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Le maquis du Vercors - Episode 2 cover
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Le Souffle de l'Histoire

Le maquis du Vercors - Episode 2

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10min |27/11/2020|

6572

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Le maquis du Vercors - Episode 2

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10min |27/11/2020|

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Description

  MAQUIS DU VERCORS - Episode 2

📟Romain Clément / 🎬 Joubert des Ouches

Compositions musicales originales Tous droits réservésIls étaient 4 000, étudiants, lycéens, militaires de carrière,

curés, gendarmes. Il y avait parmi eux des juifs, des tirailleurs sénégalais, des hommes de toutes convictions politiques…

Ils avaient fait du Vercors le plus important maquis de France.

Le Vercors grâce à eux avait même en pleine occupation rétabli la République, fondé une île de liberté. 

Le drapeau de la France y flottait librement, jusqu’à ce que le haut-commandement allemand décide de faire du Vercors un exemple.

Le 21 juillet 1944, les troupes allemandes lancent l’opération Bettina. Leur objectif: anéantir le maquis, traumatiser, violenter la population, puis raser, brûler toutes les fermes, afin d’empêcher le maquis de renaître de ses cendres.

Maquisards, civils, femmes, enfants, même les bêtes seront les victimes d’un déferlement de violence. Les Allemands vont choisir au Vercors l’anéantissement par la barbarie.

Vassieux, La Chapelle en Vercors, Valchevrière… Des villages martyrs qui portent encore aujourd’hui les stigmates de cette épopée tragique du Vercors.

….

Si le Vercors est entré dans l’histoire, c’est parce qu’il fut le plus important maquis de France. 4000 jeunes gens répartis sur une surface immense, et le Vercors doit jouer un rôle majeur, un rôle stratégique en particulier dès qu’un débarquement en Provence aura lieu.

De Gaulle évoquera même l’hypothèse d’un débarquement 100% français dans le secteur…

Ce qui explique ce statut de plus grand maquis de France remonte au début de la guerre.

La situation géographie a attiré au Vercors des catégories de jeunes très diverses.

Les prémices de la résistance naissent à Villars de Lans, dans la partie nord du Vercors. A l’époque c’est une destination touristique huppée prisée, et plusieurs établissements privés parisiens délaissent la capitale pour venir s’y installer, profitant des installations hôtelières nombreuses pour loger les élèves.

Des juifs et des réfugiés sont aussi venus s’y établir…

Un courant grenoblois animé par le maire de l’époque Léon Martin entre aussi en contact avec eux

L’embryon de mouvements résistants en Vercors voit donc progressivement le jour dès 1941.

Il est vite renforcé par l’afflux massif dès 1942 de réfractaires.

De toute la France arrivent des jeunes hommes qui ont refusé le Service du Travail Obligatoire. Le fameux STO institué par Vichy et qui oblige les jeunes hommes âgés entre 18 et 21 ans à partir en Allemagne travailler au profit du Reich.

Ce sont ces jeunes hommes qui vont former les premiers camps de maquisards.

La vie au maquis, ce sont des hébergements de fortune, été comme hiver, trouver les rares sources d’eau de ce massif karstique, effectuer de nombreuses corvées, dont celles éreintantes et pourtant quotidiennes du ravitaillement.

Il y a aussi la formation, l’instruction militaire. Elle est dispensée par des militaires de carrière. Fusils, armes de poings, grenades, il faut pour les jeunes souvent tout apprendre.

S’il y a de plus en plus de jeunes à rejoindre le maquis, c’est aussi parce que la guerre connaît un tournant, et pour la première fois depuis l’humiliation de la défaite, les Français se rendent compte que le cours de la guerre est en train de changer, et que l’armée réputée invincible du Reich montre des signes de faiblesses.

Ce qui a changé, c’est El Alamein, le débarquement allié en Afrique du Nord du 8 novembre 1942, Stalingrad et la terrible retraite de la Wehrmacht, ou encore Guadalcanal dans le Pacifique.

L’enthousiasme et l’espoir d’une revanche renaissent. Le régime de Vichy est unanimement rejeté. Au Vercors, ce sont 9 camps qui voient le jour comme à la ferme d’Ambel ou à Autrans et s’organisent.

La population se montre souvent favorable à l’émergence de ces mouvements de résistance.

Les curés de villages comme Fernand Gagnol à Vassieux, Johannes Vincent à Corrençon -dans leurs homélies et bientôt dans leurs actes- vont soutenir les maquis, encourageant les hommes à refuser le STO.

Des gendarmes comme ceux de La Chapelle En Vercors, pourtant soumis à l’autorité de Vichy, renseignent les réfractaires, sur les mouvements et les positions des unités allemandes.

Hôteliers, cafetiers pratiquent souvent une « neutralité bienveillante » .

Ces camps de fortune improvisés, quasi spontanés vont progressivement se structurer, s’organiser, se militariser.

Le Vercors va même commencer à intéresser Londres et les alliés, dès lors qu’un minutieux plan stratégique est établi, faisant du plateau une base vitale de la résistance.

….

Ce plan stratégique est initié par un architecte de formation également pionnier de l’alpinisme, Pierre Dalloz et par un écrivain, Jean Prévost.

Il porte le nom de « plan Montagnard », car il vise à faire du Vercors, une forteresse, une base armée capable de soutenir les alliés au moment du débarquement en Provence… débarquement que toute la France attend!

Ce plan prévoit des caches d’armes, et l’identification de terrains de parachutages, afin de recevoir du matériel mais aussi des renforts.

En janvier 1943, un journaliste lyonnais, Yves Farge remet l’ébauche de ce plan montagnard à 2 éminences de la France Libre, Jean Moulin et le général Délestraint, chef de l’armée secrète qui emporte le plan à Londres.

Un mois plus tard, en février 1943, comme une reconnaissance et un encouragement, la BBC diffuse le message suivant :

« Les Montagnards doivent continuer à gravir les cimes ».

Au Vercors, ces strophes sonnent comme une validation du plan Montagnard… 

Encouragé, Dalloz rassemble autour de son projet plusieurs militaires de carrières qui ont rejoint la résistance. Plusieurs d’entre eux connaissent bien la montagne et ont servi dans les troupes alpines.

C’est le cas du commandant Marcel Pourchier et du lieutenant Alain Le Ray.

En avril 1943, le général Délestraint -en personne- effectue une visite en Vercors.

Il inspecte le terrain, en compagnie de Dalloz et en prévision de prochaines opérations.

A cet instant, le Vercors est vu pour les uns comme un bastion de la France libérée, pour les autres -comme un foyer de renaissance de l’armée française.

Mais cette illusion est de courte durée. Une vague d’arrestation au printemps 1943 décime des responsables locaux de la résistance, et met fin à l’euphorie.

………………………………….. FIN EPISODE 1

Jean Moulin et le général Délestraint sont arrêtés. Tout comme Le maire de Grenoble, des membres de la famille Huillier et des réseaux de Villars de Lans sont faits prisonniers.  Yves Farge et Pierre Dalloz se savent menacés et quittent la région.

Le plan Vercors est mis en sommeil. Tout le plateau craint pour sa survie

Le Vercors, après quelques semaines de silence, se réorganise sous l’impulsion d’un commandant militaire, Alain Le Ray et d’un chef civil, Eugène Chavant.

Pour survivre, le Vercors se militarise, de jeunes chefs commandent les camps de maquisards, comme les lieutenants Costa de Beauregard.

En cet été 1943  il y a près de 400 volontaires au maquis.

Ils se tiennent prêts à enclencher le plan Montagnard et à entrer en action dès qu’un débarquement allié aura lieu dans le sud de la France.

« tenir quelques jours en bastion avancé, le temps de permettre à des effectifs aéroportés de s’y consolider, puis lancer l’action libératrice en tâche d’huile autour du Vercors ».

La mise en sommeil du Vercors est bien terminée,

Un premier parachutage massif est d’ailleurs organisé par Londres le 13 novembre 1943.

Le sentiment que le débarquement allié est proche attire aussi dès février- mars 1944, de nouvelles vagues de volontaires.

Mais, le Vercors- tenu relativement à l’abri de la répression, voit son existence menacée.

D’abord, après une occupation italienne réputée plus souple, c’est désormais la Wehrmacht qui occupe la région, en particulier la 157ème Division alpine de réserve commandée par le général Pflaum,

En janvier 1944 des combats éclatent aux Grands Boulets. Plusieurs automitrailleuses allemandes affrontent les maquisards, qui doivent prendre la fuite.

Quelques jours plus tard, le 18 mars 1944 les Allemands détruisent le PC tuant 6 maquisards.

En ce printemps 1944, un vent mauvais souffle sur le Vercors, fragilisé par cette série d’accrochages. La forteresse a montré ses limites.

