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Le Souffle de l'Histoire

Le combat de Camerone

Le combat de Camerone

18min |27/04/2020|

7384

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Le combat de Camerone

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Description

📟 Texte et récit : Romain Clément

🎬 Compositions musicales et montage : Armel Joubert des Ouches

Nous partons aujourd’hui au Mexique, pour vivre un combat, très particulier qui s’est déroulé à Camerone, le 30 avril 1863.

Depuis, chaque 30 avril, les légionnaires, quel que soit l’endroit où ils se trouvent, au quartier, en Opérations, commémorent ce combat de Camerone, fait d’arme qui reprend toutes les valeurs auxquelles les légionnaires sont attachés :  sens de l’engagement, culte de la mission, respect de la parole donnée.


A Aubagne, la maison mère de la légion, chaque 30 avril, la cérémonie se déroule devant des centaines de personnes, face à l’impressionnant monument aux morts.

Moment fort, lorsque les pionniers de la légion, avec leur tablier de buffle, leur hache à l’épaule droite, s’avancent, au rythme de 88 pas minutes, vers ce monument. 

Les pionniers entourent une personnalité, ancien légionnaire -choisi- pour avoir l’honneur de porter une relique vénérée, la main d’un des héros de ce combat de Camerone, le capitaine Danjou.


Dos au monument, le porteur de main et sa garde- écoutent le fameux récit du Combat de Camerone :

« Ils furent ici moins de 60 ans, opposés à toute une armée, sa masse les écrasa, la vie plutôt que le courage abandonna ses soldats français le 30 avril 1863 » 

Camerone, c’est la fête de la légion, chaque légionnaire y renouvelle -en quelque sorte- son engagement pour la France avec honneur et fidélité.

Voici, l’histoire du combat de Camerone : mythe fondateur de la légion étrangère

…………………………………………………………………

Que diable venaient faire en plein cœur du Mexique, ces légionnaires français ?

Le Mexique est un pays indépendant, il s’est libéré en 1821 de 3 siècles de tutelle espagnole, et les présidents successifs ont depuis la proclamation de l’indépendance contracté de nombreux emprunts.

En 1860, le nouveau président mexicain, un certain Benito Juarez décide de ne plus rembourser la dette du pays, contracté par ses prédécesseurs auprès de l’Espagne, de la France et du Royaume Uni. 

Colère des capitales européennes, qui dépêchent des troupes.

En 1862 les corps expéditionnaires venus d’Europe débarquent à Vera Cruz.

Les Français sont au nombre de 6500 hommes.

Pour Napoléon III, qui est au pouvoir en France, cette intervention n’est pas uniquement motivée par le non-remboursement, il veut contre-carrer l’empire américain, auquel Juarez est allié, pour fonder un empire sud-américain catholique et latin.

………..

Ce corps expéditionnaire souffre, des maladies comme la fièvre jaune déciment les unités.

Mais l’état-major français s’est fixé un objectif : assiéger la citadelle de Juarez, basée à Puebla, 110 kilomètres au sud-est de Mexico.

Mais le siège échoue.

Une nouvelle opération similaire, est montée le 16 mars 1862.

Mais cette fois, les Français ont reçu du renfort, en particulier 2 bataillons de la très récente unité, la légion étrangère, qui a vu le jour en 1831, sous Louis Philippe.

C’est le colonel Jeanningros qui commande l’effectif légionnaire. Et il a reçu pour mission d’assurer la sécurité de la piste, la seule praticable pour que les convois logistiques venus de Vera Cruz arrivent à PUEBLA. 

Jeanningros apprend qu’un convoi doit être attaqué, un convoi stratégique car il transporte du matériel, des vivres, et de l’or.

Il commande alors à la 3ème compagnie du Régiment étranger de mener une mission de reconnaissance.

60 hommes commandés par 3 officiers, le capitaine Jean Danjou, et les sous-lieutenants Vilain et Maudet partent pour cette mission de reconnaissance, au matin du 30 avril 1863.

…………………………..

La particularité de Danjou est qu’en Algérie, à Sidi Bel Abès, le fief de la légion, il a été victime d’un accident, et sa main a été arrachée. Il porte une sorte de prothèse en bois, la fameuse main du capitaine Danjou.

….

Ce 30 avril 1863, Ă  1h du matin, la compagnie se met en route.

Après 20 kilomètres de marche, les légionnaires atteignent Camerone puis bifurquent en direction d’un petit village La Joya… Mais c’est là que les troupes mexicaines les repèrent…

Danjou continue encore quelques kilomètres avec sa troupe et marche vers Palo Verde où il ordonne une halte.

