undefined cover
undefined cover
E5 - Marie-Christine LLORCA - Proposer une approche multimodale cover
E5 - Marie-Christine LLORCA - Proposer une approche multimodale cover
Learning Coach

E5 - Marie-Christine LLORCA - Proposer une approche multimodale

E5 - Marie-Christine LLORCA - Proposer une approche multimodale

22min |25/06/2024
Play
undefined cover
undefined cover
E5 - Marie-Christine LLORCA - Proposer une approche multimodale cover
E5 - Marie-Christine LLORCA - Proposer une approche multimodale cover
Learning Coach

E5 - Marie-Christine LLORCA - Proposer une approche multimodale

E5 - Marie-Christine LLORCA - Proposer une approche multimodale

22min |25/06/2024
Play

Description

Dans cet épisode, Marie-Christine Llorca partage son expérience sur la multimodalité dans la facilitation pédagogique. Elle discute de la transition vers des méthodes de formation qui favorisent l'autonomie et la créativité des apprenants, mettant en lumière son activité favorite, le "Sabotage Antidote", qui stimule une réflexion approfondie parmi les participants. Marie-Christine définit la multimodalité comme une combinaison riche et variée de ressources qui active différents sens et styles d'apprentissage. Elle distingue aussi clairement les rôles de formateur et de facilitateur, soulignant l'importance d'engager activement les apprenants dès le début et de maintenir cet engagement par une gestion stratégique du temps et des activités.


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Vous écoutez Learning Coach by Trendy, le podcast qui part à la rencontre de ceux qui ont maîtrisé l'art d'apprendre et de former. Tout au long de cette saison, nous vous invitons à un voyage au cœur de l'innovation pédagogique, là où les rôles de formateur et de facilitateur s'entrelacent pour stimuler l'autonomie et l'engagement de vos apprenants. Dans cette série d'échanges, les conseils pratiques et les expériences personnelles de nos invités vous inspireront vers une maîtrise renouvelée de l'art d'accompagner l'apprentissage. Bienvenue dans ce nouvel épisode de Learning Coach. Bienvenue à notre invitée Marie-Christine Lorca, avec qui nous allons évoquer la question de la multimodalité dans la facilitation. Pour bien débuter, pouvez-vous, s'il vous plaît Marie-Christine, vous présenter et nous donner, puisque c'est d'elle dont nous parlons, votre définition de la facilitation en formation. Comment s'applique-t-elle ? Quelles en sont les interactions ? Quels bénéfices ? Quels apports ?

  • Speaker #1

    Je suis Marie-Christine Yurka, j'ai fondé et je dirige AGO Ingénierie Formation qui est basée à Toulouse. Donc nous, notre activité essentielle, c'est d'accompagner les acteurs de la formation à une montée en compétences pédagogiques. Donc on peut être amené à monter des dispositifs d'ingénierie en accompagnant nos clients, comme l'ENAC par exemple, dans l'aviation civile, et aussi bien d'aider à construire des outils dans le champ d'éducation thérapeutique du patient. Rien à voir, on est dans la santé, on est dans les avions, mais pour nous l'important c'est de favoriser cette montée finalement en compétences pédagogiques. Pour la question de la facilitation. Peut-être dire à quel moment j'ai rencontré la facilitation, parce que ça a été un peu un choc de posture. Et je pense que ça a été important pour moi ce changement, parce que ça m'a fait basculer dans un autre comportement en tant que formatrice. Ma première expérience, c'est au moment où Denis Christol est revenu du Canada, où il avait découvert justement les cercles d'apprentissage. Et c'était en 2015, j'avais recherché la date avant notre interview, Donc c'est déjà un peu vieux, mais c'est intéressant que ce soit vieux, c'est-à-dire que ça a eu le temps de maturer et de faire ses petits finalement dans la posture. Ce qui était très très intéressant dans cette proposition, c'est qu'il n'y avait pas d'objectif d'apprentissage. Donc tu vois, je vais définir la facilitation par le il n'y a pas et il n'y avait pas de compétence à atteindre. Donc le groupe d'apprentissage se saisissait d'un sujet que j'apportais en tant que facilitatrice. Donc je découvrais aussi à ce moment-là la terminologie, je n'avais jamais entendu ce mot. Et mon objectif était qu'il s'approprie le thème par les moyens qui émergent, les moyens de discussion, d'échange, de capacité à collaborer. Cependant, pour permettre cette facilitation, j'avais réservé un espace physique qui me paraissait favorable à ce soutien à l'émergence. Tu vois, je commence à voir comment je la définis. Et pour moi, ça passait par une salle avec des murs écritoires, où on pouvait bouger et aller poser comme ça des idées écrites, sans se sentir téléguidée. par le formateur, et où on avait du matériel, des post-it, du café, une liberté de mouvement qui permettait la production. Et moi, j'aime bien créer des ergonomies, comme ça, favorables à l'acte d'apprendre, mais j'étais devant un empêchement à viser des objectifs et à atteindre une espèce de performance dans l'apprentissage. Pour revenir à la question, pour moi, la facilitation, ça s'appuie vraiment sur... potentiel d'émergence d'idées créatrices qui viennent du collectif. Le facilitateur, il a une boîte à outils plutôt ludique, sans être distractif, qui vont favoriser l'émergence d'idées. À partir d'un thème à explorer, il va plus ou moins scénariser l'exploration de ses idées.

  • Speaker #0

    Poursuivons si vous le voulez bien avec une question qui serait encore un petit peu personnelle. Quelle est votre pratique de facilitation favorite ? Quelle est votre carte maîtresse, votre signature pour ainsi dire ?

  • Speaker #1

    Il y a une activité que je trouve très intéressante et que j'aime bien mettre en place, mais qui fait vraiment beaucoup réfléchir, c'est une activité qu'on appelle le sabotage antidote. Fait-elle partie de la facilitation ? Je ne sais pas. En tout cas, elle fait partie de ma mallette des pédagogies actives. L'activité Sabotage Antidote consiste à, sur un sujet qui est un sujet que l'on va aborder, qui est le vrai cœur de sujet d'une formation par exemple, intégrer le numérique en formation, tu vois je te prends ce sujet-là, ou aménager un espace d'apprentissage en formation physique. Donc c'est le vrai sujet cœur de cible de ce qui nous occupe de distinguer deux groupes. dans les apprenants, deux, quatre groupes en fonction des effectifs, et de faire travailler un groupe sur le sabotage, c'est-à-dire comment échouer dans l'installation d'un espace actif d'apprentissage, et de faire travailler l'autre groupe sur l'antidote, donc comment réussir dans l'installation d'un espace d'apprentissage. Et ensuite, un peu sophistiquer, si tu veux, les consignes, en parfois demandant à chacun des groupes de faire une affiche dessinée. de façon à ce que la partie plus intuitive, imagée, représentative, soit assez chargée de signification, mais qui ait aussi une dimension ludique. Donc chaque groupe travaille de son côté, caché de l'autre on va dire, et ensuite je demande au groupe sabotage de présenter son sabotage, et au groupe antidote de trouver, tu sais, les antidotes un par un au sabotage proposé. L'avantage de cette activité, c'est qu'il y a une production d'idées assez considérable parce que travailler sur le sabotage fait trouver des pistes que l'on ne trouve pas quand on est dans le bien-faire. Et j'aime vraiment cette activité parce que moi je n'existe pas à part dans la consigne que je donne et dans l'aide à la fin. à synthétiser finalement les grandes pistes que l'exercice a permis d'extraire. Et elle a énormément de succès, cette activité, dans l'engagement intellectuel et de production d'idées des apprenants. Donc voilà, ça serait une de mes activités préférées pour faire réfléchir dans la joie, parce que c'est vraiment mon objectif, que les gens aiment réfléchir. qui prennent plaisir.

  • Speaker #0

    Nous sommes ensemble pour évoquer la multimodalité dans la facilitation. Comment la présentez-vous ? Comment la définissez-vous pour que nous prenions le bon chemin ?

  • Speaker #1

    Alors, j'ai dirigé en 2022, là, déjà, un ouvrage collectif où j'ai invité pas mal d'auteurs. que je sentais complètement investie d'une posture pédagogique et d'une mode d'intervention. Et j'ai souhaité créer un ouvrage sur non pas la multimodalité, mais les multimodalités, on a poussé le bouchon encore plus loin. À un moment où la multimodalité était réduite à une hybridation distance-présence et avec une forte place du numérique, dont multimodalité égale numérique combiné. à du présentiel dans lequel il pouvait aussi y avoir du numérique. J'ai souhaité ouvrir finalement cette définition, on l'a définie comme ça, un ensemble de ressources articulées entre elles, d'où l'importance de la notion d'articuler d'ailleurs, comment on les articule, de matériaux, situations, moyens, contenus, qu'on va mettre à disposition de l'apprenant dans le cadre du développement de son ou de leurs apprentissages. Une modalité, ce n'est pas la forme juste sous laquelle est donnée une notion, par exemple numérique, physique, etc. à dessiner, mais c'est plutôt déjà un dispositif organisé, qui peut être complexe, mais où on va avoir une ou plusieurs modalités dominantes. Par exemple, j'ai interviewé un chorégraphe, enfin un chorégraphe a fait justement un chapitre sur comment faire apprendre par le mouvement, donc c'est une modalité. dominante où l'appréhension d'un concept va passer par la mise en mouvement. Du coup, si on élargit aux multimodalités, c'est comment dans un même espace-temps, finalement, qui serait un temps de formation, tu vas monter une ingénierie multimodale qui va tenter de convoquer, si tu veux, des vecteurs d'apprentissage les plus variés possibles sans pour autant que ce soit trop plein d'outils, une trop forte sollicitation qui partirait dans tous les sens. D'où l'importance de comment tu articules tes modalités les unes après les autres. tout en laissant, et c'est là que c'est compliqué, des émergences possibles qui du coup correspondent pour moi à la posture de facilitateur. Donc il y a une combinaison entre une ingénierie prépensée, parce que si tu ne la prépenses pas, tu n'atteins pas des objectifs d'apprentissage, et pour moi c'est la grosse différence entre un facilitateur et un formateur. Un formateur, il a en visée des compétences visées, et... il a dans ses modalités des temps de transmission expert, de contenu. Donc il va passer en modalité transmissive, mais il peut quand même améliorer ses supports. Il peut tout à fait utiliser du sketchnoting pour montrer des modélisations. Il n'est pas obligé d'être avec un diaporama qui n'intéresse personne. Alors qu'un facilitateur, pour moi, n'a pas de temps transmissif. Donc, il n'y a pas de confusion. Un formateur n'est pas un facilitateur. Il y a les métiers de facilitateur, les métiers de formateur, et je nous le ramène à la multimodalité. Un formateur multimodal va emprunter des postures de facilitateur.

  • Speaker #0

    Facilitateurs et formateurs, sont-ils ou alors ne sont-ils pas nécessairement la même personne ? Pour moi,

  • Speaker #1

    je pense qu'un formateur peut acquérir une posture de facilitateur, mais ne pas abandonner l'identité de formateur. Il y a quelque chose qui est bizarre en ce moment, où il faudrait que tout formateur enlève son identité et devienne facilitateur. Pour moi, c'est des postures de facilitation en étant ancrées dans le champ de la formation, ce qui est différent d'un facilitateur. qui va faire produire des idées avec tout un univers où il n'a pas de champ d'expertise forcément sur le sujet. Le changement pour moi, pour un formateur qui, par exemple, pourrait être plutôt transmissif, plutôt à parler 80% du temps par rapport aux apprenants, en gros à être fournisseur d'informations, c'est d'apprendre des méthodes actives et interactives. donc des pédagogies actives, interactives, pour acquérir une posture de facilitation et d'aller sans doute piocher dans les boîtes à outils qui sont beaucoup plus larges des facilitateurs, mais aussi du design thinking. Dans le maquettage, pour moi, il y a une proximité design thinking facilitation. Est-ce qu'il y a une frontière ? Je ne sais pas trop. Je ne me suis pas posé la question, mais c'est un peu les mêmes univers.

