je pense.

  • Speaker #1

    Avec des collaborations ?

  • Speaker #0

    Avec plein de monde dedans, comme d'habitude. Et ça va être un joli numéro. C'est sur la science-fiction. C'est mon thème préféré. Et c'est pour ça que j'ai du mal à le sortir aussi. C'est parce qu'il y a un petit enjeu personnel où c'est vraiment mon thème de prédilection. Donc, je veux que ce soit parfait.

  • Speaker #1

    On a hâte de découvrir ça. On retrouve votre travail sur votre page Instagram, Jessica Rispal. Et sur votre site internet également. Une exposition bientôt, pas d'exposition.

  • Speaker #0

    J'y travaille.

  • Speaker #1

    Toutes les infos sont à retrouver sur le réseau. Merci beaucoup Jessica. Merci. Et à bientôt. Pour devenir VIP du son du désir et accéder à des centaines d'histoires érotiques immersives ainsi qu'à de nombreux audios de relaxation intime, une seule adresse, lesondudésir.fr et abonnez-vous discrètement en seulement 3 clics. lesondudésir.fr Votre destination secrète vers l'érotisme audio.

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Description

Jessica Rispal, photographe et dominatrice, explore un érotisme et un sexe cru, esthétique et politique. Entre BDSM, autoportrait et mise en scène du désir, un épisode troublant, intime et captivant.


Ici, la photographie devient un terrain de jeu charnel, artistique et politique : corps ligotés, cellophane, chambres d’hôtel et parkings deviennent des scènes intimes où la création s’empare du BDSM, du nu, de la transgression et de la pudeur.

🎯 Pourquoi écouter cet épisode ?

  • Pour découvrir une artiste qui déconstruit le male gaze

  • Pour entendre le lien entre création, sexualité et domination

  • Pour entrer dans les coulisses du BDSM et de la photo d’art, sans fard ni faux-semblant

  • Parce que chaque image, chaque posture, chaque objet devient un geste de liberté


💡 À écouter si vous aimez :

  • Le BDSM vu par une femme pudique et puissante

  • Les récits intimes, radicaux et non-conformistes

  • L’art qui dérange, questionne et libère

  • Les univers où l’érotisme rime avec introspection


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3 clics. 0 jugement. 100 % volupté. 💫

📸 Découvrez le travail de Jessica Rispal sur Instagram et jessicarispal.me
🖤 Son magazine Le Bateau revient bientôt avec un numéro spécial science-fiction.



Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Pour faire venir les gens vers des choses quasi pornographiques effectivement, des gros plans, des choses où on ose. Et donc là, je me suis éclatée. On est dans cet état d'énergie sexuelle. Et le BDSM, c'est ça, c'est du jeu.

  • Speaker #1

    Le son du désir Dans le cadre du podcast Le Son du Désir, j'ai décidé de rencontrer des personnes qui font vivre l'érotisme au quotidien, ou presque, des créateurs, des créatrices, des photographes, des personnes qui font du burlesque, des personnes qui font tout ce qu'ils peuvent pour que vous puissiez vivre vos fantasmes. Et aujourd'hui, je rencontre une photographe, Jessica Rispal. Pour devenir VIP... Le son du désir.fr Votre destination secrète vers l'érotisme audio. Bonjour photographe plasticienne, comment vous vous définiriez ?

  • Speaker #0

    Bonjour, je dirais comme artiste un peu pluridisciplinaire. Avec un tronc commun qui est la direction artistique comme métier et la photographie comme grande passion.

  • Speaker #1

    Ce qui est formidable, c'est que ce n'est pas n'importe quelle photographie. Quand on voit vos expositions, quand on regarde rien que votre compte Instagram, qui est une petite vitrine de votre travail, c'est surtout la photographie de l'intime. Un intime par le prisme du noir et blanc. Un intime. par le prisme également de votre vision, de cette volonté peut-être de vous inspirer de lieux qui vous sont chers ou d'objets, j'ai l'impression également.

  • Speaker #0

    Oui, j'ai commencé dans ma chambre chez mes parents avec deux lampes de chevet. J'ai commencé avec des copines de lycée dans ma chambre, j'ai continué avec... des amis proches, dans le cabanon, dans le jardin chez mes parents. Et ensuite, j'ai investi ma chambre à chaque fois que j'ai pu, mon salon. Et plus tard, j'ai commencé à aller dans des chambres d'hôtel pour essayer de trouver un peu de matière, un peu de texture ou de surprise aussi.

  • Speaker #1

    Comment on en vient à vouloir montrer non seulement le... corps de l'autre, mais également son propre corps, parce qu'il y a quelques autoportraits que j'ai pu dénicher.

  • Speaker #0

    Je pense que j'ai pris le corps de l'autre pour ne pas avoir à photographier le mien au départ, et parce que c'est plus facile, c'est intéressant, on a affaire à plein de types de corps différents, c'est une matière infinie, on a autant de rencontres que de possibilités. En fait, ça a commencé parce que j'ai fait un cursus d'art plastique au lycée et mon sujet de travail était la censure. Et donc, en travaillant sur la censure, c'était logique pour moi de travailler sur le corps, du coup.

  • Speaker #1

    Beaucoup de corps féminins ?

  • Speaker #0

    Oui, parce que c'est ce qui m'a inspirée et ce qui était le plus facile d'accès pour moi à 18 ans. Parce qu'à 18 ans, quand on se met sur la censure, on a... Enfin, en tout cas, moi, je n'avais pas un rapport... aux hommes de mon âge très proches. Donc, j'ai shooté mes copines. Et après, j'ai continué à faire ça pendant des années et des années. Et puis, un jour, je suis allée au musée d'Orsay. Je vois l'exposition sur le nu masculin. Et je me dis, mais qu'est-ce que je fais ? Pourquoi je ne photographie pas les hommes ? C'est quoi ma proposition pour ça ? Du coup, j'ai dit j'y vais, tant pis. Je mets une annonce sur Facebook et je vois qui veut bien poser pour moi chez les mecs de mon entourage. Et c'est parti.

  • Speaker #1

    Moi, je parlais de personnes qui font vivre l'érotisme aujourd'hui. Ce qui est intéressant dans votre travail, c'est que c'est votre propre vision de l'érotisme. Vous n'êtes pas là pour rentrer dans certains cadres que l'on pourrait penser comme ce que moi j'appelle l'érotisme à la papa, le glamour. Ça peut être presque... L'illusion d'une pornographie, en tout cas de quelque chose d'assez choc, même du gros plan, mais avec une certaine pudeur.

  • Speaker #0

    C'est vrai, mais parce que moi je suis très pudique, donc il y a une espèce de petit conflit intérieur qui se révèle dans mes images. C'est que je suis très pudique et à la fois très curieuse, c'est comme regarder par le trou de la serrure. Donc il y a de ça, moi je suis très intéressée par l'impudique parce que je suis très pudique. Donc... J'aime bien aller au-delà de ce qui me gêne, ce qui me dérange. Est-ce que moi-même, je vais oser demander ça pour une séance ? Moi, je n'osais pas. J'ai fait beaucoup de choses très glamour. Au contraire, mes références, c'était Newton, c'était Jean Lussief, c'était des gens qui faisaient des choses. Justement, C'est confortable, c'est joli. C'est un regard masculin sur la femme. Moi, je l'ai vécu comme ça. J'ai vécu... Enfin, j'ai 43 ans, donc j'ai été bercée par des images d'hommes, avec des regards d'hommes sur les femmes. Donc, voilà. Ça donne un mix entre ces références-là et mon envie de casser ces codes-là.

  • Speaker #1

    C'est ce qu'on appelle le fameux male gaze. Ouais,

  • Speaker #0

    c'est ça.

  • Speaker #1

    Dans votre redéfinition de l'érotisme, c'est un geste politique ?