Il est 8 h du matin, les hommes se posent, mais très rapidement, les sentinelles qui montent la garde, signalent un épais nuage de poussière, c’est la cavalerie adverse qui cherche à localiser les légionnaires.

Ces derniers se mettent à couvert, Danjou décide de reprendre la route de Camerone -où il estime que la troupe sera plus en sécurité, mais à peine de retour à Camerone, l’unité française est attaquée, à hauteur de la fameuse hacienda, le théâtre de la tragédie… 

….

La résistance des légionnaires est efficace, ils tiennent en échec la charge mexicaine de cavalerie, mais les mulets qui portent les munitions, effrayés par le vacarme fuient…

Le colonel Milan dirige les forces mexicaines, 6000 fantassins, et 2000 cavaliers. Enorme supériorité numérique, comparé à nos 63 valeureux légionnaires.

2ème assaut, une nouvelle fois repoussé par les légionnaires qui déchargent leurs munitions sur les cavaliers… Danjou doit réarticuler son dispositif, et se replie avec ses hommes dans l’hacienda, au cri de Vive l’Empereur… il est 9h30 du matin…

La situation est critique pour les légionnaires qui n’ont rien mangé depuis la veille au soir, et manquent d’eau. Ils se barricadent comme ils le peuvent dans l’hacienda. 

A 10h, un officier mexicain ordonne Ă  Danjou de se rendre.

« Nous ne nous rendrons pas répond un sergent français posté sur le toit aux Mexicains ».

Danjou fait alors promettre à ses hommes de ne pas se rendre, et de lutter jusqu’à la mort…

Vers 10h du matin, nouvel assaut des Mexicains, au corps à corps, et ces derniers progressent dans l’hacienda. Ils mettent le feu à certains endroits.

Après 2 heures d’un combat acharné, le capitaine Danjou, on est aux alentours de midi, est tué.

Il est immédiatement remplacé par le sous-lieutenant Vilain. 

Mais la situation se détériore encore, au moment où le clairon de nouveaux renforts mexicains se fait entendre… 

A 14h, Vilain est tué à son tour, remplacé par le sous-lieutenant Baudet…

Nouvelle offre de reddition des Mexicains, nouveau rejet… 

Et nouvel assaut d’une rare violence : les légionnaires ne sont plus que 5. 

Vers 17h, le colonel mexicain exhorte ses troupes à enfin en finir, face à cette troupe, exténuée, privée de vivres, de munitions et bien inférieure en nombre.

Mais le sous-lieutenant Baudet, dans un dernier baroud, alors que tout est perdu, ordonne à ses 5 hommes de se ruer sur leurs adversaires, baïonnettes au canon, et de tirer leur dernière cartouche.

Dans cet assaut, un légionnaire Victor Catteau est fauché, Baudet est blessé.

Un officier mexicain s’avance alors vers les derniers légionnaires encore debout et leur demande de se rendre : 

Le caporal Maine leur dit : « nous ne nous rendrons que si vous nous laissez nos armes, et soignez nos blessés » … 

Réponse de l’officier, en français: « on ne refuse rien à des hommes comme vous »…

….

Les Blessés seront soignés, même si beaucoup ne survivront pas à leurs blessures, et au terrible climat qui fait rage. 

….

Le lendemain, un légionnaire du nom de Laï, laissé pour mort dans les combats est recueilli par une colonne française et il effectue le premier récit de ce combat héroïque…

Les pertes côté mexicain vont dissuader le colonel Milan de s’attaquer au convoi, ce dernier arrivera sans encombre, ce qui fait dire aux légionnaires que Camerone est une victoire, désespérée mais le culte de la mission a primé, et les objectifs ont été atteints.  

Le convoi pourra rejoindre Puebla. La citadelle tombe alors aux mains des Français. 

De Puebla, la voie est libre au corps expéditionnaire français pour marcher vers Mexico. 

Le président Juarez quitte le pouvoir, et c’est un descendant des Hasbourg, l’archiduc Maximilien D’autriche qui se voit confier le trône, en accord avec les plans de Napoléon III.

Depuis cet épisode, Camerone est inscrit sur le drapeau tricolore de la légion sous sa devise « Honneur et Fidélité ».

Les noms du capitaine Danjou et des sous-lieutenants Vilain et Maudet sont gravés sur les murs des Invalides.

Ce qui reste, au-delà du combat, c’est l’esprit Camerone, et « faire Camerone » est toujours une expression utilisée à la légion… lorsqu’il faut accomplir la mission reçue, et ce jusqu’au sacrifice suprême…


Porter la fameuse main du capitaine Danjou est depuis un honneur suprême pour tout légionnaire.