Pourtant, des parachutages de 70 et 75 containers ont lieu à Vassieux, laissant penser que Londres mise toujours sur le Vercors, et sur son fameux plan Montagnard. Mais les chefs du maquis s’inquiètent.

Le chef civil Eugène Chavant se rend en voyage à Alger, les 24 et 25 mai pour mettre au clair la situation.

Dès son retour le 7 juin, l’enthousiasme renaît. A Alger, il a été promis à Chavant 4000 parachutistes. C’est Jacques Soustelle qui le lui aurait promis, le chef même des services secrets français.

Le Vercors reprend espoir, d’autant que cette bonne nouvelle coïncide avec une autre source d’immense espoir, le débarquement de Normandie qui vient d’avoir lieu. Les alliés sont enfin, après 5 ans de guerre, sur le sol français... et le Reich commence à perdre du terrain.

Le débarquement a mobilisé toute la résistance locale ; les sabotages se multiplient et les réseaux de recrutement voient le nombre de candidats  grimper en flèche. De la Drôme, de l’isère, de la Provence, des milliers de jeunes gens affluent.

Un afflux que le nouveau chef militaire du Vercors, François Huet n’avait pas prévu. Ces volontaires montent à pieds, ou en autobus, mais avec souvent peu de discrétion, et ces mouvements intriguent et commencent à alerter les Allemands.

A Londres, le général Koenig qui coordonne les actions de résistance, s’inquiète lui aussi et demande le 10 juin de « freiner au maximum l’action de la guérilla ».

Mais il est déjà trop tard pour faire machine arrière. L’effervescence patriotique a eu raison de la discrétion. Plus question de faire repartir dans les plaines les nouveaux venus.

Les jeunes recrues sont accueillies dans les camps et formés par les officiers et sous-officiers qui les commandent.

Désormais, 3500 soldats plus ou moins aguerris et armés constituent les effectifs du Vercors.

Pour les armer, les nourrir, deux importants parachutages vont avoir lieu les 13 juin à Méaudre, le 15 à Vassieux, 36 appareils larguant plus de 432 containers.

Mais de Grenoble, l’état-major du général Pflaum décide d’aller tester le dispositif militaire des maquisards.

Il lance deux opérations de reconnaissance  les 13 et 15 juin à Saint-Nizier, qui sont toutes les deux repoussées par les maquisards. Les hommes du lieutenant Chabal s’illustrent particulièrement.

Suit après ces 2 accrochages, une période de répit, un îlot de liberté unique, mais très provisoire.

….

Début juillet, le Vercors rétablit la République, et procède comme si la zone avait été libérée.

Les soldats français défilent en tenue, et rétablissent l’armée française, pourtant dissoute 2 ans plus tôt.

Il y a des cérémonies militaires, des bals festifs.

Un préfet est nommé, Eugène Chavant dirige le comité de libération nationale du Vercors.

Des cérémonies comme celles du 14 juillet, ont même lieu avec le concours de la population,

C’est la libération avant l’heure, les élus portent fièrement leurs écharpes, Chasseurs alpins, tirailleurs sénégalais, toutes les unités militaires arborent leurs plus belles tenues.

L’euphorie est à son sommet -lorsqu’a lieu à Vassieux- un nouveau parachutage massif, 72 avions larguant 864 containers.

Mais ce souffle de liberté va brutalement s’arrêter.

Le 21 juillet 1944, l’état-major allemand lance son offensive contre cette zone libre du Vercors.

Cette opération porte un nom de code : Bettina. Elle est décidée le 8 juillet. Elle va devenir l’un des symboles de la répression, de la barbarie, dont le Reich fut capable.

Ce qui motive les Allemands à agir, c’est d’abord, de répondre à ce qu’ils considèrent comme une provocation.

Mais le Vercors est aussi plus que jamais un secteur stratégique, et la montée massive de jeunes gens ne fait qu’accroître pour eux l’urgence d’agir.

10 000 hommes de la 157ème Division du général Pflaum se chargent de mettre en application le plan. Avec des chasseurs alpins, des artilleurs, et des escadrilles de la Luftwaffe.

D’autres groupes sont chargés de verrouiller en contrebas les accès au plateau.

Les panzer du Kampfsgruppe Zabel sont chargés de tenir la région de Die.

Enfin un assaut aéroporté est planifié. 200 hommes atterriront à Vassieux à bord de planeurs. Il s’agit d’un commando spécial appartenant à la Luftwaffe.

Une troupe d’élite spécialement constituée pour briser le maquis en son cœur, et se livrer ensuite dans une répression sans scrupule.

Ce groupe baptisé KG200 est commandé par l’un des jeunes officiers les plus décorés du Reich. Un héros de guerre, qui a reçu les honneurs à plusieurs reprises, des mains du Führer.

Le 14 juillet, alors que le Vercors célèbre sa liberté, le commandant Friedrich Schäfer et ses hommes arrivent à Lyon, dans le plus grand secret.

C’est le général Niehoff qui leur révèle le contenu de la mission. Aux côtés du jeune officier, un certain Werner Knab, responsable du SIPO SD, chef notamment de Klaus Barbie, connu comme « le boucher de Lyon ». Werner Knab prendra place lui aussi avec ce commando très spécial à bord des planeurs.

………………………..;;

      FIN EPISODE 2

De leurs côtés, les résistants savent que l’assaut se prépare, mais ils ne savent ni où ni quand il aura lieu.

Huet concentre ses effectifs sur l’axe le plus vulnérable de son dispositif : entre Lans et Corrençon…

Le 21 juillet à l’aube les chasseurs alpins de la 157ème Division  attaquent au col du croix Perrin et font une percée à Villars de lans qui est tenue dès le soir.

Seul un verrou résiste, celui du lieutenant Chabal au-dessus de Valchevrière.

Mais là où l’assaut va être encore plus spectaculaire, c’est à Vassieux.

A 9 heures, surprise totale, 22 planeurs DFS 230 partis de Bron se posent au nord de Vassieux, et autour des villages de La Mûre et du Château.

Les 200 paras se répartissent entre le centre du village, et celui de la Mûre.

2 planeurs sont détruits, les combats sont d’une violence indescriptible.

Immédiatement les paras s’en prennent aux civils, femmes, enfants, vieillards.

Le soir, les résistants provoquent une contre-attaque qui échoue, mais les Allemands sont sur leurs gardes. Ils sont encerclés et ont peu de réserves en munitions.

D’autant que les orages empêchent les renforts de se poser.

La nuit est terrible.

Le 23 juillet 1944, 20 planeurs, les fameux renforts se posent à Vassieux. A leur bord, des soldats d’une redoutable férocité, des Ost Truppen, recrutés parmi les prisonniers soviétiques et originaires d’Asie Centrale. Ils viennent avec des munitions, de l’artillerie.

Le Vercors est en mauvaise posture, d’autant que la situation n’est guère meilleure sur les autres fronts.

A Valchevrière, malgré une intense résistance, les hommes du lieutenant Chabal cèdent... la plupart sont tués.

Le village est incendié.

Dans la soirée, Huet donne l’ordre de dispersion.

Chaque unité doit quitter sa position et se réfugier là où elle le pourra, en particulier dans les forêts.

Le bilan de ces journées fait état de 840 tués, 639 résistants et 201 civils.

Côté allemand, 65 tués, 18 disparus et 133 blessés.

50 % des tués le sont non pas au combat mais peu après leur capture ou par le biais des exactions.

Les Allemands se livrent à une chasse à l’homme sans scrupule, qui n’épargne personne, ni les hommes en âge de combattre ni les femmes, ni même les enfants.

A Vassieux, 72 habitants perdent la vie. L’épuration se traduit par des crimes d’une cruauté que l’imagination a dû mal encore aujourd’hui à se représenter.

Les blessés sont eux aussi exécutés, comme dans la fameuse grotte de la Luire…

C’est pour ces atrocités que le Vercors est aussi entré dans la légende noire des exactions du Reich. Longtemps, habitants, historiens ont cherché à comprendre qui avait procédé à ces basses œuvres, et pourquoi.

Le 27 juillet, soit 4 jours après la fin des combats, Pflaum ordonne de ratisser le Vercors et d’incendier les maisons, le bétail…

Les villages de Vassieux et de La Chapelle sont détruits à 97 et 95%

Le Vercors doit pour la liberté qu’elle avait un temps retrouvé, payer le prix fort.

Ces maquisards survivants vont après des semaines de survie, reprendre le combat.

Beaucoup participeront aux libérations de Grenoble ou de Lyon.

Le bataillon du Vercors défilera même réuni, en premier dans les rues de la capitale des Gaules, place Bellecour.