  • Speaker #0

    Oui, parce qu'en fait, quand je me suis rendue compte, au bout de quand même assez longtemps, que je rentrais dans ce schéma-là, peut-être parce que la société a changé en même temps, j'ai dû m'inscrire dans une réflexion qui était actuelle. J'ai regardé mon travail et je me suis dit, mais je suis en train de faire ça. Et du coup, un jour, j'ai réfléchi à ça et je me suis dit, je vais essayer de lancer un autre projet qui s'appelait les Annales Noires à ce moment-là. et qui me permettait de sortir du glamour et qui a permis de découvrir d'autres personnes, d'autres modèles que mes amis, des gens qui osaient un peu plus. Et ce projet des annales noires a été créé pour faire venir les gens vers des choses quasi pornographiques, effectivement. Des gros plans, des choses où on peut oser tout. Et donc là, je me suis éclatée. J'ai fait venir des hommes, des femmes et on a... On explorait avec des objets, effectivement, avec tout ce qui nous tombait sous la main. Je suis allée dans mon frigo, je suis allée chercher des œufs, on a été chercher des cagoules, on a été chercher plein de choses et on a tout mélangé. Et là, ça devenait créatif. C'était plus j'ai quelqu'un en face de moi avec des belles courbes et on fait une belle lumière. Il y avait autre chose.

  • Speaker #1

    Je vais vous laisser quand même mettre de l'eau dans votre thé, ouvrir ce petit sachet parce que nous nous retrouvons dans un café à Paris. pour cette interview. Donc en fait, de ce que j'entends, c'est l'idée de faire participer le modèle activement à l'acte de création, et de ne pas forcément rendre la photographie de nu excitante de prime abord.

  • Speaker #0

    Non, non, non, ce n'est pas du tout mon but en fait. Je ne souhaite pas exciter les gens, ce n'est pas masturbatoire comme image, loin de là, je pense. Et c'est ce qui crée un peu la dissonance entre le fait qu'on regarde un corps nu, ou on regarde, je ne sais pas... Une pénétration, un objet pénétrant ou peu importe. Et on n'est pas excité. Et moi, j'aime bien ça.

  • Speaker #1

    Ça fait partie du geste de l'artiste ?

  • Speaker #0

    Oui, oui, oui. C'est-à-dire que ça,

  • Speaker #1

    c'est mon point de vue. Mon point de vue, c'est que la nudité, elle peut être autre chose que quelque chose d'excitant.

  • Speaker #0

    Oui, et puis à l'époque, j'ai beaucoup posé la question avant le shooting au modèle de dire qu'est-ce que tu aimes et qu'est-ce que tu détestes ? À manger ou peu importe. Par exemple, il y a quelqu'un, je lui ai mis de la peau de serpent. de la mue de serpent dessus. Il se trouve qu'il avait la phobie de ça. Bon, je ne le savais pas, mais c'était un heureux moment de circonstance. Mais c'est exactement ce que je cherche. J'aime bien l'idée que la personne arrive avec quelque chose qui lui appartient. Je n'ai pas envie forcément d'imposer ma vision. C'est un petit travail à quatre mains. Donc, il y a quelqu'un qui est arrivé avec un objet qu'il a fabriqué lui-même et qu'on a utilisé pour le shooting. Il y a beaucoup de propositions faites par les modèles. Ça se joue à très peu de choses, mais c'est ça qui est intéressant. Et des fois, juste, je regarde autour de moi et je me dis, tiens, ça te dit, on utilise ça ? C'est sur mon piano, ça traîne ? Ou je ne sais pas, on fouille dans mes tiroirs, on sort des objets. Et voilà, la dernière fois que j'ai fait des photos, il y a peu, la personne m'avait apporté des fleurs. Mais parce que ça se fait. Pour juste... les mettre chez moi et en fait, je lui ai direct accroché au corps et elles ont mal fini. Donc, il n'y avait plus de fleurs à la fin de la séance, mais ce n'est pas grave, c'était très joli.

  • Speaker #1

    Ce qui est très amusant, c'est que quand je vous ai contacté, je connaissais votre travail, je ne connaissais pas la personne et j'ai eu presque un peu peur de vous, peur de vous contacter. Je me suis dit, bon... Voilà, vous êtes très proche des milieux fétichistes, en tout cas, c'est ce que j'ai l'impression. J'ai en face de moi quelqu'un qui est habillé tout en noir, qui a un crucifix en sautoir. C'est vrai, hein ? mais qui en même temps a comme une extrême pudeur, une extrême réserve quand elle s'exprime. Et c'est là également la dissonance entre ce qu'on annonce et ce qu'on est. Est-ce que justement, votre travail artistique, il n'est pas là pour exprimer tout ce que vous avez à l'intérieur, des idées les plus folles ? Est-ce que vous avez un autre personnage en fait qui s'exprime quand vous êtes derrière l'appareil ?

  • Speaker #0

    Ah non, non, je crois que c'est moi. Mais on peut être multiple et on peut être...

  • Speaker #1

    Schizophrénie ?

  • Speaker #0

    j'ai fini ma thérapie alors non je crois qu'on peut être à la fois pudique et aller chercher en soi ce qu'il y a de plus Je ne sais pas comment le nommer, mais non, ça fait partie de moi. Je ne crois pas qu'il y ait 15 personnes ni de personnages. Au contraire, parce que je parle sous mon nom, je n'ai pas de pseudo. Tout ce que je fais, c'est en mon nom propre. Il y a beaucoup de gens qui naviguent en tant qu'artiste ou peu importe, avec des pseudos. Moi, ce n'est pas le cas. Donc, j'assume complètement qui je suis et ce n'est pas un personnage. Par contre, je peux comprendre que je renvoie une image qui n'est pas forcément celle quand on est en face de moi. Mais ça, c'est tout le monde, je crois. à des niveaux différents, mais on renvoie tous une image, celle qu'on veut donner et celle qui est perçue. Mais oui, je suis une personne plutôt calme et discrète, et pour autant, ça ne m'empêche pas de faire la fête le soir et de danser sur les tables s'il faut. Et en photographie, d'explorer des choses intimes, très intimes, très crues, mais avec quand même un peu de pudeur.

  • Speaker #1

    Quel regard vous portez sur le BDSM aujourd'hui ? Je pense particulièrement à l'art dans le BDSM, la façon dont il est montré et également dont il est montré sur les réseaux. Est-ce que vous participez à cette scène ? Vous êtes aimée en tout cas par des personnes qui se réclament comme pratiquants, comme adeptes ou comme juste admirateurs de choses dites fétichistes.

  • Speaker #0

    Je ne sais pas quelle est l'image de l'art dans le BDSM. j'ai du mal à... À sectoriser l'art, je crois qu'il y a plus de ponts qu'on le pense. J'ai le pied dedans suffisamment pour savoir que ceux qui n'ont pas l'air en font partie. Je ne sais pas, je ne suis pas sûre qu'il y ait un art BDSM, que il y ait... Je ne sais pas. Je ne saurais pas répondre à cette question. Moi, je me sens très proche de ce milieu-là parce que j'aime bien la liberté qui est là-dedans. J'aime bien que les gens puissent s'exprimer, j'aime bien pouvoir m'exprimer et que du coup, les gens de ce milieu comprennent ce que je raconte. Ceux qui ne sont pas forcément dans ce milieu vont regarder ça de manière un peu bizarre, pas forcément comprendre où je veux en venir, ni la douceur que j'y trouve.

  • Speaker #1

    Paradoxalement.

  • Speaker #0

    Paradoxalement, ouais. Moi, j'y vois de la liberté, de la douceur et une forme d'expression là où on va voir peut-être quelque chose de trash, de violent ou de pornographique, ouais. Donc ça se joue à la personne qui regarde. C'est vrai que les gens qui vont bien connaître ce milieu seront peut-être plus ouverts à comprendre les subtilités.

  • Speaker #1

    C'est sexuellement jouissif de créer ce genre de photos ? Ou est-ce qu'on est juste détaché de se dire « Non, je fais ça, ce genre de création » .

