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Le Son du Désir - érotisme, sexe et fantasmes

Confessions d'Anne Hautecoeur, éditrice de La Musardine - littérature érotique

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22min |23/07/2025
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Confessions d'Anne Hautecoeur, éditrice de La Musardine - littérature érotique

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Description

Leçons du désir avec Anne Hautecoeur – Édition, érotisme et engagement féministe

Dans cet épisode du Son du Désir, Anne Hautdecoeur, directrice de la maison d'édition La Musardine, nous ouvre les portes de son univers littéraire érotique et nous partage son parcours dans un domaine encore majoritairement dominé par les hommes. Elle nous raconte comment sa vision féminine a permis de mettre en avant la littérature érotique féminine et d’ouvrir la voie à des autrices audacieuses.


À travers cette conversation, nous explorons les enjeux politiques et personnels de l'écriture et de l'édition de récits érotiques, l’évolution des lectorats, et la manière dont les stéréotypes de l’érotisme "à la papa" ont évolué avec le temps. De la place des femmes dans ce secteur aux défis de l'édition moderne, cet épisode plonge dans la réalité de l’industrie du livre érotique, les résistances qu’elle rencontre et ses projets pour l'avenir.


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À travers des récits d’expériences ou d'histoires érotiques immersives en audio, on vous invite à explorer vos fantasmes les plus ardents pour éveiller vos désirs et vous emmener dans un voyage sensoriel inoubliable.

 

Le Son du Désir célèbre la sexualité féminine et encourage à revendiquer ses désirs sans tabous. Les récits offrent des espaces sûr où les femmes peuvent s'exprimer et explorer leur intimité. Comme Voxxx ou Femtasy, Le Son du Désir fait partie des plateformes audio érotique les plus écoutées en France.

 

Rejoignez-nous dans des histoires érotiques pour une expérience auditive de sexe audio unique. Que vous soyez en quête d'inspiration, de détente ou d'une soirée intime, "Le Son du Désir" est là pour vous accompagner. Préparez-vous à laisser vos sens s’éveiller et à découvrir un monde où vos fantasmes prennent vie.

 

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Transcription

  • Speaker #0

    Des clients hommes rentraient et rebroussaient chemin. Il est inutile de se cacher derrière un langage fleuri pour ne pas appeler une chatte une chatte. Certains auteurs disent qu'une bonne scène érotique, c'est quand eux-mêmes se sont sentis excités en l'écrivant.

  • Speaker #1

    Leçon du désir.

  • Speaker #2

    Je suis dans une maison d'édition qui édite des livres, évidemment, qui choisit des auteurs. qui imprime, qui distribue. Et je suis avec Anne Hautdecoeur. Je suis dans son bureau, entre sa machine à café, son ventilateur, sa bouteille de champagne qui attend, je ne sais pas, une prochaine signature. Bonjour Anne.

  • Speaker #0

    Bonjour Alex.

  • Speaker #1

    Pour devenir VIP du son du désir et accéder à des centaines d'histoires érotiques immersives ainsi qu'à de nombreux audios de relaxation intime, une seule adresse, lesondudésir.fr et abonnez-vous discrètement en seulement trois clics.

  • Speaker #2

    leçonsdudésir.fr votre destination secrète vers l'érotisme audio être une femme directrice d'une maison d'édition qui fait de l'érotisme et même de la pornographie c'est un engagement ?

  • Speaker #0

    non, enfin c'est un engagement que travaillait ici à la Musardine de le faire en tant que femme si elle l'est devenue avec le temps parce que je pense que ça m'a permis d'attirer à moi des autrices femmes, ce qui a longtemps été assez rare dans le domaine de la littérature érotique Merci. Je pense que le fait que je sois une femme a aussi permis à ces autrices de se dire « peut-être que si c'est elle qui m'accompagne, peut-être qu'elle va me laisser une voix » . Voilà, ça les a mises en confiance. Après, le fait que je sois une femme dans ce domaine, pour être tout à fait honnête, n'a jamais été vraiment une question. Parce que je pense que j'ai une personnalité qui fait que je suis très professionnelle. Que je ne laisse aucune place à autre chose que des discussions. Je suis quelqu'un de très humain aussi, qui peut être dans l'affect, dans l'amitié. Mais en tout cas, il n'y a pas de place à de la séduction, par exemple, que ce soit avec des auteurs femmes ou hommes ou d'autres interlocuteurs. Je ne pense pas être très froide ou désagréable, mais en tout cas, par rapport au domaine dans lequel on exerce, ça n'a jamais été ni une question ni un problème.

  • Speaker #2

    Je posais la question plus en termes de presque politique. c'est à dire que On a pu imaginer que pendant des décennies, l'érotisme c'était une affaire d'hommes, comme le monde de l'édition l'a été également. Et puis on aurait pu facilement penser que l'érotisme à la papa, moi j'aime bien utiliser ce mot-là, c'était une sorte de personnage qui était derrière son bureau, et puis il disait « ah j'ai des posters de petites pépés un peu partout, et d'ailleurs on voit dans votre bureau, non c'est plutôt des représentations, allez, assez sages, ou en tout cas très artistiques » . Donc voilà, c'est également ça le sens de ma question.

  • Speaker #0

    Oui, bien sûr. Alors l'érotisme à la papa, comme vous dites, je ne suis pas contre cette expression non plus, mais a existé pendant longtemps, existe encore. Ici, à la Musardine, il y a eu, avant moi, parce que ça ne fait que 4 ans que je suis vraiment gérante de la Musardine, avant, ça a été créé et dirigé par un homme pendant 25 ans qui était Claude Barre, qui a pris sa retraite et donc voilà, moi j'étais déjà là. Quand je dis Claude, ce n'était pas il y a 25 ans, c'était il y a 30 ans, puisque pour ma part, ça fait 24 ans que je suis là. Je suis arrivée en tant que stagiaire, une longue carrière. C'est sûr que pendant longtemps, ça a été beaucoup une affaire d'hommes. On avait aussi un directeur de collection et auteur élu, ce qui était Sparbeck, qui dirigeait ses auteurs de main de maître, qui étaient quasiment tous des hommes, il faut dire ce qui est. En tout cas, mon engagement personnel, il y a une dimension politique que de travailler dans une maison d'édition indépendante. qui publie la littérature érotique. Après, ce qui est vraiment politique, on va dire en termes de féminité, c'est, encore une fois, les textes que l'on publie. Est-ce que quelqu'un d'autre à ma place aurait laissé tant de place aux autrices, à la littérature érotique féminine, à introduire l'écriture inclusive dans les livres, à aller chercher des femmes sexologues plus jeunes ? Oui, ça participe d'un grand mouvement qui est sans doute parti de mon genre féminin. Je pense que ça aurait pu aussi naître d'un homme. En tout cas, ce qui compte, ce n'est pas tellement moi. C'est surtout les auteurs que je publie, les auteurs et les autrices. Donc, si je peux favoriser ça à travers mon sexe féminin, tant mieux. Mais l'engagement politique, il est là. C'est vraiment les textes qui le portent.

  • Speaker #2

    Un engagement littéraire. Moi, j'écris de la littérature érotique. Et chaque année, je vais au Salon de la littérature érotique, où la Musardine est très bien représentée. Il y a pas mal de monde qui vient me voir et fait « Ah, vous êtes un homme ! » Il y a peu d'hommes, en fait, qui écrivent. et moi je vais Ah bon ? Et effectivement, je regardais autour de moi et je voyais principalement des autrices. Ils sont où les hommes ?

  • Speaker #0

    C'est une bonne question que je commençais à me poser ces dernières années, puisqu'encore une fois, il y a une différence entre ouvrir le catalogue aux femmes et être vraiment volontaire dans le projet de publier davantage de femmes, mais à aucun moment on a fermé la porte aux hommes non plus. Donc je pense que tout simplement, ils sont peu nombreux actuellement. Sur le catalogue actuellement, je dois avoir 90% de femmes.

  • Speaker #2

    C'est énorme !

  • Speaker #0

    C'est énorme, ouais. C'est énorme ! Et les hommes, je ne sais pas, je pense que les hommes, d'une part, se sont détournés de la littérature érotique. en tant que lecteur et aussi par conséquent en tant qu'auteur au profit de la vidéo. Vous travaillez dans le podcast érotique, j'imagine que c'est aussi des questions qui vous animent, mais j'ai le sentiment que les hommes vont aller chercher l'excitation dans du matériel érotique plutôt visuel. Tout ça, évidemment, des grandes généralités, c'est un peu cliché, mais je pense que c'est quand même le cas, même s'il y a beaucoup de femmes qui regardent aussi du porno. Nous, on le voit ici à la librairie, où on a aussi beaucoup plus de femmes que par le passé. Le rayon qui reste le plus majoritairement masculin et fréquenté par les hommes, c'est la BD. Pendant longtemps, évidemment, il y avait des magazines érotiques, de la photo, qui marchaient très bien aussi. Mais la littérature érotique, avant que le porno soit aussi accessible et démocratisé, était quand même un vecteur d'imaginaire érotique très important. Je pense que les hommes s'en sont détournés.

  • Speaker #2

    La littérature érotique, ce sont de grands auteurs. On peut parler d'Apollinaire, on peut parler de Maurice Vian qui s'y est essayé, Esparbeck... Aujourd'hui, les grands auteurs de littérature érotique, ils sont où ?

  • Speaker #0

    Ils sont toujours là dans notre catalogue, déjà, c'est très important.

  • Speaker #2

    Je parle d'actuel.

  • Speaker #0

    Oui, d'actuel. Les grands auteurs actuels, ils sont naissants et à venir. Nous, on a une grande autrice qui est Octavie Delvaux, dont on a publié Sex in the Kitchen il y a quasiment 15 ans maintenant et dont on publie la suite cette année. qui est l'une des rares femmes déjà à avoir investi ce domaine il y a déjà une quinzaine d'années, on va dire, qui a écrit énormément de nouvelles érotiques, qui maintenant est non seulement autrice, mais dirige d'autres autrices dans leurs travaux. Donc oui, Octavie Delvaux fait partie des très grandes figures. Après, chez d'autres éditeurs, parce qu'on n'est quand même pas les seuls, j'en discutais récemment, je pense que l'une des personnes qui incarne la littérature érotique actuellement dans l'esprit des gens, autrice contemporaine, ce serait Emma Baker. Alors après... Je ne pense pas qu'elle-même se revendique d'ailleurs comme une autrice de littérature érotique, sincèrement. Mais c'est vrai que c'est elle qui incarne quelque chose. Et puis, les autres, ils sont devenus. Il faut être lucide sur le fait que tout ça se construit avec le temps. Les auteurs que vous citez, Apollinaire, Pierre-Louis, Apollinaire, c'est un peu différent, mais toute une partie de ces gens, je veux dire, la majorité de leur carrière, leurs écrits ont été publiés sous le manteau. Ils étaient complètement inconnus et complètement censurés et enfouis. Donc voilà, les grands auteurs de demain sont ceux qu'on publie aujourd'hui.

  • Speaker #2

    Moi, pour un autre podcast qui s'appelle Un Café au Comptoir, j'interview des écrivains qui sont plus dans la littérature blanche et beaucoup me disent « Ah oui, mais moi, de l'érotisme, j'en fais, j'ai fait des nouvelles, j'ai fait des trucs, mais bon, ça paraît pas. Je les donne à mes amis. » Et comment on ferait pour attirer, finalement, des grands noms de littérature blanche sur de la littérature érotique, sur l'édition ? Et surtout, qu'est-ce qui fait qu'ils pourraient avoir peur de sortir cela ?

  • Speaker #0

    C'est une bonne question. Si vous savez comment les attirer, ça m'intéresse en dehors de sortir mon chéquier. La question de la rémunération est quand même importante et il ne faut pas l'évacuer. Très clairement, nous, on reste une petite maison d'édition. Je ne peux pas prétendre attirer des auteurs avec des gros chèques comme d'autres. Donc ça, c'est quand même un premier frein. Et après, je pense que même si ça, c'est pareil, ça évolue. Il y a encore une dizaine d'années, 99% des livres étaient signés sous pseudonyme. Mais quand je dis 99%, c'est réel. Actuellement, j'ai quand même de plus en plus de jeunes qui acceptent de signer sous leur vrai nom. Alors que ce ne sont pas des gens connus par ailleurs, ce qui peut très bien se comprendre pour leur milieu professionnel, familial, etc. qu'ils n'aient pas envie d'apparaître sous leur vrai nom. Mais je pense que dans un autre registre, ce serait pareil pour des auteurs de littérature blanche, qui n'auraient pas forcément envie d'assumer, d'exposer des fantasmes érotiques, alors qu'ils font une œuvre tout à fait acceptable, honorable et qui passe bien dans les bibliothèques par ailleurs. Ce qui est dommage. Et après, le dernier point, je ne sais pas quels sont les gens que vous avez rencontrés, c'est peut-être qu'ils ne s'en sentent pas capables. Parce que vous, vous êtes auteur de littérature érotique, vous savez ce que c'est. Mais c'est très compliqué d'écrire des bonnes scènes érotiques. Donc je pense forcément que le sexe fait partie de tout processus de création. Il est rare qu'il y ait des histoires dans lesquelles le sentiment et la relation à l'autre, et donc la sexualité, soient totalement absentes. Après, de là à écrire vraiment des bonnes scènes de sexe... qui ne soit pas juste des prétextes ou un moment obligé, comme on peut le voir dans certains textes. C'est pas si simple.

  • Speaker #2

    À quoi on reconnaît justement un bon auteur, une bonne autrice qui vous envoie un texte ? À quoi vous reconnaissez que ce texte est bon ? Est-ce qu'il y a quelque chose ? Est-ce que c'est justement le fait que le vocabulaire soit différent ? Est-ce que c'est une patte personnelle ? Est-ce que ça doit être excitant ? J'en sais rien. Et au-delà de ça, je tire encore le fil de ma question, il y a eu énormément d'autofictions. Ce sont souvent des personnes qui vont aimer raconter un peu leur fantasme ou quelque chose qui leur est arrivé. Est-ce que ça, ça fait un bon auteur ? La vérité d'un texte, en quoi l'authenticité d'un récit fait une bonne histoire ? C'est une longue question.