Quelques mois après l’horreur, la population aidée par l’état et beaucoup par le don suisse reconstruit les villages martyrs…

Mais une question lancinante ne quitte pas les survivants. Le Vercors a-t-il été trahi. Pourquoi les parachutistes prévus par Soustelle ne sont jamais arrivés ?

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  MAQUIS DU VERCORS - Episode 2

📟Romain Clément / 🎬 Joubert des Ouches

Compositions musicales originales Tous droits réservésIls étaient 4 000, étudiants, lycéens, militaires de carrière,

curés, gendarmes. Il y avait parmi eux des juifs, des tirailleurs sénégalais, des hommes de toutes convictions politiques…

Ils avaient fait du Vercors le plus important maquis de France.

Le Vercors grâce à eux avait même en pleine occupation rétabli la République, fondé une île de liberté. 

Le drapeau de la France y flottait librement, jusqu’à ce que le haut-commandement allemand décide de faire du Vercors un exemple.

Le 21 juillet 1944, les troupes allemandes lancent l’opération Bettina. Leur objectif: anéantir le maquis, traumatiser, violenter la population, puis raser, brûler toutes les fermes, afin d’empêcher le maquis de renaître de ses cendres.

Maquisards, civils, femmes, enfants, même les bêtes seront les victimes d’un déferlement de violence. Les Allemands vont choisir au Vercors l’anéantissement par la barbarie.

Vassieux, La Chapelle en Vercors, Valchevrière… Des villages martyrs qui portent encore aujourd’hui les stigmates de cette épopée tragique du Vercors.

….

Si le Vercors est entré dans l’histoire, c’est parce qu’il fut le plus important maquis de France. 4000 jeunes gens répartis sur une surface immense, et le Vercors doit jouer un rôle majeur, un rôle stratégique en particulier dès qu’un débarquement en Provence aura lieu.

De Gaulle évoquera même l’hypothèse d’un débarquement 100% français dans le secteur…

Ce qui explique ce statut de plus grand maquis de France remonte au début de la guerre.

La situation géographie a attiré au Vercors des catégories de jeunes très diverses.

Les prémices de la résistance naissent à Villars de Lans, dans la partie nord du Vercors. A l’époque c’est une destination touristique huppée prisée, et plusieurs établissements privés parisiens délaissent la capitale pour venir s’y installer, profitant des installations hôtelières nombreuses pour loger les élèves.

Des juifs et des réfugiés sont aussi venus s’y établir…

Un courant grenoblois animé par le maire de l’époque Léon Martin entre aussi en contact avec eux

L’embryon de mouvements résistants en Vercors voit donc progressivement le jour dès 1941.

Il est vite renforcé par l’afflux massif dès 1942 de réfractaires.

De toute la France arrivent des jeunes hommes qui ont refusé le Service du Travail Obligatoire. Le fameux STO institué par Vichy et qui oblige les jeunes hommes âgés entre 18 et 21 ans à partir en Allemagne travailler au profit du Reich.

Ce sont ces jeunes hommes qui vont former les premiers camps de maquisards.

La vie au maquis, ce sont des hébergements de fortune, été comme hiver, trouver les rares sources d’eau de ce massif karstique, effectuer de nombreuses corvées, dont celles éreintantes et pourtant quotidiennes du ravitaillement.

Il y a aussi la formation, l’instruction militaire. Elle est dispensée par des militaires de carrière. Fusils, armes de poings, grenades, il faut pour les jeunes souvent tout apprendre.

S’il y a de plus en plus de jeunes à rejoindre le maquis, c’est aussi parce que la guerre connaît un tournant, et pour la première fois depuis l’humiliation de la défaite, les Français se rendent compte que le cours de la guerre est en train de changer, et que l’armée réputée invincible du Reich montre des signes de faiblesses.

Ce qui a changé, c’est El Alamein, le débarquement allié en Afrique du Nord du 8 novembre 1942, Stalingrad et la terrible retraite de la Wehrmacht, ou encore Guadalcanal dans le Pacifique.

L’enthousiasme et l’espoir d’une revanche renaissent. Le régime de Vichy est unanimement rejeté. Au Vercors, ce sont 9 camps qui voient le jour comme à la ferme d’Ambel ou à Autrans et s’organisent.

La population se montre souvent favorable à l’émergence de ces mouvements de résistance.

Les curés de villages comme Fernand Gagnol à Vassieux, Johannes Vincent à Corrençon -dans leurs homélies et bientôt dans leurs actes- vont soutenir les maquis, encourageant les hommes à refuser le STO.

Des gendarmes comme ceux de La Chapelle En Vercors, pourtant soumis à l’autorité de Vichy, renseignent les réfractaires, sur les mouvements et les positions des unités allemandes.

Hôteliers, cafetiers pratiquent souvent une « neutralité bienveillante » .

Ces camps de fortune improvisés, quasi spontanés vont progressivement se structurer, s’organiser, se militariser.

Le Vercors va même commencer à intéresser Londres et les alliés, dès lors qu’un minutieux plan stratégique est établi, faisant du plateau une base vitale de la résistance.

….

Ce plan stratégique est initié par un architecte de formation également pionnier de l’alpinisme, Pierre Dalloz et par un écrivain, Jean Prévost.

Il porte le nom de « plan Montagnard », car il vise à faire du Vercors, une forteresse, une base armée capable de soutenir les alliés au moment du débarquement en Provence… débarquement que toute la France attend!

Ce plan prévoit des caches d’armes, et l’identification de terrains de parachutages, afin de recevoir du matériel mais aussi des renforts.

En janvier 1943, un journaliste lyonnais, Yves Farge remet l’ébauche de ce plan montagnard à 2 éminences de la France Libre, Jean Moulin et le général Délestraint, chef de l’armée secrète qui emporte le plan à Londres.

Un mois plus tard, en février 1943, comme une reconnaissance et un encouragement, la BBC diffuse le message suivant :

« Les Montagnards doivent continuer à gravir les cimes ».

Au Vercors, ces strophes sonnent comme une validation du plan Montagnard… 

Encouragé, Dalloz rassemble autour de son projet plusieurs militaires de carrières qui ont rejoint la résistance. Plusieurs d’entre eux connaissent bien la montagne et ont servi dans les troupes alpines.

C’est le cas du commandant Marcel Pourchier et du lieutenant Alain Le Ray.

En avril 1943, le général Délestraint -en personne- effectue une visite en Vercors.

Il inspecte le terrain, en compagnie de Dalloz et en prévision de prochaines opérations.

A cet instant, le Vercors est vu pour les uns comme un bastion de la France libérée, pour les autres -comme un foyer de renaissance de l’armée française.

Mais cette illusion est de courte durée. Une vague d’arrestation au printemps 1943 décime des responsables locaux de la résistance, et met fin à l’euphorie.

………………………………….. FIN EPISODE 1

Jean Moulin et le général Délestraint sont arrêtés. Tout comme Le maire de Grenoble, des membres de la famille Huillier et des réseaux de Villars de Lans sont faits prisonniers.  Yves Farge et Pierre Dalloz se savent menacés et quittent la région.

Le plan Vercors est mis en sommeil. Tout le plateau craint pour sa survie

Le Vercors, après quelques semaines de silence, se réorganise sous l’impulsion d’un commandant militaire, Alain Le Ray et d’un chef civil, Eugène Chavant.

Pour survivre, le Vercors se militarise, de jeunes chefs commandent les camps de maquisards, comme les lieutenants Costa de Beauregard.

En cet été 1943  il y a près de 400 volontaires au maquis.

Ils se tiennent prêts à enclencher le plan Montagnard et à entrer en action dès qu’un débarquement allié aura lieu dans le sud de la France.

« tenir quelques jours en bastion avancé, le temps de permettre à des effectifs aéroportés de s’y consolider, puis lancer l’action libératrice en tâche d’huile autour du Vercors ».

La mise en sommeil du Vercors est bien terminée,

Un premier parachutage massif est d’ailleurs organisé par Londres le 13 novembre 1943.

Le sentiment que le débarquement allié est proche attire aussi dès février- mars 1944, de nouvelles vagues de volontaires.

Mais, le Vercors- tenu relativement à l’abri de la répression, voit son existence menacée.

D’abord, après une occupation italienne réputée plus souple, c’est désormais la Wehrmacht qui occupe la région, en particulier la 157ème Division alpine de réserve commandée par le général Pflaum,

En janvier 1944 des combats éclatent aux Grands Boulets. Plusieurs automitrailleuses allemandes affrontent les maquisards, qui doivent prendre la fuite.

Quelques jours plus tard, le 18 mars 1944 les Allemands détruisent le PC tuant 6 maquisards.

En ce printemps 1944, un vent mauvais souffle sur le Vercors, fragilisé par cette série d’accrochages. La forteresse a montré ses limites.