  • Speaker #0

    Non, ce n'est pas détaché. Moi, je pense que la création est liée à la sexualité, mais en général, c'est une histoire d'énergie du corps. C'est quelque chose qui sort de soi. Pour moi, c'est ça, en tout cas, même si on dessine des fleurs. Oui, il y a une énergie sexuelle qui est là, c'est évident, même si c'est très intellectuel. Quand je dis ça, ça ne revient pas à dire qu'on a envie de faire du sexe avec la personne, pour être claire. C'est juste qu'on est dans cet état-là d'énergie sexuelle. C'est un peu différent, je ne sais pas si les gens peuvent le ressentir.

  • Speaker #1

    Il y a des personnes qui expriment ça dans certaines pratiques de yoga,

  • Speaker #0

    par exemple. Exactement, voilà. C'est une histoire d'énergie. Chez du yoga ? Oui, chez du yoga. Mais je ne suis pas dans les histoires de spiritualité très poussées. Mais oui, pour moi, il y a une connexion au corps évidente, à l'énergie sexuelle, sans perversion.

  • Speaker #1

    Comment on en vient à vouloir faire des photos de personnes qui se retrouvent dans une chambre d'hôtel ? Je précise ça parce que c'est une série que vous avez faite.

  • Speaker #0

    Alors celle du Love Hotel en particulier, c'est parce que moi j'y allais à titre personnel, au Love Hotel. J'avais des rendez-vous comme ça et j'aimais beaucoup cet endroit, notamment avant qu'il soit refait. Parce que je le trouvais un peu kitsch avec des décors à la japonaise ou vraiment décors indiens. Je ne sais pas, je trouvais ça un peu kitsch, presque de mauvais goût. Mais avec des petites lumières rouges ou des choses comme ça qui font qu'on peut y trouver un intérêt esthétique. Du coup, je n'ai pas fait de noir et blanc là-bas parce qu'il y avait un rapport à la couleur qui allait bien. Cet endroit-là m'a fait changer un peu de façon de faire. J'arrivais juste avec la personne, mon appareil dans le sac, pas de flash, rien. C'était un process hyper simple et il fallait faire avec ce qu'on avait, sous-exposé. Il y a une ambiance. J'aime bien cette ambiance-là. Et pourtant, ce n'était pas des partenaires, c'était des modèles avec qui j'ai fait ces photos. Mais ça m'a bien amusée et j'ai pu sortir du noir et blanc. J'ai fait de la couleur, j'ai fait autre chose. Et c'est ça que ça amène de sortir de ma chambre ou de mon salon. Se laisser surprendre par le lieu, les contraintes du lieu.

  • Speaker #1

    Vous avez fait une série dans un parking ? Oui.

  • Speaker #0

    C'est pareil. En fait, j'ai fait une série dans ma chambre où les gens venaient pendant deux heures et on faisait tout ce qui était possible de faire comme posture dans ma chambre. Et voilà, la personne, je la laissais faire. Et donc, il y a des gens qui se mettaient près de la fenêtre, juste de manière contemplative. Des gens qui se sentaient plus d'être sur mon lit, parfois qui s'allongeaient. Et je me suis dit, je vais faire la même chose, mais dans mon parking.

  • Speaker #1

    C'est assez fort. Les photos en question, je vais en décrire certaines. On est dans un parking avec un sol tout en béton, avec de la poussière. Il y a ce corps nu qui est tenu par des liens qui me semblent en cuir, qui est totalement à terre. Ce corps posé contre un pilier. il y a une dimension presque de je dirais comme si vous vouliez montrer je sais pas d'être quelqu'un qui est esclave de lui-même ou qui est une torture il y a quelque chose d'assez fort là-dedans et de mêler effectivement la chair à la crasse supposée d'un parking. Il y a ce côté un peu eros et thanatos qui est assez présent en général dans l'art, mais avec votre propre dimension fétichiste, si vous me permettez de mettre ce mot à nouveau.

  • Speaker #0

    En fait, quand on regarde la série de près, il y a un fil rouge qui est l'utilisation de cellophane. Et en fait, j'ai relié les corps au mur, au sol, au... Voilà, avec du cellophane, ce qui fait qu'il y a un effet un peu toile d'araignée ou un effet un peu... Moi, j'aime beaucoup la science-fiction, donc j'avais envie d'emmener le corps, oui, l'accrocher ou le faire sortir des murs. Donc j'ai essayé de trouver une matière comme ça qui relie les deux.

  • Speaker #1

    Tout en étant transparente ?

  • Speaker #0

    Tout en étant transparente, mais avec quelques reflets. J'aime pas trop l'urbex, enfin j'aime pas du tout ça d'ailleurs, donc je n'en ai pas fait peut-être une fois il y a longtemps. Ça ne m'intéresse pas tellement de mettre des corps nus dans des espaces urbains. Là, c'était un peu différent. En fait, ce qui m'amusait énormément, c'est que les gens pouvaient rentrer dans le parking à tout moment. J'avoue que ça faisait partie de mon plaisir sur ça. Et puis, cet aspect très froid. Je crois que j'aimais bien la répétition, d'évoluer dans le même endroit avec plusieurs personnes. ça crée Un peu d'étrangeté, un peu de... C'est mon côté science-fiction qui s'est projeté là-dedans. Et effectivement, avec toujours l'idée que les gens faisaient un peu ce qu'ils voulaient.

  • Speaker #1

    Ce sont des modèles ou ce sont des personnes qui n'ont jamais posé ?

  • Speaker #0

    C'est beaucoup des amis qui posent pour d'autres amis photographes. C'est parfois des modèles pour du dessin de nuit, du modèle vivant ou de la photo. Mais voilà, c'est un peu... petits milieux comme ça ?

  • Speaker #1

    Je pose cette question parce que la motivation de la personne qui va poser nue, elle est toujours très importante en fait dans une photo. Quand c'est un modèle, la personne peut se dire bon bah c'est mon job, j'ai l'habitude de faire des poses, je suis payé pour ça et puis... Et puis ça me plaît. C'est surtout les premières fois où l'inconscient de la personne va s'exprimer, mais ensuite on rentre dans une sorte d'habitude. En revanche, des personnes qui n'ont pas trop l'habitude de poser, parfois ça peut être un kink, d'aucun diront une perversion, en tout cas une volonté peut-être d'exhibitionnisme ou quelque chose comme ça, qui peut venir également perturber le travail de la photographe.

  • Speaker #0

    Ah oui, alors là, c'est des gens qui ont plutôt l'habitude. Et à la fois, je pense que ça les titille. Je pense que déjà, la plupart des gens qui viennent me voir pour être pris en photo n'en ont pas forcément l'habitude, mais aiment l'idée de voir ce qui va se passer, ce qui va leur arriver ou quels trucs ils vont finir par ingérer. Il y a toujours une notion de surprise ou d'excitation, je pense, dans le fait de venir faire des photos. Et ça a été le cas sur cette séance aussi. L'idée d'être nue dans un parking et se dire, OK, qu'est-ce qu'on va en faire ? J'ai des copines qui sont venues à deux et qui se sont pissées dessus, comme ça, dans le parking. Enfin, il y a cette personne-là, effectivement, avec le fouet suspendu au-dessus d'elle, sur le poteau, qui est restée comme ça à quatre pattes. Il y a une autre personne que j'ai couverte de l'encre de sèche. On a pris le temps de lui en recouvrir le corps, dans le parking. Il pouvait arriver n'importe qui. Enfin voilà, c'est que des expériences comme ça. Mais c'est des jeux d'enfants, avant tout. Moi, je considère que je m'amuse comme un gamin. C'est que du jeu. Et le BDSM, c'est ça, c'est du jeu.

  • Speaker #1

    J'ai vu un autoportrait de vous sur un lit. C'est difficile de se montrer soi-même quand on prend autant en photo les autres ?

  • Speaker #0

    C'est difficile pour moi parce que...

  • Speaker #1

    C'est dévoiler totalement son intimité. Vous n'étiez qu'une autre personne sur ce lit.