Elle est conservée dans la crypte du musée de la Légion étrangère, et ne ressort que pour fêter l’héroïque combat de Camerone, chaque 30 avril…

Description

📟 Texte et récit : Romain Clément

🎬 Compositions musicales et montage : Armel Joubert des Ouches

Nous partons aujourd’hui au Mexique, pour vivre un combat, très particulier qui s’est déroulé à Camerone, le 30 avril 1863.

Depuis, chaque 30 avril, les légionnaires, quel que soit l’endroit où ils se trouvent, au quartier, en Opérations, commémorent ce combat de Camerone, fait d’arme qui reprend toutes les valeurs auxquelles les légionnaires sont attachés :  sens de l’engagement, culte de la mission, respect de la parole donnée.


A Aubagne, la maison mère de la légion, chaque 30 avril, la cérémonie se déroule devant des centaines de personnes, face à l’impressionnant monument aux morts.

Moment fort, lorsque les pionniers de la légion, avec leur tablier de buffle, leur hache à l’épaule droite, s’avancent, au rythme de 88 pas minutes, vers ce monument. 

Les pionniers entourent une personnalité, ancien légionnaire -choisi- pour avoir l’honneur de porter une relique vénérée, la main d’un des héros de ce combat de Camerone, le capitaine Danjou.


Dos au monument, le porteur de main et sa garde- écoutent le fameux récit du Combat de Camerone :

« Ils furent ici moins de 60 ans, opposés à toute une armée, sa masse les écrasa, la vie plutôt que le courage abandonna ses soldats français le 30 avril 1863 » 

Camerone, c’est la fête de la légion, chaque légionnaire y renouvelle -en quelque sorte- son engagement pour la France avec honneur et fidélité.

Voici, l’histoire du combat de Camerone : mythe fondateur de la légion étrangère

…………………………………………………………………

Que diable venaient faire en plein cœur du Mexique, ces légionnaires français ?

Le Mexique est un pays indépendant, il s’est libéré en 1821 de 3 siècles de tutelle espagnole, et les présidents successifs ont depuis la proclamation de l’indépendance contracté de nombreux emprunts.

En 1860, le nouveau président mexicain, un certain Benito Juarez décide de ne plus rembourser la dette du pays, contracté par ses prédécesseurs auprès de l’Espagne, de la France et du Royaume Uni. 

Colère des capitales européennes, qui dépêchent des troupes.

En 1862 les corps expéditionnaires venus d’Europe débarquent à Vera Cruz.

Les Français sont au nombre de 6500 hommes.

Pour Napoléon III, qui est au pouvoir en France, cette intervention n’est pas uniquement motivée par le non-remboursement, il veut contre-carrer l’empire américain, auquel Juarez est allié, pour fonder un empire sud-américain catholique et latin.

………..

Ce corps expéditionnaire souffre, des maladies comme la fièvre jaune déciment les unités.

Mais l’état-major français s’est fixé un objectif : assiéger la citadelle de Juarez, basée à Puebla, 110 kilomètres au sud-est de Mexico.

Mais le siège échoue.

Une nouvelle opération similaire, est montée le 16 mars 1862.

Mais cette fois, les Français ont reçu du renfort, en particulier 2 bataillons de la très récente unité, la légion étrangère, qui a vu le jour en 1831, sous Louis Philippe.

C’est le colonel Jeanningros qui commande l’effectif légionnaire. Et il a reçu pour mission d’assurer la sécurité de la piste, la seule praticable pour que les convois logistiques venus de Vera Cruz arrivent à PUEBLA. 

Jeanningros apprend qu’un convoi doit être attaqué, un convoi stratégique car il transporte du matériel, des vivres, et de l’or.

Il commande alors à la 3ème compagnie du Régiment étranger de mener une mission de reconnaissance.

60 hommes commandés par 3 officiers, le capitaine Jean Danjou, et les sous-lieutenants Vilain et Maudet partent pour cette mission de reconnaissance, au matin du 30 avril 1863.

…………………………..

La particularité de Danjou est qu’en Algérie, à Sidi Bel Abès, le fief de la légion, il a été victime d’un accident, et sa main a été arrachée. Il porte une sorte de prothèse en bois, la fameuse main du capitaine Danjou.

….

Ce 30 avril 1863, Ă  1h du matin, la compagnie se met en route.

Après 20 kilomètres de marche, les légionnaires atteignent Camerone puis bifurquent en direction d’un petit village La Joya… Mais c’est là que les troupes mexicaines les repèrent…

Danjou continue encore quelques kilomètres avec sa troupe et marche vers Palo Verde où il ordonne une halte.