Pourtant, des parachutages de 70 et 75 containers ont lieu à Vassieux, laissant penser que Londres mise toujours sur le Vercors, et sur son fameux plan Montagnard. Mais les chefs du maquis s’inquiètent.

Le chef civil Eugène Chavant se rend en voyage à Alger, les 24 et 25 mai pour mettre au clair la situation.

Dès son retour le 7 juin, l’enthousiasme renaît. A Alger, il a été promis à Chavant 4000 parachutistes. C’est Jacques Soustelle qui le lui aurait promis, le chef même des services secrets français.

Le Vercors reprend espoir, d’autant que cette bonne nouvelle coïncide avec une autre source d’immense espoir, le débarquement de Normandie qui vient d’avoir lieu. Les alliés sont enfin, après 5 ans de guerre, sur le sol français... et le Reich commence à perdre du terrain.

Le débarquement a mobilisé toute la résistance locale ; les sabotages se multiplient et les réseaux de recrutement voient le nombre de candidats  grimper en flèche. De la Drôme, de l’isère, de la Provence, des milliers de jeunes gens affluent.

Un afflux que le nouveau chef militaire du Vercors, François Huet n’avait pas prévu. Ces volontaires montent à pieds, ou en autobus, mais avec souvent peu de discrétion, et ces mouvements intriguent et commencent à alerter les Allemands.

A Londres, le général Koenig qui coordonne les actions de résistance, s’inquiète lui aussi et demande le 10 juin de « freiner au maximum l’action de la guérilla ».

Mais il est déjà trop tard pour faire machine arrière. L’effervescence patriotique a eu raison de la discrétion. Plus question de faire repartir dans les plaines les nouveaux venus.

Les jeunes recrues sont accueillies dans les camps et formés par les officiers et sous-officiers qui les commandent.

Désormais, 3500 soldats plus ou moins aguerris et armés constituent les effectifs du Vercors.

Pour les armer, les nourrir, deux importants parachutages vont avoir lieu les 13 juin à Méaudre, le 15 à Vassieux, 36 appareils larguant plus de 432 containers.

Mais de Grenoble, l’état-major du général Pflaum décide d’aller tester le dispositif militaire des maquisards.

Il lance deux opérations de reconnaissance  les 13 et 15 juin à Saint-Nizier, qui sont toutes les deux repoussées par les maquisards. Les hommes du lieutenant Chabal s’illustrent particulièrement.

Suit après ces 2 accrochages, une période de répit, un îlot de liberté unique, mais très provisoire.

….

Début juillet, le Vercors rétablit la République, et procède comme si la zone avait été libérée.

Les soldats français défilent en tenue, et rétablissent l’armée française, pourtant dissoute 2 ans plus tôt.

Il y a des cérémonies militaires, des bals festifs.

Un préfet est nommé, Eugène Chavant dirige le comité de libération nationale du Vercors.

Des cérémonies comme celles du 14 juillet, ont même lieu avec le concours de la population,

C’est la libération avant l’heure, les élus portent fièrement leurs écharpes, Chasseurs alpins, tirailleurs sénégalais, toutes les unités militaires arborent leurs plus belles tenues.

L’euphorie est à son sommet -lorsqu’a lieu à Vassieux- un nouveau parachutage massif, 72 avions larguant 864 containers.

Mais ce souffle de liberté va brutalement s’arrêter.

Le 21 juillet 1944, l’état-major allemand lance son offensive contre cette zone libre du Vercors.

Cette opération porte un nom de code : Bettina. Elle est décidée le 8 juillet. Elle va devenir l’un des symboles de la répression, de la barbarie, dont le Reich fut capable.

Ce qui motive les Allemands à agir, c’est d’abord, de répondre à ce qu’ils considèrent comme une provocation.

Mais le Vercors est aussi plus que jamais un secteur stratégique, et la montée massive de jeunes gens ne fait qu’accroître pour eux l’urgence d’agir.

10 000 hommes de la 157ème Division du général Pflaum se chargent de mettre en application le plan. Avec des chasseurs alpins, des artilleurs, et des escadrilles de la Luftwaffe.

D’autres groupes sont chargés de verrouiller en contrebas les accès au plateau.

Les panzer du Kampfsgruppe Zabel sont chargés de tenir la région de Die.

Enfin un assaut aéroporté est planifié. 200 hommes atterriront à Vassieux à bord de planeurs. Il s’agit d’un commando spécial appartenant à la Luftwaffe.

Une troupe d’élite spécialement constituée pour briser le maquis en son cœur, et se livrer ensuite dans une répression sans scrupule.

Ce groupe baptisé KG200 est commandé par l’un des jeunes officiers les plus décorés du Reich. Un héros de guerre, qui a reçu les honneurs à plusieurs reprises, des mains du Führer.

Le 14 juillet, alors que le Vercors célèbre sa liberté, le commandant Friedrich Schäfer et ses hommes arrivent à Lyon, dans le plus grand secret.

C’est le général Niehoff qui leur révèle le contenu de la mission. Aux côtés du jeune officier, un certain Werner Knab, responsable du SIPO SD, chef notamment de Klaus Barbie, connu comme « le boucher de Lyon ». Werner Knab prendra place lui aussi avec ce commando très spécial à bord des planeurs.

………………………..;;

      FIN EPISODE 2

De leurs côtés, les résistants savent que l’assaut se prépare, mais ils ne savent ni où ni quand il aura lieu.

Huet concentre ses effectifs sur l’axe le plus vulnérable de son dispositif : entre Lans et Corrençon…

Le 21 juillet à l’aube les chasseurs alpins de la 157ème Division  attaquent au col du croix Perrin et font une percée à Villars de lans qui est tenue dès le soir.

Seul un verrou résiste, celui du lieutenant Chabal au-dessus de Valchevrière.

Mais là où l’assaut va être encore plus spectaculaire, c’est à Vassieux.

A 9 heures, surprise totale, 22 planeurs DFS 230 partis de Bron se posent au nord de Vassieux, et autour des villages de La Mûre et du Château.

Les 200 paras se répartissent entre le centre du village, et celui de la Mûre.

2 planeurs sont détruits, les combats sont d’une violence indescriptible.

Immédiatement les paras s’en prennent aux civils, femmes, enfants, vieillards.

Le soir, les résistants provoquent une contre-attaque qui échoue, mais les Allemands sont sur leurs gardes. Ils sont encerclés et ont peu de réserves en munitions.

D’autant que les orages empêchent les renforts de se poser.

La nuit est terrible.

Le 23 juillet 1944, 20 planeurs, les fameux renforts se posent à Vassieux. A leur bord, des soldats d’une redoutable férocité, des Ost Truppen, recrutés parmi les prisonniers soviétiques et originaires d’Asie Centrale. Ils viennent avec des munitions, de l’artillerie.

Le Vercors est en mauvaise posture, d’autant que la situation n’est guère meilleure sur les autres fronts.

A Valchevrière, malgré une intense résistance, les hommes du lieutenant Chabal cèdent... la plupart sont tués.

Le village est incendié.

Dans la soirée, Huet donne l’ordre de dispersion.

Chaque unité doit quitter sa position et se réfugier là où elle le pourra, en particulier dans les forêts.

Le bilan de ces journées fait état de 840 tués, 639 résistants et 201 civils.

Côté allemand, 65 tués, 18 disparus et 133 blessés.

50 % des tués le sont non pas au combat mais peu après leur capture ou par le biais des exactions.

Les Allemands se livrent à une chasse à l’homme sans scrupule, qui n’épargne personne, ni les hommes en âge de combattre ni les femmes, ni même les enfants.

A Vassieux, 72 habitants perdent la vie. L’épuration se traduit par des crimes d’une cruauté que l’imagination a dû mal encore aujourd’hui à se représenter.

Les blessés sont eux aussi exécutés, comme dans la fameuse grotte de la Luire…

C’est pour ces atrocités que le Vercors est aussi entré dans la légende noire des exactions du Reich. Longtemps, habitants, historiens ont cherché à comprendre qui avait procédé à ces basses œuvres, et pourquoi.

Le 27 juillet, soit 4 jours après la fin des combats, Pflaum ordonne de ratisser le Vercors et d’incendier les maisons, le bétail…

Les villages de Vassieux et de La Chapelle sont détruits à 97 et 95%

Le Vercors doit pour la liberté qu’elle avait un temps retrouvé, payer le prix fort.

Ces maquisards survivants vont après des semaines de survie, reprendre le combat.

Beaucoup participeront aux libérations de Grenoble ou de Lyon.

Le bataillon du Vercors défilera même réuni, en premier dans les rues de la capitale des Gaules, place Bellecour.

Quelques mois après l’horreur, la population aidée par l’état et beaucoup par le don suisse reconstruit les villages martyrs…

Mais une question lancinante ne quitte pas les survivants. Le Vercors a-t-il été trahi. Pourquoi les parachutistes prévus par Soustelle ne sont jamais arrivés ?