  • Speaker #0

    Qu'est-ce qu'il y ait un bon texte érotique ? C'est ce que je dis toujours. Un bon texte érotique, c'est avant tout un bon texte. Ça paraît idiot à dire comme ça. Non, mais je veux dire, c'est comme dans n'importe quelle autre maison d'édition. Il faut qu'il y ait un style, un univers, des personnages, une histoire, quel qu'en soit le sujet. qui fonctionne, qui soit bien construite, bien écrite. Ça paraît idiot, mais c'est important de le dire. Après, écrire une bonne scène érotique, je ne vais pas vous faire une leçon là-dessus. Maintenant, vous dire comment ça fonctionne. Le vocabulaire, il y a évidemment pour beaucoup. Tout ce qui est trop métaphorique, où les gens n'osent pas utiliser les termes qu'on utilise dans la vraie vie, généralement ça ne fonctionne pas parce qu'on n'est plus au XVIIIe siècle et donc il est inutile de se cacher derrière un langage fleuri pour ne pas appeler une chatte une chatte. Voilà, et après c'est une construction de progression. Bon, certains auteurs disent qu'une bonne scène érotique, c'est quand eux-mêmes se sont sentis excités en l'écrivant. C'est peut-être pas systématique, puis nous on ne sait pas quand on lit un texte, mais peut-être que c'est ça qui fonctionne, c'est de vraiment réussir à faire passer une émotion, soit qu'on a vécu ou non, donc ce qui va m'amener à votre question suivante, soit qu'on fantasme. mais qu'il ne soit pas préfabriqué et surtout, encore une fois, que ce ne soit pas un passage obligé. Ça, ça se sent qu'on ne s'est vraiment trop construit de façon à faire bien, de façon à mettre tous les éléments qu'eux, c'est évident que ça ne fonctionne pas. Pour la question de l'autofiction, je serais assez radicale. Il y a en effet de l'autofiction dans le domaine érotique et pourquoi pas. mais je ne pense absolument pas que ça doit être un facteur de réussite ou non, c'est-à-dire que les gens aient vécu ou non ce qu'ils racontent dans les livres moi j'en sais rien, je leur pose pas la question ça ne m'intéresse pas, ça fonctionne ça fonctionne pas, alors on peut se dire que il n'y a que ce qui a été réellement vécu qui fait écho, mais j'en suis pas du tout certaine je pense au contraire que comme dans... tout type de littérature en fait. L'imaginaire peut tout à fait aussi fonctionner et que des gens peuvent se documenter sur des pratiques qu'ils n'ont pas forcément vécues et l'enrichir de leurs propres envies, leurs propres désirs, mais il n'y a aucune obligation d'avoir vécu des choses sexuelles pour bien les raconter. J'en suis certaine.

  • Speaker #2

    Vous qui lisez de la littérature érotique, sachez que non, les personnes qui écrivent de la littérature érotique n'ont pas forcément vécu tout ce qu'ils sont en train d'écrire.

  • Speaker #0

    Eh ben non, il faut croire que non. Enfin, je n'en sais rien, je ne pourrais jamais en être sûre à 100%, mais en tout cas, je ne demande pas qu'on me le certifie.

  • Speaker #2

    On va faire un tour dans la boutique. La boutique, parce que la Musardine, c'est une maison d'édition, mais c'est aussi une boutique. Elle a toujours été là, cette boutique ?

  • Speaker #0

    Elle a toujours été là, oui, tout à fait. Depuis 30 ans cette année.

  • Speaker #2

    Depuis 30 ans cette année. Donc là, nous sommes à travers les bureaux de la Musardine, où les personnes mettent en page les livres. C'est studieux, c'est studieux. On pourrait penser finalement que c'est rigolard et tout, que... Pas du tout ! C'est d'un sérieux à toute épreuve. Donc les bureaux sont attenants à la boutique. Nous entrons par derrière dans la boutique. Et dans cette boutique, ce qui est intéressant, c'est qu'il y a différentes collections, différents styles de livres. Ce n'est pas uniquement de la littérature.

  • Speaker #0

    Non, pas du tout. Cette librairie qui fait une cinquantaine de mètres carrés, c'est un petit lieu. Ce n'est pas très grand. Donc on accueille ici tous les livres qui parlent de... corps, de sexe, de sexualité dans tous les registres littéraires existants. Donc la littérature évidemment, littérature classique contemporaine, les guides pratiques, les essais, les livres de sexualité, la BD, le manga, les beaux livres, les livres d'art, enfin voilà, il y a absolument tous les genres littéraires qui sont représentés ici.

  • Speaker #2

    Si jamais j'écrivais une histoire érotique, est-ce qu'il faudrait absolument qu'il y ait un corps féminin dénudé en couverture ?

  • Speaker #0

    Non.

  • Speaker #2

    C'est pas facteur de réussite ?

  • Speaker #0

    Plus, ben non. Non, franchement, c'est pareil, c'est d'un autre temps, ça c'est l'érotisme à la papa. Je suis un temps où, en effet, ici, à chaque fois que je devais faire des recherches iconographiques pour une couverture, inévitablement, je cherchais une femme dénudée, une belle femme. Il y a évidemment de très belles choses qui existent artistiquement parlant dans le domaine érotique, mais je pense qu'actuellement, c'est plutôt un frein qu'autre chose. Notre objectif est plutôt de démocratiser la littérature érotique. que tout le monde puisse s'intéresser à nos ouvrages, notamment les femmes, de s'adapter aussi à chaque contenu. Et pour ce faire, je pense que la représentation uniquement de la femme n'est plus du tout viable.

  • Speaker #2

    Et pourtant, dans une littérature qui est souvent décriée en ce moment, je pense à la dark romance. Vous en distribuez ici ou vous en éditez également ?

  • Speaker #0

    Alors, on n'en édite pas et on n'en distribue pas. Bon. Et bim ! Non, il n'y a pas de volonté de fermer à ça, en tout cas pas en termes de vente ou de position politique ou autre. On n'en édite pas, tout simplement, parce que ce n'est pas du tout notre créneau. Déjà, nous, on ne fait pas d'achat de droits à l'étranger. Or, c'est quand même beaucoup de littérature qui vient de l'étranger. On n'a jamais vraiment considéré ça comme dans notre ligne éditoriale. Ce n'est pas tout à fait le même érotisme pour nous. Bon, la dark romance, c'est encore autre chose. Je ne vais pas vous mentir, je n'en lis pas non plus beaucoup. Donc, je ne veux pas en parler de façon très étendue. Si on n'en vend pas ici, ça rejoint ça. C'est parce que ce n'est pas du tout notre public, en fait. C'est quoi le public ici ? Le public ici, c'est un public qui a beaucoup évolué, qui a beaucoup changé avec les années et on en est ravis. Pendant très longtemps, ça a été aussi un public majoritairement masculin et d'un certain âge. Mais depuis, on va dire, 6-8 ans, avec toutes les évolutions de la société, avec la prise de parole des femmes sur leur corps, leur sexualité, leur désir, ça s'est aussi vérifié ici, où on a de plus en plus de femmes. de couples, de jeunes aussi qui viennent et qui osent franchir la porte de cette librairie de façon beaucoup plus naturelle qu'avant.

  • Speaker #2

    Oui, parce qu'avant, ça faisait un peu le lieu où on va changer de trottoir, on passe à peine, on ne regarde pas, on regarde tes pieds, l'enfant,

  • Speaker #0

    tout ça. Exactement, oui, bien sûr. Alors, changer de trottoir, peut-être pas jusqu'au-là, mais je pense qu'il y a beaucoup de gens, et notamment beaucoup de femmes, qui ne savaient pas du tout ce qui pouvait se trouver à l'intérieur. Beaucoup de gens s'imaginent qu'on est une sorte de sex-shop, qu'il y a aussi des objets ou autre.

  • Speaker #2

    il n'y en a pas

  • Speaker #0

    Ce qui n'est pas le cas. Bon, après, c'est pas impossible non plus. Il y a beaucoup de librairies qui vendent autre chose que du livre actuellement. En tout cas, nous, ça n'a jamais été notre partie de se diriger vers ce genre de choses. Il y a aussi le fait qu'il y avait essentiellement des hommes à l'intérieur. Je pense que ça pouvait aussi freiner certaines femmes se sentant mal à l'aise de s'intéresser à ce type de littérature devant des hommes. On voit l'effet inverse maintenant. C'est assez drôle. J'en parle souvent avec notre libraire. Quand il se trouve qu'il y a beaucoup de femmes dans la librairie, il nous est arrivé récemment de faire une signature pour un livre qui est « Grossesse et sexualité » . Donc, comme vous pouvez l'imaginer, c'était quand même une clientèle essentiellement féminine. Et des clients hommes rentraient et rebroussaient chemin. Mais non ! Parce que du coup, c'est eux qui se retrouvaient sans doute à être mal à l'aise ou à avoir honte de venir acheter leur petit livre de fesses devant des femmes.

  • Speaker #2

    Ah d'accord, oui, parce que ce n'était pas forcément le même rayon. Et effectivement, là, quand j'entre... Je vais vers la fin, je vois ces livres là où c'est marqué interdit, confession érotique avec une couverture jaune. Je me dis mais ça me dit quelque chose. Ça c'est l'héritage du passé quelque part.

  • Speaker #0

    Tout est fait à l'héritage du passé puisque c'est même là d'où vient la Musardine.

  • Speaker #2

    Ce n'est pas inintéressant pour autant.

  • Speaker #0

    Bien sûr. Media 1000 c'est donc ce label d'édition. Media 1000. Media 1000, oui. Tout est fait. C'est du roman de garde. que c'est un label d'édition qui préexistait à la Musardine, dont l'ancien dirigeant fondateur a donc... racheter le fond. Et donc, Mediamille, à l'époque, c'était du livre de poche, c'est l'équivalent d'Arlequin, mais version porno pour les hommes. Voilà, ni plus ni moins.

  • Speaker #2

    On va lire certains titres ? C'est amusant. En même temps, pendant ce temps-là, je passe devant le rayon BD où il y a Max Sulfur avec des personnages fort dénudés et à forte poitrine. On parlait de ces confessions érotiques de l'édition Mediamille. Je les ai venues avec des gants. Tu es pas mal. J'étais l'habilleuse et l'esclave d'une comédienne vicieuse par Nathalie M. Mais qui était Nathalie M ? C'est vous ? Non ! Vous écrivez ou pas ? Non.

  • Speaker #0

    Jamais ? Jamais. Ni pour moi, ni pour la Musardine, ni pour qui que ce soit. Je n'écris pas du tout. Je n'écris pas du tout, donc Nathalie M est loin d'être moi.

  • Speaker #2

    Nathalie M est un homme ?

  • Speaker #0

    Oui, voilà. Évidemment, ce ne sont que des pseudonymes.

  • Speaker #2

    Orgie mondaine.

  • Speaker #0

    À part deux ou trois cas de figures assez exceptionnels, ce n'était que... que des hommes qui écrivaient des médiamiles sous la houlette du fameux Esparbeck dont on parlait tout à l'heure. Que des hommes. Donc ces collections survivent pour la petite clientèle qui nous reste encore et qui se les procure. Mais donc, il y a encore 15 ans, c'était trois nouveautés par mois qui se vendaient à 2-3 000 exemplaires.

  • Speaker #2

    J'en discutais il n'y a pas très longtemps avec un auteur qui me disait « Bon, je suis proche de faire un best-seller, je fais 30 000 exemplaires. » Alors qu'avant, quand un livre se vendait mal, c'était 70 000. Exactement Et on parlait des San Antonio Un San Antonio qui se vendait mal C'était 70 000 exemplaires Aujourd'hui un livre de littérature érotique Qui se vend bien C'est combien d'exemplaires ?

  • Speaker #0

    Un livre de littérature qui se vend bien C'est 3000 exemplaires, mais qui se vendent vraiment bien. Après, on a des moyennes de vente qui sont plutôt entre 1000 et 1500 exemplaires, on va dire.

  • Speaker #2

    Quand vous éditez une autrice, un auteur, vous êtes distribué dans toutes les librairies qui acceptent de prendre le livre. C'est difficile de motiver la FNAC, motiver des librairies à accepter ces livres dans leur rayon ? Oui,

  • Speaker #0

    très clairement oui. Bon, la FNAC, tout ça, c'est d'autres débats. Là, c'est plus des perspectives, on va dire, vraiment économiques, au-delà même de la spécificité de l'érotisme. Plus ça va, plus la FNAC baisse la voilure au niveau du nombre de références et ne promeut que les best-sellers. C'est assez désolant. Mais donc voilà, là, ce n'est pas nous vraiment qui sommes concernés directement. Pour la librairie en général... Il y a un facteur global qui est qu'il y a trop de livres de toute façon. Donc forcément, ceux qui en pâtissent, ce sont les petits éditeurs comme nous. Et au-delà, sur l'érotique, je pense que quand même encore aujourd'hui, un certain nombre de libraires ont en tête une image de la Musardine qui est justement celle de l'érotisme à la papa. Comme vous le dites si bien, je vais reprendre cette expression à mon compte. Voilà, beaucoup de gens pensent que la Musardine en est restée à Esparbec, que l'on publie toujours et que ça fait partie de notre histoire. Mais il y a beaucoup d'autres choses qui se sont faites depuis, qui sont différentes, modernes, féminines, et qui pourraient vraiment avoir leur place et plaire à un public beaucoup plus large. Mais le message n'est pas encore bien passé, malheureusement. Et du coup, les libraires vont dire « Ah bah non, j'ai pas de rayon érotique, de toute façon, j'ai pas la clientèle qui va avec » .

  • Speaker #2

    Pourtant, la clientèle est un peu partout.

  • Speaker #0

    La clientèle est partout, j'en suis convaincue. Je suis sûre que si on met nos livres en avant, sur table, les gens les achèteront volontiers. D'autant plus si c'est mêlé à d'autres livres, si vous voulez, qui ne sont pas estampillés érotiques. Faire la démarche de venir à la Musardine dans cette librairie, c'est une chose, on sait vraiment ce qu'on vient chercher, etc. Par contre, tomber par hasard sur un texte dont le titre nous attire, qui fait un peu tilt auquel on ne s'y attendait pas, présenté par son libraire parmi d'autres livres respectables, là c'est encore plus facile.

  • Speaker #2

    On vous souhaite le meilleur pour les prochaines éditions. Les prochaines sorties, Alain Musardine, sorties de l'été ?

  • Speaker #0

    On a deux textes parfaits pour l'été. Un texte d'un homme, j'étais contente, ça faisait longtemps que je n'avais pas lu un roman érotique écrit par un homme. Un premier roman d'un jeune trentenaire, Clément Villon, qui s'appelle L'amour en mer, et qui raconte la traversée de l'Atlantique par cinq personnes sur un bateau, donc trois femmes et... et deux hommes qui ont tous des personnalités bien différentes et bien trempées, donc avec des personnages bien marqués, et qui vont expérimenter tout un tas de configurations sexuelles les uns avec les autres dans le cadre de cette cale. Donc c'est vraiment très plaisant pour l'été, et on aura après un petit recueil au format poche, Six and Sun, des nouvelles parfaites à lire sur la plage au soleil.