  • Speaker #0

    Et ces mêmes univers se rencontrent-ils facilement ? J'imagine que cela doit faire naître des questions ou peut-être même susciter des craintes. Une formation est très certainement nécessaire également.

  • Speaker #1

    Le fait de se former très clairement. à des méthodes, à des outils, un scénario précis, quand je te racontais sabotage antidote, il faut que ce soit hyper précis, réarme, alors arme ça fait comme s'il y avait une guerre, mais quelque part il y a quelque chose de renforcement intérieur, pour oser proposer des situations où l'apprenant est plus vivant. Alors au début ça crée une inquiétude, mais ça peut créer avec un peu plus de temps. ça va créer un soulagement parce qu'une relation de co-construction des idées se met en place petit à petit.

  • Speaker #0

    En préparant cet épisode, nous avons évoqué ensemble un projet que vous menez actuellement qui voit l'espace physique de formation transformé pour permettre la mise en œuvre de pratiques multimodales. À quoi ressemble bien cet espace physique ? Par exemple,

  • Speaker #1

    si tu prends cette salle qui était une salle avec des murs classiques, un tableau orienté à un endroit, tu as un tableau à un endroit, il y avait déjà quand même un TBI sur roulettes, il y avait déjà cette idée d'avoir un tableau numérique sur roulettes avec connexion de l'ordi, un très grand bureau du prof avec plein de choses dessus et des tables mises plutôt en rang de classe. Donc déjà la mutation de l'espace, c'est de peindre avec de la peinture Velleda trois murs. entier, donc ça veut dire d'avoir des murs écritoires au potentiel, de diminuer la taille du bureau de l'enseignant, ce qui a été un sujet parce que ça veut dire où est-ce qu'on met nos affaires, et de le prendre en forme haricot pour qu'il puisse accueillir la discussion avec les apprentis, d'avoir toutes les chaises à roulettes et toutes les tables à roulettes mais assemblables en petits groupes de tables où on a choisi qu'elles aient des couleurs différentes et les chaises aussi pour faire des groupes de couleurs. tu vois, de pouvoir imaginer un regroupement par couleur. Et dans cette salle, il peut être sorti un tapis pour s'asseoir par terre avec des poufs autour, potentiellement utilisables pour faire du débrief de retour de stage, ce qui n'était pas du tout le cas. Il n'y avait pas de changement d'espace dans la salle en fonction des activités. Ensuite, qu'est-ce qui a été modifié ? Oui, le sol, très important. Le sol a été recouvert de caoutchouc pour faire un amortissement des bruits. Et les murs ont été peints en couleurs, mais pas violentes, mais cependant un peu plus gais, pour sortir de la monotonie d'une salle où le sol était à petits carreaux gris et beige, tu vois, à petites mosaïques, et où le bruit des chaises à pied qui raclaient était insupportable. Donc ils ont vraiment constaté aussi un amortissement du bruit et donc quelque part une, comment on pourrait dire, une pacification, je ne sais pas si ça existe comme ça, de l'atmosphère, tu vois, d'apprentissage.

  • Speaker #0

    On a parlé de la modification, de la mutation de l'espace. Est-ce qu'on peut observer la même chose auprès des équipes pédagogiques ?

  • Speaker #1

    Ça a été déjà des choses simples qui ont été de faire travailler en sous-groupe. Ça a l'air bête, mais de passer d'un temps transmissif où c'est plutôt le prof qui donne les informations et puis font des exercices. Il n'était pas tous. Il y en a qui étaient très avancés dans les travaux en sous-groupe, les productions, etc. et qui ont trouvé au début inutile la salle. C'était un peu pas très nécessaire, mais qu'après on trouvait intéressant parce que ça facilitait la salle, déjà les pratiques, je pense à une enseignante en particulier, qu'elle avait déjà, mais pour les autres c'était au moins d'essayer les travaux en sous-groupe, puis du coup de faire écrire sur les murs les apprenants les productions des travaux. Tu vois, c'est une migration qui se fait doucement et qui est quand même très facilitée par le fait que l'environnement va induire. des possibilités. Et moi, je crois beaucoup à l'entrée par l'environnement physique d'apprentissage parce qu'il n'est pas culpabilisant.

  • Speaker #0

    Si je comprends bien, on a mis en place les conditions d'un désordre certes un petit peu organisé. Comment le formateur parvient-il à gérer son groupe dans ce cas-là ?

  • Speaker #1

    Un outil qui est intéressant, c'est la tenue du temps. le temps qu'on se donne par séquence. C'est bien l'outil caractéristique du formateur qui est de dire, par exemple, vous avez 45 minutes pour produire une affiche qui va rendre compte de... L'objectif de l'affiche, c'est de... Et vous vous organisez pour trouver comment vous la fabriquez, vous avez du matériel, et qui sera les porte-parole de votre groupe. Mais en attendant, on se retrouve ici, dans 45 minutes, pause intégrée, par exemple. Et moi, je reste là, comme étant... activables par rapport à des questions que vous vous poseriez. Mais je ne vais pas les voir. Et ça pour moi, c'est un excellent usage du temps avec une consigne de production et de restitution et une autonomisation de la production des apprenants. Par exemple, tu vois ? Donc c'est un mix de confort et de liberté. En fait, c'est ça. De liberté cadrée dans un dispositif apprenant.

  • Speaker #0

    L'impact du recours à la multimodalité dans la facilitation est bien plus conséquent qu'on ne se l'imagine. Il est bien plus riche que la binarité présentielle-distantielle que certains imaginent quand on dit multimodalité.

  • Speaker #1

    Si tu veux, quelque part, la multimodalité pousse le formateur à sortir de cette relation purement transmissive et à proposer une variété prépensée, mais en même temps qui peut s'activer ou pas, de dispositifs d'apprentissage avec, pour moi, plus de... Il y a quelque chose de l'ordre de la joie qu'amène le formateur et qu'il va ou elle va susciter là-dedans. Mais aussi, je m'étais notée plus d'intelligence, parce que les apprenants vont être amenés à se saisir des dispositifs que le formateur ou la formatrice va proposer. Et la multimodalité sollicite plus les sens, le mouvement, et donc par là même va générer un engagement de départ. et va permettre le maintien de l'engagement pour peu que le cadre reste opposé. Tu vois, il y a un paradoxe, mais qui est heureux, entre la liberté et le cadre. C'est un petit peu les techniques de créativité. On sait bien qu'elles ont besoin d'un cadre pour, dedans, permettre une création. Et pour moi, la multimodalité, c'est pareil. C'est que tu prépenses des modalités dans un parcours d'apprentissage, tu les proposes comme un chemin, mais tu peux les modifier si jamais il se passait autre chose en émergence dans le groupe.

  • Speaker #0

    On a... Par moment évoqué la question de l'engagement, que doit ce dernier à la multimodalité ?

  • Speaker #1

    On pourrait parler de deux types d'engagement. Il y aurait un engagement de démarrage, c'est-à-dire ça crée une appétence, et je pense que oui. parce qu'il peut y avoir un sentiment de liberté dès qu'on leur propose finalement une situation qui se perçoit comme étant multimodale. Et ça veut dire que dès l'accueil, dès les premiers brises-glaces, dès les dispositifs d'inclusion, pour moi ça va nécessiter aussi une entrée dans l'activité qui, par exemple, ne sera pas un cours transmissif de démarrage, par exemple. C'est-à-dire que le démarrage, c'est à la fois un accueil, mais c'est aussi une première activité de réflexion. Faire réfléchir d'abord l'apprenant avant de lui amener du contenu. C'est- Créer un engagement émotionnel de désir et un engagement intellectuel. Donc ça c'est le premier engagement de démarrage. Et après dans l'engagement il y a la persévérance de l'engagement, pas uniquement l'engagement de démarrage. Et la persévérance de l'engagement est liée au fait que les dispositifs qui s'enchaînent sont bien choisis dans le rythme, dans la variation de la rapidité, de la charge, mais aussi du calme. de moins d'efforts cognitifs, et là si tu veux on peut peut-être s'appuyer sur la taxonomie de Bloom en termes d'exigence des niveaux d'objectifs, parce que faire créer, produire, synthétiser toute une journée des gens, c'est fatigant. Donc l'engagement est maintenu pour moi par une bonne organisation des rythmes d'apprentissage dans ces modalités, parce qu'un des risques serait d'être très sollicitant. très activant les gens, avec des dispositifs ludiques, ils n'en peuvent plus, et tu n'atteins absolument pas des objectifs d'apprentissage et tu vas lâcher l'engagement. Les alternances dans les modes de sollicitation sont importantes. et vont être une des caractéristiques de la modalité que tu utilises. Donc c'est dans un temps donné, comment tu rythmes ton temps, avec quelle modalité, qui caractérise ton dispositif d'apprentissage, et ce, dans une succession. Puisqu'on est, si on prend l'exemple d'un présentiel d'une journée même, si on prend l'exemple d'une journée, c'est ça.

  • Speaker #0

    Au cours de cet épisode, vous avez quelques fois évoqué le temps. Peut-on, pour terminer cet épisode, évoquer ce sujet en étendant même un petit peu la question à des pratiques de digital learning.

  • Speaker #1

    Pour moi, le temps, c'est vraiment l'outil majeur du formateur, que ce soit en construction de ressources d'apprentissage sur une plateforme de formation ou que ce soit en animation en présentiel sur une journée. C'est vraiment un outil clé qui est majeur à utiliser, soit... tu décides que ça prendra tant de temps par rapport aux objectifs et aux consignes que tu donnes, ça va prendre tant de temps, et il y a le temps supposé que ça peut prendre, et le temps réel que ça va prendre avec les apprenants, et à force d'expérience, tu vas réguler qu'une activité, en général, prend tant de temps. Mais suivant ce que tu veux tirer de l'activité, tu vas l'allonger ou la raccourcir. Ça, c'est en présentiel, c'est plutôt facile, parce que tu régules au moment. Ensuite, sur du digital learning, quand tu crées une ressource, moi ça ne me gêne pas qu'on dise qu'une ressource, par exemple un film, ne doit pas dépasser trois minutes parce qu'il y a une saturation de l'attention. Ça ne me gêne pas, pour peu qu'il soit inclus dans un parcours d'apprentissage qui soit intelligent. C'est-à-dire, si ce film c'est de la consommation de surface de l'information, on n'a pas d'effet d'apprentissage, on le sait. Donc, il peut faire trois minutes et ne servir à rien. Par contre, s'il est suivi ou surtout précédé d'une question d'exploration, il peut être en La durée de l'apprentissage n'est pas de trois minutes, mais elle est liée à l'activité d'exploration que tu fais faire sur la ressource. Et là, on redevient intelligent. Après, on est un peu coincé par les plateformes quand un commanditaire nous demande la traçabilité de la réalisation de l'activité, mais si on ne paramètre que l'activité. pourrait prendre tant de temps en tant que pédagogue, on se décoince de la contrainte du temps. Et je pense que le temps, il est un moyen de penser l'articulation entre la consigne et les objectifs d'apprentissage. Donc, on peut se le réapproprier, finalement. Et c'est un outil majeur pour moi. Le temps qui est surmajeur, j'ai envie de dire, pour un formateur.