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Description

  MAQUIS DU VERCORS - Episode 2

📟Romain Clément / 🎬 Joubert des Ouches

Compositions musicales originales Tous droits réservésIls étaient 4 000, étudiants, lycéens, militaires de carrière,

curés, gendarmes. Il y avait parmi eux des juifs, des tirailleurs sénégalais, des hommes de toutes convictions politiques…

Ils avaient fait du Vercors le plus important maquis de France.

Le Vercors grâce à eux avait même en pleine occupation rétabli la République, fondé une île de liberté. 

Le drapeau de la France y flottait librement, jusqu’à ce que le haut-commandement allemand décide de faire du Vercors un exemple.

Le 21 juillet 1944, les troupes allemandes lancent l’opération Bettina. Leur objectif: anéantir le maquis, traumatiser, violenter la population, puis raser, brûler toutes les fermes, afin d’empêcher le maquis de renaître de ses cendres.

Maquisards, civils, femmes, enfants, même les bêtes seront les victimes d’un déferlement de violence. Les Allemands vont choisir au Vercors l’anéantissement par la barbarie.

Vassieux, La Chapelle en Vercors, Valchevrière… Des villages martyrs qui portent encore aujourd’hui les stigmates de cette épopée tragique du Vercors.

….

Si le Vercors est entré dans l’histoire, c’est parce qu’il fut le plus important maquis de France. 4000 jeunes gens répartis sur une surface immense, et le Vercors doit jouer un rôle majeur, un rôle stratégique en particulier dès qu’un débarquement en Provence aura lieu.

De Gaulle évoquera même l’hypothèse d’un débarquement 100% français dans le secteur…

Ce qui explique ce statut de plus grand maquis de France remonte au début de la guerre.

La situation géographie a attiré au Vercors des catégories de jeunes très diverses.

Les prémices de la résistance naissent à Villars de Lans, dans la partie nord du Vercors. A l’époque c’est une destination touristique huppée prisée, et plusieurs établissements privés parisiens délaissent la capitale pour venir s’y installer, profitant des installations hôtelières nombreuses pour loger les élèves.

Des juifs et des réfugiés sont aussi venus s’y établir…

Un courant grenoblois animé par le maire de l’époque Léon Martin entre aussi en contact avec eux

L’embryon de mouvements résistants en Vercors voit donc progressivement le jour dès 1941.

Il est vite renforcé par l’afflux massif dès 1942 de réfractaires.

De toute la France arrivent des jeunes hommes qui ont refusé le Service du Travail Obligatoire. Le fameux STO institué par Vichy et qui oblige les jeunes hommes âgés entre 18 et 21 ans à partir en Allemagne travailler au profit du Reich.

Ce sont ces jeunes hommes qui vont former les premiers camps de maquisards.

La vie au maquis, ce sont des hébergements de fortune, été comme hiver, trouver les rares sources d’eau de ce massif karstique, effectuer de nombreuses corvées, dont celles éreintantes et pourtant quotidiennes du ravitaillement.

Il y a aussi la formation, l’instruction militaire. Elle est dispensée par des militaires de carrière. Fusils, armes de poings, grenades, il faut pour les jeunes souvent tout apprendre.

S’il y a de plus en plus de jeunes à rejoindre le maquis, c’est aussi parce que la guerre connaît un tournant, et pour la première fois depuis l’humiliation de la défaite, les Français se rendent compte que le cours de la guerre est en train de changer, et que l’armée réputée invincible du Reich montre des signes de faiblesses.

Ce qui a changé, c’est El Alamein, le débarquement allié en Afrique du Nord du 8 novembre 1942, Stalingrad et la terrible retraite de la Wehrmacht, ou encore Guadalcanal dans le Pacifique.

L’enthousiasme et l’espoir d’une revanche renaissent. Le régime de Vichy est unanimement rejeté. Au Vercors, ce sont 9 camps qui voient le jour comme à la ferme d’Ambel ou à Autrans et s’organisent.

La population se montre souvent favorable à l’émergence de ces mouvements de résistance.

Les curés de villages comme Fernand Gagnol à Vassieux, Johannes Vincent à Corrençon -dans leurs homélies et bientôt dans leurs actes- vont soutenir les maquis, encourageant les hommes à refuser le STO.

Des gendarmes comme ceux de La Chapelle En Vercors, pourtant soumis à l’autorité de Vichy, renseignent les réfractaires, sur les mouvements et les positions des unités allemandes.

Hôteliers, cafetiers pratiquent souvent une « neutralité bienveillante » .

Ces camps de fortune improvisés, quasi spontanés vont progressivement se structurer, s’organiser, se militariser.

Le Vercors va même commencer à intéresser Londres et les alliés, dès lors qu’un minutieux plan stratégique est établi, faisant du plateau une base vitale de la résistance.

….

Ce plan stratégique est initié par un architecte de formation également pionnier de l’alpinisme, Pierre Dalloz et par un écrivain, Jean Prévost.

Il porte le nom de « plan Montagnard », car il vise à faire du Vercors, une forteresse, une base armée capable de soutenir les alliés au moment du débarquement en Provence… débarquement que toute la France attend!

Ce plan prévoit des caches d’armes, et l’identification de terrains de parachutages, afin de recevoir du matériel mais aussi des renforts.

En janvier 1943, un journaliste lyonnais, Yves Farge remet l’ébauche de ce plan montagnard à 2 éminences de la France Libre, Jean Moulin et le général Délestraint, chef de l’armée secrète qui emporte le plan à Londres.

Un mois plus tard, en février 1943, comme une reconnaissance et un encouragement, la BBC diffuse le message suivant :

« Les Montagnards doivent continuer à gravir les cimes ».

Au Vercors, ces strophes sonnent comme une validation du plan Montagnard… 

Encouragé, Dalloz rassemble autour de son projet plusieurs militaires de carrières qui ont rejoint la résistance. Plusieurs d’entre eux connaissent bien la montagne et ont servi dans les troupes alpines.

C’est le cas du commandant Marcel Pourchier et du lieutenant Alain Le Ray.

En avril 1943, le général Délestraint -en personne- effectue une visite en Vercors.

Il inspecte le terrain, en compagnie de Dalloz et en prévision de prochaines opérations.

A cet instant, le Vercors est vu pour les uns comme un bastion de la France libérée, pour les autres -comme un foyer de renaissance de l’armée française.

Mais cette illusion est de courte durée. Une vague d’arrestation au printemps 1943 décime des responsables locaux de la résistance, et met fin à l’euphorie.

………………………………….. FIN EPISODE 1

Jean Moulin et le général Délestraint sont arrêtés. Tout comme Le maire de Grenoble, des membres de la famille Huillier et des réseaux de Villars de Lans sont faits prisonniers.  Yves Farge et Pierre Dalloz se savent menacés et quittent la région.

Le plan Vercors est mis en sommeil. Tout le plateau craint pour sa survie

Le Vercors, après quelques semaines de silence, se réorganise sous l’impulsion d’un commandant militaire, Alain Le Ray et d’un chef civil, Eugène Chavant.

Pour survivre, le Vercors se militarise, de jeunes chefs commandent les camps de maquisards, comme les lieutenants Costa de Beauregard.

En cet été 1943  il y a près de 400 volontaires au maquis.

Ils se tiennent prêts à enclencher le plan Montagnard et à entrer en action dès qu’un débarquement allié aura lieu dans le sud de la France.

« tenir quelques jours en bastion avancé, le temps de permettre à des effectifs aéroportés de s’y consolider, puis lancer l’action libératrice en tâche d’huile autour du Vercors ».

La mise en sommeil du Vercors est bien terminée,

Un premier parachutage massif est d’ailleurs organisé par Londres le 13 novembre 1943.

Le sentiment que le débarquement allié est proche attire aussi dès février- mars 1944, de nouvelles vagues de volontaires.

Mais, le Vercors- tenu relativement à l’abri de la répression, voit son existence menacée.

D’abord, après une occupation italienne réputée plus souple, c’est désormais la Wehrmacht qui occupe la région, en particulier la 157ème Division alpine de réserve commandée par le général Pflaum,

En janvier 1944 des combats éclatent aux Grands Boulets. Plusieurs automitrailleuses allemandes affrontent les maquisards, qui doivent prendre la fuite.

Quelques jours plus tard, le 18 mars 1944 les Allemands détruisent le PC tuant 6 maquisards.

En ce printemps 1944, un vent mauvais souffle sur le Vercors, fragilisé par cette série d’accrochages. La forteresse a montré ses limites.

Pourtant, des parachutages de 70 et 75 containers ont lieu à Vassieux, laissant penser que Londres mise toujours sur le Vercors, et sur son fameux plan Montagnard. Mais les chefs du maquis s’inquiètent.