  • Speaker #2

    Merci beaucoup Anne Hautecoeur, les éditions La Musardine.

  • Speaker #0

    Merci beaucoup Alexis.

  • Speaker #1

    Pour devenir VIP du son du désir et accéder à des centaines d'histoires érotiques immersives ainsi qu'à de nombreux audios de relaxation intime, une seule adresse, le sondudésir.fr. Et abonnez-vous discrètement en seulement trois clics, le sondudésir.fr, votre destination secrète vers l'érotisme audio.

Description

Leçons du désir avec Anne Hautecoeur – Édition, érotisme et engagement féministe

Dans cet épisode du Son du Désir, Anne Hautdecoeur, directrice de la maison d'édition La Musardine, nous ouvre les portes de son univers littéraire érotique et nous partage son parcours dans un domaine encore majoritairement dominé par les hommes. Elle nous raconte comment sa vision féminine a permis de mettre en avant la littérature érotique féminine et d’ouvrir la voie à des autrices audacieuses.


À travers cette conversation, nous explorons les enjeux politiques et personnels de l'écriture et de l'édition de récits érotiques, l’évolution des lectorats, et la manière dont les stéréotypes de l’érotisme "à la papa" ont évolué avec le temps. De la place des femmes dans ce secteur aux défis de l'édition moderne, cet épisode plonge dans la réalité de l’industrie du livre érotique, les résistances qu’elle rencontre et ses projets pour l'avenir.


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À travers des récits d’expériences ou d'histoires érotiques immersives en audio, on vous invite à explorer vos fantasmes les plus ardents pour éveiller vos désirs et vous emmener dans un voyage sensoriel inoubliable.

 

Le Son du Désir célèbre la sexualité féminine et encourage à revendiquer ses désirs sans tabous. Les récits offrent des espaces sûr où les femmes peuvent s'exprimer et explorer leur intimité. Comme Voxxx ou Femtasy, Le Son du Désir fait partie des plateformes audio érotique les plus écoutées en France.

 

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Transcription

  • Speaker #0

    Des clients hommes rentraient et rebroussaient chemin. Il est inutile de se cacher derrière un langage fleuri pour ne pas appeler une chatte une chatte. Certains auteurs disent qu'une bonne scène érotique, c'est quand eux-mêmes se sont sentis excités en l'écrivant.

  • Speaker #1

    Leçon du désir.

  • Speaker #2

    Je suis dans une maison d'édition qui édite des livres, évidemment, qui choisit des auteurs. qui imprime, qui distribue. Et je suis avec Anne Hautdecoeur. Je suis dans son bureau, entre sa machine à café, son ventilateur, sa bouteille de champagne qui attend, je ne sais pas, une prochaine signature. Bonjour Anne.

  • Speaker #0

    Bonjour Alex.

  • Speaker #1

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  • Speaker #2

    leçonsdudésir.fr votre destination secrète vers l'érotisme audio être une femme directrice d'une maison d'édition qui fait de l'érotisme et même de la pornographie c'est un engagement ?

  • Speaker #0

    non, enfin c'est un engagement que travaillait ici à la Musardine de le faire en tant que femme si elle l'est devenue avec le temps parce que je pense que ça m'a permis d'attirer à moi des autrices femmes, ce qui a longtemps été assez rare dans le domaine de la littérature érotique Merci. Je pense que le fait que je sois une femme a aussi permis à ces autrices de se dire « peut-être que si c'est elle qui m'accompagne, peut-être qu'elle va me laisser une voix » . Voilà, ça les a mises en confiance. Après, le fait que je sois une femme dans ce domaine, pour être tout à fait honnête, n'a jamais été vraiment une question. Parce que je pense que j'ai une personnalité qui fait que je suis très professionnelle. Que je ne laisse aucune place à autre chose que des discussions. Je suis quelqu'un de très humain aussi, qui peut être dans l'affect, dans l'amitié. Mais en tout cas, il n'y a pas de place à de la séduction, par exemple, que ce soit avec des auteurs femmes ou hommes ou d'autres interlocuteurs. Je ne pense pas être très froide ou désagréable, mais en tout cas, par rapport au domaine dans lequel on exerce, ça n'a jamais été ni une question ni un problème.

  • Speaker #2

    Je posais la question plus en termes de presque politique. c'est à dire que On a pu imaginer que pendant des décennies, l'érotisme c'était une affaire d'hommes, comme le monde de l'édition l'a été également. Et puis on aurait pu facilement penser que l'érotisme à la papa, moi j'aime bien utiliser ce mot-là, c'était une sorte de personnage qui était derrière son bureau, et puis il disait « ah j'ai des posters de petites pépés un peu partout, et d'ailleurs on voit dans votre bureau, non c'est plutôt des représentations, allez, assez sages, ou en tout cas très artistiques » . Donc voilà, c'est également ça le sens de ma question.

  • Speaker #0

    Oui, bien sûr. Alors l'érotisme à la papa, comme vous dites, je ne suis pas contre cette expression non plus, mais a existé pendant longtemps, existe encore. Ici, à la Musardine, il y a eu, avant moi, parce que ça ne fait que 4 ans que je suis vraiment gérante de la Musardine, avant, ça a été créé et dirigé par un homme pendant 25 ans qui était Claude Barre, qui a pris sa retraite et donc voilà, moi j'étais déjà là. Quand je dis Claude, ce n'était pas il y a 25 ans, c'était il y a 30 ans, puisque pour ma part, ça fait 24 ans que je suis là. Je suis arrivée en tant que stagiaire, une longue carrière. C'est sûr que pendant longtemps, ça a été beaucoup une affaire d'hommes. On avait aussi un directeur de collection et auteur élu, ce qui était Sparbeck, qui dirigeait ses auteurs de main de maître, qui étaient quasiment tous des hommes, il faut dire ce qui est. En tout cas, mon engagement personnel, il y a une dimension politique que de travailler dans une maison d'édition indépendante. qui publie la littérature érotique. Après, ce qui est vraiment politique, on va dire en termes de féminité, c'est, encore une fois, les textes que l'on publie. Est-ce que quelqu'un d'autre à ma place aurait laissé tant de place aux autrices, à la littérature érotique féminine, à introduire l'écriture inclusive dans les livres, à aller chercher des femmes sexologues plus jeunes ? Oui, ça participe d'un grand mouvement qui est sans doute parti de mon genre féminin. Je pense que ça aurait pu aussi naître d'un homme. En tout cas, ce qui compte, ce n'est pas tellement moi. C'est surtout les auteurs que je publie, les auteurs et les autrices. Donc, si je peux favoriser ça à travers mon sexe féminin, tant mieux. Mais l'engagement politique, il est là. C'est vraiment les textes qui le portent.

  • Speaker #2

    Un engagement littéraire. Moi, j'écris de la littérature érotique. Et chaque année, je vais au Salon de la littérature érotique, où la Musardine est très bien représentée. Il y a pas mal de monde qui vient me voir et fait « Ah, vous êtes un homme ! » Il y a peu d'hommes, en fait, qui écrivent. et moi je vais Ah bon ? Et effectivement, je regardais autour de moi et je voyais principalement des autrices. Ils sont où les hommes ?

  • Speaker #0

    C'est une bonne question que je commençais à me poser ces dernières années, puisqu'encore une fois, il y a une différence entre ouvrir le catalogue aux femmes et être vraiment volontaire dans le projet de publier davantage de femmes, mais à aucun moment on a fermé la porte aux hommes non plus. Donc je pense que tout simplement, ils sont peu nombreux actuellement. Sur le catalogue actuellement, je dois avoir 90% de femmes.

  • Speaker #2

    C'est énorme !

  • Speaker #0

    C'est énorme, ouais. C'est énorme ! Et les hommes, je ne sais pas, je pense que les hommes, d'une part, se sont détournés de la littérature érotique. en tant que lecteur et aussi par conséquent en tant qu'auteur au profit de la vidéo. Vous travaillez dans le podcast érotique, j'imagine que c'est aussi des questions qui vous animent, mais j'ai le sentiment que les hommes vont aller chercher l'excitation dans du matériel érotique plutôt visuel. Tout ça, évidemment, des grandes généralités, c'est un peu cliché, mais je pense que c'est quand même le cas, même s'il y a beaucoup de femmes qui regardent aussi du porno. Nous, on le voit ici à la librairie, où on a aussi beaucoup plus de femmes que par le passé. Le rayon qui reste le plus majoritairement masculin et fréquenté par les hommes, c'est la BD. Pendant longtemps, évidemment, il y avait des magazines érotiques, de la photo, qui marchaient très bien aussi. Mais la littérature érotique, avant que le porno soit aussi accessible et démocratisé, était quand même un vecteur d'imaginaire érotique très important. Je pense que les hommes s'en sont détournés.

  • Speaker #2

    La littérature érotique, ce sont de grands auteurs. On peut parler d'Apollinaire, on peut parler de Maurice Vian qui s'y est essayé, Esparbeck... Aujourd'hui, les grands auteurs de littérature érotique, ils sont où ?

  • Speaker #0

    Ils sont toujours là dans notre catalogue, déjà, c'est très important.

  • Speaker #2

    Je parle d'actuel.

  • Speaker #0

    Oui, d'actuel. Les grands auteurs actuels, ils sont naissants et à venir. Nous, on a une grande autrice qui est Octavie Delvaux, dont on a publié Sex in the Kitchen il y a quasiment 15 ans maintenant et dont on publie la suite cette année. qui est l'une des rares femmes déjà à avoir investi ce domaine il y a déjà une quinzaine d'années, on va dire, qui a écrit énormément de nouvelles érotiques, qui maintenant est non seulement autrice, mais dirige d'autres autrices dans leurs travaux. Donc oui, Octavie Delvaux fait partie des très grandes figures. Après, chez d'autres éditeurs, parce qu'on n'est quand même pas les seuls, j'en discutais récemment, je pense que l'une des personnes qui incarne la littérature érotique actuellement dans l'esprit des gens, autrice contemporaine, ce serait Emma Baker. Alors après... Je ne pense pas qu'elle-même se revendique d'ailleurs comme une autrice de littérature érotique, sincèrement. Mais c'est vrai que c'est elle qui incarne quelque chose. Et puis, les autres, ils sont devenus. Il faut être lucide sur le fait que tout ça se construit avec le temps. Les auteurs que vous citez, Apollinaire, Pierre-Louis, Apollinaire, c'est un peu différent, mais toute une partie de ces gens, je veux dire, la majorité de leur carrière, leurs écrits ont été publiés sous le manteau. Ils étaient complètement inconnus et complètement censurés et enfouis. Donc voilà, les grands auteurs de demain sont ceux qu'on publie aujourd'hui.

  • Speaker #2

    Moi, pour un autre podcast qui s'appelle Un Café au Comptoir, j'interview des écrivains qui sont plus dans la littérature blanche et beaucoup me disent « Ah oui, mais moi, de l'érotisme, j'en fais, j'ai fait des nouvelles, j'ai fait des trucs, mais bon, ça paraît pas. Je les donne à mes amis. » Et comment on ferait pour attirer, finalement, des grands noms de littérature blanche sur de la littérature érotique, sur l'édition ? Et surtout, qu'est-ce qui fait qu'ils pourraient avoir peur de sortir cela ?

  • Speaker #0

    C'est une bonne question. Si vous savez comment les attirer, ça m'intéresse en dehors de sortir mon chéquier. La question de la rémunération est quand même importante et il ne faut pas l'évacuer. Très clairement, nous, on reste une petite maison d'édition. Je ne peux pas prétendre attirer des auteurs avec des gros chèques comme d'autres. Donc ça, c'est quand même un premier frein. Et après, je pense que même si ça, c'est pareil, ça évolue. Il y a encore une dizaine d'années, 99% des livres étaient signés sous pseudonyme. Mais quand je dis 99%, c'est réel. Actuellement, j'ai quand même de plus en plus de jeunes qui acceptent de signer sous leur vrai nom. Alors que ce ne sont pas des gens connus par ailleurs, ce qui peut très bien se comprendre pour leur milieu professionnel, familial, etc. qu'ils n'aient pas envie d'apparaître sous leur vrai nom. Mais je pense que dans un autre registre, ce serait pareil pour des auteurs de littérature blanche, qui n'auraient pas forcément envie d'assumer, d'exposer des fantasmes érotiques, alors qu'ils font une œuvre tout à fait acceptable, honorable et qui passe bien dans les bibliothèques par ailleurs. Ce qui est dommage. Et après, le dernier point, je ne sais pas quels sont les gens que vous avez rencontrés, c'est peut-être qu'ils ne s'en sentent pas capables. Parce que vous, vous êtes auteur de littérature érotique, vous savez ce que c'est. Mais c'est très compliqué d'écrire des bonnes scènes érotiques. Donc je pense forcément que le sexe fait partie de tout processus de création. Il est rare qu'il y ait des histoires dans lesquelles le sentiment et la relation à l'autre, et donc la sexualité, soient totalement absentes. Après, de là à écrire vraiment des bonnes scènes de sexe... qui ne soit pas juste des prétextes ou un moment obligé, comme on peut le voir dans certains textes. C'est pas si simple.

  • Speaker #2

    À quoi on reconnaît justement un bon auteur, une bonne autrice qui vous envoie un texte ? À quoi vous reconnaissez que ce texte est bon ? Est-ce qu'il y a quelque chose ? Est-ce que c'est justement le fait que le vocabulaire soit différent ? Est-ce que c'est une patte personnelle ? Est-ce que ça doit être excitant ? J'en sais rien. Et au-delà de ça, je tire encore le fil de ma question, il y a eu énormément d'autofictions. Ce sont souvent des personnes qui vont aimer raconter un peu leur fantasme ou quelque chose qui leur est arrivé. Est-ce que ça, ça fait un bon auteur ? La vérité d'un texte, en quoi l'authenticité d'un récit fait une bonne histoire ? C'est une longue question.