  • Speaker #0

    Un grand merci Marie-Christine Lorca pour votre participation. Merci à vous, chers auditeurs. Pour aller plus loin, découvrez la masterclass Facilitation d'apprenance sur le site internet www.learning.coach. Vous retrouverez cet épisode, comme tous ceux qui l'ont précédé, sur le site internet trendy.io, sur nos réseaux sociaux et sur l'ensemble des plateformes d'écoute. A très bientôt pour le prochain épisode.

Description

Dans cet épisode, Marie-Christine Llorca partage son expérience sur la multimodalité dans la facilitation pédagogique. Elle discute de la transition vers des méthodes de formation qui favorisent l'autonomie et la créativité des apprenants, mettant en lumière son activité favorite, le "Sabotage Antidote", qui stimule une réflexion approfondie parmi les participants. Marie-Christine définit la multimodalité comme une combinaison riche et variée de ressources qui active différents sens et styles d'apprentissage. Elle distingue aussi clairement les rôles de formateur et de facilitateur, soulignant l'importance d'engager activement les apprenants dès le début et de maintenir cet engagement par une gestion stratégique du temps et des activités.


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Vous écoutez Learning Coach by Trendy, le podcast qui part à la rencontre de ceux qui ont maîtrisé l'art d'apprendre et de former. Tout au long de cette saison, nous vous invitons à un voyage au cœur de l'innovation pédagogique, là où les rôles de formateur et de facilitateur s'entrelacent pour stimuler l'autonomie et l'engagement de vos apprenants. Dans cette série d'échanges, les conseils pratiques et les expériences personnelles de nos invités vous inspireront vers une maîtrise renouvelée de l'art d'accompagner l'apprentissage. Bienvenue dans ce nouvel épisode de Learning Coach. Bienvenue à notre invitée Marie-Christine Lorca, avec qui nous allons évoquer la question de la multimodalité dans la facilitation. Pour bien débuter, pouvez-vous, s'il vous plaît Marie-Christine, vous présenter et nous donner, puisque c'est d'elle dont nous parlons, votre définition de la facilitation en formation. Comment s'applique-t-elle ? Quelles en sont les interactions ? Quels bénéfices ? Quels apports ?

  • Speaker #1

    Je suis Marie-Christine Yurka, j'ai fondé et je dirige AGO Ingénierie Formation qui est basée à Toulouse. Donc nous, notre activité essentielle, c'est d'accompagner les acteurs de la formation à une montée en compétences pédagogiques. Donc on peut être amené à monter des dispositifs d'ingénierie en accompagnant nos clients, comme l'ENAC par exemple, dans l'aviation civile, et aussi bien d'aider à construire des outils dans le champ d'éducation thérapeutique du patient. Rien à voir, on est dans la santé, on est dans les avions, mais pour nous l'important c'est de favoriser cette montée finalement en compétences pédagogiques. Pour la question de la facilitation. Peut-être dire à quel moment j'ai rencontré la facilitation, parce que ça a été un peu un choc de posture. Et je pense que ça a été important pour moi ce changement, parce que ça m'a fait basculer dans un autre comportement en tant que formatrice. Ma première expérience, c'est au moment où Denis Christol est revenu du Canada, où il avait découvert justement les cercles d'apprentissage. Et c'était en 2015, j'avais recherché la date avant notre interview, Donc c'est déjà un peu vieux, mais c'est intéressant que ce soit vieux, c'est-à-dire que ça a eu le temps de maturer et de faire ses petits finalement dans la posture. Ce qui était très très intéressant dans cette proposition, c'est qu'il n'y avait pas d'objectif d'apprentissage. Donc tu vois, je vais définir la facilitation par le il n'y a pas et il n'y avait pas de compétence à atteindre. Donc le groupe d'apprentissage se saisissait d'un sujet que j'apportais en tant que facilitatrice. Donc je découvrais aussi à ce moment-là la terminologie, je n'avais jamais entendu ce mot. Et mon objectif était qu'il s'approprie le thème par les moyens qui émergent, les moyens de discussion, d'échange, de capacité à collaborer. Cependant, pour permettre cette facilitation, j'avais réservé un espace physique qui me paraissait favorable à ce soutien à l'émergence. Tu vois, je commence à voir comment je la définis. Et pour moi, ça passait par une salle avec des murs écritoires, où on pouvait bouger et aller poser comme ça des idées écrites, sans se sentir téléguidée. par le formateur, et où on avait du matériel, des post-it, du café, une liberté de mouvement qui permettait la production. Et moi, j'aime bien créer des ergonomies, comme ça, favorables à l'acte d'apprendre, mais j'étais devant un empêchement à viser des objectifs et à atteindre une espèce de performance dans l'apprentissage. Pour revenir à la question, pour moi, la facilitation, ça s'appuie vraiment sur... potentiel d'émergence d'idées créatrices qui viennent du collectif. Le facilitateur, il a une boîte à outils plutôt ludique, sans être distractif, qui vont favoriser l'émergence d'idées. À partir d'un thème à explorer, il va plus ou moins scénariser l'exploration de ses idées.

  • Speaker #0

    Poursuivons si vous le voulez bien avec une question qui serait encore un petit peu personnelle. Quelle est votre pratique de facilitation favorite ? Quelle est votre carte maîtresse, votre signature pour ainsi dire ?

  • Speaker #1

    Il y a une activité que je trouve très intéressante et que j'aime bien mettre en place, mais qui fait vraiment beaucoup réfléchir, c'est une activité qu'on appelle le sabotage antidote. Fait-elle partie de la facilitation ? Je ne sais pas. En tout cas, elle fait partie de ma mallette des pédagogies actives. L'activité Sabotage Antidote consiste à, sur un sujet qui est un sujet que l'on va aborder, qui est le vrai cœur de sujet d'une formation par exemple, intégrer le numérique en formation, tu vois je te prends ce sujet-là, ou aménager un espace d'apprentissage en formation physique. Donc c'est le vrai sujet cœur de cible de ce qui nous occupe de distinguer deux groupes. dans les apprenants, deux, quatre groupes en fonction des effectifs, et de faire travailler un groupe sur le sabotage, c'est-à-dire comment échouer dans l'installation d'un espace actif d'apprentissage, et de faire travailler l'autre groupe sur l'antidote, donc comment réussir dans l'installation d'un espace d'apprentissage. Et ensuite, un peu sophistiquer, si tu veux, les consignes, en parfois demandant à chacun des groupes de faire une affiche dessinée. de façon à ce que la partie plus intuitive, imagée, représentative, soit assez chargée de signification, mais qui ait aussi une dimension ludique. Donc chaque groupe travaille de son côté, caché de l'autre on va dire, et ensuite je demande au groupe sabotage de présenter son sabotage, et au groupe antidote de trouver, tu sais, les antidotes un par un au sabotage proposé. L'avantage de cette activité, c'est qu'il y a une production d'idées assez considérable parce que travailler sur le sabotage fait trouver des pistes que l'on ne trouve pas quand on est dans le bien-faire. Et j'aime vraiment cette activité parce que moi je n'existe pas à part dans la consigne que je donne et dans l'aide à la fin. à synthétiser finalement les grandes pistes que l'exercice a permis d'extraire. Et elle a énormément de succès, cette activité, dans l'engagement intellectuel et de production d'idées des apprenants. Donc voilà, ça serait une de mes activités préférées pour faire réfléchir dans la joie, parce que c'est vraiment mon objectif, que les gens aiment réfléchir. qui prennent plaisir.

  • Speaker #0

    Nous sommes ensemble pour évoquer la multimodalité dans la facilitation. Comment la présentez-vous ? Comment la définissez-vous pour que nous prenions le bon chemin ?

  • Speaker #1

    Alors, j'ai dirigé en 2022, là, déjà, un ouvrage collectif où j'ai invité pas mal d'auteurs. que je sentais complètement investie d'une posture pédagogique et d'une mode d'intervention. Et j'ai souhaité créer un ouvrage sur non pas la multimodalité, mais les multimodalités, on a poussé le bouchon encore plus loin. À un moment où la multimodalité était réduite à une hybridation distance-présence et avec une forte place du numérique, dont multimodalité égale numérique combiné. à du présentiel dans lequel il pouvait aussi y avoir du numérique. J'ai souhaité ouvrir finalement cette définition, on l'a définie comme ça, un ensemble de ressources articulées entre elles, d'où l'importance de la notion d'articuler d'ailleurs, comment on les articule, de matériaux, situations, moyens, contenus, qu'on va mettre à disposition de l'apprenant dans le cadre du développement de son ou de leurs apprentissages. Une modalité, ce n'est pas la forme juste sous laquelle est donnée une notion, par exemple numérique, physique, etc. à dessiner, mais c'est plutôt déjà un dispositif organisé, qui peut être complexe, mais où on va avoir une ou plusieurs modalités dominantes. Par exemple, j'ai interviewé un chorégraphe, enfin un chorégraphe a fait justement un chapitre sur comment faire apprendre par le mouvement, donc c'est une modalité. dominante où l'appréhension d'un concept va passer par la mise en mouvement. Du coup, si on élargit aux multimodalités, c'est comment dans un même espace-temps, finalement, qui serait un temps de formation, tu vas monter une ingénierie multimodale qui va tenter de convoquer, si tu veux, des vecteurs d'apprentissage les plus variés possibles sans pour autant que ce soit trop plein d'outils, une trop forte sollicitation qui partirait dans tous les sens. D'où l'importance de comment tu articules tes modalités les unes après les autres. tout en laissant, et c'est là que c'est compliqué, des émergences possibles qui du coup correspondent pour moi à la posture de facilitateur. Donc il y a une combinaison entre une ingénierie prépensée, parce que si tu ne la prépenses pas, tu n'atteins pas des objectifs d'apprentissage, et pour moi c'est la grosse différence entre un facilitateur et un formateur. Un formateur, il a en visée des compétences visées, et... il a dans ses modalités des temps de transmission expert, de contenu. Donc il va passer en modalité transmissive, mais il peut quand même améliorer ses supports. Il peut tout à fait utiliser du sketchnoting pour montrer des modélisations. Il n'est pas obligé d'être avec un diaporama qui n'intéresse personne. Alors qu'un facilitateur, pour moi, n'a pas de temps transmissif. Donc, il n'y a pas de confusion. Un formateur n'est pas un facilitateur. Il y a les métiers de facilitateur, les métiers de formateur, et je nous le ramène à la multimodalité. Un formateur multimodal va emprunter des postures de facilitateur.

  • Speaker #0

    Facilitateurs et formateurs, sont-ils ou alors ne sont-ils pas nécessairement la même personne ? Pour moi,

  • Speaker #1

    je pense qu'un formateur peut acquérir une posture de facilitateur, mais ne pas abandonner l'identité de formateur. Il y a quelque chose qui est bizarre en ce moment, où il faudrait que tout formateur enlève son identité et devienne facilitateur. Pour moi, c'est des postures de facilitation en étant ancrées dans le champ de la formation, ce qui est différent d'un facilitateur. qui va faire produire des idées avec tout un univers où il n'a pas de champ d'expertise forcément sur le sujet. Le changement pour moi, pour un formateur qui, par exemple, pourrait être plutôt transmissif, plutôt à parler 80% du temps par rapport aux apprenants, en gros à être fournisseur d'informations, c'est d'apprendre des méthodes actives et interactives. donc des pédagogies actives, interactives, pour acquérir une posture de facilitation et d'aller sans doute piocher dans les boîtes à outils qui sont beaucoup plus larges des facilitateurs, mais aussi du design thinking. Dans le maquettage, pour moi, il y a une proximité design thinking facilitation. Est-ce qu'il y a une frontière ? Je ne sais pas trop. Je ne me suis pas posé la question, mais c'est un peu les mêmes univers.