Le chef civil Eugène Chavant se rend en voyage à Alger, les 24 et 25 mai pour mettre au clair la situation.

Dès son retour le 7 juin, l’enthousiasme renaît. A Alger, il a été promis à Chavant 4000 parachutistes. C’est Jacques Soustelle qui le lui aurait promis, le chef même des services secrets français.

Le Vercors reprend espoir, d’autant que cette bonne nouvelle coïncide avec une autre source d’immense espoir, le débarquement de Normandie qui vient d’avoir lieu. Les alliés sont enfin, après 5 ans de guerre, sur le sol français... et le Reich commence à perdre du terrain.

Le débarquement a mobilisé toute la résistance locale ; les sabotages se multiplient et les réseaux de recrutement voient le nombre de candidats  grimper en flèche. De la Drôme, de l’isère, de la Provence, des milliers de jeunes gens affluent.

Un afflux que le nouveau chef militaire du Vercors, François Huet n’avait pas prévu. Ces volontaires montent à pieds, ou en autobus, mais avec souvent peu de discrétion, et ces mouvements intriguent et commencent à alerter les Allemands.

A Londres, le général Koenig qui coordonne les actions de résistance, s’inquiète lui aussi et demande le 10 juin de « freiner au maximum l’action de la guérilla ».

Mais il est déjà trop tard pour faire machine arrière. L’effervescence patriotique a eu raison de la discrétion. Plus question de faire repartir dans les plaines les nouveaux venus.

Les jeunes recrues sont accueillies dans les camps et formés par les officiers et sous-officiers qui les commandent.

Désormais, 3500 soldats plus ou moins aguerris et armés constituent les effectifs du Vercors.

Pour les armer, les nourrir, deux importants parachutages vont avoir lieu les 13 juin à Méaudre, le 15 à Vassieux, 36 appareils larguant plus de 432 containers.

Mais de Grenoble, l’état-major du général Pflaum décide d’aller tester le dispositif militaire des maquisards.

Il lance deux opérations de reconnaissance  les 13 et 15 juin à Saint-Nizier, qui sont toutes les deux repoussées par les maquisards. Les hommes du lieutenant Chabal s’illustrent particulièrement.

Suit après ces 2 accrochages, une période de répit, un îlot de liberté unique, mais très provisoire.

….

Début juillet, le Vercors rétablit la République, et procède comme si la zone avait été libérée.

Les soldats français défilent en tenue, et rétablissent l’armée française, pourtant dissoute 2 ans plus tôt.

Il y a des cérémonies militaires, des bals festifs.

Un préfet est nommé, Eugène Chavant dirige le comité de libération nationale du Vercors.

Des cérémonies comme celles du 14 juillet, ont même lieu avec le concours de la population,

C’est la libération avant l’heure, les élus portent fièrement leurs écharpes, Chasseurs alpins, tirailleurs sénégalais, toutes les unités militaires arborent leurs plus belles tenues.

L’euphorie est à son sommet -lorsqu’a lieu à Vassieux- un nouveau parachutage massif, 72 avions larguant 864 containers.

Mais ce souffle de liberté va brutalement s’arrêter.

Le 21 juillet 1944, l’état-major allemand lance son offensive contre cette zone libre du Vercors.

Cette opération porte un nom de code : Bettina. Elle est décidée le 8 juillet. Elle va devenir l’un des symboles de la répression, de la barbarie, dont le Reich fut capable.

Ce qui motive les Allemands à agir, c’est d’abord, de répondre à ce qu’ils considèrent comme une provocation.

Mais le Vercors est aussi plus que jamais un secteur stratégique, et la montée massive de jeunes gens ne fait qu’accroître pour eux l’urgence d’agir.

10 000 hommes de la 157ème Division du général Pflaum se chargent de mettre en application le plan. Avec des chasseurs alpins, des artilleurs, et des escadrilles de la Luftwaffe.

D’autres groupes sont chargés de verrouiller en contrebas les accès au plateau.

Les panzer du Kampfsgruppe Zabel sont chargés de tenir la région de Die.

Enfin un assaut aéroporté est planifié. 200 hommes atterriront à Vassieux à bord de planeurs. Il s’agit d’un commando spécial appartenant à la Luftwaffe.

Une troupe d’élite spécialement constituée pour briser le maquis en son cœur, et se livrer ensuite dans une répression sans scrupule.

Ce groupe baptisé KG200 est commandé par l’un des jeunes officiers les plus décorés du Reich. Un héros de guerre, qui a reçu les honneurs à plusieurs reprises, des mains du Führer.

Le 14 juillet, alors que le Vercors célèbre sa liberté, le commandant Friedrich Schäfer et ses hommes arrivent à Lyon, dans le plus grand secret.

C’est le général Niehoff qui leur révèle le contenu de la mission. Aux côtés du jeune officier, un certain Werner Knab, responsable du SIPO SD, chef notamment de Klaus Barbie, connu comme « le boucher de Lyon ». Werner Knab prendra place lui aussi avec ce commando très spécial à bord des planeurs.

………………………..;;

      FIN EPISODE 2

De leurs côtés, les résistants savent que l’assaut se prépare, mais ils ne savent ni où ni quand il aura lieu.

Huet concentre ses effectifs sur l’axe le plus vulnérable de son dispositif : entre Lans et Corrençon…

Le 21 juillet à l’aube les chasseurs alpins de la 157ème Division  attaquent au col du croix Perrin et font une percée à Villars de lans qui est tenue dès le soir.

Seul un verrou résiste, celui du lieutenant Chabal au-dessus de Valchevrière.

Mais là où l’assaut va être encore plus spectaculaire, c’est à Vassieux.

A 9 heures, surprise totale, 22 planeurs DFS 230 partis de Bron se posent au nord de Vassieux, et autour des villages de La Mûre et du Château.

Les 200 paras se répartissent entre le centre du village, et celui de la Mûre.

2 planeurs sont détruits, les combats sont d’une violence indescriptible.

Immédiatement les paras s’en prennent aux civils, femmes, enfants, vieillards.

Le soir, les résistants provoquent une contre-attaque qui échoue, mais les Allemands sont sur leurs gardes. Ils sont encerclés et ont peu de réserves en munitions.

D’autant que les orages empêchent les renforts de se poser.

La nuit est terrible.

Le 23 juillet 1944, 20 planeurs, les fameux renforts se posent à Vassieux. A leur bord, des soldats d’une redoutable férocité, des Ost Truppen, recrutés parmi les prisonniers soviétiques et originaires d’Asie Centrale. Ils viennent avec des munitions, de l’artillerie.

Le Vercors est en mauvaise posture, d’autant que la situation n’est guère meilleure sur les autres fronts.

A Valchevrière, malgré une intense résistance, les hommes du lieutenant Chabal cèdent... la plupart sont tués.

Le village est incendié.

Dans la soirée, Huet donne l’ordre de dispersion.

Chaque unité doit quitter sa position et se réfugier là où elle le pourra, en particulier dans les forêts.

Le bilan de ces journées fait état de 840 tués, 639 résistants et 201 civils.

Côté allemand, 65 tués, 18 disparus et 133 blessés.

50 % des tués le sont non pas au combat mais peu après leur capture ou par le biais des exactions.

Les Allemands se livrent à une chasse à l’homme sans scrupule, qui n’épargne personne, ni les hommes en âge de combattre ni les femmes, ni même les enfants.

A Vassieux, 72 habitants perdent la vie. L’épuration se traduit par des crimes d’une cruauté que l’imagination a dû mal encore aujourd’hui à se représenter.

Les blessés sont eux aussi exécutés, comme dans la fameuse grotte de la Luire…

C’est pour ces atrocités que le Vercors est aussi entré dans la légende noire des exactions du Reich. Longtemps, habitants, historiens ont cherché à comprendre qui avait procédé à ces basses œuvres, et pourquoi.

Le 27 juillet, soit 4 jours après la fin des combats, Pflaum ordonne de ratisser le Vercors et d’incendier les maisons, le bétail…

Les villages de Vassieux et de La Chapelle sont détruits à 97 et 95%

Le Vercors doit pour la liberté qu’elle avait un temps retrouvé, payer le prix fort.

Ces maquisards survivants vont après des semaines de survie, reprendre le combat.

Beaucoup participeront aux libérations de Grenoble ou de Lyon.

Le bataillon du Vercors défilera même réuni, en premier dans les rues de la capitale des Gaules, place Bellecour.

Quelques mois après l’horreur, la population aidée par l’état et beaucoup par le don suisse reconstruit les villages martyrs…

Mais une question lancinante ne quitte pas les survivants. Le Vercors a-t-il été trahi. Pourquoi les parachutistes prévus par Soustelle ne sont jamais arrivés ?