  • Speaker #0

    Qu'est-ce qu'il y ait un bon texte érotique ? C'est ce que je dis toujours. Un bon texte érotique, c'est avant tout un bon texte. Ça paraît idiot à dire comme ça. Non, mais je veux dire, c'est comme dans n'importe quelle autre maison d'édition. Il faut qu'il y ait un style, un univers, des personnages, une histoire, quel qu'en soit le sujet. qui fonctionne, qui soit bien construite, bien écrite. Ça paraît idiot, mais c'est important de le dire. Après, écrire une bonne scène érotique, je ne vais pas vous faire une leçon là-dessus. Maintenant, vous dire comment ça fonctionne. Le vocabulaire, il y a évidemment pour beaucoup. Tout ce qui est trop métaphorique, où les gens n'osent pas utiliser les termes qu'on utilise dans la vraie vie, généralement ça ne fonctionne pas parce qu'on n'est plus au XVIIIe siècle et donc il est inutile de se cacher derrière un langage fleuri pour ne pas appeler une chatte une chatte. Voilà, et après c'est une construction de progression. Bon, certains auteurs disent qu'une bonne scène érotique, c'est quand eux-mêmes se sont sentis excités en l'écrivant. C'est peut-être pas systématique, puis nous on ne sait pas quand on lit un texte, mais peut-être que c'est ça qui fonctionne, c'est de vraiment réussir à faire passer une émotion, soit qu'on a vécu ou non, donc ce qui va m'amener à votre question suivante, soit qu'on fantasme. mais qu'il ne soit pas préfabriqué et surtout, encore une fois, que ce ne soit pas un passage obligé. Ça, ça se sent qu'on ne s'est vraiment trop construit de façon à faire bien, de façon à mettre tous les éléments qu'eux, c'est évident que ça ne fonctionne pas. Pour la question de l'autofiction, je serais assez radicale. Il y a en effet de l'autofiction dans le domaine érotique et pourquoi pas. mais je ne pense absolument pas que ça doit être un facteur de réussite ou non, c'est-à-dire que les gens aient vécu ou non ce qu'ils racontent dans les livres moi j'en sais rien, je leur pose pas la question ça ne m'intéresse pas, ça fonctionne ça fonctionne pas, alors on peut se dire que il n'y a que ce qui a été réellement vécu qui fait écho, mais j'en suis pas du tout certaine je pense au contraire que comme dans... tout type de littérature en fait. L'imaginaire peut tout à fait aussi fonctionner et que des gens peuvent se documenter sur des pratiques qu'ils n'ont pas forcément vécues et l'enrichir de leurs propres envies, leurs propres désirs, mais il n'y a aucune obligation d'avoir vécu des choses sexuelles pour bien les raconter. J'en suis certaine.

  • Speaker #2

    Vous qui lisez de la littérature érotique, sachez que non, les personnes qui écrivent de la littérature érotique n'ont pas forcément vécu tout ce qu'ils sont en train d'écrire.

  • Speaker #0

    Eh ben non, il faut croire que non. Enfin, je n'en sais rien, je ne pourrais jamais en être sûre à 100%, mais en tout cas, je ne demande pas qu'on me le certifie.

  • Speaker #2

    On va faire un tour dans la boutique. La boutique, parce que la Musardine, c'est une maison d'édition, mais c'est aussi une boutique. Elle a toujours été là, cette boutique ?

  • Speaker #0

    Elle a toujours été là, oui, tout à fait. Depuis 30 ans cette année.

  • Speaker #2

    Depuis 30 ans cette année. Donc là, nous sommes à travers les bureaux de la Musardine, où les personnes mettent en page les livres. C'est studieux, c'est studieux. On pourrait penser finalement que c'est rigolard et tout, que... Pas du tout ! C'est d'un sérieux à toute épreuve. Donc les bureaux sont attenants à la boutique. Nous entrons par derrière dans la boutique. Et dans cette boutique, ce qui est intéressant, c'est qu'il y a différentes collections, différents styles de livres. Ce n'est pas uniquement de la littérature.

  • Speaker #0

    Non, pas du tout. Cette librairie qui fait une cinquantaine de mètres carrés, c'est un petit lieu. Ce n'est pas très grand. Donc on accueille ici tous les livres qui parlent de... corps, de sexe, de sexualité dans tous les registres littéraires existants. Donc la littérature évidemment, littérature classique contemporaine, les guides pratiques, les essais, les livres de sexualité, la BD, le manga, les beaux livres, les livres d'art, enfin voilà, il y a absolument tous les genres littéraires qui sont représentés ici.

  • Speaker #2

    Si jamais j'écrivais une histoire érotique, est-ce qu'il faudrait absolument qu'il y ait un corps féminin dénudé en couverture ?

  • Speaker #0

    Non.

  • Speaker #2

    C'est pas facteur de réussite ?

  • Speaker #0

    Plus, ben non. Non, franchement, c'est pareil, c'est d'un autre temps, ça c'est l'érotisme à la papa. Je suis un temps où, en effet, ici, à chaque fois que je devais faire des recherches iconographiques pour une couverture, inévitablement, je cherchais une femme dénudée, une belle femme. Il y a évidemment de très belles choses qui existent artistiquement parlant dans le domaine érotique, mais je pense qu'actuellement, c'est plutôt un frein qu'autre chose. Notre objectif est plutôt de démocratiser la littérature érotique. que tout le monde puisse s'intéresser à nos ouvrages, notamment les femmes, de s'adapter aussi à chaque contenu. Et pour ce faire, je pense que la représentation uniquement de la femme n'est plus du tout viable.

  • Speaker #2

    Et pourtant, dans une littérature qui est souvent décriée en ce moment, je pense à la dark romance. Vous en distribuez ici ou vous en éditez également ?

  • Speaker #0

    Alors, on n'en édite pas et on n'en distribue pas. Bon. Et bim ! Non, il n'y a pas de volonté de fermer à ça, en tout cas pas en termes de vente ou de position politique ou autre. On n'en édite pas, tout simplement, parce que ce n'est pas du tout notre créneau. Déjà, nous, on ne fait pas d'achat de droits à l'étranger. Or, c'est quand même beaucoup de littérature qui vient de l'étranger. On n'a jamais vraiment considéré ça comme dans notre ligne éditoriale. Ce n'est pas tout à fait le même érotisme pour nous. Bon, la dark romance, c'est encore autre chose. Je ne vais pas vous mentir, je n'en lis pas non plus beaucoup. Donc, je ne veux pas en parler de façon très étendue. Si on n'en vend pas ici, ça rejoint ça. C'est parce que ce n'est pas du tout notre public, en fait. C'est quoi le public ici ? Le public ici, c'est un public qui a beaucoup évolué, qui a beaucoup changé avec les années et on en est ravis. Pendant très longtemps, ça a été aussi un public majoritairement masculin et d'un certain âge. Mais depuis, on va dire, 6-8 ans, avec toutes les évolutions de la société, avec la prise de parole des femmes sur leur corps, leur sexualité, leur désir, ça s'est aussi vérifié ici, où on a de plus en plus de femmes. de couples, de jeunes aussi qui viennent et qui osent franchir la porte de cette librairie de façon beaucoup plus naturelle qu'avant.

  • Speaker #2

    Oui, parce qu'avant, ça faisait un peu le lieu où on va changer de trottoir, on passe à peine, on ne regarde pas, on regarde tes pieds, l'enfant,

  • Speaker #0

    tout ça. Exactement, oui, bien sûr. Alors, changer de trottoir, peut-être pas jusqu'au-là, mais je pense qu'il y a beaucoup de gens, et notamment beaucoup de femmes, qui ne savaient pas du tout ce qui pouvait se trouver à l'intérieur. Beaucoup de gens s'imaginent qu'on est une sorte de sex-shop, qu'il y a aussi des objets ou autre.

  • Speaker #2

    il n'y en a pas

  • Speaker #0

    Ce qui n'est pas le cas. Bon, après, c'est pas impossible non plus. Il y a beaucoup de librairies qui vendent autre chose que du livre actuellement. En tout cas, nous, ça n'a jamais été notre partie de se diriger vers ce genre de choses. Il y a aussi le fait qu'il y avait essentiellement des hommes à l'intérieur. Je pense que ça pouvait aussi freiner certaines femmes se sentant mal à l'aise de s'intéresser à ce type de littérature devant des hommes. On voit l'effet inverse maintenant. C'est assez drôle. J'en parle souvent avec notre libraire. Quand il se trouve qu'il y a beaucoup de femmes dans la librairie, il nous est arrivé récemment de faire une signature pour un livre qui est « Grossesse et sexualité » . Donc, comme vous pouvez l'imaginer, c'était quand même une clientèle essentiellement féminine. Et des clients hommes rentraient et rebroussaient chemin. Mais non ! Parce que du coup, c'est eux qui se retrouvaient sans doute à être mal à l'aise ou à avoir honte de venir acheter leur petit livre de fesses devant des femmes.

  • Speaker #2

    Ah d'accord, oui, parce que ce n'était pas forcément le même rayon. Et effectivement, là, quand j'entre... Je vais vers la fin, je vois ces livres là où c'est marqué interdit, confession érotique avec une couverture jaune. Je me dis mais ça me dit quelque chose. Ça c'est l'héritage du passé quelque part.

  • Speaker #0

    Tout est fait à l'héritage du passé puisque c'est même là d'où vient la Musardine.

  • Speaker #2

    Ce n'est pas inintéressant pour autant.

  • Speaker #0

    Bien sûr. Media 1000 c'est donc ce label d'édition. Media 1000. Media 1000, oui. Tout est fait. C'est du roman de garde. que c'est un label d'édition qui préexistait à la Musardine, dont l'ancien dirigeant fondateur a donc... racheter le fond. Et donc, Mediamille, à l'époque, c'était du livre de poche, c'est l'équivalent d'Arlequin, mais version porno pour les hommes. Voilà, ni plus ni moins.

  • Speaker #2

    On va lire certains titres ? C'est amusant. En même temps, pendant ce temps-là, je passe devant le rayon BD où il y a Max Sulfur avec des personnages fort dénudés et à forte poitrine. On parlait de ces confessions érotiques de l'édition Mediamille. Je les ai venues avec des gants. Tu es pas mal. J'étais l'habilleuse et l'esclave d'une comédienne vicieuse par Nathalie M. Mais qui était Nathalie M ? C'est vous ? Non ! Vous écrivez ou pas ? Non.

  • Speaker #0

    Jamais ? Jamais. Ni pour moi, ni pour la Musardine, ni pour qui que ce soit. Je n'écris pas du tout. Je n'écris pas du tout, donc Nathalie M est loin d'être moi.

  • Speaker #2

    Nathalie M est un homme ?

  • Speaker #0

    Oui, voilà. Évidemment, ce ne sont que des pseudonymes.

  • Speaker #2

    Orgie mondaine.

  • Speaker #0

    À part deux ou trois cas de figures assez exceptionnels, ce n'était que... que des hommes qui écrivaient des médiamiles sous la houlette du fameux Esparbeck dont on parlait tout à l'heure. Que des hommes. Donc ces collections survivent pour la petite clientèle qui nous reste encore et qui se les procure. Mais donc, il y a encore 15 ans, c'était trois nouveautés par mois qui se vendaient à 2-3 000 exemplaires.

  • Speaker #2

    J'en discutais il n'y a pas très longtemps avec un auteur qui me disait « Bon, je suis proche de faire un best-seller, je fais 30 000 exemplaires. » Alors qu'avant, quand un livre se vendait mal, c'était 70 000. Exactement Et on parlait des San Antonio Un San Antonio qui se vendait mal C'était 70 000 exemplaires Aujourd'hui un livre de littérature érotique Qui se vend bien C'est combien d'exemplaires ?

  • Speaker #0

    Un livre de littérature qui se vend bien C'est 3000 exemplaires, mais qui se vendent vraiment bien. Après, on a des moyennes de vente qui sont plutôt entre 1000 et 1500 exemplaires, on va dire.

  • Speaker #2

    Quand vous éditez une autrice, un auteur, vous êtes distribué dans toutes les librairies qui acceptent de prendre le livre. C'est difficile de motiver la FNAC, motiver des librairies à accepter ces livres dans leur rayon ? Oui,

  • Speaker #0

    très clairement oui. Bon, la FNAC, tout ça, c'est d'autres débats. Là, c'est plus des perspectives, on va dire, vraiment économiques, au-delà même de la spécificité de l'érotisme. Plus ça va, plus la FNAC baisse la voilure au niveau du nombre de références et ne promeut que les best-sellers. C'est assez désolant. Mais donc voilà, là, ce n'est pas nous vraiment qui sommes concernés directement. Pour la librairie en général... Il y a un facteur global qui est qu'il y a trop de livres de toute façon. Donc forcément, ceux qui en pâtissent, ce sont les petits éditeurs comme nous. Et au-delà, sur l'érotique, je pense que quand même encore aujourd'hui, un certain nombre de libraires ont en tête une image de la Musardine qui est justement celle de l'érotisme à la papa. Comme vous le dites si bien, je vais reprendre cette expression à mon compte. Voilà, beaucoup de gens pensent que la Musardine en est restée à Esparbec, que l'on publie toujours et que ça fait partie de notre histoire. Mais il y a beaucoup d'autres choses qui se sont faites depuis, qui sont différentes, modernes, féminines, et qui pourraient vraiment avoir leur place et plaire à un public beaucoup plus large. Mais le message n'est pas encore bien passé, malheureusement. Et du coup, les libraires vont dire « Ah bah non, j'ai pas de rayon érotique, de toute façon, j'ai pas la clientèle qui va avec » .

  • Speaker #2

    Pourtant, la clientèle est un peu partout.

  • Speaker #0

    La clientèle est partout, j'en suis convaincue. Je suis sûre que si on met nos livres en avant, sur table, les gens les achèteront volontiers. D'autant plus si c'est mêlé à d'autres livres, si vous voulez, qui ne sont pas estampillés érotiques. Faire la démarche de venir à la Musardine dans cette librairie, c'est une chose, on sait vraiment ce qu'on vient chercher, etc. Par contre, tomber par hasard sur un texte dont le titre nous attire, qui fait un peu tilt auquel on ne s'y attendait pas, présenté par son libraire parmi d'autres livres respectables, là c'est encore plus facile.

  • Speaker #2

    On vous souhaite le meilleur pour les prochaines éditions. Les prochaines sorties, Alain Musardine, sorties de l'été ?