  • Speaker #0

    Ah oui ?

  • Speaker #1

    Et quand je dis dévoiler son intimité, est-ce que c'est laisser l'œil du spectateur entrer jusque soi ? où c'est... Monter sur une scène et dire je prends la parole.

  • Speaker #0

    Dans tout ce travail global, j'ai bien aimé aussi présenter une image de moi. Après, à ce stade, je pense que ça reste un peu superficiel et pas forcément très intéressant, ce que j'ai montré de moi.

  • Speaker #1

    Superficiel ? Est-ce que ça veut dire juste en surface ?

  • Speaker #0

    Oui.

  • Speaker #1

    Ou état de votre superficialité ?

  • Speaker #0

    C'est plus un travail de surface.

  • Speaker #1

    Parce qu'il y a des personnes qui se montrent et on doit trouver ça superficiel.

  • Speaker #0

    Non, je pense que c'est à l'état de surface, parce que si je voulais vraiment parler de moi, je le ferais autrement sur moi. Mais je pense que j'en suis pas prête. Voilà, donc je le fais à travers d'autres choses et à travers les autres. Mais disons que les versions que je montre de moi sont très esthétisantes et racontent sûrement un peu de pudeur dans l'histoire. Mais ça s'arrête là,

  • Speaker #1

    je pense. Vous êtes partiellement cachée par l'objectif et par votre partenaire sur ce livre.

  • Speaker #0

    Ah oui, je n'ai pas souvenir de photos de moi avec quelqu'un, mais...

  • Speaker #1

    Je vous la sortirai.

  • Speaker #0

    Ah oui, d'accord, je vois. C'est au Love Hotel ? Oui. Ah oui.

  • Speaker #1

    Un instant, je me suis dit, c'est sérieux, j'ai confondu, mais non, et pourtant, je l'ai vu tout à l'heure.

  • Speaker #0

    Non, mais parce que...

  • Speaker #1

    Tu fais attention,

  • Speaker #0

    je travaille. Non, parce que partenaire, j'entends personne avec qui je suis. Mais effectivement, c'est une amie, du coup, je ne l'ai pas... Et en fait, je l'ai fait deux fois.

  • Speaker #1

    C'est pas supposé.

  • Speaker #0

    Ah oui, oui, bah oui.

  • Speaker #1

    Ce n'est pas légendaire. Oui,

  • Speaker #0

    on peut supposer. C'est ça qui est intéressant d'ailleurs. Il se trouve que je l'ai fait avec deux personnes, dans ce même Love Hotel, avec deux femmes. Et j'ai bien aimé, justement, effectivement, laisser le doute sur la relation, qu'est-ce qu'on a pu y faire. Et effectivement, là, c'était un pas de côté sur ce que je peux raconter de moi, avec un peu de storytelling.

  • Speaker #1

    Qu'est-ce que vous allez raconter prochainement ?

  • Speaker #0

    En images ?

  • Speaker #1

    Oui. Ah oui, c'est parce que ça pourrait être en son, vous avez fait de la musique.

  • Speaker #0

    J'ai fait de la musique électronique avec mon mec de l'époque, ouais. Mais ça, c'est fini maintenant. Qu'est-ce que je vais raconter ? En fait, je voudrais travailler sur les séances de domination que je fais, à côté de tout ça. Et donc, j'aimerais rassembler du matériel visuel, audio et vidéo pour parler de ça.

  • Speaker #1

    Qu'est-ce que ça apporte au niveau créatif de faire de la domination dans votre travail ?

  • Speaker #0

    Ça apporte énormément et en fait, en ce moment, ça supplante un peu mon travail photographique parce que c'est très, très créatif. Franchement, c'est un puits sans fond d'idées. Déjà, chaque personne est très, très différente et vient chercher mes idées et avec beaucoup moins de tabous et de limites qu'un modèle photo. Et du coup, moi, ça m'éclate. Donc là, en ce moment, je ne suis excitée que par ça parce que... Parce que du coup, toute mon imagination va là-dedans.

  • Speaker #1

    Dans quelle spécialité ?

  • Speaker #0

    Je ne sais pas, j'aime bien...

  • Speaker #1

    Est-ce que vous vous êtes intéressée au chibari pour vos photos ?

  • Speaker #0

    Oui, du coup, je faisais vraiment des nœuds catastrophiques, je pense. Quand je regarde, c'est ridicule, mais c'était un pas vers ça à l'époque. Et oui, j'aime bien le chibari. Maintenant, je m'en sers un peu moins pour la photo et un peu plus pour mes séances de domination. j'aime beaucoup Tous les objets en métal et les pinces et les sondes et des choses comme ça, l'impact. Mais j'aime bien l'idée de trouver un objet du quotidien et le transformer en quelque chose d'utile pour une séance.

  • Speaker #1

    Qu'est-ce qu'ils viennent chercher chez vous, les personnes qui vous contactent, justement pour être dominées ?

  • Speaker #0

    Comme je communique sur le fait d'être dans le milieu artistique, les gens sont intéressés par ça. Ils viennent pour trouver quelque chose de créatif. parce qu'ils ont souvent vu pas mal de dominats déjà. Donc, ils connaissent bien la cravache, ils savent comment la prendre. Enfin, c'est un milieu très codifié. Une cravache, c'est une cravache. Donc, voilà, à un moment donné, il y a la personnalité derrière de chaque dominat. Donc, je suppose que ce qu'ils viennent chercher chez moi, c'est la partie artistique en plus.

  • Speaker #1

    Et donc, vous allez vous servir de cela pour créer un objet, un livre, une exposition ? vous ne savez pas encore ?

  • Speaker #0

    un peu tout je crois un peu tout ? oui j'ai envie que ce soit assez complet mais j'aimerais bien une expo quelque chose qu'on puisse parcourir qu'on puisse vivre je ne sais pas même peut-être des personnes soumises présentes je n'ai pas imaginé le produit fini mais je n'ai pas envie de faire un énième livre de Donnemina qui raconte ses expériences ça se fait pas mal en ce moment oui je trouve ça rigolo de lire ça je trouve ça passionnant mais ce n'est pas forcément ce que je veux faire mais Merci. Oui, qu'il y ait du son, que ce soit un peu immersif, qu'on sorte juste de la lecture pure. De la vidéo aussi, mais pas la vidéo formatée qu'on voit dans les milieux BDSM. C'est-à-dire, je n'ai pas envie de faire de la pub de ce que je fais. Ça ne m'intéresse pas, je ne vais pas... enregistré de manière très esthétique. Je ne vais pas me mettre en scène pour me vendre. Ce n'est pas ce type de vidéo-là.

  • Speaker #1

    C'est plus une immersion dans votre art.

  • Speaker #0

    Oui, j'ai déjà fait quelques vidéos. Je pense que ce sera un peu du même ordre.

  • Speaker #1

    On a hâte de voir ça. Quelques mots sur Le Bateau, qui est votre magazine artistique qui démontre une grande partie de vos talents d'éditrice, de directrice artistique.

  • Speaker #0

    Le bateau, c'est mon bébé. Je suis donc au numéro 19 maintenant. Le 20 va sortir cette année, après une longue pause covidienne et personnelle.

  • Speaker #1

    Mais le bateau n'a pas pris l'eau.

  • Speaker #0

    Mais le bateau n'a pas pris l'eau, promis, et ce n'est pas l'épave. Et comme ça, on le retrouvera d'ici la fin de l'année, je pense.

  • Speaker #1

    Avec des collaborations ?

  • Speaker #0

    Avec plein de monde dedans, comme d'habitude. Et ça va être un joli numéro. C'est sur la science-fiction. C'est mon thème préféré. Et c'est pour ça que j'ai du mal à le sortir aussi. C'est parce qu'il y a un petit enjeu personnel où c'est vraiment mon thème de prédilection. Donc, je veux que ce soit parfait.

  • Speaker #1

    On a hâte de découvrir ça. On retrouve votre travail sur votre page Instagram, Jessica Rispal. Et sur votre site internet également. Une exposition bientôt, pas d'exposition.