Il est 8 h du matin, les hommes se posent, mais très rapidement, les sentinelles qui montent la garde, signalent un épais nuage de poussière, c’est la cavalerie adverse qui cherche à localiser les légionnaires.

Ces derniers se mettent à couvert, Danjou décide de reprendre la route de Camerone -où il estime que la troupe sera plus en sécurité, mais à peine de retour à Camerone, l’unité française est attaquée, à hauteur de la fameuse hacienda, le théâtre de la tragédie… 

….

La résistance des légionnaires est efficace, ils tiennent en échec la charge mexicaine de cavalerie, mais les mulets qui portent les munitions, effrayés par le vacarme fuient…

Le colonel Milan dirige les forces mexicaines, 6000 fantassins, et 2000 cavaliers. Enorme supériorité numérique, comparé à nos 63 valeureux légionnaires.

2ème assaut, une nouvelle fois repoussé par les légionnaires qui déchargent leurs munitions sur les cavaliers… Danjou doit réarticuler son dispositif, et se replie avec ses hommes dans l’hacienda, au cri de Vive l’Empereur… il est 9h30 du matin…

La situation est critique pour les légionnaires qui n’ont rien mangé depuis la veille au soir, et manquent d’eau. Ils se barricadent comme ils le peuvent dans l’hacienda. 

A 10h, un officier mexicain ordonne Ă  Danjou de se rendre.

« Nous ne nous rendrons pas répond un sergent français posté sur le toit aux Mexicains ».

Danjou fait alors promettre à ses hommes de ne pas se rendre, et de lutter jusqu’à la mort…

Vers 10h du matin, nouvel assaut des Mexicains, au corps à corps, et ces derniers progressent dans l’hacienda. Ils mettent le feu à certains endroits.

Après 2 heures d’un combat acharné, le capitaine Danjou, on est aux alentours de midi, est tué.

Il est immédiatement remplacé par le sous-lieutenant Vilain. 

Mais la situation se détériore encore, au moment où le clairon de nouveaux renforts mexicains se fait entendre… 

A 14h, Vilain est tué à son tour, remplacé par le sous-lieutenant Baudet…

Nouvelle offre de reddition des Mexicains, nouveau rejet… 

Et nouvel assaut d’une rare violence : les légionnaires ne sont plus que 5. 

Vers 17h, le colonel mexicain exhorte ses troupes à enfin en finir, face à cette troupe, exténuée, privée de vivres, de munitions et bien inférieure en nombre.

Mais le sous-lieutenant Baudet, dans un dernier baroud, alors que tout est perdu, ordonne à ses 5 hommes de se ruer sur leurs adversaires, baïonnettes au canon, et de tirer leur dernière cartouche.

Dans cet assaut, un légionnaire Victor Catteau est fauché, Baudet est blessé.

Un officier mexicain s’avance alors vers les derniers légionnaires encore debout et leur demande de se rendre : 

Le caporal Maine leur dit : « nous ne nous rendrons que si vous nous laissez nos armes, et soignez nos blessés » … 

Réponse de l’officier, en français: « on ne refuse rien à des hommes comme vous »…

….

Les Blessés seront soignés, même si beaucoup ne survivront pas à leurs blessures, et au terrible climat qui fait rage. 

….

Le lendemain, un légionnaire du nom de Laï, laissé pour mort dans les combats est recueilli par une colonne française et il effectue le premier récit de ce combat héroïque…

Les pertes côté mexicain vont dissuader le colonel Milan de s’attaquer au convoi, ce dernier arrivera sans encombre, ce qui fait dire aux légionnaires que Camerone est une victoire, désespérée mais le culte de la mission a primé, et les objectifs ont été atteints.  

Le convoi pourra rejoindre Puebla. La citadelle tombe alors aux mains des Français. 

De Puebla, la voie est libre au corps expéditionnaire français pour marcher vers Mexico. 

Le président Juarez quitte le pouvoir, et c’est un descendant des Hasbourg, l’archiduc Maximilien D’autriche qui se voit confier le trône, en accord avec les plans de Napoléon III.

Depuis cet épisode, Camerone est inscrit sur le drapeau tricolore de la légion sous sa devise « Honneur et Fidélité ».

Les noms du capitaine Danjou et des sous-lieutenants Vilain et Maudet sont gravés sur les murs des Invalides.

Ce qui reste, au-delà du combat, c’est l’esprit Camerone, et « faire Camerone » est toujours une expression utilisée à la légion… lorsqu’il faut accomplir la mission reçue, et ce jusqu’au sacrifice suprême…


Porter la fameuse main du capitaine Danjou est depuis un honneur suprême pour tout légionnaire.