  • Speaker #0

    Et ces mêmes univers se rencontrent-ils facilement ? J'imagine que cela doit faire naître des questions ou peut-être même susciter des craintes. Une formation est très certainement nécessaire également.

  • Speaker #1

    Le fait de se former très clairement. à des méthodes, à des outils, un scénario précis, quand je te racontais sabotage antidote, il faut que ce soit hyper précis, réarme, alors arme ça fait comme s'il y avait une guerre, mais quelque part il y a quelque chose de renforcement intérieur, pour oser proposer des situations où l'apprenant est plus vivant. Alors au début ça crée une inquiétude, mais ça peut créer avec un peu plus de temps. ça va créer un soulagement parce qu'une relation de co-construction des idées se met en place petit à petit.

  • Speaker #0

    En préparant cet épisode, nous avons évoqué ensemble un projet que vous menez actuellement qui voit l'espace physique de formation transformé pour permettre la mise en œuvre de pratiques multimodales. À quoi ressemble bien cet espace physique ? Par exemple,

  • Speaker #1

    si tu prends cette salle qui était une salle avec des murs classiques, un tableau orienté à un endroit, tu as un tableau à un endroit, il y avait déjà quand même un TBI sur roulettes, il y avait déjà cette idée d'avoir un tableau numérique sur roulettes avec connexion de l'ordi, un très grand bureau du prof avec plein de choses dessus et des tables mises plutôt en rang de classe. Donc déjà la mutation de l'espace, c'est de peindre avec de la peinture Velleda trois murs. entier, donc ça veut dire d'avoir des murs écritoires au potentiel, de diminuer la taille du bureau de l'enseignant, ce qui a été un sujet parce que ça veut dire où est-ce qu'on met nos affaires, et de le prendre en forme haricot pour qu'il puisse accueillir la discussion avec les apprentis, d'avoir toutes les chaises à roulettes et toutes les tables à roulettes mais assemblables en petits groupes de tables où on a choisi qu'elles aient des couleurs différentes et les chaises aussi pour faire des groupes de couleurs. tu vois, de pouvoir imaginer un regroupement par couleur. Et dans cette salle, il peut être sorti un tapis pour s'asseoir par terre avec des poufs autour, potentiellement utilisables pour faire du débrief de retour de stage, ce qui n'était pas du tout le cas. Il n'y avait pas de changement d'espace dans la salle en fonction des activités. Ensuite, qu'est-ce qui a été modifié ? Oui, le sol, très important. Le sol a été recouvert de caoutchouc pour faire un amortissement des bruits. Et les murs ont été peints en couleurs, mais pas violentes, mais cependant un peu plus gais, pour sortir de la monotonie d'une salle où le sol était à petits carreaux gris et beige, tu vois, à petites mosaïques, et où le bruit des chaises à pied qui raclaient était insupportable. Donc ils ont vraiment constaté aussi un amortissement du bruit et donc quelque part une, comment on pourrait dire, une pacification, je ne sais pas si ça existe comme ça, de l'atmosphère, tu vois, d'apprentissage.

  • Speaker #0

    On a parlé de la modification, de la mutation de l'espace. Est-ce qu'on peut observer la même chose auprès des équipes pédagogiques ?

  • Speaker #1

    Ça a été déjà des choses simples qui ont été de faire travailler en sous-groupe. Ça a l'air bête, mais de passer d'un temps transmissif où c'est plutôt le prof qui donne les informations et puis font des exercices. Il n'était pas tous. Il y en a qui étaient très avancés dans les travaux en sous-groupe, les productions, etc. et qui ont trouvé au début inutile la salle. C'était un peu pas très nécessaire, mais qu'après on trouvait intéressant parce que ça facilitait la salle, déjà les pratiques, je pense à une enseignante en particulier, qu'elle avait déjà, mais pour les autres c'était au moins d'essayer les travaux en sous-groupe, puis du coup de faire écrire sur les murs les apprenants les productions des travaux. Tu vois, c'est une migration qui se fait doucement et qui est quand même très facilitée par le fait que l'environnement va induire. des possibilités. Et moi, je crois beaucoup à l'entrée par l'environnement physique d'apprentissage parce qu'il n'est pas culpabilisant.

  • Speaker #0

    Si je comprends bien, on a mis en place les conditions d'un désordre certes un petit peu organisé. Comment le formateur parvient-il à gérer son groupe dans ce cas-là ?

  • Speaker #1

    Un outil qui est intéressant, c'est la tenue du temps. le temps qu'on se donne par séquence. C'est bien l'outil caractéristique du formateur qui est de dire, par exemple, vous avez 45 minutes pour produire une affiche qui va rendre compte de... L'objectif de l'affiche, c'est de... Et vous vous organisez pour trouver comment vous la fabriquez, vous avez du matériel, et qui sera les porte-parole de votre groupe. Mais en attendant, on se retrouve ici, dans 45 minutes, pause intégrée, par exemple. Et moi, je reste là, comme étant... activables par rapport à des questions que vous vous poseriez. Mais je ne vais pas les voir. Et ça pour moi, c'est un excellent usage du temps avec une consigne de production et de restitution et une autonomisation de la production des apprenants. Par exemple, tu vois ? Donc c'est un mix de confort et de liberté. En fait, c'est ça. De liberté cadrée dans un dispositif apprenant.

  • Speaker #0

    L'impact du recours à la multimodalité dans la facilitation est bien plus conséquent qu'on ne se l'imagine. Il est bien plus riche que la binarité présentielle-distantielle que certains imaginent quand on dit multimodalité.

  • Speaker #1

    Si tu veux, quelque part, la multimodalité pousse le formateur à sortir de cette relation purement transmissive et à proposer une variété prépensée, mais en même temps qui peut s'activer ou pas, de dispositifs d'apprentissage avec, pour moi, plus de... Il y a quelque chose de l'ordre de la joie qu'amène le formateur et qu'il va ou elle va susciter là-dedans. Mais aussi, je m'étais notée plus d'intelligence, parce que les apprenants vont être amenés à se saisir des dispositifs que le formateur ou la formatrice va proposer. Et la multimodalité sollicite plus les sens, le mouvement, et donc par là même va générer un engagement de départ. et va permettre le maintien de l'engagement pour peu que le cadre reste opposé. Tu vois, il y a un paradoxe, mais qui est heureux, entre la liberté et le cadre. C'est un petit peu les techniques de créativité. On sait bien qu'elles ont besoin d'un cadre pour, dedans, permettre une création. Et pour moi, la multimodalité, c'est pareil. C'est que tu prépenses des modalités dans un parcours d'apprentissage, tu les proposes comme un chemin, mais tu peux les modifier si jamais il se passait autre chose en émergence dans le groupe.

  • Speaker #0

    On a... Par moment évoqué la question de l'engagement, que doit ce dernier à la multimodalité ?

  • Speaker #1

    On pourrait parler de deux types d'engagement. Il y aurait un engagement de démarrage, c'est-à-dire ça crée une appétence, et je pense que oui. parce qu'il peut y avoir un sentiment de liberté dès qu'on leur propose finalement une situation qui se perçoit comme étant multimodale. Et ça veut dire que dès l'accueil, dès les premiers brises-glaces, dès les dispositifs d'inclusion, pour moi ça va nécessiter aussi une entrée dans l'activité qui, par exemple, ne sera pas un cours transmissif de démarrage, par exemple. C'est-à-dire que le démarrage, c'est à la fois un accueil, mais c'est aussi une première activité de réflexion. Faire réfléchir d'abord l'apprenant avant de lui amener du contenu. C'est- Créer un engagement émotionnel de désir et un engagement intellectuel. Donc ça c'est le premier engagement de démarrage. Et après dans l'engagement il y a la persévérance de l'engagement, pas uniquement l'engagement de démarrage. Et la persévérance de l'engagement est liée au fait que les dispositifs qui s'enchaînent sont bien choisis dans le rythme, dans la variation de la rapidité, de la charge, mais aussi du calme. de moins d'efforts cognitifs, et là si tu veux on peut peut-être s'appuyer sur la taxonomie de Bloom en termes d'exigence des niveaux d'objectifs, parce que faire créer, produire, synthétiser toute une journée des gens, c'est fatigant. Donc l'engagement est maintenu pour moi par une bonne organisation des rythmes d'apprentissage dans ces modalités, parce qu'un des risques serait d'être très sollicitant. très activant les gens, avec des dispositifs ludiques, ils n'en peuvent plus, et tu n'atteins absolument pas des objectifs d'apprentissage et tu vas lâcher l'engagement. Les alternances dans les modes de sollicitation sont importantes. et vont être une des caractéristiques de la modalité que tu utilises. Donc c'est dans un temps donné, comment tu rythmes ton temps, avec quelle modalité, qui caractérise ton dispositif d'apprentissage, et ce, dans une succession. Puisqu'on est, si on prend l'exemple d'un présentiel d'une journée même, si on prend l'exemple d'une journée, c'est ça.

  • Speaker #0

    Au cours de cet épisode, vous avez quelques fois évoqué le temps. Peut-on, pour terminer cet épisode, évoquer ce sujet en étendant même un petit peu la question à des pratiques de digital learning.

  • Speaker #1

    Pour moi, le temps, c'est vraiment l'outil majeur du formateur, que ce soit en construction de ressources d'apprentissage sur une plateforme de formation ou que ce soit en animation en présentiel sur une journée. C'est vraiment un outil clé qui est majeur à utiliser, soit... tu décides que ça prendra tant de temps par rapport aux objectifs et aux consignes que tu donnes, ça va prendre tant de temps, et il y a le temps supposé que ça peut prendre, et le temps réel que ça va prendre avec les apprenants, et à force d'expérience, tu vas réguler qu'une activité, en général, prend tant de temps. Mais suivant ce que tu veux tirer de l'activité, tu vas l'allonger ou la raccourcir. Ça, c'est en présentiel, c'est plutôt facile, parce que tu régules au moment. Ensuite, sur du digital learning, quand tu crées une ressource, moi ça ne me gêne pas qu'on dise qu'une ressource, par exemple un film, ne doit pas dépasser trois minutes parce qu'il y a une saturation de l'attention. Ça ne me gêne pas, pour peu qu'il soit inclus dans un parcours d'apprentissage qui soit intelligent. C'est-à-dire, si ce film c'est de la consommation de surface de l'information, on n'a pas d'effet d'apprentissage, on le sait. Donc, il peut faire trois minutes et ne servir à rien. Par contre, s'il est suivi ou surtout précédé d'une question d'exploration, il peut être en La durée de l'apprentissage n'est pas de trois minutes, mais elle est liée à l'activité d'exploration que tu fais faire sur la ressource. Et là, on redevient intelligent. Après, on est un peu coincé par les plateformes quand un commanditaire nous demande la traçabilité de la réalisation de l'activité, mais si on ne paramètre que l'activité. pourrait prendre tant de temps en tant que pédagogue, on se décoince de la contrainte du temps. Et je pense que le temps, il est un moyen de penser l'articulation entre la consigne et les objectifs d'apprentissage. Donc, on peut se le réapproprier, finalement. Et c'est un outil majeur pour moi. Le temps qui est surmajeur, j'ai envie de dire, pour un formateur.