  • Speaker #0

    On a deux textes parfaits pour l'été. Un texte d'un homme, j'étais contente, ça faisait longtemps que je n'avais pas lu un roman érotique écrit par un homme. Un premier roman d'un jeune trentenaire, Clément Villon, qui s'appelle L'amour en mer, et qui raconte la traversée de l'Atlantique par cinq personnes sur un bateau, donc trois femmes et... et deux hommes qui ont tous des personnalités bien différentes et bien trempées, donc avec des personnages bien marqués, et qui vont expérimenter tout un tas de configurations sexuelles les uns avec les autres dans le cadre de cette cale. Donc c'est vraiment très plaisant pour l'été, et on aura après un petit recueil au format poche, Six and Sun, des nouvelles parfaites à lire sur la plage au soleil.

  • Speaker #2

    Merci beaucoup Anne Hautecoeur, les éditions La Musardine.

  • Speaker #0

    Merci beaucoup Alexis.

  • Speaker #1

    Pour devenir VIP du son du désir et accéder à des centaines d'histoires érotiques immersives ainsi qu'à de nombreux audios de relaxation intime, une seule adresse, le sondudésir.fr. Et abonnez-vous discrètement en seulement trois clics, le sondudésir.fr, votre destination secrète vers l'érotisme audio.

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Leçons du désir avec Anne Hautecoeur – Édition, érotisme et engagement féministe

Dans cet épisode du Son du Désir, Anne Hautdecoeur, directrice de la maison d'édition La Musardine, nous ouvre les portes de son univers littéraire érotique et nous partage son parcours dans un domaine encore majoritairement dominé par les hommes. Elle nous raconte comment sa vision féminine a permis de mettre en avant la littérature érotique féminine et d’ouvrir la voie à des autrices audacieuses.


À travers cette conversation, nous explorons les enjeux politiques et personnels de l'écriture et de l'édition de récits érotiques, l’évolution des lectorats, et la manière dont les stéréotypes de l’érotisme "à la papa" ont évolué avec le temps. De la place des femmes dans ce secteur aux défis de l'édition moderne, cet épisode plonge dans la réalité de l’industrie du livre érotique, les résistances qu’elle rencontre et ses projets pour l'avenir.


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Transcription

  • Speaker #0

    Des clients hommes rentraient et rebroussaient chemin. Il est inutile de se cacher derrière un langage fleuri pour ne pas appeler une chatte une chatte. Certains auteurs disent qu'une bonne scène érotique, c'est quand eux-mêmes se sont sentis excités en l'écrivant.

  • Speaker #1

    Leçon du désir.

  • Speaker #2

    Je suis dans une maison d'édition qui édite des livres, évidemment, qui choisit des auteurs. qui imprime, qui distribue. Et je suis avec Anne Hautdecoeur. Je suis dans son bureau, entre sa machine à café, son ventilateur, sa bouteille de champagne qui attend, je ne sais pas, une prochaine signature. Bonjour Anne.

  • Speaker #0

    Bonjour Alex.

  • Speaker #1

    Pour devenir VIP du son du désir et accéder à des centaines d'histoires érotiques immersives ainsi qu'à de nombreux audios de relaxation intime, une seule adresse, lesondudésir.fr et abonnez-vous discrètement en seulement trois clics.

  • Speaker #2

    leçonsdudésir.fr votre destination secrète vers l'érotisme audio être une femme directrice d'une maison d'édition qui fait de l'érotisme et même de la pornographie c'est un engagement ?

  • Speaker #0

    non, enfin c'est un engagement que travaillait ici à la Musardine de le faire en tant que femme si elle l'est devenue avec le temps parce que je pense que ça m'a permis d'attirer à moi des autrices femmes, ce qui a longtemps été assez rare dans le domaine de la littérature érotique Merci. Je pense que le fait que je sois une femme a aussi permis à ces autrices de se dire « peut-être que si c'est elle qui m'accompagne, peut-être qu'elle va me laisser une voix » . Voilà, ça les a mises en confiance. Après, le fait que je sois une femme dans ce domaine, pour être tout à fait honnête, n'a jamais été vraiment une question. Parce que je pense que j'ai une personnalité qui fait que je suis très professionnelle. Que je ne laisse aucune place à autre chose que des discussions. Je suis quelqu'un de très humain aussi, qui peut être dans l'affect, dans l'amitié. Mais en tout cas, il n'y a pas de place à de la séduction, par exemple, que ce soit avec des auteurs femmes ou hommes ou d'autres interlocuteurs. Je ne pense pas être très froide ou désagréable, mais en tout cas, par rapport au domaine dans lequel on exerce, ça n'a jamais été ni une question ni un problème.

  • Speaker #2

    Je posais la question plus en termes de presque politique. c'est à dire que On a pu imaginer que pendant des décennies, l'érotisme c'était une affaire d'hommes, comme le monde de l'édition l'a été également. Et puis on aurait pu facilement penser que l'érotisme à la papa, moi j'aime bien utiliser ce mot-là, c'était une sorte de personnage qui était derrière son bureau, et puis il disait « ah j'ai des posters de petites pépés un peu partout, et d'ailleurs on voit dans votre bureau, non c'est plutôt des représentations, allez, assez sages, ou en tout cas très artistiques » . Donc voilà, c'est également ça le sens de ma question.

  • Speaker #0

    Oui, bien sûr. Alors l'érotisme à la papa, comme vous dites, je ne suis pas contre cette expression non plus, mais a existé pendant longtemps, existe encore. Ici, à la Musardine, il y a eu, avant moi, parce que ça ne fait que 4 ans que je suis vraiment gérante de la Musardine, avant, ça a été créé et dirigé par un homme pendant 25 ans qui était Claude Barre, qui a pris sa retraite et donc voilà, moi j'étais déjà là. Quand je dis Claude, ce n'était pas il y a 25 ans, c'était il y a 30 ans, puisque pour ma part, ça fait 24 ans que je suis là. Je suis arrivée en tant que stagiaire, une longue carrière. C'est sûr que pendant longtemps, ça a été beaucoup une affaire d'hommes. On avait aussi un directeur de collection et auteur élu, ce qui était Sparbeck, qui dirigeait ses auteurs de main de maître, qui étaient quasiment tous des hommes, il faut dire ce qui est. En tout cas, mon engagement personnel, il y a une dimension politique que de travailler dans une maison d'édition indépendante. qui publie la littérature érotique. Après, ce qui est vraiment politique, on va dire en termes de féminité, c'est, encore une fois, les textes que l'on publie. Est-ce que quelqu'un d'autre à ma place aurait laissé tant de place aux autrices, à la littérature érotique féminine, à introduire l'écriture inclusive dans les livres, à aller chercher des femmes sexologues plus jeunes ? Oui, ça participe d'un grand mouvement qui est sans doute parti de mon genre féminin. Je pense que ça aurait pu aussi naître d'un homme. En tout cas, ce qui compte, ce n'est pas tellement moi. C'est surtout les auteurs que je publie, les auteurs et les autrices. Donc, si je peux favoriser ça à travers mon sexe féminin, tant mieux. Mais l'engagement politique, il est là. C'est vraiment les textes qui le portent.

  • Speaker #2

    Un engagement littéraire. Moi, j'écris de la littérature érotique. Et chaque année, je vais au Salon de la littérature érotique, où la Musardine est très bien représentée. Il y a pas mal de monde qui vient me voir et fait « Ah, vous êtes un homme ! » Il y a peu d'hommes, en fait, qui écrivent. et moi je vais Ah bon ? Et effectivement, je regardais autour de moi et je voyais principalement des autrices. Ils sont où les hommes ?

  • Speaker #0

    C'est une bonne question que je commençais à me poser ces dernières années, puisqu'encore une fois, il y a une différence entre ouvrir le catalogue aux femmes et être vraiment volontaire dans le projet de publier davantage de femmes, mais à aucun moment on a fermé la porte aux hommes non plus. Donc je pense que tout simplement, ils sont peu nombreux actuellement. Sur le catalogue actuellement, je dois avoir 90% de femmes.

  • Speaker #2

    C'est énorme !

  • Speaker #0

    C'est énorme, ouais. C'est énorme ! Et les hommes, je ne sais pas, je pense que les hommes, d'une part, se sont détournés de la littérature érotique. en tant que lecteur et aussi par conséquent en tant qu'auteur au profit de la vidéo. Vous travaillez dans le podcast érotique, j'imagine que c'est aussi des questions qui vous animent, mais j'ai le sentiment que les hommes vont aller chercher l'excitation dans du matériel érotique plutôt visuel. Tout ça, évidemment, des grandes généralités, c'est un peu cliché, mais je pense que c'est quand même le cas, même s'il y a beaucoup de femmes qui regardent aussi du porno. Nous, on le voit ici à la librairie, où on a aussi beaucoup plus de femmes que par le passé. Le rayon qui reste le plus majoritairement masculin et fréquenté par les hommes, c'est la BD. Pendant longtemps, évidemment, il y avait des magazines érotiques, de la photo, qui marchaient très bien aussi. Mais la littérature érotique, avant que le porno soit aussi accessible et démocratisé, était quand même un vecteur d'imaginaire érotique très important. Je pense que les hommes s'en sont détournés.

  • Speaker #2

    La littérature érotique, ce sont de grands auteurs. On peut parler d'Apollinaire, on peut parler de Maurice Vian qui s'y est essayé, Esparbeck... Aujourd'hui, les grands auteurs de littérature érotique, ils sont où ?

  • Speaker #0

    Ils sont toujours là dans notre catalogue, déjà, c'est très important.

  • Speaker #2

    Je parle d'actuel.

  • Speaker #0

    Oui, d'actuel. Les grands auteurs actuels, ils sont naissants et à venir. Nous, on a une grande autrice qui est Octavie Delvaux, dont on a publié Sex in the Kitchen il y a quasiment 15 ans maintenant et dont on publie la suite cette année. qui est l'une des rares femmes déjà à avoir investi ce domaine il y a déjà une quinzaine d'années, on va dire, qui a écrit énormément de nouvelles érotiques, qui maintenant est non seulement autrice, mais dirige d'autres autrices dans leurs travaux. Donc oui, Octavie Delvaux fait partie des très grandes figures. Après, chez d'autres éditeurs, parce qu'on n'est quand même pas les seuls, j'en discutais récemment, je pense que l'une des personnes qui incarne la littérature érotique actuellement dans l'esprit des gens, autrice contemporaine, ce serait Emma Baker. Alors après... Je ne pense pas qu'elle-même se revendique d'ailleurs comme une autrice de littérature érotique, sincèrement. Mais c'est vrai que c'est elle qui incarne quelque chose. Et puis, les autres, ils sont devenus. Il faut être lucide sur le fait que tout ça se construit avec le temps. Les auteurs que vous citez, Apollinaire, Pierre-Louis, Apollinaire, c'est un peu différent, mais toute une partie de ces gens, je veux dire, la majorité de leur carrière, leurs écrits ont été publiés sous le manteau. Ils étaient complètement inconnus et complètement censurés et enfouis. Donc voilà, les grands auteurs de demain sont ceux qu'on publie aujourd'hui.

  • Speaker #2

    Moi, pour un autre podcast qui s'appelle Un Café au Comptoir, j'interview des écrivains qui sont plus dans la littérature blanche et beaucoup me disent « Ah oui, mais moi, de l'érotisme, j'en fais, j'ai fait des nouvelles, j'ai fait des trucs, mais bon, ça paraît pas. Je les donne à mes amis. » Et comment on ferait pour attirer, finalement, des grands noms de littérature blanche sur de la littérature érotique, sur l'édition ? Et surtout, qu'est-ce qui fait qu'ils pourraient avoir peur de sortir cela ?

  • Speaker #0

    C'est une bonne question. Si vous savez comment les attirer, ça m'intéresse en dehors de sortir mon chéquier. La question de la rémunération est quand même importante et il ne faut pas l'évacuer. Très clairement, nous, on reste une petite maison d'édition. Je ne peux pas prétendre attirer des auteurs avec des gros chèques comme d'autres. Donc ça, c'est quand même un premier frein. Et après, je pense que même si ça, c'est pareil, ça évolue. Il y a encore une dizaine d'années, 99% des livres étaient signés sous pseudonyme. Mais quand je dis 99%, c'est réel. Actuellement, j'ai quand même de plus en plus de jeunes qui acceptent de signer sous leur vrai nom. Alors que ce ne sont pas des gens connus par ailleurs, ce qui peut très bien se comprendre pour leur milieu professionnel, familial, etc. qu'ils n'aient pas envie d'apparaître sous leur vrai nom. Mais je pense que dans un autre registre, ce serait pareil pour des auteurs de littérature blanche, qui n'auraient pas forcément envie d'assumer, d'exposer des fantasmes érotiques, alors qu'ils font une œuvre tout à fait acceptable, honorable et qui passe bien dans les bibliothèques par ailleurs. Ce qui est dommage. Et après, le dernier point, je ne sais pas quels sont les gens que vous avez rencontrés, c'est peut-être qu'ils ne s'en sentent pas capables. Parce que vous, vous êtes auteur de littérature érotique, vous savez ce que c'est. Mais c'est très compliqué d'écrire des bonnes scènes érotiques. Donc je pense forcément que le sexe fait partie de tout processus de création. Il est rare qu'il y ait des histoires dans lesquelles le sentiment et la relation à l'autre, et donc la sexualité, soient totalement absentes. Après, de là à écrire vraiment des bonnes scènes de sexe... qui ne soit pas juste des prétextes ou un moment obligé, comme on peut le voir dans certains textes. C'est pas si simple.

  • Speaker #2

    À quoi on reconnaît justement un bon auteur, une bonne autrice qui vous envoie un texte ? À quoi vous reconnaissez que ce texte est bon ? Est-ce qu'il y a quelque chose ? Est-ce que c'est justement le fait que le vocabulaire soit différent ? Est-ce que c'est une patte personnelle ? Est-ce que ça doit être excitant ? J'en sais rien. Et au-delà de ça, je tire encore le fil de ma question, il y a eu énormément d'autofictions. Ce sont souvent des personnes qui vont aimer raconter un peu leur fantasme ou quelque chose qui leur est arrivé. Est-ce que ça, ça fait un bon auteur ? La vérité d'un texte, en quoi l'authenticité d'un récit fait une bonne histoire ? C'est une longue question.