Elle est conservée dans la crypte du musée de la Légion étrangère, et ne ressort que pour fêter l’héroïque combat de Camerone, chaque 30 avril…

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📟 Texte et récit : Romain Clément

🎬 Compositions musicales et montage : Armel Joubert des Ouches

Nous partons aujourd’hui au Mexique, pour vivre un combat, très particulier qui s’est déroulé à Camerone, le 30 avril 1863.

Depuis, chaque 30 avril, les légionnaires, quel que soit l’endroit où ils se trouvent, au quartier, en Opérations, commémorent ce combat de Camerone, fait d’arme qui reprend toutes les valeurs auxquelles les légionnaires sont attachés :  sens de l’engagement, culte de la mission, respect de la parole donnée.


A Aubagne, la maison mère de la légion, chaque 30 avril, la cérémonie se déroule devant des centaines de personnes, face à l’impressionnant monument aux morts.

Moment fort, lorsque les pionniers de la légion, avec leur tablier de buffle, leur hache à l’épaule droite, s’avancent, au rythme de 88 pas minutes, vers ce monument. 

Les pionniers entourent une personnalité, ancien légionnaire -choisi- pour avoir l’honneur de porter une relique vénérée, la main d’un des héros de ce combat de Camerone, le capitaine Danjou.


Dos au monument, le porteur de main et sa garde- écoutent le fameux récit du Combat de Camerone :

« Ils furent ici moins de 60 ans, opposés à toute une armée, sa masse les écrasa, la vie plutôt que le courage abandonna ses soldats français le 30 avril 1863 » 

Camerone, c’est la fête de la légion, chaque légionnaire y renouvelle -en quelque sorte- son engagement pour la France avec honneur et fidélité.

Voici, l’histoire du combat de Camerone : mythe fondateur de la légion étrangère

…………………………………………………………………

Que diable venaient faire en plein cœur du Mexique, ces légionnaires français ?

Le Mexique est un pays indépendant, il s’est libéré en 1821 de 3 siècles de tutelle espagnole, et les présidents successifs ont depuis la proclamation de l’indépendance contracté de nombreux emprunts.

En 1860, le nouveau président mexicain, un certain Benito Juarez décide de ne plus rembourser la dette du pays, contracté par ses prédécesseurs auprès de l’Espagne, de la France et du Royaume Uni. 

Colère des capitales européennes, qui dépêchent des troupes.

En 1862 les corps expéditionnaires venus d’Europe débarquent à Vera Cruz.

Les Français sont au nombre de 6500 hommes.

Pour Napoléon III, qui est au pouvoir en France, cette intervention n’est pas uniquement motivée par le non-remboursement, il veut contre-carrer l’empire américain, auquel Juarez est allié, pour fonder un empire sud-américain catholique et latin.

………..

Ce corps expéditionnaire souffre, des maladies comme la fièvre jaune déciment les unités.

Mais l’état-major français s’est fixé un objectif : assiéger la citadelle de Juarez, basée à Puebla, 110 kilomètres au sud-est de Mexico.

Mais le siège échoue.

Une nouvelle opération similaire, est montée le 16 mars 1862.

Mais cette fois, les Français ont reçu du renfort, en particulier 2 bataillons de la très récente unité, la légion étrangère, qui a vu le jour en 1831, sous Louis Philippe.

C’est le colonel Jeanningros qui commande l’effectif légionnaire. Et il a reçu pour mission d’assurer la sécurité de la piste, la seule praticable pour que les convois logistiques venus de Vera Cruz arrivent à PUEBLA. 

Jeanningros apprend qu’un convoi doit être attaqué, un convoi stratégique car il transporte du matériel, des vivres, et de l’or.

Il commande alors à la 3ème compagnie du Régiment étranger de mener une mission de reconnaissance.

60 hommes commandés par 3 officiers, le capitaine Jean Danjou, et les sous-lieutenants Vilain et Maudet partent pour cette mission de reconnaissance, au matin du 30 avril 1863.

…………………………..

La particularité de Danjou est qu’en Algérie, à Sidi Bel Abès, le fief de la légion, il a été victime d’un accident, et sa main a été arrachée. Il porte une sorte de prothèse en bois, la fameuse main du capitaine Danjou.

….

Ce 30 avril 1863, Ă  1h du matin, la compagnie se met en route.

Après 20 kilomètres de marche, les légionnaires atteignent Camerone puis bifurquent en direction d’un petit village La Joya… Mais c’est là que les troupes mexicaines les repèrent…

Danjou continue encore quelques kilomètres avec sa troupe et marche vers Palo Verde où il ordonne une halte.

Il est 8 h du matin, les hommes se posent, mais très rapidement, les sentinelles qui montent la garde, signalent un épais nuage de poussière, c’est la cavalerie adverse qui cherche à localiser les légionnaires.