Description

  MAQUIS DU VERCORS - Episode 2

📟Romain Clément / 🎬 Joubert des Ouches

Compositions musicales originales Tous droits réservésIls étaient 4 000, étudiants, lycéens, militaires de carrière,

curés, gendarmes. Il y avait parmi eux des juifs, des tirailleurs sénégalais, des hommes de toutes convictions politiques…

Ils avaient fait du Vercors le plus important maquis de France.

Le Vercors grâce à eux avait même en pleine occupation rétabli la République, fondé une île de liberté. 

Le drapeau de la France y flottait librement, jusqu’à ce que le haut-commandement allemand décide de faire du Vercors un exemple.

Le 21 juillet 1944, les troupes allemandes lancent l’opération Bettina. Leur objectif: anéantir le maquis, traumatiser, violenter la population, puis raser, brûler toutes les fermes, afin d’empêcher le maquis de renaître de ses cendres.

Maquisards, civils, femmes, enfants, même les bêtes seront les victimes d’un déferlement de violence. Les Allemands vont choisir au Vercors l’anéantissement par la barbarie.

Vassieux, La Chapelle en Vercors, Valchevrière… Des villages martyrs qui portent encore aujourd’hui les stigmates de cette épopée tragique du Vercors.

….

Si le Vercors est entré dans l’histoire, c’est parce qu’il fut le plus important maquis de France. 4000 jeunes gens répartis sur une surface immense, et le Vercors doit jouer un rôle majeur, un rôle stratégique en particulier dès qu’un débarquement en Provence aura lieu.

De Gaulle évoquera même l’hypothèse d’un débarquement 100% français dans le secteur…

Ce qui explique ce statut de plus grand maquis de France remonte au début de la guerre.

La situation géographie a attiré au Vercors des catégories de jeunes très diverses.

Les prémices de la résistance naissent à Villars de Lans, dans la partie nord du Vercors. A l’époque c’est une destination touristique huppée prisée, et plusieurs établissements privés parisiens délaissent la capitale pour venir s’y installer, profitant des installations hôtelières nombreuses pour loger les élèves.

Des juifs et des réfugiés sont aussi venus s’y établir…

Un courant grenoblois animé par le maire de l’époque Léon Martin entre aussi en contact avec eux

L’embryon de mouvements résistants en Vercors voit donc progressivement le jour dès 1941.

Il est vite renforcé par l’afflux massif dès 1942 de réfractaires.

De toute la France arrivent des jeunes hommes qui ont refusé le Service du Travail Obligatoire. Le fameux STO institué par Vichy et qui oblige les jeunes hommes âgés entre 18 et 21 ans à partir en Allemagne travailler au profit du Reich.

Ce sont ces jeunes hommes qui vont former les premiers camps de maquisards.

La vie au maquis, ce sont des hébergements de fortune, été comme hiver, trouver les rares sources d’eau de ce massif karstique, effectuer de nombreuses corvées, dont celles éreintantes et pourtant quotidiennes du ravitaillement.

Il y a aussi la formation, l’instruction militaire. Elle est dispensée par des militaires de carrière. Fusils, armes de poings, grenades, il faut pour les jeunes souvent tout apprendre.

S’il y a de plus en plus de jeunes à rejoindre le maquis, c’est aussi parce que la guerre connaît un tournant, et pour la première fois depuis l’humiliation de la défaite, les Français se rendent compte que le cours de la guerre est en train de changer, et que l’armée réputée invincible du Reich montre des signes de faiblesses.

Ce qui a changé, c’est El Alamein, le débarquement allié en Afrique du Nord du 8 novembre 1942, Stalingrad et la terrible retraite de la Wehrmacht, ou encore Guadalcanal dans le Pacifique.

L’enthousiasme et l’espoir d’une revanche renaissent. Le régime de Vichy est unanimement rejeté. Au Vercors, ce sont 9 camps qui voient le jour comme à la ferme d’Ambel ou à Autrans et s’organisent.

La population se montre souvent favorable à l’émergence de ces mouvements de résistance.

Les curés de villages comme Fernand Gagnol à Vassieux, Johannes Vincent à Corrençon -dans leurs homélies et bientôt dans leurs actes- vont soutenir les maquis, encourageant les hommes à refuser le STO.

Des gendarmes comme ceux de La Chapelle En Vercors, pourtant soumis à l’autorité de Vichy, renseignent les réfractaires, sur les mouvements et les positions des unités allemandes.

Hôteliers, cafetiers pratiquent souvent une « neutralité bienveillante » .

Ces camps de fortune improvisés, quasi spontanés vont progressivement se structurer, s’organiser, se militariser.

Le Vercors va même commencer à intéresser Londres et les alliés, dès lors qu’un minutieux plan stratégique est établi, faisant du plateau une base vitale de la résistance.

….

Ce plan stratégique est initié par un architecte de formation également pionnier de l’alpinisme, Pierre Dalloz et par un écrivain, Jean Prévost.

Il porte le nom de « plan Montagnard », car il vise à faire du Vercors, une forteresse, une base armée capable de soutenir les alliés au moment du débarquement en Provence… débarquement que toute la France attend!

Ce plan prévoit des caches d’armes, et l’identification de terrains de parachutages, afin de recevoir du matériel mais aussi des renforts.

En janvier 1943, un journaliste lyonnais, Yves Farge remet l’ébauche de ce plan montagnard à 2 éminences de la France Libre, Jean Moulin et le général Délestraint, chef de l’armée secrète qui emporte le plan à Londres.

Un mois plus tard, en février 1943, comme une reconnaissance et un encouragement, la BBC diffuse le message suivant :

« Les Montagnards doivent continuer à gravir les cimes ».

Au Vercors, ces strophes sonnent comme une validation du plan Montagnard… 

Encouragé, Dalloz rassemble autour de son projet plusieurs militaires de carrières qui ont rejoint la résistance. Plusieurs d’entre eux connaissent bien la montagne et ont servi dans les troupes alpines.

C’est le cas du commandant Marcel Pourchier et du lieutenant Alain Le Ray.

En avril 1943, le général Délestraint -en personne- effectue une visite en Vercors.

Il inspecte le terrain, en compagnie de Dalloz et en prévision de prochaines opérations.

A cet instant, le Vercors est vu pour les uns comme un bastion de la France libérée, pour les autres -comme un foyer de renaissance de l’armée française.

Mais cette illusion est de courte durée. Une vague d’arrestation au printemps 1943 décime des responsables locaux de la résistance, et met fin à l’euphorie.

………………………………….. FIN EPISODE 1

Jean Moulin et le général Délestraint sont arrêtés. Tout comme Le maire de Grenoble, des membres de la famille Huillier et des réseaux de Villars de Lans sont faits prisonniers.  Yves Farge et Pierre Dalloz se savent menacés et quittent la région.

Le plan Vercors est mis en sommeil. Tout le plateau craint pour sa survie

Le Vercors, après quelques semaines de silence, se réorganise sous l’impulsion d’un commandant militaire, Alain Le Ray et d’un chef civil, Eugène Chavant.

Pour survivre, le Vercors se militarise, de jeunes chefs commandent les camps de maquisards, comme les lieutenants Costa de Beauregard.

En cet été 1943  il y a près de 400 volontaires au maquis.

Ils se tiennent prêts à enclencher le plan Montagnard et à entrer en action dès qu’un débarquement allié aura lieu dans le sud de la France.

« tenir quelques jours en bastion avancé, le temps de permettre à des effectifs aéroportés de s’y consolider, puis lancer l’action libératrice en tâche d’huile autour du Vercors ».

La mise en sommeil du Vercors est bien terminée,

Un premier parachutage massif est d’ailleurs organisé par Londres le 13 novembre 1943.

Le sentiment que le débarquement allié est proche attire aussi dès février- mars 1944, de nouvelles vagues de volontaires.

Mais, le Vercors- tenu relativement à l’abri de la répression, voit son existence menacée.

D’abord, après une occupation italienne réputée plus souple, c’est désormais la Wehrmacht qui occupe la région, en particulier la 157ème Division alpine de réserve commandée par le général Pflaum,

En janvier 1944 des combats éclatent aux Grands Boulets. Plusieurs automitrailleuses allemandes affrontent les maquisards, qui doivent prendre la fuite.

Quelques jours plus tard, le 18 mars 1944 les Allemands détruisent le PC tuant 6 maquisards.

En ce printemps 1944, un vent mauvais souffle sur le Vercors, fragilisé par cette série d’accrochages. La forteresse a montré ses limites.

Pourtant, des parachutages de 70 et 75 containers ont lieu à Vassieux, laissant penser que Londres mise toujours sur le Vercors, et sur son fameux plan Montagnard. Mais les chefs du maquis s’inquiètent.