  • Speaker #0

    J'y travaille.

  • Speaker #1

    Toutes les infos sont à retrouver sur le réseau. Merci beaucoup Jessica. Merci. Et à bientôt. Pour devenir VIP du son du désir et accéder à des centaines d'histoires érotiques immersives ainsi qu'à de nombreux audios de relaxation intime, une seule adresse, lesondudésir.fr et abonnez-vous discrètement en seulement 3 clics. lesondudésir.fr Votre destination secrète vers l'érotisme audio.

Description

Jessica Rispal, photographe et dominatrice, explore un érotisme et un sexe cru, esthétique et politique. Entre BDSM, autoportrait et mise en scène du désir, un épisode troublant, intime et captivant.


Ici, la photographie devient un terrain de jeu charnel, artistique et politique : corps ligotés, cellophane, chambres d’hôtel et parkings deviennent des scènes intimes où la création s’empare du BDSM, du nu, de la transgression et de la pudeur.

🎯 Pourquoi écouter cet épisode ?

  • Pour découvrir une artiste qui déconstruit le male gaze

  • Pour entendre le lien entre création, sexualité et domination

  • Pour entrer dans les coulisses du BDSM et de la photo d’art, sans fard ni faux-semblant

  • Parce que chaque image, chaque posture, chaque objet devient un geste de liberté


💡 À écouter si vous aimez :

  • Le BDSM vu par une femme pudique et puissante

  • Les récits intimes, radicaux et non-conformistes

  • L’art qui dérange, questionne et libère

  • Les univers où l’érotisme rime avec introspection


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3 clics. 0 jugement. 100 % volupté. 💫

📸 Découvrez le travail de Jessica Rispal sur Instagram et jessicarispal.me
🖤 Son magazine Le Bateau revient bientôt avec un numéro spécial science-fiction.



Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Pour faire venir les gens vers des choses quasi pornographiques effectivement, des gros plans, des choses où on ose. Et donc là, je me suis éclatée. On est dans cet état d'énergie sexuelle. Et le BDSM, c'est ça, c'est du jeu.

  • Speaker #1

    Le son du désir Dans le cadre du podcast Le Son du Désir, j'ai décidé de rencontrer des personnes qui font vivre l'érotisme au quotidien, ou presque, des créateurs, des créatrices, des photographes, des personnes qui font du burlesque, des personnes qui font tout ce qu'ils peuvent pour que vous puissiez vivre vos fantasmes. Et aujourd'hui, je rencontre une photographe, Jessica Rispal. Pour devenir VIP... Le son du désir.fr Votre destination secrète vers l'érotisme audio. Bonjour photographe plasticienne, comment vous vous définiriez ?

  • Speaker #0

    Bonjour, je dirais comme artiste un peu pluridisciplinaire. Avec un tronc commun qui est la direction artistique comme métier et la photographie comme grande passion.

  • Speaker #1

    Ce qui est formidable, c'est que ce n'est pas n'importe quelle photographie. Quand on voit vos expositions, quand on regarde rien que votre compte Instagram, qui est une petite vitrine de votre travail, c'est surtout la photographie de l'intime. Un intime par le prisme du noir et blanc. Un intime. par le prisme également de votre vision, de cette volonté peut-être de vous inspirer de lieux qui vous sont chers ou d'objets, j'ai l'impression également.

  • Speaker #0

    Oui, j'ai commencé dans ma chambre chez mes parents avec deux lampes de chevet. J'ai commencé avec des copines de lycée dans ma chambre, j'ai continué avec... des amis proches, dans le cabanon, dans le jardin chez mes parents. Et ensuite, j'ai investi ma chambre à chaque fois que j'ai pu, mon salon. Et plus tard, j'ai commencé à aller dans des chambres d'hôtel pour essayer de trouver un peu de matière, un peu de texture ou de surprise aussi.

  • Speaker #1

    Comment on en vient à vouloir montrer non seulement le... corps de l'autre, mais également son propre corps, parce qu'il y a quelques autoportraits que j'ai pu dénicher.

  • Speaker #0

    Je pense que j'ai pris le corps de l'autre pour ne pas avoir à photographier le mien au départ, et parce que c'est plus facile, c'est intéressant, on a affaire à plein de types de corps différents, c'est une matière infinie, on a autant de rencontres que de possibilités. En fait, ça a commencé parce que j'ai fait un cursus d'art plastique au lycée et mon sujet de travail était la censure. Et donc, en travaillant sur la censure, c'était logique pour moi de travailler sur le corps, du coup.

  • Speaker #1

    Beaucoup de corps féminins ?

  • Speaker #0

    Oui, parce que c'est ce qui m'a inspirée et ce qui était le plus facile d'accès pour moi à 18 ans. Parce qu'à 18 ans, quand on se met sur la censure, on a... Enfin, en tout cas, moi, je n'avais pas un rapport... aux hommes de mon âge très proches. Donc, j'ai shooté mes copines. Et après, j'ai continué à faire ça pendant des années et des années. Et puis, un jour, je suis allée au musée d'Orsay. Je vois l'exposition sur le nu masculin. Et je me dis, mais qu'est-ce que je fais ? Pourquoi je ne photographie pas les hommes ? C'est quoi ma proposition pour ça ? Du coup, j'ai dit j'y vais, tant pis. Je mets une annonce sur Facebook et je vois qui veut bien poser pour moi chez les mecs de mon entourage. Et c'est parti.

  • Speaker #1

    Moi, je parlais de personnes qui font vivre l'érotisme aujourd'hui. Ce qui est intéressant dans votre travail, c'est que c'est votre propre vision de l'érotisme. Vous n'êtes pas là pour rentrer dans certains cadres que l'on pourrait penser comme ce que moi j'appelle l'érotisme à la papa, le glamour. Ça peut être presque... L'illusion d'une pornographie, en tout cas de quelque chose d'assez choc, même du gros plan, mais avec une certaine pudeur.

  • Speaker #0

    C'est vrai, mais parce que moi je suis très pudique, donc il y a une espèce de petit conflit intérieur qui se révèle dans mes images. C'est que je suis très pudique et à la fois très curieuse, c'est comme regarder par le trou de la serrure. Donc il y a de ça, moi je suis très intéressée par l'impudique parce que je suis très pudique. Donc... J'aime bien aller au-delà de ce qui me gêne, ce qui me dérange. Est-ce que moi-même, je vais oser demander ça pour une séance ? Moi, je n'osais pas. J'ai fait beaucoup de choses très glamour. Au contraire, mes références, c'était Newton, c'était Jean Lussief, c'était des gens qui faisaient des choses. Justement, C'est confortable, c'est joli. C'est un regard masculin sur la femme. Moi, je l'ai vécu comme ça. J'ai vécu... Enfin, j'ai 43 ans, donc j'ai été bercée par des images d'hommes, avec des regards d'hommes sur les femmes. Donc, voilà. Ça donne un mix entre ces références-là et mon envie de casser ces codes-là.

  • Speaker #1

    C'est ce qu'on appelle le fameux male gaze. Ouais,

  • Speaker #0

    c'est ça.

  • Speaker #1

    Dans votre redéfinition de l'érotisme, c'est un geste politique ?

  • Speaker #0

    Oui, parce qu'en fait, quand je me suis rendue compte, au bout de quand même assez longtemps, que je rentrais dans ce schéma-là, peut-être parce que la société a changé en même temps, j'ai dû m'inscrire dans une réflexion qui était actuelle. J'ai regardé mon travail et je me suis dit, mais je suis en train de faire ça. Et du coup, un jour, j'ai réfléchi à ça et je me suis dit, je vais essayer de lancer un autre projet qui s'appelait les Annales Noires à ce moment-là. et qui me permettait de sortir du glamour et qui a permis de découvrir d'autres personnes, d'autres modèles que mes amis, des gens qui osaient un peu plus. Et ce projet des annales noires a été créé pour faire venir les gens vers des choses quasi pornographiques, effectivement. Des gros plans, des choses où on peut oser tout. Et donc là, je me suis éclatée. J'ai fait venir des hommes, des femmes et on a... On explorait avec des objets, effectivement, avec tout ce qui nous tombait sous la main. Je suis allée dans mon frigo, je suis allée chercher des œufs, on a été chercher des cagoules, on a été chercher plein de choses et on a tout mélangé. Et là, ça devenait créatif. C'était plus j'ai quelqu'un en face de moi avec des belles courbes et on fait une belle lumière. Il y avait autre chose.