  • Speaker #0

    Qu'est-ce qu'il y ait un bon texte érotique ? C'est ce que je dis toujours. Un bon texte érotique, c'est avant tout un bon texte. Ça paraît idiot à dire comme ça. Non, mais je veux dire, c'est comme dans n'importe quelle autre maison d'édition. Il faut qu'il y ait un style, un univers, des personnages, une histoire, quel qu'en soit le sujet. qui fonctionne, qui soit bien construite, bien écrite. Ça paraît idiot, mais c'est important de le dire. Après, écrire une bonne scène érotique, je ne vais pas vous faire une leçon là-dessus. Maintenant, vous dire comment ça fonctionne. Le vocabulaire, il y a évidemment pour beaucoup. Tout ce qui est trop métaphorique, où les gens n'osent pas utiliser les termes qu'on utilise dans la vraie vie, généralement ça ne fonctionne pas parce qu'on n'est plus au XVIIIe siècle et donc il est inutile de se cacher derrière un langage fleuri pour ne pas appeler une chatte une chatte. Voilà, et après c'est une construction de progression. Bon, certains auteurs disent qu'une bonne scène érotique, c'est quand eux-mêmes se sont sentis excités en l'écrivant. C'est peut-être pas systématique, puis nous on ne sait pas quand on lit un texte, mais peut-être que c'est ça qui fonctionne, c'est de vraiment réussir à faire passer une émotion, soit qu'on a vécu ou non, donc ce qui va m'amener à votre question suivante, soit qu'on fantasme. mais qu'il ne soit pas préfabriqué et surtout, encore une fois, que ce ne soit pas un passage obligé. Ça, ça se sent qu'on ne s'est vraiment trop construit de façon à faire bien, de façon à mettre tous les éléments qu'eux, c'est évident que ça ne fonctionne pas. Pour la question de l'autofiction, je serais assez radicale. Il y a en effet de l'autofiction dans le domaine érotique et pourquoi pas. mais je ne pense absolument pas que ça doit être un facteur de réussite ou non, c'est-à-dire que les gens aient vécu ou non ce qu'ils racontent dans les livres moi j'en sais rien, je leur pose pas la question ça ne m'intéresse pas, ça fonctionne ça fonctionne pas, alors on peut se dire que il n'y a que ce qui a été réellement vécu qui fait écho, mais j'en suis pas du tout certaine je pense au contraire que comme dans... tout type de littérature en fait. L'imaginaire peut tout à fait aussi fonctionner et que des gens peuvent se documenter sur des pratiques qu'ils n'ont pas forcément vécues et l'enrichir de leurs propres envies, leurs propres désirs, mais il n'y a aucune obligation d'avoir vécu des choses sexuelles pour bien les raconter. J'en suis certaine.

  • Speaker #2

    Vous qui lisez de la littérature érotique, sachez que non, les personnes qui écrivent de la littérature érotique n'ont pas forcément vécu tout ce qu'ils sont en train d'écrire.

  • Speaker #0

    Eh ben non, il faut croire que non. Enfin, je n'en sais rien, je ne pourrais jamais en être sûre à 100%, mais en tout cas, je ne demande pas qu'on me le certifie.

  • Speaker #2

    On va faire un tour dans la boutique. La boutique, parce que la Musardine, c'est une maison d'édition, mais c'est aussi une boutique. Elle a toujours été là, cette boutique ?

  • Speaker #0

    Elle a toujours été là, oui, tout à fait. Depuis 30 ans cette année.

  • Speaker #2

    Depuis 30 ans cette année. Donc là, nous sommes à travers les bureaux de la Musardine, où les personnes mettent en page les livres. C'est studieux, c'est studieux. On pourrait penser finalement que c'est rigolard et tout, que... Pas du tout ! C'est d'un sérieux à toute épreuve. Donc les bureaux sont attenants à la boutique. Nous entrons par derrière dans la boutique. Et dans cette boutique, ce qui est intéressant, c'est qu'il y a différentes collections, différents styles de livres. Ce n'est pas uniquement de la littérature.

  • Speaker #0

    Non, pas du tout. Cette librairie qui fait une cinquantaine de mètres carrés, c'est un petit lieu. Ce n'est pas très grand. Donc on accueille ici tous les livres qui parlent de... corps, de sexe, de sexualité dans tous les registres littéraires existants. Donc la littérature évidemment, littérature classique contemporaine, les guides pratiques, les essais, les livres de sexualité, la BD, le manga, les beaux livres, les livres d'art, enfin voilà, il y a absolument tous les genres littéraires qui sont représentés ici.

  • Speaker #2

    Si jamais j'écrivais une histoire érotique, est-ce qu'il faudrait absolument qu'il y ait un corps féminin dénudé en couverture ?

  • Speaker #0

    Non.

  • Speaker #2

    C'est pas facteur de réussite ?

  • Speaker #0

    Plus, ben non. Non, franchement, c'est pareil, c'est d'un autre temps, ça c'est l'érotisme à la papa. Je suis un temps où, en effet, ici, à chaque fois que je devais faire des recherches iconographiques pour une couverture, inévitablement, je cherchais une femme dénudée, une belle femme. Il y a évidemment de très belles choses qui existent artistiquement parlant dans le domaine érotique, mais je pense qu'actuellement, c'est plutôt un frein qu'autre chose. Notre objectif est plutôt de démocratiser la littérature érotique. que tout le monde puisse s'intéresser à nos ouvrages, notamment les femmes, de s'adapter aussi à chaque contenu. Et pour ce faire, je pense que la représentation uniquement de la femme n'est plus du tout viable.

  • Speaker #2

    Et pourtant, dans une littérature qui est souvent décriée en ce moment, je pense à la dark romance. Vous en distribuez ici ou vous en éditez également ?

  • Speaker #0

    Alors, on n'en édite pas et on n'en distribue pas. Bon. Et bim ! Non, il n'y a pas de volonté de fermer à ça, en tout cas pas en termes de vente ou de position politique ou autre. On n'en édite pas, tout simplement, parce que ce n'est pas du tout notre créneau. Déjà, nous, on ne fait pas d'achat de droits à l'étranger. Or, c'est quand même beaucoup de littérature qui vient de l'étranger. On n'a jamais vraiment considéré ça comme dans notre ligne éditoriale. Ce n'est pas tout à fait le même érotisme pour nous. Bon, la dark romance, c'est encore autre chose. Je ne vais pas vous mentir, je n'en lis pas non plus beaucoup. Donc, je ne veux pas en parler de façon très étendue. Si on n'en vend pas ici, ça rejoint ça. C'est parce que ce n'est pas du tout notre public, en fait. C'est quoi le public ici ? Le public ici, c'est un public qui a beaucoup évolué, qui a beaucoup changé avec les années et on en est ravis. Pendant très longtemps, ça a été aussi un public majoritairement masculin et d'un certain âge. Mais depuis, on va dire, 6-8 ans, avec toutes les évolutions de la société, avec la prise de parole des femmes sur leur corps, leur sexualité, leur désir, ça s'est aussi vérifié ici, où on a de plus en plus de femmes. de couples, de jeunes aussi qui viennent et qui osent franchir la porte de cette librairie de façon beaucoup plus naturelle qu'avant.

  • Speaker #2

    Oui, parce qu'avant, ça faisait un peu le lieu où on va changer de trottoir, on passe à peine, on ne regarde pas, on regarde tes pieds, l'enfant,

  • Speaker #0

    tout ça. Exactement, oui, bien sûr. Alors, changer de trottoir, peut-être pas jusqu'au-là, mais je pense qu'il y a beaucoup de gens, et notamment beaucoup de femmes, qui ne savaient pas du tout ce qui pouvait se trouver à l'intérieur. Beaucoup de gens s'imaginent qu'on est une sorte de sex-shop, qu'il y a aussi des objets ou autre.

  • Speaker #2

    il n'y en a pas

  • Speaker #0

    Ce qui n'est pas le cas. Bon, après, c'est pas impossible non plus. Il y a beaucoup de librairies qui vendent autre chose que du livre actuellement. En tout cas, nous, ça n'a jamais été notre partie de se diriger vers ce genre de choses. Il y a aussi le fait qu'il y avait essentiellement des hommes à l'intérieur. Je pense que ça pouvait aussi freiner certaines femmes se sentant mal à l'aise de s'intéresser à ce type de littérature devant des hommes. On voit l'effet inverse maintenant. C'est assez drôle. J'en parle souvent avec notre libraire. Quand il se trouve qu'il y a beaucoup de femmes dans la librairie, il nous est arrivé récemment de faire une signature pour un livre qui est « Grossesse et sexualité » . Donc, comme vous pouvez l'imaginer, c'était quand même une clientèle essentiellement féminine. Et des clients hommes rentraient et rebroussaient chemin. Mais non ! Parce que du coup, c'est eux qui se retrouvaient sans doute à être mal à l'aise ou à avoir honte de venir acheter leur petit livre de fesses devant des femmes.

  • Speaker #2

    Ah d'accord, oui, parce que ce n'était pas forcément le même rayon. Et effectivement, là, quand j'entre... Je vais vers la fin, je vois ces livres là où c'est marqué interdit, confession érotique avec une couverture jaune. Je me dis mais ça me dit quelque chose. Ça c'est l'héritage du passé quelque part.

  • Speaker #0

    Tout est fait à l'héritage du passé puisque c'est même là d'où vient la Musardine.

  • Speaker #2

    Ce n'est pas inintéressant pour autant.

  • Speaker #0

    Bien sûr. Media 1000 c'est donc ce label d'édition. Media 1000. Media 1000, oui. Tout est fait. C'est du roman de garde. que c'est un label d'édition qui préexistait à la Musardine, dont l'ancien dirigeant fondateur a donc... racheter le fond. Et donc, Mediamille, à l'époque, c'était du livre de poche, c'est l'équivalent d'Arlequin, mais version porno pour les hommes. Voilà, ni plus ni moins.

  • Speaker #2

    On va lire certains titres ? C'est amusant. En même temps, pendant ce temps-là, je passe devant le rayon BD où il y a Max Sulfur avec des personnages fort dénudés et à forte poitrine. On parlait de ces confessions érotiques de l'édition Mediamille. Je les ai venues avec des gants. Tu es pas mal. J'étais l'habilleuse et l'esclave d'une comédienne vicieuse par Nathalie M. Mais qui était Nathalie M ? C'est vous ? Non ! Vous écrivez ou pas ? Non.

  • Speaker #0

    Jamais ? Jamais. Ni pour moi, ni pour la Musardine, ni pour qui que ce soit. Je n'écris pas du tout. Je n'écris pas du tout, donc Nathalie M est loin d'être moi.

  • Speaker #2

    Nathalie M est un homme ?

  • Speaker #0

    Oui, voilà. Évidemment, ce ne sont que des pseudonymes.

  • Speaker #2

    Orgie mondaine.

  • Speaker #0

    À part deux ou trois cas de figures assez exceptionnels, ce n'était que... que des hommes qui écrivaient des médiamiles sous la houlette du fameux Esparbeck dont on parlait tout à l'heure. Que des hommes. Donc ces collections survivent pour la petite clientèle qui nous reste encore et qui se les procure. Mais donc, il y a encore 15 ans, c'était trois nouveautés par mois qui se vendaient à 2-3 000 exemplaires.

  • Speaker #2

    J'en discutais il n'y a pas très longtemps avec un auteur qui me disait « Bon, je suis proche de faire un best-seller, je fais 30 000 exemplaires. » Alors qu'avant, quand un livre se vendait mal, c'était 70 000. Exactement Et on parlait des San Antonio Un San Antonio qui se vendait mal C'était 70 000 exemplaires Aujourd'hui un livre de littérature érotique Qui se vend bien C'est combien d'exemplaires ?

  • Speaker #0

    Un livre de littérature qui se vend bien C'est 3000 exemplaires, mais qui se vendent vraiment bien. Après, on a des moyennes de vente qui sont plutôt entre 1000 et 1500 exemplaires, on va dire.

  • Speaker #2

    Quand vous éditez une autrice, un auteur, vous êtes distribué dans toutes les librairies qui acceptent de prendre le livre. C'est difficile de motiver la FNAC, motiver des librairies à accepter ces livres dans leur rayon ? Oui,

  • Speaker #0

    très clairement oui. Bon, la FNAC, tout ça, c'est d'autres débats. Là, c'est plus des perspectives, on va dire, vraiment économiques, au-delà même de la spécificité de l'érotisme. Plus ça va, plus la FNAC baisse la voilure au niveau du nombre de références et ne promeut que les best-sellers. C'est assez désolant. Mais donc voilà, là, ce n'est pas nous vraiment qui sommes concernés directement. Pour la librairie en général... Il y a un facteur global qui est qu'il y a trop de livres de toute façon. Donc forcément, ceux qui en pâtissent, ce sont les petits éditeurs comme nous. Et au-delà, sur l'érotique, je pense que quand même encore aujourd'hui, un certain nombre de libraires ont en tête une image de la Musardine qui est justement celle de l'érotisme à la papa. Comme vous le dites si bien, je vais reprendre cette expression à mon compte. Voilà, beaucoup de gens pensent que la Musardine en est restée à Esparbec, que l'on publie toujours et que ça fait partie de notre histoire. Mais il y a beaucoup d'autres choses qui se sont faites depuis, qui sont différentes, modernes, féminines, et qui pourraient vraiment avoir leur place et plaire à un public beaucoup plus large. Mais le message n'est pas encore bien passé, malheureusement. Et du coup, les libraires vont dire « Ah bah non, j'ai pas de rayon érotique, de toute façon, j'ai pas la clientèle qui va avec » .

  • Speaker #2

    Pourtant, la clientèle est un peu partout.

  • Speaker #0

    La clientèle est partout, j'en suis convaincue. Je suis sûre que si on met nos livres en avant, sur table, les gens les achèteront volontiers. D'autant plus si c'est mêlé à d'autres livres, si vous voulez, qui ne sont pas estampillés érotiques. Faire la démarche de venir à la Musardine dans cette librairie, c'est une chose, on sait vraiment ce qu'on vient chercher, etc. Par contre, tomber par hasard sur un texte dont le titre nous attire, qui fait un peu tilt auquel on ne s'y attendait pas, présenté par son libraire parmi d'autres livres respectables, là c'est encore plus facile.

  • Speaker #2

    On vous souhaite le meilleur pour les prochaines éditions. Les prochaines sorties, Alain Musardine, sorties de l'été ?

  • Speaker #0

    On a deux textes parfaits pour l'été. Un texte d'un homme, j'étais contente, ça faisait longtemps que je n'avais pas lu un roman érotique écrit par un homme. Un premier roman d'un jeune trentenaire, Clément Villon, qui s'appelle L'amour en mer, et qui raconte la traversée de l'Atlantique par cinq personnes sur un bateau, donc trois femmes et... et deux hommes qui ont tous des personnalités bien différentes et bien trempées, donc avec des personnages bien marqués, et qui vont expérimenter tout un tas de configurations sexuelles les uns avec les autres dans le cadre de cette cale. Donc c'est vraiment très plaisant pour l'été, et on aura après un petit recueil au format poche, Six and Sun, des nouvelles parfaites à lire sur la plage au soleil.