Ces derniers se mettent à couvert, Danjou décide de reprendre la route de Camerone -où il estime que la troupe sera plus en sécurité, mais à peine de retour à Camerone, l’unité française est attaquée, à hauteur de la fameuse hacienda, le théâtre de la tragédie… 

….

La résistance des légionnaires est efficace, ils tiennent en échec la charge mexicaine de cavalerie, mais les mulets qui portent les munitions, effrayés par le vacarme fuient…

Le colonel Milan dirige les forces mexicaines, 6000 fantassins, et 2000 cavaliers. Enorme supériorité numérique, comparé à nos 63 valeureux légionnaires.

2ème assaut, une nouvelle fois repoussé par les légionnaires qui déchargent leurs munitions sur les cavaliers… Danjou doit réarticuler son dispositif, et se replie avec ses hommes dans l’hacienda, au cri de Vive l’Empereur… il est 9h30 du matin…

La situation est critique pour les légionnaires qui n’ont rien mangé depuis la veille au soir, et manquent d’eau. Ils se barricadent comme ils le peuvent dans l’hacienda. 

A 10h, un officier mexicain ordonne Ă  Danjou de se rendre.

« Nous ne nous rendrons pas répond un sergent français posté sur le toit aux Mexicains ».

Danjou fait alors promettre à ses hommes de ne pas se rendre, et de lutter jusqu’à la mort…

Vers 10h du matin, nouvel assaut des Mexicains, au corps à corps, et ces derniers progressent dans l’hacienda. Ils mettent le feu à certains endroits.

Après 2 heures d’un combat acharné, le capitaine Danjou, on est aux alentours de midi, est tué.

Il est immédiatement remplacé par le sous-lieutenant Vilain. 

Mais la situation se détériore encore, au moment où le clairon de nouveaux renforts mexicains se fait entendre… 

A 14h, Vilain est tué à son tour, remplacé par le sous-lieutenant Baudet…

Nouvelle offre de reddition des Mexicains, nouveau rejet… 

Et nouvel assaut d’une rare violence : les légionnaires ne sont plus que 5. 

Vers 17h, le colonel mexicain exhorte ses troupes à enfin en finir, face à cette troupe, exténuée, privée de vivres, de munitions et bien inférieure en nombre.

Mais le sous-lieutenant Baudet, dans un dernier baroud, alors que tout est perdu, ordonne à ses 5 hommes de se ruer sur leurs adversaires, baïonnettes au canon, et de tirer leur dernière cartouche.

Dans cet assaut, un légionnaire Victor Catteau est fauché, Baudet est blessé.

Un officier mexicain s’avance alors vers les derniers légionnaires encore debout et leur demande de se rendre : 

Le caporal Maine leur dit : « nous ne nous rendrons que si vous nous laissez nos armes, et soignez nos blessés » … 

Réponse de l’officier, en français: « on ne refuse rien à des hommes comme vous »…

….

Les Blessés seront soignés, même si beaucoup ne survivront pas à leurs blessures, et au terrible climat qui fait rage. 

….

Le lendemain, un légionnaire du nom de Laï, laissé pour mort dans les combats est recueilli par une colonne française et il effectue le premier récit de ce combat héroïque…

Les pertes côté mexicain vont dissuader le colonel Milan de s’attaquer au convoi, ce dernier arrivera sans encombre, ce qui fait dire aux légionnaires que Camerone est une victoire, désespérée mais le culte de la mission a primé, et les objectifs ont été atteints.  

Le convoi pourra rejoindre Puebla. La citadelle tombe alors aux mains des Français. 

De Puebla, la voie est libre au corps expéditionnaire français pour marcher vers Mexico. 

Le président Juarez quitte le pouvoir, et c’est un descendant des Hasbourg, l’archiduc Maximilien D’autriche qui se voit confier le trône, en accord avec les plans de Napoléon III.

Depuis cet épisode, Camerone est inscrit sur le drapeau tricolore de la légion sous sa devise « Honneur et Fidélité ».

Les noms du capitaine Danjou et des sous-lieutenants Vilain et Maudet sont gravés sur les murs des Invalides.

Ce qui reste, au-delà du combat, c’est l’esprit Camerone, et « faire Camerone » est toujours une expression utilisée à la légion… lorsqu’il faut accomplir la mission reçue, et ce jusqu’au sacrifice suprême…


Porter la fameuse main du capitaine Danjou est depuis un honneur suprême pour tout légionnaire.