  • Speaker #1

    Je vais vous laisser quand même mettre de l'eau dans votre thé, ouvrir ce petit sachet parce que nous nous retrouvons dans un café à Paris. pour cette interview. Donc en fait, de ce que j'entends, c'est l'idée de faire participer le modèle activement à l'acte de création, et de ne pas forcément rendre la photographie de nu excitante de prime abord.

  • Speaker #0

    Non, non, non, ce n'est pas du tout mon but en fait. Je ne souhaite pas exciter les gens, ce n'est pas masturbatoire comme image, loin de là, je pense. Et c'est ce qui crée un peu la dissonance entre le fait qu'on regarde un corps nu, ou on regarde, je ne sais pas... Une pénétration, un objet pénétrant ou peu importe. Et on n'est pas excité. Et moi, j'aime bien ça.

  • Speaker #1

    Ça fait partie du geste de l'artiste ?

  • Speaker #0

    Oui, oui, oui. C'est-à-dire que ça,

  • Speaker #1

    c'est mon point de vue. Mon point de vue, c'est que la nudité, elle peut être autre chose que quelque chose d'excitant.

  • Speaker #0

    Oui, et puis à l'époque, j'ai beaucoup posé la question avant le shooting au modèle de dire qu'est-ce que tu aimes et qu'est-ce que tu détestes ? À manger ou peu importe. Par exemple, il y a quelqu'un, je lui ai mis de la peau de serpent. de la mue de serpent dessus. Il se trouve qu'il avait la phobie de ça. Bon, je ne le savais pas, mais c'était un heureux moment de circonstance. Mais c'est exactement ce que je cherche. J'aime bien l'idée que la personne arrive avec quelque chose qui lui appartient. Je n'ai pas envie forcément d'imposer ma vision. C'est un petit travail à quatre mains. Donc, il y a quelqu'un qui est arrivé avec un objet qu'il a fabriqué lui-même et qu'on a utilisé pour le shooting. Il y a beaucoup de propositions faites par les modèles. Ça se joue à très peu de choses, mais c'est ça qui est intéressant. Et des fois, juste, je regarde autour de moi et je me dis, tiens, ça te dit, on utilise ça ? C'est sur mon piano, ça traîne ? Ou je ne sais pas, on fouille dans mes tiroirs, on sort des objets. Et voilà, la dernière fois que j'ai fait des photos, il y a peu, la personne m'avait apporté des fleurs. Mais parce que ça se fait. Pour juste... les mettre chez moi et en fait, je lui ai direct accroché au corps et elles ont mal fini. Donc, il n'y avait plus de fleurs à la fin de la séance, mais ce n'est pas grave, c'était très joli.

  • Speaker #1

    Ce qui est très amusant, c'est que quand je vous ai contacté, je connaissais votre travail, je ne connaissais pas la personne et j'ai eu presque un peu peur de vous, peur de vous contacter. Je me suis dit, bon... Voilà, vous êtes très proche des milieux fétichistes, en tout cas, c'est ce que j'ai l'impression. J'ai en face de moi quelqu'un qui est habillé tout en noir, qui a un crucifix en sautoir. C'est vrai, hein ? mais qui en même temps a comme une extrême pudeur, une extrême réserve quand elle s'exprime. Et c'est là également la dissonance entre ce qu'on annonce et ce qu'on est. Est-ce que justement, votre travail artistique, il n'est pas là pour exprimer tout ce que vous avez à l'intérieur, des idées les plus folles ? Est-ce que vous avez un autre personnage en fait qui s'exprime quand vous êtes derrière l'appareil ?

  • Speaker #0

    Ah non, non, je crois que c'est moi. Mais on peut être multiple et on peut être...

  • Speaker #1

    Schizophrénie ?

  • Speaker #0

    j'ai fini ma thérapie alors non je crois qu'on peut être à la fois pudique et aller chercher en soi ce qu'il y a de plus Je ne sais pas comment le nommer, mais non, ça fait partie de moi. Je ne crois pas qu'il y ait 15 personnes ni de personnages. Au contraire, parce que je parle sous mon nom, je n'ai pas de pseudo. Tout ce que je fais, c'est en mon nom propre. Il y a beaucoup de gens qui naviguent en tant qu'artiste ou peu importe, avec des pseudos. Moi, ce n'est pas le cas. Donc, j'assume complètement qui je suis et ce n'est pas un personnage. Par contre, je peux comprendre que je renvoie une image qui n'est pas forcément celle quand on est en face de moi. Mais ça, c'est tout le monde, je crois. à des niveaux différents, mais on renvoie tous une image, celle qu'on veut donner et celle qui est perçue. Mais oui, je suis une personne plutôt calme et discrète, et pour autant, ça ne m'empêche pas de faire la fête le soir et de danser sur les tables s'il faut. Et en photographie, d'explorer des choses intimes, très intimes, très crues, mais avec quand même un peu de pudeur.

  • Speaker #1

    Quel regard vous portez sur le BDSM aujourd'hui ? Je pense particulièrement à l'art dans le BDSM, la façon dont il est montré et également dont il est montré sur les réseaux. Est-ce que vous participez à cette scène ? Vous êtes aimée en tout cas par des personnes qui se réclament comme pratiquants, comme adeptes ou comme juste admirateurs de choses dites fétichistes.

  • Speaker #0

    Je ne sais pas quelle est l'image de l'art dans le BDSM. j'ai du mal à... À sectoriser l'art, je crois qu'il y a plus de ponts qu'on le pense. J'ai le pied dedans suffisamment pour savoir que ceux qui n'ont pas l'air en font partie. Je ne sais pas, je ne suis pas sûre qu'il y ait un art BDSM, que il y ait... Je ne sais pas. Je ne saurais pas répondre à cette question. Moi, je me sens très proche de ce milieu-là parce que j'aime bien la liberté qui est là-dedans. J'aime bien que les gens puissent s'exprimer, j'aime bien pouvoir m'exprimer et que du coup, les gens de ce milieu comprennent ce que je raconte. Ceux qui ne sont pas forcément dans ce milieu vont regarder ça de manière un peu bizarre, pas forcément comprendre où je veux en venir, ni la douceur que j'y trouve.

  • Speaker #1

    Paradoxalement.

  • Speaker #0

    Paradoxalement, ouais. Moi, j'y vois de la liberté, de la douceur et une forme d'expression là où on va voir peut-être quelque chose de trash, de violent ou de pornographique, ouais. Donc ça se joue à la personne qui regarde. C'est vrai que les gens qui vont bien connaître ce milieu seront peut-être plus ouverts à comprendre les subtilités.

  • Speaker #1

    C'est sexuellement jouissif de créer ce genre de photos ? Ou est-ce qu'on est juste détaché de se dire « Non, je fais ça, ce genre de création » .

  • Speaker #0

    Non, ce n'est pas détaché. Moi, je pense que la création est liée à la sexualité, mais en général, c'est une histoire d'énergie du corps. C'est quelque chose qui sort de soi. Pour moi, c'est ça, en tout cas, même si on dessine des fleurs. Oui, il y a une énergie sexuelle qui est là, c'est évident, même si c'est très intellectuel. Quand je dis ça, ça ne revient pas à dire qu'on a envie de faire du sexe avec la personne, pour être claire. C'est juste qu'on est dans cet état-là d'énergie sexuelle. C'est un peu différent, je ne sais pas si les gens peuvent le ressentir.