  • Speaker #0

    Un grand merci Marie-Christine Lorca pour votre participation. Merci à vous, chers auditeurs. Pour aller plus loin, découvrez la masterclass Facilitation d'apprenance sur le site internet www.learning.coach. Vous retrouverez cet épisode, comme tous ceux qui l'ont précédé, sur le site internet trendy.io, sur nos réseaux sociaux et sur l'ensemble des plateformes d'écoute. A très bientôt pour le prochain épisode.

Share

Embed

You may also like

Description

Dans cet épisode, Marie-Christine Llorca partage son expérience sur la multimodalité dans la facilitation pédagogique. Elle discute de la transition vers des méthodes de formation qui favorisent l'autonomie et la créativité des apprenants, mettant en lumière son activité favorite, le "Sabotage Antidote", qui stimule une réflexion approfondie parmi les participants. Marie-Christine définit la multimodalité comme une combinaison riche et variée de ressources qui active différents sens et styles d'apprentissage. Elle distingue aussi clairement les rôles de formateur et de facilitateur, soulignant l'importance d'engager activement les apprenants dès le début et de maintenir cet engagement par une gestion stratégique du temps et des activités.


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Vous écoutez Learning Coach by Trendy, le podcast qui part à la rencontre de ceux qui ont maîtrisé l'art d'apprendre et de former. Tout au long de cette saison, nous vous invitons à un voyage au cœur de l'innovation pédagogique, là où les rôles de formateur et de facilitateur s'entrelacent pour stimuler l'autonomie et l'engagement de vos apprenants. Dans cette série d'échanges, les conseils pratiques et les expériences personnelles de nos invités vous inspireront vers une maîtrise renouvelée de l'art d'accompagner l'apprentissage. Bienvenue dans ce nouvel épisode de Learning Coach. Bienvenue à notre invitée Marie-Christine Lorca, avec qui nous allons évoquer la question de la multimodalité dans la facilitation. Pour bien débuter, pouvez-vous, s'il vous plaît Marie-Christine, vous présenter et nous donner, puisque c'est d'elle dont nous parlons, votre définition de la facilitation en formation. Comment s'applique-t-elle ? Quelles en sont les interactions ? Quels bénéfices ? Quels apports ?

  • Speaker #1

    Je suis Marie-Christine Yurka, j'ai fondé et je dirige AGO Ingénierie Formation qui est basée à Toulouse. Donc nous, notre activité essentielle, c'est d'accompagner les acteurs de la formation à une montée en compétences pédagogiques. Donc on peut être amené à monter des dispositifs d'ingénierie en accompagnant nos clients, comme l'ENAC par exemple, dans l'aviation civile, et aussi bien d'aider à construire des outils dans le champ d'éducation thérapeutique du patient. Rien à voir, on est dans la santé, on est dans les avions, mais pour nous l'important c'est de favoriser cette montée finalement en compétences pédagogiques. Pour la question de la facilitation. Peut-être dire à quel moment j'ai rencontré la facilitation, parce que ça a été un peu un choc de posture. Et je pense que ça a été important pour moi ce changement, parce que ça m'a fait basculer dans un autre comportement en tant que formatrice. Ma première expérience, c'est au moment où Denis Christol est revenu du Canada, où il avait découvert justement les cercles d'apprentissage. Et c'était en 2015, j'avais recherché la date avant notre interview, Donc c'est déjà un peu vieux, mais c'est intéressant que ce soit vieux, c'est-à-dire que ça a eu le temps de maturer et de faire ses petits finalement dans la posture. Ce qui était très très intéressant dans cette proposition, c'est qu'il n'y avait pas d'objectif d'apprentissage. Donc tu vois, je vais définir la facilitation par le il n'y a pas et il n'y avait pas de compétence à atteindre. Donc le groupe d'apprentissage se saisissait d'un sujet que j'apportais en tant que facilitatrice. Donc je découvrais aussi à ce moment-là la terminologie, je n'avais jamais entendu ce mot. Et mon objectif était qu'il s'approprie le thème par les moyens qui émergent, les moyens de discussion, d'échange, de capacité à collaborer. Cependant, pour permettre cette facilitation, j'avais réservé un espace physique qui me paraissait favorable à ce soutien à l'émergence. Tu vois, je commence à voir comment je la définis. Et pour moi, ça passait par une salle avec des murs écritoires, où on pouvait bouger et aller poser comme ça des idées écrites, sans se sentir téléguidée. par le formateur, et où on avait du matériel, des post-it, du café, une liberté de mouvement qui permettait la production. Et moi, j'aime bien créer des ergonomies, comme ça, favorables à l'acte d'apprendre, mais j'étais devant un empêchement à viser des objectifs et à atteindre une espèce de performance dans l'apprentissage. Pour revenir à la question, pour moi, la facilitation, ça s'appuie vraiment sur... potentiel d'émergence d'idées créatrices qui viennent du collectif. Le facilitateur, il a une boîte à outils plutôt ludique, sans être distractif, qui vont favoriser l'émergence d'idées. À partir d'un thème à explorer, il va plus ou moins scénariser l'exploration de ses idées.

  • Speaker #0

    Poursuivons si vous le voulez bien avec une question qui serait encore un petit peu personnelle. Quelle est votre pratique de facilitation favorite ? Quelle est votre carte maîtresse, votre signature pour ainsi dire ?

  • Speaker #1

    Il y a une activité que je trouve très intéressante et que j'aime bien mettre en place, mais qui fait vraiment beaucoup réfléchir, c'est une activité qu'on appelle le sabotage antidote. Fait-elle partie de la facilitation ? Je ne sais pas. En tout cas, elle fait partie de ma mallette des pédagogies actives. L'activité Sabotage Antidote consiste à, sur un sujet qui est un sujet que l'on va aborder, qui est le vrai cœur de sujet d'une formation par exemple, intégrer le numérique en formation, tu vois je te prends ce sujet-là, ou aménager un espace d'apprentissage en formation physique. Donc c'est le vrai sujet cœur de cible de ce qui nous occupe de distinguer deux groupes. dans les apprenants, deux, quatre groupes en fonction des effectifs, et de faire travailler un groupe sur le sabotage, c'est-à-dire comment échouer dans l'installation d'un espace actif d'apprentissage, et de faire travailler l'autre groupe sur l'antidote, donc comment réussir dans l'installation d'un espace d'apprentissage. Et ensuite, un peu sophistiquer, si tu veux, les consignes, en parfois demandant à chacun des groupes de faire une affiche dessinée. de façon à ce que la partie plus intuitive, imagée, représentative, soit assez chargée de signification, mais qui ait aussi une dimension ludique. Donc chaque groupe travaille de son côté, caché de l'autre on va dire, et ensuite je demande au groupe sabotage de présenter son sabotage, et au groupe antidote de trouver, tu sais, les antidotes un par un au sabotage proposé. L'avantage de cette activité, c'est qu'il y a une production d'idées assez considérable parce que travailler sur le sabotage fait trouver des pistes que l'on ne trouve pas quand on est dans le bien-faire. Et j'aime vraiment cette activité parce que moi je n'existe pas à part dans la consigne que je donne et dans l'aide à la fin. à synthétiser finalement les grandes pistes que l'exercice a permis d'extraire. Et elle a énormément de succès, cette activité, dans l'engagement intellectuel et de production d'idées des apprenants. Donc voilà, ça serait une de mes activités préférées pour faire réfléchir dans la joie, parce que c'est vraiment mon objectif, que les gens aiment réfléchir. qui prennent plaisir.

  • Speaker #0

    Nous sommes ensemble pour évoquer la multimodalité dans la facilitation. Comment la présentez-vous ? Comment la définissez-vous pour que nous prenions le bon chemin ?

  • Speaker #1

    Alors, j'ai dirigé en 2022, là, déjà, un ouvrage collectif où j'ai invité pas mal d'auteurs. que je sentais complètement investie d'une posture pédagogique et d'une mode d'intervention. Et j'ai souhaité créer un ouvrage sur non pas la multimodalité, mais les multimodalités, on a poussé le bouchon encore plus loin. À un moment où la multimodalité était réduite à une hybridation distance-présence et avec une forte place du numérique, dont multimodalité égale numérique combiné. à du présentiel dans lequel il pouvait aussi y avoir du numérique. J'ai souhaité ouvrir finalement cette définition, on l'a définie comme ça, un ensemble de ressources articulées entre elles, d'où l'importance de la notion d'articuler d'ailleurs, comment on les articule, de matériaux, situations, moyens, contenus, qu'on va mettre à disposition de l'apprenant dans le cadre du développement de son ou de leurs apprentissages. Une modalité, ce n'est pas la forme juste sous laquelle est donnée une notion, par exemple numérique, physique, etc. à dessiner, mais c'est plutôt déjà un dispositif organisé, qui peut être complexe, mais où on va avoir une ou plusieurs modalités dominantes. Par exemple, j'ai interviewé un chorégraphe, enfin un chorégraphe a fait justement un chapitre sur comment faire apprendre par le mouvement, donc c'est une modalité. dominante où l'appréhension d'un concept va passer par la mise en mouvement. Du coup, si on élargit aux multimodalités, c'est comment dans un même espace-temps, finalement, qui serait un temps de formation, tu vas monter une ingénierie multimodale qui va tenter de convoquer, si tu veux, des vecteurs d'apprentissage les plus variés possibles sans pour autant que ce soit trop plein d'outils, une trop forte sollicitation qui partirait dans tous les sens. D'où l'importance de comment tu articules tes modalités les unes après les autres. tout en laissant, et c'est là que c'est compliqué, des émergences possibles qui du coup correspondent pour moi à la posture de facilitateur. Donc il y a une combinaison entre une ingénierie prépensée, parce que si tu ne la prépenses pas, tu n'atteins pas des objectifs d'apprentissage, et pour moi c'est la grosse différence entre un facilitateur et un formateur. Un formateur, il a en visée des compétences visées, et... il a dans ses modalités des temps de transmission expert, de contenu. Donc il va passer en modalité transmissive, mais il peut quand même améliorer ses supports. Il peut tout à fait utiliser du sketchnoting pour montrer des modélisations. Il n'est pas obligé d'être avec un diaporama qui n'intéresse personne. Alors qu'un facilitateur, pour moi, n'a pas de temps transmissif. Donc, il n'y a pas de confusion. Un formateur n'est pas un facilitateur. Il y a les métiers de facilitateur, les métiers de formateur, et je nous le ramène à la multimodalité. Un formateur multimodal va emprunter des postures de facilitateur.

  • Speaker #0

    Facilitateurs et formateurs, sont-ils ou alors ne sont-ils pas nécessairement la même personne ? Pour moi,

  • Speaker #1

    je pense qu'un formateur peut acquérir une posture de facilitateur, mais ne pas abandonner l'identité de formateur. Il y a quelque chose qui est bizarre en ce moment, où il faudrait que tout formateur enlève son identité et devienne facilitateur. Pour moi, c'est des postures de facilitation en étant ancrées dans le champ de la formation, ce qui est différent d'un facilitateur. qui va faire produire des idées avec tout un univers où il n'a pas de champ d'expertise forcément sur le sujet. Le changement pour moi, pour un formateur qui, par exemple, pourrait être plutôt transmissif, plutôt à parler 80% du temps par rapport aux apprenants, en gros à être fournisseur d'informations, c'est d'apprendre des méthodes actives et interactives. donc des pédagogies actives, interactives, pour acquérir une posture de facilitation et d'aller sans doute piocher dans les boîtes à outils qui sont beaucoup plus larges des facilitateurs, mais aussi du design thinking. Dans le maquettage, pour moi, il y a une proximité design thinking facilitation. Est-ce qu'il y a une frontière ? Je ne sais pas trop. Je ne me suis pas posé la question, mais c'est un peu les mêmes univers.