Elle est conservée dans la crypte du musée de la Légion étrangère, et ne ressort que pour fêter l’héroïque combat de Camerone, chaque 30 avril…

Description

📟 Texte et récit : Romain Clément

🎬 Compositions musicales et montage : Armel Joubert des Ouches

Nous partons aujourd’hui au Mexique, pour vivre un combat, très particulier qui s’est déroulé à Camerone, le 30 avril 1863.

Depuis, chaque 30 avril, les légionnaires, quel que soit l’endroit où ils se trouvent, au quartier, en Opérations, commémorent ce combat de Camerone, fait d’arme qui reprend toutes les valeurs auxquelles les légionnaires sont attachés :  sens de l’engagement, culte de la mission, respect de la parole donnée.


A Aubagne, la maison mère de la légion, chaque 30 avril, la cérémonie se déroule devant des centaines de personnes, face à l’impressionnant monument aux morts.

Moment fort, lorsque les pionniers de la légion, avec leur tablier de buffle, leur hache à l’épaule droite, s’avancent, au rythme de 88 pas minutes, vers ce monument. 

Les pionniers entourent une personnalité, ancien légionnaire -choisi- pour avoir l’honneur de porter une relique vénérée, la main d’un des héros de ce combat de Camerone, le capitaine Danjou.


Dos au monument, le porteur de main et sa garde- écoutent le fameux récit du Combat de Camerone :

« Ils furent ici moins de 60 ans, opposés à toute une armée, sa masse les écrasa, la vie plutôt que le courage abandonna ses soldats français le 30 avril 1863 » 

Camerone, c’est la fête de la légion, chaque légionnaire y renouvelle -en quelque sorte- son engagement pour la France avec honneur et fidélité.

Voici, l’histoire du combat de Camerone : mythe fondateur de la légion étrangère

…………………………………………………………………

Que diable venaient faire en plein cœur du Mexique, ces légionnaires français ?

Le Mexique est un pays indépendant, il s’est libéré en 1821 de 3 siècles de tutelle espagnole, et les présidents successifs ont depuis la proclamation de l’indépendance contracté de nombreux emprunts.

En 1860, le nouveau président mexicain, un certain Benito Juarez décide de ne plus rembourser la dette du pays, contracté par ses prédécesseurs auprès de l’Espagne, de la France et du Royaume Uni. 

Colère des capitales européennes, qui dépêchent des troupes.

En 1862 les corps expéditionnaires venus d’Europe débarquent à Vera Cruz.

Les Français sont au nombre de 6500 hommes.

Pour Napoléon III, qui est au pouvoir en France, cette intervention n’est pas uniquement motivée par le non-remboursement, il veut contre-carrer l’empire américain, auquel Juarez est allié, pour fonder un empire sud-américain catholique et latin.

………..

Ce corps expéditionnaire souffre, des maladies comme la fièvre jaune déciment les unités.

Mais l’état-major français s’est fixé un objectif : assiéger la citadelle de Juarez, basée à Puebla, 110 kilomètres au sud-est de Mexico.

Mais le siège échoue.

Une nouvelle opération similaire, est montée le 16 mars 1862.

Mais cette fois, les Français ont reçu du renfort, en particulier 2 bataillons de la très récente unité, la légion étrangère, qui a vu le jour en 1831, sous Louis Philippe.

C’est le colonel Jeanningros qui commande l’effectif légionnaire. Et il a reçu pour mission d’assurer la sécurité de la piste, la seule praticable pour que les convois logistiques venus de Vera Cruz arrivent à PUEBLA. 

Jeanningros apprend qu’un convoi doit être attaqué, un convoi stratégique car il transporte du matériel, des vivres, et de l’or.

Il commande alors à la 3ème compagnie du Régiment étranger de mener une mission de reconnaissance.

60 hommes commandés par 3 officiers, le capitaine Jean Danjou, et les sous-lieutenants Vilain et Maudet partent pour cette mission de reconnaissance, au matin du 30 avril 1863.

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La particularité de Danjou est qu’en Algérie, à Sidi Bel Abès, le fief de la légion, il a été victime d’un accident, et sa main a été arrachée. Il porte une sorte de prothèse en bois, la fameuse main du capitaine Danjou.

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Ce 30 avril 1863, Ă  1h du matin, la compagnie se met en route.

Après 20 kilomètres de marche, les légionnaires atteignent Camerone puis bifurquent en direction d’un petit village La Joya… Mais c’est là que les troupes mexicaines les repèrent…

Danjou continue encore quelques kilomètres avec sa troupe et marche vers Palo Verde où il ordonne une halte.

Il est 8 h du matin, les hommes se posent, mais très rapidement, les sentinelles qui montent la garde, signalent un épais nuage de poussière, c’est la cavalerie adverse qui cherche à localiser les légionnaires.