  • Speaker #1

    Il y a des personnes qui expriment ça dans certaines pratiques de yoga,

  • Speaker #0

    par exemple. Exactement, voilà. C'est une histoire d'énergie. Chez du yoga ? Oui, chez du yoga. Mais je ne suis pas dans les histoires de spiritualité très poussées. Mais oui, pour moi, il y a une connexion au corps évidente, à l'énergie sexuelle, sans perversion.

  • Speaker #1

    Comment on en vient à vouloir faire des photos de personnes qui se retrouvent dans une chambre d'hôtel ? Je précise ça parce que c'est une série que vous avez faite.

  • Speaker #0

    Alors celle du Love Hotel en particulier, c'est parce que moi j'y allais à titre personnel, au Love Hotel. J'avais des rendez-vous comme ça et j'aimais beaucoup cet endroit, notamment avant qu'il soit refait. Parce que je le trouvais un peu kitsch avec des décors à la japonaise ou vraiment décors indiens. Je ne sais pas, je trouvais ça un peu kitsch, presque de mauvais goût. Mais avec des petites lumières rouges ou des choses comme ça qui font qu'on peut y trouver un intérêt esthétique. Du coup, je n'ai pas fait de noir et blanc là-bas parce qu'il y avait un rapport à la couleur qui allait bien. Cet endroit-là m'a fait changer un peu de façon de faire. J'arrivais juste avec la personne, mon appareil dans le sac, pas de flash, rien. C'était un process hyper simple et il fallait faire avec ce qu'on avait, sous-exposé. Il y a une ambiance. J'aime bien cette ambiance-là. Et pourtant, ce n'était pas des partenaires, c'était des modèles avec qui j'ai fait ces photos. Mais ça m'a bien amusée et j'ai pu sortir du noir et blanc. J'ai fait de la couleur, j'ai fait autre chose. Et c'est ça que ça amène de sortir de ma chambre ou de mon salon. Se laisser surprendre par le lieu, les contraintes du lieu.

  • Speaker #1

    Vous avez fait une série dans un parking ? Oui.

  • Speaker #0

    C'est pareil. En fait, j'ai fait une série dans ma chambre où les gens venaient pendant deux heures et on faisait tout ce qui était possible de faire comme posture dans ma chambre. Et voilà, la personne, je la laissais faire. Et donc, il y a des gens qui se mettaient près de la fenêtre, juste de manière contemplative. Des gens qui se sentaient plus d'être sur mon lit, parfois qui s'allongeaient. Et je me suis dit, je vais faire la même chose, mais dans mon parking.

  • Speaker #1

    C'est assez fort. Les photos en question, je vais en décrire certaines. On est dans un parking avec un sol tout en béton, avec de la poussière. Il y a ce corps nu qui est tenu par des liens qui me semblent en cuir, qui est totalement à terre. Ce corps posé contre un pilier. il y a une dimension presque de je dirais comme si vous vouliez montrer je sais pas d'être quelqu'un qui est esclave de lui-même ou qui est une torture il y a quelque chose d'assez fort là-dedans et de mêler effectivement la chair à la crasse supposée d'un parking. Il y a ce côté un peu eros et thanatos qui est assez présent en général dans l'art, mais avec votre propre dimension fétichiste, si vous me permettez de mettre ce mot à nouveau.

  • Speaker #0

    En fait, quand on regarde la série de près, il y a un fil rouge qui est l'utilisation de cellophane. Et en fait, j'ai relié les corps au mur, au sol, au... Voilà, avec du cellophane, ce qui fait qu'il y a un effet un peu toile d'araignée ou un effet un peu... Moi, j'aime beaucoup la science-fiction, donc j'avais envie d'emmener le corps, oui, l'accrocher ou le faire sortir des murs. Donc j'ai essayé de trouver une matière comme ça qui relie les deux.

  • Speaker #1

    Tout en étant transparente ?

  • Speaker #0

    Tout en étant transparente, mais avec quelques reflets. J'aime pas trop l'urbex, enfin j'aime pas du tout ça d'ailleurs, donc je n'en ai pas fait peut-être une fois il y a longtemps. Ça ne m'intéresse pas tellement de mettre des corps nus dans des espaces urbains. Là, c'était un peu différent. En fait, ce qui m'amusait énormément, c'est que les gens pouvaient rentrer dans le parking à tout moment. J'avoue que ça faisait partie de mon plaisir sur ça. Et puis, cet aspect très froid. Je crois que j'aimais bien la répétition, d'évoluer dans le même endroit avec plusieurs personnes. ça crée Un peu d'étrangeté, un peu de... C'est mon côté science-fiction qui s'est projeté là-dedans. Et effectivement, avec toujours l'idée que les gens faisaient un peu ce qu'ils voulaient.

  • Speaker #1

    Ce sont des modèles ou ce sont des personnes qui n'ont jamais posé ?

  • Speaker #0

    C'est beaucoup des amis qui posent pour d'autres amis photographes. C'est parfois des modèles pour du dessin de nuit, du modèle vivant ou de la photo. Mais voilà, c'est un peu... petits milieux comme ça ?

  • Speaker #1

    Je pose cette question parce que la motivation de la personne qui va poser nue, elle est toujours très importante en fait dans une photo. Quand c'est un modèle, la personne peut se dire bon bah c'est mon job, j'ai l'habitude de faire des poses, je suis payé pour ça et puis... Et puis ça me plaît. C'est surtout les premières fois où l'inconscient de la personne va s'exprimer, mais ensuite on rentre dans une sorte d'habitude. En revanche, des personnes qui n'ont pas trop l'habitude de poser, parfois ça peut être un kink, d'aucun diront une perversion, en tout cas une volonté peut-être d'exhibitionnisme ou quelque chose comme ça, qui peut venir également perturber le travail de la photographe.

  • Speaker #0

    Ah oui, alors là, c'est des gens qui ont plutôt l'habitude. Et à la fois, je pense que ça les titille. Je pense que déjà, la plupart des gens qui viennent me voir pour être pris en photo n'en ont pas forcément l'habitude, mais aiment l'idée de voir ce qui va se passer, ce qui va leur arriver ou quels trucs ils vont finir par ingérer. Il y a toujours une notion de surprise ou d'excitation, je pense, dans le fait de venir faire des photos. Et ça a été le cas sur cette séance aussi. L'idée d'être nue dans un parking et se dire, OK, qu'est-ce qu'on va en faire ? J'ai des copines qui sont venues à deux et qui se sont pissées dessus, comme ça, dans le parking. Enfin, il y a cette personne-là, effectivement, avec le fouet suspendu au-dessus d'elle, sur le poteau, qui est restée comme ça à quatre pattes. Il y a une autre personne que j'ai couverte de l'encre de sèche. On a pris le temps de lui en recouvrir le corps, dans le parking. Il pouvait arriver n'importe qui. Enfin voilà, c'est que des expériences comme ça. Mais c'est des jeux d'enfants, avant tout. Moi, je considère que je m'amuse comme un gamin. C'est que du jeu. Et le BDSM, c'est ça, c'est du jeu.

  • Speaker #1

    J'ai vu un autoportrait de vous sur un lit. C'est difficile de se montrer soi-même quand on prend autant en photo les autres ?

  • Speaker #0

    C'est difficile pour moi parce que...

  • Speaker #1

    C'est dévoiler totalement son intimité. Vous n'étiez qu'une autre personne sur ce lit.

  • Speaker #0

    Ah oui ?

  • Speaker #1

    Et quand je dis dévoiler son intimité, est-ce que c'est laisser l'œil du spectateur entrer jusque soi ? où c'est... Monter sur une scène et dire je prends la parole.

  • Speaker #0

    Dans tout ce travail global, j'ai bien aimé aussi présenter une image de moi. Après, à ce stade, je pense que ça reste un peu superficiel et pas forcément très intéressant, ce que j'ai montré de moi.

  • Speaker #1

    Superficiel ? Est-ce que ça veut dire juste en surface ?