  • Speaker #0

    Et ces mêmes univers se rencontrent-ils facilement ? J'imagine que cela doit faire naître des questions ou peut-être même susciter des craintes. Une formation est très certainement nécessaire également.

  • Speaker #1

    Le fait de se former très clairement. à des méthodes, à des outils, un scénario précis, quand je te racontais sabotage antidote, il faut que ce soit hyper précis, réarme, alors arme ça fait comme s'il y avait une guerre, mais quelque part il y a quelque chose de renforcement intérieur, pour oser proposer des situations où l'apprenant est plus vivant. Alors au début ça crée une inquiétude, mais ça peut créer avec un peu plus de temps. ça va créer un soulagement parce qu'une relation de co-construction des idées se met en place petit à petit.

  • Speaker #0

    En préparant cet épisode, nous avons évoqué ensemble un projet que vous menez actuellement qui voit l'espace physique de formation transformé pour permettre la mise en œuvre de pratiques multimodales. À quoi ressemble bien cet espace physique ? Par exemple,

  • Speaker #1

    si tu prends cette salle qui était une salle avec des murs classiques, un tableau orienté à un endroit, tu as un tableau à un endroit, il y avait déjà quand même un TBI sur roulettes, il y avait déjà cette idée d'avoir un tableau numérique sur roulettes avec connexion de l'ordi, un très grand bureau du prof avec plein de choses dessus et des tables mises plutôt en rang de classe. Donc déjà la mutation de l'espace, c'est de peindre avec de la peinture Velleda trois murs. entier, donc ça veut dire d'avoir des murs écritoires au potentiel, de diminuer la taille du bureau de l'enseignant, ce qui a été un sujet parce que ça veut dire où est-ce qu'on met nos affaires, et de le prendre en forme haricot pour qu'il puisse accueillir la discussion avec les apprentis, d'avoir toutes les chaises à roulettes et toutes les tables à roulettes mais assemblables en petits groupes de tables où on a choisi qu'elles aient des couleurs différentes et les chaises aussi pour faire des groupes de couleurs. tu vois, de pouvoir imaginer un regroupement par couleur. Et dans cette salle, il peut être sorti un tapis pour s'asseoir par terre avec des poufs autour, potentiellement utilisables pour faire du débrief de retour de stage, ce qui n'était pas du tout le cas. Il n'y avait pas de changement d'espace dans la salle en fonction des activités. Ensuite, qu'est-ce qui a été modifié ? Oui, le sol, très important. Le sol a été recouvert de caoutchouc pour faire un amortissement des bruits. Et les murs ont été peints en couleurs, mais pas violentes, mais cependant un peu plus gais, pour sortir de la monotonie d'une salle où le sol était à petits carreaux gris et beige, tu vois, à petites mosaïques, et où le bruit des chaises à pied qui raclaient était insupportable. Donc ils ont vraiment constaté aussi un amortissement du bruit et donc quelque part une, comment on pourrait dire, une pacification, je ne sais pas si ça existe comme ça, de l'atmosphère, tu vois, d'apprentissage.

  • Speaker #0

    On a parlé de la modification, de la mutation de l'espace. Est-ce qu'on peut observer la même chose auprès des équipes pédagogiques ?

  • Speaker #1

    Ça a été déjà des choses simples qui ont été de faire travailler en sous-groupe. Ça a l'air bête, mais de passer d'un temps transmissif où c'est plutôt le prof qui donne les informations et puis font des exercices. Il n'était pas tous. Il y en a qui étaient très avancés dans les travaux en sous-groupe, les productions, etc. et qui ont trouvé au début inutile la salle. C'était un peu pas très nécessaire, mais qu'après on trouvait intéressant parce que ça facilitait la salle, déjà les pratiques, je pense à une enseignante en particulier, qu'elle avait déjà, mais pour les autres c'était au moins d'essayer les travaux en sous-groupe, puis du coup de faire écrire sur les murs les apprenants les productions des travaux. Tu vois, c'est une migration qui se fait doucement et qui est quand même très facilitée par le fait que l'environnement va induire. des possibilités. Et moi, je crois beaucoup à l'entrée par l'environnement physique d'apprentissage parce qu'il n'est pas culpabilisant.

  • Speaker #0

    Si je comprends bien, on a mis en place les conditions d'un désordre certes un petit peu organisé. Comment le formateur parvient-il à gérer son groupe dans ce cas-là ?

  • Speaker #1

    Un outil qui est intéressant, c'est la tenue du temps. le temps qu'on se donne par séquence. C'est bien l'outil caractéristique du formateur qui est de dire, par exemple, vous avez 45 minutes pour produire une affiche qui va rendre compte de... L'objectif de l'affiche, c'est de... Et vous vous organisez pour trouver comment vous la fabriquez, vous avez du matériel, et qui sera les porte-parole de votre groupe. Mais en attendant, on se retrouve ici, dans 45 minutes, pause intégrée, par exemple. Et moi, je reste là, comme étant... activables par rapport à des questions que vous vous poseriez. Mais je ne vais pas les voir. Et ça pour moi, c'est un excellent usage du temps avec une consigne de production et de restitution et une autonomisation de la production des apprenants. Par exemple, tu vois ? Donc c'est un mix de confort et de liberté. En fait, c'est ça. De liberté cadrée dans un dispositif apprenant.

  • Speaker #0

    L'impact du recours à la multimodalité dans la facilitation est bien plus conséquent qu'on ne se l'imagine. Il est bien plus riche que la binarité présentielle-distantielle que certains imaginent quand on dit multimodalité.

  • Speaker #1

    Si tu veux, quelque part, la multimodalité pousse le formateur à sortir de cette relation purement transmissive et à proposer une variété prépensée, mais en même temps qui peut s'activer ou pas, de dispositifs d'apprentissage avec, pour moi, plus de... Il y a quelque chose de l'ordre de la joie qu'amène le formateur et qu'il va ou elle va susciter là-dedans. Mais aussi, je m'étais notée plus d'intelligence, parce que les apprenants vont être amenés à se saisir des dispositifs que le formateur ou la formatrice va proposer. Et la multimodalité sollicite plus les sens, le mouvement, et donc par là même va générer un engagement de départ. et va permettre le maintien de l'engagement pour peu que le cadre reste opposé. Tu vois, il y a un paradoxe, mais qui est heureux, entre la liberté et le cadre. C'est un petit peu les techniques de créativité. On sait bien qu'elles ont besoin d'un cadre pour, dedans, permettre une création. Et pour moi, la multimodalité, c'est pareil. C'est que tu prépenses des modalités dans un parcours d'apprentissage, tu les proposes comme un chemin, mais tu peux les modifier si jamais il se passait autre chose en émergence dans le groupe.

  • Speaker #0

    On a... Par moment évoqué la question de l'engagement, que doit ce dernier à la multimodalité ?

  • Speaker #1

    On pourrait parler de deux types d'engagement. Il y aurait un engagement de démarrage, c'est-à-dire ça crée une appétence, et je pense que oui. parce qu'il peut y avoir un sentiment de liberté dès qu'on leur propose finalement une situation qui se perçoit comme étant multimodale. Et ça veut dire que dès l'accueil, dès les premiers brises-glaces, dès les dispositifs d'inclusion, pour moi ça va nécessiter aussi une entrée dans l'activité qui, par exemple, ne sera pas un cours transmissif de démarrage, par exemple. C'est-à-dire que le démarrage, c'est à la fois un accueil, mais c'est aussi une première activité de réflexion. Faire réfléchir d'abord l'apprenant avant de lui amener du contenu. C'est- Créer un engagement émotionnel de désir et un engagement intellectuel. Donc ça c'est le premier engagement de démarrage. Et après dans l'engagement il y a la persévérance de l'engagement, pas uniquement l'engagement de démarrage. Et la persévérance de l'engagement est liée au fait que les dispositifs qui s'enchaînent sont bien choisis dans le rythme, dans la variation de la rapidité, de la charge, mais aussi du calme. de moins d'efforts cognitifs, et là si tu veux on peut peut-être s'appuyer sur la taxonomie de Bloom en termes d'exigence des niveaux d'objectifs, parce que faire créer, produire, synthétiser toute une journée des gens, c'est fatigant. Donc l'engagement est maintenu pour moi par une bonne organisation des rythmes d'apprentissage dans ces modalités, parce qu'un des risques serait d'être très sollicitant. très activant les gens, avec des dispositifs ludiques, ils n'en peuvent plus, et tu n'atteins absolument pas des objectifs d'apprentissage et tu vas lâcher l'engagement. Les alternances dans les modes de sollicitation sont importantes. et vont être une des caractéristiques de la modalité que tu utilises. Donc c'est dans un temps donné, comment tu rythmes ton temps, avec quelle modalité, qui caractérise ton dispositif d'apprentissage, et ce, dans une succession. Puisqu'on est, si on prend l'exemple d'un présentiel d'une journée même, si on prend l'exemple d'une journée, c'est ça.

  • Speaker #0

    Au cours de cet épisode, vous avez quelques fois évoqué le temps. Peut-on, pour terminer cet épisode, évoquer ce sujet en étendant même un petit peu la question à des pratiques de digital learning.

  • Speaker #1

    Pour moi, le temps, c'est vraiment l'outil majeur du formateur, que ce soit en construction de ressources d'apprentissage sur une plateforme de formation ou que ce soit en animation en présentiel sur une journée. C'est vraiment un outil clé qui est majeur à utiliser, soit... tu décides que ça prendra tant de temps par rapport aux objectifs et aux consignes que tu donnes, ça va prendre tant de temps, et il y a le temps supposé que ça peut prendre, et le temps réel que ça va prendre avec les apprenants, et à force d'expérience, tu vas réguler qu'une activité, en général, prend tant de temps. Mais suivant ce que tu veux tirer de l'activité, tu vas l'allonger ou la raccourcir. Ça, c'est en présentiel, c'est plutôt facile, parce que tu régules au moment. Ensuite, sur du digital learning, quand tu crées une ressource, moi ça ne me gêne pas qu'on dise qu'une ressource, par exemple un film, ne doit pas dépasser trois minutes parce qu'il y a une saturation de l'attention. Ça ne me gêne pas, pour peu qu'il soit inclus dans un parcours d'apprentissage qui soit intelligent. C'est-à-dire, si ce film c'est de la consommation de surface de l'information, on n'a pas d'effet d'apprentissage, on le sait. Donc, il peut faire trois minutes et ne servir à rien. Par contre, s'il est suivi ou surtout précédé d'une question d'exploration, il peut être en La durée de l'apprentissage n'est pas de trois minutes, mais elle est liée à l'activité d'exploration que tu fais faire sur la ressource. Et là, on redevient intelligent. Après, on est un peu coincé par les plateformes quand un commanditaire nous demande la traçabilité de la réalisation de l'activité, mais si on ne paramètre que l'activité. pourrait prendre tant de temps en tant que pédagogue, on se décoince de la contrainte du temps. Et je pense que le temps, il est un moyen de penser l'articulation entre la consigne et les objectifs d'apprentissage. Donc, on peut se le réapproprier, finalement. Et c'est un outil majeur pour moi. Le temps qui est surmajeur, j'ai envie de dire, pour un formateur.

  • Speaker #0

    Un grand merci Marie-Christine Lorca pour votre participation. Merci à vous, chers auditeurs. Pour aller plus loin, découvrez la masterclass Facilitation d'apprenance sur le site internet www.learning.coach. Vous retrouverez cet épisode, comme tous ceux qui l'ont précédé, sur le site internet trendy.io, sur nos réseaux sociaux et sur l'ensemble des plateformes d'écoute. A très bientôt pour le prochain épisode.