  • Speaker #2

    Merci beaucoup Anne Hautecoeur, les éditions La Musardine.

  • Speaker #0

    Merci beaucoup Alexis.

  • Speaker #1

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Description

Leçons du désir avec Anne Hautecoeur – Édition, érotisme et engagement féministe

Dans cet épisode du Son du Désir, Anne Hautdecoeur, directrice de la maison d'édition La Musardine, nous ouvre les portes de son univers littéraire érotique et nous partage son parcours dans un domaine encore majoritairement dominé par les hommes. Elle nous raconte comment sa vision féminine a permis de mettre en avant la littérature érotique féminine et d’ouvrir la voie à des autrices audacieuses.


À travers cette conversation, nous explorons les enjeux politiques et personnels de l'écriture et de l'édition de récits érotiques, l’évolution des lectorats, et la manière dont les stéréotypes de l’érotisme "à la papa" ont évolué avec le temps. De la place des femmes dans ce secteur aux défis de l'édition moderne, cet épisode plonge dans la réalité de l’industrie du livre érotique, les résistances qu’elle rencontre et ses projets pour l'avenir.


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  • Speaker #0

    Des clients hommes rentraient et rebroussaient chemin. Il est inutile de se cacher derrière un langage fleuri pour ne pas appeler une chatte une chatte. Certains auteurs disent qu'une bonne scène érotique, c'est quand eux-mêmes se sont sentis excités en l'écrivant.

  • Speaker #1

    Leçon du désir.

  • Speaker #2

    Je suis dans une maison d'édition qui édite des livres, évidemment, qui choisit des auteurs. qui imprime, qui distribue. Et je suis avec Anne Hautdecoeur. Je suis dans son bureau, entre sa machine à café, son ventilateur, sa bouteille de champagne qui attend, je ne sais pas, une prochaine signature. Bonjour Anne.

  • Speaker #0

    Bonjour Alex.

  • Speaker #1

    Pour devenir VIP du son du désir et accéder à des centaines d'histoires érotiques immersives ainsi qu'à de nombreux audios de relaxation intime, une seule adresse, lesondudésir.fr et abonnez-vous discrètement en seulement trois clics.

  • Speaker #2

    leçonsdudésir.fr votre destination secrète vers l'érotisme audio être une femme directrice d'une maison d'édition qui fait de l'érotisme et même de la pornographie c'est un engagement ?

  • Speaker #0

    non, enfin c'est un engagement que travaillait ici à la Musardine de le faire en tant que femme si elle l'est devenue avec le temps parce que je pense que ça m'a permis d'attirer à moi des autrices femmes, ce qui a longtemps été assez rare dans le domaine de la littérature érotique Merci. Je pense que le fait que je sois une femme a aussi permis à ces autrices de se dire « peut-être que si c'est elle qui m'accompagne, peut-être qu'elle va me laisser une voix » . Voilà, ça les a mises en confiance. Après, le fait que je sois une femme dans ce domaine, pour être tout à fait honnête, n'a jamais été vraiment une question. Parce que je pense que j'ai une personnalité qui fait que je suis très professionnelle. Que je ne laisse aucune place à autre chose que des discussions. Je suis quelqu'un de très humain aussi, qui peut être dans l'affect, dans l'amitié. Mais en tout cas, il n'y a pas de place à de la séduction, par exemple, que ce soit avec des auteurs femmes ou hommes ou d'autres interlocuteurs. Je ne pense pas être très froide ou désagréable, mais en tout cas, par rapport au domaine dans lequel on exerce, ça n'a jamais été ni une question ni un problème.

  • Speaker #2

    Je posais la question plus en termes de presque politique. c'est à dire que On a pu imaginer que pendant des décennies, l'érotisme c'était une affaire d'hommes, comme le monde de l'édition l'a été également. Et puis on aurait pu facilement penser que l'érotisme à la papa, moi j'aime bien utiliser ce mot-là, c'était une sorte de personnage qui était derrière son bureau, et puis il disait « ah j'ai des posters de petites pépés un peu partout, et d'ailleurs on voit dans votre bureau, non c'est plutôt des représentations, allez, assez sages, ou en tout cas très artistiques » . Donc voilà, c'est également ça le sens de ma question.

  • Speaker #0

    Oui, bien sûr. Alors l'érotisme à la papa, comme vous dites, je ne suis pas contre cette expression non plus, mais a existé pendant longtemps, existe encore. Ici, à la Musardine, il y a eu, avant moi, parce que ça ne fait que 4 ans que je suis vraiment gérante de la Musardine, avant, ça a été créé et dirigé par un homme pendant 25 ans qui était Claude Barre, qui a pris sa retraite et donc voilà, moi j'étais déjà là. Quand je dis Claude, ce n'était pas il y a 25 ans, c'était il y a 30 ans, puisque pour ma part, ça fait 24 ans que je suis là. Je suis arrivée en tant que stagiaire, une longue carrière. C'est sûr que pendant longtemps, ça a été beaucoup une affaire d'hommes. On avait aussi un directeur de collection et auteur élu, ce qui était Sparbeck, qui dirigeait ses auteurs de main de maître, qui étaient quasiment tous des hommes, il faut dire ce qui est. En tout cas, mon engagement personnel, il y a une dimension politique que de travailler dans une maison d'édition indépendante. qui publie la littérature érotique. Après, ce qui est vraiment politique, on va dire en termes de féminité, c'est, encore une fois, les textes que l'on publie. Est-ce que quelqu'un d'autre à ma place aurait laissé tant de place aux autrices, à la littérature érotique féminine, à introduire l'écriture inclusive dans les livres, à aller chercher des femmes sexologues plus jeunes ? Oui, ça participe d'un grand mouvement qui est sans doute parti de mon genre féminin. Je pense que ça aurait pu aussi naître d'un homme. En tout cas, ce qui compte, ce n'est pas tellement moi. C'est surtout les auteurs que je publie, les auteurs et les autrices. Donc, si je peux favoriser ça à travers mon sexe féminin, tant mieux. Mais l'engagement politique, il est là. C'est vraiment les textes qui le portent.

  • Speaker #2

    Un engagement littéraire. Moi, j'écris de la littérature érotique. Et chaque année, je vais au Salon de la littérature érotique, où la Musardine est très bien représentée. Il y a pas mal de monde qui vient me voir et fait « Ah, vous êtes un homme ! » Il y a peu d'hommes, en fait, qui écrivent. et moi je vais Ah bon ? Et effectivement, je regardais autour de moi et je voyais principalement des autrices. Ils sont où les hommes ?

  • Speaker #0

    C'est une bonne question que je commençais à me poser ces dernières années, puisqu'encore une fois, il y a une différence entre ouvrir le catalogue aux femmes et être vraiment volontaire dans le projet de publier davantage de femmes, mais à aucun moment on a fermé la porte aux hommes non plus. Donc je pense que tout simplement, ils sont peu nombreux actuellement. Sur le catalogue actuellement, je dois avoir 90% de femmes.

  • Speaker #2

    C'est énorme !

  • Speaker #0

    C'est énorme, ouais. C'est énorme ! Et les hommes, je ne sais pas, je pense que les hommes, d'une part, se sont détournés de la littérature érotique. en tant que lecteur et aussi par conséquent en tant qu'auteur au profit de la vidéo. Vous travaillez dans le podcast érotique, j'imagine que c'est aussi des questions qui vous animent, mais j'ai le sentiment que les hommes vont aller chercher l'excitation dans du matériel érotique plutôt visuel. Tout ça, évidemment, des grandes généralités, c'est un peu cliché, mais je pense que c'est quand même le cas, même s'il y a beaucoup de femmes qui regardent aussi du porno. Nous, on le voit ici à la librairie, où on a aussi beaucoup plus de femmes que par le passé. Le rayon qui reste le plus majoritairement masculin et fréquenté par les hommes, c'est la BD. Pendant longtemps, évidemment, il y avait des magazines érotiques, de la photo, qui marchaient très bien aussi. Mais la littérature érotique, avant que le porno soit aussi accessible et démocratisé, était quand même un vecteur d'imaginaire érotique très important. Je pense que les hommes s'en sont détournés.

  • Speaker #2

    La littérature érotique, ce sont de grands auteurs. On peut parler d'Apollinaire, on peut parler de Maurice Vian qui s'y est essayé, Esparbeck... Aujourd'hui, les grands auteurs de littérature érotique, ils sont où ?

  • Speaker #0

    Ils sont toujours là dans notre catalogue, déjà, c'est très important.

  • Speaker #2

    Je parle d'actuel.

  • Speaker #0

    Oui, d'actuel. Les grands auteurs actuels, ils sont naissants et à venir. Nous, on a une grande autrice qui est Octavie Delvaux, dont on a publié Sex in the Kitchen il y a quasiment 15 ans maintenant et dont on publie la suite cette année. qui est l'une des rares femmes déjà à avoir investi ce domaine il y a déjà une quinzaine d'années, on va dire, qui a écrit énormément de nouvelles érotiques, qui maintenant est non seulement autrice, mais dirige d'autres autrices dans leurs travaux. Donc oui, Octavie Delvaux fait partie des très grandes figures. Après, chez d'autres éditeurs, parce qu'on n'est quand même pas les seuls, j'en discutais récemment, je pense que l'une des personnes qui incarne la littérature érotique actuellement dans l'esprit des gens, autrice contemporaine, ce serait Emma Baker. Alors après... Je ne pense pas qu'elle-même se revendique d'ailleurs comme une autrice de littérature érotique, sincèrement. Mais c'est vrai que c'est elle qui incarne quelque chose. Et puis, les autres, ils sont devenus. Il faut être lucide sur le fait que tout ça se construit avec le temps. Les auteurs que vous citez, Apollinaire, Pierre-Louis, Apollinaire, c'est un peu différent, mais toute une partie de ces gens, je veux dire, la majorité de leur carrière, leurs écrits ont été publiés sous le manteau. Ils étaient complètement inconnus et complètement censurés et enfouis. Donc voilà, les grands auteurs de demain sont ceux qu'on publie aujourd'hui.

  • Speaker #2

    Moi, pour un autre podcast qui s'appelle Un Café au Comptoir, j'interview des écrivains qui sont plus dans la littérature blanche et beaucoup me disent « Ah oui, mais moi, de l'érotisme, j'en fais, j'ai fait des nouvelles, j'ai fait des trucs, mais bon, ça paraît pas. Je les donne à mes amis. » Et comment on ferait pour attirer, finalement, des grands noms de littérature blanche sur de la littérature érotique, sur l'édition ? Et surtout, qu'est-ce qui fait qu'ils pourraient avoir peur de sortir cela ?

  • Speaker #0

    C'est une bonne question. Si vous savez comment les attirer, ça m'intéresse en dehors de sortir mon chéquier. La question de la rémunération est quand même importante et il ne faut pas l'évacuer. Très clairement, nous, on reste une petite maison d'édition. Je ne peux pas prétendre attirer des auteurs avec des gros chèques comme d'autres. Donc ça, c'est quand même un premier frein. Et après, je pense que même si ça, c'est pareil, ça évolue. Il y a encore une dizaine d'années, 99% des livres étaient signés sous pseudonyme. Mais quand je dis 99%, c'est réel. Actuellement, j'ai quand même de plus en plus de jeunes qui acceptent de signer sous leur vrai nom. Alors que ce ne sont pas des gens connus par ailleurs, ce qui peut très bien se comprendre pour leur milieu professionnel, familial, etc. qu'ils n'aient pas envie d'apparaître sous leur vrai nom. Mais je pense que dans un autre registre, ce serait pareil pour des auteurs de littérature blanche, qui n'auraient pas forcément envie d'assumer, d'exposer des fantasmes érotiques, alors qu'ils font une œuvre tout à fait acceptable, honorable et qui passe bien dans les bibliothèques par ailleurs. Ce qui est dommage. Et après, le dernier point, je ne sais pas quels sont les gens que vous avez rencontrés, c'est peut-être qu'ils ne s'en sentent pas capables. Parce que vous, vous êtes auteur de littérature érotique, vous savez ce que c'est. Mais c'est très compliqué d'écrire des bonnes scènes érotiques. Donc je pense forcément que le sexe fait partie de tout processus de création. Il est rare qu'il y ait des histoires dans lesquelles le sentiment et la relation à l'autre, et donc la sexualité, soient totalement absentes. Après, de là à écrire vraiment des bonnes scènes de sexe... qui ne soit pas juste des prétextes ou un moment obligé, comme on peut le voir dans certains textes. C'est pas si simple.

  • Speaker #2

    À quoi on reconnaît justement un bon auteur, une bonne autrice qui vous envoie un texte ? À quoi vous reconnaissez que ce texte est bon ? Est-ce qu'il y a quelque chose ? Est-ce que c'est justement le fait que le vocabulaire soit différent ? Est-ce que c'est une patte personnelle ? Est-ce que ça doit être excitant ? J'en sais rien. Et au-delà de ça, je tire encore le fil de ma question, il y a eu énormément d'autofictions. Ce sont souvent des personnes qui vont aimer raconter un peu leur fantasme ou quelque chose qui leur est arrivé. Est-ce que ça, ça fait un bon auteur ? La vérité d'un texte, en quoi l'authenticité d'un récit fait une bonne histoire ? C'est une longue question.