Le chef civil Eugène Chavant se rend en voyage à Alger, les 24 et 25 mai pour mettre au clair la situation.

Dès son retour le 7 juin, l’enthousiasme renaît. A Alger, il a été promis à Chavant 4000 parachutistes. C’est Jacques Soustelle qui le lui aurait promis, le chef même des services secrets français.

Le Vercors reprend espoir, d’autant que cette bonne nouvelle coïncide avec une autre source d’immense espoir, le débarquement de Normandie qui vient d’avoir lieu. Les alliés sont enfin, après 5 ans de guerre, sur le sol français... et le Reich commence à perdre du terrain.

Le débarquement a mobilisé toute la résistance locale ; les sabotages se multiplient et les réseaux de recrutement voient le nombre de candidats  grimper en flèche. De la Drôme, de l’isère, de la Provence, des milliers de jeunes gens affluent.

Un afflux que le nouveau chef militaire du Vercors, François Huet n’avait pas prévu. Ces volontaires montent à pieds, ou en autobus, mais avec souvent peu de discrétion, et ces mouvements intriguent et commencent à alerter les Allemands.

A Londres, le général Koenig qui coordonne les actions de résistance, s’inquiète lui aussi et demande le 10 juin de « freiner au maximum l’action de la guérilla ».

Mais il est déjà trop tard pour faire machine arrière. L’effervescence patriotique a eu raison de la discrétion. Plus question de faire repartir dans les plaines les nouveaux venus.

Les jeunes recrues sont accueillies dans les camps et formés par les officiers et sous-officiers qui les commandent.

Désormais, 3500 soldats plus ou moins aguerris et armés constituent les effectifs du Vercors.

Pour les armer, les nourrir, deux importants parachutages vont avoir lieu les 13 juin à Méaudre, le 15 à Vassieux, 36 appareils larguant plus de 432 containers.

Mais de Grenoble, l’état-major du général Pflaum décide d’aller tester le dispositif militaire des maquisards.

Il lance deux opérations de reconnaissance  les 13 et 15 juin à Saint-Nizier, qui sont toutes les deux repoussées par les maquisards. Les hommes du lieutenant Chabal s’illustrent particulièrement.

Suit après ces 2 accrochages, une période de répit, un îlot de liberté unique, mais très provisoire.

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Début juillet, le Vercors rétablit la République, et procède comme si la zone avait été libérée.

Les soldats français défilent en tenue, et rétablissent l’armée française, pourtant dissoute 2 ans plus tôt.

Il y a des cérémonies militaires, des bals festifs.

Un préfet est nommé, Eugène Chavant dirige le comité de libération nationale du Vercors.

Des cérémonies comme celles du 14 juillet, ont même lieu avec le concours de la population,

C’est la libération avant l’heure, les élus portent fièrement leurs écharpes, Chasseurs alpins, tirailleurs sénégalais, toutes les unités militaires arborent leurs plus belles tenues.

L’euphorie est à son sommet -lorsqu’a lieu à Vassieux- un nouveau parachutage massif, 72 avions larguant 864 containers.

Mais ce souffle de liberté va brutalement s’arrêter.

Le 21 juillet 1944, l’état-major allemand lance son offensive contre cette zone libre du Vercors.

Cette opération porte un nom de code : Bettina. Elle est décidée le 8 juillet. Elle va devenir l’un des symboles de la répression, de la barbarie, dont le Reich fut capable.

Ce qui motive les Allemands à agir, c’est d’abord, de répondre à ce qu’ils considèrent comme une provocation.

Mais le Vercors est aussi plus que jamais un secteur stratégique, et la montée massive de jeunes gens ne fait qu’accroître pour eux l’urgence d’agir.

10 000 hommes de la 157ème Division du général Pflaum se chargent de mettre en application le plan. Avec des chasseurs alpins, des artilleurs, et des escadrilles de la Luftwaffe.

D’autres groupes sont chargés de verrouiller en contrebas les accès au plateau.

Les panzer du Kampfsgruppe Zabel sont chargés de tenir la région de Die.

Enfin un assaut aéroporté est planifié. 200 hommes atterriront à Vassieux à bord de planeurs. Il s’agit d’un commando spécial appartenant à la Luftwaffe.

Une troupe d’élite spécialement constituée pour briser le maquis en son cœur, et se livrer ensuite dans une répression sans scrupule.

Ce groupe baptisé KG200 est commandé par l’un des jeunes officiers les plus décorés du Reich. Un héros de guerre, qui a reçu les honneurs à plusieurs reprises, des mains du Führer.

Le 14 juillet, alors que le Vercors célèbre sa liberté, le commandant Friedrich Schäfer et ses hommes arrivent à Lyon, dans le plus grand secret.

C’est le général Niehoff qui leur révèle le contenu de la mission. Aux côtés du jeune officier, un certain Werner Knab, responsable du SIPO SD, chef notamment de Klaus Barbie, connu comme « le boucher de Lyon ». Werner Knab prendra place lui aussi avec ce commando très spécial à bord des planeurs.

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      FIN EPISODE 2

De leurs côtés, les résistants savent que l’assaut se prépare, mais ils ne savent ni où ni quand il aura lieu.

Huet concentre ses effectifs sur l’axe le plus vulnérable de son dispositif : entre Lans et Corrençon…

Le 21 juillet à l’aube les chasseurs alpins de la 157ème Division  attaquent au col du croix Perrin et font une percée à Villars de lans qui est tenue dès le soir.

Seul un verrou résiste, celui du lieutenant Chabal au-dessus de Valchevrière.

Mais là où l’assaut va être encore plus spectaculaire, c’est à Vassieux.

A 9 heures, surprise totale, 22 planeurs DFS 230 partis de Bron se posent au nord de Vassieux, et autour des villages de La Mûre et du Château.

Les 200 paras se répartissent entre le centre du village, et celui de la Mûre.

2 planeurs sont détruits, les combats sont d’une violence indescriptible.

Immédiatement les paras s’en prennent aux civils, femmes, enfants, vieillards.

Le soir, les résistants provoquent une contre-attaque qui échoue, mais les Allemands sont sur leurs gardes. Ils sont encerclés et ont peu de réserves en munitions.

D’autant que les orages empêchent les renforts de se poser.

La nuit est terrible.

Le 23 juillet 1944, 20 planeurs, les fameux renforts se posent à Vassieux. A leur bord, des soldats d’une redoutable férocité, des Ost Truppen, recrutés parmi les prisonniers soviétiques et originaires d’Asie Centrale. Ils viennent avec des munitions, de l’artillerie.

Le Vercors est en mauvaise posture, d’autant que la situation n’est guère meilleure sur les autres fronts.

A Valchevrière, malgré une intense résistance, les hommes du lieutenant Chabal cèdent... la plupart sont tués.

Le village est incendié.

Dans la soirée, Huet donne l’ordre de dispersion.

Chaque unité doit quitter sa position et se réfugier là où elle le pourra, en particulier dans les forêts.

Le bilan de ces journées fait état de 840 tués, 639 résistants et 201 civils.

Côté allemand, 65 tués, 18 disparus et 133 blessés.

50 % des tués le sont non pas au combat mais peu après leur capture ou par le biais des exactions.

Les Allemands se livrent à une chasse à l’homme sans scrupule, qui n’épargne personne, ni les hommes en âge de combattre ni les femmes, ni même les enfants.

A Vassieux, 72 habitants perdent la vie. L’épuration se traduit par des crimes d’une cruauté que l’imagination a dû mal encore aujourd’hui à se représenter.

Les blessés sont eux aussi exécutés, comme dans la fameuse grotte de la Luire…

C’est pour ces atrocités que le Vercors est aussi entré dans la légende noire des exactions du Reich. Longtemps, habitants, historiens ont cherché à comprendre qui avait procédé à ces basses œuvres, et pourquoi.

Le 27 juillet, soit 4 jours après la fin des combats, Pflaum ordonne de ratisser le Vercors et d’incendier les maisons, le bétail…

Les villages de Vassieux et de La Chapelle sont détruits à 97 et 95%

Le Vercors doit pour la liberté qu’elle avait un temps retrouvé, payer le prix fort.

Ces maquisards survivants vont après des semaines de survie, reprendre le combat.

Beaucoup participeront aux libérations de Grenoble ou de Lyon.

Le bataillon du Vercors défilera même réuni, en premier dans les rues de la capitale des Gaules, place Bellecour.

Quelques mois après l’horreur, la population aidée par l’état et beaucoup par le don suisse reconstruit les villages martyrs…

Mais une question lancinante ne quitte pas les survivants. Le Vercors a-t-il été trahi. Pourquoi les parachutistes prévus par Soustelle ne sont jamais arrivés ?

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