Description

Dans cet épisode, Marie-Christine Llorca partage son expérience sur la multimodalité dans la facilitation pédagogique. Elle discute de la transition vers des méthodes de formation qui favorisent l'autonomie et la créativité des apprenants, mettant en lumière son activité favorite, le "Sabotage Antidote", qui stimule une réflexion approfondie parmi les participants. Marie-Christine définit la multimodalité comme une combinaison riche et variée de ressources qui active différents sens et styles d'apprentissage. Elle distingue aussi clairement les rôles de formateur et de facilitateur, soulignant l'importance d'engager activement les apprenants dès le début et de maintenir cet engagement par une gestion stratégique du temps et des activités.


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Vous écoutez Learning Coach by Trendy, le podcast qui part à la rencontre de ceux qui ont maîtrisé l'art d'apprendre et de former. Tout au long de cette saison, nous vous invitons à un voyage au cœur de l'innovation pédagogique, là où les rôles de formateur et de facilitateur s'entrelacent pour stimuler l'autonomie et l'engagement de vos apprenants. Dans cette série d'échanges, les conseils pratiques et les expériences personnelles de nos invités vous inspireront vers une maîtrise renouvelée de l'art d'accompagner l'apprentissage. Bienvenue dans ce nouvel épisode de Learning Coach. Bienvenue à notre invitée Marie-Christine Lorca, avec qui nous allons évoquer la question de la multimodalité dans la facilitation. Pour bien débuter, pouvez-vous, s'il vous plaît Marie-Christine, vous présenter et nous donner, puisque c'est d'elle dont nous parlons, votre définition de la facilitation en formation. Comment s'applique-t-elle ? Quelles en sont les interactions ? Quels bénéfices ? Quels apports ?

  • Speaker #1

    Je suis Marie-Christine Yurka, j'ai fondé et je dirige AGO Ingénierie Formation qui est basée à Toulouse. Donc nous, notre activité essentielle, c'est d'accompagner les acteurs de la formation à une montée en compétences pédagogiques. Donc on peut être amené à monter des dispositifs d'ingénierie en accompagnant nos clients, comme l'ENAC par exemple, dans l'aviation civile, et aussi bien d'aider à construire des outils dans le champ d'éducation thérapeutique du patient. Rien à voir, on est dans la santé, on est dans les avions, mais pour nous l'important c'est de favoriser cette montée finalement en compétences pédagogiques. Pour la question de la facilitation. Peut-être dire à quel moment j'ai rencontré la facilitation, parce que ça a été un peu un choc de posture. Et je pense que ça a été important pour moi ce changement, parce que ça m'a fait basculer dans un autre comportement en tant que formatrice. Ma première expérience, c'est au moment où Denis Christol est revenu du Canada, où il avait découvert justement les cercles d'apprentissage. Et c'était en 2015, j'avais recherché la date avant notre interview, Donc c'est déjà un peu vieux, mais c'est intéressant que ce soit vieux, c'est-à-dire que ça a eu le temps de maturer et de faire ses petits finalement dans la posture. Ce qui était très très intéressant dans cette proposition, c'est qu'il n'y avait pas d'objectif d'apprentissage. Donc tu vois, je vais définir la facilitation par le il n'y a pas et il n'y avait pas de compétence à atteindre. Donc le groupe d'apprentissage se saisissait d'un sujet que j'apportais en tant que facilitatrice. Donc je découvrais aussi à ce moment-là la terminologie, je n'avais jamais entendu ce mot. Et mon objectif était qu'il s'approprie le thème par les moyens qui émergent, les moyens de discussion, d'échange, de capacité à collaborer. Cependant, pour permettre cette facilitation, j'avais réservé un espace physique qui me paraissait favorable à ce soutien à l'émergence. Tu vois, je commence à voir comment je la définis. Et pour moi, ça passait par une salle avec des murs écritoires, où on pouvait bouger et aller poser comme ça des idées écrites, sans se sentir téléguidée. par le formateur, et où on avait du matériel, des post-it, du café, une liberté de mouvement qui permettait la production. Et moi, j'aime bien créer des ergonomies, comme ça, favorables à l'acte d'apprendre, mais j'étais devant un empêchement à viser des objectifs et à atteindre une espèce de performance dans l'apprentissage. Pour revenir à la question, pour moi, la facilitation, ça s'appuie vraiment sur... potentiel d'émergence d'idées créatrices qui viennent du collectif. Le facilitateur, il a une boîte à outils plutôt ludique, sans être distractif, qui vont favoriser l'émergence d'idées. À partir d'un thème à explorer, il va plus ou moins scénariser l'exploration de ses idées.

  • Speaker #0

    Poursuivons si vous le voulez bien avec une question qui serait encore un petit peu personnelle. Quelle est votre pratique de facilitation favorite ? Quelle est votre carte maîtresse, votre signature pour ainsi dire ?

  • Speaker #1

    Il y a une activité que je trouve très intéressante et que j'aime bien mettre en place, mais qui fait vraiment beaucoup réfléchir, c'est une activité qu'on appelle le sabotage antidote. Fait-elle partie de la facilitation ? Je ne sais pas. En tout cas, elle fait partie de ma mallette des pédagogies actives. L'activité Sabotage Antidote consiste à, sur un sujet qui est un sujet que l'on va aborder, qui est le vrai cœur de sujet d'une formation par exemple, intégrer le numérique en formation, tu vois je te prends ce sujet-là, ou aménager un espace d'apprentissage en formation physique. Donc c'est le vrai sujet cœur de cible de ce qui nous occupe de distinguer deux groupes. dans les apprenants, deux, quatre groupes en fonction des effectifs, et de faire travailler un groupe sur le sabotage, c'est-à-dire comment échouer dans l'installation d'un espace actif d'apprentissage, et de faire travailler l'autre groupe sur l'antidote, donc comment réussir dans l'installation d'un espace d'apprentissage. Et ensuite, un peu sophistiquer, si tu veux, les consignes, en parfois demandant à chacun des groupes de faire une affiche dessinée. de façon à ce que la partie plus intuitive, imagée, représentative, soit assez chargée de signification, mais qui ait aussi une dimension ludique. Donc chaque groupe travaille de son côté, caché de l'autre on va dire, et ensuite je demande au groupe sabotage de présenter son sabotage, et au groupe antidote de trouver, tu sais, les antidotes un par un au sabotage proposé. L'avantage de cette activité, c'est qu'il y a une production d'idées assez considérable parce que travailler sur le sabotage fait trouver des pistes que l'on ne trouve pas quand on est dans le bien-faire. Et j'aime vraiment cette activité parce que moi je n'existe pas à part dans la consigne que je donne et dans l'aide à la fin. à synthétiser finalement les grandes pistes que l'exercice a permis d'extraire. Et elle a énormément de succès, cette activité, dans l'engagement intellectuel et de production d'idées des apprenants. Donc voilà, ça serait une de mes activités préférées pour faire réfléchir dans la joie, parce que c'est vraiment mon objectif, que les gens aiment réfléchir. qui prennent plaisir.

  • Speaker #0

    Nous sommes ensemble pour évoquer la multimodalité dans la facilitation. Comment la présentez-vous ? Comment la définissez-vous pour que nous prenions le bon chemin ?

  • Speaker #1

    Alors, j'ai dirigé en 2022, là, déjà, un ouvrage collectif où j'ai invité pas mal d'auteurs. que je sentais complètement investie d'une posture pédagogique et d'une mode d'intervention. Et j'ai souhaité créer un ouvrage sur non pas la multimodalité, mais les multimodalités, on a poussé le bouchon encore plus loin. À un moment où la multimodalité était réduite à une hybridation distance-présence et avec une forte place du numérique, dont multimodalité égale numérique combiné. à du présentiel dans lequel il pouvait aussi y avoir du numérique. J'ai souhaité ouvrir finalement cette définition, on l'a définie comme ça, un ensemble de ressources articulées entre elles, d'où l'importance de la notion d'articuler d'ailleurs, comment on les articule, de matériaux, situations, moyens, contenus, qu'on va mettre à disposition de l'apprenant dans le cadre du développement de son ou de leurs apprentissages. Une modalité, ce n'est pas la forme juste sous laquelle est donnée une notion, par exemple numérique, physique, etc. à dessiner, mais c'est plutôt déjà un dispositif organisé, qui peut être complexe, mais où on va avoir une ou plusieurs modalités dominantes. Par exemple, j'ai interviewé un chorégraphe, enfin un chorégraphe a fait justement un chapitre sur comment faire apprendre par le mouvement, donc c'est une modalité. dominante où l'appréhension d'un concept va passer par la mise en mouvement. Du coup, si on élargit aux multimodalités, c'est comment dans un même espace-temps, finalement, qui serait un temps de formation, tu vas monter une ingénierie multimodale qui va tenter de convoquer, si tu veux, des vecteurs d'apprentissage les plus variés possibles sans pour autant que ce soit trop plein d'outils, une trop forte sollicitation qui partirait dans tous les sens. D'où l'importance de comment tu articules tes modalités les unes après les autres. tout en laissant, et c'est là que c'est compliqué, des émergences possibles qui du coup correspondent pour moi à la posture de facilitateur. Donc il y a une combinaison entre une ingénierie prépensée, parce que si tu ne la prépenses pas, tu n'atteins pas des objectifs d'apprentissage, et pour moi c'est la grosse différence entre un facilitateur et un formateur. Un formateur, il a en visée des compétences visées, et... il a dans ses modalités des temps de transmission expert, de contenu. Donc il va passer en modalité transmissive, mais il peut quand même améliorer ses supports. Il peut tout à fait utiliser du sketchnoting pour montrer des modélisations. Il n'est pas obligé d'être avec un diaporama qui n'intéresse personne. Alors qu'un facilitateur, pour moi, n'a pas de temps transmissif. Donc, il n'y a pas de confusion. Un formateur n'est pas un facilitateur. Il y a les métiers de facilitateur, les métiers de formateur, et je nous le ramène à la multimodalité. Un formateur multimodal va emprunter des postures de facilitateur.

  • Speaker #0

    Facilitateurs et formateurs, sont-ils ou alors ne sont-ils pas nécessairement la même personne ? Pour moi,

  • Speaker #1

    je pense qu'un formateur peut acquérir une posture de facilitateur, mais ne pas abandonner l'identité de formateur. Il y a quelque chose qui est bizarre en ce moment, où il faudrait que tout formateur enlève son identité et devienne facilitateur. Pour moi, c'est des postures de facilitation en étant ancrées dans le champ de la formation, ce qui est différent d'un facilitateur. qui va faire produire des idées avec tout un univers où il n'a pas de champ d'expertise forcément sur le sujet. Le changement pour moi, pour un formateur qui, par exemple, pourrait être plutôt transmissif, plutôt à parler 80% du temps par rapport aux apprenants, en gros à être fournisseur d'informations, c'est d'apprendre des méthodes actives et interactives. donc des pédagogies actives, interactives, pour acquérir une posture de facilitation et d'aller sans doute piocher dans les boîtes à outils qui sont beaucoup plus larges des facilitateurs, mais aussi du design thinking. Dans le maquettage, pour moi, il y a une proximité design thinking facilitation. Est-ce qu'il y a une frontière ? Je ne sais pas trop. Je ne me suis pas posé la question, mais c'est un peu les mêmes univers.