Ces derniers se mettent à couvert, Danjou décide de reprendre la route de Camerone -où il estime que la troupe sera plus en sécurité, mais à peine de retour à Camerone, l’unité française est attaquée, à hauteur de la fameuse hacienda, le théâtre de la tragédie… 

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La résistance des légionnaires est efficace, ils tiennent en échec la charge mexicaine de cavalerie, mais les mulets qui portent les munitions, effrayés par le vacarme fuient…

Le colonel Milan dirige les forces mexicaines, 6000 fantassins, et 2000 cavaliers. Enorme supériorité numérique, comparé à nos 63 valeureux légionnaires.

2ème assaut, une nouvelle fois repoussé par les légionnaires qui déchargent leurs munitions sur les cavaliers… Danjou doit réarticuler son dispositif, et se replie avec ses hommes dans l’hacienda, au cri de Vive l’Empereur… il est 9h30 du matin…

La situation est critique pour les légionnaires qui n’ont rien mangé depuis la veille au soir, et manquent d’eau. Ils se barricadent comme ils le peuvent dans l’hacienda. 

A 10h, un officier mexicain ordonne Ă  Danjou de se rendre.

« Nous ne nous rendrons pas répond un sergent français posté sur le toit aux Mexicains ».

Danjou fait alors promettre à ses hommes de ne pas se rendre, et de lutter jusqu’à la mort…

Vers 10h du matin, nouvel assaut des Mexicains, au corps à corps, et ces derniers progressent dans l’hacienda. Ils mettent le feu à certains endroits.

Après 2 heures d’un combat acharné, le capitaine Danjou, on est aux alentours de midi, est tué.

Il est immédiatement remplacé par le sous-lieutenant Vilain. 

Mais la situation se détériore encore, au moment où le clairon de nouveaux renforts mexicains se fait entendre… 

A 14h, Vilain est tué à son tour, remplacé par le sous-lieutenant Baudet…

Nouvelle offre de reddition des Mexicains, nouveau rejet… 

Et nouvel assaut d’une rare violence : les légionnaires ne sont plus que 5. 

Vers 17h, le colonel mexicain exhorte ses troupes à enfin en finir, face à cette troupe, exténuée, privée de vivres, de munitions et bien inférieure en nombre.

Mais le sous-lieutenant Baudet, dans un dernier baroud, alors que tout est perdu, ordonne à ses 5 hommes de se ruer sur leurs adversaires, baïonnettes au canon, et de tirer leur dernière cartouche.

Dans cet assaut, un légionnaire Victor Catteau est fauché, Baudet est blessé.

Un officier mexicain s’avance alors vers les derniers légionnaires encore debout et leur demande de se rendre : 

Le caporal Maine leur dit : « nous ne nous rendrons que si vous nous laissez nos armes, et soignez nos blessés » … 

Réponse de l’officier, en français: « on ne refuse rien à des hommes comme vous »…

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Les Blessés seront soignés, même si beaucoup ne survivront pas à leurs blessures, et au terrible climat qui fait rage. 

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Le lendemain, un légionnaire du nom de Laï, laissé pour mort dans les combats est recueilli par une colonne française et il effectue le premier récit de ce combat héroïque…

Les pertes côté mexicain vont dissuader le colonel Milan de s’attaquer au convoi, ce dernier arrivera sans encombre, ce qui fait dire aux légionnaires que Camerone est une victoire, désespérée mais le culte de la mission a primé, et les objectifs ont été atteints.  

Le convoi pourra rejoindre Puebla. La citadelle tombe alors aux mains des Français. 

De Puebla, la voie est libre au corps expéditionnaire français pour marcher vers Mexico. 

Le président Juarez quitte le pouvoir, et c’est un descendant des Hasbourg, l’archiduc Maximilien D’autriche qui se voit confier le trône, en accord avec les plans de Napoléon III.

Depuis cet épisode, Camerone est inscrit sur le drapeau tricolore de la légion sous sa devise « Honneur et Fidélité ».

Les noms du capitaine Danjou et des sous-lieutenants Vilain et Maudet sont gravés sur les murs des Invalides.

Ce qui reste, au-delà du combat, c’est l’esprit Camerone, et « faire Camerone » est toujours une expression utilisée à la légion… lorsqu’il faut accomplir la mission reçue, et ce jusqu’au sacrifice suprême…


Porter la fameuse main du capitaine Danjou est depuis un honneur suprême pour tout légionnaire.


Elle est conservée dans la crypte du musée de la Légion étrangère, et ne ressort que pour fêter l’héroïque combat de Camerone, chaque 30 avril…

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