  • Speaker #0

    Oui.

  • Speaker #1

    Ou état de votre superficialité ?

  • Speaker #0

    C'est plus un travail de surface.

  • Speaker #1

    Parce qu'il y a des personnes qui se montrent et on doit trouver ça superficiel.

  • Speaker #0

    Non, je pense que c'est à l'état de surface, parce que si je voulais vraiment parler de moi, je le ferais autrement sur moi. Mais je pense que j'en suis pas prête. Voilà, donc je le fais à travers d'autres choses et à travers les autres. Mais disons que les versions que je montre de moi sont très esthétisantes et racontent sûrement un peu de pudeur dans l'histoire. Mais ça s'arrête là,

  • Speaker #1

    je pense. Vous êtes partiellement cachée par l'objectif et par votre partenaire sur ce livre.

  • Speaker #0

    Ah oui, je n'ai pas souvenir de photos de moi avec quelqu'un, mais...

  • Speaker #1

    Je vous la sortirai.

  • Speaker #0

    Ah oui, d'accord, je vois. C'est au Love Hotel ? Oui. Ah oui.

  • Speaker #1

    Un instant, je me suis dit, c'est sérieux, j'ai confondu, mais non, et pourtant, je l'ai vu tout à l'heure.

  • Speaker #0

    Non, mais parce que...

  • Speaker #1

    Tu fais attention,

  • Speaker #0

    je travaille. Non, parce que partenaire, j'entends personne avec qui je suis. Mais effectivement, c'est une amie, du coup, je ne l'ai pas... Et en fait, je l'ai fait deux fois.

  • Speaker #1

    C'est pas supposé.

  • Speaker #0

    Ah oui, oui, bah oui.

  • Speaker #1

    Ce n'est pas légendaire. Oui,

  • Speaker #0

    on peut supposer. C'est ça qui est intéressant d'ailleurs. Il se trouve que je l'ai fait avec deux personnes, dans ce même Love Hotel, avec deux femmes. Et j'ai bien aimé, justement, effectivement, laisser le doute sur la relation, qu'est-ce qu'on a pu y faire. Et effectivement, là, c'était un pas de côté sur ce que je peux raconter de moi, avec un peu de storytelling.

  • Speaker #1

    Qu'est-ce que vous allez raconter prochainement ?

  • Speaker #0

    En images ?

  • Speaker #1

    Oui. Ah oui, c'est parce que ça pourrait être en son, vous avez fait de la musique.

  • Speaker #0

    J'ai fait de la musique électronique avec mon mec de l'époque, ouais. Mais ça, c'est fini maintenant. Qu'est-ce que je vais raconter ? En fait, je voudrais travailler sur les séances de domination que je fais, à côté de tout ça. Et donc, j'aimerais rassembler du matériel visuel, audio et vidéo pour parler de ça.

  • Speaker #1

    Qu'est-ce que ça apporte au niveau créatif de faire de la domination dans votre travail ?

  • Speaker #0

    Ça apporte énormément et en fait, en ce moment, ça supplante un peu mon travail photographique parce que c'est très, très créatif. Franchement, c'est un puits sans fond d'idées. Déjà, chaque personne est très, très différente et vient chercher mes idées et avec beaucoup moins de tabous et de limites qu'un modèle photo. Et du coup, moi, ça m'éclate. Donc là, en ce moment, je ne suis excitée que par ça parce que... Parce que du coup, toute mon imagination va là-dedans.

  • Speaker #1

    Dans quelle spécialité ?

  • Speaker #0

    Je ne sais pas, j'aime bien...

  • Speaker #1

    Est-ce que vous vous êtes intéressée au chibari pour vos photos ?

  • Speaker #0

    Oui, du coup, je faisais vraiment des nœuds catastrophiques, je pense. Quand je regarde, c'est ridicule, mais c'était un pas vers ça à l'époque. Et oui, j'aime bien le chibari. Maintenant, je m'en sers un peu moins pour la photo et un peu plus pour mes séances de domination. j'aime beaucoup Tous les objets en métal et les pinces et les sondes et des choses comme ça, l'impact. Mais j'aime bien l'idée de trouver un objet du quotidien et le transformer en quelque chose d'utile pour une séance.

  • Speaker #1

    Qu'est-ce qu'ils viennent chercher chez vous, les personnes qui vous contactent, justement pour être dominées ?

  • Speaker #0

    Comme je communique sur le fait d'être dans le milieu artistique, les gens sont intéressés par ça. Ils viennent pour trouver quelque chose de créatif. parce qu'ils ont souvent vu pas mal de dominats déjà. Donc, ils connaissent bien la cravache, ils savent comment la prendre. Enfin, c'est un milieu très codifié. Une cravache, c'est une cravache. Donc, voilà, à un moment donné, il y a la personnalité derrière de chaque dominat. Donc, je suppose que ce qu'ils viennent chercher chez moi, c'est la partie artistique en plus.

  • Speaker #1

    Et donc, vous allez vous servir de cela pour créer un objet, un livre, une exposition ? vous ne savez pas encore ?

  • Speaker #0

    un peu tout je crois un peu tout ? oui j'ai envie que ce soit assez complet mais j'aimerais bien une expo quelque chose qu'on puisse parcourir qu'on puisse vivre je ne sais pas même peut-être des personnes soumises présentes je n'ai pas imaginé le produit fini mais je n'ai pas envie de faire un énième livre de Donnemina qui raconte ses expériences ça se fait pas mal en ce moment oui je trouve ça rigolo de lire ça je trouve ça passionnant mais ce n'est pas forcément ce que je veux faire mais Merci. Oui, qu'il y ait du son, que ce soit un peu immersif, qu'on sorte juste de la lecture pure. De la vidéo aussi, mais pas la vidéo formatée qu'on voit dans les milieux BDSM. C'est-à-dire, je n'ai pas envie de faire de la pub de ce que je fais. Ça ne m'intéresse pas, je ne vais pas... enregistré de manière très esthétique. Je ne vais pas me mettre en scène pour me vendre. Ce n'est pas ce type de vidéo-là.

  • Speaker #1

    C'est plus une immersion dans votre art.

  • Speaker #0

    Oui, j'ai déjà fait quelques vidéos. Je pense que ce sera un peu du même ordre.

  • Speaker #1

    On a hâte de voir ça. Quelques mots sur Le Bateau, qui est votre magazine artistique qui démontre une grande partie de vos talents d'éditrice, de directrice artistique.

  • Speaker #0

    Le bateau, c'est mon bébé. Je suis donc au numéro 19 maintenant. Le 20 va sortir cette année, après une longue pause covidienne et personnelle.

  • Speaker #1

    Mais le bateau n'a pas pris l'eau.

  • Speaker #0

    Mais le bateau n'a pas pris l'eau, promis, et ce n'est pas l'épave. Et comme ça, on le retrouvera d'ici la fin de l'année, je pense.

  • Speaker #1

    Avec des collaborations ?

  • Speaker #0

    Avec plein de monde dedans, comme d'habitude. Et ça va être un joli numéro. C'est sur la science-fiction. C'est mon thème préféré. Et c'est pour ça que j'ai du mal à le sortir aussi. C'est parce qu'il y a un petit enjeu personnel où c'est vraiment mon thème de prédilection. Donc, je veux que ce soit parfait.

  • Speaker #1

    On a hâte de découvrir ça. On retrouve votre travail sur votre page Instagram, Jessica Rispal. Et sur votre site internet également. Une exposition bientôt, pas d'exposition.

  • Speaker #0

    J'y travaille.

  • Speaker #1

    Toutes les infos sont à retrouver sur le réseau. Merci beaucoup Jessica. Merci. Et à bientôt. Pour devenir VIP du son du désir et accéder à des centaines d'histoires érotiques immersives ainsi qu'à de nombreux audios de relaxation intime, une seule adresse, lesondudésir.fr et abonnez-vous discrètement en seulement 3 clics. lesondudésir.fr Votre destination secrète vers l'érotisme audio.

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