  • Speaker #0

    Et ces mêmes univers se rencontrent-ils facilement ? J'imagine que cela doit faire naître des questions ou peut-être même susciter des craintes. Une formation est très certainement nécessaire également.

  • Speaker #1

    Le fait de se former très clairement. à des méthodes, à des outils, un scénario précis, quand je te racontais sabotage antidote, il faut que ce soit hyper précis, réarme, alors arme ça fait comme s'il y avait une guerre, mais quelque part il y a quelque chose de renforcement intérieur, pour oser proposer des situations où l'apprenant est plus vivant. Alors au début ça crée une inquiétude, mais ça peut créer avec un peu plus de temps. ça va créer un soulagement parce qu'une relation de co-construction des idées se met en place petit à petit.

  • Speaker #0

    En préparant cet épisode, nous avons évoqué ensemble un projet que vous menez actuellement qui voit l'espace physique de formation transformé pour permettre la mise en œuvre de pratiques multimodales. À quoi ressemble bien cet espace physique ? Par exemple,

  • Speaker #1

    si tu prends cette salle qui était une salle avec des murs classiques, un tableau orienté à un endroit, tu as un tableau à un endroit, il y avait déjà quand même un TBI sur roulettes, il y avait déjà cette idée d'avoir un tableau numérique sur roulettes avec connexion de l'ordi, un très grand bureau du prof avec plein de choses dessus et des tables mises plutôt en rang de classe. Donc déjà la mutation de l'espace, c'est de peindre avec de la peinture Velleda trois murs. entier, donc ça veut dire d'avoir des murs écritoires au potentiel, de diminuer la taille du bureau de l'enseignant, ce qui a été un sujet parce que ça veut dire où est-ce qu'on met nos affaires, et de le prendre en forme haricot pour qu'il puisse accueillir la discussion avec les apprentis, d'avoir toutes les chaises à roulettes et toutes les tables à roulettes mais assemblables en petits groupes de tables où on a choisi qu'elles aient des couleurs différentes et les chaises aussi pour faire des groupes de couleurs. tu vois, de pouvoir imaginer un regroupement par couleur. Et dans cette salle, il peut être sorti un tapis pour s'asseoir par terre avec des poufs autour, potentiellement utilisables pour faire du débrief de retour de stage, ce qui n'était pas du tout le cas. Il n'y avait pas de changement d'espace dans la salle en fonction des activités. Ensuite, qu'est-ce qui a été modifié ? Oui, le sol, très important. Le sol a été recouvert de caoutchouc pour faire un amortissement des bruits. Et les murs ont été peints en couleurs, mais pas violentes, mais cependant un peu plus gais, pour sortir de la monotonie d'une salle où le sol était à petits carreaux gris et beige, tu vois, à petites mosaïques, et où le bruit des chaises à pied qui raclaient était insupportable. Donc ils ont vraiment constaté aussi un amortissement du bruit et donc quelque part une, comment on pourrait dire, une pacification, je ne sais pas si ça existe comme ça, de l'atmosphère, tu vois, d'apprentissage.

  • Speaker #0

    On a parlé de la modification, de la mutation de l'espace. Est-ce qu'on peut observer la même chose auprès des équipes pédagogiques ?

  • Speaker #1

    Ça a été déjà des choses simples qui ont été de faire travailler en sous-groupe. Ça a l'air bête, mais de passer d'un temps transmissif où c'est plutôt le prof qui donne les informations et puis font des exercices. Il n'était pas tous. Il y en a qui étaient très avancés dans les travaux en sous-groupe, les productions, etc. et qui ont trouvé au début inutile la salle. C'était un peu pas très nécessaire, mais qu'après on trouvait intéressant parce que ça facilitait la salle, déjà les pratiques, je pense à une enseignante en particulier, qu'elle avait déjà, mais pour les autres c'était au moins d'essayer les travaux en sous-groupe, puis du coup de faire écrire sur les murs les apprenants les productions des travaux. Tu vois, c'est une migration qui se fait doucement et qui est quand même très facilitée par le fait que l'environnement va induire. des possibilités. Et moi, je crois beaucoup à l'entrée par l'environnement physique d'apprentissage parce qu'il n'est pas culpabilisant.

  • Speaker #0

    Si je comprends bien, on a mis en place les conditions d'un désordre certes un petit peu organisé. Comment le formateur parvient-il à gérer son groupe dans ce cas-là ?

  • Speaker #1

    Un outil qui est intéressant, c'est la tenue du temps. le temps qu'on se donne par séquence. C'est bien l'outil caractéristique du formateur qui est de dire, par exemple, vous avez 45 minutes pour produire une affiche qui va rendre compte de... L'objectif de l'affiche, c'est de... Et vous vous organisez pour trouver comment vous la fabriquez, vous avez du matériel, et qui sera les porte-parole de votre groupe. Mais en attendant, on se retrouve ici, dans 45 minutes, pause intégrée, par exemple. Et moi, je reste là, comme étant... activables par rapport à des questions que vous vous poseriez. Mais je ne vais pas les voir. Et ça pour moi, c'est un excellent usage du temps avec une consigne de production et de restitution et une autonomisation de la production des apprenants. Par exemple, tu vois ? Donc c'est un mix de confort et de liberté. En fait, c'est ça. De liberté cadrée dans un dispositif apprenant.

  • Speaker #0

    L'impact du recours à la multimodalité dans la facilitation est bien plus conséquent qu'on ne se l'imagine. Il est bien plus riche que la binarité présentielle-distantielle que certains imaginent quand on dit multimodalité.

  • Speaker #1

    Si tu veux, quelque part, la multimodalité pousse le formateur à sortir de cette relation purement transmissive et à proposer une variété prépensée, mais en même temps qui peut s'activer ou pas, de dispositifs d'apprentissage avec, pour moi, plus de... Il y a quelque chose de l'ordre de la joie qu'amène le formateur et qu'il va ou elle va susciter là-dedans. Mais aussi, je m'étais notée plus d'intelligence, parce que les apprenants vont être amenés à se saisir des dispositifs que le formateur ou la formatrice va proposer. Et la multimodalité sollicite plus les sens, le mouvement, et donc par là même va générer un engagement de départ. et va permettre le maintien de l'engagement pour peu que le cadre reste opposé. Tu vois, il y a un paradoxe, mais qui est heureux, entre la liberté et le cadre. C'est un petit peu les techniques de créativité. On sait bien qu'elles ont besoin d'un cadre pour, dedans, permettre une création. Et pour moi, la multimodalité, c'est pareil. C'est que tu prépenses des modalités dans un parcours d'apprentissage, tu les proposes comme un chemin, mais tu peux les modifier si jamais il se passait autre chose en émergence dans le groupe.

  • Speaker #0

    On a... Par moment évoqué la question de l'engagement, que doit ce dernier à la multimodalité ?

  • Speaker #1

    On pourrait parler de deux types d'engagement. Il y aurait un engagement de démarrage, c'est-à-dire ça crée une appétence, et je pense que oui. parce qu'il peut y avoir un sentiment de liberté dès qu'on leur propose finalement une situation qui se perçoit comme étant multimodale. Et ça veut dire que dès l'accueil, dès les premiers brises-glaces, dès les dispositifs d'inclusion, pour moi ça va nécessiter aussi une entrée dans l'activité qui, par exemple, ne sera pas un cours transmissif de démarrage, par exemple. C'est-à-dire que le démarrage, c'est à la fois un accueil, mais c'est aussi une première activité de réflexion. Faire réfléchir d'abord l'apprenant avant de lui amener du contenu. C'est- Créer un engagement émotionnel de désir et un engagement intellectuel. Donc ça c'est le premier engagement de démarrage. Et après dans l'engagement il y a la persévérance de l'engagement, pas uniquement l'engagement de démarrage. Et la persévérance de l'engagement est liée au fait que les dispositifs qui s'enchaînent sont bien choisis dans le rythme, dans la variation de la rapidité, de la charge, mais aussi du calme. de moins d'efforts cognitifs, et là si tu veux on peut peut-être s'appuyer sur la taxonomie de Bloom en termes d'exigence des niveaux d'objectifs, parce que faire créer, produire, synthétiser toute une journée des gens, c'est fatigant. Donc l'engagement est maintenu pour moi par une bonne organisation des rythmes d'apprentissage dans ces modalités, parce qu'un des risques serait d'être très sollicitant. très activant les gens, avec des dispositifs ludiques, ils n'en peuvent plus, et tu n'atteins absolument pas des objectifs d'apprentissage et tu vas lâcher l'engagement. Les alternances dans les modes de sollicitation sont importantes. et vont être une des caractéristiques de la modalité que tu utilises. Donc c'est dans un temps donné, comment tu rythmes ton temps, avec quelle modalité, qui caractérise ton dispositif d'apprentissage, et ce, dans une succession. Puisqu'on est, si on prend l'exemple d'un présentiel d'une journée même, si on prend l'exemple d'une journée, c'est ça.

  • Speaker #0

    Au cours de cet épisode, vous avez quelques fois évoqué le temps. Peut-on, pour terminer cet épisode, évoquer ce sujet en étendant même un petit peu la question à des pratiques de digital learning.

  • Speaker #1

    Pour moi, le temps, c'est vraiment l'outil majeur du formateur, que ce soit en construction de ressources d'apprentissage sur une plateforme de formation ou que ce soit en animation en présentiel sur une journée. C'est vraiment un outil clé qui est majeur à utiliser, soit... tu décides que ça prendra tant de temps par rapport aux objectifs et aux consignes que tu donnes, ça va prendre tant de temps, et il y a le temps supposé que ça peut prendre, et le temps réel que ça va prendre avec les apprenants, et à force d'expérience, tu vas réguler qu'une activité, en général, prend tant de temps. Mais suivant ce que tu veux tirer de l'activité, tu vas l'allonger ou la raccourcir. Ça, c'est en présentiel, c'est plutôt facile, parce que tu régules au moment. Ensuite, sur du digital learning, quand tu crées une ressource, moi ça ne me gêne pas qu'on dise qu'une ressource, par exemple un film, ne doit pas dépasser trois minutes parce qu'il y a une saturation de l'attention. Ça ne me gêne pas, pour peu qu'il soit inclus dans un parcours d'apprentissage qui soit intelligent. C'est-à-dire, si ce film c'est de la consommation de surface de l'information, on n'a pas d'effet d'apprentissage, on le sait. Donc, il peut faire trois minutes et ne servir à rien. Par contre, s'il est suivi ou surtout précédé d'une question d'exploration, il peut être en La durée de l'apprentissage n'est pas de trois minutes, mais elle est liée à l'activité d'exploration que tu fais faire sur la ressource. Et là, on redevient intelligent. Après, on est un peu coincé par les plateformes quand un commanditaire nous demande la traçabilité de la réalisation de l'activité, mais si on ne paramètre que l'activité. pourrait prendre tant de temps en tant que pédagogue, on se décoince de la contrainte du temps. Et je pense que le temps, il est un moyen de penser l'articulation entre la consigne et les objectifs d'apprentissage. Donc, on peut se le réapproprier, finalement. Et c'est un outil majeur pour moi. Le temps qui est surmajeur, j'ai envie de dire, pour un formateur.

  • Speaker #0

    Un grand merci Marie-Christine Lorca pour votre participation. Merci à vous, chers auditeurs. Pour aller plus loin, découvrez la masterclass Facilitation d'apprenance sur le site internet www.learning.coach. Vous retrouverez cet épisode, comme tous ceux qui l'ont précédé, sur le site internet trendy.io, sur nos réseaux sociaux et sur l'ensemble des plateformes d'écoute. A très bientôt pour le prochain épisode.

Share

Embed

You may also like