  • Speaker #0

    Qu'est-ce qu'il y ait un bon texte érotique ? C'est ce que je dis toujours. Un bon texte érotique, c'est avant tout un bon texte. Ça paraît idiot à dire comme ça. Non, mais je veux dire, c'est comme dans n'importe quelle autre maison d'édition. Il faut qu'il y ait un style, un univers, des personnages, une histoire, quel qu'en soit le sujet. qui fonctionne, qui soit bien construite, bien écrite. Ça paraît idiot, mais c'est important de le dire. Après, écrire une bonne scène érotique, je ne vais pas vous faire une leçon là-dessus. Maintenant, vous dire comment ça fonctionne. Le vocabulaire, il y a évidemment pour beaucoup. Tout ce qui est trop métaphorique, où les gens n'osent pas utiliser les termes qu'on utilise dans la vraie vie, généralement ça ne fonctionne pas parce qu'on n'est plus au XVIIIe siècle et donc il est inutile de se cacher derrière un langage fleuri pour ne pas appeler une chatte une chatte. Voilà, et après c'est une construction de progression. Bon, certains auteurs disent qu'une bonne scène érotique, c'est quand eux-mêmes se sont sentis excités en l'écrivant. C'est peut-être pas systématique, puis nous on ne sait pas quand on lit un texte, mais peut-être que c'est ça qui fonctionne, c'est de vraiment réussir à faire passer une émotion, soit qu'on a vécu ou non, donc ce qui va m'amener à votre question suivante, soit qu'on fantasme. mais qu'il ne soit pas préfabriqué et surtout, encore une fois, que ce ne soit pas un passage obligé. Ça, ça se sent qu'on ne s'est vraiment trop construit de façon à faire bien, de façon à mettre tous les éléments qu'eux, c'est évident que ça ne fonctionne pas. Pour la question de l'autofiction, je serais assez radicale. Il y a en effet de l'autofiction dans le domaine érotique et pourquoi pas. mais je ne pense absolument pas que ça doit être un facteur de réussite ou non, c'est-à-dire que les gens aient vécu ou non ce qu'ils racontent dans les livres moi j'en sais rien, je leur pose pas la question ça ne m'intéresse pas, ça fonctionne ça fonctionne pas, alors on peut se dire que il n'y a que ce qui a été réellement vécu qui fait écho, mais j'en suis pas du tout certaine je pense au contraire que comme dans... tout type de littérature en fait. L'imaginaire peut tout à fait aussi fonctionner et que des gens peuvent se documenter sur des pratiques qu'ils n'ont pas forcément vécues et l'enrichir de leurs propres envies, leurs propres désirs, mais il n'y a aucune obligation d'avoir vécu des choses sexuelles pour bien les raconter. J'en suis certaine.

  • Speaker #2

    Vous qui lisez de la littérature érotique, sachez que non, les personnes qui écrivent de la littérature érotique n'ont pas forcément vécu tout ce qu'ils sont en train d'écrire.

  • Speaker #0

    Eh ben non, il faut croire que non. Enfin, je n'en sais rien, je ne pourrais jamais en être sûre à 100%, mais en tout cas, je ne demande pas qu'on me le certifie.

  • Speaker #2

    On va faire un tour dans la boutique. La boutique, parce que la Musardine, c'est une maison d'édition, mais c'est aussi une boutique. Elle a toujours été là, cette boutique ?

  • Speaker #0

    Elle a toujours été là, oui, tout à fait. Depuis 30 ans cette année.

  • Speaker #2

    Depuis 30 ans cette année. Donc là, nous sommes à travers les bureaux de la Musardine, où les personnes mettent en page les livres. C'est studieux, c'est studieux. On pourrait penser finalement que c'est rigolard et tout, que... Pas du tout ! C'est d'un sérieux à toute épreuve. Donc les bureaux sont attenants à la boutique. Nous entrons par derrière dans la boutique. Et dans cette boutique, ce qui est intéressant, c'est qu'il y a différentes collections, différents styles de livres. Ce n'est pas uniquement de la littérature.

  • Speaker #0

    Non, pas du tout. Cette librairie qui fait une cinquantaine de mètres carrés, c'est un petit lieu. Ce n'est pas très grand. Donc on accueille ici tous les livres qui parlent de... corps, de sexe, de sexualité dans tous les registres littéraires existants. Donc la littérature évidemment, littérature classique contemporaine, les guides pratiques, les essais, les livres de sexualité, la BD, le manga, les beaux livres, les livres d'art, enfin voilà, il y a absolument tous les genres littéraires qui sont représentés ici.

  • Speaker #2

    Si jamais j'écrivais une histoire érotique, est-ce qu'il faudrait absolument qu'il y ait un corps féminin dénudé en couverture ?

  • Speaker #0

    Non.

  • Speaker #2

    C'est pas facteur de réussite ?

  • Speaker #0

    Plus, ben non. Non, franchement, c'est pareil, c'est d'un autre temps, ça c'est l'érotisme à la papa. Je suis un temps où, en effet, ici, à chaque fois que je devais faire des recherches iconographiques pour une couverture, inévitablement, je cherchais une femme dénudée, une belle femme. Il y a évidemment de très belles choses qui existent artistiquement parlant dans le domaine érotique, mais je pense qu'actuellement, c'est plutôt un frein qu'autre chose. Notre objectif est plutôt de démocratiser la littérature érotique. que tout le monde puisse s'intéresser à nos ouvrages, notamment les femmes, de s'adapter aussi à chaque contenu. Et pour ce faire, je pense que la représentation uniquement de la femme n'est plus du tout viable.

  • Speaker #2

    Et pourtant, dans une littérature qui est souvent décriée en ce moment, je pense à la dark romance. Vous en distribuez ici ou vous en éditez également ?

  • Speaker #0

    Alors, on n'en édite pas et on n'en distribue pas. Bon. Et bim ! Non, il n'y a pas de volonté de fermer à ça, en tout cas pas en termes de vente ou de position politique ou autre. On n'en édite pas, tout simplement, parce que ce n'est pas du tout notre créneau. Déjà, nous, on ne fait pas d'achat de droits à l'étranger. Or, c'est quand même beaucoup de littérature qui vient de l'étranger. On n'a jamais vraiment considéré ça comme dans notre ligne éditoriale. Ce n'est pas tout à fait le même érotisme pour nous. Bon, la dark romance, c'est encore autre chose. Je ne vais pas vous mentir, je n'en lis pas non plus beaucoup. Donc, je ne veux pas en parler de façon très étendue. Si on n'en vend pas ici, ça rejoint ça. C'est parce que ce n'est pas du tout notre public, en fait. C'est quoi le public ici ? Le public ici, c'est un public qui a beaucoup évolué, qui a beaucoup changé avec les années et on en est ravis. Pendant très longtemps, ça a été aussi un public majoritairement masculin et d'un certain âge. Mais depuis, on va dire, 6-8 ans, avec toutes les évolutions de la société, avec la prise de parole des femmes sur leur corps, leur sexualité, leur désir, ça s'est aussi vérifié ici, où on a de plus en plus de femmes. de couples, de jeunes aussi qui viennent et qui osent franchir la porte de cette librairie de façon beaucoup plus naturelle qu'avant.

  • Speaker #2

    Oui, parce qu'avant, ça faisait un peu le lieu où on va changer de trottoir, on passe à peine, on ne regarde pas, on regarde tes pieds, l'enfant,

  • Speaker #0

    tout ça. Exactement, oui, bien sûr. Alors, changer de trottoir, peut-être pas jusqu'au-là, mais je pense qu'il y a beaucoup de gens, et notamment beaucoup de femmes, qui ne savaient pas du tout ce qui pouvait se trouver à l'intérieur. Beaucoup de gens s'imaginent qu'on est une sorte de sex-shop, qu'il y a aussi des objets ou autre.

  • Speaker #2

    il n'y en a pas

  • Speaker #0

    Ce qui n'est pas le cas. Bon, après, c'est pas impossible non plus. Il y a beaucoup de librairies qui vendent autre chose que du livre actuellement. En tout cas, nous, ça n'a jamais été notre partie de se diriger vers ce genre de choses. Il y a aussi le fait qu'il y avait essentiellement des hommes à l'intérieur. Je pense que ça pouvait aussi freiner certaines femmes se sentant mal à l'aise de s'intéresser à ce type de littérature devant des hommes. On voit l'effet inverse maintenant. C'est assez drôle. J'en parle souvent avec notre libraire. Quand il se trouve qu'il y a beaucoup de femmes dans la librairie, il nous est arrivé récemment de faire une signature pour un livre qui est « Grossesse et sexualité » . Donc, comme vous pouvez l'imaginer, c'était quand même une clientèle essentiellement féminine. Et des clients hommes rentraient et rebroussaient chemin. Mais non ! Parce que du coup, c'est eux qui se retrouvaient sans doute à être mal à l'aise ou à avoir honte de venir acheter leur petit livre de fesses devant des femmes.

  • Speaker #2

    Ah d'accord, oui, parce que ce n'était pas forcément le même rayon. Et effectivement, là, quand j'entre... Je vais vers la fin, je vois ces livres là où c'est marqué interdit, confession érotique avec une couverture jaune. Je me dis mais ça me dit quelque chose. Ça c'est l'héritage du passé quelque part.

  • Speaker #0

    Tout est fait à l'héritage du passé puisque c'est même là d'où vient la Musardine.

  • Speaker #2

    Ce n'est pas inintéressant pour autant.

  • Speaker #0

    Bien sûr. Media 1000 c'est donc ce label d'édition. Media 1000. Media 1000, oui. Tout est fait. C'est du roman de garde. que c'est un label d'édition qui préexistait à la Musardine, dont l'ancien dirigeant fondateur a donc... racheter le fond. Et donc, Mediamille, à l'époque, c'était du livre de poche, c'est l'équivalent d'Arlequin, mais version porno pour les hommes. Voilà, ni plus ni moins.

  • Speaker #2

    On va lire certains titres ? C'est amusant. En même temps, pendant ce temps-là, je passe devant le rayon BD où il y a Max Sulfur avec des personnages fort dénudés et à forte poitrine. On parlait de ces confessions érotiques de l'édition Mediamille. Je les ai venues avec des gants. Tu es pas mal. J'étais l'habilleuse et l'esclave d'une comédienne vicieuse par Nathalie M. Mais qui était Nathalie M ? C'est vous ? Non ! Vous écrivez ou pas ? Non.

  • Speaker #0

    Jamais ? Jamais. Ni pour moi, ni pour la Musardine, ni pour qui que ce soit. Je n'écris pas du tout. Je n'écris pas du tout, donc Nathalie M est loin d'être moi.

  • Speaker #2

    Nathalie M est un homme ?

  • Speaker #0

    Oui, voilà. Évidemment, ce ne sont que des pseudonymes.

  • Speaker #2

    Orgie mondaine.

  • Speaker #0

    À part deux ou trois cas de figures assez exceptionnels, ce n'était que... que des hommes qui écrivaient des médiamiles sous la houlette du fameux Esparbeck dont on parlait tout à l'heure. Que des hommes. Donc ces collections survivent pour la petite clientèle qui nous reste encore et qui se les procure. Mais donc, il y a encore 15 ans, c'était trois nouveautés par mois qui se vendaient à 2-3 000 exemplaires.

  • Speaker #2

    J'en discutais il n'y a pas très longtemps avec un auteur qui me disait « Bon, je suis proche de faire un best-seller, je fais 30 000 exemplaires. » Alors qu'avant, quand un livre se vendait mal, c'était 70 000. Exactement Et on parlait des San Antonio Un San Antonio qui se vendait mal C'était 70 000 exemplaires Aujourd'hui un livre de littérature érotique Qui se vend bien C'est combien d'exemplaires ?

  • Speaker #0

    Un livre de littérature qui se vend bien C'est 3000 exemplaires, mais qui se vendent vraiment bien. Après, on a des moyennes de vente qui sont plutôt entre 1000 et 1500 exemplaires, on va dire.

  • Speaker #2

    Quand vous éditez une autrice, un auteur, vous êtes distribué dans toutes les librairies qui acceptent de prendre le livre. C'est difficile de motiver la FNAC, motiver des librairies à accepter ces livres dans leur rayon ? Oui,

  • Speaker #0

    très clairement oui. Bon, la FNAC, tout ça, c'est d'autres débats. Là, c'est plus des perspectives, on va dire, vraiment économiques, au-delà même de la spécificité de l'érotisme. Plus ça va, plus la FNAC baisse la voilure au niveau du nombre de références et ne promeut que les best-sellers. C'est assez désolant. Mais donc voilà, là, ce n'est pas nous vraiment qui sommes concernés directement. Pour la librairie en général... Il y a un facteur global qui est qu'il y a trop de livres de toute façon. Donc forcément, ceux qui en pâtissent, ce sont les petits éditeurs comme nous. Et au-delà, sur l'érotique, je pense que quand même encore aujourd'hui, un certain nombre de libraires ont en tête une image de la Musardine qui est justement celle de l'érotisme à la papa. Comme vous le dites si bien, je vais reprendre cette expression à mon compte. Voilà, beaucoup de gens pensent que la Musardine en est restée à Esparbec, que l'on publie toujours et que ça fait partie de notre histoire. Mais il y a beaucoup d'autres choses qui se sont faites depuis, qui sont différentes, modernes, féminines, et qui pourraient vraiment avoir leur place et plaire à un public beaucoup plus large. Mais le message n'est pas encore bien passé, malheureusement. Et du coup, les libraires vont dire « Ah bah non, j'ai pas de rayon érotique, de toute façon, j'ai pas la clientèle qui va avec » .

  • Speaker #2

    Pourtant, la clientèle est un peu partout.

  • Speaker #0

    La clientèle est partout, j'en suis convaincue. Je suis sûre que si on met nos livres en avant, sur table, les gens les achèteront volontiers. D'autant plus si c'est mêlé à d'autres livres, si vous voulez, qui ne sont pas estampillés érotiques. Faire la démarche de venir à la Musardine dans cette librairie, c'est une chose, on sait vraiment ce qu'on vient chercher, etc. Par contre, tomber par hasard sur un texte dont le titre nous attire, qui fait un peu tilt auquel on ne s'y attendait pas, présenté par son libraire parmi d'autres livres respectables, là c'est encore plus facile.

  • Speaker #2

    On vous souhaite le meilleur pour les prochaines éditions. Les prochaines sorties, Alain Musardine, sorties de l'été ?

  • Speaker #0

    On a deux textes parfaits pour l'été. Un texte d'un homme, j'étais contente, ça faisait longtemps que je n'avais pas lu un roman érotique écrit par un homme. Un premier roman d'un jeune trentenaire, Clément Villon, qui s'appelle L'amour en mer, et qui raconte la traversée de l'Atlantique par cinq personnes sur un bateau, donc trois femmes et... et deux hommes qui ont tous des personnalités bien différentes et bien trempées, donc avec des personnages bien marqués, et qui vont expérimenter tout un tas de configurations sexuelles les uns avec les autres dans le cadre de cette cale. Donc c'est vraiment très plaisant pour l'été, et on aura après un petit recueil au format poche, Six and Sun, des nouvelles parfaites à lire sur la plage au soleil.

  • Speaker #2

    Merci beaucoup Anne Hautecoeur, les éditions La Musardine.

  • Speaker #0

    Merci beaucoup Alexis.

  • Speaker #1

    Pour devenir VIP du son du désir et accéder à des centaines d'histoires érotiques immersives ainsi qu'à de nombreux audios de relaxation intime, une seule adresse, le sondudésir.fr. Et abonnez-vous discrètement en seulement trois clics, le sondudésir.fr, votre destination secrète vers l'érotisme audio.

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